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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 14:01
Agoravox - par enréfléchissant vendredi 30 décembre 2011

Analyse du mouvement des Indignés

Il existe trois genres d'indignés, ceux qui veulent une démocratie représentative ceux qui veulent une démocratie participative et ceux qui veulent une démocratie directe. Le mouvement rassemble ces trois genres d'indignés derrière une idée, la démocratie réelle. Suivant la position des indignés les assemblées populaires, qui sont l'endroit où ont lieu les débats sur la société et les prises de décisions au consensus de l'organisation, sont différentes. Pour que le mouvement des indignés rassemble tous les courants, il se concentre sur les débats d'idées en assemblée, et prendra un des courant, ou pas, quand chacun sera d'accord sur la suite. 

Il existe donc trois grandes formes de démocraties, la plus connue est la démocratie représentative. Dans ce genre de démocratie on vote pour des gens qui décident des lois, ça s'appelle des élections. Chacun des électeurs choisi un parti qui représente des idées, et les partis sont représentés par des gens qui veulent se faire élire et devenir des représentants politiques. La démocratie représentative est dotée d'un ou plusieurs outils de démocratie représentative qui feront qu'elle est plus ou moins démocratique, voici une liste non complète. L'hyper contrôle des représentants, un chef de gouvernement, un gouvernement, la proportionnelle, les ministères, des partis d'opposition, un parlement, immunité parlementaire, possibilité de dissolution et déclencher des élections par un des organes, monocamérisme, bicamérisme, suffrage indirect, sénat, chambre de députés, compte rendus des discussions parlementaires, prise en compte du vote blanc, suffrage universel. 

La démocratie participative est un système avec des représentants élus, et un ou plusieurs outils de démocratie participative, qui permettent au peuple de participer aux prises de décisions, les élus conservant le pouvoir de décision effectif. Voici une liste non complète d'outils de démocratie participative. Le référendum, les assemblées populaires participatives, commission extramunicipale au conseil de quartier, les conseils d’enfants, de jeunes et d’anciens, les cyber assemblées participatives, processus de consultation, jury citoyens, sondage délibératif, mandatés, tirage au sort des élus, assemblée décisionnelle, budget participatif, les représentants d'assemblée. 

La démocratie directe est une démocratie sans aucun représentants, les lois sont votés par le peuple. La démocratie directe connaît plusieurs outils de démocratie directe faisant quelle est plus ou moins démocratique. En voici une liste. Le vote au consensus, le vote en majorité, les assemblées populaires, les assemblées internet, un organe de traitement des propositions de vote, l'unanimité. La démocratie directe est en cour d'élaboration, plusieurs théories courent mais il lui manque la pratique. Quoiqu'il en soit, les encyclopédies sont une bonne source d'inspiration pour en apprendre d’avantage sur les différentes formes de démocraties. 

Les indignés sont divisés sur le fond du débat, chacun ayant son idée de ce que serait la démocratie réelle, certains pensent qu'il faut aller par étapes, d'autre jugent que non. Certains ne savent pas vraiment ce qu'ils veulent et d'autre sont convaincus. On peut observer trois courants donc, certains jouant sur les trois, le premier est donc le courant allant vers une démocratie représentative plus carrée, ayant beaucoup d'outils de démocratie représentative. Les gens dans le mouvement qui suivent ce courant, essayent en ce moment d'orienter les débats vers la reconnaissance du vote blanc, ils veulent faire passer une loi pour les présidentielles pour donner de la légitimité aux avis des électeurs. 

Les indignés suivant le courant de la démocratie participative, veulent en ce moment amener les débats sur le Référendum d'Initiative Populaire, voulant amener progressivement la démocratie vers plus de participation du peuple [ la france est actuellement une démocratie ayant un outil de démocratie participative, le référendum ], certains parlent de constituante, d'autre veulent plus ou moins copier la démocratie athénienne [ qui était la démocratie participative la plus avancée ]. Ces indignés influencent consciemment ou pas les assemblées populaires en prenant comme organisation d'assemblée la méthode du guide pour la dynamisation rapide des assemblées populaires. C'est un texte expliquant comment tenir une assemblée avec une équipe de modérateurs, ce texte donne une méthode qui tend vers une hiérarchisation dans l'assemblée qui s'adapterait dans un modèle de société de démocratie participative, où les assemblées auraient un rôle de participation essentiellement. 

Les indignés suivant le courant vers la démocratie directe, prennent dans les assemblées populaire une organisation plus horizontale, fonctionnant sur l'autogestion. Pour pouvoir par la suite s'incorporer dans une démocratie directe. Ces assemblées de par leur organisation recherchent plus l'écoute de chacun plutôt que d'imposer des idées.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:57

tdg.ch -

ATS | 30.12.2011 | 15:07


Campement | La Ville de Genève devrait se montrer tolérante vis-à-vis des Indignés tant que ceux-ci respectent le site où sont érigées leurs tentes.

© Steeve Iuncker-Gomez | Photo d'archive La Ville de Genève se veut souple avec les Indignés genevois qui campent au parc des Bastions.
 


 

Les Indignés genevois qui campent au parc des Bastions devraient en principe plier bagages samedi, leur autorisation d’utiliser le domaine public arrivant à échéance. La Ville de Genève a toutefois promis de ne pas se montrer trop tatillonne à leur encontre.  «Il s’agit d’un délai élastique», a souligné vendredi Rémy Pagani, conseiller administratif de la Ville de Genève et responsable du Département des constructions et de l’aménagement. L’exécutif municipal discutera du dossier des Indignés et réexaminera la question à la rentrée.

Les Indignés ont la possibilité de renouveler leur demande d’autorisation d’utilisation du domaine public. Pour l’instant, «nous n’avons rien reçu», a fait savoir M. Pagani, mais les démarches pourraient parfaitement être entreprises par les militants au début du mois de janvier.
La Ville de Genève devrait se montrer tolérante vis-à-vis des Indignés tant que ceux-ci respectent le site où sont érigées leurs tentes. «Je suis passé dernièrement à côté du camp et il est à peu près organisé», a noté M.Pagani, affirmant n’avoir pas vu de déchets qui traînaient.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:54

Acampada Sol – les Indignés à Madrid by Patrick Chalmers

décembre 29, 2011, 7:14
Filed under: Cinema, Deuxième vendredi, Transition

 

“ACAMPADA SOL” 2011 55mn

Ce film a été fait par la Commission Audiovisuelle du mouvement des Indignés à Madrid : il retrace la lutte de ce mouvement qui a commencé le 15 mai à Madrid avec l’occupation de la place centrale de la capitale, la Puerta del Sol, et qui rapidement a essaimé à travers tout le pays.

Le film montre comment est né ce mouvement populaire, l’indignation de la population espagnole liée aux conséquences de la crise et au profond mécontentement des gens face aux mesures antisociales prises par les dirigeants politiques (chômage, expulsion de logements, etc). Un mécontentement, voire un dégoût des gens à l’égard d’un système politique qui se dit démocratique mais qui ne l’est pas du fait de la non représentativité de la classe dirigeante (le slogan le plus répandu est « no les votes, no nos representan »), du fait aussi de la corruption, des connivences avec la sphère financière, etc.

Le 15 mai le mouvement « Democracia Real Ya », un collectif de citoyens né quelques mois auparavant, convoque une manifestation à la suite de laquelle les gens décident d’occuper la place centrale de la ville.

Face à la répression les gens vont se solidariser et le campement va prendre de l’ampleur jusqu’à constituer une véritable ville dans la ville, une « médina » autogérée où les gens s’organisent, font des assemblées, construisent des centres d’informations, bibliothèque, garderie, etc.

Le film montre aussi comment s’est développé le système de l’assemblée avec une méthodologie du débat qui a permis de prendre des décisions collectivement à plusieurs milliers de personnes, une méthodologie fondée sur le consensus -et pas sur le compromis!- qui oblige les gens à prendre le temps de discuter, à faire l’effort de s’écouter.

Certaines assemblées ont duré plus de 15h ! Est également abordée la question de la relation des Indignés aux médias et l’hypocrisie de ces derniers qui ne se sont intéressés au mouvement qu’une fois que celui-ci a commencé à connaître un retentissement au niveau international. Les Indignés évoquent aussi l’importance des réseaux sociaux et des médias alternatifs, grâce auxquels ils parvenaient à se coordonner très vite sur une action déterminée.

Enfin, le film se termine sur la façon dont les Indignés ont choisi collectivement de lever le campement, après plus de trois semaines d’occupation, pour apporter « la révolution dans les quartiers » à travers des assemblées populaires fonctionnant à plus petite échelle, au plus près des problématiques de chaque localité ou quartier.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:50

 

jiho-kakarent bateau.jpg

 

Lorsque Stéphane Hessel écrît son petit opuscule « Indignez-vous ! » il eût été étonnant qu’il pressentît, et son succès phénoménal, et les mouvements qui en découlèrent ! Et pourtant…

 

Ces mouvements, fortement aidés par les nouvelles technologies, les réseaux sociaux et internet, sont fortement inspirés des révolutions arabes du printemps dernier, mais aussi des révoltes grecques, des mouvements portugais et islandais. Le positif, c’est qu’ils ont essaimés aux Etats-Unis et…en Russie. L’étonnant pour ne pas dire le déprimant c’est qu’ils restent inexistants en France, pays de toutes les révolutions… Peut-on penser que les Français se retiennent, qu’ils freinent leurs ardeurs parce qu’ils ont, très proche, la perspective d’exprimer leur indignation directement dans les urnes, en renvoyant à sa poubelle l’usurpateur ? Espérons-le.

 

Ces mouvements, pacifistes, sont le fait de gens éduqués et, malgré cela, rejetés par le système ultralibéral. Ce pacifisme ne pèse pas lourd devant les spadassins armés et casqués des gouvernements marionnettes des mafias financières. Resteront-ils pacifiques en 2012 ? Disparaitront-ils ? Ou se transformeront-ils en mouvements  beaucoup plus radicaux ?

 

Le monde tel qu’il est n’est plus viable. La terre crève de son obésité démographique. Il va se passer quelque chose. Forcément. Pour le meilleur ? Ou pour le pire ? Qui lo sa…

 

A l’an qué vèn…

 

Décadi 10 Nivose 220

 

Merci à Jiho

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:45

Lepost.fr - Publié par
enréfléchissant

  

"Le samedi 14 janvier, lors de la journée mondiale des assemblées populaires, les Indignés vont expérimenter la démocratie directe dans les quartiers de Marseille. Dans plus de cinq quartiers des personnes vont s’exprimer, s’écouter et construire.

Prenez vous aussi l’initiative d’organiser une assemblée populaire dans votre quartier ou dans votre ville, où que vous soyez.                           Pour cela créez un évènement facebook, partagez-le et faites le référencer http://map.indigne-e-s.net/ et http://www.facebook.com/pages/14Ja-Journ%C3%A9e-Mondiale-des-Assembl%C3%A9es-Populaires/114954968617520.

Nous sommes là pour vous aider à participer à cette journée. N’hésitez pas à nous contacter pour toute aide ou conseil (tract, diffusion, affiche). Nous invitons aussi toutes les personnes qui ne vont pas organiser d’assemblée à y participer.

Groupe de travail pour le 14 janvier – Mandaté par l’Assemblée Populaire de Marseille "

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:41
Note perso : *Les épisodes précédents se trouvent sur le blog dans la même rubrique

 

 
© Nathanaël Charbonnier

En posant le pied sur le parvis du Consortium Audiovisuel Public, Maurizio Caillard afficha un rictus dont on déchiffrait le sens sans être docteur en psychologie. Il était très contrarié. Désormais, on manifestait dans son pays sans relâche, jour après jour, nuit après nuit. En plus des gueulards habituels, de leurs défilés diurnes et de leurs slogans à rimes pauvres, des hurluberlus muets comme des morts venaient hanter ses nuits en transformant les rues de la capitale en cadavres exquis. C'était surréaliste.

Ces tous derniers temps à Paris, les Visiteurs du Soir s'étaient installés nuitamment Impasse de la Confiance, rue Malus et rue du Retrait. Aucun des conseillers présidentiels n'avait voulu y voir le moindre message personnel des noctambules au chef de l'Etat. La veille encore, des rassemblements nocturnes avaient été signalés dans des voies aux noms toujours plus évocateurs, parfois très menaçants. Ce fut le cas jusqu'à Belle-Ile en Mer où un procès-verbal fut dressé sur la commune du Palais, rue de la Poudrière.

Imogène, la «Première Dame» (en public son époux la désignait ainsi, il disait «La Première Dame»), Imogène-Collagène s'en était inquiétée. Elle disait craindre une insurrection. Elle était en proie à des suées, son sommeil ne trouvait plus la paix. La perspective d'une révolte populaire causait bien du souci à l'inexpressive épouse du Président déjà assombrie par la lecture certes inappropriée du livre «Une vie de Marie-Antoinette». Le tourment avait imprimé sa trace: elle avait pris une ride sur le front.

Et comme une contrariété ne vient jamais seule, cet idiot de chauffeur avait arrêté la limousine présidentielle devant un trou d'eau et de boue à cinquante centimètres du trottoir. Ce jour-là, il pleuvait depuis l'aube et le crépuscule s'annonçait. La portière arrière droite tout juste ouverte, on avait vu un pied de Maurizio Caillard s'enfoncer dans la flaque et s'en extraire sans son mocassin.

Furieux mais ne voulant rien laisser paraître de sa colère devant les caméras et les appareils photos, le Président s'était rechaussé en hâte et avait bondi sur le parvis en direction du directeur général du C.A.P. qui l'attendait au sec sous le large auvent du bâtiment. On avait alors entendu le soulier à glands produire à chaque pas le «chfprouiiittt» que laisse échapper le frottement du cuir détrempé sur la chaussette mouillée.

L'immeuble du Consortium Audiovisuel Public était une merveille architecturale, un objet esthétique de verre et d'acier assez peu fonctionnel aux dires de ceux qui y occupaient leurs journées. Dans ce quartier de l'ouest parisien envahi par les grues et les baraques de chantier, cette construction tout juste achevée frisait l'incongru, seule sur son lit de glaise au milieu de nulle part.

Officiellement, sa forme symbolisait une parabole orientée vers l'espace satellitaire. Du centre exactement de ce gigantesque rond incurvé jaillissait une sorte d'immense fer de lance effilé, une flèche dont l'ombre parcourait la façade tout le jour. Le bâtiment du C.A.P. trahissait en fait l'obsession de Maurizio Caillard pour tout ce qui donnait l'heure. Plus qu'une construction parabolique, c'était la plus grande horloge solaire au monde, un élément du grand œuvre que le Président des Français lèguerait à son pays pour la postérité, tel un Maître du Temps.

Le directeur général du C.A.P. s'inclina devant son hôte en lui serrant la main. Jean-Etienne Bicêtre était le plus haut dirigeant de l'audiovisuel public. Son autorité s'étendait à onze mille salariés et à une multitude de corps de métier. Celui que ses détracteurs surnommaient «le petit baron»  régnait sur plusieurs chaînes de télévision, de radio, et  sur les services associés qu'en proposait le net. Sur le papier, dans les annuaires, dans les abécédaires du «Qui est qui», cet homme était puissant. Jean-Etienne Bicêtre était puissant et obséquieux. Il était puissant et servile. Il était puissant et incroyablement obéissant.

Et il était puissamment décoré.

Sorti major d'une grande école, il avait tout tenté pour plaire mais sans y parvenir car il y avait chez lui quelque chose d'infiniment déplaisant. L'air profondément affecté, il affichait en permanence une mine de Shar-Peï. Il était tout en plis, les yeux tombants, le regard ailleurs. Jamais il ne fixait ses interlocuteurs. Avec ça, les mains jointes à hauteur de braguette, il penchait perpétuellement la tête comme un  Christ en croix. Sa carrière, il la devait à plusieurs lobbies qu'il cultivait inlassablement et fort efficacement à défaut de séduire. Son appartenance à une multitude de cénacles l'avait conduit là où il se trouvait.

Maurizio Caillard l'avait nommé sans conviction et par calcul à la direction générale du Consortium audiovisuel dont il tenait à assurer lui-même la présidence. Le premier personnage de l'Etat s'était autoproclamé chef de toutes les structures publiques. Sans que cela fît débat, il avait chassé les critiques d'une seule phrase: «Halte à l'hypocrisie». On avait élu un Président, un seul. C'était lui, pas un autre.

Le multi-Président Caillard ne venait pas seul dans les studios de la chaîne CapTV1. Il s'y était invité en compagnie d'une vieille gloire de la Nation, un respectable héros dont on était sans nouvelles depuis plusieurs années et pour cause: le Général Albert Prudon était vieux et malade. Selon des informations en provenance de ses proches, il souffrait de démence sénile, chose aussi surprenante pour  un homme de cent-deux ans que la turbulence chez un enfant de sept ans.

Contraint de s'adresser au pays en ces temps troublés de contestation insomniaque, le chef de l'Etat avait exigé de son directeur de cabinet qu'il lui trouvât une personnalité décorative, «une plante verte» comme il disait. Chacune de ses sorties donnait l'occasion de voir à ses côtés une célébrité des arts, une ancienne championne de ski, un international de rugby, un  chanteur populaire, un écrivain à succès. Cela créait à coup sûr une «diversion positive»; l'expression était de lui.

Le Général Prudon n'était ni un artiste ni un sportif de renom. Il entrait dans la catégorie présidentielle des «grandes autorités morales». Bref, le moment était parfaitement choisi pour faire apparaître cet anguleux visage de soldat héroïque sur les écrans en 3D de la télévision publique.

Debout près de son faire-valoir en fauteuil roulant, Maurizio Caillard examina sa montre -elle indiquait 19 heures, 59 minutes et 38 secondes- puis il se planta face à la caméra 1 dans une posture très solennelle. Son allocution  avait été conçue pour durer précisément six minutes.

Sur le fond, il l'avait voulue ferme, cette intervention. Plus ferme qu'autoritaire. Il avait choisi de rappeler aux téléspectateurs -ses électeurs- que toute contestation de son action revenait, de ce fait, à contester leurs votes. C'était le refrain habituel. Il le mettait en musique sur un ton presque rituel avec ce jeu mielleux de questions-réponses qu'il affectionnait tant. Les sourcils relevés, le signe de tête interpellateur, il demandait à peu près ceci: «Croyez-vous qu'il soit démocratique dans un Etat de droit de contester le résultat d'un scrutin?»... Puis il marquait un silence et haussait les épaules, les bras ballants, les mains ouvertes  en regardant ailleurs pour répondre d'évidence: «Eh bien moi, je suis comme vous, je ne le crois pas. Quand la majorité a parlé, la minorité s'incline, c'est la loi du nombre. C'est ça, la démocratie».

Avant ce soir-là, les Lieutenants de Maurizio Caillard avaient soigneusement préparé la prestation télévisée de leur patron. A grands coups d'entretiens accordés à la presse et de déclarations radiophoniques, ils avaient «banderillé la bête», comme ils le disaient entre eux. Ils avaient préparé le public à recevoir la parole sacrée du chef, leur chef, ce matador à qui revenait le privilège du coup d'épée final.

Les notes pompeuses de l'indicatif présidentiel venaient de retentir dans le studio. Face à l'objectif de la caméra 1, Maurizio Caillard s'apprêtait à regarder le Peuple au fond des yeux.

Dans la forme, tout avait été prévu aussi bien que sur le fond. Il avait tout écrit lui-même, des plans serrés aux plans larges et des plans fixes aux zooms, de la position des projecteurs à leur intensité lumineuse. Deux heures avant l'heure «h», un conducteur précis avait été remis au réalisateur. Ce synopsis intégrait soigneusement la présence du général Prudon aux côtés du chef de l'Etat. Dès que le Président prononcerait des expressions telles que «sacrifices de nos pères», «reçu en héritage» ou «les valeurs de la Nation», on zoomerait sur les traits ascétiques du vieux militaire en civil aux lèvres de momie. La grande faucheuse avait dû s'égarer en route. Les orbites de cet homme étaient si creuses, son regard tellement fixe!

Maurizio Caillard voulait être respecté.

Respecté, il le serait par procuration. Le héros assis-là y pourvoirait généreusement.

Eclairé à contre-jour dans un effet d'aura, le Président déroula son texte avec la prestance de l'acteur qui signe aussi la mise-en-scène. Près de lui, maquillé comme une poule de luxe pour les besoins du petit écran, le Général se tenait immobile. Sa belle tête de Sachem ne cillait même pas sous l'éclat brûlant des projos.

Quand la quatrième minute du message présidentiel vint à son terme, le réalisateur crut percevoir sur l'écran-témoin de la caméra 2 qui filmait Prudon un fugace mouvement des joues et du regard. Il n'y attacha pas d'importance. Derrière lui cependant, d'ordinaire peu causante en régie, la jeune femme employée aux incrustes lâcha entre ses dents d'une voix monocorde et basse: «Il va parler».

Le caméraman de plateau chargé de fixer le vieil homme en gros plan fut le premier à comprendre qu'un évènement imprévu s'annonçait. En voyant les pommettes d'Albert Prudon virer au pourpre sous le fard, il pensa d'abord à un malaise, peut-être à la mort en direct. Mais il discerna vite autre chose, une chose plus proche de la vie que du trépas. Les yeux du centenaire furent traversés par un éclair. Ce fut comme l'annonce d'un orage sur le point d'éclater. Puis la bouche du Général, très lentement, s'entrouvrit.

Le Général Albert Prudon affichait cinq étoiles au képi. Depuis l'âge de 16 ans, il avait été de toutes les guerres, il avait collectionné les blessures et les citations. Prudon  avait été fait prisonnier. On lui avait infligé la torture, les  simulacres d'exécution, on l'avait affamé. Une minuscule cellule à demi-immergée pour le contraindre à se tenir debout aurait pu être son dernier casernement. Il avait survécu pendant des mois dans ce bain saumâtre, adossé à un mur suintant. Son corps livré aux vermines et à la dysenterie avait fondu au point de ne plus peser que trente-sept kilos pour un mètre quatre-vingts. Cent fois, ce soldat d'exception avait nargué la camarde. Jamais il ne l'avait fait par bravade. Le sens du sacrifice, l'humilité et le respect du drapeau avaient toujours guidé son bras et ses actes. Il n'avait  aucun goût pour le protocole militaire qu'il jugeait trop clinquant et n'acceptait l'ordre que lorsque cela lui semblait nécessaire.

Il l'avait souvent dit au cours du siècle écoulé: il s'était engagé pour servir sa Patrie, son pays, son Peuple, tout cela au nom d'une conception de l'humanité qui récusait la docilité et la résignation.

Il y avait bien longtemps que Prudon ne parlait plus.

Chuchotées, presque inaudibles, à peine articulées, ses premières paroles depuis dix ou douze ans prirent la forme d'un mince filet plaintif venu, presque en hoquets, des tréfonds du larynx. Tout à son discours, Maurizio Caillard n'en distingua rien sur l'instant, jusqu'à ce qu'il prononça les mots: «... reçu en héritage...».

Soucieux de suivre le conducteur établi par le Président en personne, le réalisateur mit alors à l'antenne le visage du Général. Dans leurs foyers, les téléspectateurs se sentirent tout à coup libérés de la torpeur amère dans laquelle les plongeaient généralement les allocutions présidentielles. L'homme dont la figure héroïque ornait à présent leurs écrans n'était plus ce buste de cire parcheminée que le chef de l'Etat avait choisi ce soir pour décor. Il se dégageait de lui une colère explosive. La mèche lente de cette bombe humaine se consumait en une purée de borborygmes. Elle commençait à prendre corps, à s'emplir de sens pendant que réapparaissait sur les écrans l'indéfectible morgue du mari d'Imogène.

Caméra 2, caméra 1.

Caillard allait attaquer la dernière partie de son monologue quand il remarqua une sorte de bruit de fond que captait, pendant ce temps, le micro d'ambiance en surplomb.

Caméra 3. Plan large.

Un rapide coup d'œil vers la source de cette pollution sonore et il bafouilla son texte en constatant l'impensable: près de lui, la statue du Général avait bougé. Elle produisait à présent des bulles de vocalises. La main du Président se porta sur l'épaule de son invité. On vit ses doigts se crisper sur la chair du héros qui soudain s'écria: «Mais vous me faites mal!».

Sur le plateau comme en régie, la stupeur fit le vide.

Souriant d'hébétude, Maurizio Caillard chercha des yeux la caméra 1 en dodelinant de la tête comme pour dire: «Ah, ce vieil Albert alors, il nous surprendra toujours!». Installé près du réalisateur, le conseiller de l'Elysée Louis Muzeau de la Chaizière s'écria: «Gros plan sur le Président! Gros plan sur le Président!».

Le cameraman de la 1 fit un cadre serré sur le visage du chef de l'Etat, regard perdu et mine décomposée. L'image semblait figée. Rien ne bougeait, pas même les lèvres de  Caillard.

Et pourtant.

Des enceintes de la régie technique comme de celles de millions de téléviseurs, une voix d'arrière-ban sonore  pleine d'échos étouffants, cependant claire et forte quoiqu'un peu chevrotante, se faisait entendre des Français.

Le Général cinq étoiles Albert Prudon parlait de «forfaiture» et d' «obscénité». Il s'indignait tant et plus, il alignait les anathèmes en déplorant que l'on puisse à tout bout de champ «invoquer la loi avec autant de légèreté quand la justice fait si lourdement défaut, se réfugier derrière le droit quand on n'a plus d'éthique». Il dénonçait cette «néo-féodalité financière» qui permettait selon lui à une poignée d'individus aussi fortunés que cyniques d'assujettir leurs congénères les plus vulnérables. Ces «seigneurs de l'argent», martelait-il, «ces seigneurs de l'argent sont les grands marionnettistes du monde (...) Les chefs d'Etat sont leurs complices, leurs obligés, leurs vassaux, leurs kapos».

De temps à autre, le réquisitoire semblait s'éteindre. Il fallait hausser le son pour entendre le vieillard qui  repartait très vite et de plus belle vers d'amples intonations de Procureur. Maurizio Caillard en prenait pour son grade. Prudon l'appelait «ce misérable». Il le caricaturait en danseur de flamenco, en bouffon gominé, en joueur de castagnettes, «tout en gueule, tout en torse, tout en claquements de talonnettes».

Soudain grave, le héros brocardait à présent la «responsabilité» dont se réclamait inlassablement le chef de l'Etat. Le vieux militaire soulignait avec vigueur qu'un Président élu «ne peut se prévaloir que d'un humble et suprême devoir, celui que suppose la confiance accordée temporairement par le Peuple à l'un des siens».

A l'image, on ne voyait plus rien d'autre que le fond bleu du studio pendant qu'un Général centenaire assassinait en voix off  le chef des armées en personne.

Depuis trente secondes en effet, le Président avait pris congé en faisant voler au passage le drapeau national,  unique élément décoratif du plateau. Furieux, Caillard avait filé précipitamment vers la cage de verre au sein de laquelle l'équipe de réalisation désignée par le directeur général du C.A.P était, tout comme son patron, en eau. Puis le timbre du chef de l'Etat retentit à nouveau dans les téléviseurs, incroyablement saturé. «Lancez la pub' !!!» criait-il, «Bon Dieu, qu'attendez-vous pour lancer la pub' !?!». Il n'apparaissait toujours pas à l'écran mais son micro-cravate restait bel et bien ouvert.

-  La pub'?... s'étonna Bicêtre. Il semblait  plus ahuri que jamais.

 Maurizio Caillard avait depuis longtemps supprimé tout message publicitaire sur les chaînes du consortium public. Il l'avait fait au profit de l'audiovisuel privé dont il tenait ainsi les dirigeants, ses amis, «par les bourses» (cette expression dont il usait sans retenue lui arrachait invariablement un ricanement).

Témoin direct de la catastrophe aux côtés du réalisateur prostré, le conseiller Louis Muzeau de la Chaizière prit la direction des opérations. Il ordonna simplement et dans un style qu'on ne lui connaissait pas: «Coupez le micro du vieux, balancez l'indicatif de fin».

A cet instant précis, les cordes vocales du soldat vibraient encore aux oreilles des téléspectateurs captivés. Exaltés et émus à la fois, ils  entendaient le vieil homme leur délivrer posément cette recommandation: «Restez éveillés!... C'est la nuit que se gagnent les plus grandes batailles...». Cette harangue inattendue fut close sur un truisme éclairant: «... Et de l'obscurité jaillira la lumière».

Là-dessus, la symphonie présidentielle emplit l'air de ses notes cuivrées et sonna l'heure, en régie, du relâchement général. Il fut de courte durée. Car alors que l'indicatif musical battait son plein, la voix rageuse de Maurizio Caillard s'invita dans les téléviseurs par la magie sans âme d'un micro cravate ouvert. Plusieurs millions de ses compatriotes médusés -hommes, femmes et enfants- perçurent distinctement la menace que leur Président proféra soudain à l'encontre de son respectable invité: «J'vais l'crever!».

Il n'eut pas à se donner cette peine.

Sur le grand plateau de CapTV1, seul, comme assoupi sur son fauteuil roulant, le guerrier venait de s'éteindre en prononçant le mot «lumière». Mort au Champ d'Honneur, sous le feu des projecteurs.

Fin du cinquième épisode, la suite demain

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:36
| Par La rédaction de Mediapart

Moscou a jugé ce vendredi, selon un communiqué publié sur le site du ministère russe des Affaires étrangères, que les premiers commentaires fournis par les délégués de la Ligue arabe, en mission d'observation en Syrie, montrent que la situation est «rassurante» dans le pays après neuf mois de contestation contre Bachar al Assad. Le ministère précise que Moscou compte sur «le professionnalisme et l'impartialité» de l'équipe d'observateurs dépêchés par la Ligue arabe. La mission est conduite par le général soudanais Mohammed al-Dabi, dont ressurgit le passé fâcheux: il aurait participé à la création de milices au Darfour, à la fin des années 1990.

Âgé de 63 ans, ce général est un personnage central du système de sécurité soudanais. Nommé chef des services de renseignement le jour du coup d'État de 1989, il fut dès lors en première ligne de la lutte contre l'opposition interne, sous l'influence de l'idéologue islamiste Hassan al-Tourabi. C'est l'époque des prisons secrètes, des lieux de détention non répertoriés où les opposants sont torturés. Mohammed al-Dabi occupera ensuite plusieurs fonctions, dont l'une au Darfour, la province rebelle, théâtre d'une guerre ethnique qui a valu au président soudanais Omar el-Béchir, toujours en fonction, des inculpations de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide. Le fait que ce dernier soit passible de la Cour pénale internationale paraît avoir rassuré Bachar el-Assad sur les intentions de la Ligue arabe...

Chercheur au CNRS et spécialiste du Soudan, Marc Lavergne avait coordonné le groupe d'experts du Conseil de sécurité de l'ONU pour le Darfour en 2006. Pour RFI, il a relaté sa rencontre avec Mohammed al-Dabi: «Quand je l'ai connu au Soudan, il avait la fonction exactement inverse puisqu'il était chargé d'empêcher qu'on enquête sur les crimes contre l'humanité qui se déroulaient au Darfour. On a donc là quelqu'un qui passe lui-même pour un tortionnaire aux yeux des opposant soudanais. Ce monsieur a eu pour principales tâches au cours des années passées de combattre les rebelles du Darfour, mais aussi tous les opposants politiques, à Khartoum ou ailleurs dans le pays.»

Après la visite à Homs, berceau de la révolte populaire syrienne, le général Mohammed al-Dabi avait affirmé mercredi que la situation sur le terrain lui paraissait «rassurante». Cette prise de position avait provoqué une méfiance de la part des opposants mais aussi de la France qui avait noté que la brièveté de la visite accomplie par les observateurs ne leur permettait sans doute pas de se faire une idée précise de la réalité.

L'opposition syrienne affiche sa déception mais se garde bien de prononcer un jugement trop tranché sur l'initiative de la Ligue arabe. Celle-ci s'est donnée une semaine pour se faire une opinion sur la faisabilité d'une médiation. Le temps pour ses observateurs de convaincre l'opposition syrienne de leur indépendance sans pour autant indisposer le régime.

La Chine s'est, de son côté, félicitée jeudi de la mission «objective» de la Ligue arabe.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:30
| Par Mathilde Mathieu et Michaël Hajdenberg

La question vaut son pesant d'or: lorsque Nicolas Sarkozy discourt à Toulon devant 5.000 sympathisants, le 1er décembre, est-il chef de l'État ou candidat? Aux yeux des socialistes, c'est un pur «meeting» électoral, dont le coût doit être supporté par l'intéressé, non par le contribuable. Mais pour l'Élysée, Nicolas Sarkozy n'est toujours pas entré en campagne et ne fait là que son métier: «présider». Pourquoi lui faire payer la note?

Pour sa part, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a tranché la question du caractère partisan -ou non- d'un tel déplacement. D'après des chiffres inédits communiqués à Mediapart, l'autorité administrative indépendante chargée de contrôler la répartition des temps de parole entre l'opposition et la majorité dans les médias, a considéré que la plupart des propos tenus par Nicolas Sarkozy à Toulon relevaient du pur «débat politique», et qu'une minorité correspondait aux fonctions régaliennes du chef de l'État: 30 minutes d'un côté, 21 minutes de l'autre. De quoi alimenter les critiques socialistes sur les dépenses d'aménagement du Zénith, payées rubis sur l'ongle par l'Élysée.

 

Meeting de Toulon, devant 5.000 personnes, le 1er décembre.
Meeting de Toulon, devant 5.000 personnes, le 1er décembre.© (dr)

 

Depuis le 1er septembre 2009, en effet, le CSA décortique tous les propos télévisés de Nicolas Sarkozy et les classe en deux catégories: d'un côté, les phrases liées à sa fonction d'arbitre, de chef de guerre ou de garant de l'indépendance nationale, qui ne sont pas décomptées; de l'autre, les déclarations qui s'inscrivent dans le «débat politique national» et sont ajoutées au temps de parole de la majorité.

Avant 2009, aucune parole présidentielle n'avait jamais été prise en compte, au motif que la Constitution place le chef de l'État au-dessus des partis. Si le CSA a mis fin à cette sorte d'“immunité verbale”, c'est sous la contrainte du conseil d'État, qui a considéré dans un arrêt d'avril 2009 que les «interventions» du chef de l'État ne pouvaient plus «être regardées comme étrangères, par principe et sans aucune distinction (...), au débat politique national».

Depuis que le verbe présidentiel est ainsi placé sous surveillance, 52% des propos de Nicolas Sarkozy ont été considérés comme relevant du “débat national”, 48% du “régalien”, d'après des chiffres inédits communiqués par le CSA à Mediapart. En résumé, Nicolas Sarkozy s'exprime plus souvent en homme politique partisan qu'en chef de l'État neutre et impartial.

 

Pour Christine Kelly, membre du Conseil en charge du pluralisme, «le distinguo se fait sans difficulté»: «Quand on s'assoit et qu'on écoute, la répartition saute aux yeux; c'est sans ambiguïté. D'ailleurs, les chaînes et les radios font en général le même décompte que nous, à 1 ou 2% près.»

Cette statistique de 52%, les socialistes pourraient s'en emparer dès la rentrée, pour insister sur le caractère partisan des déplacements présidentiels et réclamer que leur coût soit, au moins en partie, assumé par Nicolas Sarkozy en personne plutôt que par l'Élysée. Le 19 décembre, déjà, lors d'un débat à l'Assemblée nationale sur le financement de la campagne présidentielle, ils ont encouragé la commission chargée du contrôle des comptes de campagne (la CNCCFP) à s'inspirer de l'attitude du CSA et à considérer, elle aussi, que les interventions de Nicolas Sarkozy n'étaient «pas réductibles» à ses missions d'arbitre, loin de là.

À la tribune, le député Jean-Jacques Urvoas a prôné un «parallélisme des formes» entre les deux autorités. Très grossièrement: si 52% des propos de Nicolas Sarkozy sont jugés partisans, pourquoi ne pas facturer 52% du coût de ses déplacements à l'intéressé?

L'«équité» à partir du 1er janvier

À partir du 1er janvier, date à laquelle «l'équité» des temps de parole entre candidats à la présidentielle devra être respectée sur les radios et télés, le CSA va même considérer Nicolas Sarkozy comme un «candidat présumé» et le traiter comme ses concurrents «déclarés» – tous les propos de ses soutiens seront comptabilisés.

«Nous n'attendons pas qu'il soit officiellement dans la course, explique Christine Kelly. Pour le CSA, ça ne change rien qu'il se déclare en décembre, janvier ou mars.» La définition de «candidat présumé»? «Celui qui recueille des soutiens publics significatifs en faveur de sa candidature.»

Du côté de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques, chargée de contrôler les comptes des candidats une fois le scrutin terminé et de vérifier qu'ils prennent bien à leur charge l'intégralité des frais engagés pendant leur campagne, on a une tout autre vision. «En principe, c'est la déclaration publique de candidature, ou le cas échéant l'investiture par une formation politique, qui est considérée comme marquant pour un candidat le début des opérations (financières)», explique le président de la Commission dans un courrier, en réponse au PS qui accuse Nicolas Sarkozy de mener campagne aux frais de l'Élysée. Avant cela, «en principe», aucune dépense ne peut lui être imputée.

La CNCCFP, tout de même, prévoit des exceptions à son principe. Certaines dépenses de Nicolas Sarkozy antérieures à sa déclaration de candidature, liées à ses multiples déplacements en province, devront ainsi être insérées dans son compte de campagne: chaque fois qu'il «est amené à exposer les éléments d'un programme». La Commission se laisse une sacrée marge d'appréciation…

En 2002, elle avait réintégré une partie des coûts relatifs à cinq réunions publiques préalables à la déclaration de candidature du président Chirac. Celui-ci avait en effet “omis” de les déclarer dans son compte – sans doute pour s'assurer qu'il ne dépasserait pas le plafond de dépenses autorisées. La Commission, cependant, n'avait comptabilisé que quelques milliers d'euros. D'après les socialistes (qui ne disposent d'aucun chiffre fiable à ce stade), le meeting de Toulon de Nicolas Sarkozy pourrait avoir coûté plusieurs centaines de milliers d'euros.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:26

| Par Martine Orange

La grande braderie  va pouvoir commencer en Grèce. Alors que le plan de restructuration de la dette grecque, officiellement arrêté en fin octobre, est toujours en discussion, le gouvernement de Lucas Papademos est sur le point de faire de nouvelles propositions. Pour convaincre les financiers d'accepter  d'échanger leurs titres contre des obligations de plus longue durée ou avec une décote, celui-ci  s'apprête à leur faire une nouvelle offre. Les nouveaux titres émis seraient gagés sur des biens publics.   Electricité, autoroutes, chemin de fer,  ports, immobilier, foncier , tout pourrait servir de garantie.

Appelées obligations de privatisation, ces nouveaux titres d'une durée de cinq ans devraient avoir des taux d'intérêt peu élevés, selon  les informations publiés par le quotidien grec Imerisia. Mais ils pourraient par la suite être transformés en actions, lorsque les sociétés sur lesquelles ils sont adossés, seraient privatisées. Ainsi les créanciers privés, qu'il convient toujours de rassurer, disposeraient de la double garantie d'avoir des actifs tangibles en contrepartie de leur prêt  et de pouvoir mettre la main sur des actifs publics intéressants à bon compte, le moment venu. Car naturellement, les créanciers obligataires se verraient offrir une prime au moment de la privatisation, pour avoir accepté de  renégocier la dette.

Ce projet est vivement encouragé par les instances européennes  et le fonds monétaire international. Dans le cadre du plan de sauvetage de la Grèce, ceux-ci ont exigé un programme de privatisation d'au moins 50 milliards d'euros d'ici à 2015, en contrepartie de leur aide financière. Mais ce programme tarde à être mis en œuvre. Et l'Europe et le FMI s'impatientent. La procédure imaginée  a l'avantage, à leurs yeux,  d'enclencher rapidement les privatisations attendues.

Le dispositif devrait être précisé d'ici à la mi-janvier, au moment d'une nouvelle inspection des membres de la Troïka ( BCE, Europe, FMI) à Athènes. Le gouvernement envisagerait de lever quelques 100 milliards d'euros par ce biais. C'est la somme à laquelle les créanciers privés sont censés renoncer dans le cadre de la restructuration de la dette. Leur sacrifice, compte tenu du dispositif envisagé, s'annonce toutefois que momentané.

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30 décembre 2011 5 30 /12 /décembre /2011 13:23

Rue89 - Fabrice Praz

Infosud

Les « freegans » on choisi de se nourrir avec ce qu'ils glanent dans les poubelles des supermarchés, entre choix éthique et nécessité. Exemple en Suisse.


De la nourriture dans des poubelles à New York (Petrr/Flickr/CC)

« A chaque fois, c'est Noël », lance Miriam assise sur le siège passager. « ça fait une année que je fais de la récup » et je suis toujours autant surpris par la quantité », ajoute Nico alors qu'il positionne sa voiture en marche arrière, le coffre face aux bennes prêt à engloutir les kilos de nourriture jetés par le supermarché.


Le fruit de la récup (Fabrice Praz)

On est en plein mois d'octobre, la nuit est déjà bien avancée dans cette petite ville de Suisse romande. L'air est glacial. Mais pas le temps de se refroidir, le petit groupe de cinq personnes part à l'assaut des poubelles dans une étrange harmonie.

Nico assure :

« On est des habitués. Moi, je me nourris uniquement de cette façon depuis des mois ».

Une fois par semaine, le groupe fait la tournée de leurs différents « spots » pour récupérer légumes, fruits et autres produits laitiers. En toute légalité si les containers se trouvent sur la voie publique. Pour le pain, ils préfèrent se ravitailler dans une grande boulangerie du coin qui leur donne les invendus.

« Il y en a tellement qu'on les congèle pour le reste de la semaine. »

Ils sont tous « freegans », un concept né à New- York au tournant du millénaire. Une simple contraction de « free » (libre/gratuit) et de « vegan » (végétalien).

Plutôt que de freeganisme, déchétarisme et autre glanage alimentaire inventés par les médias, le groupe préfère parler simplement de récup'. Un mode de consommation qui consiste à se nourrir en récupérant les aliments consommables dans les poubelles de supermarchés.

Mais au-delà du choix éthique - lutter contre le gaspillage de notre société de surconsommation-, cette descente hebdomadaire dans les poubelles est une nécessité pour la petite équipe. Un véritable moyen de subsistance, dû à un constat sans appel : ils ne pourraient pas s'offrir une telle quantité de nourriture en passant par la caisse enregistreuse.

« Au début je trouvais ça dégoûtant »

Loin des gratte-ciels de Manhattan, la cueillette avance. Malgré l'heure tardive, des fenêtres s'éclairent dans la barre d'immeuble voisine. Des têtes apparaissent, sûrement des curieux attirés par le jeu de lumière des lampes de poche.

« La première fois que mes amis m'ont parlé de la récup », j'ai plutôt trouvé ça dégoûtant », confie Miriam avant d'inciser d'une main d'experte un sac-poubelle noir. Un tas de tomates s'en échappe, une bonne pioche.

« Mais ce que je craignais le plus au début, c'est que quelqu'un vienne me taper sur l'épaule et m'accuse de faire quelque chose de mal. Je crois que ça doit être mon éducation ! »

Aujourd'hui, finie l'appréhension : Miriam replonge en toute quiétude dans un autre container. Car si parfois des rencontres nocturnes se produisent, elles se passent plutôt bien.

Tout en scrutant un brocoli douteux, Nico raconte :

« Les gens sont surpris au premier abord. Mais après ils comprennent. Ils ont surtout peur qu'on s'intoxique ».

Si le régime « freegan » semble enfreindre les règles de base en matière d'hygiène alimentaire, les glaneurs s'en remettent à leur bon sens. Devant l'abondance de produits, la sélection est impitoyable. La viande et le poisson sont automatiquement écartés. Les moindres traces de pourritures sur des légumes ou des fruits les condamnent.

Pour Miriam :

« Le seul désavantage de ce régime, c'est que parfois on est obligé de se nourrir de produits non-bio ».

Les cagettes en plastique commencent à se remplir de briques de lait, d'oeufs, de café, de pizzas, de brioches, de pommes de terre…La quantité est impressionnante. Les poubelles débordent de denrées comestibles.

Si certains aliments ont légèrement dépassé la date de péremption, d'autres ont été à peine touchés, sûrement jetés car ils n'étaient plus esthétiquement présentables. La plupart sont ainsi passés directement de l'étalage réfrigéré aux ordures. Soit une masse d'invendus considérables.

« Un gaspillage qui fait mal au cœur »

En Suisse, cette gabegie s'élèverait à 250000 tonnes par an. Une réalité insoutenable pour les freegans. Miriam :

« C'est un tel gaspillage au regard de ceux qui ont travaillé dur pour produire ces aliments. Ça me fait mal au cœur. Je préfère me nourrir dans les poubelles que voir partir cette nourriture dans les centrales d'incinérations ».



Les têtes plongent de plus en plus profondément dans le ventre des containers, une main gantée agrippée au rebord et l'autre qui ausculte les profondeurs. L'équilibre est instable. Parfois, il faut intervenir pour extraire un plongeur trop aventureux.

Les minutes passent. Des sacs-poubelles à moitié vide tapissent le bitume. Les premières cagettes sont minutieusement chargées dans le coffre. Il faut être stratégique, la masse à ranger s'annonce conséquente.

« Ils cadenassent leurs poubelles »

Une fois que les quatre containers ont livré tous leurs secrets, les sacs poubelles éventrés sont soigneusement refermés puis remis dans les bennes. Par discrétion, plus que par manie :

« Si les propriétaires découvrent qu'on opère dans leur magasin, ils cadenassent immédiatement leurs poubelles. On a déjà perdu plusieurs spots ces derniers temps ».


Les lampes frontales s'éteignent. La voiture démarre péniblement avec ses dizaines de kilos de denrées dans le coffre. La pêche a été bonne, comme à chaque fois, de quoi nourrir tout un bataillon.

Mais aucune « grande bouffe » n'est au programme ce soir. De retour au quartier-général, la cueillette est triée entre les glaneurs. Et le reste ?

« Au début, on ramenait le surplus la semaine suivante dans les containers. Mais maintenant, on a créé un petit magasin gratuit. La demande est très grande ! »

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