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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 18:22
France24 - 23 Octobre 2011 - 17H35  

 

Gaz de schiste: dans le Gard, des manifestants appellent à continuer la lutte
Plusieurs milliers de manifestants ont réclamé dimanche à Barjac (Gard) l'abrogation des 61 permis de recherche d'hydrocarbures en vigueur en France, réaffirmant leur mobilisation après l'annulation par le gouvernement de trois permis visant les gaz de schiste.
Plusieurs milliers de manifestants ont réclamé dimanche à Barjac (Gard) l'abrogation des 61 permis de recherche d'hydrocarbures en vigueur en France, réaffirmant leur mobilisation après l'annulation par le gouvernement de trois permis visant les gaz de schiste.

AFP - Plusieurs milliers de manifestants ont réclamé dimanche à Barjac (Gard) l'abrogation des 61 permis de recherche d'hydrocarbures en vigueur en France, réaffirmant leur mobilisation après l'annulation par le gouvernement de trois permis visant les gaz de schiste.

Le rassemblement, auquel participaient le chef de file des anti-schiste José Bové et des élus locaux, a réuni entre 2.000 (préfecture) et 4.000 personnes (organisateurs).

"Les combustibles fossiles n'ont pas d'avenir", "Et nous les jeunes, on fera quoi quand vous aurez tout pourri?", "Les pétroliers magouillent, l'Etat embrouille, les citoyens dérouillent", affichaient quelques-unes des nombreuses banderoles déployées par la foule, venue principalement du Sud-Est, selon Antoine Combier, responsable de la coordination du collectif ardéchois contre les gaz de schiste.

Tout en se félicitant du succès de la "mobilisation citoyenne" qui a abouti à l'abrogation, officialisée le 13 octobre, des trois permis de recherche de gaz de schiste accordés à Total et à l'américain Schuepbach dans le sud de la France, les manifestants ont appelé à continuer le combat.

"Tous les permis, dont celui du bassin d'Alès, ici à Barjac, doivent être abrogés quel que soit le produit qu'on recherche", a estimé Jacqueline Balvet, représentante de l'organisation altermondialiste Attac.

Cette militante craint que la loi qui interdit depuis juillet la technique de la fracturation hydraulique, notamment accusée de polluer les nappes phréatiques, soit contournée.

"En cas de début des travaux des titulaires de permis, nous avons de quoi mobiliser très rapidement la population pour aller faire du blocage", a prévenu M. Combier, demandant "un vrai débat sur l'énergie".

Sur les 61 permis d'exploration restants, la plupart concernent le gaz et le pétrole conventionnels, principalement dans les bassins parisien et aquitain, pour lesquels la fracturation n'est pas nécessaire. Seuls huit concernent des hydrocarbures dits non conventionnels (gaz de houille), mais leurs détenteurs ont tous renoncé à la fracturation, selon Bercy.

Cette technique controversée consiste à "fracturer" la roche en grande profondeur (1.500 à 3.000 mètres) avec un mélange d'eau, de sédiments et de produits chimiques projeté à haute pression, afin de libérer les hydrocarbures.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 17:37


MARCHE INTERNATIONALE A ATHENES


Le pas suivant pour la dignité!

Après avoir participé à l'Agora et à la manifestation globale du 15 octobre 2011 à Bruxelles, nous avons décidé que la Marche ne pouvait plus s'arrêter. De notre volonté de continuer à marcher afin de diffuser notre message de connecter avec les autres assemblées du monde est née la Marche Internationale à Athènes, un projet ouvert à tous ceux qui veulent y participer et nous soutenir. 

Nous nous retrouverons à Nice le 5 novembre 2011 après le G20 (30 oct - 4 nov) pour nous organiser et partir quelques jours plus tard. Nous passerons par différentes villles et villages d'Italie. Nous traverserons l'Adriatique depuis Bari pour atteindre la Grèce et finalement arriver à Athènes. Nous participerons aux Agoras Globales qui seront organisées à Rome comme à Athènes à l'arrivée des marches.

La marche se composera de petits groupes de marcheurs et cyclistes (aprox. de 12 à 25) qui avanceront par des routes parallèles pour atteindre un maximum de citoyens. L'idée consistant à se rassembler dans les grandes villes et repartir ensemble pour se séparer de nouveau. Chaque fois que le goupe dépassera les 25 personnes, la marche se scindera en deux groupes indépendants. Dans chaque village les marches convoqueront des assemblées et échangeront leurs expériences, problématiques et idées.

Les valeurs qui unissent les marches sont l'horizontalité, la participation active, la non violence et le l'inclusivité. Nous nous sommes fixés comme objectif de continuer le travail assembléaire et la prise de décisions par consensus par l'application de la démocratie directe. Nous travaillerons également pour veiller à la soutenabilité de la marche et transmettre un messaje de respect à l'environnement.

Hacemos esta Marcha para animar a la gente a tomar el espacio publico y reunirse, a hablar de polìtica y decidir por su propia vida. Hacemos esta Marcha para proponer y aprender, para inspirar y enriquecernos, para hablar y escuchar, dar y recibir. Queremos llegar a Roma y a Atenas para llevar un mensaje de esperanza y unidad. Sobre todo queremos participar en las Ágoras Globales para coordinarnos a nivel internacional, para preparar proyectos comunes, para confrontar juntos los problemas y crear una sociedad justa para todos.

Nous faisons cette marche pour inciter les gens à occuper l'espace public et à s'y réunir pour parler de politique et décider de leur propre vie. Nous entreprenons cette marche pour proposer et apprendre, pour inspirer et nous enrichir, pour parler et écouter, donner et recevoir. Nous voulons atteindre Rome et Athènes pour porter un message d'espoir et d'unité. Mais avant tout nous voulons participer aux agoras globales pour nous coordonner à l'échelle internationale, afin de préparer des projets communs, confronter ensemble les problèmes et créer une société juste pour tous.

Nous marchons pour faire arriver notre message aux quatre coins du monde :
"Une meilleure démocratie est possible. Commencons le changement!"

Nous marchons pour la dignité. Ensemble nous atteindrons l'utopie


INTERNATIONAL MARCH TO ATHENS

Next step for dignity!

After our participation in the Ágora and 15th of Octuber global manifestation in Brussels, we have decided that our march can't be stopped. And since our desire is to continue spreading our message and to connect with the other assemblies of the world, the International March to Athens is borned, as an open project to all who wants to support and participate in it.

We will meet in Niza on the 5th of Novembre 2011 after the G20 Summit (30th Octubre - 4th Novembre) to organize ourselves and go few days afterwards. We will pass by different villages and cities of Italy. We will cross the Adriatic Sea from Bari to reach Greece, then we will walk to Athens as final destiny. In both of Rome and Athens, we will participate in the Global Agoras the will be organized at the arrival of the marches. 

The march will be formed by small groups of walkers and cyclists (12 to 25 person aprox.), that will advance by parallel routes to reach out more people on the way. The idea is to reunite in cities then to walk part of the distance together. Everytime that the number of the group reaches about 25 person, the main group will be divided in to two independent groups. And in every village the march will call for asemblies and will exchange experiance, problems and ideas.

The values that unite the different marches are the horizontality, the active participation, the no-violence, and the inclusivity of the members. We propose to continue the asambleary work and the decision making through consensus by practicing direct democracy. We will also work to reach the sustainability of the march and to convey a message of respect to the environment.

We make this march to to animate people to take the public space and meet, to talk about politics and decide for their own lives. We make this march to propose and learn, to inspire and το be enriched, to speak and listen, to give and receive. We want to reach Rome and Athens to bring a message of hope and unity. Most of all, we want to participate in the Global Agoras to in order to coordinate at international level, to prepare projects in common, to confront together the problems and create a just society for everybody.

We walk for dignity. Together we can reach the Utopia.

To enter our mailing list send a message to:  marchtoathens@gmail.com


              Spread it out! Forword to anyone!
               

March to Athens
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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 12:30

 

 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:32
Publié le 23-10-11 à 11:13    Modifié à 12:37     par Le Nouvel Observateur avec AFP   

 

La police anti-émeute a dispersé à l'aube un campement établi par les membres du mouvements "Occupy Sydney".

Un manifestant à Sydney (MARIANNA MASSEY / AFP) Un manifestant à Sydney (MARIANNA MASSEY / AFP)

La police anti-émeute a dispersé dimanche 23 octobre à l'aube un campement établi par des activistes anti-capitalisme, près de la Banque centrale d'Australie, calqué sur le modèle du mouvement "Occupy Wall Street" de New York, a indiqué la police.

Quarante personnes ont été arrêtées lors de cette opération, a ajouté la police. Il leur avait été demandé à plusieurs reprises de bouger, leur installation il y a une semaine étant en violation avec les lois sur le camping à Sydney, a ajouté Mark Murdoch, un responsable de la police. "Nous avons essayé de travailler avec eux ces huit derniers jours. Ils ne peuvent pas dire qu'ils n'ont pas été prévenus", a-t-il déclaré.

Les activistes peuvent manifester et tenir des rassemblements pendant la journée mais le campement est interdit pendant la nuit, a précisé le responsable.

"Cela n'a aucun sens"

Selon le porte-parole des activistes, Tim Frank, l'intervention de la police, à 5h du matin, a été brutale.

"Voir des gens qui ont manifesté pacifiquement pendant huit jours, pleurer et hurler de douleur, à peine réveillés, cela n'a aucun sens", a déclaré Tim Frank à la télévision ABC. "Nous avons rencontré quelques mouvements de résistance de la part des protestataires. Cette résistance a été gérée avec une force mesurée", a affirmé pour sa part Mark Murdoch.

Sur les 40 manifestants arrêtés, 29 se sont vus infliger une amende pour infraction au règlement municipal, sept seront présentés au tribunal et quatre sont accusés de violence envers les forces de la police.

"Occupy Wall Street", dont les militants campent sur le square Zuccotti, près de Wall Street, à New York, est entré dans sa sixième semaine d'agitation, mais est désormais confronté à un ennemi redoutable, l'hiver. Vendredi, leur nombre avait susbtantiellement diminué, balayés par un vent glacial.

Le Nouvel Observateur - AFP

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:27

cahiersdusocialisme.or - Par Evelyne PerrinMis en ligne le 22 octobre 2011

Les In­di­gnés, tels que ce mou­ve­ment se cherche et tente de se construire en France en cet été 2011, sus­citent un trouble indéfinissable.

 

Ils semblent ac­cu­muler ainsi une im­pos­si­bi­lité de se donner des prin­cipes fé­dé­ra­teurs ou une doc­trine com­mune, une in­dé­fi­ni­tion per­pé­tuelle de leurs buts, de leur stra­tégie, de leur identité.

Il est très dif­fi­cile de faire adopter la moindre dé­ci­sion en as­sem­blée gé­né­rale, tant la règle du consensus ap­pli­quée à la lettre conduit à une im­pos­si­bi­lité de trancher.

Les dis­cus­sions sur le fond, sur l’analyse de la si­tua­tion, sur la dé­fi­ni­tion des ob­jec­tifs, de na­ture po­li­tique donc, sont l’exception. La ma­jo­rité de la durée des AG est consa­crée à des pro­blèmes de lo­gis­tique ou de fonctionnement.

On peut im­puter ce qui peut ainsi être res­senti comme des dif­fi­cultés à la jeu­nesse de la plu­part des par­ti­ci­pants aux as­sem­blées gé­né­rales, à leur im­ma­tu­rité po­li­tique re­ven­di­quée, au fait qu’ils ne se connais­saient pas préa­la­ble­ment pour la plu­part, et n’ont pas dé­ve­loppé de pra­tiques com­munes an­té­rieures, comme c’est le cas dans un parti, ou dans un col­lectif mi­li­tant constitué. Cela tient aussi au fait que pré­ci­sé­ment, la ma­jo­rité d’entre eux ne sou­haitent pas fonc­tionner comme dans un parti, c’est-à-dire sur des bases d’analyse déjà com­munes, ou im­po­sées plus ou moins comme telles, mais en par­tant de leur vécu, tout re­dé­finir et inventer.

Mais à la ré­flexion, ce ca­rac­tère in­dé­ter­miné, im­pré­vi­sible, im­ma­ture de toute as­sem­blée gé­né­rale des In­di­gnés fran­çais est sans doute la marque d’un pro­fond re­nou­vel­le­ment des modes d’agir po­li­ti­que­ment. Car même si ce mot de « po­li­tique » semble condamné par une ma­jo­rité des In­di­gnés – tant le terme même de parti po­li­tique est re­jeté ou ac­cueilli avec la plus grande mé­fiance — , c’est bien de po­li­tique qu’il s’agit.

Sim­ple­ment, les mi­li­tants un tant soit peu aguerris s’avèrent dé­routés car le mode de fonc­tion­ne­ment des AGs des In­di­gnés pro­cède à l’exact in­verse des modes de faire en pra­tique ha­bi­tuel­le­ment dans les mi­lieux mi­li­tants, pré­ci­sé­ment. On ne part pas de constats par­tagés sur la si­tua­tion, ni de dé­fi­ni­tion de stra­té­gies, ou d’élaboration de re­ven­di­ca­tions. On em­pile des prises de po­si­tion in­di­vi­duelles, le moins pré-formatées pos­sible, le plus aléa­toires. On ne cherche pas à en tirer des conver­gences, des conclu­sions opératoires.

Mais n’est-ce pas là aussi un mode de faire – même s’il peut être frus­trant pour des mi­li­tants che­vronnés – sus­cep­tible seul d’agréger des per­sonnes aux pro­fils très dif­fé­rents, sans passé po­li­tique à pro­pre­ment parler, et en don­nant le même poids à la pa­role de chacun, sans convo­quer d’expert ou de leader ?

Le fait même que les mi­li­tants des partis po­li­tiques tels que le NPA ou le Parti de Gauche, ou même Eu­rope Eco­logie, se tiennent, ou soient tenus en re­trait, n’est-il pas un re­nou­vel­le­ment dans la pra­tique militante ?

Ne faut-il pas ac­cepter ainsi ce qui peut pa­raître comme une perte de temps et y voir un moyen de donner du temps au temps, de ne pas subir la pres­sion de l’urgence ou l’influence des mi­li­tants les plus ins­ti­tu­tion­na­lisés, de se cher­cher, de pou­voir se trouver, dans des prises de conscience, des prises de risque, des conver­sions qui semblent au dé­part très par­tielles, très lentes, très peu com­ba­tives, mais qui ont ainsi des chances de moins ex­clure, de partir des rythmes et des vécus in­di­vi­duels dans toute leur dissemblance ?

On peut à cet égard re­lire ce qu’écrit Ber­nard Aspe dans son der­nier ou­vrage « Les mots et les actes », car c’est sans doute l’un des pen­seurs et phi­lo­sophes contem­po­rains le plus jeune et le plus proche des sub­jec­ti­vités contemporaines:

« Il existe des dis­cours de vé­rité; mais ceux-ci sont ir­ré­duc­ti­ble­ment mul­tiples et ir­ré­mé­dia­ble­ment dis­persés. […]Il en est des dis­cours de vé­rité comme de n’importe quel seg­ment de la langue parlée : il prend ou il ne prend pas. La ma­nière dont il prend est sans doute sin­gu­lière, mais il n’est lui-même rien d’autre qu’un en­semble de gestes tech­niques, de gestes dis­cur­sifs.[…]. Un dis­cours de vé­rité, là où il prend, de­vient la ma­trice d’une sub­jec­ti­va­tion. […] La prise sub­jec­tive des dis­cours vrais sup­pose une acuité de ces dis­cours dans la saisie des choses et des êtres, ou de la si­tua­tion faite au monde. […] On no­tera ce­pen­dant qu’il n’est pas né­ces­saire qu’un dis­cours or­ga­nisé et co­hé­rent soit donné pour qu’il y ait une idée : il suffit qu’il y ait suf­fi­sam­ment de mor­ceaux ou de bribes de dis­cours vrais pour que com­mence le tra­vail de vé­rité, c’est-à-dire l’effectivité de l’idée. […] Des ré­gimes de vé­rité, c’est-à-dire des ma­nières de faire fonc­tionner la ré­fé­rence au vrai en y at­ta­chant un cer­tain mode de sub­jec­ti­va­tion, il y en a de dif­fé­rents types, et l’on peut très lé­gi­ti­me­ment se vouer à dé­crire le sys­tème de leur dis­per­sion.[…] Ce qui est en re­vanche ir­ré­duc­ti­ble­ment donné, c’est une plu­ra­lité in­dé­finie de ré­gimes de vé­ri­dic­tion. Et cette plu­ra­lité est in­dis­so­ciable d’une autre plu­ra­lité qui lui est stric­te­ment cor­rélée : celle des modes de subjectivation. »

Nous nous sommes permis cette longue ci­ta­tion, non pas pour « la ra­mener », ou im­poser une quel­conque su­pé­rio­rité de l’écrit et du cher­cheur. C’est parce qu’elle met pré­ci­sé­ment le doigt sur la façon dont il y a à tou­jours jux­ta­poser et en­tendre les dif­fé­rentes ex­pres­sions des vécus in­di­vi­duels, dans la re­cherche d’une construc­tion de sens col­lectif, avant même de les au­to­riser à se coa­guler, mais pas dans une doc­trine unique et en­core moins dans un dogme.

C’est aussi ce qui se dé­gage du très beau compte-rendu du pas­sage des In­di­gnés es­pa­gnols à Mont­pel­lier le 31 août 2011:

« Pré­sents : dans la soirée nous avons pu compter de cent trente à deux cent per­sonnes pré­sentes ! C’est une réus­site […] Les mar­cheurs, dont la plu­part es­pa­gnols, sont en­chantés par l’accueil qu’ils ont reçu en France !

Nous avons rap­pelé les signes pour bien com­mu­ni­quer (avec quelques ajouts !), sou­ligné que le plus im­por­tant est d’écouter (nous avons be­soin d’apprendre !) et dé­cidé l’ordre du jour, qui a quand même été va­lidé mais mo­difié en cours d’assemblée gé­né­rale cause ti­ming, ex­pli­ca­tion de la marche et pre­mier tour de pa­role ou­vert, pa­role don­nées aux per­sonnes de Mont­pel­lier concer­nant les pro­po­si­tions à amener a Bruxelles et dis­cus­sion en As­sem­blée gé­né­rale pour voir si on dort sur la place

Les mar­cheurs ont pu té­moi­gner de leur parcours :

Ivan a connu le mou­ve­ment à Ma­tarò (alen­tours de Bar­ce­lone), ils ont fait beau­coup de tra­vail, avec une bonne or­ga­ni­sa­tion, main­te­nant c’est le mo­ment que d’autres vil­lages tra­vaillent et s’organisent pour mettre en marche le mou­ve­ment. Au cours de la marche, qui passe de vil­lage en vil­lage, les As­sem­blées sont faites afin d’écouter les per­sonnes, col­lecter les pro­po­si­tions, leurs pro­blèmes et les amener à Bruxelles. Ils marchent beau­coup, dorment pas beau­coup, tous les soirs il y a les as­sem­blées gé­né­rales. Afin que le peuple s’organise, il faut conti­nuer les As­sem­blées Gé­né­rales, mener le mou­ve­ment. Il est dé­solé s’ils sont un peu fa­ti­gués. L’expérience de la marche est mer­veilleuse, parce que les es­pa­gnols sont In­di­gnés mais les Fran­çais aussi !!

Lec­ture des ques­tions les plus fré­quentes qu’ils ont entendues :

« Ici com­mence la ré­vo­lu­tion » c’est le cri du début du mou­ve­ment dans chaque ville.

Le mou­ve­ment a com­mencé il y a trois mois, il est ar­rivé jusqu’ici, c’est parce que le mou­ve­ment a des bases so­lides : la NON VIO­LENCE AC­TIVE ; ils ne cherchent ja­mais le conflit violent, ils font des as­sem­blées, des ras­sem­ble­ments, ils convoquent beau­coup de gens, font des ac­tions pa­ci­fiques… cela leur a donné beau­coup de force parce que les gens se sont iden­ti­fiées avec le mou­ve­ment et cela a ali­menté en­core plus de force le mou­ve­ment! La vio­lence s’accroit ra­pi­de­ment, fait beau­coup de bruit, et ra­pi­de­ment dis­pa­raît. La non vio­lence : c’est une vague qui s’accroit tou­jours plus, jusqu’à inonder le monde !

Pre­mier tour de pa­role ouvert :

Quelqu’un de­mande s’ils pensent que la marche va changer les choses ? En France pas vrai­ment il n’y a pas beau­coup d’espoir

Ce n’est pas sur que ca va changer les choses, mais au moins on es­saye. les choses sont déjà en train de changer ; cette pe­tite or­ga­ni­sa­tion est déjà un chan­ge­ment : qua­rante villes se sont mo­bi­li­sées en France de­puis mai 2011, le mou­ve­ment existe même s’il est mar­ginal : ça n’a pas en­core pris en France parce que le contexte po­li­tique et so­cial est dif­fé­rent de celui de l’Espagne mais le Plan d’austérité va ar­river bientôt ici aussi. Il faut s’organiser même si nous ne sommes pas (en­core) nom­breux : le plus im­por­tant est d’exister !

Une per­sonne est en­chantée de les re­ce­voir ici a Mont­pel­lier, sur que malgré la fa­tigue, les mar­cheurs pour­raient nous donner de la mo­ti­va­tion, ri­chesse d’expériences. Ne pou­vant pas re­joindre la pre­mière ma­ni­fes­ta­tion na­tio­nale des in­di­gnés dans son pays (Italie) elle a dé­cidé d’organiser quand même une ma­ni­fes­ta­tion, dans son vil­lage de vingt mille ha­bi­tants, elle était toute seule, sous la pluie, mais ce n’est pas grave, le chan­ge­ment peut com­mencer avec une seule per­sonne : ici ce soir nous sommes nom­breux… allons y!

Le mou­ve­ment s’est un peu ar­rêté ici à Mont­pel­lier de­puis un mois et demi, il faut re­mettre le mou­ve­ment en marche, se re­mo­tiver, conti­nuer les As­sem­blées Gé­né­rales tous les soirs ici sur la place à 19 heures.

Qu’est ce que la li­berté ? L’égalité ? La fra­ter­nité ? Ce monde ?

Juan un mar­cheur : il faut faire le point, créer un débat, écouter les né­ces­sités de la France. On peut en pro­fiter pour ex­pli­quer les dif­fi­cultés de la marche, et avec les dif­fi­cultés de la France, on s’unit plus. Ces né­ces­sités ne sont plus (que) des pé­ti­tions, mais des EXI­GENCES parce que ça fait long­temps qu’ils ne nous écoutent plus.

Témoi­gnage d’un jeune de 18 ans, qui est à la rue de­puis quatre ans, et per­sonne ne l’aide, et il ne trouve pas cela normal ! Il faut aider les jeunes, qui sont tous seuls et se trouvent à la rue, car ce n’est pas normal. Pour connaître la si­tua­tion des Fran­çais, il y en a beau­coup qui se re­trouvent à la rue, avant leur 25 ans, sans pos­si­bi­lité de ni­veau so­cial, ni de tra­vail, c’est un pro­blème so­cial très im­por­tant, à régler

Un pour cent de la po­pu­la­tion fran­çaise pos­sède le 33% des ri­chesses im­mo­bi­lières : ok s’enrichir, sans li­mites, tant qu’il y en a de quoi nourrir tout le monde… mais là ce n’est plus le cas. Il faut li­miter la pro­priété. Si s’enrichir nuit aux frères hu­mains, il fau­drait in­ter­dire d’atteindre cette li­mite et ré­partir les richesses

Pro­po­si­tion est faite par un mar­cheur au gens de la rue : qu’il y ait une prise de conscience un chan­ge­ment qui parte de ça : que le gens qui vivent dans la rue se mettent en marche, pour donner vi­si­bi­lité et se sous­traire à la ré­pres­sion du sys­tème. Ça peut pa­raître une utopie, mais les gens aident, il y a de l’humanité !

Parmi les pro­blèmes qu’il y a en France c’est que il n’y a pas beau­coup de monde à la rue, qui a faim ; beau­coup de per­sonnes gagnent (en­core) un sa­laire suf­fi­sant pour ne pas des­cendre dans la rue, la mo­bi­li­sa­tion n’est pas suf­fi­sante, il y a quelques per­sonnes qui se mo­tivent et prennent conscience du sys­tème. La plu­part achètent et vivent en pen­sant d’avoir plus que les autres. Com­ment mo­bi­liser en France ?

Une pro­po­si­tion pour des gens créa­tifs, ou­verts d’esprit, qui ont envie de changer les choses : quand une per­sonne a la chance d’avoir un tra­vail, un CDI, avec fiche de paye, qu’il aille faire un em­prunt dans une banque, pour par exemple acheter une voi­ture, sans ja­mais la payer ni rem­bourse l’emprunt ! les banques perdent de l’argent, ne re­tournent pas au travail

Ici il y a trop d’argent, mais c’est parce que les autres crèvent la faim de l’autre côté du monde

Com­ment trouver le consensus quand chacun de nous a ses idées et ses rai­sons, et chacun pense d’avoir raison ? Il n’y a pas de chef dans le mou­ve­ment, nous sommes tous ac­teurs et res­pon­sables, com­ment ar­river alors a trouver le consensus parmi d’opinions différentes ?

En Es­pagne il y a beau­coup d’idées il faut lire les pro­to­coles (compte rendus) ; il y a une idée ba­sique : il faut sa­voir écouter, chacun pense dif­fé­rem­ment et a ses opi­nions, et nous de­vons in­clure les dif­fé­rentes po­si­tions et en tenir compte ! C’est seule­ment en gé­né­rant une pensée col­lec­tive, en pen­sant en groupe, que l’on peut trouver : l’important c’est d’inclure toutes les pro­po­si­tions dans une phrase fi­nale, conci­lier les pro­po­si­tions en une

Que pense la France d’utiliser l’échange et non l’apport ? C’est la seule façon d’inclure les ani­maux et non seule­ment quatre personnes

Nous avons les mêmes pro­blèmes dans le monde en­tier : la mi­sère so­ciale, la pré­ca­rité, le chô­mage. La meilleure façon d’être so­li­daires avec le tiers monde est l’annulation de la dette qui a été im­posée au Tiers monde. Il y a une main mise sur ces pays de la part de l’UE, USA et de la Chine, ça s’appelle du néo­co­lo­nia­lisme. Se battre pour mon droit ici, c’est lutter pour les droits universels

Le mou­ve­ment des in­di­gnés ce n’est pas un mou­ve­ment d‘idéologie mais de mé­tho­do­logie. Le pre­mier tra­vail à faire est l’autogestion, com­ment fonc­tionner en As­sem­blée Gé­né­rale : nous pou­vons, parler, nous ren­con­trer. L’ As­sem­blée Gé­né­rale permet ce tra­vail d’autogestion, c’est un tra­vail de chacun. Le fonc­tion­ne­ment en com­mis­sion permet de travailler

Un conseil aux in­di­gnés de Mont­pel­lier. Les gens ont be­soin de vic­toires, d’avoir une réus­site, faut créer une al­ter­na­tive au­to­gérée : créer des école au­to­gé­rées, non au­to­ri­taires, al­ter­na­tives connec­tées, co­opé­ra­tives de crédit , taxes de crédit, resto de quar­tier. Il faut sou­tenir toutes les al­ter­na­tives qui existent ou en créer

Le pro­blème dans le pays riches c’est nous, nous sommes le pro­blème, notre consom­ma­tion de tous les jours, les ac­tions de tous les jours, il faut changer notre mode de vie, vivre différemment

Fai­sons que les choses ne soient pas des AL­TER­NA­TIVES mais que ce soir la NORMALITE

Nous avons des­siné un cœur sur la paume de la main pour mon­trer que nous sommes tous indignés. »

Tout est dit ici : la vo­lonté d’écouter tout le monde, de ne pas partir de diag­nos­tics déjà faits, de s’appuyer sur cette di­ver­sité des vécus et des sub­jec­ti­vités, pour en­suite es­sayer de construire des ré­ponses en­semble. Le désir d’invention (co­opé­ra­tives, al­ter­na­tives concrètes), au lieu de se fier à des pro­grammes à l’application tou­jours re­mise à plus tard. La soif d’autogestion, d’où l’insistance sur les mo­da­lités dé­mo­cra­tiques et non hié­rar­chiques de fonc­tion­ne­ment. Le choix dé­ter­miné de non-violence, qui marque une pro­fonde rup­ture avec l’idéologie de « prise (vio­lente) du pou­voir » qui a pu ca­rac­té­riser l’extrême-gauche dans les an­nées de plomb. Mais il s’agit d’une « non-violence ac­tive. ». Enfin, cette in­dif­fé­rence au temps, temps passé, temps donné, à se ren­con­trer et à dis­cuter jusqu’à faire naître des consensus pa­tiem­ment élaborés.

En ce sens, le mou­ve­ment des In­di­gnés semble re­nouer avec des ex­pé­riences d’agir po­li­tique ou­vertes par d’autres ci­vi­li­sa­tions, comme celle qu’avait ini­tiée Gandhi en Inde, et qui aujourd’hui même est en train de s’y re­cons­truire dans les luttes contre la cor­rup­tion :rap­pe­lons, avec Jean-Joseph Boillot[1], les trois concepts par les­quels Gandhi dé­fi­nis­sait la dé­mo­cratie: « swaraj, ou le droit à l’autonomie de chacun; sar­vo­daya, ou le droit de cahcun à s’organiser en co­opé­ra­tive; et ahimsa, ou le prin­cipe de non-violence. Ces trois prin­cipes res­tent d’une brû­lante ac­tua­lité aujourd’hui face au dé­sastre ca­pi­ta­liste, et sont pré­sents dans le mou­ve­ment ac­tuel des Indignés.

Eve­lyne Perrin, 1er sep­tembre 2011


[1] Cf. Jean-Joseph Boillot, « Pro­tes­ta­tion so­ciale : la voie in­dienne », in Li­bé­ra­tion, 31 août 2011.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:25
Médiapart - | Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg

Liliane Bettencourt et les gros donateurs de la majorité ont dû sentir le vent du boulet. Cette semaine, les députés UMP ont failli s'en prendre au financement des micro-partis et s'attaquer aux avantages fiscaux dont jouissent leurs bienfaiteurs. Et puis, non. L'amendement concocté en commission des Finances a été enterré en séance, jeudi 20 octobre. En le votant, l'UMP se serait tiré une balle dans le pied. À la place, elle a promis de créer un «groupe de travail» et de réflexion d'ici décembre.

De cet avantage fiscal, on ne parle jamais. Il est pourtant conséquent. Depuis des années, tout citoyen qui effectue un don à son parti préféré peut déduire de ses impôts 66% de la somme injectée. La loi ayant plafonné les dons à 7.500 euros par an et par formation politique, les réductions d'impôts engendrées devaient, sur le papier, rester raisonnables.

Mais c'était sans compter sur l'explosion récente des micro-partis (pompes à financements dédiées à un seul homme politique), majoritairement de droite, qui sont venus bouleverser la donne. Au lieu de signer un seul chèque de 7.500 euros par an à l'UMP, Liliane Bettencourt a pu, par exemple, multiplier les versements à destination des micro-partis d'Éric Woerth (dans l'Oise) ou de Nicolas Sarkozy (à Neuilly). Un véritable effet d'aubaine, puisque chaque chèque entraîne une réduction d'impôts. La loi a certes fixé une limite, mais qui paraît bien lâche: on peut, par ce biais, défiscaliser jusqu'à 20% de ses revenus déclarés. «Une véritable niche fiscale!», aux yeux du député socialiste Jean Launay.

«Il y a des abus», a reconnu jeudi Charles de Courson (Nouveau Centre), tandis que le rapporteur général du budget, Gilles Carrez (UMP), lâchait aussi: «C'est trop.»

Combien cette niche fiscale coûte-t-elle à l'État aujourd'hui? Impossible à dire. Aucune statistique n'est disponible à Bercy, même pour les députés. «Nous n'avons pas ces chiffres, reconnaît Marc Le Fur (UMP), auteur de l'amendement examiné jeudi par l'Assemblée (et donc rédigé à l'aveugle). Je ne suis même pas sûr que ce soit calculable.» Le ministère des Finances, sollicité par Mediapart, n'a pas répondu à nos questions: quel est le nombre de bienfaiteurs de partis politiques à profiter de cet avantage fiscal chaque année? Quel est le montant global des déductions d'impôts engendrées par ce biais? Quelle est la plus grosse réduction accordée à un contribuable? Certains riches donateurs arrivent-ils à alléger leurs impôts de dizaines de milliers d'euros? Zéro réponse. Seul repère: l'ensemble des réductions d'impôts offertes par Bercy «au titre des dons aux œuvres» (qu'elles soient humanitaires, scientifiques, philanthropiques, politiques ou autres) atteignent le milliard d'euros.

En début de semaine, Marc Le Fur (UMP) avait donc rédigé un amendement visant à «plafonner l'avantage fiscal au titre des dons aux partis», «pour éviter les excès», explique-t-il à Mediapart, en prenant soin de ne pas lâcher les mots «Bettencourt» ou «Premier cercle» (structure regroupant les plus gros donateurs de l'UMP).

Son amendement, imaginé à la demande de la commission des Finances, revenait à supprimer tout avantage fiscal une fois passée la barre des 15.000 euros de dons par personne. «Je ne vois pas pourquoi il faudrait limiter les dons aux micro-partis; ils sont légitimes, utiles au pluralisme, et ont permis aux socialistes de financer leurs primaires, détaille le député UMP. En revanche, l'avantage fiscal, lui, ne me semble plus légitime au-delà d'une certaine limite.» Une fois dans l'hémicycle jeudi, la ministre du Budget a cependant sifflé la fin de la récré: «Je demande le retrait de cet amendement», a lancé Valérie Pécresse, au nom du gouvernement. Marc Le Fur l'a donc remballé, sans même que l'Assemblée vote.

Pécresse: «Il y a en effet quelque chose à moraliser»

Les socialistes, de toute façon, ne voulaient pas de cette micro-avancée. Le député Christian Eckert, en particulier, avait sorti sa calculette: «Si j'ai bien compris, pour un couple avec deux enfants majeurs, votre amendement permet encore une déduction fiscale (sur) 60.000 euros!» «Inadmissible», pour tous les bancs de gauche.

En défiscalisant ces dons, c'est une subvention indirecte que l'État verse aux partis. «Or il est fort probable que l'UMP soit le premier bénéficiaire de ce système», a dénoncé jeudi l'écologiste François de Rugy. D'après les derniers chiffres disponibles, c'est effectivement le parti présidentiel qui empoche le plus de chèques, de très loin: 7,17 millions d'euros en 2009, contre 4,49 millions pour le Parti communiste, 447.000 euros pour le PS, 232.000 pour le MoDem, 207.000 pour les Verts ou 85.000 pour le FN.

Il faut toutefois rappeler (quitte à ouvrir une parenthèse) que le PS, de son côté, reçoit 15 millions d'euros de cotisations de la part de ses élus «maison» – des contributions «volontaires» qui ouvrent également droit à réduction fiscale. Avec 1,7 million d'euros de cotisations récoltées dans ses rangs, l'UMP coûte – de ce point de vue-là – bien moins cher à l'État. Jeudi, Martine Billard (Parti de gauche) s'est d'ailleurs offusquée de l'ampleur des réductions d'impôts dont bénéficient les élus: «Avec les (cotisations) à mon parti, je finis par payer moins d’impôts que lorsque je touchais, avant d’être députée, un petit salaire!»

À l'issue de la discussion, la droite a préféré reporter toute réforme et promettre la mise en place d'un «groupe de travail», dont on ne connaît pas les contours, supposé proposer des pistes pour le collectif budgétaire de décembre. En clair, toute décision est renvoyée aux calendes grecques. «À titre personnel», Valérie Pécresse aura tout de même glissé qu'il «n'était pas question que les micro-partis servent à détourner la loi pour permettre aux parlementaires de se constituer une petite cagnotte personnelle, défiscalisée de surcroît». Celle qui avait créé le sien à l'occasion des régionales de 2010 (avec un plus grand souci que d'autres de la transparence) a reconnu: «Il y a en effet quelque chose à moraliser derrière le fonctionnement de ces structures...»

Les Verts, pour leur part, ont annoncé le dépôt d'une proposition de loi d'ici quelques semaines, «visant à mettre un terme aux abus et contournements de la loi sur le financement des partis politiques». Pour toute la gauche, unanime, la solution est en réalité limpide: plafonner les dons à 7.500 euros tous partis confondus, une bonne fois pour toutes.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:24
Journalistes : pas besoin d'un nouveau Code de déontologie !

 

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La décision d’engager un débat sur un nouveau code de déontologie des journalistes, prise lors des Etats généraux de la presse, à l'initiative du président Sarkozy, s’inscrivait dans la logique de ce rassemblement, tout entier tourné vers la satisfaction des revendications des patrons de presse, amis pour beaucoup du pouvoir en place. Ainsi était calculé sous le frauduleux prétexte de « modernisation », de plans massifs de départs dans les entreprises. Ces départs désormais font l'actualité Prisma Presse, la Tribune, France-Soir, le Parisien, RFI France24... laissant sur le carreau nombreux confrères qui pour beaucoup ne savent pas si ils pourront continuer à vivre dignement du journalisme d'ici la retraite...


Ces Etats généraux avaient donc un seul objectif clair: amener les syndicats de salariés, sur la base d’un « diagnostic partagé » avec les employeurs et l’Etat sur l’état de la presse et des médias, à légitimer une série « d’évolutions » dont nous avons ensuite pu prendre toute la mesure. En effet, ces Etats généraux ont marqué le point de départ d’une série d’offensives contre les droits et l’emploi des salariés de la presse, et des journalistes en particulier.

C’est dans ce cadre qu’ont été engagées notamment les négociations sur le statut des pigistes, qui sous prétexte de « clarifier » les conditions d’application de leurs droits, ont abouti au scandaleux accord minoritaire, remettant en cause de fait la loi Cressard
de 1974 et la convention collective des journalistes, accord minoritaire dont le syndicat général des journalistes FO, rejoint par le SNJ CGT,  demande l’abrogation pure et simple.

Excipant des « difficultés économiques » rencontrées par la presse et de la désaffection du public à l’égard des médias, il fut aussi décidé de confier à un « comité de sages » la rédaction d"un nouveau code de déontologie, pour « clarifier » là aussi. « Les difficultés économiques de la presse pourraient conduire à penser que la déontologie est une question secondaire. 

 
Notre conviction est au contraire que cette question est essentielle et que la façon d’y répondre peut contribuer à ce que la presse retrouve une certaine prospérité économique. Une clarification déontologique est de l’intérêt des médias », a ainsi déclaré M. Bruno Frappat lors de la réunion du 7 décembre à l’IPJ.
 

De l’intérêt des médias ?

Peut-être, mais certainement pas de l’intérêt des journalistes, au vu du texte présenté par la "commission des sages", qui non seulement ne traite des principes professionnels qu’en terme de devoirs du journaliste vis-à-vis des lecteurs, auditeurs ou spectateurs, ce qui est normal, mais aussi vis-à-vis de sa hiérarchie "dans le cadre d’une politique éditoriale définie".


Ce n’est sans doute pas un hasard si toutes les contributions des organisations d’employeurs, dans le débat engagé sur le nouveau code de déontologie, insistent pour soutenir ce point qui va dans le sens d’un encadrement renforcé de l’information.

 
"Nous pensons pour notre part à Force ouvrière qu’un journaliste est avant tout un citoyen libre, dont la responsabilité s’inscrit dans l’exigence démocratique et républicaine de diffuser à ses concitoyens une information avérée, libre, indépendante, complète, pluraliste. La déontologie du journaliste, c’est son indépendance d’esprit et celle-ci ne saurait être encadrée ni soumise aux exigences fussent-elles rédactionnelles des éditeurs ou de leurs actionnaires.
Surtout quand nous constatons chaque jour dans nos entreprises de presse la soumission grandissante aux exigences de la concurrence et de la rentabilité immédiate", déclare Fabienne Chiche du syndicat général des journalistes FO.

 " La crise de la presse est la résultante de la course à l’audience et aux recettes publicitaires, la réduction des coûts et des effectifs au bénéfice des seuls objectifs financiers. Les stratégies de concentration entre les mains de quelques grands groupes qui dictent les choix éditoriaux au détriment du pluralisme, de la diversité des points de vue et de la qualité de l'information diffusée à nos concitoyens est une atteinte grave à notre démocratie", affirme Fabienne Chiche.


S’il y a bien un problème de désaffection des Français pour les médias, "elle est plus à rechercher, à mon sens, dans la baisse de la qualité de l’information liée à cette politique que dans on ne sait quelle « clarification » de nos principes déontologiques.
D’autant que cette politique a aussi pour corollaire la multiplication des attaques contre les conditions matérielles de l’exercice du métier des journalistes", souligne la syndicaliste.

Or, l’indépendance et la liberté du journaliste c’est d’abord et avant tout son indépendance matérielle.

Pour Fabienne Chiche "permettre aux journalistes de travailler dans des conditions décentes, sans être soumis au stress permanent de l’urgence, liée à l’insuffisance des effectifs, ou de la polyvalence de plus en plus imposée au détriment des qualifications.
  Les journalistes doivent avoir un vrai contrat de travail avec un vrai salaire, au lieu de les plonger chaque jour davantage dans les affres de la précarité, de multiplier les CDD à répétition, de vouloir priver les pigistes de tout droit avec l’accord de 2008 et de remettre en cause la notion même de salariat avec la multiplication dans les rédactions des stagiaires, faux CLP et aujourd’hui des auto-entrepreneurs. Où est la liberté quand on ne sait jamais de quoi demain sera fait, quand on ne peut même pas vivre de son travail ?
C’est permettre aux journalistes de se voir garantir des salaires conventionnels, évoluant de manière à préserver le pouvoir d’achat, au lieu de poursuivre une politique systématique de paupérisation de notre profession.
C’est garantir aux journalistes que leurs droits, tous leurs droits, précisés dans leur Convention collective, le Code du Travail, le Code la propriété intellectuelle seront respectés. C’est leur garantir que leur Convention collective sera maintenue et intégralement appliquée, dans toutes les formes de presse, et qu’on ne tentera pas de lui substituer des accords d’entreprise. C’est leur garantir que leur statut ne sera pas remis en cause. C’est leur garantir par la loi un véritable droit à la protection des sources et donc abroger l’actuel texte qui ne le leur accorde en rien."

M. Marc Feuillée, représentant du SPM, a affirmé lors d'une réunion au "comité des sages", résumant le point de vue de ses confrères éditeurs, qu’il y a « une vraie contradiction entre le droit du travail, le droit de la presse et un code de déontologie ». Pour le syndicat général des journalistes FO l'indépendance du journaliste et droit du travail sont au contraire intimement liés et qu’il ne saurait y avoir l’une sans respect de l’autre.
"Voilà pourquoi au SGJ FO nous sommes opposés à un code qui, une fois adopté de manière « consensuelle », pourrait être opposé à notre Convention collective qu’on nous proposera de « clarifier », comme à tout conseil ou ordre de la presse comme
le propose Jean-François Mancel, député UMP de l’Oise.

Le SGJ-FO estime que les grands textes fixant nos principes professionnels la Charte de 1938 et la Charte de Munich disent tout et qu’ils doivent s’appliquer à tous. A cette fin, le SGJ-FO est favorable à l’annexion, sous forme d’avenant, de la Charte de Munich à la Convention collective des journalistes"

Bruno Frappat, journaliste, ancien président du directoire du groupe Bayard Presse. Bruno Frappat a été chargée de piloter un groupe de dix sages (Marie-Laure Augry, Maître Basile Ader, Alain Boulonne, Jérôme Bouvier, Jean-Pierre Caffin, Olivier Da Lage, Jean-Marie Dupont, Pascal Guénée, Catherine Vincent et Lorenzo Virgili) qui a proposé aux partenaires sociaux code de déontologie visant à actualiser la charte de Munich dans le sillage des Etats généraux de la Presse, à l'initiative du président Sarkozy.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 11:13

 

© DR

Voilà qui est fait. Vassili Aleksanian, avec trois ans de retard, a fini par exaucer le vœu des autorités russes, si délicatement formulé. Le 3 octobre dernier, il est mort, même pas quarante ans. Au cimetière Valkhansky, à peine plus de cent personnes pour l'enterrement de cet avocat qui a payé si cher sa loyauté.

Pourtant, en 2008, il avait fallu un important mouvement de soutien en Russie même ( ainsi qu'en Arménie, d'où Aleksanian est originaire), une mobilisation internationale soutenue, et trois admonestations de la Cour européenne pour obtenir son hospitalisation, puis sa libération. Poutine, puis le tandem Medevedev-Poutine ( avant le probable tandem Poutine-Medvedev) ont  l'oreille dure, côté droits de l'homme.

Atteint du sida, d'un cancer du foie, de tuberculose, Vassili Aleksanian espérait tenir, le plus longtemps possible.  Nous l'espérions pour lui. La maladie, l'affaire Ioukos, la prison, le harcèlement des autorités et... la Grande-Bretagne ne lui auront pas permis de vivre davantage.

L'histoire  de ce jeune juriste doué, engagé par Khodorkovski est d'abord celle d'un immense courage ( voir billet antérieur). Au moment où Ioukos est décapité par les arrestations, il aurait pu s'éloigner, laisser tomber,  comme on le lui conseillait .Il n'était pas dans la ligne de mire, tandis que Poutine s'apprêtait à dépecer et faire racheter en sous-main la firme. Percevant immédiatement les enjeux, loi bafouée, procédure truquée, vengeance à la fois économique et surtout politique contre Khodorkovski, il a choisi de rester et s'est retrouvé bombardé, par défaut en somme, « vice-président » de Ioikos ( les candidats au poste ne se bousculaient pas).

Arrêté à son tour, envoyé en prison où, en plus du Sida, on diagnostique son cancer, et alors que les médecins préconisent une chimiothérapie immédiate, on le laisse sans soin. Et même pire.

© DR

 

 

© AFP

Entre ces deux photos, à peine cinq ans, dont deux en prison. On lui a mis le marché en main. Qu'il témoigne à charge contre Khodorkovski et Platon Lebedev ( les deux dirigeants de Ioukos) et on le soignera. A l'étranger, même !  Vassili Aleksanian sait qu'un témoignage ne changerait pas grand-chose, les condamnations sont acquises d'avance. Il refuse deux années durant.

Lorsqu'il comparaît devant un tribunal,  recroquevillé de froid, toussant, parlant difficilement, amaigri, il ne cède rien. Rappelle à des juges mutiques que l'Histoire se souvient des serviteurs zélés de la répression. Evoque le passé encore proche pour éclairer le présent, en appelle à un changement de régime. Une certaine idée de la Russie..

Hospitalisé, enfin, on l'enchaîne au lit ( il peut à peine se déplacer, et il faudra que ses avocates multiplient les déclarations pour que les entraves soient supprimées). Libéré sous caution, il n'est pas quitte pour autant.

 En juin 2010,  son dossier est clos par la justice ( entretemps, il est apparu que sa prétendue « complicité » était basée sur un faux surgi fort à propos ), on exige qu'il comparaisse en personne. Les médecins qui le suivent lui interdisent pourtant toute apparition publique en raison des risques immunitaires.

 

Le reste,  les harcèlements, l'accumulation d'empêchements qui sont autant d'agressions contre un malade , vous pouvez le lire ici, et cela se passe de commentaire. La journaliste Zoia Svetova a recueilli, au fil du temps, les paroles de Vassili Aleksanian, que celui-ci refusait de publier de son vivant, afin de ne pas nuire à ceux qui sont encore en prison.  Ses propos sont aujourd'hui traduits sur le site de l'Observatrice.

On y apprend ainsi qu'en octobre, alors que son médecin traitant lui demandait de se rendre à Londres pour arrêter un nouveau protocole de traitement, la Grande-Bretagne lui a refusé un visa d'entrée, au motif qu'il pourrait ne pas vouloir rentrer en Russie... Ma foi, c'était possible : au-delà d'un certain seuil, on voyage peu.

On a connu la Grande Bretagne  plus ferme en refusant d'extrader Ahmed Zakaïev, ministre du gouvernement tchétchène en exil,  plus offensive en exigeant qu'on lui envoie les auteurs présumés de l'assassinat de Litvinenko à Londres. Et on regrettera que Vassili Aleksanian, qui ne transigeait pas avec les parodies de justice, soit mort juste après avoir s'être vu refuser, par un pays occidental, ce minimum :  pouvoir se soigner.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 10:53

Rue89 - Sur le terrain 23/10/2011 à 12h49

S. Loignon et M. Courcie

 

 

Pourquoi s'épuiser à obtenir des fadettes ! Au Milipol, salon mondial de la sécurité intérieure, on trouve son bonheur pour surveiller tous les trouble-fête.

Quelle tristesse ! Le Milipol, le salon mondial de la sécurité et de la sûreté intérieure des Etats, vient de s'achever…

Quatre jours durant, du 18 au 21 octobre, porte de Versailles à Paris, des milliers de militaires, policiers, gendarmes et fonctionnaires des ministères de l'Intérieur des quatre coins de la planète ont pu faire leur emplettes et saliver devant les joujoux de leurs rêves.

A côté des gros calibres, 4x4 blindés et autres robots démineurs, on trouvait toute la panoplie du parfait espion. A l'approche de Noël, tour d'horizon des idées cadeaux à l'usage de ces messieurs du renseignement.

Une canette de Coca à 4 000 dollars, c'est louche…

Grand classique de l'espionnage : les mini caméras. Il en existe toutes sortes de modèles, dont les plus communs sont sans doute le briquet et la clé de voiture. Pour ce type de gadgets, destinés aux services de police et aux agences gouvernementales, comptez entre 3 500 et 4 000 dollars.

Erik Joseph Dzielski, de la société américaine Qwonn, nous en explique ici le fonctionnement.

 

 

Les mêmes dispositifs peuvent prendre la forme d'un bouton, à coudre sur une veste, d'une montre (environ 6 000 dollars chez la compagnie israélienne HSS) et même d'une canette de Coca (40 00 dollars chez HSS). Impossible malheureusement de photographier ces charmants accessoires, nous explique le fabricant, car ils seraient alors susceptibles d'être reconnus par les personnes espionnées. Et de les mettre dans de mauvaises dispositions…

Même topo chez le français Opto Vision, qui préfère rester discret sur sa paire de lunettes avec caméra intégrée dans la branche. Le porte-parole de la marque :

« A cause d'un modèle qui avait été rendu public, un de vos collègues journalistes s'est retrouvé dans une situation très embarrassante. Il a failli y laisser sa peau… »

Bien, n'insistons pas, d'autant qu'à quelques mètres de là, leurs concurrents taïwanais LawMate n'ont pas les mêmes scrupules.

La charmante responsable commerciale, Rachel Chuang, enfile tout sourire des lunettes de soleil un peu particulières… Démonstration en images.

 

 

Pour le plaisir, saluons l'inventivité de la société française Tecknisolar, qui a glissé sa microcaméra dans… une bûche de bois. Pour décorer la bordure de sa cheminée ? Pas du tout, nous explique-t-on sur le stand : cette caméra à moins de 500 euros a avant tout vocation à surveiller les barrages routiers et peut être utilisée sur les théâtres d'opérations militaires. C'est pourquoi elle a été ici, à titre d'exemple, placée dans un rondin de bois :

« Mais non, nous ne vendons pas la bûche ! »

Dommage…


Une mini caméra dans une bûche de bois, Tecknisolar (Stéphane Loignon et Martin Courcie)

Chut, on écoute…

Moins spectaculaires mais sans doute bien plus efficaces que tous ces accessoires folkloriques : les systèmes de traçage et d'analyse de télécommunications.

Les entreprises qui fournissent aux Etats ce genre de services ont beau avoir le sens de l'écoute, elles sont peu causantes. Voire muettes.

Chez Nice, un des leaders du domaine, la seule personne habilitée à parler à la presse a malencontreusement disparu. Nous ne saurons donc rien de leur prometteuse solution, NiceTrack, qui « permet de localiser qui que ce soit, à tout moment et n'importe où », grâce à son téléphone cellulaire, si l'on en croit la brochure.

Le concurrent, ETI Group, n'est guère plus bavard : son stand est le seul du salon qui soit fermé. Les échanges avec les clients et prospects ont lieu derrière une porte close ; ceux avec les journalistes… n'ont pas lieu.


Le stand Gamma Group, Milipol 2011 (Stéphane Loignon et Martin Courcie)

Enfin, Gamma Group, autre grand du secteur, pousse la paranoïa un cran plus loin : même les photos sont interdites. La firme est allée jusqu'à demander la présence permanente d'un employé du service de sécurité du salon pour empêcher les petits malins à l'esprit retors de prendre ce type de cliché, parfaitement passionnant.

Mais il y aura toujours des petits malins à l'esprit retors.

Enfin des forfaits illimités en crypté !

A défaut d'en savoir beaucoup plus sur l'espionnage des communications, on aura néanmoins compris qu'intercepter un appel ne semble pas une prouesse technique inédite.

Sauf si l'appel est crypté, auquel cas les choses se compliquent nettement, comme l'explique Marc Lanviller, responsable du département sécurité d'ESDT.

Il nous présente les « cryptophones » de la marque allemande GSMK, distribués en France par sa société, et vendus pour quelque 2 500 euros l'unité aux diplomates, hommes politiques – Marine Le Pen, Christine Boutin et Alain Madelin se sont arrêtés au stand – et capitaines d'industrie. Pas de risque de hors forfait : toutes les communications sont incluses !

 

 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 10:42

Marianne - Aliocha - Blogueuse associée | Dimanche 23 Octobre 2011 à 12:01 


 

Voilà un deversement de bons sentiments à peu de frais : aujourd'hui, de grands groupes purement « capitalistes » soutiennent la contestation des « indignés », simplement pour faire reluire leur image et augmenter leurs ventes. D'autres entreprises en ont des tonnes pour vanter leur éthique, avec de beaux discours de responsabilité sociale, environnementale, de développement durable, commerce équitable et autres fadaises du même genre. Notre blogueuse Aliocha s'interroge : que cache cette communication ?



De grandes marques commerciales américaines type Starbuck’s qui soutiennent les indignés de Wall Street, vous y croyez, vous ? Allons, j’aperçois bien vos regards dubitatifs. Vous n’êtes pas les seuls. Même les communicants n’en reviennent pas.

Ainsi Olivier Cimelière, sur son blog (via Arrêt sur Images ), fait part de ses doutes quant à la sincérité de ce type d’engagement. Ce faisant, il avance des arguments dont l’objectif semble avant tout de se convaincre lui-même que non, ce n’est pas possible, sa magnifique discipline n’a pas pu donner naissance à cette démarche monstrueuse de cynisme consistant pour des groupes purement capitalistes, comme dirait un Mélenchoniste, à faire semblant de se ranger du côté de la contestation, simplement pour faire reluire leur image et augmenter leurs ventes.

Un affaire de poisson-volant
Laissons chacune de ces marques seule face à sa conscience. Après tout, il y a des entreprises qui cultivent l’engagement citoyen, tout comme il existe des poissons volants, s’esclafferait Audiard… Et puis au fond, je ne connais pas assez la psychologie américaine pour affirmer qu’un tel paradoxe ne relève pas du possible. Ils sont tellement bizarres nos amis d’Outre-Atlantique, parfois.

Ce qui est plus intéressant, dans les doutes émis par ce communicant, c’est ce qu’ils amènent à réfléchir sur tous les beaux discours de responsabilité sociale, environnementale, de développement durable, commerce équitable et autres fadaises du même genre. Les journalistes qui suivent ces sujets (et Dieu sait que la matière est prolifique en ce moment !) ressentent instinctivement une profonde méfiance vis à vis du discours qu’on leur sert.

Il y a, dans ce déversement de bons sentiments à peu de frais, une telle apparente incompatibilité avec l’objectif de profit (sans jugement de valeur, c’est normal qu’une entreprise fasse du profit, c’est même sa raison d’être), qu’on ne peut raisonnablement que douter de la sincérité du propos et plus encore de la démarche.

Remonter à la source
En réalité pour y voir clair, il faut remonter à la source. Dans tous les pays du monde, les entreprises opposent la même résistance à toute forme de réglementation sur ces sujets. Et comme elles ont compris qu’elles se trouvaient sous la pression de leurs consommateurs, des politiques, eux-mêmes bousculés par leurs électeurs, et des médias, elles ont trouvé la parade : s’organiser pour développer spontanément une démarche éthique, de sorte qu’on leur épargne des réglementations supplémentaires.

D’où l’importance particulière de la communication sur le sujet. Il faut parler, montrer qu’on agit pour la parité, la planète, les pauvres à l’autre bout du monde, l’amélioration de la gouvernance, la transparence, le respect des salariés et tout le cirque. Plus on fait de bruit et plus on rassure les citoyens, les médias et les politiques. Les choses avancent, songeons-nous.

De leur côté, les gouvernements savent bien qu’ils réglementent déjà trop pour imposer le minimum décent et qu’il leur est donc difficile d’en rajouter pour que tout aille mieux. Tout comme il est difficile, voire impossible de mettre au pilori les mauvais élèves, au risque de les froisser et de se prendre en retour les traditionnelles menaces de délocalisation vers des Etats plus accueillants et le chômage qui ne manquera pas d’en découler. On connait le discours par coeur.

Récompenser la normalité…
Indignés: la fumisterie du soutien des entreprises éthiques
Alors on félicite les bons élèves, on remet trophées et médailles, et l’on ferme les yeux sur les mauvais en espérant que l’incitation fera son oeuvre là où l’obligation légale n’a pas sa place. Ainsi se construit une communication totalement étrangère à la réalité, et même contraire à celle-ci.

Une entreprise qui pollue, qui maltraite et sous-paie ses employés, qui cultive le machisme et le racisme, c’est une mauvaise entreprise, tout simplement. Celle qui s’abstient de sombrer dans ces errements condamnables ne mérite pas la béatification, contrairement à ce qu’on tente de nous faire croire, elle s’inscrit juste dans la normalité. Cela parait évident n’est-ce pas ?

Mais si vous écoutez attentivement le discours ambiant, vous découvrirez que la communication vous présente une version très différente des choses. L’entreprise odieuse est normale, la vertueuse est en avance sur son temps, particulièrement méritante, exceptionnelle, même. L’absurdité est encore plus criante avec le concept de commerce équitable. Je ne critique pas la démarche, mais le discours qui l’accompagne. A quel niveau de déchéance en sommes-nous arrivés pour devoir préciser sur un paquet de café que les gens qui l’ont produit n’ont pas été exploités par ceux qui en assurent la distribution ?

Si l’on décrypte ce discours, on est obligé de conclure que l’éthique, loin de progresser comme veulent nous le faire croire les communicants et leurs aimables clients, est en réalité devenue une exception sans que l’on s’en rende compte. Tout l’enjeu est de dissimuler cette effroyable réalité, le temps d’y mettre bon ordre… ou pas. Et de faire croire que l’on progresse vers un avenir meilleur tout en nous mettant dans la tête que le pire n’est rien d’autre que normal.

Joli tour de passe-passe, vous ne trouvez pas ?

Retrouvez Aliocha sur son blog.
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