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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 11:34
| Par Marine Turchi

En difficulté, Nicolas Sarkozy se concocte une émission sur mesure, après le succès populaire et médiatique de la primaire socialiste. Initialement prévue lundi soir, elle est reportée à jeudi. L'Élysée avait en effet voulu cette intervention dans la foulée du sommet européen du 23 octobre. Mais en fin de semaine, faute d'accord entre Paris et Berlin, Angela Merkel avait réclamé un sommet en deux temps (concertation dimanche, décisions mercredi).

Officiellement, aucune date n'est fixée, selon les deux chaînes. Mais «ça ne peut pas être avant mercredi», a expliqué l'Élysée, pour qui il est inenvisageable que le chef de l'État s'exprime un vendredi, jour de plus faible audience. Diffusé en première partie de soirée, en direct simultanément sur TF1 et France 2, ce rendez-vous spécial est mis sur pied dans un incroyable mélange des genres. Un grand nombre de question entourent encore cette émission (lire notre «Boîte noire»). Décryptage de cette OPA de l'Élysée.

Le temps de parole non décompté

Alors même qu'il est clairement entré en campagne sur le terrain (lire notre reportage) et que son intervention de jeudi sera éminemment politique, Nicolas Sarkozy ne verra pas son temps de parole décompté durant l'émission. La raison? Quand il s'exprime dans le cadre de ses fonctions régaliennes (défense nationale, politique internationale), le compteur ne défile pas.

Ce fut le cas, par exemple, lors de son allocution de février, lorsqu'il a expliqué le remaniement de son gouvernement par le soulèvement arabe, ou encore lorsqu'il a justifié l'intervention française en Libye. Et jeudi, justement, il parlera de la crise économique, du sommet européen et de la situation bancaire, des sujets en lien avec la politique internationale.

Des journalistes choisis par l'Élysée

 

J-P. Pernaut et Y. Calvi.  
J-P. Pernaut et Y. Calvi.© Captures d'écran.

Comme à chaque intervention télévisée, Nicolas Sarkozy (l'interviewé) a désigné ses intervieweurs: Yves Calvi (France Télévisions) et Jean-Pierre Pernaut (TF1). Une pratique typiquement française, mais ô combien archaïque.

En février 2009, le chef de l'État avait fait mine de rénover le concept avec des journalistes plus jeunes comme Guy Lagache, David Pujadas et Laurence Ferrari, mais les accusations de «fait du prince» et de journalistes aux questions «convenues» avaient fusé.

Mêmes soupçons en juillet 2010, lorsque, en pleine tempête avec l'affaire Woerth-Bettencourt, David Pujadas avait interviewé de façon très complaisante le chef de l'État. «Une honte pour l'information de service public», avait dénoncé le SNJ-CGT de France Télévisions.

Une émission produite par une société privée

Comme l'a révélé Le Monde, cette intervention télévisée, bien que retransmise sur le service public, est pour la première fois produite par une société privée: Maximal Production. Cette société est contrôlée à 100% par le groupe Lagardère, dont le PDG est un proche du chef de l'État. Quant au patron de Maximal Production, il s'agit de Jérôme Bellay, ancien PDG d'Europe 1, actuel directeur du Journal du dimanche et producteur de «C' dans l'air», dont l'animateur n'est autre que... Yves Calvi.

TF1 ne le cache pas, le concept de l'émission repose sur «une idée originale de Jérôme Bellay» (celui-ci n'a pas souhaité nous répondre - lire notre "Boîte noire"). Voilà donc les chaînes «ramenées au rang de simples diffuseuses», pointe du doigt Renaud Revel, journaliste à L'Express, sur son blog.

... et réalisée par l'organisateur des meetings de Sarkozy

Le mélange des genres va plus loin. La réalisation de l'émission devrait être confiée à Renaud Le Van Kim. Lequel cumule plusieurs casquettes: ancien spécialiste des retransmissions des cérémonies des césars et du festival de Cannes, il est à la tête de la société de production KM (qui produit, entre autres, «Le grand journal» sur Canal+), «conseiller spécial» du patron de TF1 Nonce Paolini depuis juin 2008.

 

C'est lui, surtout, qui a orchestré tous les meetings du candidat Sarkozy: de son show d'intronisation à la tête de l'UMP, en novembre 2004 au Bourget (un congrès démesuré qui avait coûté autour de 5 millions d'euros − voir la vidéo INA) à son meeting d'entre-deux-tours, à Bercy, en avril 2007 (voir la vidéo INA), en passant par le lancement de sa campagne, le 14 janvier 2007, porte de Versailles (vidéo ci-contre).

«Si c'était ailleurs, on dénoncerait une République bananière»

Depuis plusieurs années, il réalise les émissions du président, avec un but: dépoussiérer la prise de vues. En janvier 2010, lors du passage de Nicolas Sarkozy dans «Paroles de Français», sur TF1 (déjà avec Jean-Pierre Pernaut), la chaîne avait d'abord annoncé Renaud Le Van Kim parmi les concepteurs et réalisateurs de l'émission avant de gommer son nom dans un rectif... C'était pourtant bien lui le pilote de ce nouveau show élyséen.

Une émission préparée par qui?

Une personnalité jouerait un rôle de premier plan dans la mise en place du dispositif, selon l'Express: l'actuel patron d'Europe 1, Denis Olivennes. L'ancien directeur du Nouvel Observateur demeure un proche du chef de l'État, il était d'ailleurs à ses côtés lors de son déplacement en Libye, le 15 septembre. C'est «en liaison avec l'Élysée et Jérôme Bellay (cadre de la même maison, Lagardère)», selon l'Express, qu'il aurait participé à l'élaboration de l'émission.    

Contacté par Mediapart vendredi, Denis Olivennes assure qu'il n'est «en rien de rien associé à cette histoire». «J'ai découvert cela dans le JDD, dimanche. Jérôme Bellay m'en a informé a posteriori, explique-t-il. L'activité de sa société ne dépend en rien de moi.» «Je n'ai aucun rapport avec cette émission, et d'ailleurs je ne vois pas à quel titre j'en aurais», ajoute-t-il.

De quelle marge de manœuvre les journalistes qui animeront l'émission disposent-ils? Visiblement, les deux chaînes n'ont pas été associées à ce rendez-vous. Contactés vendredi par Mediapart, ni Thierry Thuillier (directeur de l'information à France Télévisions), ni Yves Calvi n'avaient encore donné suite à nos demandes, dimanche soir.

«C'est scandaleux. Si cela se passait ailleurs, on dirait que c'est une République bananière. C'est quelque chose qu'on encaisse mal», explique Jean-François Téaldi, délégué CGT de France Télévisions. «C'est parfaitement choquant qu'une émission du service public fasse appel à une société privée, estime Dominique Pradalié, secrétaire générale du SNJ (syndicat national des journalistes). Dire "moi, président de la République, je préfère le privé", c'est une méfiance totale vis-à-vis du service public.»

Pour autant, aucune action n'a été entreprise. À France 2 comme à TF1, les délégués syndicaux sont plutôt occupés à gérer des affaires internes (négociations de conventions collectives, etc.) et pointent du doigt, plus largement, l'externalisation de la production de certaines émissions. «Cela s'inscrit dans une logique de coproduction avec une externalisation par le privé qui nous inquiète déjà», déplore Jean-François Téaldi, citant notamment l'émission politique de David Pujadas («Des paroles et des actes»).

Au Journal du Dimanche, le fait de voir le patron (Jérôme Bellay) ne plus assister aux conférences de rédaction hebdomadaires mais produire l'émission de Sarkozy ne plaît pas à tout le monde. Le sujet a été évoqué à deux reprises lors de l'assemblée générale du 18 octobre, mais là n'est pas le souci premier des journalistes. «Il y aurait matière à s'indigner, mais il ne s'est rien passé ici pour l'instant, explique Jean-Luc Bertet, délégué SNJ-CGT du JDD. La rédaction a été beaucoup bousculée ces derniers temps par les changements de directeur de la rédaction. L'objet de l'assemblée générale était surtout de régler le problème de l'absence de Jérôme Bellay aux conférences de rédaction.»

TF1 a fait savoir que le rendez-vous de jeudi pourrait ressembler «à une sorte de "C dans l'air", une émission très pédagogique sur la crise financière». Nul doute qu'elle sera surtout très pédagogique sur les bienfaits du bilan de Nicolas Sarkozy.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 11:22
| Par Carine Fouteau

 

Le service de la main-d'œuvre étrangère (MOE) de Paris est en train de craquer. En sous-effectif chronique, les fonctionnaires chargés d'instruire les demandes d'autorisation de travail des salariés étrangers sont en première ligne pour mettre en œuvre la circulaire du 31 mai 2011 visant à réduire l'immigration professionnelle.

Les arrivées légales doivent baisser de 20.000 par an, ne cesse de marteler le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, qui a cosigné ce texte avec le ministre du Travail, Xavier Bertrand. Comment faire? Mettre les agents sous pression, appliquer des quotas sans le dire et modifier les pratiques administratives en étant toujours plus pointilleux et zélés à l'encontre des employeurs et des travailleurs.

Comme stimulé par la désapprobation des représentants des grandes écoles et des universités ainsi que des patrons du CAC 40, l'instigateur de cette politique s'est récemment félicité, lors d'un déplacement à Senlis, dans l'Oise, de la baisse de 30% des titres de travail au cours des huit premiers mois de l'année. Sur près de 190.000 arrivées en 2010, l'immigration professionnelle a concerné 31.500 personnes à l'échelon national.

 

Devant le «service de la main d'oeuvre étrangère» de Paris... à Aubervilliers. ©CF  
Devant le «service de la main d'oeuvre étrangère» de Paris... à Aubervilliers. ©CF

En raison de leur devoir de réserve, rares sont les agents qui s'expriment. A fortiori dans un service peu valorisé comme celui de la MOE, à la désignation inchangée depuis un siècle, perpétuation incongrue de la période coloniale mais révélatrice de la vision utilitariste des étrangers développée par l'État.

Sous couvert d'anonymat, et vu la dégradation des conditions de travail, l'un d'entre eux a accepté de témoigner. «Cette circulaire a modifié beaucoup de choses. C'est une rupture dans la politique de l'immigration. On nous demande de travailler différemment en ayant une lecture plus stricte qu'avant de la législation pour avoir du résultat. Avant, on était à 80% voire plus de taux d'acceptation des dossiers. Les refus, c'était à la marge. Maintenant, on a un quota de 50%. Les ordres viennent directement du préfet et du ministère de l'Intérieur. 50% de refus, c'est terrible, car la majorité des gens qui viennent ont leur place en France. Il y a beaucoup d'étudiants qui veulent changer de statut, passer du statut d'étudiant à celui de salarié. Ces personnes ont souvent bac+5 ou bac+6, elles vivent ici depuis huit ou dix ans, certaines sont fiancées. Les grands groupes sont intéressés par leur double culture ou leur côté polyglotte et leur proposent des contrats. Et maintenant, on leur dit non, vous ne pouvez pas rester. Ils ne comprennent pas.»

«En filigrane, poursuit ce fonctionnaire, le texte dit que les étrangers doivent retourner dans leur pays d'origine. Pour passer de 80 à 50% de refus, la méthode est simple. On est plus tatillons sur l'opposabilité de la situation de l'emploi. C'est-à-dire qu'on vérifie minutieusement si l'employeur qui veut recruter un étranger a diffusé au préalable une offre d'emploi, à Pôle emploi ou ailleurs, et combien de temps celle-ci a été proposée sans trouver preneur. À regarder de près, on trouve toujours quelque chose à redire.»

«Nous refusons d'être des outils de fermeture du marché du travail»

De la bienveillance à la suspicion systématique: l'incohérence de la politique publique apparaît au grand jour avec l'abandon de l'immigration «choisie», supposée favoriser l'immigration professionnelle, au profit d'une approche restrictive. Pour les agents, ce changement de cap voulu par Nicolas Sarkozy est d'autant plus difficile à accepter qu'ils n'en peuvent plus d'appliquer des directives contradictoires dont ils ont le sentiment qu'elles servent des intérêts politiques éloignés de leur mission de service public.

Ex-employée de ce service, Emeline Briantais, du syndicat Sud-travail, a repéré une autre pratique dévoyant selon elle l'esprit du code du travail: «Un dossier peut être refusé si l'employeur ne respecte pas la réglementation. Avant, nous nous contentions de relever les grosses infractions, par exemple l'emploi illégal. Désormais, tout est possible. L'absence d'accord d'entreprise sur les seniors peut être relevée et se retourner contre l'étranger.» «Ce qui est inacceptable avec cette circulaire, c'est que le salarié devient redevable des conditions de travail que lui impose son employeur», insiste Julien Boeldieu, à la CGT du ministère du Travail (lire le communiqué des organisations syndicales). 

Pour les agents, l'injonction gouvernementale induit un surplus de travail, dans la mesure où les décisions de refus, devant être justifiées, prennent plus de temps à rédiger. En découle un procédé pernicieux: «L'administration a deux mois pour donner sa réponse, rappelle le fonctionnaire en poste. Si on laisse traîner, cela s'appelle un refus tacite. On évite, mais comme on est débordés, on est de plus en plus amenés à le faire.»

Le service ne s'en cache pas. À la porte d'entrée est placardée une affichette à l'intention des étudiants les prévenant que «cette semaine, nous traitons les dossiers que nous a envoyés la préfecture le 17/06/2011. Toute demande reçue après cette date n'a pas encore été instruite». Le délai d'examen est passé depuis le 17 août, mais pas un mot d'excuse ni d'explication ne conclut cette note d'information.

 

Note d'information affichée à la porte d'entrée.  
Note d'information affichée à la porte d'entrée.

«Dans certains départements, les services demandent à l'inspection du travail de contrôler spécifiquement telle ou telle entreprise, soit pour vérifier de visu le respect de la réglementation, soit pour s'assurer de la “réalité de l'emploi” proposé, ce qui est une notion absente du code du travail», indique Julien Boeldieu, qui met en garde contre une «instrumentalisation des services de l'État en faveur d'une politique xénophobe». «Nous refusons d'être des outils de fermeture du marché du travail», ajoute-t-il, évoquant une «situation explosive». «Les agents sont pris au piège de la politique gouvernementale», enchaîne Emeline Briantais. Selon elle, les instructions circulent à l'oral, à l'occasion de réunions départementales mensuelles au cours desquelles les chefs de service se font sermonner s'ils ne remplissent pas les objectifs fixés.

«La personne chargée des étudiants est désabusée. Elle ne croit plus en rien»

Les bouleversements dans leur fonctionnement, les agents parisiens les vivent d'autant plus mal qu'ils coïncident avec le déménagement, dans la précipitation, de leurs locaux du boulevard de la Villette, dans le Xe arrondissement, à Aubervilliers en Seine-Saint-Denis.

Plus précisément, c'est sur le site du Millénaire, à quelques mètres du nouveau centre commercial, dans des locaux loués par la société immobilière Icade, qu'ils ont été délocalisés fin juillet. C'est là aussi que les «usagers» doivent se rendre, même s'ils sont domiciliés dans la capitale.

Dès 8h30 le matin, une file s'étire à la porte du service au 21, rue Madeleine-Vionnet. Rien à voir avec les nuits passées par des centaines de personnes devant des préfectures comme Bobigny ou Antony pour renouveler un titre de séjour, mais une cinquantaine d'étrangers se massent à l'extérieur à 9h30, heure de l'ouverture, ce mercredi, en plein froid et courant d'air.

En l'absence de référencement sur Internet et de signalétique sur place, on se demande comment les personnes ont trouvé leur chemin. «Le bouche à oreille», lance quelqu'un. «Une fois qu'on a repéré le bâtiment avec toutes les enseignes des magasins du centre commercial, on sait que c'est là.»

 

Dans le hall d'accueil du service.  
Dans le hall d'accueil du service.

Les plages horaires d'accueil ne cessent de changer. Des caméras de vidéosurveillance surplombent l'entrée. Une vingtaine de sièges sont arrimés au sol à l'intérieur. Aucune confidentialité. La liste des griefs s'allonge: «Le premier problème, indique le fonctionnaire, c'est le trajet, le Millénaire c'est loin et mal desservi. L'archivage, qui est notre base de travail, est complètement désorganisé. Il y a des courriers égarés, des dossiers qu'on ne retrouve pas. L'accueil est inadapté. On n'est identifiés nulle part. Les personnes ne sont pas appelées par leur nom, mais par un numéro. Nous les recevons dans une entrée du personnel, c'est une sorte de hall qui n'est pas prévu pour l'attente. Vers 10 heures, en période de rush, il n'y a pas assez de places assises. Les gens doivent rester debout.»

Pour autant, les éclats de voix sont peu fréquents. «On a un public choisi. Ils ont une attente forte, ils sont assez malléables. Ce qu'ils veulent, c'est que leur décision soit favorable, c'est tout.»

Une forme de lassitude s'exprime: «On travaille de manière isolée. Il y a quand même une souffrance. On se sent démunis, surtout que nous devons accomplir des tâches de plus en plus subalternes à cause du sous-effectif lié au non-remplacement des départs à la retraite. On était une vingtaine il y a quelques années, nous ne sommes plus que 11 ou 12 avec des agents vieillissants. À quoi ça sert de faire une décision de refus, si personne n'est là pour la saisir et l'envoyer? La personne chargée des étudiants est désabusée. Elle ne croit plus en rien. Il faut reconnaître qu'avec les grande écoles et les patrons qui se rebiffent, ça devient compliqué. Pour se rassurer, ce qu'on se dit, c'est qu'il n'y en a plus pour très longtemps. On fait le gros dos. Dans quelques mois, il y a l'élection présidentielle.»

«On a une mission à remplir en tant qu'agents de l'État, on a des instructions, même si elles sont farfelues, on doit les appliquer, c'est comme ça», ajoute cette personne. Ceux qui se considèrent en contradiction avec leurs convictions finissent toujours par quitter le service.

«Cette circulaire nous fait un tort considérable»

À l'entrée du bâtiment, une femme en tailleur-bijoux fait les cent pas. Pour le cabinet de «conseil en mobilité internationale» France Global Relocation, elle est venue s'enquérir de la situation d'un jeune Coréen styliste qu'une société française souhaite embaucher. Son jugement sur la circulaire Guéant est sans appel: «C'est catastrophique. Ce texte nous fait un tort considérable. Nos clients sont de grosses entreprises qui recrutent des cadres ou des étudiants étrangers pour leurs compétences et leur ouverture d'esprit. Là, on est complètement déstabilisés. Ils délivrent refus sur refus. Ils font traîner les dossiers. C'est intenable, car nous, à la différence de l'administration, nous avons une obligation de résultat.»

 

Le site du Millénaire, octobre 2011. Le site du Millénaire, octobre 2011.

Nazim Ould Ali, étudiant en musicologie de nationalité algérienne, commence aussi à s'impatienter. Travaillant à temps partiel dans une bibliothèque, il fait des allers-retours ubuesques entre la préfecture et le Millénaire: «Mon titre de séjour arrivait à échéance le 4 octobre, mais je n'ai été convoqué à la préfecture que le 17. Pour l'intervalle, il a fallu que je vienne ici prolonger de quinze jours ma carte de travail. Le 17, à la préfecture, ils m'ont remis un récépissé en attente de la vraie carte de séjour. Il faut donc que je prolonge de nouveau ma carte de travail. Quand j'aurai mon titre de séjour définitif, il faudra évidemment que je revienne, une dernière fois j'espère. Vous suivez?» «Je songe à aller m'installer ailleurs, en Grande-Bretagne ou au Canada», ajoute-t-il.

 

Pour obtenir le retrait de la circulaire, un collectif du 31 mai s'est constitué autour d'étrangers éconduits. La Conférence des grandes écoles (CGE) a déposé au ministère de l'Intérieur des dossiers ayant fait l'objet de refus. Quelques ministres, tels Laurent Wauquiez, à l'Enseignement supérieur et la Recherche, et Valérie Pécresse, au Budget, ont fait entendre une voix discordante. Lors d'une très récente réunion du service de la MOE, les agents ont été informés qu'ils allaient devoir «reprendre» certains dossiers... Pas sûr que cela suffise. Des centaines d'étudiants, découragés, risquent de se détourner durablement de la France.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 11:14
| Par Fabrice Arfi et Karl Laske

L'homme reçoit dans un luxueux appartement du XVIe arrondissement de Paris. Les murs sont recouverts de toiles religieuses, mais lui n'a pas toujours des mots très catholiques. Sa cible : la «Sarkafrique». Au lendemain de son départ à la retraite, l'homme d'affaires franco-espagnol Jacques Dupuydauby, président du groupe portuaire Progosa, dénonce dans un entretien à Mediapart les pressions de Nicolas Sarkozy sur plusieurs chefs d'Etat de l'Afrique de l'Ouest pour que l'industriel Vincent Bolloré, intime du président français, décroche de juteuses concessions portuaires. Un chantage d'Etat.

Ancien vice-président du groupe Bouygues et proche des réseaux chiraquiens, M. Dupuydauby affirme avoir personnellement recueilli les confidences embarrassantes de plusieurs présidents africains, dont Faure Gnassingbé (Togo) et Denis Sassou N'Guesso (Congo).

 

J. Dupuydauby  
J. Dupuydauby

« Quand M. Bolloré s'implante quelque part, il utilise le président français comme son VRP de luxe. M. Sarkozy, de son côté, met dans la balance les relations franco-africaines et fait des pressions », affirme Jacques Dupuydauby. L'homme d'affaires, qui avoue « ne pas être un perdreau de l'année », tranche : « On est passé de la Françafrique des mallettes à la Sarkafrique des concessions. »

Agé de 65 ans, récemment condamné au Togo à vingt ans de prison dans une affaire dont il dit ne rien connaître et qu'il soupçonne avoir été orchestrée par Vincent Bolloré, l'industriel réclame désormais l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur le « système Sarkozy en Afrique ».

Votre société, Progosa, avait remporté en 2001 la concession du port de Lomé au Togo, que vous avez brutalement perdue en 2009. Que s'est-il passé qui puisse expliquer ce renversement de situation ?

Il s'est passé l'élection de Nicolas Sarkozy. Après le sommet de Lisbonne, qui s'est tenu en 2007 sur le thème « Europe-Afrique », Faure Gnassingbé, l'actuel président du Togo, que je voyais tous les mois, m'a soudainement expliqué : “J'ai un gros problème.” Au sommet de Lisbonne, Sarkozy lui a en effet annoncé que la France soutenait ses amis, dont le Togo fait partie, mais qu'en contrepartie la France attendait de ses amis qu'ils se comportent vis-à-vis d'elle de façon, disons, amicale.

C'est-à-dire ?

C'est-à-dire que, je cite, “quand on est l'ami de la France, on est l'ami des sociétés françaises”. Et Sarkozy lui a demandé de donner la gestion du port de Lomé au groupe de son ami Vincent Bolloré.

Vous le tenez de la bouche du président togolais ?

Parfaitement. Plusieurs ministres togolais me l'ont également confirmé. Faure Gnassingbé m'a dit qu'il allait résister, mais il n'a pas pu. Car le coupable, dans cette affaire, ce n'est pas Faure Gnassingbé. Vous êtes président du Togo, vous avez des élections qui approchent, vous savez que cela va être très tendu, par conséquent, vous espérez que le gouvernement français reconnaisse votre légitimité – ce type de geste diplomatique a encore beaucoup d'importance en Afrique francophone. La suite est assez simple à comprendre. 

La justice togolaise manipulée ?

La suite, donc. Vous avez été condamné le 7 septembre dernier à vingt ans de prison ferme et plus de 350 millions d'euros d'amendes par un tribunal de Lomé pour «abus de confiance», «délit d'escroquerie», «usage de faux», «fraude fiscale», «destruction volontaire» et «groupement de malfaiteurs». Quelle est l'origine de cette procédure ?

 

C'est une histoire folle. Nous n'avons même pas été avisés par l'Etat du Togo ou par qui que ce soit de ce jugement rendu en 2011! Et pour cause: dès notre départ en 2009, on savait que nous ne pourrions plus y retourner, nos bureaux étaient occupés et nos dossiers saisis. En 2009, quand le groupe Bolloré a commencé à nous chasser de Lomé, nous savions seulement qu'il y avait un contrôle fiscal en cours contre nous.

En mai 2009, alors que j'étais au Burkina Faso, les autorités togolaises, sous la conduite du conseiller spécial du président Gnassingbé, l'ex-avocat Charles Debbasch, sont entrées dans l'une des maisons louées par ma société au Togo pour s'emparer de nos archives. Celles-là mêmes que l'on nous accuse aujourd'hui d'avoir fait disparaître. Extraordinaire !

Quand on a vu ce qui se passait, nous ne sommes pas rentrés du Burkina Faso au Togo. Et c'est comme ça que nous avons été accusés d'avoir fui, alors que nous avons quitté le territoire légalement – je tiens à votre disposition mon passeport tamponné–, et qu'un mandat d'arrêt international a été émis à notre encontre. Enfin, paraît-il...

Avec plusieurs de mes collaborateurs, nous sommes donc allés à Ouagadougou, où nous nous sommes mis sous la protection du président Blaise Compaoré. Notre directeur local, M. Broutin, lui, a fait 45 jours de prison au Togo. Et l'ambassade de France n'a pas levé le petit doigt, elle n'est même pas allée le voir ! Les autorités locales l'ont finalement sorti parce qu'ils avaient peur qu'il meure en prison. D'après moi, toute cette affaire a été orchestrée par M. Bolloré.

 

Port de Lomé  
Port de Lomé

Comment le savez-vous ?

Dans l'heure qui a suivi notre départ, Bolloré a pris possession des lieux et récupéré la concession du port de Lomé. Ils ont tout pris ! Le directeur général de Bolloré a été nommé directeur de nos sociétés en une heure... Par la suite, toutes nos tentatives d'indemnisation ont été mises à mal par Charles Debbasch, qui, en plus de conseiller le président du Togo, semble aussi être le bras séculier de Bolloré dans le pays.

Et j'apprends début octobre par un site internet togolais officiel, Republic of Togo, que j'ai été condamné à vingt ans de prison ! Mais ce jugement n'est l'aboutissement de rien : je n'ai jamais été convoqué dans cette affaire. Je ne sais même pas ce qui m'est reproché factuellement. Je me pose beaucoup de questions sur ce soi-disant jugement qui fait suite à un soi-disant procès auquel nous n'avons pas été conviés...

Avez-vous l'intention de faire appel du jugement ?

Nous avons pris un avocat, ancien ministre de la justice du Togo, Me Abi, qui va faire opposition au jugement. Mais je vous rappelle que, dans ce procès, les parties civiles sont l'Etat togolais et le groupe Bolloré.

Un chantage d'Etat

Selon vous, la justice togolaise a été manipulée ?

Je m'interroge fortement sur le mode de fonctionnement de la justice togolaise et de son indépendance à tous égards. Mais ma conviction, c'est que celui qui fait la pluie et le beau temps au Togo, sur la justice comme sur le reste, s'appelle Charles Debbasch, condamné en France dans l'affaire Vasarely, manifestement protégé depuis un certain temps puisqu'il circule librement alors qu'à ma connaissance, il n'a pas été dispensé de peine. Il est vrai, qu'entre-temps, il a écrit de magnifiques livres à la gloire du président Sarkozy... Ces œuvres sont disponibles sur Internet.

Mais vous-même, quand vous aviez la concession du port de Lomé, vous avez fait travailler Charles Debbasch comme juriste. Vous avez même produit les factures sur votre blog...

Vous m'expliquerez comment on peut travailler au Togo sans avoir recours aux services de l'avocat Debbasch, aujourd'hui l'avocat radié Debbasch. Si vous connaissez une seule entreprise au Togo qui ait pu travailler sans passer par lui et ses éminents conseils juridiques, vous me la signalerez. J'ai chargé mon avocat français, Me Jean-Pierre Mignard, d'étudier la possibilité de déposer une plainte à Paris sur ces faits.

 

Charles Debbasch  
Charles Debbasch© (Reuters)

Si l'on en croit les confidences du président togolais que vous rapportez dans cet entretien, M. Sarkozy serait donc à l'origine de l'éviction de votre groupe ?

Totalement. Absolument. Je mets directement en cause Sarkozy. D'ailleurs, je vous signale qu'un député socialiste, Jean Launay, a posé en octobre 2010 une question au gouvernement sur les pressions de Nicolas Sarkozy en faveur du groupe Bolloré au Togo. Le ministre des affaires étrangères de l'époque, Bernard Kouchner, n'a pas démenti. Il s'est abstenu de répondre.

Le cas du Togo est-il un cas unique ?

Bien sûr que non. Il y a le Congo, entre autres.

Qui est intervenu contre vous au Congo ?

Toujours le même ! Sarkozy, directement. Les chefs d'Etat eux-mêmes me l'ont confié. Sassou N'Guesso (le président du Congo - NDLR), que je connais depuis trente ans, m'a dit : “Je suis désolé, j'aimerais bien te donner le port de Pointe Noire, mais je ne peux pas. Sarkozy met son veto.” J'entretiens de bonnes relations avec plusieurs chefs d'Etat africains, depuis la fin des années 1970, et je n'avais jamais connu ça auparavant. Quand M. Bolloré s'implante quelque part, il prend possession de tout, les infrastructures stratégiques en matière de transport notamment, tout, et il utilise le président français comme son VRP de luxe. M. Sarkozy, de son côté, met dans la balance les relations franco-africaines et fait des pressions. Comment voulez-vous qu'un chef d'Etat résiste ?

Au Cameroun, vous avez eu les mêmes échos ?

Au Cameroun, nous avions gagné l'appel d'offres pour le port de Douala. La Banque mondiale a soutenu l'attribution. Le président Biya voulait nous donner la concession. Là-dessus, M. Sarkozy intervient et dit au président camerounais : “C'est pas Dupuydauby qui viendra vous exfiltrer lorsque vous serez encerclés dans votre palais.” Un juge d'instruction camerounais a tenté de faire sortir l'affaire. En vain.

Combien de concessions avez-vous perdues depuis l'élection de Nicolas Sarkozy ?

On n'a pas eu le Cameroun et nous avons perdu le Togo et le Gabon. Avant l'élection de M. Sarkozy, c'était une guerre classique entre groupes industriels. Et comme nous étions moins chers et au moins aussi performants, nous pouvions gagner. Le combat était équilibré politiquement, même s'il était déséquilibré financièrement, parce que Bolloré dispose de moyens de conviction que nous n'avions pas.

Ce système d'intervention de l'Etat, que vous décrivez, n'est pas vraiment nouveau...

Je vais être très clair. Quand il y a un appel d'offres international, qu'un ambassadeur aille dire au pouvoir en place que la France apprécierait qu'il regarde ce dossier de manière particulière, je ne trouve pas ça anormal. Par contre, il est anormal que les ambassadeurs se transforment en factotum de Bolloré et servent de courroie de transmission à l'Elysée. Sous Sarkozy, le message est : “Si vous ne faites pas ce qu'on vous demande en donnant telle et telle chose à Bolloré, vous ne pourrez plus compter sur l'appui de la France.”

La rupture avec le passé

Il y a des menaces politiques, mais pour obtenir ces marchés, n'y a-t-il pas aussi de l'argent...

Cela a toujours été le cas, oui. Ce que je dénonce, c'est le fait que le président de la République française, directement puis indirectement, fasse pression sur les chefs d'Etat africains pour que des concessions soient données à Bolloré, ou retirées à des adversaires de Bolloré, pour être données à Bolloré, en leur disant: “si vous ne faites pas ce que je vous demande, la France ne vous soutiendra plus”. M. Sarkozy utilise ses fonctions de premier personnage de l'Etat pour que son copain puisse ramasser des concessions aux dépens d'un autre.

Et cela, Chirac ne le faisait pas ?

Ah non ! Je peux vous l'assurer. La France manifestait son souhait de voir des Français gagner, mais ça, c'est normal. Les prédécesseurs de M. Sarkozy n'ont pas proféré des menaces à caractère diplomatique pour favoriser les affaires d'Untel ou Untel.

 

Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré  
Nicolas Sarkozy et Vincent Bolloré© (Reuters)

Quel est l'intérêt pour Nicolas Sarkozy ?

La philanthropie, l'amitié... (sourires). Quelque chose m'a beaucoup frappé. Après avoir fait croisière sur le Paloma, le yacht de Bolloré (au lendemain de son élection, en mai 2007 - NDLR), Sarkozy a dit : “Je souhaiterais qu'en France, il y ait beaucoup d'entrepreneurs comme M. Bolloré.” Puis M. Sarkozy nous a expliqué que jamais le groupe de M. Bolloré n'avait travaillé pour l'Etat. M. Bolloré a été remboursé au centuple de son yacht et de ses avions.

Avez-vous des raisons de croire qu'il y a d'autres arrière-plans financiers à ce soutien apporté à M. Bolloré ?

Allez donc demander à M. Claude Guéant pourquoi quinze jours avant la guerre en Libye, il a fait en sorte que M. Bolloré arrache le port de Misrata. Il l'avait obtenu grâce au système Kadhafi avant la guerre et il s'apprête à le garder après. Autre exemple : la Côte d'Ivoire. M. Bolloré a obtenu un monopole sur le port d'Abidjan, une mine d'or, grâce au président Gbagbo, dans des conditions juridiquement rocambolesques. Je rappelle que M. Gbagbo a décoré M. Bolloré quelques jours avant sa chute et que Bolloré a soutenu Gbagbo jusqu'à l'extrême limite du possible.

M. Ouattara, qui a battu Gbagbo aux dernières élections, mettait explicitement en cause un institut de sondages appartenant au groupe Bolloré d'avoir livré des sondages favorables à Gbagbo. M. Ouattara arrive finalement au pouvoir : il invite M. Bolloré à sa table d'honneur le jour de son intronisation. Que pensez-vous qu'il se soit passé? L'un des industriels les plus proches du président m'a confié que Sarkozy lui-même avait exigé de M. Ouattara que Bolloré garde toutes ses positions sur le port d'Abidjan.

Ces cas sont vérifiables. Une fois, on peut s'interroger. Deux fois, on peut douter. Trois fois, c'est une forme de certitude. A la quatrième, on a la preuve d'un système. On est passé des mallettes de M. Bourgi, qui étaient un secret de Polichinelle, à quelque chose de beaucoup plus fort. On est passé de la Françafrique des mallettes à la Sarkafrique des concessions.

Hortefeux, Carignon, Balkany...

On peut imaginer qu'il existait le même type de messages à Omar Bongo, au Gabon, pour favoriser l'attribution à Elf de telle ou telle concession pétrolière, non ?

Je ne parle que de ce que je connais. Mais les enjeux nationaux étaient autres avec le pétrole, dont dépendait une partie de l'indépendance énergétique de la France selon le général de Gaulle. Pouvez-vous me dire quel est l'intérêt stratégique pour la France de donner une concession à M. Bolloré ?

Il y a l'argument de la défense des entreprises françaises.

Et Getma, la société qui a été chassée par Bolloré du port de Conakry, en Guinée, ce n'est pas une entreprise française, peut-être ? C'est une entreprise française ! Elle est installée près des Champs-Elysées. Tout cela peut s'apparenter à un système. En tout cas, c'est systématique. Avec les pressions et les envoyés parallèles.

Qui sont ces envoyés ?

 

MM. Balkany et Bourgi  
MM. Balkany et Bourgi© (Reuters)

Patrick Balkany, député-maire de Levallois-Perret, intime de Nicolas Sarkozy, joue par exemple un rôle considérable dans ce système. Et il est sûrement là pour représenter l'honnêteté française... Franchement, quand on voit cet élu des Hauts-de-Seine accompagner en permanence le président de la République dans ses déplacements africains et revenir après dans les pays pour faire passer les messages, on a la nausée. Quand on voit la place d'Alain Carignon, autre grande figure de l'honnêteté française, auprès de Brice Hortefeux, lequel est très actif dans toutes ces affaires africaines, on a du dégoût.

Comment considérer ce que vous dénoncez aujourd'hui comme autre chose qu'une vengeance de mauvais perdant face au groupe Bolloré ?

Ah, mais moi, j'ai perdu. C'est sûr. Il m'a éliminé. J'ai 65 ans, je prends ma retraite. Je ne suis plus actif dans ce secteur. J'ai vendu le fonds de commerce de mon groupe. C'est un problème qui ne me concerne plus personnellement. A mes yeux, c'est aujourd'hui de nécessité de mettre Sarkozy et ses relais, au premier rang desquels Bolloré, à la porte de l'Elysée. Je rappelle d'ailleurs que MM. Sarkozy et Bolloré ont le même conseiller : Alain Minc. Il faut mettre fin au système. Le système Bolloré est une pieuvre.

Réclamez-vous une commission d'enquête parlementaire ?

Je pense que le fonctionnement du système Sarkozy en Afrique, dont Bolloré est le pivot, serait en effet un excellent sujet d'enquête parlementaire. Mais au Sénat, qui vient de basculer à gauche, je lisais que la nouvelle majorité s'interrogeait sur des sujets marquant le changement. Voilà un beau sujet, le soutien politique apporté aux investissements privés de M. Bolloré en Afrique, les pressions exercées sur les Etats africains, les méthodes d'attribution des marchés au groupe Bolloré, et enfin qui en tire bénéfice.

Dans le livre Sarko m'a tuer (Stock), vous avez raconté une scène surprenante du début des années 1980 durant laquelle Nicolas Sarkozy, maire de Neuilly et avocat, aurait demandé que la société que vous dirigiez alors couvre des prestations juridiques fictives à son profit. Quelles ont été les réactions de l'Elysée suite à ces confidences ?

Aucune. Peut-être savent-ils que j'ai des archives.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 11:03
| Par Louise Fessard

 

Les sénateurs discutent le 25 octobre 2011 d'une proposition de loi, adoptée par l'Assemble nationale le 12 octobre, créant un service citoyen encadré par d'anciens militaires pour les mineurs délinquants de 16 ans et plus. A la suite du changement de majorité au Sénat, cette proposition de loi du député UMP Eric Ciotti, déjà rejetée par la commission des lois du Sénat, pourrait également être écartée en séance plénière mardi. «Si à l'issue de la séance, le Sénat adopte, comme je l'espère, la question préalable présentée par la commission des lois, la proposition de loi sera réputée rejetée», explique Jean-Pierre Sueur, président PS de cette commission.

Le projet, approuvé par Nicolas Sarkozy, s'inscrit dans une orientation idéologique constante depuis 2007 : concentrer les moyens de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) sur une réponse pénale dans des centres fermés (centres éducatifs fermés, établissements pénitentiaires pour mineurs et maintenant établissements publics d'insertion de la défense ou Epide), à rebours d'un accompagnement éducatif au long cours en milieu ouvert.

«Je n'ai rien contre les Epide, expliquait ainsi Jean-Jacques Urvoas, le monsieur sécurité du PS lors d'un débat public à Marseille le 17 septembre. Mais le problème est ce qui se passe après. Si on ne s'occupe pas des jeunes quand ils retournent dans leurs quartiers, ils risquent de retomber dans les mêmes fréquentations, les mêmes conneries, et ça, la droite, qui a supprimé 600 postes d'éducateurs de rue en quatre ans, ne veut pas le comprendre.» «Quand on voit l'insuffisance notoire du budget de la PJJ, on comprend qu'on a affaire à une loi d'affichage, totalement improvisée», estime également Jean-Pierre Sueur.

En juin 2011, à l'Unité éducative de milieu ouvert (UEMO) Viton, Mediapart avait rencontré deux éducateurs de la PJJ qui suivent les jeunes délinquants de l'est de Marseille. Leur travail : démêler l'écheveau de vies compliquées, parfois entre délinquance et maltraitance, et s'assurer du suivi des mesures ou de la peine prononcées par le juge des enfants. Un psychologue et une assistante sociale sont également présents à Viton. Une tâche de longue haleine, bien moins médiatique et spectaculaire que les centres éducatifs fermés et autres EPM qui ont actuellement les faveurs du gouvernement.

Chacun des sept éducateurs de l'UEMO Viton suit une vingtaine de jeunes, avant et après un éventuelle condamnation par le juge des enfants, avec des pics à trente. «Mais à trente, on ne les voit qu'une fois par mois, ce n'est plus du suivi», dit Gérard Bourgon, 58 ans.

Cet ancien pédopsychiatre a roulé sa bosse comme éducateur spécialisé dans la banlieue parisienne, puis dans un foyer marseillais avant de rejoindre le «milieu ouvert». L'éducateur de la PJJ fonctionne avec un juge des enfants, toujours le même pour chaque jeune : «Les jeunes sont parfois interloqués de voir que l'information remonte jusqu'au magistrat», relève Gérard Bourgon.

Certains jeunes sont très demandeurs, d'autres ne se lèveront que si leur éducateur vient leur secouer les puces chez eux. «Nous préférons voir le jeune ici, mais ça ne nous empêche pas d'aller le réveiller le matin quand il a rendez-vous à la mission locale, explique Serge Hallépée, le directeur de l'UEMO. C'est l'occasion de voir dans quelles conditions il vit. Parfois le gamin n'a pas de chambre ou il dort dans le même lit que sa sœur.»  

«Le plus long est d'établir le lien, qu'il y ait une sorte de confiance réciproque, après le jeune sait qu'on va faire de la route ensemble», explique Gérard Bourgon. En moyenne deux ans. «Parfois, c'est une erreur de parcours et le jeune repart rapidement sur une bonne trajectoire, parfois on le suit de 13 à 19 ans», détaille Stéphanie Martinon, 33 ans, également éducatrice.

Lorsqu'on évoque la réponse immédiate aux infractions prônée autant à droite qu'à gauche, ils sourient. L'unité a accumulé une cinquantaine de mesures éducatives en retard, soit cinquante jeunes qui devraient être suivis mais ne le sont pas pour l'instant, faute du poste d'éducateur supplémentaire nécessaire.

L'éducateur de milieu ouvert est du genre sparadrap. Même lorsque son «client» est en détention, il ne le lâche pas et prépare sa sortie en lien avec les éducateurs de la prison, quand il y en a.

Du sur mesure

Les éducateurs de Marseille rendent ainsi régulièrement visite à des jeunes emprisonnés au quartier pour mineurs de Grasse, à la prison pour mineurs de Meyzieu près de Lyon, ou jusqu'à celle de Lavaur près de Toulouse. Avec parfois des déblocages en prison: «Hier nous avons reçu les parents d'une jeune fille détenue aux Baumettes, car nous allons faire un signalement pour des agressions sexuelles dont elle aurait été victime dans son enfance et dont elle a parlé depuis qu'elle est en prison», explique Stéphanie Martinon.

Premier acte, des investigations qui peuvent durer six mois pour faire l'état des lieux, rencontrer à plusieurs reprises le jeune et ses parents, réfléchir aux moyens de faire bouger les dysfonctionnements repérés. «On fait vraiment du sur mesure à la PJJ, il faut travailler avec tout ce qui fait l'environnement du gamin, sa famille, les associations, les enseignants, etc., explique Serge Hallépée. Nous avons parfois des difficultés à rencontrer les parents, on se rend compte que les boîtes à lettres sont cassées, qu'on ne s'est pas adressés à la bonne personne (par exemple dans les familles comoriennes, c'est l'oncle maternel qui est chargé de l'éducation, pas le père), que les parents ne savent pas lire ou se font une représentation telle de l'institution judiciaire qu'ils n'osent pas...»

C'est à la lumière de ces investigations que le juge prononce des mesures éducatives, et éventuellement une peine.

Ce mercredi-là, Gérard Bourgon a dû annuler tous ces rendez-vous de l'après-midi, afin de se rendre au tribunal pour enfants de Marseille, où un garçon qu'il suit est jugé pour quatre affaires. Le jeune homme déscolarisé depuis juin 2010, et en liberté surveillée, est, entre autres, accusé d'outrage à des forces de police. Le cas ne se présente pas bien. «Il avait signé une convention pour faire un stage chez un maçon mais il n'est pas venu, ce qui risque de lui être préjudiciable auprès du juge», soupire Gérard Bourgon.

Lors des audiences, les éducateurs de la PJJ plaident sur le plan éducatif «pour faire ressortir ce qui est positif, les efforts réalisés et s'il a vraiment déconné, on le dit aussi», explique-t-il.

Avec des cas de conscience, comme quand un jeune confie qu'il a gardé l'argent d'un casse. «A l'audience, j'ai été obligée de lui dire "Sois honnête et raconte tout", se rappelle Stéphanie Martinon. C'est normal, nous ne sommes pas des éducateurs de rue, nous dépendons du ministère de la justice.»

«Nous ne sommes pas des magiciens»

Au tribunal pour enfants de Marseille, c'est du grand pêle-mêle. Prévenus, auteurs, adultes et mineurs patientent ensemble dans les couloirs, les escaliers, sans suffisamment de sièges pour tous. «Ça créée une promiscuité choquante, dit Gérard Bourgon. Mais parfois aussi, on a des victimes très en colère qui veulent des milliers d'euros de dédommagement et comprennent à l'audience qu'on ne peut demander ça face à de telles trajectoires de vie.»

Car la PJJ sert de recours quand les autres institutions craquent. «Très souvent quand les gamins arrivent chez nous, ils sont lâchés de partout, éducation nationale, missions locales, aide sociale à l'enfance, et on nous attend au tournant», dit Stéphanie Martinon. «On essaie de travailler avec l'éducation nationale, mais elle est en difficulté et n'a pas les moyens de prendre en charge les jeunes avec des troubles du comportement, regrette le directeur de l'Uemo. Les classes-relais à Marseille se comptent sur les doigts de la main de Django Reinhardt. On a aussi du mal à trouver des institutions pour les gamins psychotiques, tout le monde se refile la patate chaude et on les retrouve chez nous.»

A ceci près que les éducateurs ne sont «pas des sauveurs», remarque Gérard Bourgon.  «Quand dans une cité, comme celle de La Cayolle (au sud de Marseille), les familles sont dans la transgression sur plusieurs générations, nous n'allons pas faire des miracles et changer le système», dit-il. «En fait, nous sommes souvent victimes de représentations idéalisées des autres institutions, qui nous prennent pour des magiciens et essaient de nous refiler le bébé», souligne le directeur.

Un phénomène encore accentué par la judiciarisation actuelle, c'est-à-dire cette tendance à déléguer à la justice ce qui aurait pu être traité par l'école ou le commissariat du coin. «La dernière fois, nous avons reçu trois copains de troisième, qui avaient balancé des fruits depuis la fenêtre d'un appartement dans une cour de récré, raconte Gérard Bourgon. Une fillette avait reçu un citron dans l'œil et a eu un cocard. Les jeunes avaient fait un peu de garde à vue, eu une trouille bleue, ça suffisait. Etait-ce la peine de mobiliser la grosse cavalerie de la justice pour ça ?»

«On veut mettre ces jeunes à l'écart»

Les éducateurs sont aussi assez sceptiques sur la transformation actuelle des foyers classiques en centres fermés, qui s'accompagne d'une baisse des moyens de la PJJ en milieu ouvert. «Ce sont des structures hypercontenantes avec un emploi du temps très minuté et des activités intenses, le problème est le sas de sortie: que se passe-t-il quand le gamin retrouve son environnement, sa famille?», demande Gérard Bourgon.

«La PJJ en milieu ouvert fait un travail très long, très patient de partenariat avec d'autres organisations, de construction d'un lien de confiance avec le jeune, qui est aujourd'hui considéré comme une perte de temps, décrypte Maria Inès, co-secrétaire nationale du syndicat SNPES-PJJ. On veut aller plus vite pour ces jeunes, les mettre à l'écart dans des centres fermés pour qu'on ne les entende plus dans ces quartiers, et c'est tout. Mais quand ils sortent de centre éducatif fermé, la plupart continuent à être suivis par la PJJ, car les problèmes ne se résolvent pas magiquement en six mois de séjour dans un centre.»

«L'efficacité de la PJJ n'est pas visible sur le court terme, mais c'est le sens même de notre travail de se dérouler sur le long terme», dit Stéphanie Martinon.

Il y a des belles histoires, comme ce jeune Comorien suivi sur une affaire criminelle à 16 ans, qu'ils ont récemment revu. Il était devenu animateur. Mais la plupart du temps, les jeunes devenus adultes ne donnent pas de nouvelles. «Et ça arrive aussi qu'on apprenne par des collègues de la pénitentiaire qu'untel est aux Baumettes», raconte Stéphanie Martinon.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 10:51
| Par Mathieu Magnaudeix

«On a aidé l'automobile, on a aidé les banques. Moi, j'ai bossé 41 ans, et voilà que je me retrouve avec 400 euros par mois.» Marie est en colère. Cette secrétaire de 58 ans travaille depuis qu'elle a 17 ans. «En 2005, l'imprimerie où je travaillais a fermé. La restructuration a entraîné la suppression d'une dizaine de sites en France.» Par la suite, Marie a enchaîné les CDD. «Quand vous avez passé 55 ans, il faut s'accrocher car on ne vous fait pas de cadeaux, mais j'y suis arrivée», dit-elle avec fierté.

Pourtant, depuis mars 2010, Marie n'a plus rien retrouvé. «A 57 ans, il faut croire que les entreprises ne voulaient plus de moi.» Avec ses 41 ans de cotisation, elle pensait partir sans problème à 60 ans. Mais la réforme des retraites est passée par là: Marie ne pourra pas faire valoir ses droits à la retraite avant ses 61 ans. Elle s'était un peu consolée en se disant que, d'ici là, elle pourrait au moins toucher l'allocation équivalent-retraite, une dotation de 1000 euros réservée aux chômeurs qui, comme elle, ont validé tous les trimestres nécessaires. Mais le 1er janvier 2011, l'AER a été supprimée. Marie vit désormais de l'allocation spécifique de solidarité, minimum réservé aux chômeurs en fin de droits: 460 euros les mois pairs et 471 les mois impairs. «Une injustice de plus», commente Marie.

Comme elle, plusieurs dizaines de milliers de chômeurs «seniors» se retrouvent dans l'impasse. Selon l'Unedic, plus de 50.000 personnes ont touché l'allocation équivalent-retraite en 2010, avant sa suppression. En septembre 2010, François Fillon avait chargé syndicats et patronat de rétablir un dispositif «équivalent», «pérenne pour les travailleurs les plus âgés». Mais les partenaires sociaux, qui gèrent l'assurance-chomage, n'avaient pas prévu de la financer, estimant que c'était à l'Etat de gérer les conséquences de sa réforme des retraites. Résultat: après plusieurs mois d'attente, le gouvernement vient d'annoncer une allocation transitoire de solidarité (ATS). Selon le ministère du travail, le décret devrait être publié «incessamment sous peu».

De loin, l'ATS ressemble à l'AER. Son montant est le même. De près, elle n'en est pourtant qu'un pâle ersatz. L'AER est en effet beaucoup plus restrictive. Pour l'obtenir, il faut cumuler bien des conditions, en plus de l'obligation d'avoir validé tous ses trimestres, déjà nécessaire pour obtenir l'AER:

Selon le ministère du travail, 11.000 personnes au total pourront toucher l'ATS d'ici 2014, date d'extinction de ce dispositif temporaire. «C'est un peu moins que l'AER», concède le service de presse. Un doux euphémisme. «A peine 4000 personnes par an alors que plus de 50.000 ont touché l'AER l'an dernier, ça ne répond pas du tout à la situation, s'insurge Eric Aubin, le M. retraites de la CGT. Un paquet de demandeurs d'emplois de moins de 60 ans n'entrent plus dans le dispositif alors qu'ils ont tous leurs trimestres validés! C'est de l'enfumage...»

«C'est un premier pas (...) mais il est très insuffisant et porteur de trop d'injustice sociale», estime le secrétaire national de la CFDT, Laurent Berger.

Retour au travail

 

© http://defenseaer.wordpress.com/

Tout à sa volonté affichée de ne rien faire pour encourager l'inactivité des seniors, le gouvernement laisse en effet sur le carreau des dizaines de milliers de moins de 60 ans, forcés d'attendre la retraite après une carrière complète avec les minima sociaux pour seules ressources. «La nouvelle allocation est loin de répondre à la problématique des seniors âgés de 58 à 60 ans qui se verront exclus du dispositif, déplore Monique Manca, présidente de l'association de défense contre la suppression de l'AER. C'est pourtant cette population-là qui va se trouver en grande précarité, parce que la réforme des retraites les touche de plein fouet. A 58 ans, certains bassins d'emploi, dont celui de Montbéliard où je réside, sont incapables de replacer les gens dans le milieu du travail.»

Mediapart a interrogé certaines de ces victimes peu entendues de la réforme des retraites. Isolés, ils s'entraident depuis des mois sur Internet et tentent d'alerter gouvernement, élus et médias. «Le gouvernement fait croire qu'il a rétabli l'AER, c'est dégueulasse», estime Maryse Mogenier. Cette habitante de Noisy-le-Grand âgée de 59 ans a connu plusieurs licenciements économiques. Elle est au chômage depuis 2008. «Et pourtant, j'en ai fait des sacrifices: pour le dernier boulot, j'avais même accepté de baisser mon salaire de 40%! Mais passé 55 ans, faut pas se leurrer, on ne veut plus de vous.» Depuis un mois, Maryse est en fin de droits. Réforme des retraites et suppression de l'AER oblige, elle ne pourra faire valoir ses droits à la retraite qu'à 60 ans et 4 mois, en mai 2012. D'ici là, elle n'aura pour seules ressources que les fameux 460 euros de l'ASS. «Je vais emprunter de l'argent à ma fille. Et encore j'ai de la chance: si j'étais née quelques jours plus tard, début 1952, j'aurais dû attendre quatre mois de plus!»

René Némoz, lui aussi, est très remonté. Intérimaire dans le bâtiment, âgé de 58 ans, il se dit «détruit» par une arthrose à l'épaule et au dos. René travaille depuis qu'il a 17 ans. D'intérims en CDD, entrecoupés de longues pauses «pour récupérer», il a épuisé ses droits au chômage. Né en 1953, René ne prendra sa retraite qu'à 61 ans. Et il devra attendre ses 60 ans pour toucher la nouvelle allocation annoncée par le gouvernement. D'ici là, pendant quinze mois, René devra se contenter de 460 euros par mois. «On nous laisse dans l'oubli et la précarité», dit René.

La réforme des retraites de 2010 prévoit bien la retraite à 60 ans pour ceux qui ont exercé un métier pénible, mais comme beaucoup d'autres, René n'a même pas tenté les démarches: la procédure est fastidieuse, et les critères si restrictifs qu'il est persuadé que c'est perdu d'avance.

D'autres se retrouvent même sans aucun revenu, car leur ménage a des revenus supérieurs aux plafonds de ressources de l'ASS. C'est le cas de Martine, 60 ans, cadre dans l'informatique au chômage depuis deux ans et demi, en fin de droits depuis un mois. «Avec le recul de l'âge légal, je me retrouve sans aucune ressource d'ici à début 2012. Alors bien sûr, j'ai mon mari... mais j'en veux vraiment beaucoup au gouvernement d'avoir renoncé à la suppression de charges sociales pour les entreprises qui emploient des seniors, pourtant prévue dans la réforme des retraites», explique-t-elle. De fait, cette exonération a été remplacée par une aide à l'embauche d'un contrat en alternance, un dispositif peu adapté aux cadres.

Çà et là, d'autres seniors ont eux aussi eu de mauvaises suprises, notamment ces salariés partis en préretraite qui risquent également de se retrouver en fin de droits... ou de devoir revenir travailler quelques mois pour attendre l'âge légal. Comme Joël Doutre: le 14 novembre prochain, ce Charentais, ancien du Crédit mutuel, va reprendre le chemin du bureau. Il était parti en préretraite en mars 2010, à 58 ans, après avoir signé un contrat de départ anticipé. «En théorie, ce contrat devait durer 5 ans: une période de 3 ans à temps plein dans l'entreprise payée 80%, suivi de deux ans à la maison payé au même tarif. Ça devait coïncider pile avec ma retraite pour mes 60 ans, en avril 2011. Mais avec la réforme, je dois travailler huit mois de plus.» Evidemment, Joël, gestionnaire de produits d'épargne, a été remplacé. La DRH lui a trouvé un poste au service documentation: il va scanner des documents en attendant la retraite. Comme lui, une soixantaine des 6000 salariés du Crédit mutuel Arkea (qui regroupe les régions Bretagne, Sud-Ouest et Massif central) sont concernés... «L'entreprise gère au cas par cas», explique-t-il.

Confrontées au même problème, d'autres entreprises comme Sanofi ou Michelin ont accepté de prolonger la prise en charge des préretraites, rapporte La Croix, afin d'éviter à leurs anciens salariés d'avoir à retravailler ou de se retrouver sans ressources.

Le groupe Renault, lui, n'a pas fait ce choix. En 2008, il lançait un grand plan de départ volontaires, prévoyant une indemnité, un congé de reclassement et une prise en charge par l'assurance chômage. Près de 5000 salariés avaient accepté, dont 1300 dans la seule usine de Sandouville (Seine-Maritime). Mais avec le recul de l'âge légal, certains vont se retrouver en fin de droits. La direction de Renault a assuré qu'elle réglerait la question «au cas par cas». «Ils n'ont pas exclu le retour de certains anciens salariés en intérim», explique Fabien Gache, délégué central de la CGT. D'après Nicolas Guermonprez, son collègue CGT de Sandouville, au moins 213 salariés sont concernés. «Certains risquent de se retrouver sans ressources pendant 18 mois. Et ce qui est sûr, c'est que très peu ont l'intention de revenir au boulot.» Les syndicats comptent bien mettre la pression sur l'entreprise pour la forcer à négocier.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 10:44

LEMONDE.FR avec Reuters, AFP et AP | 23.10.11 | 12h59   •  Mis à jour le 24.10.11 | 12h05

 
 

 

Un bâtiment effondré dans le village de Tabanli, dans la province de Van en Turquie, après le violent séisme qui a frappé l'Est du pays.

Un bâtiment effondré dans le village de Tabanli, dans la province de Van en Turquie, après le violent séisme qui a frappé l'Est du pays.AFP/ABDURRAHMAN ANTAKYALI

Le séisme de magnitude 7,2, selon l'institut américain de géophysique USGS, qui a secoué dimanche la province orientale turque de Van a fait au moins 264 morts, selon un nouveau bilan présenté lundi par le ministre de l'intérieur turc Idris Naim Sahin. Un précédent bilan donné par le vice-premier ministre turc faisait état de 239 morts et de 1 300 blessés.

 

Plusieurs maisons se sont effondrées à la suite du séisme dans la province orientale de Van.

Plusieurs maisons se sont effondrées à la suite du séisme dans la province orientale de Van.D.R.

Des morts et des dégâts supplémentaires étaient signalés en provenance de petits villages reculés, généralement sans électricité ni liaisons téléphoniques. Le premier ministre Recep Tayyip Erdogan s'est rendu sur place. Il a survolé Ercis en hélicoptère pour mesurer l'ampleur des dégâts. "Le problème le plus important maintenant, ce sont les villages proches de Van car les bâtiments sont en adobe [briques de terre et paille séchées au soleil]. Ils sont plus vulnérables aux séismes. Je dois dire que quasi tous les bâtiments dans ces villages sont détruits", a dit Recep Tayyip Erdogan, qui doit réunir son gouvernement lundi. La terre a tremblé dimanche à 10 h 41 GMT à 20 km au nord de Van et plus de 70 répliques, certaines assez fortes, ont été ressenties dans la journée.

Les premiers témoignages faisaient état d'importants dégâts. "Certains bâtiments ont subi des dommages, mais nous n'avons pas reçu d'informations sur des victimes. La secousse a provoqué une grande panique", a dit le maire de Van, Bekir Kaya, sur la chaîne privée turque d'information NTV. Le tremblement de terre a entraîné un important mouvement de panique. Les premières images diffusées montraient des habitants en train de fuir dans le désordre leurs habitations.

BESOINS NOMBREUX

L'armée a annoncé le déploiement de deux bataillons pour participer aux opérations de secours. On ignore ce qu'est devenue une église arménienne du Xe siècle sur l'île d'Akdamar, récemment restaurée par les autorités turques en geste d'apaisement à l'égard de l'Arménie.

 

 

 

Dimanche soir, les besoins étaient nombreux : "Nous avons un besoin urgent de tentes et d'équipes de secours. Nous n'avons pas d'ambulances et nous n'avons qu'un seul hôpital", a déclaré Zulfukar Arapoglu, le maire d'Ercis, à la chaîne de télévision NTV. Les secouristes ont poursuivi par un froid glacial dans la nuit de dimanche à lundi la recherche de survivants.

PROPOSITIONS D'AIDE

Les propositions d'aide ont afflué d'Europe, de l'OTAN, de la Chine, de l'Azerbaïdjan, du Japon, des Etats-Unis et d'Israël, dont les relations avec la Turquie sont considérablement refroidies depuis l'arraisonnement en 2010 d'une flottille humanitaire pour Gaza. Recep Tayyip Erdogan a remercié ces gouvernements mais a assuré que la Turquie pourrait faire face seule à la situation. Serge Sarkissian, le président de l'Arménie, pays dont les relations sont historiquement tendues avec la Turquie, a appelé son homologue turc, Abdullah Gül, pour transmettre ses condoléances.

Le Croissant rouge iranien a envoyé une première équipe de secouristes et de l'aide médicale et alimentaire, a rapporté lundi l'agence officielle Irna.
"Vingt secouristes, 20 ambulances, un hôpital de campagne, 50 tentes et de l'aide alimentaires" ont été envoyés dans la région de Van, proche de la frontière iranienne, où le séisme a été le plus dévastateur, a déclaré Mahmoud Mozafar, chef du Croissant rouge iranien. "Les responsables turcs ont défini une zone dans la région de Van où les secouristes iraniens vont apporter de l'aide médicale aux blessés", a-t-il ajouté.

La Turquie, qui est traversée par plusieurs failles, connaît de fréquents séismes. Deux forts tremblements de terre dans les régions très peuplées et industrialisées du nord-ouest du pays avaient fait environ 20 000 morts, en août et novembre 1999, et les experts s'accordent sur le fait que la région d'Istanbul est menacée d'un fort séisme. En 1970, un tremblement de terre  avait fait plus de 1 000 morts dans la province de Kütahya.

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24 octobre 2011 1 24 /10 /octobre /2011 10:37

LEMONDE.FR avec AFP | 23.10.11 | 16h33

 
 

 

Au Japon, et suite à la catastrophe de Fukushima, l'entreprise Tepco va devoir faire d'importants efforts de restructuration.

Au Japon, et suite à la catastrophe de Fukushima, l'entreprise Tepco va devoir faire d'importants efforts de restructuration.REUTERS/STRINGER/JAPAN

L'opérateur de la centrale nucléaire accidentée Fukushima Daiichi, Tokyo Electric Power (Tepco), va vendre une partie des parts qu'il détient dans une société spécialisée dans l'éolien pour indemniser des victimes de la catastrophe nucléaire, selon le quotidien des affaires Nikkei paru dimanche.

Tepco va vendre 20 % d'Eurus Energy Holdings à la société Toyota Tsusho, pour un montant estimé à 20 milliards de yens (188 millions d'euros), précise le journal. Eurus Energy, principal exploitant de parcs éoliens au Japon, est détenu à 60% par TEPCO and 40 % par Toyota Tsusho.

Environ la moitié des 20 milliards de yens que Tepco retirera de la vente seront consacrés à l'indemnisation de victimes de l'accident nucléaire provoqué par le séisme et le tsunami du 11 mars dernier, indique le Nikkei sans préciser ses sources. Tepco s'est refusé à tout commentaire, affirmant dans un communiqué qu'"aucune décision n'a été prise à ce sujet".

Le groupe doit lever des fonds pour financer des indemnisations dont le montant pourrait s'élever au total à quelque 43 milliards d'euros d'ici à mars 2013, selon un panel d'experts mandatés par le gouvernement. Il espère y parvenir par des réductions de coûts, des ventes d'actifs et des restructurations, et grâce à une aide de l'Etat.

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 18:36

 

 

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 18:33

Les indignés manifestent contre le sommet européen
AFP
Lesoir.be

dimanche 23 octobre 2011, 20:17

Des indignés estiment que ce n’est pas aux citoyens de sauver les banques.

Sous quelques parasols colorés, les indignés se sont réunis dimanche, de 10 à 15 heures, sur la petite rue de la Loi, devant le rond-point Schuman, à Bruxelles. Ils manifestaient à l’encontre du sommet européen qui abordait les décisions possibles pour sortir la zone euro de la crise de la dette.

Selon la police, entre 60 et 80 personnes ont pris part à l’action. Les indignés, qui ont estimé leur nombre à 150 participants, ont écrit sur une banderole géante – un mur dessiné d’une quinzaine de mètres de long – leurs revendications et doléances. Cette dernière, selon eux, a été confisquée par la police le temps de la manifestation.

Les Indignés ont également organisé un théâtre-action. Ils ont revêtu des masques à l’effigie d’Angela Merkel, de Georges Papandréou et de Nicolas Sarkozy. Le clou du spectacle a été l’entartrage des acteurs européens.

A 15 heures, avant de se disperser, la cinquantaine de manifestants encore présents a fait le tour du quartier européen en entonnant quelques slogans, devenus des incontournables. Aucun incident n’a été déclaré. Une petite manifestation qui se voulait avant tout symbolique. « L’important pour nous, c’était de répondre présent à ce sommet européen décisif. », remarque de nombreux Indignés.

(belga et Ophélie Delarouzée)

Rédaction en ligne

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23 octobre 2011 7 23 /10 /octobre /2011 18:24

AFP 231907 AFP FRS2629 19:08:29 23/10/2011

LA FERTE-SOUS-JOUARRE, 23 oct 2011 (AFP) - Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées dimanche à la Ferté-sous-Jouarre (Seine-et-Marne) pour dire "non au gaz de schiste" et exiger l'abrogation des permis de recherche d'hydrocarbures, a constaté un journaliste de l'AFP.
A l'appel des collectifs et associations anti-gaz de schiste, les manifestants (200 selon la gendarmerie, 400 selon les organisateurs) se sont regroupés place de la mairie, devant une grande banderole proclamant: "Gaz et pétrole de schiste, retrait des permis", accrochée sur une façade de l'édifice.
"Nous avons affaire à des opérateurs pétroliers qui n'ont pas l'intention de se laisser faire, qui n'ont pas renoncé à la manne financière que peut représenter pour eux la fracturation de la roche mère (...) il faut que nous soyons extrêmement vigilants", a averti Dominique Jourdain, du Collectif Carmen.
"Il faut maintenir la revendication" pour l'abrogation des permis d'exploration "parce qu'aujourd'hui, les textes législatifs, le code minier ne distinguent pas les permis conventionnels et les non conventionnels", a lancé la sénatrice PS Nicole Bricq, plaidant pour la refonte du code minier qui, selon elle, a été insuffisamment modifié en janvier.
Des associations tenaient des stands sur lesquels des brochures alertaient sur la dangerosité du gaz de schiste, et un stand vidéo retraçait la situation en Amérique du Nord. A Pittsburg, "on a identifié des problèmes de tremblement de terre, de risques sismiques, de pollution de l'eau", a témoigné l'eurodéputée (EELV) Sandrine Bélier.
Saluant l'abrogation de trois permis de recherche de gaz de schiste qui avaient été accordés à Total et à l'américain Schuepbach dans le sud de la France, annoncée par le gouvernement le 3 octobre, les orateurs se sont prononcés pour "une mobilisation citoyenne d'envergure" afin que d'autres permis en cours soient abrogés.
Selon le gouvernement, ces permis étaient les seuls parmi les 64 permis de recherche pétrolière et gazière en France à viser exclusivement les gaz de schiste.
Ces abrogations font suite à l'adoption d'une loi en juillet interdisant la technique controversée de la fracturation hydraulique utilisée pour extraire les gaz de schiste, faisant de la France le premier pays à la prohiber.
A Barjac (Gard), plusieurs milliers de manifestants ont également réclamé dimanche l'abrogation des 61 permis de recherche d'hydrocarbures encore en vigueur.
bm/paj/ei

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