Du nouveau concernant l'accident nucléaire de Marcoule, réaction ....

Le communiqué de l'ASN (Autorité de Sûreté Nucléaire) ci-dessous, confirme que les autorités ont menti sur la radioactivité des 4 tonnes d'alliage en fusion le 12 septembre au moment de l'accident. Sous la pression des doutes dans l'opinion qui s'expriment, et de la réaction de la Criirad (communiqué du 23 sept), l'ASN a été amenée à reconnaître que la radioactivité était 500 fois plus élevée qu'annoncé (30MBq et non 63KBq). Du reste, le fait qu'on ait du mettre le cadavre du malheureux opérateur dans un cercueil plombé, montrait que celui-ci avait reçu une dose de radioactivité significative. Le transport du blessé grave dans un hôpital militaire n'est pas anodin non plus.

Par contre on ne sait toujours pas quels alliages étaient ce jour là en fusion. Pourquoi cela était caché. Pour qui et pour quoi Centraco travaillait ce jour là.

Par ailleurs on peut douter qu'il n'y ait eu de rejets à l'extérieur de l'établissement, sachant que les rejets sont permanents, et que l'augmentation brutale de radioactivité dans le local au moment l'accident ne peut pas être confinée si facilement. D'ailleurs des militants du CAN 84 (Collectif Anti Nucléaire Vaucluse) ont pu mesurer une augmentation de la radioactivité en différents points d'Avignon, de l'Hérault et du Gard.

Quant à la Criirad, et au Can84, ils demandent aux autorités des explications sur les mesures effectuées à l'intérieur et à l'extérieur de l'atelier (lettre du Can 84 à l'ASN du 24 septembre, et communiqué du 30 septembre de la Crirad). La Coordination Antinucléaire Sud-Est et la Criirad dénoncent l'incohérence des annonces officielles et la Criirad pour sa part, annonce son intention de porter plainte.

Une fois de plus le nucléaire apparaît sous son vrai visage, le secret, la présentation d'informations tronquées, voire fausses. Collusion entre les instances chargées de la surveillance et de la sécurité avec les industriels du nucléaire. Il ne faut pas s'étonner que la population n'ait aucune confiance dans les autorités, et que cet accident ait donné lieu à quelques mouvements de panique. A cette occasion il est apparu que la disponibilité de pastilles d'iode et leur distribution (d'ailleurs inutiles dans ce cas) ont été un véritable fiasco.

Il ne s'est agi le 12 septembre que d'un accident de faible ampleur. Que se passera-t-il le jour où un grave accident se produira? Et c'est statistiquement très probable. N'est-il pas temps pour la population d'exiger des élus qu'ils oeuvrent à l'arrêt du nucléaire? Sachant que cet arrêt sera générateur de très nombreux emplois pour les dizaines d'années nécessaires au démantèlement, et les centaines nécessaires à la gestion des déchets radioactifs.

Pierre Péguin le 2 octobre 2011

Pour la Coordination Anti-nucléaire Sud-Est.

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ASN Paris, le 29 Septembre 2011

Note d'information

L’accident qui s’est produit lundi 12 septembre 2011, dans le four de fusion de l’installation Centraco située sur la commune de Codolet (Gard), a causé la mort d’un salarié et en a blessé quatre autres, dont un gravement. Les trois personnes légèrement blessées ont pu rejoindre leur foyer le lendemain de l’accident. Le blessé grave est toujours hospitalisé en région parisienne. Aucun d’entre eux ne présente de contamination radioactive.

Après vérification par l’ASN, il s’avère que le four de fusion contenait, au moment de l’accident, une charge d’environ 4 tonnes de métal pour une activité de l’ordre de 30 MBq et non de 63 kBq comme l’a initialement indiqué l’exploitant. Si cette valeur reste faible, l’ASN a cependant demandé à l’exploitant des explications sur les raisons de cette sous-évaluation.

Le local dans lequel se trouve le four a été partiellement endommagé. Toutefois, le bâtiment de l’unité de fusion à l’intérieur duquel se trouve le local du four n’a pas été endommagé. Le local du four a été mis sous scellés par le procureur de la République pour l’enquête judiciaire et n’est pas accessible.

L’ensemble des mesures de la radioactivité dans l’environnement, effectuées par l’exploitant puis par les services publics de pompiers spécialisés et l’IRSN, l’appui technique de l’ASN, confirment l’absence de conséquences radiologiques de cet événement pour la population et l’environnement. Aucune action de protection des populations n’a été nécessaire.

La division de Marseille de l’ASN s’est rendue sur le site dès que l’accident s’est produit et a ouvert une enquête technique le mardi 13 septembre afin de comprendre les circonstances dans lesquelles l’accident est survenu et d’en identifier les causes techniques, organisationnelles et humaines.

En parallèle de l’enquête technique menée par l’ASN, une enquête est conduite par l’inspection du travail ainsi qu’une enquête judiciaire. Dans le cadre de cette enquête judiciaire, l’ASN a été réquisitionnée pour apporter une assistance technique à la justice. Le mardi 20 septembre, la juge d’instruction saisie du dossier a rencontré les inspecteurs de l’ASN. Au cours de cette mission, les inspecteurs de l’ASN ont de ce fait accès à tous les documents et locaux placés sous scellés, afin de mener leurs investigations. Une copie du rapport d’enquête de l’ASN sera transmise à la justice dans les semaines à venir. Ces informations étant protégées par le secret de l’instruction, elles ne pourront pas faire l’objet des modalités de communication publique habituellement mises en œuvre par l’ASN.

Sans préjudice des mesures qui pourront être prises dans le cadre de la procédure judiciaire, l’ASN a décidé de soumettre à autorisation préalable le redémarrage des fours de fusion et d’incinération, qui avaient été arrêtés peu après l’accident. Cela a fait l’objet d’une décision du collège de l’ASN en date du 27 septembre 2011.

Si les enjeux strictement radiologiques de cet événement sont limités, l'ASN considère toutefois qu’il s’agit d’un accident industriel grave en raison de ses conséquences humaines. L'application des critères relatifs à l'échelle INES (échelle internationale des événements nucléaires, graduée de 0 à 7 par ordre croissant de gravité) conduit à classer l’événement au niveau 1 sur cette échelle en raison de la faible activité radiologique du four de fusion.