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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 20:11

 

 

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

 

Santé publique

« À Bruxelles, la vie des personnes est moins prioritaire que la bonne santé de l’industrie chimique »

par

 

 

 

L’Union européenne n’a toujours pas réglementé l’usage des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques aux effets sanitaires colossaux utilisées dans de très nombreux produits de consommation courante. Malformations, cancers, obésité... Les perturbateurs endocriniens sont pourtant à la source de bien des maux. Ce retard, qui vient d’être condamné par la justice européenne, ne doit rien au hasard. Les industries de la chimie, des pesticides ou du plastique pratiquent un lobbying intensif, et entravent toute avancée sérieuse. La journaliste Stéphane Horel a décrypté dans un ouvrage intitulé Intoxication ce lobbying et ces objectifs. Entretien.

 

Basta ! : Votre enquête porte sur la réglementation des perturbateurs endocriniens, ces substances chimiques omniprésentes dans notre quotidien, et suspectées de participer à l’explosion des maladies modernes. Où en est-on sur ce sujet ?

Stéphane Horel  [1] : Les perturbateurs endocriniens (PE) sont des substances chimiques qui peuvent interagir avec le système hormonal (endocrinien veut dire hormonal). Ces substances agissent sur les humains mais aussi sur les animaux, comme les ours polaires, les chatons, les escargots. Plusieurs catégories d’êtres vivants sont ainsi touchées. C’est l’exposition du fœtus pendant la grossesse qui présente le plus grand risque, même si l’exposition reste problématique à d’autres périodes de la vie. La vie in utero est vraiment un moment crucial, puisque ce sont les hormones qui fabriquent les bébés. Les effets d’une exposition à ce moment-là peuvent se voir à la naissance, avec par exemple des malformations génitales ; mais aussi dix, vingt ou trente ans plus tard. Avec l’apparition de cancers, de diabètes, de problèmes d’obésité ou d’infertilité.

Les perturbateurs endocriniens sont présents dans des milliers d’objets de la vie courante : des tongs aux rideaux de douche, en passant par les canapés et les jouets mais aussi les poches à sang et les cathéters. La plupart de ces produits ont une vraie utilité : les phtalates, par exemple, sont des PE qui assouplissent le plastique. Et le bisphénol A, qui est l’un des PE les plus connus, permet de fabriquer un vernis que l’on met à l’intérieur des boîtes de conserves et qui ralentit la corrosion du métal. Pour le moment, on n’a trouvé aucun équivalent qui soit aussi efficace dans la durée. Il est impossible de faire l’inventaire des endroits dans lesquels on trouve des PE. Tous les secteurs de l’industrie sont concernés. Le sang, le lait maternel, l’air, la poussière, la pluie : les PE sont présents partout ! On estime qu’il y en a environ 1000 en circulation dans le monde, mais c’est peut-être beaucoup plus.

 

Une réglementation européenne est en cours d’élaboration, mais les scientifiques ont alerté sur le problème des perturbateurs endocriniens il y a près de vingt-cinq ans ! Pourquoi un tel délai ?

Le moment scientifique Eurêka pour les PE, c’est 1991. Cette année-là une vingtaine de scientifiques (toxicologues, zoologistes, biologistes, endocrinologues...) se réunissent dans une petite ville du Wisconsin, aux États-Unis. Au terme d’un séminaire de trois jours, ces scientifiques rédigent ce que l’on appellera la déclaration de Wingspread, du nom du centre de conférence où s’est tenu le séminaire. Cette déclaration s’alarme des effets des altérations du développement induites par les produits chimiques. Les scientifiques insistent sur les risques encourus suite à des expositions in utero. Et ils remettent en question l’équation toxicologique qui disait que la dose fait le poison. Pour les PE, c’est plutôt le moment qui fait le poison. La déclaration de Wingspread prévient aussi : « À moins que la contamination de l’environnement par les perturbateurs hormonaux [ne] soit rapidement contrôlée et réduite, des dysfonctionnements généralisés à l’échelle de la population sont possibles. »

Depuis, il y a eu des milliers de publications scientifiques qui montrent que ces produits posent problème. Il y a maintenant un consensus sur leur dangerosité. En 2013, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport. Réalisé par une vingtaine de scientifiques du monde entier, tous spécialistes des PE, ce rapport insiste sur le fait que les PE représentent « une menace mondiale ». En 2009, puis en 2015, la société savante Endocrine Society dit la même chose. Il y a quelques semaines, c’est la Fédération internationale des gynécologues obstétriciens qui a appelé à réglementer les PE, évoquant les bébés qui naissent tous « pré-pollués ».

 

Quelles sont les industries qui utilisent des PE et qui organisent le lobbying visant à court-circuiter le projet européen de réglementation ?

Elles sont, du fait de l’abondance du recours aux PE, très nombreuses. Au moment de faire du lobbying, les industriels se regroupent. D’abord dans le lobby de la chimie (ou CEFIC), qui est l’un des plus puissants de Bruxelles, avec 150 employés et un budget de 40 millions d’euros. Ce lobby réunit des PME mais surtout des grosses multinationales, comme BASF, Syngenta, Bayer, Dow ou DuPont [2]. Nous avons aussi le lobby des pesticides (ECPA, qui fait par ailleurs partie du CEFIC), des industries qui sont en première ligne s’il y a réglementation des PE. Il y a enfin l’industrie du plastique, et, dans une moindre mesure, Cosmetics Europe).

 

Parmi les manœuvres utilisées par ces lobbies pour contrer toute réglementation, retrouve-t-on la stratégie du doute et du déni, inventée par le lobby du tabac ?

Effectivement. Pour les perturbateurs endocriniens, le premier moment de ce qu’on appelle « la manufacture du doute » a lieu en 2012, suite à la sortie du Rapport sur l’état de la science sur les perturbateurs endocriniens. Commandé par la Commission européenne, c’est un état de la science réalisé par l’équipe du Professeur Andreas Kortenkamp, l’un des plus grands spécialistes mondiaux des perturbateurs endocriniens, indépendant des industriels. Ce rapport conclut que « les perturbateurs endocriniens justifient une considération à la hauteur de substances aussi préoccupantes que les cancérogènes, les mutagènes et les toxiques pour la reproduction, ainsi que les produits persistants, bioaccumulables et toxiques ».

Leur rapport a aussitôt été attaqué dans la littérature scientifique. Mais cette critique a été financée par le lobby américain de la chimie. Elle a été écrite par deux salariés d’une société de consultants spécialisés, Gradient Corp, qui travaille au seul service des industriels ; et par des scientifiques qui travaillent tous avec l’industrie de la chimie et des pesticides. Les reproches sont essentiellement méthodologiques. Les auteurs chicanent sur des omissions de référence, des choix de vocabulaire, ils ergotent sur des détails. C’est une véritable opération de « science washing » qui vise à donner l’illusion qu’il y a une controverse scientifique. C’est en effet plus présentable que d’aborder directement l’impact sur les entreprises. L’industrie des pesticides a par ailleurs essayé de décrédibiliser Andreas Kortenkamp en envoyant des mails à la Commission, suite à des propos qu’il avait tenus dans la presse britannique.

 

Que proposent les industriels pour répondre au vaste problème de santé public créé par leurs produits ?

L’industrie chimique a mis au point une astuce : il faudrait s’occuper des produits dont les effets sont les plus puissants. Cela revient à écrémer : on enlève les soi-disant plus dangereux et on laisse tous les autres en liberté. Mais cela n’a aucun sens scientifique puisque les PE peuvent agir à très faible dose. Leur toxicité est telle qu’on ne peut pas prétendre qu’il y a une dose en deçà de laquelle ils ne sont pas dangereux. De plus, on est exposés à des dizaines de PE simultanément. Une étude aux États-Unis a montré qu’il y en a en moyenne 43 dans chaque femme enceinte. 43 ! Quel est le résultat de ces cocktails d’exposition ?

C’est notamment pour ces raisons que l’idée de « puissance » n’a absolument aucun sens. Ce qui n’empêche pas la Commission de la considérer comme une question valable, soumise à son examen ! La direction générale de l’environnement de la Commission, à qui avait été confié le travail préalable de définition des PE, l’avait pourtant éliminée au terme de quatre ans de travail. Cela révèle un grave dysfonctionnement de l’Europe. On piétine quatre ans de travail simplement parce que les conclusions déplaisent à l’industrie.

 

En plus de jeter le doute sur les études scientifiques indépendantes, les industriels s’attaquent au principe de précaution...

En Europe, le principe de précaution est inscrit dans les textes et il a valeur de loi, même s’il n’existe pas de définition précise. Pour les négociations TAFTA, c’est un principe qui fait barrière à certains engagements, au niveau de la réglementation chimique notamment. C’est un peu notre seul joker éthique contre le libre marché tout puissant. Et c’est la raison pour laquelle les industriels américains sont bien décidés à le faire disparaître à l’occasion de ces négociations. Un think tank financé par les industriels du tabac, de la chimie, des pesticides, ainsi que des pétroliers tente de le faire remplacer par un « principe d’innovation ». En France, le principe de précaution est inscrit dans la Charte constitutionnelle de l’environnement, et il y a aussi eu des tentatives de suppression. En octobre 2014, le député UMP Eric Woerth avait déposé une proposition de loi pour son remplacement par « un principe d’innovation responsable ». Savait-il que cette idée venait d’un obscur think tank fondé et animé par le fabricant des Lucky Strike ?

Un an plus tôt, une lettre signée de 56 scientifiques du monde entier est envoyée à Anne Glover, la conseillère scientifique principale du président de la Commission de l’époque José Manuel Barroso. Dans ce courrier, les scientifiques se plaignent des critères retenus par la direction générale (DG) de l’environnement de la Commission pour décrire les PE. Ils regrettent notamment l’approche de précaution. Ce courrier, doublé par la publication d’éditoriaux dans une quinzaine de revues scientifiques, est plein d’approximations. Mais il servira quand même d’alibi à la Commission pour arrêter le processus de réglementation des PE en cours. J’ai documenté que la grande majorité des scientifiques qui ont rédigé cette lettre sont liés à l’industrie.

 

Pourquoi les décideurs sont-ils si réceptifs à ce lobbying ?

Il est très choquant de constater que les lobbies rencontrent une telle adhésion du côté des décideurs. Plusieurs facteurs l’expliquent. À Bruxelles, nous sommes dans un rapport de force où les intérêts publics sont en minorité. L’écrasante majorité des représentants d’intérêts sont ceux des intérêts commerciaux. Le dialogue avec les « parties prenantes », c’est-à-dire les industriels, remplace le débat démocratique. Il y a une proximité très importante entre le monde des décideurs politiques et le monde des affaires. En plus, Bruxelles permet une vraie proximité géographique. Tout le monde travaille au même endroit et se croise au quotidien dans la bulle bruxelloise. Il y a également un manque de formation sidérant. Les ressorts du lobbying sont maintenant connus, et très documentés. Mais les fonctionnaires et les élus européens n’y sont pas du tout formés.

Dans les institutions publiques européennes, il existe une grande confusion entre l’intérêt général et l’intérêt des grandes entreprises. Pour justifier le retard de deux ans qu’elle a pris sur son obligation de réglementation des PE, la Commission mène une étude d’impact : celle-ci mesure les effets négatifs d’une interdiction des PE sur l’économie et les entreprises, mais pas les effets positifs d’une telle interdiction sur la santé et l’environnement ! La vie des personnes est devenue moins prioritaire que la bonne santé des entreprises.

Propos recueillis par Nolwenn Weiler

Photo : CC Jacques Lebleu

Intoxication. Perturbateurs endocriniens, lobbyistes et eurocrates : une bataille d’influence contre la santé, de Stéphane Horel, publié aux éditions La Découverte, 19 euros.

À lire sur Basta ! :

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14 janvier 2016 4 14 /01 /janvier /2016 19:58

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Notre-Dame-des-Landes: le gouvernement ne sait toujours pas quoi décider
13 janvier 2016 | Par Jade Lindgaard
 
 
 

La justice renvoie au 25 janvier sa décision sur les procédures d’expulsion des habitants historiques de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. La mobilisation des « anti-aéroport » grossit. Le gouvernement semble tétanisé.
 

Les habitants historiques de la zone réservée pour y construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, devront attendre dix jours de plus avant de connaître le sort que leur réserve la justice. Mercredi 13 janvier, le tribunal de grande instance de Nantes a mis en délibéré sa décision concernant la procédure d’expulsion à l’encontre de onze familles et quatre agriculteurs vivant sur la zone d’aménagement différé (ZAD), dans la périphérie nantaise. Le jugement est attendu le 25 janvier. Le référé-expulsion a été déposé par la société Aéroport du Grand Ouest (AGO), filiale du groupe Vinci, et concessionnaire de la construction du futur aéroport, qui réclame leur expulsion immédiate, une astreinte journalière de 200 euros par dossier et la mise sous séquestre de leurs biens. Erwan Lemoigne, l’un des avocats des habitants, a déposé une question prioritaire de constitutionnalité pour atteinte au droit au logement et au droit au travail, au nom du droit à un procès équitable et de l’égalité de traitement devant la justice.

Quelques jours après une manifestation très suivie contre le projet d’aérogare (voir notre reportage), de très nombreuses personnes se sont rassemblées devant le tribunal, en soutien aux expulsés : 3 000 en fin de matinée selon les organisateurs – moitié moins, selon la police.

Au fil des heures, les prises de parole s’y sont succédé devant un grand nombre de gendarmes mobiles et de CRS équipés de lanceurs d’eau, selon des personnes présentes sur place. Emmanuelle Cosse, la secrétaire nationale d’Europe Écologie-Les Verts, et le sénateur EELV Ronan Dantec y ont pris part, ainsi que des militants de la confédération paysanne, du NPA, du parti de gauche. De son côté, Cécile Duflot, ex-ministre du gouvernement de Jean-Marc Ayrault, fervent partisan de l’aéroport, a publié une lettre ouverte à François Hollande sur le site Reporterre : « Cet aéroport est désormais le funeste symbole du retard démocratique français, de l’arbitraire, et de la négation de l’écologie (…) Monsieur le Président de la République, faites un geste pour Notre-Dame-des-Landes : il est temps de renoncer à l’obstination dans ce projet. »

Le matin, le port de Brest a été momentanément bloqué par des opposants. À Rueil-Malmaison, devant le siège de Vinci, des militants ont déployé des banderoles : « Stop expulsions Notre-Dame-des-Landes », « Vinci ne vaincra pas ». D’autres rassemblements ont eu lieu devant des tribunaux, des préfectures et des mairies à Bayonne, Brest, Dijon, Caen, Carcassonne, Foix, Lyon, Poitiers, Quimper, Rouen et Tarbes, selon des occupants de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Le collectif COPAIN, réunissant des agriculteurs et des occupants de la ZAD, annonce avoir mobilisé plus de 160 tracteurs pour effectuer des blocages et tenir des barrages filtrants. Une journée d’action est annoncée à Rennes samedi 16 janvier, plusieurs tracto-vélos – convois de tracteurs et de bicyclettes – s’organisent. Dix-neuf conducteurs anti-aéroport qui avaient participé à une opération de ralentissement sur le périphérique de Nantes la veille de l’audience doivent être jugés le 24 février, selon le journal Presse Océan. Leurs véhicules ont été saisis.

Plusieurs collectifs (COPAIN, ADEC, ACIPA, naturalistes en lutte…) appellent les opposants à se retrouver sur la ZAD, les 30 et 31 janvier, pour y conduire les travaux nécessaires aux occupants : débroussaillage, réfection de douches, installation de clôtures, montage d’une serre, signalisation des entrées… La vague de mobilisation pour la ZAD et contre l’aéroport qui s’était manifestée après la tentative avortée d’évacuation de force de la zone en novembre 2012 semble se reformer.

 

 

Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2012 (JL). Sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes en 2012 (JL).

 

Face à cette mobilisation croissante, l’exécutif reste silencieux sur ses intentions. Interpellé directement par les manifestants qui lui reprochent d’avoir brisé son engagement à ne pas laisser procéder à des expulsions tant que tous les recours juridiques des opposants n’auraient pas été jugés, François Hollande n’a toujours pas réagi. La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a concédé quelques mots de réaction lors de ses vœux à la presse mercredi matin : « Ce n’est pas par la force que l’on réglera ce dossier. Il faut que les nouveaux élus reprennent le dialogue. Que les élus locaux prennent leurs responsabilités. Je suis prête à aider à renouer ce dialogue mais je ne peux pas en être à l’initiative. » En 2007, lors de sa campagne présidentielle, Ségolène Royal s’était dite opposée au projet d’aéroport. Interrogée à ce sujet, elle répond : « Vous connaissez ma position, elle n’a pas changé. » Mais refuse de clarifier les intentions du gouvernement sur cet épineux dossier. Manuel Valls a plusieurs fois déclaré qu’il voulait évacuer la ZAD et lancer les travaux de construction. C’est lui qui a la main sur le dossier, selon le ministère de l’écologie.

 

Tout nouveau président de la région Pays de la Loire, Bruno Retailleau (Les Républicains) se moque de l’invitation à la discussion de Ségolène Royal : « C’est n’importe quoi, comme d’habitude. » Pour lui, « il y a eu une commission de dialogue et ça n’a rien donné ». À ses yeux, « si demain François Hollande renonçait à l’évacuation, la ZAD s’implanterait définitivement. C’est devenu un symbole. Je demande son évacuation ». Même au prix de blessés ou de morts, comme à Sivens en 2015, où un jeune manifestant, Rémi Fraisse, a été tué par les gendarmes ? « Mais si le chantage à la violence gagne, on risque d’entrer dans un cycle d’ultraviolence », répond le dirigeant de l’exécutif régional.

À dix-huit mois de la fin du mandat de François Hollande, le dossier de Notre-Dame-des-Landes devient un boulet politique pour les socialistes. Incapables de se décider sur le devenir de la ZAD ni sur l’utilité d’un projet d’aéroport vieux de quarante ans, ils nourrissent, du côté des opposants et des partisans du nouvel aérogare, une exaspération croissante et une tension réelle.

 

 

 

 

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 16:07

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

Alstom - General Electric : les suppressions de postes, c’est maintenant

 
L'Américain General Electric (GE) a annoncé ce mercredi qu'il allait supprimer 6.500 emplois en Europe, parmi lesquels 765 en France, dans les activités énergie d'Alstom dont il a finalisé le rachat en novembre 2015. Encore de belles promesses qui partent en fumée...
 
Macron, conducteur du train Alstom qui fonce dans le mur - WITT/SIPA
 

Les dirigeants du géant américain General Electric (GE) ont gentiment attendu la fin de la séquence régionales pour l’annoncer officiellement : ils s’apprêtent à supprimer près de 800 postes en France, la plupart dans la banlieue parisienne. L’annonce, faite ce mercredi 13 janvier, n’est pas vraiment une surprise, des bruits de couloirs faisant état depuis plusieurs mois d’un plan massif de licenciements prévu chez Alstom, dont la prestigieuse branche Energie a été rachetée l'an dernier par GE. Reste qu'au moment de ce rachat, le groupe avait promis de ne pas supprimer d'emplois, et même d'en créer… Alors au gouvernement, où on a tant défendu la solution américaine dans le dossier Altsom, on a longtemps temporisé sur le sujet.

 

Rien n’est encore "définitif ", éludaient en substance cet été le ministre de l’Economie, Emmanuel Macron, et son homologue à l’Environnement, Ségolène Royal. Emmanuel Macron brandissait même, quelques mois plus tôt depuis Belfort, ancien site emblématique d’Alstom, un objectif "zéro licenciement". On remarquera d'ailleurs que le site de Belfort a soigneusement été épargné par les coupes… Alors même que le dégraissage, en France, a déjà discrètement commencé, comme le révélait le Canard Enchaîné en novembre. Entre 2014 et fin 2015, 1.000 postes, sur un total de 18.000 en France, ont en effet déjà été touchés. Auxquels s'ajoutent désormais les 765 emplois voués à disparaître annoncés ce mercredi. 

 

Des belles promesses

Quand GE a racheté la branche Energie d'Alstom, au-delà des questions de stratégie et de compétitivité, l'Américain avait fait de belles promesses s’engageant précisément à créer 1.000 postes répartis un peu partout dans le pays. Promesse assise de surcroît sur des pénalités financières prévues si elle n'était pas tenue. Mais malgré les vagues annonces réitérées en décembre sur ces 1.000 créations d’emplois, rien de concret ne se profile à ce jour. Pis, selon une source proche du dossier une partie de ces emplois — plusieurs centaines — n’est en réalité que de "l’internalisation". Autrement dit, de l’intégration de postes déjà existants, par exemple en sous-traitance, comme dans le secteur turbine à gaz de... Belfort.

 

Autant dire que le ciel du président Hollande, qui a fait de l’emploi non seulement une priorité, mais en 2016 (pour la France et pour sa propre réélection), s’assombrit. L’ancien PDG d’Alstom, à l’origine de l’opération de rachat, se porte quant à lui comme un charme. En complément de la qu’il percevra dès le 1er février lorsqu’il quittera ses fonctions, Patrick Kron pourra jouir en plus d’une prime de 4 millions…

 

GE met la pression...

Bien que les suppressions d’emplois ne concernent (pour l’instant) que la région Ile-de-France, ailleurs dans le pays, les salariés d’Alstom, s’inquiètent. « On le vit très très mal », confie Gisèle Boruch, responsable Force Ouvrière (FO), qui précise qu’à aucun moment les syndicats n’ont été informés ni même associés aux décisions. « La presse a eu les informations avant les organisations syndicales ! », regrette encore la responsable.

 

En octobre 2015, un comité d'entreprise extraordinaire avait toutefois donné le ton. Il n’avait été question que de « rationalisation » des effectifs ou « d’alignement » organisationnel. Des termes obscurs qui peinent à répondre aux interrogations du personnel quant à leur avenir. « Quel est le plan industriel prévu par General Electric ? Lancera-t-il des nouvelles productions ? Quelles seront les nouvelles entités (ndlr nées du rachat de la branche Energie d'Alstom par GE) ? », questionne par ailleurs Gisèle Boruch.

A défaut d’entrevoir des réponses, les salariés se retrouvent face au chômage. Mais officiellement il ne s’agit que de « départs négociés ». Pourtant sur place, explique le représentant FO, on ne laisse pas beaucoup le choix aux salariés concernés. « On va les voir et on leur demande de bien réfléchir. On les sollicite sans arrêt… Certains collègues résistent... » Jusqu’à quand ?

Article actualisé à 16h20

 

 

Source : http://www.marianne.net

 

 

 

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 16:01

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/register/blog

 

 

Pourquoi je refuse de servir dans l'armée israélienne – Déclaration de Tair Kaminer

 

 

Tair Kaminer, une jeune Israélienne de 19 ans était appelée aujourd’hui sous les drapeaux. Elle fait partie du groupe de lycéens refuzniks "Mesarvot", et elle a décidé de refuser d’effectuer un service militaire. Elle sera donc envoyée en détention. Ci-joint une traduction de la déclaration qu’elle avait prévu de remettre aux officiers de recrutement aujourd’hui.

 

Tair Kaminer Tair Kaminer

 

"Mon nom est Tair Kaminer, j’ai 19 ans. Il y a quelques mois, j’ai terminé une année de bénévolat avec les Eclaireurs et Eclaireuses Israéliens dans la ville de Sdérot, à la frontière de la bande de Gaza. Dans quelques jours, je vais aller en prison.

 

J’ai été volontaire à Sdérot une année entière, j’y ai travaillé avec des enfants qui vivent dans une zone de guerre, et c’est là que j’ai décidé de refuser de servir dans l’armée israélienne. Mon refus vient de ma volonté d’apporter une contribution à la société dont je fais partie et d’en faire un meilleur endroit pour vivre, et de mon engagement dans la lutte pour la paix et l’égalité.

 

Les enfants avec lesquels j’ai travaillé ont grandi au cœur du conflit, et ont vécu des expériences traumatisantes dès leur jeune âge. Chez beaucoup d’entre eux, cela a généré une haine terrible – ce qui est tout à fait compréhensible, surtout chez des jeunes enfants. Comme eux, beaucoup d’enfants qui vivent dans la bande de Gaza et dans le reste des territoires palestiniens occupés, dans une réalité encore plus dure, apprennent à haïr l’autre côté. Eux non plus, on ne peut pas les blâmer. Quand je regarde tous ces enfants, la prochaine génération des deux côtés et la réalité dans laquelle ils vivent, je ne peux que voir la poursuite des traumatismes et de la douleur. Et je dis : Assez !

 

Depuis des années maintenant, il n’y a aucun horizon politique, aucun processus de paix en vue. Il n’y a pas tentative de quelque nature que ce soit d’apporter la paix à Gaza ou à Sderot. Tant que la méthode militaire violente règne, nous allons tout simplement avoir d’autres générations qui grandiront avec un héritage de haine, ce qui ne fera que rendre les choses encore pire. Nous devons arrêter ceci – maintenant !

 

C’est pour cela que je refuse : je ne prendrai pas une part active à l’occupation des territoires palestiniens et à l’injustice qui est infligée encore et encore au peuple palestinien dans cette situation d’occupation. Je ne prendrai pas part au cycle de la haine à Gaza et à Sdérot.

La date de mon enrôlement a été fixée au 10 Janvier 2016. Ce jour-là, je me présenterai au Centre d’incorporation de Tel Hashomer, pour y déclarer mon refus de servir dans l’armée – et mon souhait de faire un service civil de remplacement.

 

Lors de conversations avec certaines personnes auxquelles je tiens, j’ai été accusée de porter atteinte à la démocratie en refusant de respecter les lois adoptées par un Parlement élu. Mais les Palestiniens dans les territoires occupés vivent sous la règle du gouvernement d’Israël, bien qu’ils n’aient pas eu le moindre mot à dire dans l’élection de ce gouvernement. Je crois que tant qu’Israël continuera à être un pays occupant, il continuera à s’éloigner de plus en plus de la démocratie. Par conséquent, mon refus fait partie de la lutte pour la démocratie – il n’est pas un acte anti-démocratique.

 

On m’a dit que je fuyais ma responsabilité dans la sécurité d’Israël. Mais, comme une femme qui considère que toutes les personnes sont égales – et que toutes leurs vies sont aussi importantes – je ne peux pas accepter que l’argument de la sécurité ne s’applique qu’aux Juifs. Surtout maintenant qu’il devient clair et évident que l’armée ne peut pas assurer une protection aux Juifs non plus, tandis que la vague de terreur continue. C’est très simple – on ne peut pas créer un îlot de sécurité au milieu d’une occupation qui opprime. La vraie sécurité ne pourra être obtenue que lorsque le peuple palestinien vivra dans la dignité et la liberté, dans son propre État indépendant aux côtés d’Israël.

 

Il y a eu ceux qui s’inquiétaient de mon avenir personnel dans un pays où il est de la plus extrême importance d’avoir fait son service militaire dans le tissu des relations sociales quotidiennes. Soucieux de mes perspectives d’avenir, ils ont suggéré que je fasse l’armée, indépendamment de mes opinions – ou au moins que je ne rende pas mon refus public. Mais à travers toutes ces difficultés et ces soucis, j’ai choisi de déclarer mon refus ouvertement, pour que tous l’entendent. Ce pays, cette société, sont trop important pour moi – je ne peux pas accepter de garder le silence et je ne le ferai pas. Ce n’est pas la façon dont j’ai été élevée – ne m’occuper que de moi-même et de mes préoccupations personnelles. La vie que j’ai eue jusqu’à présent a tourné autour du don et de la responsabilité sociale, et c’est ainsi que je veux qu’elle continue.

 

Même si je dois payer un prix personnel pour mon refus, ce prix en vaudra la peine si il contribue à mettre l’occupation à l’ordre du jour du discours public israélien. Beaucoup trop d’Israéliens ne ressentent pas directement l’occupation, et ils ont tendance à l’oublier dans leur vie quotidienne – vies qui sont éminemment sûres comparées à celles des Palestiniens, ou même des Israéliens qui vivent dans le Néguev occidental (zone à la frontière de Gaza).

 

On nous dit qu’il n’y a pas d’autre moyen que la voie militaire violente. Mais je crois que c’est le moyen le plus destructeur, et qu’il y en a d’autres. Je tiens à rappeler à tous qu’il existe une alternative : les négociations, la paix, l’optimisme, une véritable volonté de vivre dans l’égalité, la sécurité et la liberté. On nous dit que l’armée n’est pas une institution politique – mais la décision de servir dans l’armée est une décision hautement politique, tout autant que la décision de refuser.

 

Nous, les jeunes, devons comprendre toutes les conséquences d’un tel choix. Nous devons comprendre ses conséquences pour notre société. Après avoir mûrement réfléchi, j’ai pris la décision de refuser. Je n’ai pas peur de la prison militaire – ce qui me fait vraiment peur est que notre société perde son humanité."

 

Lire l’article originel en anglais sur le site de Gush Shalom

 

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Tous les commentaires

Apparemment Tair est maintenant en prison.

Pour lui envoyer des messages (en hébreu ou en anglais de préférence) : 

- Tair Kaminer

Military Prison No. 6, platoon 600

Military Postal Code 01860, IDF

Israel

 - ou par mail à   mesarvot.im@gmail.com~~V, et les messages seront transmis.

 - pour plus de renseignements voir ici War Resisters' International

 

 

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/register/blog

 

 

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 15:51

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Formation alternative

Quand les jeunes en échec scolaire d’hier deviennent les diplômés du numérique de demain

par

 

 

 

Transformer les décrocheurs d’hier en développeurs numériques de demain : tel est l’objectif de SIMPLonMars qui, au cœur de la prestigieuse École centrale de Marseille, offre une nouvelle chance à ceux qui n’ont pas eu, jusqu’ici, un parcours d’excellence. Cette formation vise à sortir ces jeunes de la spirale de l’échec et leur redonner confiance en eux. Un reportage en partenariat avec le mensuel local Le Ravi.

 

Cité des Lauriers dans les quartiers Nord de Marseille (13e), Christopher, 20 ans, a le nez sur son ordinateur portable et les yeux rivés sur des pages de lignes de codes informatiques. Dans quelques mois, ces algorithmes donneront naissance au nouveau site internet de Massabielle, une association œcuménique qui œuvre dans le quartier, et qui vient de l’embaucher pour neuf mois comme développeur web et médiateur numérique. « Depuis tout petit, j’adore ça, mais je ne pensais pas que ça pouvait être un métier ! », note le jeune homme qui, après un CAP peinture, a cumulé les boulots alimentaires, serveur, vendeur en boulangerie ou équipier chez Quick. Aujourd’hui, il a trouvé sa voie et, son contrat terminé, il compte bien retourner sur les bancs de l’école pour en apprendre encore plus.

 

Christopher fait partie de la première promo de SIMPLonMars, « fabrique sociale de codeurs », branche marseillaise de Simplon.co, créée à Montreuil (Seine-Saint-Denis) en 2013 [1]. Pendant cinq mois, de mars à juillet dernier, vingt-quatre jeunes, entre 18 et 30 ans, ont été formés de manière intensive au code informatique au sein de la prestigieuse école d’ingénieurs qu’est Centrale (Marseille 1313e).

 

Issus pour la plupart des quartiers prioritaires de la ville, ils avaient tous pour point commun la difficulté à s’insérer professionnellement. Des parcours scolaires chaotiques pour certains, des chemins de vie difficiles pour d’autres, ou des études avortées par manque de moyens financiers, la majorité n’a pas le bac. Alors autant dire qu’au sein de Centrale et de ses élèves au parcours d’excellence, ces étudiants pas comme les autres ont rapidement été rebaptisés « les Marsiens » : contraction de Simlplonmarsiens qu’ils sont et d’extra-terrestres qu’ils peuvent symboliser pour d’autres.

 

« Un loft story hyper exigeant »

Pour suivre le cursus, pas de diplôme requis, pas d’expérience non plus, mais un test informatique et, surtout, de la motivation à revendre et une capacité à travailler en groupe et à s’entraider. Mieux vaut effectivement bien s’entendre lorsqu’on passe dix heures par jour à « bouffer » du code, comme ils disent ! Encore moins évident lorsqu’on veut en plus y introduire une certaine mixité sociale : « Le vivre ensemble, c’est important, même si la brutalité des rapports sociaux revient assez vite… », avoue Guillaume Quiquerez, à la tête du « labo sociétal » de l’École centrale, lieu de réflexion et de développement consacré aux innovations sociales en matière d’éducation et de formation. « Disons que c’est un Loft story mais hyper exigeant ! », ironise-t-il. La formation est gratuite pour le bénéficiaire [2], mais demande de s’y consacrer à plein temps. Pendant cette période, chacun vit comme il peut, de son allocation chômage ou du RSA pour le plus grand nombre.

 

Si un formateur est là en appui, la technique Simplon consiste à faire avancer le Marsien par lui-même en apprenant de ses propres erreurs. « On ne peut pas reproduire sur des élèves qui ont eu des histoires un peu compliquées avec la scolarité standard des pédagogies qui ont déjà échoué, précise Guillaume Quiquerez. On est obligé de passer par une pédagogie par la pratique. Ce sont les jeunes entre eux qui vont se faire progresser. »

 

Ici, ni notes ni test final. Une méthode déconcertante pour Julie, 24 ans, une des quatre filles de la promo, qui, contrairement aux autres, a suivi un parcours scolaire classique (Bac éco, BTS tourisme et licence pro) : « Ça n’a pas été facile pour moi de m’y faire. Au début, c’était frustrant et difficile, mais finalement c’est la bonne façon d’apprendre du code, et, avec le recul, je peux dire que ça a fonctionné. » Après une année de chômage puis cinq mois à SIMPLonMars, Julie est désormais développeur multimédia dans une start-up marseillaise. Son CDD de six mois devrait se transformer en CDI sous peu. Par la suite, elle se verrait bien chef de projet web.

 

Solidarité et altruisme

« C’était véritablement ce que je cherchais, mais ça demande effectivement une bonne dose d’indépendance, explique Steven. La formation est gratuite, elle permet de redonner une chance à des jeunes comme nous. Alors si t’es pas capable de suivre par toi-même, personne ne va venir te tenir la main. » À 27 ans, après une seconde BEP électronique, il a passé quatre ans dans l’armée de terre. Pas facile de reprendre ensuite des études quand on a quitté le cursus et que l’on doit gagner sa vie. Il entame alors un bac pro sciences de l’électronique et du numérique en alternance, qui se termine aux prud’hommes à cause d’un patron peu scrupuleux. Il finit par bosser comme conseiller chez Free pendant un an.

 

Il découvre SimplonMars un peu par hasard. Surnommé « The Big Boss » par les autres « Marsiens », Steven est celui qui reste après les « cours » pour aider ceux qui n’ont pas compris. C’est lui aussi qui a coaché Julie une journée entière pour qu’elle obtienne son job actuel. « J’aime aider les autres », explique Steven, qui, à la sortie, a été pris en contrat Pro chez Spir Communication à Aix, et continue de se former. Solidarité et altruisme : c’est vraiment ce qui fait le distingo entre une formation comme Simplon et d’autres écoles – comme « code 42 », celle de Xavier Niel – qui favorisent la compétition.

 

Sortir des jeunes de la spirale de l’échec

Grâce à la mise en réseau tout au long du cursus des étudiants avec différentes entreprises et associations du département, la plupart des élèves ont trouvé un emploi. Iris, 26 ans, est désormais en CDI chez Urban Prod, à Marseille. Elle y est développeur web et enseigne le code à des enfants sur les temps périscolaires. Contrainte d’abandonner des études aux Beaux-Arts pour des raisons financières, elle débarque à Simplon avec un goût d’inachevé et des rêves envolés en fumée : « La formation a vraiment débloqué quelque chose en moi. » Elle qui s’est intéressée au langage dans son travail artistique a trouvé dans celui du code une nouvelle manière d’appréhender les choses, et l’intègre désormais à ses divers projets : « Cette vie qui bascule, c’est quelque chose de très important pour moi. J’ai l’impression que c’est mon premier emploi, alors que non ! Mais c’est la première fois qu’on me fait confiance, en tout cas. »

 

Sortir ces jeunes de la spirale de l’échec et leur redonner confiance en eux, c’est aussi ce que permet SIMPLonMars. Fin 2015, de nouveaux « Marsiens » ont atterri à Centrale. Cette fois ils s’installeront pour huit mois. La salle de formation est prête à les accueillir. En y entrant, on peut lire sur le mur cette phrase qui résonne comme un leitmotiv : « What would you do if you weren’t afraid ? » (Que ferais-tu si tu n’avais pas peur ?)

 

 

Samantha Rouchard (Le Ravi)

Photo : CC Christiaan Colen

 

Cet article a été réalisé en partenariat avec le mensuel satirique Le Ravi, dans le cadre du projet Médias de proximité soutenu par le ministère de la Culture. Le Ravi est en vente dans tous les bons kiosques de la région Paca.


Vers un label « Grande école du numérique »

Le projet de « Grande école du numérique » (Gen), annoncé par François Hollande en début d’année, prendra la forme du Label Gen et sera attribué à des formations courtes (de 3 mois à 2 ans) ouvertes en priorité à de jeunes décrocheurs, qui sélectionneront sur le talent et la motivation, sans pré-requis académique, et qui utiliseront les pédagogies innovantes. « Les fabriques » auront pour obligation d’inscrire leur cursus au répertoire national des certifications professionnelles. En contrepartie, les élèves pourront bénéficier d’un système de bourses, délivrées sur les mêmes critères que celles accordées aux étudiants. « C’est fondamental pour nos jeunes qui pendant la formation, se retrouvent dans une grande précarité », note Guillaume Quiquerez. Les 50 premières écoles sélectionnées devraient être dotées de 70 000 euros en 2016. 200 autres devraient être labellisées en 2017. Un fonds de 10 millions d’euros a été débloqué pour permettre leur financement. L’Etat a espoir de voir 10 000 jeunes formés pour 2017. SIMPLonMars devrait être fixée sur son sort d’ici la fin de l’année.

 

- Lire aussi : Quand les artisans du web investissent les quartiers populaires

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 15:39

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Goodyear: prison ferme pour avoir retenu deux cadres
13 janvier 2016 | Par Rachida El Azzouzi
 
 
 

Le tribunal correctionnel d’Amiens a condamné, mardi 12 janvier, huit ex-salariés de Goodyear à neuf mois de prison ferme et quinze mois avec sursis pour avoir retenu, entre le lundi 6 et le mardi 7 janvier 2014, deux cadres du site menacé de fermeture. « C’est le signal du déclenchement d’une vraie campagne pour menacer tous les salariés qui voudraient exprimer leur révolte sociale de manière forte », analyse l’avocat des Goodyear, Me Fiodor Rilov.
 

Au départ, il a raccroché. Parce qu’il ne veut « plus parler à personne », qu’il en a « ras-le-bol ». Puis, deux minutes plus tard, il a rappelé. En s’excusant platement d’être « si à cran ». Jean-François Quandalle a appris ce mardi 12 janvier 2016 qu’il était condamné à deux ans de prison dont neuf mois ferme aménageables. La première condamnation sur son casier judiciaire, à la veille de souffler ses 53 bougies. Il a appelé sa femme, leur fils, qui étaient au travail, pour leur annoncer « la terrible nouvelle » en les rassurant, « la vie devait continuer », il allait « voir un JAP (juge d’application des peines) » le 27 janvier, il aurait « certainement un bracelet électronique ». Et leur dire qu’il « ne regrettait absolument rien ».

 

Jean-François Quandalle et sept autres anciens salariés de l’usine de pneus Goodyear d’Amiens-Nord (Somme) sont condamnés pour avoir « séquestré » deux de leurs anciens cadres : celui qui était à l’époque directeur des ressources humaines, Bernard Glesser, et celui qui était à la tête de la production, Michel Dheilly. Une décision judiciaire extrêmement lourde, inédite dans les annales du droit français, légèrement en deçà des réquisitions particulièrement sévères du parquet, de deux ans de prison dont un an ferme. Elle intervient alors même que le procès s’est déroulé, le 24 novembre dernier, sans plaignant : Goodyear ayant retiré sa plainte en application de l'accord de fin de conflit signé avec les syndicats, fin janvier 2014, tout comme les deux cadres concernés, qui se sont désistés après avoir déposé plainte à titre individuel.

 

« La séquestration. » C’était il y a deux ans, entre le lundi 6 et le mardi 7 janvier 2014. Dans les locaux de l’usine de pneumatiques sous tension maximale, en partie occupée par des salariés à bout, Jean-François et quelque 300 collègues retenaient durant trente heures les deux cadres, pour faire pression sur l’équipementier, Titan, Américain lointain aux milliards d’euros de bénéfices et qui veut les sacrifier sur l’autel de la rentabilité, alors que cette usine c’est toute leur vie, celle de leur famille, de leur père et grand-père. C’était un geste de désespoir, de révolte face au drame de la perte de son travail après des années, des mois de conflits, de débrayages, de chantages à l’emploi. Une ultime action de la CGT, syndicat ultra majoritaire, avant la fermeture de l’usine et la suppression de 1 173 postes dans une région sinistrée par le chômage et la misère. Un acte pour obtenir la réouverture d’un dialogue social, de négociations pour sauver le site.

 

Durant le conflit à l'usine Goodyear, en janvier 2014. © Reuters Durant le conflit à l'usine Goodyear, en janvier 2014. © Reuters
 

Ce n’était pas « une séquestration », ni « un kidnapping », qui prive une personne de ses allées et venues, comme les médias l'ont longuement affirmé, mais une détention sans violences physiques. « Les deux cadres avaient leur liberté de mouvement, leur téléphone portable, s’ils voulaient sortir fumer, manger, ils pouvaient. Au contraire, on les a protégés des dérapages, les débordements du personnel très en colère », a plaidé, le 24 novembre dernier, Jean-François Quandalle devant la présidente du tribunal correctionnel d’Amiens lors d’une audience fleuve. « Avec tout le foin autour de la chemise déchirée du DRH d’Air-France », Jean-François Quandalle, 33 ans de maison dont 20 à la CGT, s’attendait à être condamné à une peine de prison avec sursis mais pas à de la prison ferme. Et aussi parce que «Sous Sarkozy, quand les gars avaient tapé du CRS à Rueil-Malmaison lors d'une manif, ils avaient pris six mois avec sursis».

 

Parmi les condamnés dont six sont relaxés de l’accusation de violences en réunion (et ce n’est pas rien), cinq sont syndicalistes CGT : Jean-François Quandalle, Reynald Jurek, Hassan Boukri, Mickaël Mallet, et « Micka », Mickaël Wamen, le meneur « des barjots du syndicat communiste », avait dit le PDG de Titan, la figure médiatique et volcanique de la lutte des Goodyear, saga sociale à multiples rebondissements et souffrances depuis 2007. « Que le parquet maintienne ses accusations alors qu’il n’y a eu aucune agression physique et pas de plaintes interroge sur la répression pénale à l’œuvre qui résonne avec la montée de l’autoritarisme », note le professeur de droit Emmanuel Dockès. « Abasourdi » par la décision, « l’incroyable disproportion entre ce qu’ils ont fait et ce qu’ils vont subir », il constate « inquiet, combien les puissants demeurent bien lotis en France quand les faibles sont réprimés ».

 

« D’ordinaire, dans les conflits sociaux, les magistrats prennent en compte le contexte des événements et ne prononcent pas de prison ferme, au pire, du sursis », poursuit le juriste, qui plaide pour « une vraie juridiction du travail ». Selon lui, « nous sommes ici face à des magistrats totalement déconnectés du monde du travail auxquels on demande de juger des conflits sociaux et qui les jugent à la chaîne entre un vol de Mobylette et un trafic de stupéfiants, en les isolant du contexte social dans lequel ils ont lieu. Or, ce sont des conflits valides dans une société démocratique qui autorise le droit constitutionnel, fondamental, au conflit, à la grève ».  

 

« C’est le signal du déclenchement d’une vraie campagne pour menacer tous les salariés qui voudraient exprimer leur révolte sociale de manière forte », renchérit, tout aussi « sonné », l’avocat des Goodyear, Me Fiodor Rilov, du barreau de Paris, qui a aussitôt interjeté appel. Pour cette bête noire des grands patrons qui licencient à tour de bras, auquel il est reproché une trop grand proximité avec Mickaël Wamen, « cette décision, qui s’inscrit dans l’air du temps, est politique. Il n’est pas possible qu’un parquetier décide tout seul de condamner à de la prison ferme des salariés qui se battent pour défendre leur usine, leur travail. Ce jugement est une tentative d’intimidation qui va lourdement peser sur le climat social en France dans la façon dont on conduit une grève, occupe une usine ». Il est « l’arme avec laquelle Hollande, Valls, Taubira et l’ensemble du gouvernement ont décidé d’intimider tous les salariés qui se battent pour leurs droits et leurs emplois », dit de son côté la CGT d’Amiens.

 

« On s’est foutu de notre gueule »

Contactés par Mediapart, ni la ministre du travail Myriam El Khomri, ni la ministre de la justice Christiane Taubira n’ont souhaité commenter cette décision de justice. La première s’est fendue d’un laconique SMS via son attachée de presse : « La justice est indépendante, la ministre ne commente pas les décisions de justice. Elle comprend cependant la désespérance des salariés de Goodyear qui ont été licenciés mais la séquestration et la violence sont inacceptables. Elles ne font pas partie des outils du dialogue social. » La seconde a fait de même : « La garde des Sceaux n'intervient pas dans les affaires individuelles et a fait inscrire cette interdiction dans la loi du 25 juillet 2013. »

 

Pourtant, cette décision pourrait bien marquer un avant et un après, y compris politiquement, à quelques mois d’une présidentielle qui pourrait remettre en selle François Hollande. Goodyear-Amiens-Nord, c’est cette usine où, en octobre 2011, François Hollande, alors député de Corrèze en campagne pour la primaire socialiste, était venu, sur le parking, promettre une loi contre les licenciements boursiers et « se faire mousser avec des ouvriers », lâche Jean-François Quandalle. Dépassé par l’amertume, il ne vote plus ou alors « blanc », quand « des copains sont passés au FN ». « Je ne suis pas comme [un] autre qui vient devant les travailleurs et leur promet ce qu’il n’est pas capable de tenir après », leur avait assuré Hollande, devenu depuis chef de l’État.

 

Certes, c’était il y a quatre ans, il y a un siècle. Depuis, des torrents ont coulé sous les ponts d'un gouvernement supposé de gauche et des promesses ont été englouties sous le poids des pressions, des réformes et des sirènes néolibérales. Depuis les attentats du 13-Novembre, c’est même le règne autoritaire de l’état d’urgence. Le code du travail a été bouleversé et va l’être un peu plus, totalement réécrit. Comme la loi sur les licenciements boursiers, l’amnistie sociale, cette loi portée par le Front de gauche et approuvée à l’unanimité de la gauche sénatoriale, a été enterrée en 2013. Elle devait amnistier une « cinquantaine » de syndicalistes (selon le décompte de Christiane Taubira) condamnés sous la droite à des peines de moins de 5 ans de prison lors d’actions militantes. Soit l’un des fondamentaux de lutte de la gauche, une tradition républicaine sous Mitterrand.

 

Ce mardi, à l’énoncé de la décision, la colère a fusé dans les rangs des anciens Goodyear, comme dans ceux des syndicats et aussi de la gauche (du NPA au PS). Les réseaux sociaux ont été le premier réceptacle. Secrétaire d’État aux droits des femmes, la socialiste Pascale Boistard, ancienne députée de la Somme (jusqu’à sa nomination en 2014), a été la seule et l’unique à vraiment se mouiller à l’échelon gouvernemental : « Devant une si lourde condamnation, je ne peux qu’exprimer mon émotion fraternelle », a-t-elle écrit sur Twitter. La fédération du Parti socialiste de la Somme l’a appuyée, exigeant que la ministre de la justice intervienne auprès du parquet afin qu’il revoie « ce cas particulier » et « cette décision choquante », pour obtenir « une réquisition d’apaisement qui tienne compte du retrait de la plainte par la direction de Goodyear ». Ces salariés « se sont battus dignement pour défendre leur outil de travail et les emplois face à une direction qui a toujours privilégié l’accroissement des profits à court terme », écrit-elle.

 

Toujours sur Twitter, le député socialiste du Cher, Yann Galut, s'est dit « très choqué par la condamnation », réclamant « la même sévérité à l'égard des patrons voyous ». Un avis partagé par le président des Jeunes Socialistes, Benjamin Lucas, « abasourdi » par cette décision, qui, dans un tweet, rappelle : « un combat contre l'injustice et le mépris du système. » Lors des questions au gouvernement, ce mardi, le député PS Pascal Demarthe a aussi exigé des réponses. Emmanuel Macron, le ministre de l’économie, lui a répliqué « que malgré tous les efforts du gouvernement, il n’y avait plus de solution industrielle pour le site Goodyear », que « Titan avait des exigences pas acceptables et qui n’ont pu être remplies », et que « les décisions de justice tombées ce mardi n’ont pas à être commentées ».

 

À l’extrême gauche, les réactions ont été vigoureuses. André Chassaigne, qui mène le Front de gauche, a dénoncé un jugement « ignoble » : « Que l’on puisse condamner à neuf mois de prison ferme des salariés qui ont défendu leur outil de travail, qui soi-disant ont fait preuve d’une forme de violence, alors que d’autres au jour le jour pratiquent une violence autour du tapis vert pour supprimer des centaines, des milliers d’emplois, je trouve que c’est véritablement une décision judiciaire qu’on ne peut pas accepter. » Jean-Luc Mélenchon l’a suivi d’un tweet vengeur : « 8 ouvriers#Goodyear condamnés à 24 mois de prison dont 9 ferme. Pourtant pas de plainte. Merci Taubira. »

 

Dans Libération, Xavier Mathieu, icône des Continental de Clairoix (Oise), devenu comédien, condamné à 4 000 euros d’amende pour la dégradation de la sous-préfecture de Compiègne, en marge du conflit social, puis à une amende de 1 200 euros, pour refus de prélèvement d’ADN, exulte : « C’est un scandale pur et simple. C’est écœurant. On a voulu faire un exemple. Mais en matière d’exemplarité, c’est toujours les petits qui trinquent. Jamais les patrons. Ceux qui ferment illégalement les entreprises, comme cela a été le cas pour Continental en 2009. Ceux qui sont responsables d’accidents mortels de salariés par manque de sécurité. Pas plus que les hommes politiques qui piquent dans la caisse. Eux ne font jamais de prison. »

 

« Qu’ont fait les mecs de Goodyear ? poursuit le leader des Conti. Ils se sont juste révoltés contre une injustice. Ils ont juste gardé des cadres parce qu’ils n’obtenaient pas de réponses à leurs questions. On est loin des séquestrations qu’on a pu connaître par le passé dans la métallurgie. Les types ont pu boire de l’eau, appeler leurs proches. C’était plus du baby-sitting qu’autre chose. La violence, elle n’est pas de leur côté. Ce sont les fermetures d’usine qui sont violentes. Celles qui mettent les gens dans la merde, qui les poussent vers le suicide, l’alcoolisme, la drogue, la dépression, le RSA. »

 

Jean-François Quandalle, lui, « hallucine ». « Tu défends ton boulot et tu finis au trou » Il commence à réaliser l’impact du jugement : « Comment on va faire pour retrouver du travail ? Un des collègues condamnés devait entamer une formation de taxi pour se reconvertir, mais c’est mort car il faut un casier vierge. » Il a « la haine » : « Mélenchon a parlé mais il ne se passe rien à l’extrême gauche. Avant, on manifestait pour la moindre bricole. Aujourd’hui, plus on s’en prend, plus on reste chez nous ». Quand on l’appelle, il est devant l’usine avec une vingtaine de collègues à réfléchir sur « la riposte », dont une pétition à signer ici. « Nous sommes tous des Goodyear », « pour organiser le plus grand rassemblement solidaire en prévision de l'appel. » « On s’est foutu de notre gueule. L’usine est vide, tout a été revendu à un Polonais et Titan a construit une usine en Russie. On a porté des plaintes collectives en justice sur la harcèlement moral au travail et les suicides, mais le parquet n’a ouvert aucune enquête. » Depuis la fermeture de l’usine, il y a eu plus d’une quinzaine de suicides. « Des morts à cause du travail dont personne ne parle », souffle Jean-François Quandalle. Il est convaincu « d'une justice de classe » et veut « arrêter le syndicalisme après ça »

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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13 janvier 2016 3 13 /01 /janvier /2016 15:29

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Cauchemar

L’Amérique défavorisée, proie de l’industrie des gaz de schiste, de ses pollutions et de ses escroqueries

par

 

 

 

 

Des petits propriétaires floués, des grandes multinationales abusées par la promesse de profits mirobolants, des habitants qui subissent les pollutions et le bruit assourdissant des puits de forage à l’orée de leurs jardins, une faune qui s’exile, des séismes qui se multiplient… Telle est la réalité de l’industrie des gaz de schiste dans le Midwest états-unien. Enquête à Youngstown, dans l’Ohio, l’une des zones les plus pauvres de l’Amérique.

 

C’est l’une des régions les plus pauvres des États-Unis. La ville de Youngstown, dans l’Ohio, à mi chemin entre Pittsburgh et Cleveland, a été frappée de plein fouet par la désindustrialisation, et peine aujourd’hui encore à se relever de ce traumatisme. Sa population a chuté de presque 170 000 habitants dans les années 1960 à un peu plus de 60 000 à l’heure actuelle, dont près de la moitié est noire. La population blanche a fui vers les banlieues ou vers des cieux moins défavorisés. C’est l’une des villes les plus pauvres des États-Unis [1].

 

La région est aussi l’une des principales lignes de front de l’expansion du gaz de schiste, dans la formation dite d’Utica. Youngstown et ses environs sont le théâtre d’opérations industrielles utilisant la technologie controversée de la fracturation hydraulique, interdite en France. Ils abritent aussi des opérations de réinjection dans le sous-sol des eaux usées issues du « fracking » – une pratique dont on parle très peu en Europe mais qui comporte les mêmes risques que la fracturation hydraulique elle-même, sinon davantage. Dès 2011, Youngstown était frappée par un séisme de magnitude 4 sur l’échelle de Richter – le premier de toute l’histoire de la ville – directement lié à un puits d’injection. En février 2014, on en dénombrait déjà plus de 500. À quoi s’ajoutent plusieurs cas de pollution accidentelle ou délibérée.

 

Pourtant, les dirigeants politiques locaux et une bonne partie de la population continuent à s’accrocher aux promesses d’emplois et de développement économique brandies par l’industrie du gaz de schiste. Au premier rang – c’est une autre particularité de Youngstown – figurent deux entreprises françaises, Total et Vallourec. La première détient 25% des actifs de Chesapeake dans la formation d’Utica, tandis que la seconde a inauguré en grande pompe il y a quelques années à Youngstown une usine produisant des tubes spéciaux destinés à la fracturation hydraulique. Cette usine, sur fond de crise du secteur pétrolier et gazier, est en train de supprimer des emplois par dizaines.

 

« Un puits de gaz de schiste peut s’installer du jour au lendemain »

C’est en 2011 que Total a racheté, pour 2,3 milliards de dollars, 25% des opérations de Chesapeake dans la formation d’Utica, dans l’est de l’Ohio [2]. Chesapeake, principal producteur de gaz de schiste aux États-Unis, reste le seul opérateur des forages sur le terrain, Total se contentant d’apporter les fonds.

 

La plupart des habitants de Youngstown et des bourgades environnantes vivent dans l’impression que jamais la fracturation hydraulique ne viendra les déranger, sur le pas de leur porte. Mais ils ne sont pas à l’abri de mauvaises surprises. Des citoyens de Youngstown ont ainsi découvert quasiment par hasard que Chesapeake et Total avaient acquis auprès d’une autre firme les droits de forage profond sous Mill Creek Park, un gigantesque espace vert traversé par une rivière. C’est le poumon de la ville et le principal lieu de loisirs de ses habitants.

 

Susie et Raymond Beiersdorfer, deux habitants de Youngstown qui animent la résistance contre le gaz de schiste, dénoncent une situation d’opacité totale : les droits sur le sous-sol sont transférés d’entreprise à entreprise et les autorisations accordées sans aucune consultation du public ou même des voisins. « Quelqu’un peut découvrir du jour au lendemain qu’un forage de gaz de schiste ou un puits d’injection s’installe sur le terrain d’à côté. » Chesapeake et Total possèdent aussi des droits sur la plus grande partie du territoire de la petite ville voisine de Niles. Aucun forage n’y est prévu à court terme en raison du ralentissement actuel du secteur du schiste, mais la menace pèse désormais sur la tête des habitants.

 

« Les cygnes ont tous disparu »

Cette menace, les résidents – pour la plupart retraités – du parc de mobil homes de Westwood, à une quinzaine de kilomètres de Youngstown, en ont fait l’expérience directe. Ils ont été surpris un soir de 2013 par l’entrée en production d’un puits de gaz de schiste dont personne ne leur avait annoncé l’arrivée. « Tout à coup, ils ont vu une immense lumière de l’autre côté des arbres : c’était le gaz s’échappant du puits que l’on faisait brûler. Il y avait un boucan terrible. Les retraités sont sortis de leur maison en robe de chambre et tournaient en rond en se demandant ce qui se passait », se souvient John Williams, un habitant de Niles mobilisé contre le gaz de schiste. « Au début, on leur a dit que c’était pour seulement deux semaines, puis un mois, puis deux mois… Le puits est encore là aujourd’hui, et ils prévoient même de passer de trois à huit forages actifs ». Un élu de l’État s’est rendu sur place pour calmer les esprits, en faisant valoir aux résidents qu’il ne s’agissait que d’un « inconvénient mineur » et que c’était le prix normal à payer pour les bienfaits du gaz de schiste.

 

Les 800 résidents du parc, confrontés à une situation filmée dans des vidéos postées sur YouTube (ci-dessous), voient les choses différemment. Ils se plaignent du bruit et de maux de tête. L’un d’eux aurait été victime d’une maladie de peau similaire à celle dont se plaignent certains ouvriers du gaz de schiste [3]. Un dispositif de récupération du gaz qui s’échappe des forages a été mis en place depuis, avec pour résultat de réduire la taille de la flamme de torchage. Mais lorsque ce dispositif tombe en panne – ce qui arrive assez souvent selon les résidents –, elle retrouve sa taille initiale : 30 mètres de haut.

 

 

C’est un agriculteur voisin qui a cédé les droits sur son sous-sol à la société Halcón. Le puits est situé à l’extrémité de sa parcelle, le plus loin possible de sa propre maison, mais à peine séparé de l’étang qui borde le parc de mobil homes par une rangée d’arbres. « Avant, il y avait de magnifiques cygnes sur cet étang, se souvient John Williams. Ils ont tous disparu. » Les cygnes ont été remplacés par des bernaches du Canada, une espèce apparemment moins facilement dérangée par le bruit, la lumière et les relents de gaz [4].

 

Multinationales naïves

Total, pour sa part, s’est rapidement rendu compte que ses investissements dans l’Ohio avaient été très surestimés. Aubrey K. McClendon, l’ancien PDG de Chesapeake, s’est fait une spécialité de ce genre de transaction [5] : avec ses associés, il a réussi à convaincre plusieurs grandes entreprises pétrolières mondiales comme Total de fournir les capitaux nécessaires à ses opérations, en leur faisant miroiter des retours mirifiques… et en leur faisant payer leur participation bien plus cher que la valeur réelle des actifs cédés.

 

Dans son rapport financier pour 2014, Total déclare en tout 2,944 milliards de dollars de dépréciations sur ses actifs dans le secteur des hydrocarbures non conventionnels aux États-Unis, en Chine, au Venezuela et en Algérie. Impossible de savoir quel part de cette somme correspond au manque à gagner enregistré sur les gisements de l’Ohio. D’autres multinationales se sont elles aussi brisées les dents, comme BP qui a déclaré en 2014 une dépréciation d’un demi-milliard de dollars sur ses actifs dans la région de Youngstown. Aubrey K. McClendon, quant à lui, a été entre-temps débarqué de Chesapeake, après la révélation de plusieurs manipulations financières et d’une fâcheuse tendance à utiliser les biens et les employés de l’entreprise à des fins personnelles. Il a fondé une nouvelle compagnie, American Energy, en emmenant avec lui, selon son ancienne entreprise qui l’a traîné en justice, une série d’informations commerciales stratégiques sur les gisements de l’Utica.

 

Le business des droits de forage

Les multinationales pétrolières abusées ne sont pas les seules à avoir à se plaindre des pratiques de Chesapeake et de ses consœurs. Les témoignages abondent pour dénoncer les abus dont se rendent coupables les agents des firmes pétrolières pour convaincre les propriétaires fonciers de leur céder les droits de forage sur le sous-sol de leurs terres. Dans bien des cas, par exemple, ces agents diront à un résident récalcitrant que tous ses voisins ont déjà cédé leurs droits, même si ce n’est pas le cas, pour lui donner l’impression qu’il n’a pas le choix.

 

Plusieurs propriétaires fonciers de l’Ohio ont lancé des procédures judiciaires contre Chesapeake, qu’ils accusent de les avoir délibérément escroqués. Ils se plaignent que des représentants soient venus les démarcher, bien avant qu’il soit question de l’arrivée du gaz de schiste dans l’État, pour leur faire céder à bas prix les droits sur le sous-sol de leurs terres, avant de les revendre à Chesapeake. Ils auraient cédé les droits de forage dans leur sous-sol pour une somme aussi modeste que 5 dollars par acre (environ 4000 mètres carré). Chesapeake les aurait acquis à son tour pour 1000 dollars l’acre [6]. Total, de son côté, a acquis ses 25% des actifs de Chesapeake pour un montant équivalent à 15 000 dollars par acre [7]

 

Propriétaires floués

D’autres propriétaires qui avaient signé avec Chesapeake se sont aussi rendus compte, au bout de quelques mois, que l’entreprise avait drastiquement réduit les royalties qu’elle leur versait pour le gaz extrait dans le sous-sol de leur propriétés, en prétextant des frais de transport, de transformation et de gestion exorbitants [8]. Ron Hale avait ainsi cédé à Chesapeake et Total les droits sur le sous-sol d’un terrain dont il est copropriétaire à East Township, à une cinquantaine de kilomètres au sud de Youngstown. Il s’est vite rendu compte que les paiements de royalties étaient loin d’être à la hauteur de ce que Chesapeake lui avait fait miroiter. Après qu’il se soit plaint auprès de l’entreprise, celle-ci lui a transmis un document comptable pour justifier le calcul des sommes qui lui étaient versées, dans lequel il a découvert avec effarement le montant des déductions diverses qui lui avaient été appliquées [9]. Dans certains cas, les déductions étaient même supérieures à la valeur déclarée du gaz ou du pétrole extrait du puits, de sorte que Ron Hale payait Chesapeake pour que celle-ci fore sur sa propriété !

 

On estime que 70% des propriétaires qui ont cédé les droits sur leur sous-sol à l’industrie du gaz de schiste se trouvent lésés. Nombre de propriétaires soupçonnent également Chesapeake et les autres firmes pétrolières actives dans la région de sous-déclarer les quantités de gaz et de pétrole (et en particulier les gaz liquides qui ont le plus de valeur) qu’ils tirent du sol afin de baisser les royalties – ce qu’elles pourraient faire en théorie en toute impunité, puisque l’Ohio n’a mis en place qu’un système de déclaration sur l’honneur. « S’il ne me paient pas pour ce qu’ils prennent, ils peuvent le laisser dans le sol », lâche le partenaire de Ron Hale. Ce dernier a adressé en mai dernier une lettre à Total pour l’alerter sur ces pratiques. Il attend toujours une réponse.

Olivier Petitjean

 

— 
Photos : Chiot’s run CC (une) ; John Williams (Westwood Lake Park) ; OP (puits de gaz de schiste de Consol Energy avec un ancien « pumpjack ») ; OP (puits à proximité de Westwood Lake Park).

 

Notes

[1Selon des études officielles, Youngstown est à la fois la ville américaine qui perd ses habitants le plus rapidement, et celle qui présente le taux de concentration de la pauvreté le plus élevé du pays, à 49,7%. Le taux de concentration de la pauvreté mesure le pourcentage de la population vivant dans des quartiers où le taux de pauvreté est supérieur à 40%. Voir ici.

[2L’entreprise française avait similairement acquis en 2009 25% des parts des actifs de Chesapeake dans la formation de Barnett, au Texas.

[3Voir ici les informations et témoignages rassemblés par l’ONG Food and Water Watch

[4Sur les impacts de la pollution sonore, lumineuse et chimique associée au gaz de schiste sur la biodiversité, voir ici.

[5Lire cet article du New York Times.

[6Source. Il s’agit de la somme payée immédiatement à titre de « droit d’entrée » par les firmes, à quoi s’ajoute un pourcentage extrêmement variable des revenus de l’exploitation, selon la capacité de négociation des propriétaires.

[7Source.

[8Lire l’enquête de ProPublica, qui explique aussi les motivations financières de Chesapeake.

[9Voir ici une autre procédure judiciaire lancée contre Chesapeake pour les mêmes raisons par un propriétaire de l’Ohio.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 18:23

 

Source : http://www.huffingtonpost.fr

 

 

 

VIDÉO. Même les églises rendent hommage à David Bowie

 

 

 

MUSIQUE - Les églises aussi saluent le dieu du rock.

Depuis l'annonce de la disparition de David Bowie lundi matin, les rassemblements de fans et les hommages n'en finissent plus. Même les cloches d'églises et les orgues retentissent pour Ziggy Stardust, comme on peut le voir dans la vidéo ci-dessus.

Qu'elles retentissent dans des édifices religieux ou dans des musées, ces interprétations prouvent combien le chanteur britannique a influencé la société dans son ensemble. Les croyants y compris, alors que certains avaient sans doute tiqué en entendant, en 1993, les paroles du très impudique "Sex and the Church".

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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 18:07

 

Source : http://www.franceinfo.fr

 

 

Nice : les contribuables de plus en plus indésirables aux services des impôts
INFO FRANCE BLEU AZUR par David Di Giacomo mardi 12 janvier 2016 06:41
 
 
 
 

Le site internet des impôts très privilégié dans les Alpes-Maritimes © MaxPPP
 

Dans une consigne que s'est procurée France Bleu Azur, la direction des impôts demande à ses agents des Alpes-Maritimes de ne plus prendre de messages téléphoniques, afin d'envoyer les contribuables vers internet.

Dans les Alpes-Maritimes, il est préférable de s'être inscrit sur le site internet des impôts. Pour la deuxième fois en quelques mois, la direction départementale des Finances publiques incite ses agents à couper les ponts avec les contribuables.

L'orientation forcée des contribuables vers le site internet des impôts : un reportage de David Di Giacomo de France Bleu Azur
 

 

Dans un courriel interne, la direction invite les employés à paramétrer leur répondeur pour qu'il ne puisse plus enregistrer les messages des contribuables. Les appareils diffusent désormais l'annonce qui précise que "toutes les lignes sont actuellement occupées". Il est donc conseillé de passer par le site impots.gouv.fr.

Dans sa consigne, la direction justifie la mesure en précisant que les dernières enquêtes ont montré des "difficultés à assurer convenablement ce type d'accueil"  téléphonique, ajoutant que la majorité des services ne réussit plus à répondre aux messages laissés par les contribuables. La direction des impôts des Alpes-Maritimes a refusé de commenter l'information.

En octobre dernier, France Bleu Azur avait déjà révélé que les agents des impôts étaient incités à décourager les contribuables dès l'accueil aux guichets, afin de les orienter vers le site internet.

A LIRE AUSSI ►►►Nice : la note incitant les agents des impôts à décourager le contribuable contestée

Cette révélation d’une nouvelle consigne donnée aux agents intervient alors que ce mardi, en comité technique local, la direction doit acter la suppression de 45 postes en 2016 dans le département. Un rassemblement de salariés est prévu devant le siège des impôts à Nice.

par David Di Giacomo, Rédaction de France Info mardi 12 janvier 2016 06:41
 
 
 
 
 
 
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12 janvier 2016 2 12 /01 /janvier /2016 17:18

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

Notre-Dame-des-Landes : le gouvernement maintient le secret sur les chiffres censés justifier l’aéroport

12 janvier 2016 / Tiffany Blandin (Reporterre)
 


 

 

Le projet d’aéroport est justifié par le gain économique qu’il apporterait. Problème : les résultats de ce calcul sont fortement contestés. Et l’administration refuse toujours de livrer les statistiques qui l’ont établi, malgré l’avis de la Commission d’accès aux documents administratifs.

C’est probablement le document Excel le plus secret de France. Une base de données où sont comptabilisés les trajets en voiture, en train ou en avion de millions de voyageurs fictifs pendant 55 ans. Cette matrice ultracomplexe, en transformant le temps gagné par les usagers en euros, a servi à calculer l’avantage financier du projet d’aéroport du Grand-Ouest. Il serait de 911 millions d’euros.

Ce gain de temps, présenté dès 2006 dans la pièce F du dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique, a joué un rôle essentiel dans la déclaration d’utilité publique de l’aéroport. Puisque, à lui seul, il justifie le projet dont le coût est officiellement estimé à 556 millions d’euros.

 

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Scénario de gain de temps (converti en argent) présenté dans le dossier d’enquête préalable.
 

Problème : la base de données qui a permis de réaliser ces calculs, effectués par le cabinet JLR Conseil, n’a jamais été communiquée, alors que le résultat de 911 millions d’euros est vivement contesté depuis cinq ans. Nous allons vous retracer les démarches effectuées par les opposants à l’aéroport pour l’obtenir. Vous allez voir, c’est rocambolesque.

 Se contenter d’une simple promesse des fonctionnaires de la DGAC

En premier lieu, c’est le cabinet indépendants CE Delft qui a remis en cause ce chiffre dans une contre-expertise réclamée par les opposants.

Publié en 2011, le rapport estime notamment que « la valeur attribuée au temps qui a servi dans la présentation du projet est très nettement supérieure à la valeur recommandée en France ». En clair, l’opération de conversion du temps en argent aurait servi à gonfler artificiellement l’avantage économique du projet. Reporterre avait démontré comment.

La Direction générale de l’aviation civile (DGAC), commanditaire de l’étude, a fini, en février 2013, par transmettre deux notes à Reporterre pour justifier ce chiffre.

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Première note de la DGAC transmise à « Reporterre ».
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Seconde note de la DGAC transmise à « Reporterre ».

Là encore, les explications n’ont pas satisfait les opposants au projet, d’autant plus que dans ces documents, aucune trace de la base de données qui avait servi aux calculs. Il fallait se contenter d’une simple promesse des fonctionnaires de la DGAC, au bas de la note 1 : « Nous nous sommes procurés auprès des consultants (JLR Conseils) le détail des calculs ; ils sont exacts. »

Recours pour excès de pouvoir 

Depuis, le CéDpa (Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) a multiplié les demandes, écrites et orales, auprès de la DGAC pour comprendre d’où sortaient ces 911 millions d’euros. Pas de réponse. Les élus ont donc tenté de forcer la main des autorités en déposant un recours auprès de la Commission d’accès aux documents administratifs (Cada). Ils ont demandé deux éléments. D’une part, « une copie de l’étude (…) réalisée par le cabinet JLR Conseil pour le dossier d’enquête publique de 2006 portant sur les gains de temps » et d’autre part « les bases de données chiffrées ».

En juillet 2015, c’est la première grande victoire des opposants. Ils reçoivent un avis favorable de l’autorité administrative, qui estime que le « document est communicable à toute personne qui en fait la demande ».

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L’avis favorable du Cada remis au CéDpa.

Mais les décisions de la Cada ne sont pas contraignantes. Même avec leur laisser-passer en poche, les élus du CéDpa doivent relancer la DGAC et le ministère de l’Écologie. N’obtenant aucune réponse, ils déposent un recours pour excès de pouvoir au tribunal administratif de Paris.

Trois jours plus tard, le 26 novembre 2015, le CéDpa reçoit enfin les pièces, ainsi qu’une lettre de Ségolène Royal. Cette dernière affirme son souci « d’exemplarité et de transparence de l’action publique ».

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La lettre de Ségolène Royal au CéDpa.

Les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se retrouvent donc avec une étude intitulée « Évaluation socio-économique pour le dossier D.U.P. [déclaration d’utilité publique] du projet d’aéroport du Grand-Ouest Notre-Dame-des-Landes », composé de dix documents reliés contenant chacun entre 6 et 57 pages, estampillés des logos de JLR Conseil et de l’ITA (Institut du transport aérien). En tout, 288 pages de notes méthodologiques, scénarios économiques, d’analyses des territoires.

Nous avons pu consulter ces dossiers. Un seul concerne le chiffrage des gains de temps. Il s’agit d’un document intitulé Dossier C2 & C3 Rentabilité économique et financière du projet, daté d’avril 2006. Sur les dizaines de tableaux qu’il contient, aucun ne permet d’expliquer comment ont été calculés les 911 millions d’euros. En fait, les tableaux portant sur le sujet qui nous intéresse, qui apparaissent à deux reprises en page 12 et 42, sont exactement les mêmes que ceux publiés dans le dossier d’enquête préalable à la déclaration d’utilité publique.

 

 « Cela ne répond pas du tout à la demande »

Bilan : la première partie de la demande déposée à la Cada a bien été respectée. La seconde, portant sur « les bases de données chiffrées », non. C’est d’autant plus dérangeant que, rappelez-vous, la DGAC, dans ses notes publiées début 2013, disait s’être procurée le détail des calculs auprès de JLR Conseils.

« Cela ne répond pas du tout à la demande, analyse Jean-Marie Ravier, chef d’entreprise engagé contre le projet et membre du CéDpa. Il manque les bases de données chiffrées. Il doit exister quelque part une étude qui recense année par année les déplacements de voyageurs concernés par la contrainte environnementale, la distance et le mode de transport utilisé. Si on ne veut pas nous transmettre ces informations, c’est bien qu’il y a quelque chose qui cloche dans le calcul des avantages économiques, et donc dans la déclaration d’utilité publique de Notre-Dame-des-Landes. »...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://www.reporterre.net

 

 

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