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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 18:10

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Droits du travail

Licenciement abusif : une intermittente fait condamner le groupe Canal+

par

 

 

 

Voici l’histoire d’une bataille aux prud’hommes dont l’issue donne de l’espoir. Au terme de deux ans et demi de procédure judiciaire, la Cour d’appel de Versailles a condamné le 1er mars 2016, D8, la chaine TNT du groupe Canal+, dans l’affaire qui l’oppose à l’intermittente du spectacle Sophie Tissier. Le litige débute le 30 mai 2013. Sophie Tissier est alors opératrice prompteur sur la chaine D8. Ce jour-là, elle intervient en direct dans l’émission de Cyril Hanouna, Touche pas à mon poste (TPMP) pour dénoncer les baisses de salaire des intermittents de la chaîne. « Le groupe Canal, qui a racheté D8 dernièrement, nous impose une baisse de salaire. Pour ma part, c’est 25 % mais tous les intermittents sont touchés. Alors que le groupe Canal a un chiffre d’affaire de cinq milliards d’euros, je crois [1,88 milliards d’euros en fait, en 2013. Celui du groupe Vivendi, propriétaire de Canal+ est de 10,2 milliards]. On nous prend à la gorge. J’ai envie de travailler avec vous, mais j’ai envie de gagner ma vie », déclare t-elle.

 

« black listée »

Suite à cette intervention, Sophie Tissier se retrouve « black listée » des plannings de D8, Canal+ et de nombreuses productions privées. Évaluant le manque à gagner autour de 7 à 8 jours de travail par mois, elle décide d’attaquer aux prudhommes son ancien employeur. L’enjeu, explique-t-elle sur Médiapart est de « dénoncer l’injustice dans l’abus de CDD intermittent, mais aussi dévoiler la vulnérabilité face aux employeurs et la précarité que subissent les personnes en CDD ».

D’abord déboutée en première instance, la cour d’Appel de Versailles lui donne finalement raison ce 1er mars 2016. La chaine doit verser 138 000 euros de rappel de salaires et d’indemnités – l’équivalent de trois ans de salaires – pour abus de contrat à durée déterminée intermittent, licenciement sans cause réelle ni sérieuse. Le tribunal juge également légitime son intervention en direct au nom des intermittents, et illégale la baisse de salaire imposée sans négociations aux intermittents de D8. Dans une vidéo de 7 minutes réalisée avec le collectif #OnVautMieuxQueCa, Sophie Tissier revient sur cette bataille judiciaire :

 

 

Suite au verdict de la Cour d’appel, la chaine D8 peut encore se pourvoir en cassation. Mais pour Sophie Tissier, cette décision de justice constitue déjà une belle victoire. « Le message que j’aimerais faire passer est simple : c’est un message d’espoir et d’appel au courage, de ne pas se résigner, de dire haut et fort nos légitimes colères et se battre, sur tous les plans, seuls ou en collectifs, envers et contre toute forme d’injustice », écrit-elle.

A partir de son cas personnel, Sophie Tissier explique qu’avec le projet de loi de la ministre du Travail Myriam El Khomri, elle aurait gagné « deux fois moins d’indemnités aux prud’hommes » et qu’il est donc « important de se mobiliser contre cette loi ». Dans les faits, le projet de nouveau barème des indemnités prud’homales est encore plus pénalisant : pour celles et ceux qui ont entre 2 et 5 ans d’ancienneté, le plafond s’élèverait à 6 mois... quand Sophie Tissier, qui a travaillé pour D8 entre novembre 2010 et mai 2013, a pu bénéficier de 36 mois d’indemnités. Sophie Tissier bénéficierait donc de six fois moins d’indemnités, si le projet de loi est adopté en l’état. Un appel à mobilisation générale contre le projet de démantèlement du droit du travail est lancé le 9 mars dans toute la France.

 

 

Sophie Chapelle - Voir également la page facebook Touche pas à mon intermittent(e)

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 17:50

 

 

« Merci patron ! », de François Ruffin

Un film d’action directe
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Anonyme. – « Robin des bois »
Look and Learn - Bridgeman Images
 

Comme on ne risque pas d’avoir les studios Universal sur le dos et qu’en réalité il ne s’agit pas tout à fait d’un film à suspense, on peut révéler l’intrigue de Merci patron !, de François Ruffin (1). C’est l’histoire de Serge et Jocelyne Klur, employés d’Ecce, filiale du groupe LVMH, plus exactement employés de son usine de Poix-du-Nord, jadis chargée de la confection des costumes Kenzo. « Jadis », car, mondialisation oblige, le groupe a cru bon d’en délocaliser toute la production en Pologne. Moyennant quoi les Klur ont été invités à se rendre employables ailleurs. Cependant, ils explorent méthodiquement la différence entre employables et employés. Depuis quatre ans. Evidemment, la fin de droits a été passée depuis belle lurette, on tourne à 400 euros par mois, la maison est fraîche — forcément, il n’y a plus de chauffage, et il a fallu se replier dans la seule pièce habitable. Au rayon des vertus tonifiantes, on compte aussi l’élimination de tout excès alimentaire et l’adoption de saines résolutions diététiques ; on peut même aller jusqu’à parler de rationnement — Noël avec une tartine de fromage blanc, les amis de la frugalité apprécieront.

 

On en est là, c’est-à-dire déjà sur un grand pied, quand survient un avis de saisie de la maison, ni plus ni moins, à la suite d’une ardoise d’assurance de 25 000 euros. Pour les Klur, qui considèrent qu’on est « un gros », voire « un capitaliste », à partir de 3 000 euros par mois, c’est là tomber d’un coup dans des ordres de grandeur qui font sortir de la Voie lactée. Ce qui n’empêche pas d’ailleurs de tirer des conséquences pratiques. En l’occurrence sous la forme du projet, si c’est ça, de foutre le feu à la maison — la seule chose que les Klur aient vraiment eue à eux et dont ils ont tiré à peu près tout ce que l’existence leur a réservé de joies.

 

On ne fait pas plus local que le cas Klur. Et on ne fait pas plus global non plus. Car les Klur offrent en concentré un résumé presque complet du système. Pourtant, contrairement à bon nombre de ceux qui ont traité avant lui de la condition salariale à l’époque néolibérale, le film de François Ruffin n’a aucune visée analytique ou pédagogique. C’est un film d’un autre genre, difficilement identifiable, d’ailleurs, au regard des catégories cinématographiques habituelles. Le plus juste serait sans doute d’en dire qu’il est un film d’action directe. Car Ruffin, qui a Bernard Arnault dans le collimateur depuis un moment, veut littéralement faire quelque chose de la situation des salariés d’Ecce. En 2008, déjà, il avait fait débouler impromptu les licenciées à l’assemblée générale des actionnaires de LVMH (2). Cette fois, ce sera l’attaque frontale : Klur-Ruffin contre Arnault. L’époque néolibérale enseignant que si l’on ne demande pas avec ce qu’il faut de force, on n’obtient rien, Klur-Ruffin va demander. Avec ce qu’il faut de force. En l’occurrence : 45 000 euros de dédommagement pour réduction à la misère, plus un contrat à durée indéterminée (CDI) quelque part dans le groupe pour Serge ! Et sinon, campagne de presse. Pas Le Monde, pas France Inter, pas Mediapart : Fakir, journal fondé par Ruffin et basé à Amiens. Tremblez, puissants !

 

C’est à ce moment que le film passe d’un coup dans la quatrième dimension, et nous avec. Car dans le cortex frontal de l’éléphant, l’attaque du moustique a semé un sacré foiridon. Et le puissant se met à trembler pour de bon. On ne peut pas raconter ici la série des hilarantes péripéties qui y conduisent, mais le parti pris de spoiler commande au moins de donner tout de suite la fin de l’histoire : Bernard Arnault s’affale ! On se pince. C’est simple, on ne peut pas y croire. On se dit que le projecteur est couplé à un diffuseur de champignons, qu’on est victime. Or tout est vrai. Comme la physique contemporaine a établi l’existence de l’antimatière, la physique sociale de Merci patron ! nous découvre l’univers parallèle de l’antilutte des classes : tout s’y passe comme dans l’autre, mais à l’envers. C’est l’opprimé qui fait mordre la poussière à l’homme aux écus. On se doute que cette irruption de l’univers inversé dans l’univers standard est un événement rare. Mais on l’a vue, de nos yeux vue ! Alors il faut bien y croire. Avec cet effet particulier que la reddition de l’entendement donne aussitôt l’irrésistible envie de renouveler les résurgences du bon univers dans le mauvais, et pourquoi pas de l’y transfuser totalement.

 

Passé l’incrédulité, le premier effet de ce film à nul autre pareil, c’est donc de donner le goût des ambitions révisées à la hausse. En commençant par prendre l’exacte mesure de ce qu’il annonce. D’abord, le cauchemar de la droite socialiste : lutte des classes pas morte ! Ça n’était pourtant pas faute d’avoir rédigé toutes les variantes possibles et imaginables de son acte de décès. C’est que, de la lutte des classes, on peut dire ce qu’on veut : que son paysage s’est complexifié ; que le feuilletage de la couche intermédiaire des « cadres » a créé une vaste catégorie d’êtres bifaces, partie du côté du capital (par identification imaginaire), partie du côté du salariat (par statut) ; que cette nouvelle sociologie a fait perdre à la polarisation de classes sa netteté originelle, etc. De la lutte des classes, donc, on peut dire tout cela. Mais certainement pas qu’elle a disparu. Pour en réapercevoir le noyau, il faut cependant monter des opérations de court-circuit, qui font revenir à l’os : typiquement, les ouvrières d’Ecce faisant effraction parmi les actionnaires de LVMH en train de discuter des dividendes, soit le face-à-face pur du capital exploiteur et du travail exploité. Ou alors les Klur : la misère directement rapportable à la valorisation du capital.

 

Evidemment, ce sont là des spectacles que la droite socialiste voudrait beaucoup s’épargner, et qu’elle s’emploie d’ailleurs à conjurer autant qu’elle peut par toutes les armes de la dénégation. A l’image de la fondation Terra Nova qui, en 2011, s’était mise en devoir d’expliquer que les classes populaires (« populaires » pour ne même plus avoir à dire « ouvrières ») étaient, sinon sociologiquement inexistantes, en tout cas politiquement inintéressantes : ça n’était plus pour elles que la droite socialiste devait penser sa politique. Comme on sait, le problème avec les morts mal tués et mal enterrés, c’est qu’ils reviennent. Ici, les morts font tout de même 25 % de la population active, auxquels ajouter 25 autres pour cent d’employés — une sacrée armée de zombies. Et la promesse de nuits agitées pour tous ceux qui auront pris leurs entreprises de déréalisation pour le réel même. Il faut croire que les spectres gardent le pouvoir d’en terroriser encore quelques-uns, si l’on en juge par l’empressement de Bernard Arnault à dépêcher les sbires de sa sécurité pour négocier contre euros le silence des Klur. Le secrétaire général du groupe, un hiérarque du Parti socialiste, convaincu que le progressisme consiste essentiellement en la progression des dividendes, est à lui seul un résumé sur pattes de toute l’histoire de son parti, doublé d’un fameux cornichon, dont toutes les savantes manœuvres vont conduire Bernard Arnault à la double déconfiture : payer et la publicité !

 

Ainsi, il arrive aux classes « populaires » de revenir du néant où on a voulu les enfouir, et d’en revenir avec quelque fracas. C’est là sans doute la seconde bonne nouvelle de l’évangile selon saint Klur : il se pourrait que cet ordre social soit beaucoup plus fragile qu’on ne le croit. On commence en tout cas à se poser de sérieuses questions lors de cette scène sublunaire qui voit un ex-commissaire des renseignements généraux, devenu barbouze privé pour l’empire du sac à main, négocier avec les Klur devant une caméra cachée (lui cherche un magnétophone sous une chaise…) et devenir quasi hystérique à l’évocation de Fakir. Que la campagne de presse passe par Le Monde, Mediapart ou par François Hollande, il n’en a cure. Mais Fakir ! Et c’est Molière chez les Picards, avec, à la place de Diafoirus qui trépigne « Le poumon ! », l’ex-commissaire Machin devenu maboule : « Fakir ! Fakir ! » — on le menacerait de tout envoyer à CNN ou au pape, il continuerait de glapir comme un possédé : « Fakir ! »

 

Rendu à ce point du visionnage, et totalement éberlué, on tente soi-même de reprendre pied pour former à nouveau quelques idées générales. D’ailleurs, avec l’aide du commissaire lui-même ! Qui, du fond de son sens commun de flic, est détenteur d’une philosophie politique à l’état pratique : pourquoi Fakir, qui est tout petit ? Parce que, explique le commissaire, « c’est les minorités agissantes qui font tout ». Si des Klur coachés par le camarade Ruffin ont le pouvoir de mettre Bernard Arnault à quatre pattes, c’est bien qu’en face, on a peur. Confusément conscience que tant de vilenies accumulées ne pourront pas rester éternellement impunies, et peur. Mais alors quid de dix, de cent Klur-Ruffin, d’une armée de Klur-Ruffin ? Et puis décidés à obtenir autre chose que la simple indemnisation de la misère ? Et si l’espoir changeait de camp, si le combat changeait d’âme ?

 

Le propre des films d’action directe, c’est qu’ils propagent leurs effets bien après leur dernière image. De celui-ci, on sort chargé comme une centrale électrique et avec l’envie de tout renverser — puisque, pour la première fois, c’est une envie qui nous apparaît réaliste. Ecrasés que nous étions par la félonie de la droite socialiste, par l’état d’urgence et la nullité des boutiques de la gauche, Merci patron ! nous sort de l’impuissance et nous rebranche directement sur la force. Ça n’est pas un film, c’est un clairon, une possible levée en masse, un phénomène à l’état latent. De cet événement politique potentiel, il faut faire un événement réel.

 

Frédéric Lordon

Economiste.
A quoi sert « Le Monde diplomatique » ? A apprendre et à comprendre. A donner un peu de cohérence au fracas du monde là où d’autres empilent des informations.

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(1) Produit par Fakir et Jour2fête, 90 minutes, en salles le 24 février.

(2) Lire François Ruffin, « Insolite face-à-face entre ouvrières et actionnaires », Le Monde diplomatique, août 2008.

 
 
 

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 17:36

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

EDF: l'addition cachée de l’aventure britannique
8 mars 2016 | Par martine orange
 
 
 

EDF a surpayé British Energy. Mais pour ne pas avoir à avouer au moins 7 milliards d’euros de dépréciations d'actifs, le groupe continue sa fuite en avant avec le projet d’Hinkley Point.

« Hinkley Point, c’est la chronique d’une catastrophe annoncée. Pourtant, ils vont y aller, ne serait-ce que pour ne pas avouer les erreurs passées », confie un responsable du groupe, abattu par ce qui se précise. Plus que la défense du nucléaire, un élément, selon lui, compte beaucoup dans les décisions à venir de la direction d’EDF pour lancer coûte que coûte la construction de l’EPR : le groupe s’est déjà bien trop engagé en Grande-Bretagne. Revenir en arrière l’obligerait à reconnaître une ardoise très lourde et difficilement justifiable.

Pour comprendre ces explications, il faut revenir au départ de l’aventure britannique d’EDF, quand le groupe lance une OPA sur British Energy début 2008. À l’époque, le gouvernement britannique a décidé de vendre la participation de 35,2 % qu’il détient encore dans le groupe d’électricité. Plusieurs concurrents européens, comme l’allemand E.ON ou l’espagnol Iberdrola, se mettent sur les rangs puis font demi-tour. « Les conditions financières ne sont pas réunies pour reprendre British Energy », expliquent-ils alors.

Seul Pierre Gadonneix, alors président d'EDF, continue de se dire intéressé et paraît prêt à y mettre le prix. Alors que les responsables de l’électricien allemand RWE n’ont été autorisés par leur conseil qu'à présenter une offre limitée de 2,5 milliards d’euros pour le rachat de la participation du gouvernement britannique, estimant que le groupe dans sa totalité ne valait pas plus de 8,5 milliards d’euros, le président d’EDF ne semble pas du tout préoccupé par ces considérations, pas plus d’ailleurs que par l’envolée du cours en Bourse, depuis que le gouvernement britannique a annoncé son engagement. Un grand classique en France, décidément. 

En juin 2008, Pierre Gadonneix fait donc une offre très généreuse, tenant compte de l’envolée boursière : 15,1 milliards d’euros pour racheter l’ensemble de British Energy. C’est déjà plus de 40 % de ce que l’électricien valait, avant la spéculation boursière. Mais cela ne semble pas suffisant pour la direction de l’électricien britannique, qui rejette l’offre. Plutôt que de renoncer, la direction d’EDF décide de surenchérir, alors qu’elle est toute seule sur les rangs ! En septembre 2008, le groupe public, étendard du nucléaire français, présente donc une nouvelle offre de 15,8 milliards d’euros. En six mois, grâce au jeu boursier britannique, British Energy a doublé sa valeur, alors que tous s’accordent pour dire que le groupe est en mauvaise santé financière et boursière.

Mais la réalité des comptes s’impose, malgré tout. Pour ne pas avoir à inscrire une trop grande survaleur (goodwill) dans son bilan – aveu des folies financières et autres –, la direction d’EDF annonce tout de suite qu’elle va construire deux EPR sur les sites de British Energy, ce qui va donner de la valeur à l’ensemble du groupe britannique à l’avenir, explique-t-elle. Dans son rapport annuel de 2008, le groupe annonce ainsi la construction à venir de ces deux EPR, pour un coût estimé à l’époque à 4 milliards d’euros chacun. La facture de l’EPR de Flamanville a déjà dépassé les 10 milliards d’euros.

Grâce à cette annonce, la survaleur sur l’acquisition de British Energy est diminuée. EDF doit tout de même inscrire au bilan d’entrée du groupe britannique dans ses comptes, début 2009, un goodwill de 5,75 milliards d’euros. Depuis, comme le redoutaient les opposants à cette acquisition à l’époque, la situation n’a cessé de se dégrader. Des centrales et des sites de production vieillissants ont dû être dépréciés. Les activités britanniques affichent désormais une survaleur de 9,1 milliards d’euros, représentant à elle seule 90 % des survaleurs du groupe. Quant au résultat, il est en perte de plus de 200 millions d’euros en 2015. Une affaire, décidément, ce rachat britannique. 

Mais EDF, fortement incité par son responsable en Grande-Bretagne, Vincent de Rivaz, ne veut pas se dédire. Renoncer à construire un ou deux EPR obligerait alors à déprécier la valeur de British Energy et à annuler au moins les 5,7 milliards d’euros de survaleurs inscrits dans ses comptes. De plus, il lui faudrait aussi passer en pertes les dépenses qui ont été engagées pour lancer le projet d’EPR. Celles-ci dépasseraient déjà le milliard d'euros. Bref, toute marche arrière obligerait à inscrire au moins 7 milliards d’euros de dépréciations dans ses comptes. Un luxe que la direction d’EDF estime ne pas pouvoir se permettre.

Alors, plutôt que de reconnaître l’erreur passée, la direction d’EDF préfère continuer sa fuite en avant et s’engager pour un projet d’au moins 25 milliards d’euros, jugé dangereux par tous. Dans son dernier rapport, la Cour des comptes rappelait l’urgence d'en finir avec l'impunité des dirigeants et de « renforcer les dispositifs de sanction pénale et pécuniaire tant pour les dirigeants que pour les membres de conseils d’administration pour les cas de prise de risque inconsidérée ayant entraîné des pertes ». Cette règle pourrait peut-être s'appliquer aux dirigeants d'EDF ?

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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10 mars 2016 4 10 /03 /mars /2016 17:14

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Loi sur le travail: des centaines de milliers de manifestants
 
 

Grosse mobilisation contre la loi sur le travail, mercredi, à Paris et dans toute la France. Pour beaucoup, cette réforme du code du travail est la loi de trop, celle qui aura réussi à les faire redescendre dans la rue.

Promis, juré, le gouvernement est à l’écoute. C’est la ministre du travail Myriam El Khomri, interrogée lors des questions au gouvernement, qui l’assure. Si c’est le cas, l’exécutif doit commencer à être préoccupé. Selon les syndicats, 500 000 personnes ont défilé dans les rues de toutes les villes de France contre la loi sur le travail ce mercredi 9 mars, dont 100 000 à Paris. Le ministère de l’intérieur, lui, en a compté 224 000 partout en France, et un peu moins de 30 000 personnes à Paris (selon l’AFP, il avait décompté 90 000 manifestants dans la capitale au plus fort de l’opposition à la réforme des retraites de François Fillon en 2010). Mais pour l’heure, le gouvernement a surtout affiché le fait qu’il ne comptait pas bouger sur le projet de loi, dont la présentation en conseil des ministres est prévue le 24 mars.

 

Place de la Nation, mercredi 9 mars 2016 © Rachida EL Azzouzi Place de la Nation, mercredi 9 mars 2016 © Rachida EL Azzouzi
 

« Bien sûr qu’on écoute le peuple », a lancé la ministre à l’Assemblée nationale, alors que la manifestation parisienne venait de partir de la place de la République. Elle venait pourtant de répéter la position gouvernementale, pour qui le projet de loi « a été conçu comme un acte de confiance dans la négociation collective et dans les syndicats »« Lorsque nous souhaitons décentraliser la négociation au niveau de l’entreprise, cela vise à redynamiser le dialogue social dans notre pays, en développant de nouvelles formes de régulations », a-t-elle déclaré, jugeant « que notre pays aujourd’hui est mûr », et « qu’il est essentiel (...) d’avancer ».

 

Surtout, ne montrer aucune nervosité. Myriam El Khomri tient la ligne, tout comme Manuel Valls, qui a reçu à 17 heures à Matignon, aux côtés de sa ministre et d’Emmanuel Macron, ministre de l’économie, les représentants du syndicat Unsa et de l’organisation patronale des artisans, l’UPA.

Pourtant, difficile de faire comme si rien ne s’était passé. À 16 h 15, lorsque la tête du cortège parisien arrive à destination place de la Nation, une heure après avoir démarré et sous les rayons du soleil, le président de l’organisation étudiante UNEF, William Martinet, se dit « très satisfait ». Deux heures plus tôt, avant que ne démarre la manif, « Da Mien » s’avouait « fasciné » de voir que « le virtuel se transforme en réel ». Ce trentenaire, militant CGT mais irrité par la mollesse des premières réactions syndicales, est l’un des trois initiateurs du premier appel, sur Facebook, à la grève le 9 mars. Comme Mediapart l’a raconté en détail, c’est cet appel qui a tout déclenché, et qui a finalement été repris par les organisations de jeunesse (Unef, Unl et Fidl pour les lycéens) et a été soutenu par les syndicats CGT, FO, FSU et Sud, et par les mouvements politiques Europe Écologie-Les Verts, le Parti de gauche, les Jeunes communistes et les Jeunes socialistes.

 

Place de la République, mercredi 9 mars © Rachida EL Azzouzi Place de la République, mercredi 9 mars © Rachida EL Azzouzi
 

« Da Mien » ne se dit « pas surpris » devant l’ampleur qu’a pris le rassemblement : « Cela fait des jours que l’on sent monter la mobilisation. Notre page Facebook qui recense la carte de toutes les mobilisations en France avait été visitée par 100 000 personnes ces dernières semaines. Elle a été vue 300 000 fois ces trois derniers jours. Le plus dur, désormais, c’est de coordonner le désordre. »

 

Leur coup de sonde sur internet a fini par rallier des manifestants partout en France. Entre 5 000 et 8 000 à Clermont-Ferrand, selon France Bleu Pays d'Auvergne, près de 4 000 à Strasbourg, selon la préfecture, entre 3 000 (selon la police) et 15 000 (selon les syndicats) à Bordeaux, près de 7 000 à Lyon (selon la préfecture), entre 4 000 et 5 000 à Tours, au moins 3 000 à Montpellier… À Nantes, ils étaient 10 000 selon la police (voir notre reportage sur place), et entre 5 000 et 15 000 à Grenoble, entre 6 000 et 7 500 à Lille (lire nos témoignages également sur place). À Poitiers, entre 2 500 et 6 000 manifestants s’étaient rassemblés (un portfolio de la journée est proposé par Marine Sentin, responsable du service abonnés de Mediapart).

 

Paris, mercredi 9 mars 2016 © Rachida EL Azzouzi Paris, mercredi 9 mars 2016 © Rachida EL Azzouzi
 

À Paris, la journée a démarré avec la mobilisation des lycéens et des étudiants. Selon le ministère de l’éducation nationale, 90 lycées étaient bloqués à 11 heures. Et dans le courant de la matinée, un appel à la grève a été voté pour le 17 mars, dans de nombreuses facs partout sur le territoire. À Paris à la mi-journée, près d’un millier de lycéens ont défilé de Nation vers République, lieu du rassemblement général. La place de la Bastille s’est transformée en véritable agora, malgré les fortes pluies qui s’abattent sur la capitale. Escortés par des policiers, certains brandissent des banderoles reprenant les slogans partis du net, « Loi travail non merci » ou le désormais célèbre hashtag #OnVautMieuxQueCa, qui fédère depuis deux semaines les récits des conditions de travail des plus précaires. « Dès lundi, on s’est dit que mercredi il y aurait un blocus au lycée et ensuite une manifestation, raconte Lucien élève en terminale au lycée Maurice-Ravel (XXe arrondissement). On est ici pour le retrait ou la modification de cette loi. » « Nous sommes, nous sommes, les travailleurs de demain ! », clament les lycéens. Sous les bruits des pétards, Marius, élève en première L, dirige les troupes au mégaphone « Direction place de la République ! »

 

Côté étudiants, on prend la même direction, depuis la fac de Jussieu par exemple. L’AG à peine achevée, les étudiants et personnels se massent à l’extérieur de la fac, à 13 h 30. Un salarié cégétiste parle avec les plus jeunes de la suite à donner aux événements et plaisante : « Avec le plan vigipirate qui a réduit le nombre d’entrées, c’est encore plus facile de bloquer les lieux que pour le CPE, je dis ça en passant… » Le petit cortège s’ébranle, la bande d’étudiants syndiqués à Solidaires mène le mouvement bruyamment, un paquet de slogans anti-PS en réserve. « P comme pourri, S comme salaud », ça pose une ambiance. République apparaît au loin. Un automobilisme, arrêté à un feu, s’énerve : « Vous faites chier, on bosse ! » Les mètres aidant, l’accueil est de plus en plus courtois. Les communistes hurlent « bravo les jeunes » en les voyant arriver, et un vieil homme sous sa casquette donne des tuyaux. « J’ai un slogan pas mal pour vous : à programme ignoble, résistance ! » Les étudiants rigolent, déjà aspirés par la place.

 

"Sitting" improvisé à Charonne, Paris © Mathilde Goanec

 

Devant la statue devenue mémorial des victimes des attentats de Paris et protégée par des grilles, des grappes de lycéens et d’étudiants se forment. « On reprend des forces », dit Mélanie, 15 ans, qui bat le pavé depuis la fin de matinée et avale un sandwich sur le pouce. Un journaliste télé les interpelle, elle accepte de démonter la loi El Khomri, qu’elle fait rimer avec « loi pourrie », en déroulant les éléments glanés dans les médias, sur les réseaux sociaux, dans les assemblées générales ou à table, avec ses parents, des profs en grève qui sont en route. « Cette loi, c’est un retour dans le passé. Le patronat écrase un peu plus les salariés. C’est nous, les prochaines victimes. »

Peu avant 14 heures, ces cortèges de bric et de broc seront rejoints par les bataillons, autrement structurés, des syndicats, qui ont tenu à manifester une première fois à 12 h 30, dans les environs du siège du Medef, au ministère du travail (VIIe arrondissement). Un petit kilomètre et une grosse demi-heure de parcours, mais plusieurs milliers de militants, CGT en force, suivie de FO, Sud, Unsa ou des anarchistes de la CNT.

 

 © Dan Israel
© Dan Israel

 

Le siège du Medef est barricadé derrière une double rangée de barrières et un cordon de CRS. Mais entre policiers, l’atmosphère est détendue, et pour cause : seules les sandwicheries voisines sont prises d’assaut, le cortège ne s’étant pas approché à plus de 300 mètres du siège de l’organisation patronale, et s’élançant dans l’autre direction. En tête, on trouve Mickaël Wamen et les autres militants syndicaux de Goodyear, récemment condamnés à de la prison ferme pour avoir retenu quelques heures deux cadres de l’usine de pneus d’Amiens (Somme), aujourd’hui fermée.

Juste derrière, les dirigeants de FO, Jean-Claude Mailly, et de la CGT, Philippe Martinez. « L'heure n'est pas aux propositions, mais bien au retrait, déclare le premier. La philosophie de la loi remet en cause les négociations avec les syndicats, en les décentralisant, ce qui va accroître les inégalités envers et entre les salariés. » Pour le second, « il faut que le gouvernement arrête d'écouter le Medef, et écoute enfin la jeunesse ». Il juge la mobilisation « de bon augure » pour la suite. Le leader cégétiste a un message à adresser aux militants du numérique : « Un clic, c'est bien, marcher dans la rue et faire grève, c'est mieux ! », dit le dirigeant cégétiste, qui reconnaît tout de même que « les réseaux sociaux sont un bon moyen de sensibilisation ».

Voilà qui tombe bien, les manifestants de la place de la République sont d’accord avec lui. « Vous pensiez vraiment qu’on allait rester sur Twitter ? », clame crânement une pancarte.

 

 

 

Des manifestants s’activent pour tracer avec leur corps le slogan « On vaut mieux que ça ». Iona et Maëlle, 19 et 22 ans, étudiantes à l’IUT de Créteil, prennent place dans la lettre géante C, tracée à la craie sur le sol, « pour rappeler au gouvernement que nous sommes des êtres humains », selon un jeune intermittent du spectacle. Un photographe, hissé dans une nacelle, a immortalisé la chaîne humaine avant de rester coincé dans la nacelle en panne.

 

Lycéens en colère © Rachida EL Azzouzi Lycéens en colère © Rachida EL Azzouzi


Les responsables politiques à la gauche de la gauche sont là

 

Certains responsables politiques ont décidé de ne pas rater l’occasion. Peu après 14 heures, l’aile gauche du PS s’est donné rendez-vous rue de Malte, juste derrière la place de la République. Le député Christian Paul, la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, l’ancien inspecteur du travail Gérard Filoche sont sur place. « C’est ma première manifestation depuis le début du quinquennat, si l’on excepte bien sûr celle du 11 janvier 2015, dit Christian Paul, leader des « frondeurs ». Le problème, c’est que notre modèle social est remis en cause avec cette loi, alors qu’il n’est pas du tout démontré que ça marche contre le chômage de masse. » « Ce n’est pas l’économie française qui est rigide en ce moment, c’est le premier ministre », ajoute-t-il, avant de lancer un appel : « Il y a une opération séduction du pouvoir envers la CFDT qui, j’espère, ne se fera pas prendre au piège. »

 

 © Christophe Gueugneau © Christophe Gueugneau
 

Vers 15 heures, Jean-Luc Mélenchon, fondateur du Parti de gauche et candidat en 2017, arrive sous une nuée de caméras place de la République. Visiblement satisfait du monde présent, il prend le temps de serrer les mains, discuter avec des salariés sur des questions techniques comme un problème de calcul d’heures supplémentaires. « Avec les jeunes qui se mobilisent, explique-t-il, le pouvoir va se rendre compte qu’il a affaire à des gens sérieux. » « Et comme le calendrier du gouvernement est étalé [le projet de loi arrive au Conseil des ministres seulement le 24 avril], on va avoir encore le temps d’expliquer », ajoute-t-il, prenant en exemple la réduction du nombre de jours de congés en cas de décès d’un proche (que nous avons expliquée ici) : « On se demande quel cerveau malade a pu inventer une chose pareille ! » Sur le mouvement lui-même, le fondateur du Parti de gauche affiche sa confiance : « On sent que le mouvement commence et il commence bien, on est aujourd’hui à la phase un, la jeunesse est mobilisée, les facs sont mobilisées. Mais comment François Hollande a-t-il pu se fourrer dans une histoire pareille ? » s’interroge-t-il avant de partir vers le boulevard Voltaire.

 

Un peu plus en avant dans le cortège, la députée EELV Eva Sas défile sous les drapeaux de son parti. « On a l’impression que la France se réveille après la sidération », se réjouit-elle. Elle salue Isabelle Attard, autre députée écologiste qui défile avec son confrère Philippe Noguès et l’humoriste Bruno Gaccio. « La mobilisation d’aujourd’hui, j’y crois parce que ce sont les réseaux sociaux, les jeunes, qui ont mobilisé, les syndicats et les partis ont suivi », dit Isabelle Attard dans un large sourire. « Il n’y a plus aucune limite dans ce pouvoir, depuis le début du quinquennat, on voit une vraie stratégie qui consiste à sortir tous les projets Sarkozy du tiroir au fur et à mesure », ajoute-t-elle. Philippe Noguès, député breton, abonde : « Des gens comme Macron, Hollande et Valls ont entériné le fait qu’il n’y a pas d’alternative possible, on en arrive à la caricature des choses avec la loi El Khomri. Mais cette loi peut être un déclencheur : les partis traditionnels sont à bout de souffle, alors aujourd’hui, on n'ose pas encore parler de Podemos mais bien sûr on y pense. »

Sous les drapeaux du NPA, Olivier Besancenot est tout aussi satisfait. « Visiblement, c’est gros aujourd’hui, il y a un parfum de CPE avec ce type de manifs, ces cortèges de jeunes qui débordent sur les trottoirs, ce côté intergénérationnel. » « Cette loi qui arrive juste après la déchéance de nationalité, ça montre que les politiques sont vraiment dans une bulle, c’est le propre d’une crise politique », lance-t-il. « Cette étape d’aujourd’hui peut vraiment être un déclencheur. »

 

Tête de cortège, manifestation à Paris © Mathilde Goanec Tête de cortège, manifestation à Paris © Mathilde Goanec

 

Au gré du cortège, on croisera aussi Julien Coupat et Mathieu Burnel, figures des activistes de Tarnac. Mais la masse est bien entendu anonyme… et créative. « On gattaz gratis », « Tout ça ne dit rien qui Valls », « Gattaz the blues », « On nous Trump, on nous Gattaz », « Hollande la main très visible du marché »… La brune Stéphanie et ses amis rivalisent de banderoles chocs, réalisées la veille dans un bar lors d’un atelier brainstroming. Elle est psychologue et tient une consultation de souffrance et travail, dans le cadre du réseau lancé par l’experte de la question Marie Pezé. Le projet de réforme du gouvernement la révolte : « C’est une opération de destruction des individus à très grande échelle. Les entreprises sont déjà hors la loi. Les salariés que je reçois sont déjà pressés jusqu’à la moelle et de plus en plus nombreux. »

Elle a signé tout de suite la pétition, le groupe qui l’accompagne aussi. Il y a là une avocate en droit social, deux médecins généralistes, des profs, des chômeurs et Fabrice, salarié dans une association « où il y a les mêmes problèmes que dans les PME et des conditions de travail difficiles ». Sur vingt salariés, ils étaient deux à faire grève ce mercredi. En chemin, le groupe a rencontré des syndiqués CFDT : « Il faut que la base fasse déborder les centrales. »

 

Stéphanie et sa bande d'amis, place de la République © Rachida EL Azzouzi Stéphanie et sa bande d'amis, place de la République © Rachida EL Azzouzi
 

David Ammar ne serait pas d’accord, lui qui tire comme un fou sur la corde encadrant la tête de cortège de la manifestation. « Avancez, avancez », hurle le militant, vieux briscard du monde politique et syndical, aux jeunes réquisitionnés pour le service d’ordre. Tout en avançant, il gronde contre l’Ani, la réforme des retraites, la déchéance, et cette loi « scélérate », qui ne concerne pas « que les jeunes ». Membre du PG, il ne voit qu’une seule solution : le retrait de la loi, et « Jean-Luc Méléchon en 2017 ».

 

 

Rémi et Guillaume, de gauche à droite, serrurier et ouvrier du bâtiment, ex-apprenti. © Mathilde Goanec Rémi et Guillaume, de gauche à droite, serrurier et ouvrier du bâtiment, ex-apprenti. © Mathilde Goanec
 

Le cortège emporte aussi son lot de novices. Cette manif est une première pour Guillaume, ouvrier de 23 ans dans le BTP à Fontainebleau. Ex-apprenti, le passage possible à la semaine de 40 heures pour ses congénères mineurs l’a poussé dans la rue. « Déjà 35 heures, c’était dur, alors 40, c’est pas possible ! » Son ami Rémi est serrurier mais cumule les missions en intérim et les CDD, faute de trouver un « vrai emploi ». Il s’insurge contre les heures supplémentaires moins payées. « L’histoire des prud’hommes » l’inquiète tout autant, même s’il n’a « jamais été licencié ».

 

Perdue entre le grand ballon des métallos et celui de cheminots, on trouve une psychologue, pas décontenancée pour deux sous. « Je suis adhérente à la CGT quand même ! » La trentaine, dix ans de CDD et autre CAE au compteur, cette jeune Franco-Grecque n’hésite pas une seconde sur les raisons de sa présence dans le cortège. « Je sais très bien ce que donne une politique libérale, dictée par Bruxelles. En Grèce, la retraite est tombée à 350 euros, le code du travail est détricoté, les cotisations des patrons, elles, n’ont pas bougé. Si on va vers ça, non merci. »

Vincent, 18 ans, autocollant du syndicat « solidaires » sur le blouson. À force, il va finir par adhérer. « Ça suffit quoi ! Ils cassent tout ce qu’ils touchent. Le code du travail, c’est le truc de trop, surtout avec une approche aussi libérale. » Le jeune homme, étudiant en sciences politiques à Paris I, ne comprend pas qu’on augmente la durée du temps de travail. « Les gens vont bosser toujours plus, et donc il y aura de moins en moins de travail pour nous les jeunes. On ne sortira jamais de la précarité avec une logique pareille. »

 

Arrivée sur la place de la Nation, escalade de la statue, Paris © Mathilde Goanec Arrivée sur la place de la Nation, escalade de la statue, Paris © Mathilde Goanec
 

Sur le trottoir, Malika dit au revoir à ses copines, qui quittent le cortège à Charonne. Malika continue encore un peu, « extrêmement touchée » de voir que beaucoup de jeunes sont au rendez-vous. « La loi a finalement un avantage, plaisante cette militante CGT, elle nous aura permis de nous replonger dans le code du travail, pour voir ce que l’on risque de perdre. » Conseillère prud’homale auprès des salariés dans des petites et moyennes entreprises, Malika ne comprend pas cette hystérie autour du verrou du licenciement. « Je suis loin d’être anti-patron, mais honnêtement, depuis le temps que je pratique, j’ai dû voir 3 ou 4 salariés qui déconnaient. Les autres ont simplement besoin d’être protégés contre le licenciement abusif. » La question sociale est loin d’être son seul moteur. Algérienne vivant en France depuis toujours, Malika a obtenu la nationalité il y a peu. Le débat sur la déchéance l’a profondément meurtrie. « Le droit de vote aux étrangers oublié en 1981, oublié en 2012, puis ça ! Quelle honte ! » Battre le pavé tant que nécessaire, voter blanc et convaincre les autres de faire de même aux prochaines élections, voilà son programme pour l’année à venir.

 

À une intersection, rue de Chanzy, des lycéens croisent des collégiens, venus en curieux. « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! » hurlent les plus grands. Hystérie collégienne et pointe d’inquiétude. « Si on travaille pas plus tard, on va faire quoi, dormir dans la rue ? » demande la toute jeune Fatia.

 

 © Karl Laske © Karl Laske

 

Sur le bord du boulevard Voltaire, trois employés d'un Subway regardent passer le cortège sur le pas de porte de la sandwicherie. « On bosse de 7 h 30 à minuit 7 jours sur 7, pas le temps de penser à la politique. Vous croyez quoi ? Ici c’est l’Amérique, on travaille plus pour gagner plus ! »

Sur tout le parcours, l’ambiance est bon enfant. Les policiers sont restés invisibles, sauf en queue de manifestation. Un cortège d'« inorganisés », pour certains masqués, arrive place de la Nation, derrière une banderole « Lycéens, étudiants, contre la loi code du travail ». Après avoir discrètement vandalisé au marteau les distributeurs de banque sur le parcours du défilé, ils ont ensuite brisé quelques vitrines de banques sous des applaudissements et aux cris de « Anti, Anti, Anti-capitalistes ».

Une cinquantaine de policiers en civil se sont approchés, et ont procédé à deux interpellations, sans incident majeur. La plupart de ces « autonomes » se sont ensuite dispersés dans la foule. Ailleurs en France peu de débordements ont été signalés. À Lyon, des affrontements avec des forces de l'ordre ont éclaté vers 16 heures lorsqu'une partie des manifestants a refusé de se disperser place Macé, lieu prévu pour la fin du défilé. Selon Rue89 Lyon, trois policiers ont été blessés et trois manifestants interpellés. À Nantes, cinq interpellations ont aussi eu lieu en marge du cortège. Des individus cagoulés ont jeté des pavés et des fumigènes sur les policiers, faisant quatre blessés. Les syndicats locaux et les organisations étudiantes dénoncent des actes qui « décrédibilisent le mouvement social ».

 

Place de la Nation, mercredi 9 mars 2016 © Rachida EL Azzouzi Place de la Nation, mercredi 9 mars 2016 © Rachida EL Azzouzi
 
 
 
 
 
 
 
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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 18:28

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

#Nîmes Une enseignante a été condamnée pour outrage au maire FN Julien Sanchez

 

 

 

(AFP)

Une enseignante de Beaucaire (Gard) a été condamnée pour "outrage à une personne dépositaire de l'autorité publique", à la suite d'une plainte du maire FN de la ville Julien Sanchez qui est sorti du tribunal sous les huées de dizaines de manifestants venus soutenir l'enseignante.

Le tribunal correctionnel de Nîmes l'a condamnée à 300 euros d'amende et 2.000 euros de dommages et intérêt pour avoir traité de "membres d'un parti raciste et xénophobe" Julien Sanchez et son adjoint Stéphane Vidal, le 17 juin 2014, lors du premier conseil d'administration du lycée professionnel Paul-Langevin dans lequel devait siéger le FN.

Des enseignants, membres du conseil d'administration, avaient refusé collectivement de siéger en présence du nouveau maire FN. L'équipe municipale avait évoqué dans un communiqué "quelques syndicalistes sans éducation, privilégiés, aigris et sectaires", "dont le comportement n'a rien à envier à celui de racailles".

L'enseignante condamnée a indiqué qu'elle allait faire appel. "Cette décision ne me surprend pas, cela fait partie d'un climat politique d'intimidation notamment à l'égard des syndicalistes", a-t-elle dit. "Mais je constate que M. Sanchez a été relaxé en appel pour des injures envers moi car la justice a estimé que ses propos faisaient partie du +débat politique+ alors que dans ce cas, je suis condamnée individuellement alors que je lisais un texte syndical qui prenait une position politique de refus face au FN".

Le 12 janvier, l'élu avait été relaxé en appel à Nîmes pour injure envers l'enseignante après avoir été condamné en première instance.

 

 

Source : http://tempsreel.nouvelobs.com

 

 

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9 mars 2016 3 09 /03 /mars /2016 18:07

 

Source : https://www.francebleu.fr/infos

 

 

Forte mobilisation contre la loi travail à Nîmes

Par Fabien Randrianarisoa, France Bleu Gard Lozère mercredi 9 mars 2016 à 15:58

 

 

 

 

Les manifestants cotre la loi travail devant la préfecture à 12H

Les manifestants cotre la loi travail devant la préfecture à 12H - Fabien Randrianarisoa

 

Les manifestants contre la loi travail se sont rassemblés ce matin devant la préfecture à Nîmes. Ils étaient 600 selon la préfecture, 2000 selon les syndicats.

Ce mercredi matin, un cortège de plusieurs centaines de jeunes a fait la tournée des lycées Dhuoda, Camus, Daudet, et Hemingway, pour manifester contre la loi El Khomri.

 

Thomas et Adrien, deux lycéens opposés au projet de loi El Khomri à écouter ici

 

Au cours de la matinée, Cédric, un lycéen qui tentait de placer des poubelles pour faire blocus a été interpellé, et conduit à l’hôtel de police.

Les lycéens se sont rassemblés devant le bâtiment, et le directeur de cabinet du préfet a reçu le CPE du collège de Vergèze, venu demander la libération du jeune homme. Vincent a été relâché quelques heures plus tard.

 

Organisations syndicales et lycéens ont fait front commun contre la loi travail. - Aucun(e)

 

Devant la préfecture à midi, de nombreuses organisations syndicales ont rejoint les manifestants, dans une ambiance détendue.

 

Roland Veuillet, syndicaliste SUD éducation à écouter ici

 

D'autres rassemblements auront lieu dans l'après midi,  à Alès à 16h30 rue Edgar quintet, et à 18h à Bagnols sur Cèze devant la poste du centre ville.

 

 

Source : https://www.francebleu.fr/infos

 

 

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Source : https://blogs.mediapart.fr/clement-luy

 

 

Portfolio

Lycéens et étudiant-e-s de Nîmes contre la loi travail

 

 

 

Les jeunes se mobilisent : ce matin, à l'appel de lycéen-nne-s de Nîmes, une manifestation a eu lieu dans les rues de la ville pour protester contre le projet de loi. Après des blocages de lycées interrompus par la police, un cortège s'est formé et a parcouru la ville, vers l'université et les autres lycées afin de rassembler un maximum de jeunes, dans la bonne humeur et la motivation.
  1. 09.25 : le lycée Alphonse Daudet de Nîmes est bloqué par des lycéens et lycéennes venus de nombreux lycées de la ville aux cris de "Hollande, ta loi, on n'en veut pas !"

  2. Devant le lycée, dont les portes restent fermées, un membre de SUD-Education vient nous informer sur la situation d'un camarade, arrêté le matin au cours du blocage du lycée Dhuoda. 

  3. Le cortège se reforme et prend ensuite la direction de la fac Vauban : sans grand succès car les portes nous seront aussi fermées au nez. 

  4. En direction du lycée Albert Camus. 

  5. Devant le lycée Albert Camus, pour inciter de nouveaux lycéens à rejoindre la manifestation. 

  6. Vers la préfecture. 

  7. La manifestation rejoint ensuite la préfecture du Gard, où un rassemblement organisé par les syndicats est prévu à 12.00. 

Le Club est l'espace de libre expression des abonnés de Mediapart. Ses contenus n'engagent pas la rédaction.

 

 

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/clement-luy

 

 

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Source : http://www.citizenside.com/fr/

 

Nîmes : Manifestation contre la loi Travail devant la préfecture

 

 

 

A la une Nîmes, France - 09 mars 2016 Plusieurs centaines de personnes ont manifesté devant la préfecture du Gard, à Nîmes, le 9 mars 2016, afin de dénoncer le projet de loi de réforme du Code de travail, porté par la ministre du Travail Myriam El Khomri. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

     

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 
 
 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 18:41

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Équarrissage

Cosmétiques, engrais, biodiesel : le juteux business des cadavres d’animaux

par

 

 

 

 

Alors que la crise de l’élevage bat son plein, un secteur économique tire son épingle du jeu : celui des déchets d’abattoirs et des cadavres d’animaux. D’abord transformés en graisses et farines animales, ils trouvent ensuite des débouchés dans la chimie, l’alimentation animale et humaine, les engrais et plus récemment dans… l’essence pour les véhicules. Un petit nombre d’entreprises se partagent ce marché, bénéficiant d’une réglementation assouplie, de défiscalisations et de « contributions volontaires obligatoires » des éleveurs… Enquête.

Que deviennent les animaux trouvés morts en élevage, après un vêlage difficile par exemple ? Que font les entreprises françaises des « sous-produits animaux » à la sortie des abattoirs [1] ? Ce sont pas moins de 3,2 milliards de tonnes de « résidus » animaux qui ont été collectées en 2014 par le Syndicat des industries françaises des coproduits animaux (Sifco). L’équivalent de 84 millions de semi-remorques de 38 tonnes ! La réglementation en la matière est stricte et classe ces sous-produits en trois catégories, selon leur niveau de risque [2]. Ceux pouvant présenter un risque pathogène – environ 900 000 tonnes par an en France – terminent pour l’essentiel comme combustibles dans les cimenteries et les usines d’incinération.

Une part de plus en plus importante des graisses animales impropres à la consommation humaine finissent en biodiesel dans les réservoirs. Eh oui, vous roulez aussi grâce à la viande de bœufs, de poulets ou de porcs... Qu’en est-il des autres sous-produits issus d’animaux sains – ruminants, porcins, volailles, poissons – qui ne sont pas consommés dans les familles comme les intestins, les os, les abats, le gras ou le sang ? Savons, peintures, détergents, produits cosmétiques, croquettes pour chiens et chats, engrais : les débouchés sont variés et constituent une manne juteuse pour quelques groupes industriels.

 

Farine d’os et savons aux graisses animales

L’alimentation animale figure parmi les premiers débouchés avec près de 739 000 tonnes de protéines animales et corps gras animaux transformés chaque année [3]. Si la crise de la vache folle a conduit, à la fin des années 90, à l’interdiction des farines animales pour nourrir les animaux, la réglementation s’est assouplie depuis 2013 : les farines de porcs et de volailles peuvent à nouveau être utilisées par les pisciculteurs [4]. Quelque 35 000 tonnes par an de protéines animales servent également à fabriquer des fertilisants à base essentiellement de farine d’os. Sans oublier près de 47 000 tonnes de co-produits qui finissent dans les assiettes : gras de porc pour le saindoux, gras de canard dans les plats cuisinés, graisse de bœuf pour la friture, ou encore couennes de porc pour la gélatine alimentaire.

Outre les farines animales, les graisses animales ont aussi le vent en poupe. Environ 200 000 tonnes sont destinées à l’oléochimie et entrent dans la composition des savons, détergents, lubrifiants et peintures. Du biodiesel issu de graisses animales a aussi fait son entrée sur le marché national. Les entreprises de transformation qui utilisaient les graisses multi-espèces comme combustibles dans leurs propres chaudières le valorisent désormais dans les pompes à essence. Des débouchés rentables qui ont conduit à ce que la profession ne parle plus de « sous-produits » de la viande mais de « co-produits »... Ces co-produits intéressent d’ailleurs énormément les pays tiers et européens : 600 000 tonnes ont été exportées en 2014 [5].

 

« Aujourd’hui, un veau mort a plus de valeur qu’un veau vivant »

Un secteur reste assez méconnu en France, celui de l’équarrissage. Les équarrisseurs assurent la collecte des animaux morts trouvés dans les exploitations et des résidus d’animaux à la sortie des abattoirs et ateliers de découpe, opèrent la séparation des viandes, os et graisses, puis les commercialisent [6]. Depuis que le marché a été privatisé en 2009, ce sont des associations de filières qui organisent le financement de l’équarrissage. Ces associations prélèvent une « contribution volontaire obligatoire » (sic) auprès des éleveurs d’un montant total de 120 millions d’euros en 2014 [7]. Une contribution qui fait grincer des dents certains éleveurs, comme Yves Gigon, du syndicat Coordination rurale. « Aujourd’hui, un veau mort a plus de valeur qu’un veau vivant grâce aux co-produits qui en sont tirés, observe-t-il. Pour une bonne répartition des marges, ce ne sont pas les éleveurs qui devraient payer pour faire enlever leurs animaux, mais les équarrisseurs qui devraient redistribuer une partie de leurs plus-values sur les cadavres d’animaux. »

Le marché français de l’équarrissage se partage aujourd’hui entre quatre entreprises seulement. Deux sociétés, Secanim, ex-Sifdda (groupe Saria), et Atemax (groupe Akiolis), en détiennent à elles seules 93 %, tandis que Monnard et Sopa se répartissent les 7 % restants. Saria est devenue une filiale du groupe allemand Rethmann. Akiolis, une branche du groupe néerlandais Tessenderlo, un conglomérat d’entreprises européennes minières (potasses), pharmaceutiques, plastiques ou chimiques. À l’occasion du renouvellement des contrats, les associations d’équarissage ont lancé il y a trois ans un appel d’offres mettant en concurrence ces quatre prestataires. Le groupe Saria a perdu quelques marchés au profit d’Atemax.

 

De la graisse animale dans les pompes à essence d’Intermarché

L’entreprise d’équarrissage s’est alors associée au groupement des Mousquetaires – qui comprend notamment l’enseigne Intermarché [8] – pour lancer la première usine française de biodiesel issu de graisses animales. Baptisé Estener, le site s’étend sur quatre hectares dans la zone industrielle portuaire du Havre. Quarante millions d’euros ont été investis dans ce projet qui a débouché, selon ses promoteurs, sur la création de 27 emplois directs et une centaine d’emplois indirects [9].

Le groupe Mousquetaires vise une maîtrise quasi complète de la chaîne. La Société vitréenne d’abattage Jean Rozé, basée en Bretagne et filiale viande du groupe Intermarché, fournit les graisses impropres à la consommation issues des abattoirs. Les graisses sont ensuite mélangées à du méthanol. Le biodiesel obtenu est appelé « ester méthylique d’huiles animales » (EMHA). Selon l’entreprise, le rendement est intéressant : 96 tonnes de biodiesel sont produites à partir de 100 tonnes de graisses. Près de 60 000 tonnes de biodiesel sont ainsi produites par l’usine Estener, mélangées à hauteur de 7 % à du diesel. Ce carburant est distribué dans les 1 400 stations-service des Mousquetaires, deuxième groupe de distribution pétrolière en France.

 

Un dispositif fiscal doublement incitatif

Considéré comme un agrocarburant de deuxième génération, le biodiesel issu des graisses animales bénéficie d’avantages fiscaux. D’une part, les EMHA sont subventionnés à hauteur de huit euros par hectolitre afin d’inciter à leur développement [10]. D’autre part, ces agrocarburants sont fortement encouragés par l’Union européenne dans le cadre de sa directive sur les énergies renouvelables. Modifiée en septembre 2015, cette directive fixe pour chaque État un seuil minimum d’incorporation de ces agrocarburants à base d’huiles animales ou d’huiles usagées d’au moins 0,5 % en 2020.

Comment expliquer ces incitations ? L’intensification de l’élevage a provoqué une augmentation de l’activité des abattoirs et du volume des co-produits animaux. Considérés jusqu’à la fin des années 90 comme des sous-produits dont il fallait se débarrasser, la donne a changé avec l’émergence de « l’économie circulaire ». L’enjeu pour les promoteurs de ce concept : transformer le déchet qui représente un coût en une « ressource », et réconcilier enfin industrie et écologie. Toutes les institutions encouragent désormais les entreprises à donner une deuxième vie économique aux co-produits animaux [11]. Ces déchets devraient pourtant nous interroger sur notre système économique, nos manières de produire et consommer qui amènent à se laver, à conduire, à nettoyer ou à peindre avec des cadavres d’animaux.

 

Le biodiesel issu de graisses animales, bon pour le climat ?

« L’intérêt de cette filière, par rapport aux biocarburants d’origine végétale, est de ne pas entrer en compétition avec les cultures alimentaires », explique un représentant du groupement Mousquetaires. Le biodiesel issu de graisses animales permettrait même une réduction de « 83 % » des émissions de gaz à effet de serre, comparé au gazole et à tous les dérivés du colza, du soja, du tournesol ou de la palme ! D’où vient ce chiffre de 83 %, repris notamment par le parlement [12] ? Il est tiré d’une étude de l’Ademe datée de 2010 sur les bilans énergétiques et environnementaux des agrocarburants utilisés en France [13]. Ce nombre est bien mis en exergue dans le rapport d’activités 2014 du Syndicat des industries françaises des coproduits animaux, à travers l’illustration ci-dessous [14] 

 

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Patrick Sadones, paysan en Seine-Maritime, est plus réservé. Il a participé en tant qu’expert indépendant au comité technique de cette étude pour le compte de deux organisations écologistes – Réseau action climat et France nature environnement. « Les graisses C1 et C2 [impropres à la consommation humaine, ndlr] étaient utilisées comme combustible dans les chaudières des centres d’équarrissage », note-t-il. Les besoins en énergie pour séparer les graisses animales des cuirs, os et viande sont conséquents . « Grâce à l’utilisation des graisses animales extraites sur place, les centres de traitement étaient pratiquement autonomes énergétiquement, précise l’agriculteur. Il est inutile de faire de longs calculs pour comprendre qu’en termes d’émissions de gaz à effet de serre, il est préférable d’utiliser les graisses, là où elles sont produites, en combustible dans les chaudières, plutôt que de chercher à les estérifier [conversion chimique en ester, ndlr] et de les remplacer par du gaz naturel pour les chaudières. » Une étude plus récente de l’Ademe que Basta ! a pu consulter reconnaît « les potentiels conflits d’usage vis à vis des filières de valorisation déjà en place ».

 

Des déchets d’abattoir transformés « en mine d’or »

La production de biodiesel issue de graisses animales demeure toutefois marginale. Le groupe Sofiprotéol, numéro un européen de la production de biodiesel à base d’huile végétale, dirigé par Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), a tenté de se lancer en 2013 dans la production de biodiesel issu de graisses animales [15]. Mais la reconversion ne s’est finalement pas faite. En cause : le poids d’Intermarché et la saturation du marché, explique le service communication du groupe Avril, contacté par Basta ! [16]. Les quantités assez mineures de graisses animales disponibles, ajoutées à la diminution du prix du pétrole et de ses produits dérivés, réduiraient l’intérêt économique de ce type de biocarburant.

Selon le ministère de l’Environnement, seuls deux sites industriels produisent à ce jour du biocarburant en France à partir de graisses animales : Estener (Le Havre), qui appartient au groupe Mousquetaires, et Nord-Ester (Dunkerque), propriété du groupe Daudruy. Mais dans un contexte où le prix de la viande à la production ne cesse de diminuer, l’activité d’équarrisseur ou de transformateur des déchets d’abattoir continue d’être beaucoup plus rentable que celle d’éleveur. « À ma connaissance, aucune entreprise d’équarrissage ne connaît de difficultés économiques », relève Yves Gigon, éleveur en Mayenne. « Les évolutions réglementaires et technologiques ont transformé les cadavres d’animaux et les déchets d’abattoir en mine d’or. »

 

@Sophie_Chapelle

Photo de une : CC Céline Colin

Notes

[1« Les sous-produits animaux sont les « matières crues » d’origine animale prises en charge par les industriels du Sifco sur leur lieu de production : en abattoirs ou ateliers de découpe, les parties de l’animal non consommées par l’homme, dans les exploitations agricoles les cadavres d’animaux ». Source : Sifco

[2Règlement européen (CE) no1069/2009. Les catégories 1 et 2 font référence aux « sous-produits et déchets non valorisables » pouvant présenter un risque pathogène (y figurent notamment les résidus de traitement des effluents, les produits carnés ou d’origine laitière retirés de la chaine alimentaire par les producteurs, ou les saisies opérées par les services vétérinaires).

[3[Dans le détail : 606 489 tonnes issues des protéines animales transformées et 132 200 tonnes issues des corps gras animaux de catégorie 3 et alimentaire. Données 2014 du Sifco

[4Le 14 février 2013, la Commission européenne a décidé que les farines de porc et volaille pourraient, sous la dénomination de « protéines animales transformées » (PAT) être à nouveau utilisées (à partir du 1er juin 2013) par les pisciculteurs (qui pouvaient déjà utiliser des farines de plumes hydrolysées ou des farines de sang d’animaux non ruminants, en complément de farines de soja, colza, maïs, lupin, etc.).

[5« Plus de 60 % des protéines animales transformées de catégorie 3 et alimentaire et près de 75 % des graisses sont utilisées hors de France », indique le Sifco.

[6Le service public de l’équarrissage s’occupe des « animaux trouvés morts » sans propriétaire (environ 1 %). Les 99 % restants – animaux trouvés morts en élevage – sont à la charge du service privé de l’équarrissage. 3 742 tonnes d’animaux trouvés morts sans détenteur ont été recensés en 2014, contre 420 489 tonnes la même année d’animaux trouvés morts en élevage. A cela s’ajoutent environ 474 000 tonnes de sous-produits d’abattoirs à traiter. Source : Sifco

[7Source : Interbev, l’association nationale du bétail et des viandes.

[8Mais aussi Bricomarché, Netto, BricoCash, Roady centre auto et Poivre Rouge restaurant. Voir le détail du groupement des Mousquetaires

[10Voir le détail de la fiscalité des biocarburants en France sur le site du ministère de l’Environnement.

[11C’est le cas du Sénat qui, dans un amendement de janvier 2015, déclare promouvoir la filière des biocarburants parce qu’elle « offre d’importants débouchés aux graisses animales issues d’abattoirs qu’elle transforme en déchets et participe de ce fait au concept d’économie circulaire ».

[12Voir le chapitre 3 du projet de loi pour la croissance, l’activité et l’égalité des chances économiques, où il est indiqué : « Les EMHA et EMHU offrent de plus un bilan plus favorable en termes de réduction des gaz à effet de serre : 83 % pour les EMHA et 75 % pour les EMHU contre 38 % pour les EMHV. »

[14Voir le « Rapport d’activités 2014 » du Syndicat des industries françaises des coproduits animaux (Sifco), page 14.

[15Suite aux incitations européennes, le groupe annonce en 2013 la transformation de son usine implantée à Venette (Oise), qui produisait du biodiesel à partir d’huile de colza, pour fabriquer du biodiesel issu de graisses d’animaux morts.

[16« Intermarché a monté simultanément un projet de filières amont et aval intégré, et il n’y avait pas forcément de place pour un deuxième acteur sur ce marché », nous a précisé le groupe Avril.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 18:09

 

Rappel des mobilisations dans le gard

 

Gard - Les rassemblements du 9 mars 2016 :

 

Rassemblement Nîmes : 12h devant la Préfecture de Nîmes

Rassemblement départemental à 13h30 devant le Tribunal de Nîmes pour faire converger :

Le soutien à la responsable départementale Educ'action contre le FN,

Le soutien aux cheminots en lutte,

Le retrait du projet de loi « El Khomri »,

Rassemblement Bagnols : 18 heures devant la Poste

Rassemblement Alès : 16h30 devant la permanence du député Verdier

 

 

                                                               **************************

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

 

 

Explicateur
Mobilisation contre la loi travail : ce que vous pouvez faire mercredi

 

Où descendre dans la rue, à Paris, Lyon ou Marseille ? Sous quelle bannière ? Comment faire grève ou comment se mobiliser si vous ne pouvez manifester ? Petit tutoriel.

 

 

 

 

L’avant-projet de loi travail a soulevé une mobilisation en ligne inédite. Alors que depuis vendredi, la pétition regroupe plus d’un million de signatures, la contestation devrait se matérialiser dans la rue mercredi 9 mars.

 
 

1 Qui a appelé à manifester ?

 

A l’origine de la mobilisation, un évènement Facebook lancé par trois militants syndicaux. « Une initiative militante et citoyenne », précisait à Rue89 l’un des créateurs de l’évènement, qui se fera « avec ou sans les directions syndicales ». Le projet de loi devait initialement être présenté par Myriam El Khomri en Conseil des ministres ce mercredi, d’où le choix de ce jour – il a ensuite été reporté au 24 mars prochain.

Cet appel à été rejoint par :

  • des organisations de la jeunesse (Unef, UNL, SGL et Fidl pour les lycéens) ;
  • des organisations politiques de la jeunesse (les Jeunes communistes, le NPA et le Parti de Gauche) ;
  • d’autres syndicats comme la CGT, FO, FSU ou Solidaires ainsi que des syndicats au sein d’entreprises ou de secteurs (CGT-Air France, CGT-Commerce, etc.).

Mais aussi par le collectif de youtubeurs (dont Klaire fait Grrr, Usul, Histony, ou encore Bonjour tristesse) qui avaient appelé les internautes à témoigner de leurs conditions de travail en utilisant le hashtag #OnVautMieuxQueCa.

 

 

A noter que la RATP et la SNCF avaient appelé à faire grève le 9 mars et ce, pour d’autres raisons : les cheminots protestent contre le projet de « décret socle » ; les salariés de la RATP pour peser sur les négociations salariales annuelles.

Deux autres journées de mobilisation sont prévues dans le courant du mois :

  • le 12 mars, cinq syndicats (CFDT, CFE-CGC, CFTC, Unsa et Fage) appellent « les salariés et les jeunes à se mobiliser, pour faire connaitre et appuyer leurs propositions » : alors que d’autres organisations demandent le retrait du projet de loi, ces organisations dites « réformistes » aimeraient peser dans une refonte du texte ;
  • au moins sept syndicats (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL) ont appelé à la grève et à des manifestations le 31 mars, « pour obtenir le retrait du projet de loi de réforme du code du travail, et pour l’obtention de nouveaux droits ».

Les partenaires sociaux seront reçus par le premier ministre Manuel Valls le 14 mars.

 
 

2 Où manifester ?

 

Une carte interactive recense les mobilisations organisées le 9 mars dans plus de 100 villes (voir la liste).

  • A Paris, deux rendez-vous : à 12h30 devant le siège du Medef (à l’appel des syndicats et organisations étudiantes et lycéennes) et à 14 heures, place de la République (un rassemblement lancé sur Facebook) ;
  • à Lyon : 13 heures place Bellecour ;
  • à Nice : 13 heures place Garibaldi ;
  • à Nantes : à 14 heures place du Bouffay ;
  • à Lille : 13 heures place de la République.

 

(Note perso ; Nîmes : 12h devant la Préfecture de Nîmes)

 

Manifestation virtuelle

Pour ceux qui n’ont pas les moyens de se déplacer, Caroline De Haas, initiatrice de la pétition contre la loi travail, et Elliot Lepers, web-activiste qui fait partie des soutiens, ont mis en ligne une carte sur laquelle les internautes peuvent « manifester symboliquement ».

Pour rejoindre la manifestation virtuelle, deux possibilités :

  • tweeter avec le hashtag #LoiTravailNonMerci en activant la géolocalisation ;
  • ou participer depuis le site en se localisant sur la carte.

 

Capture de Loi travail, non merci : la carte de la manifestation virtuelle

Capture de Loi travail, non merci : la carte de la manifestation virtuelle
 
Pancartes, tuto, etc.

Comment faire grève ? Le collectif de youtubeurs a mis en ligne un tuto instructif :

 

 

 

Sur son site Internet, le collectif met aussi à disposition des pancartes et des visuels à imprimer pour la manif. Le petit collectif derrière la pétition « Loi travail, non merci ! » a fait de même sur son site.

Chers riverains, n’hésitez pas à nous suggérer des ajouts dans les commentaires de cet article.

 

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 17:08

 

 

Gard - Les rassemblements du 9 mars 2016 :

 

Rassemblement Nîmes : 12h devant la Préfecture de Nîmes

Rassemblement départemental à 13h30 devant le Tribunal de Nîmes pour faire converger :

Le soutien à la responsable départementale Educ'action contre le FN,

Le soutien aux cheminots en lutte,

Le retrait du projet de loi « El Khomri »,

Rassemblement Bagnols : 18 heures devant la Poste

Rassemblement Alès : 16h30 devant la permanence du député Verdier

 

https://www.facebook.com/events/618496348304714/

https://www.facebook.com/events/950190941702384/

https://www.facebook.com/N%C3%8EMES-Manifestation-le-09-mars-contre-la-casse-du-Code-du-Trava-1527590710869643/

 

 

 

                                                                              ************************

 

 

Source : http://loitravail.lol

 

 

 

Signer la pétition Rassemblements  Affiches  Manifestation virtuelle Page Facebook

 

Loi Travail : non, merci !

Le projet de réforme du droit du travail présenté par Myriam El Khomri propose de revenir des années en arrière. Mobilisons-nous

 

 

*Cliquer sur les liens ci-dessus et ci-dessous pour en savoir plus

 

 

 

 

 

Source : http://loitravail.lol

 

 

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8 mars 2016 2 08 /03 /mars /2016 17:00

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Légion d'honneur en cachette pour un tyran
6 mars 2016 | Par La rédaction de Mediapart
 
 
 

L’Élysée a caché que François Hollande a décoré vendredi le prince héritier d'Arabie saoudite, et a omis d'annoncer que le pays allait bénéficier de nouvelles livraisons d’armes.

François Hollande entretient décidément des relations troubles avec les dignitaires d'Arabie saoudite. Mais comme il sait qu’on risque de le lui reprocher, il prend souvent soin de n’en faire aucune publicité. À preuve, ce week-end, l’Élysée a caché que le chef de l’État avait remis la Légion d’honneur au prince héritier du régime, tout comme il a caché que de nouvelles ventes d’armes françaises avaient été effectuées à son profit.

 

capture-d-e-cran-2016-03-06-a-16-39-16 © © Présidence de la République - F. Lafite capture-d-e-cran-2016-03-06-a-16-39-16 © © Présidence de la République - F. Lafite
 

Ainsi donc, François Hollande a reçu, vendredi 4 mars, le prince Mohammed ben Nayef ben Abdelaziz al-Saoud, prince héritier d'Arabie saoudite, également vice-président du conseil des ministres et ministre de l'intérieur. Ce rendez-vous était connu et a fait l’objet de photos rendues publiques sur le site internet de l’Élysée.

 

Mais sans doute gênée à l’idée que cela puisse déclencher une polémique, compte tenu de la personnalité pour le moins contestée de son hôte, la présidence française n’a pas révélé que, dans la foulée, François Hollande avait remis la Légion d’honneur à son invité. C'est la Saudi Press Agency, l’agence de presse officielle d’Arabie saoudite, qui l’a révélé peu après : « Après cela, le président français a remis à son altesse la médaille de l’ordre national de la Légion d’honneur qui est la plus haute distinction française pour tous ses efforts dans la région et dans le monde dans la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. »

Combattre Daech en association avec une monarchie obscurantiste qui promeut elle-même une idéologie totalitaire : voici donc la prouesse à laquelle prétendent se livrer les autorités françaises. La remise de cette Légion d’honneur par François Hollande à son hôte apparaît d’autant plus révoltante que les droits de l’homme sont toujours spectaculairement malmenés en Arabie saoudite. Dernière illustration en date : le blogueur Raïf Badawi a été fouetté publiquement, vendredi 9 janvier, après la prière hebdomadaire, près d'une mosquée de Jeddah. Condamné à 10 ans de prison et à 1 000 coups de fouet pour avoir plaidé en faveur de la Saint-Valentin et pour des mesures libérales en Arabie saoudite (lire Arabie saoudite: le blogueur Raef Badawi fouetté en public).

La situation très dégradée des droits de l’homme en Arabie saoudite ne cesse d’alarmer les associations démocratiques. Le Monde rappelle à ce sujet que « depuis le début de l’année, le régime saoudien a procédé à 70 exécutions, la dernière ayant eu lieu ce dimanche avec la décapitation d’un Saoudien condamné à mort pour meurtre ». Et le quotidien ajoute : « Le 2 janvier, 47 personnes avaient été mises à mort en une seule journée pour “terrorisme” dans le royaume, notamment le dignitaire et opposant chiite saoudien Nimr al-Nimr, dont l’exécution a provoqué une crise diplomatique entre Riyad et Téhéran. En 2015, 153 personnes ont été exécutées en Arabie saoudite, selon un décompte s’appuyant sur des chiffres officiels, un niveau inégalé depuis vingt ans dans ce royaume ultraconservateur régi par une interprétation rigoriste de la loi islamique. Les autorités invoquent la dissuasion pour justifier la peine de mort dans des affaires de terrorisme, de meurtre, viol, vol à main armée et trafic de drogue. »

Quiconque veut mieux comprendre les ressorts de l’Arabie saoudite peut utilement se reporter à l’entretien vidéo que Mediapart avait eu à ce sujet avec Stéphane Lacroix, professeur en science politique et spécialiste du monde arabe : L’Arabie saoudite, un «Daech qui a réussi»?

On comprend donc mieux la raison pour laquelle François Hollande n’a pas fait la moindre publicité sur cette remise de Légion d’honneur. Plusieurs médias relèvent que cette attribution n’a pas plus fait l’objet d’une publication au Journal officiel. Il n’en est pas plus fait mention sur le site internet de la Légion d’honneur, comme on peut le vérifier ici. Mais, en fait, comme la grande chancellerie de la Légion d'honneur l'a expliqué à la journaliste de Mediapart Lénaïg Bredoux (lire Les petits secrets de la Légion d'honneur), « les nominations d'étrangers décorés de la Légion d'honneur ne sont pas publiées au Journal officiel, sauf s'ils résident en France ». Elles restent donc le plus souvent secrètes.

Coïncidence, on a aussi appris samedi que la France allait livrer à l'Arabie saoudite des armes destinées à l'origine au Liban, qui devait financer ce contrat de trois milliards de dollars grâce à une aide de Riyad. C’est ce qu’a fait savoir le ministre saoudien des affaires étrangères. Les autorités saoudiennes, déçues par l'attitude de Beyrouth dans l'affrontement géopolitique qui les opposent à l'Iran, ont suspendu le mois dernier ces financements, ainsi qu'une autre aide d'un milliard de dollars, rapporte l’agence Reuters. « Les contrats seront bien appliqués mais le destinataire sera l'armée saoudienne », a déclaré Adel al-Jubeir à des journalistes lors d'une visite à Paris (lire Le Liban s'enfonce dans l'impasse institutionnelle et politique).

Le royaume wahhabite avait promis cette aide financière à l'armée libanaise en 2013 avant de la concrétiser par un accord signé en novembre 2014 à Paris. Une première livraison d'armes et d'équipements militaires français financée dans ce cadre est arrivée au Liban en avril 2015 pour renforcer l'armée libanaise face aux répercussions du conflit syrien et à la menace djihadiste du groupe Etat islamique (EI).

Au total, selon l’agence Reuters, une vingtaine de sociétés françaises sont censées participer à ce contrat qui porte sur des équipements terrestres, maritimes et aériens, dont des véhicules blindés, des pièces d'artillerie lourde, des missiles antichar et des mortiers et armes d'assaut, précisait-on alors de source proche du ministère français de la défense.

Une Légion d’honneur remise discrètement ; des armes vendues tout aussi discrètement… voici qui vient confirmer ce que l’on appris ces derniers mois : la France n’a plus guère de raison de se targuer d’être le pays des droits de l’homme.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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