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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:45

 

verslarevolution.hautetfort.com

  03/01/2012

 

 

Je suis tombé sur cet intéressant article du 28 décembre 2011 :

« Occupy Wall Street ne veut plus occuper Facebook et crée son réseau alternatif

Des membres du mouvement Occupy Wall Street développent un réseau social libre et distribué, craignant la mainmise des autorités sur Facebook et Twitter.

Le mouvement Occupy Wall Street (OWS) doit beaucoup aux réseaux sociaux, tout comme le Printemps arabe ou les Indignés européens.

Il essaie maintenant de créer sa propre plate-forme sociale libre, distribuée et hors d’atteinte des autorités.

Les Facebook et autres Twitter ont pourtant permis à ces militants de s’organiser, et de très rapidement populariser leurs causes. Au point que les soulèvements dans les pays arabes aient été baptisés "Révolutions Facebook".

Mais ces services sont contrôlés par des entreprises américaines, qui ont l’obligation de collaborer avec les autorités.

Les esprits se sont particulièrement échauffés la semaine dernière, quand il a été révélé que Twitter était sous le coup d’une injonction d’un procureur du Massachussetts. Il souhaite obtenir toutes les informations possible sur le compte @OccupyBoston, une branche locale d’OWS, et d’autres comptes associés.

De quoi donner un sérieux coup d’accélérateur aux différentes plates-formes développées par et pour les activistes, comme Global Square ou le Federated General Assembly qui tente de rassembler la multitude de réseaux locaux du mouvement Occupy.

Le magazine Wired explique que la principale différence entre ces réseaux libres et distribués avec Facebook ou même Diaspora, est que les membres ont besoin de pouvoir se faire confiance. Du coup, il n’est pas possible de s’y inscrire librement : il faut nécessairement y être invité.

Contrairement à Facebook, ces réseaux ne sont pas conçus pour partager ses propres expériences, mais pour collaborer sur des projets de groupe. Par exemple, plutôt qu’un fil rassemblant toutes les actualités de ses contacts, un utilisateur voit les avancées des travaux de ses groupes.

Chaque groupe décide collectivement quelles contributions sont mises en avant, sur le modèle des sites d’actualité sociaux (Digg, Reddit…). Pour faire émerger les consensus et les opinions intéressantes.

Enfin, la confidentialité est fondamentale : la plupart des contributions sont réservées au groupe de travail concerné, à part celles qui sont destinées à être partagées avec le grand public, comme les communiqués de presse ou les synthèses.

Mais les technologies développées pour ces solutions, qui doivent être multi-plates-formes, multi-formats et reposent sur les standards du Web sémantique, pourront s’appliquer bien au delà des mouvements militants.

Ces technologies de collaboration décentralisées seraient même idéales pour les PME, souligne Ed Knutson, un programmeur travaillant sur le projet Global Square.

"Je pense que n’importe quel type de groupe de petite ou moyenne taille, ou une équipe avec une personne dans 8 villes différentes, pourraient l’utiliser pour collaborer" explique-t-il à Wired.

"Tout propriétaire d’une petite ou moyenne entreprise fait partie des 99%", ajoute-t-il d’ailleurs, toujours militant.

Il pense qu’une première version de Global Square sera mise en ligne en janvier. »

Ces gens sont vraiment loin d'être bêtes.

Nous ferions bien de nous en inspirer, vous ne trouvez pas ?

16:59 Écrit par Boreas

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:41

 

L'air du monde | LEMONDE | 03.01.12 | 13h31   •  Mis à jour le 03.01.12 | 16h12

par Sylvie Kauffmann (L'air du monde)

 
 

Une devinette sur l'actualité pour commencer l'année. Quel est le point commun entre Alexeï Navalny, Anna Hazare et Park Won-soon ? Entre Wukan et Brasilia ?

La mondialisation ? D'une certaine manière, oui. Si ces noms se sont retrouvés mêlés dans vos lectures ces derniers temps, c'est parce que l'Inde, la Corée du Sud, le Brésil ou la Chine sont aujourd'hui plus proches, à la fois de nous et les uns des autres. Aujourd'hui, tout ce qui s'y passe nous concerne et tout ce que nous faisons les affecte.

Mais ce qui relie vraiment ces trois personnes et ces deux lieux, le point commun entre le nouveau héros de Moscou, le gréviste de la faim de New Delhi et le nouveau maire de Séoul, entre le village du sud de la Chine qui a réussi à se révolter sans être écrasé et la capitale brésilienne où valsent les ministres, c'est un fléau auquel, précisément, la mondialisation a donné une nouvelle dimension : la corruption. Pour l'économie du pot-de-vin, la mondialisation est à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle. Ou une bonne et une mauvaise nouvelle, selon le point de vue duquel on se place.

Une mauvaise nouvelle, parce que les taux de croissance économique effrénés, l'afflux d'investissements, la course aux matières premières, la libre circulation des capitaux et l'intégration dans l'économie mondiale sont autant de facteurs qui, en multipliant l'offre et les occasions, ont exacerbé la corruption. La Banque mondiale chiffre entre 20 et 40 milliards de dollars (15,4 et 30,9 milliards d'euros) par an le montant des ressources soustrait aux aides diverses par cette forme de vol organisé : c'est énorme.

La bonne nouvelle, c'est Alexeï Navalny, c'est Anna Hazare, c'est Park Won-soon. C'est le/la protestataire arabe que le magazine Time a proclamé(e) personnalité de l'année 2011. Ce sont les paysans de Wukan, village de 20 000 habitants dans la province de Canton, qui se sont soulevés contre les fonctionnaires locaux véreux. Ceux-ci vendaient leurs terres aux promoteurs immobiliers en empochant, au passage, les dédommagements. C'est la présidente Dilma Rousseff contrainte de faire le ménage (une tâche qui incombe souvent aux femmes) dans son gouvernement par un puissant mouvement citoyen saturé de décennies de corruption au Brésil. Plus énergique, sur ce point, que son prédécesseur Lula, elle n'a pas reculé : en moins d'un an, elle s'est séparée de six de ses ministres.

Le blond avocat blogueur russe Alexeï Navalny, que la police a eu la très mauvaise idée de jeter en prison pendant quinze jours, s'était rendu célèbre sur Internet en qualifiant le parti de Vladimir Poutine, Russie unie, de "parti des escrocs et des voleurs". Il a mis dans le mille : "voleurs" est un mot omniprésent dans le vocabulaire russe actuel. Cette formule assassine est devenue le slogan de la vague de protestation qui s'est emparée de la Russie depuis le scrutin frauduleux de décembre.

En Inde, c'est un vieux monsieur de 74 ans aux accents gandhiens, Anna Hazare, qui ébranle la classe politique depuis le mois d'avril par sa croisade pour la création d'une agence anticorruption indépendante. Rien de bien nouveau sous le soleil du sous-continent, direz-vous. Sauf que cette fois-ci, les classes moyennes de Delhi et de Bombay, elles aussi saturées de ces pratiques qui leur empoisonnent la vie, lui ont emboîté le pas. Sentant le vent du boulet, le parti au pouvoir a vite déposé un projet de loi - que la Chambre haute du Parlement vient de rejeter.

Pendant ce temps, les habitants de Séoul élisaient, fin octobre, hors du système des partis, un maire indépendant connu pour son engagement en faveur des droits de l'homme et de la lutte contre la corruption.

Partout, cette réaction civique de fond est relayée et amplifiée par Internet et les médias sociaux.

La morale de l'histoire, c'est Cobus de Swardt, directeur général de Transparency International, qui la tire. Dans son bureau clair et moderne, au siège de l'organisation à Berlin, ce sociologue sud-africain, ancien militant anti-apartheid, constate qu'une tendance de fond s'est dégagée à la faveur du "printemps arabe" : "On a dépassé la revendication purement droit-de-l'hommiste de 1989, dit-il. Maintenant, on attend du pouvoir qu'il soit comptable de ses actions et qu'il dise la vérité. C'est un mouvement qui ira au-delà du "printemps arabe"." Sur le terrain, ses équipes ont observé l'évolution. "Il y a dix ans, un soulèvement contre la corruption était inimaginable. C'était un sujet technique, pas une cause populaire."

Les choses ont bougé ces deux ou trois dernières années. La victoire du Hamas aux élections législatives palestiniennes en 2006 pouvait être perçue comme un signe avant-coureur. Fermant les yeux sur les accusations de corruption portées contre le Fatah et l'Autorité palestinienne, les Occidentaux ne l'avaient pas vue venir. Transparency International a, depuis, adapté sa stratégie de lutte contre la corruption : l'ONG, désormais, se concentre sur la société civile.

Les Etats, eux aussi, voient le vent tourner. La Russie cherche à rejoindre l'OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques, le club des pays riches et propres, et veut bien tout signer. Soudain, en Arabie saoudite, en Chine, en Indonésie, naissent des agences anticorruption. Il ne reste plus qu'à appliquer les règles...

Et en France ?

En France, la corruption existe aussi. Elle est même punie. Simplement, ça prend du temps. Ici, ce n'est pas la pression populaire qui traque les malversations. Il faut le travail minutieux et obstiné d'un juge, Renaud Van Ruymbeke, et la pression du combat électoral proche, pour que le public découvre, dix-sept ans plus tard, les modalités du financement de la campagne présidentielle d'Edouard Balladur, en 1995. Il faut la lente hâte de la justice pour condamner, deux décennies plus tard, l'ex-maire de Paris, Jacques Chirac, longtemps protégé par l'immunité présidentielle, à deux ans de prison avec sursis pour prise illégale d'intérêt, détournement de fonds publics et abus de confiance. Et encore le mot de "corruption" n'aura-t-il pas été prononcé. Il s'agissait, tout bêtement, d'une "affaire d'emplois fictifs". Selon l'expression consacrée.


kauffmann@lemonde.fr

A noter : la chronique Ecologie d'Hervé Kempf sera désormais publiée dans le "Monde" daté dimanche-lundi.

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:36

 

occupygeneva.ch - Poële(s)

02/01/2012 in Annonces


 

Cher(E)s sympathisant(E)s,
Cher(E)s soutiens de l’extérieur,

 

Suite au montage de la grand tente mise gracieusement à disposition par « MAMAJAH » et du non-moins miraculeux don du premier poële de chauffe par Isabelle et François ( de la place St-François )  nous manquons encore cruellement de tuyaux et de coudes ( au moins un coude ) pour notre poële ( sortie  : 12 cm. de diamètre ) de la tente d’Assemblée Générale.

Par ailleurs : il nous manque toujours 2 autres poëles pour cette même tente d’Assemblée Générale ( à bois, si possible ) AVEC, SI POSSIBLE leurs COUDES ET TUYAUX…

Et dites-vous que :  »Nous sommes …  LAS, Nous sommes … SANS BLE, On  GÊNE, On  RÂLE … mais nous sommes … L’ ASSEMBLEE  GENERALE !!!

Merci de chercher autour de vous, ainsi que dans vos souvenirs et vos greniers ou caves. Mille merci à  :  Phil de c/o Mamajah, à Isabelle et François … et aux prochains donateurs !!!

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:33
Menace sur les droits de l'homme 
  • Genre : Documentaire - Culture Infos
  • Pays : France
  • Nationalité : français
  • Date de sortie : 2011 | Durée : 52 mn
  • Tous publics

Synopsis : La bataille pour le respect des droits humains est plus que jamais d'actualité. L'année 2011 en témoigne avec les révolutions arabes en Tunisie et en Egypte, avec le mouvement planétaire des indignés et les mouvements sociaux qui agitent la Chine. Ce document retrace l'histoire du monde de ce demi-siècle à travers le prisme du combat pour les droits humains. Les auteurs reviennent sur les conflits des vingt dernières années, en Côte d'Ivoire, en Chine, ou encore au Nigéria et donnent la parole à de grands témoins comme Hubert Védrine, Jean Ziegler, Rony Brauman et le dissident chinois Wei Kingsheng. Ce film montre également que l'idée des droits de l'homme a été instrumentalisée par les grands de ce monde, de Washington à Pékin en passant par le FMI et l'OMC, pour satisfaire les intérêts des multinationales et de la finance mondiale.
  • Diffusions tv
  • Stéréo Sous-titres sourds/malentendants4:3  Mar 03 à 20h35 sur France 5
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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:29

french-revolution.fr

Posté par SoldatduWeb janvier - 2 - 2012  

69 ans, Charles Gave a créé plusieurs sociétés financières dont la dernière, GaveKal, basée à Hong Kong. Il s’est fait connaître du grand public en publiant « Des lions menés par des ânes » ou « L’Etat est mort, vive l’Etat ».

 

Vous avez été un des premiers à prédire les difficultés de l’euro. Vous trouvez-vous aujourd’hui conforté ?

Depuis la création de l’euro, je n’ai cessé de dire qu’il s’agissait d’un système bancal qui ne peut fonctionner puisqu’il n’existe pas de mécanisme d’ajustement des différences de productivité des pays membres. Autrefois, ces différences étaient réglées par des dévaluations ponctuelles devenues impossibles. Ce qui ne peut s’ajuster a vocation à exploser. Aux États-Unis, il existe aussi des différences de productivité entre États, mais il y a une volonté de vivre ensemble, ce qui, pour Ernest Renan, constituait une nation, qui conduit à accepter que l’on taxe les plus productifs pour payer les moins productifs. Cette volonté n’existe pas en Europe, qui est une civilisation et non un pays. L’euro est donc une tentative, faite par une classe politique de créer une nation européenne. La crise, pense-t-elle, forcera la création d’un État fédéral, de transferts entre les pays et d’un ministère des Finances. C’est une espèce de coup d’État larvé contre les souverainetés qui est en train d’échouer. Car, comme l’a montré le cas de l’Union soviétique, la technocratie, cela ne marche pas. C’est la liberté qui marche.

Vous évoquez une « tentative de coup d’État ». Pourquoi cette tentative : par volonté de puissance ou parce que, sincèrement, ces politiques pensent que l’Europe est une solution ?

Depuis soixante ans, coexistent deux idées européennes. La première, celle de De Gasperi, Adenauer, Pie XII et Robert Schumann, voulait recréer l’Europe catholique des XIIe et XIIIe siècles, et voyait dans l’Europe un espace de liberté basé sur le principe de la subsidiarité. En cas de problème entre deux entités, on en appelle à l’échelon supérieur et on crée des instances d’arbitrage. La seconde est celle de Jean Monet et des technocrates français qui ont décidé de créer un État pour faire renaître l’Empire romain afin de s’opposer aux Américains et d’empêcher la domination allemande. Cette vision l’a emporté. Évidemment, la volonté d’augmenter leur pouvoir personnel existe aussi. Ces technocrates pensent que leur rôle est d’assurer le bonheur des peuples malgré eux. Ils ne croient pas à la liberté individuelle. Il suffit d’observer les institutions européennes : il n’y a pas de séparation des pouvoirs.

Pourquoi la classe politique française ne s’est guère opposée à cette dérive ?

Depuis la présidence Giscard, la France est gouvernée par une classe administrative qui, de droite comme de gauche, est représentative de cette idée technocratique. Les référendums sur Maastricht ou sur la Constitution européenne ont montré que le peuple n’acceptait pas cette dérive. Mais il l’admettait. À présent, les gens se rendent compte que cela ruine le pays. La prochaine étape sera donc de se débarrasser de cette classe administrative. Mais j’ignore comment.

La voie fédéraliste ne peut-elle pas l’emporter ?

C’est ce qui s’est passé jusqu’à présent. Tout le monde s’est mis au garde-à-vous au dernier sommet de Bruxelles, mais le diable est dans les détails. Plusieurs pays, comme le Royaume-Uni, l’Espagne, la République tchèque, ne semblent pas prêts à accepter les abandons significatifs de leur souveraineté.

La convergence franco-allemande ne vise-t-elle pas à contourner ces difficultés ?

Elle signifie d’accepter des hauts fonctionnaires allemands à Bercy qui ordonnent ce que l’on peut dépenser ou pas. La France a un tiers de fonctionnaires de plus que l’Allemagne pour 100 habitants. Le fonctionnaire ne produit rien pour l’exportation. Le défaut de compétitivité française par rapport aux Allemands est donc lié au poids de l’État. Comme la France semble incapable de dégraisser son État, il faudra, en cas de convergence, que les ordres viennent de Berlin. Je viens d’une famille qui a quitté l’Alsace en 1870 pour rester français et je ne perçois pas l’avantage pour la France de devenir un protectorat allemand. Et l’opinion ne l’acceptera pas.

Mais la France pourrait ainsi retrouver sa compétitivité…

C’est déjà ce que disait le maréchal Pétain, non ?

Nombre d’économistes mettent en garde sur les conséquences de la fin de l’euro. Qu’en pensez-vous ?

Je ne suis pas très inquiet. Ceux qui vous expliquaient que l’euro allait rendre les femmes plus belles et les oiseaux plus chantants, comme Alain Minc et Jacques Attali, nous expliquent à présent que, si l’on quitte l’euro, ce sera le désastre absolu. Ils se sont trompés. Ils n’ont rien vu, rien compris. Pourquoi leur donner de la crédibilité sur l’après-euro ? C’est comme demander au général Gamelin [chef des forces françaises en 1940, Ndlr] de diriger le débarquement en Normandie. Concrètement : le système bancaire européen est en faillite, le taux de chômage, Allemagne exceptée, est historiquement élevé, la moitié des États européens n’ont plus accès aux marchés financiers dans des conditions normales, la Bourse de Paris n’a pas cessé de reculer depuis la création de l’euro. En 2000, le niveau du CAC était deux fois plus élevé qu’aujourd’hui. Pourquoi ? Parce que l’euro conduit à une mauvaise allocation des capitaux et fait passer l’argent de ceux qui le gagnent à ceux qui ne le gagnent pas. Ceci conduit toujours à un marché vendeur qui, d’ordinaire, ne dure pas plus d’un an et demi. Mais ce marché vendeur dure en Europe depuis dix ans parce que le secteur public, la BCE et les politiques dépensent l’argent du futur pour maintenir une unité qui ne tient pas la route. Le désastre n’est-il pas suffisant pour que l’on passe à autre chose ?

Comment jugez-vous le quinquennat de Nicolas Sarkozy ?

Pour faire des réformes, il faut faire comme Madame Thatcher : être un gouvernement de conviction et pas de consensus. Nicolas Sarkozy a suivi une politique schizophrène : il tenait un discours de réformes et il a essayé de séduire ses ennemis naturels. Comme disait Pompidou : si vous essayez de gouverner avec vos opposants, vous allez perdre vos partisans. Ces cinq ans ont été un échec total, à part la réforme de l’université. Les impôts ont augmenté, les déficits et le poids de l’État aussi. Il n’y a pas eu de réformes.

On ne peut pas réformer la France ?

Les classes politiques grecques ou espagnoles ne voulaient pas non plus faire des réformes. Et puis, quand il n’y a plus eu d’argent et qu’on n’a plus voulu leur en prêter, ils ont été dans l’obligation de se réformer. C’est ce qui se passera en France. Parce que nous ne sommes pas face à une crise économique, mais bien face à une crise d’un État devenu obèse. L’État chinois réalise 30 % du PIB du pays. En France, c’est 55 %. Il faut que notre mur de Berlin tombe, l’État doit sortir des domaines où il n’a rien à faire. Sinon, c’est le FMI qui le fera pour nous. D’après mes calculs, le système français atteindra ses limites en 2013 ou 2014.

http://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20111229trib000674390/zone-euro-nous-vivons-une-tentative-de-coup-d-etat-larve.html

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:25

 


THE ASSOCIATED PRESS

 

PASADENA, États-Unis - Des milliers d'indignés se sont invités au 123e défilé annuel du Rose Bowl, lundi.

Ils ont manifesté à la fin du défilé. La manifestation avait fait l'objet d'une entente avant la présentation de l'événement.

Le tintamarre des dernières fanfares à défiler s'est mélangé au slogan «Les banques s'en sont sorties, nous avons été vendus» que scandaient les manifestants. Ces derniers ont parcouru environ 2,4 des 8,8 kilomètres de l'itinéraire du défilé. Ils ont dévié de leur route près de l'Hôtel de Ville.

Ils portaient une bannière longue de 76 mètres sur laquelle on pouvait lire «We the People (nous, le peuple)» représentant la constitution américaine. D'autres tenaient une pieuvre de 21 mètres fabriquée de sacs de plastiques récupérés, une allégorie des activités tentaculaires auxquelles ils associent les grandes corporations.

«Il s'agit d'éliminer l'argent de la politique, a déclaré Greg Stevens, de l'Université de la Californie du sud. J'appuie tout ce que ce mouvement représente.»

Certains spectateurs ont crié «trouvez-vous un emploi» aux manifestants tandis que d'autres les photographiaient et les encourageaient.

«C'est un peu fou mais c'est aussi emballant», a déclaré Alana Olvick, de Valencia, en Californie.

Trois camions de transport d'agents de police du comté de Los Angeles vêtus des habits de l'anti-émeute suivaient les manifestants mais aucune arrestation n'a été effectuée.

Les manifestants étaient bruyants mais pacifistes. Ils étaient au moins 5000 selon l'organisateur de la marche, Pete Thottam.

 

Tags : indignés
journalmetro.com
Publié: 02 janvier 2012 15:46
Mis à jour: 02 janvier 2012 17:26
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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:21

 


 

Bonjour à tous, c’est Billal, si vous avez encore un peu de force pour nous aider, nous avons besoin:
  • de lait
  • d’eau
  • de rallonge
  • de goblet
  • de pain
  • de pates, sauces
  • gruyère
  • fruits
  • balai
  • pelle
  • éponge
  • lentilles
  • ravioli
  • rideau noir
  • ficelle
  • scotch
  • assiette jetables
  • couvert jetables
  • sacs poubelle
  • Javel
  • produits laitiers (yaourt, fromage…)
  • produits vaisselle
  • poêle et casseroles
  • café
  • papier A4
  • stylo
  • stabilo
  • classeurs
  • casiers
  • agrafes
  • marqueurs
et tout ce qui vous passe par l’esprit merci à tous les indignés de la défense !
les indignés sont toujours à la défense
PS: nous ne faisons pas que des copier-coller des belles phrases, nous les appliquons.


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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:13
Agoravox - par Luc-Laurent Salvador (son site) mardi 3 janvier 2012


Le problème des Indignés est celui de l’unité avec les 99 %. Or, cette unité qui conditionne la réussite du mouvement ne pourra se faire que si ce dernier est porté par UNE demande claire et nette, comme celle qu’avaient les Egyptiens de la place Tahrir. Cette « one demand » n’a pas encore été trouvée. Elle fait cruellement défaut. Dès lors, pourquoi les 99 % agoravoxien(ne)s ne tenteraient-ils pas de rejoindre les Indignés en apportant leur soutien à une demande très capable de les rassembler : la réforme 100 % monnaie, seule à même de remettre le système financier au service de l’humain ?

 

Le problème des Indignés et des OWS est celui de l’unité avec les 99 %.
 
Il importe qu’elle soit réalisée au plus tôt car sans cela, ils resteront impuissants à faire bouger des politiciens de plus en plus en cheville avec le pouvoir financier, comme l’était déjà Pompidou (d’où le surnom de loi Rothschild pour la fameuse loi de 1973).
 
Ce serait terrible car les Indignés peuvent être les opérateurs d’une formidable prise de conscience nationale et mondiale qui n’a que très peu de chance d’arriver autrement.
 
Il est en effet devenu difficile de croire que quelque chose d’intéressant puisse encore sortir des urnes dès lors les élections sont « sous contrôle » du parti unique UMPS. Les candidats ne parlant pas la langue de bois libérale et atlantiste de l’Empire n’ont quasiment pas accès aux médias. Ils ne bénéficient que de très peu de temps de cervelle citoyenne disponible.
 
Quoi qu’il en soit, actuellement l’espoir des Indignés et des OWS est toujours que les 99 % descendent dans la rue les rejoindre comme cela s’est passé au cours du printemps arabe.
 
A cette fin, ayant compris que les peuples qui ont réussi leurs « révolutions de velours » savaient très exactement ce qu’ils voulaient (la chute du régime), les Adbusters ont, le 13 juillet, lancé le mouvement OWS en proposant que celui-ci soit porteur d’une simple et unique demande, gage d’unité et donc de réussite :

« Tahrir a réussi avant tout parce que le peuple d’Egypte a posé un ultimatum très clair — Moubarak doit partir — dont il n’a pas démordu jusqu’à la victoire. En suivant ce modèle, quelle est notre tout aussi claire demande ? » [1]

L’affiche du 17 septembre — date du rassemblement initial des OWS dans le Zuccotti Park — avait ainsi pour slogan : « Quelle est notre première et unique demande ? » (What is our one demand ?).
 
Le problème est qu’étant à la forme interrogative, ce slogan annonçait d’emblée l’échec des organisateurs à réaliser ce qu’ils avaient, avec raison, jugé tellement souhaitable : disposer d’une demande unique qui puisse rassembler la population autour d’elle parce que, précisément, elle ferait consensus.
 
 Pour dire toute l’importance et l’urgence de disposer au plus vite de cette demande avant d’aller occuper quelqu’espace symbolique ce soit, les Adbusters ont employé l’expression anglaise to « zero in on » qui peut, entre autres, se traduire par l’expression « plonger en piqué », comme le faisaient les fameux zéros kamikazes de l’aviation japonaise durant la deuxième guerre mondiale.
 
A l’évidence, malgré cette conscience de l’urgence, malgré la multitude des propositions et des discussions qui ont tourné autour de cette question, la cible n’a pas été repérée par les OWS, de sorte qu’actuellement, les Indignés et autres Occupy ne sont porteurs d’aucune demande clairement identifiée et assumée comme telle.
 
Comme de nombreuses assemblées populaires sont prévues à l’occasion de la journée mondiale du 14 janvier prochain, on pourrait imaginer que la question se trouvera à nouveau mise sur le tapis.
 
Mais peut-on sérieusement espérer qu’une nébuleuse d’assemblées populaires en vienne à converger sur une demande unique ? Après quatre mois déjà écoulés, combien de temps faudra-t-il encore patienter ?
 
Et en attendant, combien de 99 % iront rejoindre les Indignés dès lors que ces derniers n’ont toujours pas cette « demande qui éveille l’imagination et qui, si elle était accomplie, nous propulserait dans la démocratie radicale du futur [2] » ?
 
Pourtant, nous sentons tous l’urgence, nous sentons tous ce climat lourd et oppressant qui donne furieusement envie de plonger en piqué sur cette « one demand » avant qu’il ne soit trop tard.
 
C’est pourquoi, il nous faut, je crois, nous poser la question : pourquoi nous, agoravoxiens de bonne volonté, qui grâce à ce beau site qu’est Agoravox, contribuons depuis des années, chacun à sa manière, à nourrir une joyeuse conscience prérévolutionnaire qui ne demande qu’à s’actualiser, ne pourrions-nous aider ce processus à converger ? Nous sommes des Indignés depuis tant d’années, ne pourrions-nous nous rassembler autour d’une idée qui, même si elle ne devait pas être la « one demand » finale, contribuerait néanmoins à rassembler sans délai les Indignés et les 99 % ?
 
Il est parfaitement possible qu’il existe quelque part une meilleure option et il y a sûrement mille choses qui paraîtront aux uns et aux autres plus urgentes ou plus importantes, mais essayez de voir que là n’est pas la question. Ce qui importe, c’est que, si on se base sur ce qui s’est écrit ici sur Agoravox ces dernières années, ces derniers mois, nombreux sont ceux d’entre nous qui, quelles que soient leurs convictions théoriques ou politiques, sont probablement prêt à soutenir l’idée de retirer aux banques tout pouvoir de création monétaire pour le restituer entièrement au peuple (réforme 100 % monnaie[3].
 
Quoi que ce soit que nous penserions par ailleurs avec une infinité de délicates nuances, ne reconnaissons-nous pas tous volontiers qu’il serait certainement bon que l’humanité puisse accéder à un système économique dans lequel le pouvoir de création monétaire appartiendrait intégralement aux peuples et non aux banques ? Ne pensez-vous pas qu’un consensus puisse se former à ce sujet au sein de l’assemblée populaire virtuelle que constitue la population agoravoxienne ici présente ?
 
Je ne dis pas que la réforme 100% monnaie serait forcément le « choix du public », cela je ne le sais pas. Mais, encore une fois, il suffit de lire ce qui s’écrit sur Agoravox pour voir que l’idée de prendre le pouvoir de création monétaire aux banques est une idée qui séduit, c’est une idée « porteuse » et, par conséquent, elle est une occasion de rassemblement. Or, pour le moment, c’est tout ce qui compte !
 
Dès lors, plutôt que de se lancer dans un débat infini pour faire émerger la meilleure idée possible, je propose que nous, les Indigné(e)s agoravoxien(ne)s qui souhaitons que le pouvoir de création monétaire soit retiré aux banques pour devenir privilège exclusif du peuple, nous le disions, tout simplement, tous ensemble, ici même.
 
Constater combien d’entre nous adhèrent à cette idée pourrait être le point de départ d’une belle aventure car si la participation est bonne, si nous sommes nombreux à prendre position, nous accèderons à une forme d’identité de groupe similaire à celle que connaissent des manifestants qui se rassemblent dans la rue ou sur des places pour faire entendre leur voix.
 
Même réalisé dans le cyberespace, ce rassemblement citoyen nous fera nous sentir plus forts. Nous aurons réalisé une forme élémentaire de cybermanifestation qui sera, tout naturellement, appelée à grandir et qui pourrait constituer un appui déterminant pour le rassemblement des Indignés et des 99 %.
 
Que faudrait-il pour enchaîner de la sorte, dès lors que nous ne pouvons obliger les 99 % à adhérer à Agoravox ?
 
Nous aurions besoin que l’un(e) d’entre nous qui en a la capacité, un(e) geek façon Anonymous, veuille bien nous construire un site dédié [4] où, comme cela se passe pour une pétition en ligne, toute personne pourrait venir déclarer son soutien à cette revendication en donnant simplement son nom et sa ville de résidence ainsi qu’un e-mail pour la vérification.
 
Un tel site pourrait simplement présenter le texte demandant la souveraineté populaire sur la création monétaire et offrir la possibilité de parcourir la base de donnée des personnes signataires en fonction du nom ou du lieu de résidence — avec, cela va de soi, la possibilité de s’inscrire.
 
On pourrait imaginer bien des améliorations (comme la possibilité de choisir ou d’écrire des slogans, la possibilité pour les cybermanifestants de se contacter via le site, ou celle d’uploader leurs photos, la visualisation de la cybermanifestation sur une google map, etc.) mais elles ne sont pas indispensables. Car l’important est de parvenir très vite à la conscience de nous-même, à la conscience de notre rassemblement, de notre force.
 
Mettons les choses au clair : il n’y a pas à attendre du mouvement des Indignés, OWS ou autres qu’il nous donne son soutien ou sa reconnaissance. Il s’agit d’un mouvement sans leader, sans autorité qui soit en position de donner son accord à telle ou telle initiative. Dès lors que nous nous pensons Indignés, nous sommes des Indignés et nous sommes d’autant plus fondés à nous auto-organiser comme nous l’entendons que c’est précisément dans l’esprit de ce mouvement qu’il en aille ainsi.
 
C’est comme cela que peut se réaliser le rassemblement des 99 % et des Indignés : lorsque tout un chacun en vient à déclarer qu’il est avec les Indignés, qu’il est lui-même un(e) Indigné(e).
 
Rejoignez les dans les rues et les places si vous le pouvez, mais que cela ne vous empêche pas de vous déclarer publiquement comme Indigné(e) en soutenant ce qui deviendra peut-être la « one demand » des OWS, en demandant que le pouvoir de création monétaire cesse d’être aux mains des banques car de là vient la puissance démesurée de la finance et la principale cause de l’exploitation de l’Homme et de la Nature par l’Homme.
 
Accomplir l’acte individuel consistant à déclarer publiquement son soutien à cette demande indignée, c’est accomplir l’acte citoyen par excellence, celui qui donne au peuple son « âme », c’est-à-dire, la conscience de lui-même et de sa capacité à décider hors de la tutelle infâme des politiciens asservis aux groupes de puissance.
 
En des temps où nous cherchons à ressourcer la démocratie moribonde qui sert de paravent à l’Empire, la cybermanifestation pourrait constituer un appui majeur puisqu’elle permet l’expression des volontés populaires que la servilité des médias interdit désormais.
 
Car il existe une multitude de questions cruciales pour lesquelles notre avis ne nous est pas demandé alors qu’il devrait être déterminant.
 
Songeons par exemple à l’arrêt de l’intervention française en Afghanistan, à la sortie du nucléaire ou à la réouverture d’une enquête internationale sur le 11 septembre 2011. Il est très probable que l’opinion publique serait très favorable à chacune de ces demandes. Mais ni les urnes, ni les médias ne permettent à cette opinion de s’exprimer. Des cybermanifestations dédiées seraient un parfait moyen de revendication populaire puisque tout un chacun pourrait y venir à tout moment et y rester autant que nécessaire même si cela devait durer des années. Aucun mouvement « mortar » ne permet cela, seul le clicktivism met la manif à la portée de tous.
 
C’est en songeant à tout cela que je vous invite donc pour finir à passer à l’acte en entrant ici dans la première cybermanif des Indigné(e) d’Agoravox.
Bienvenue et merci à vous !


[1] « Tahrir succeeded in large part because the people of Egypt made a straightforward ultimatum – that Mubarak must go – over and over again until they won. Following this model, what is our equally uncomplicated demand ? »
[2] « a demand that awakens the imagination and, if achieved, would propel us toward the radical democracy of the future »
[3] Peut-être faudrait-il lui associer le fait de dénoncer la dette souveraine actuelle comme illégitime. On pourrait toujours considérer qu’il s’agit d’une seule et même idée comportant deux volets : le passé (le passif de la dette souveraine) et le futur (restauration de la souveraineté populaire sur la création monétaire). La présente demande serait cohérente et, ainsi, bel et bien UNE car il serait, je crois, illogique de demander la souveraineté populaire sur la création monétaire tout en fermant pudiquement les yeux sur quarante années de sodomisation du peuple par les banques.
[4] Je veux payer pour l’hébergement.
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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:07

 bastamag.net - Par Emmanuel Haddad (3 janvier 2012)


Chaque jour, en Espagne, 300 familles sont expulsées de leur maison ou de leur appartement. Dans la lignée du mouvement des Indignés, des collectifs pour le droit au logement se multiplient. À Barcelone, des occupations d’immeubles vides viennent d’être reconnues « légitimes » par la justice. Le début d’un mouvement social massif face à la spéculation immobilière ?

 

 

Dans l’« edificio 15 O », à Barcelone, neuf familles vivent sans craindre l’expulsion. À l’issue des grandes mobilisations de l’automne pour s’opposer aux coupes budgétaires dans la santé et l’éducation, ainsi qu’au manque de logements publics, les indignés ont pris possession de cet immeuble vide de la rue Almagro. Grâce à un petit miracle juridique, les familles qui s’y sont installées ne craignent désormais plus les poursuites pénales. Le procès pour occupation illégale s’est achevé sur un non-lieu, le 7 novembre. La fête organisée en l’honneur de ce jugement a sonné comme un coup de départ pour d’autres occupations du même genre.

300 familles expulsées chaque jour

Inoccupé depuis cinq ans, cet immeuble de la rue Almagro appartient à la banque Cajamar. Il a été racheté par la banque suite à la faillite de la société immobilière en charge des travaux. L’ancien propriétaire a tout perdu dans l’affaire, et la banque attend patiemment que le cours du marché de l’immobilier espagnol reprenne pour revendre le bâtiment. L’« edificio 15 O » n’est pas un cas isolé : en Espagne, 3 millions de logements vides, parfois inachevés, prennent la poussière dans l’attente d’une reprise de la spéculation. Pendant ce temps, 300 familles sont expulsées chaque jour de leur logement, incapables de rembourser l’emprunt contracté pour devenir propriétaire, à une époque où l’hypothèque coûtait souvent moins cher qu’une location (voire notre reportage).

« En Hollande et dans d’autres pays, il y a des amendes, voire plus, au bout d’un an et demi d’inoccupation des logements. Mais l’Espagne est à la traine. Si l’État est incapable d’octroyer un logement digne, l’occupation devient une alternative légitime », considère Jon Aguirre Such, membre de Democracia Real Ya et de Paisaje Transversal une plateforme qui travaille sur de nouveaux modèles de gestion urbaine. « Tous les Espagnols ont le droit de jouir d’un logement digne et adéquat », énonce l’article 47 de la Constitution. Le 7 novembre, le juge d’instruction a pris acte de ce droit, en tenant compte des circonstances exceptionnelles de la crise : l’occupation est liée « au chômage des jeunes, au difficile accès au logement, à la spéculation urbanistique et aux alternatives autogérées. » Un jugement qui fera désormais jurisprudence.

Vers un mouvement d’occupation de masse ?

L’occupation comme arme politique ? L’idée n’est pas nouvelle. Mais à Barcelone, elle est en train de subir un « saut qualitatif  », selon un voisin de l’edificio 150 venu apporter de la nourriture aux habitants. « Il est difficile de parler d’okupa – terme qualifiant la mouvance des squats de Barcelone – dans le cas de l’« edificio 15 O ». Car ses nouveaux locataires ne sont pas des militants, des professionnels du squat, mais des victimes de la crise du logement », explique Manuel Delgado, anthropologue à l’Université de Barcelone. Une partie du mouvement okupa est en train de se convertir en mouvement de masse. « Un large pan de la gauche, des plus radicaux jusqu’à des membres du parti socialiste, soutiennent l’évolution du mouvement. En stoppant des centaines d’expulsions et en relogeant des familles, ils montrent qu’il est encore possible d’obtenir des victoires », s’enthousiasme Manuel Delgado, proche du mouvement Miles de Vivienda, le collectif de « réappropriation urbaine » filmé par le documentaire Squat, la ville est à nous.

Ce nouveau type de squat a surtout un objectif social [1]. Les familles qui vivent aujourd’hui dans l’immeuble de la rue Almagro ont déjà subi au moins une expulsion. Dans l’immeuble inachevé, où il a fallu attendre un mois avant d’installer l’eau courante, on trouve des appartements neufs et de qualité, mais sans meubles. Certains ont dégoté un four pour cuisiner. Pour les autres, les indignés qui s’occupent de l’organisation de l’immeuble font tourner une cantine communautaire au rez-de-chaussée.

Quand les collectifs de squatteurs remplacent les services sociaux

Adrián passe la plupart de ses journées à chercher du travail et ne profite de la cantine que le soir. Ce jeune roumain vit au premier étage avec sa femme. Ils sont un des seuls couples sans enfant de l’immeuble : leur fils de 11 mois a été prise en charge par les services sociaux à Cadix. Ils font tout pour le récupérer. Une séparation douloureuse pour tous ceux qui, parmi les 150 000 familles espagnoles menacées d’expulsion, ne sauront pas trouver un toit pour leurs enfants.

À l’instar des autres familles, ils n’ont ni le temps ni la tête aux tâches quotidiennes de l’immeuble. « Au début il y avait beaucoup d’échanges, mais à présent seules quelques familles viennent manger et cuisiner de temps en temps avec nous », souligne Natacha. La jeune femme fait partie de ceux qui se sont portés volontaires pour organiser la vie quotidienne. Cette photographe dort depuis le 15 octobre dans l’immeuble, après avoir passé ses nuits avec les Indignés de la Plaza Catalunya. Une suite logique, pour elle. Et un quotidien éreintant, entre nettoyage et assemblées à répétition, où se décident les questions internes à l’immeuble, les fêtes de quartier ou les relations avec la presse. Pour beaucoup de ces jeunes issus du mouvement okupa, c’est une nouveauté de vivre avec des habitants qui ne suivent pas leur mode de vie communautaire. « On n’est pas une secte ! Nous sommes ici pour les soutenir et leur permettre de vivre le mieux possible », précise Natacha. Balai en main, elle nettoie une salle destinée à accueillir des jeux d’enfants.

Spéculation privée ou logements sociaux ?

Soutenir les familles expulsées : une mission des services sociaux de la ville. Mais leurs efforts ne suffisent plus face à la vague quotidienne de gens jetés à la rue. « Les services sociaux construisent un hôtel d’urgence pour accueillir les familles dans le besoin. Mais celles-ci doivent quitter les lieux au bout de trois jours... C’est la seule solution qu’ils ont trouvée », rélève Antonio, membre de « 500x20 ». 500 logements avec un loyer à moins de 20% du revenu de ses habitants : telle est la revendication de ce collectif de quartier né à Nou Barris en 2006, qui dénonce la pénurie de logements publics à Barcelone. Chaque semaine, ils reçoivent plusieurs cas de familles sur le point d’être expulsées : « On les dirige vers un avocat et, pour les cas sans solution légale, on se charge de les "reloger" ». Avec un occupation de de logements vides. « Nous devons agir de manière subtile pour ne pas être accusés d’incitation au délit », souligne-t-il.

Indignés, 500x20, Miles de Viviendas... Si ces collectifs en viennent à outrepasser la loi, c’est, soutiennent-ils, parce que la politique du logement à Barcelone privilégie la spéculation privée au détriment de l’offre publique. Récemment, 500x20 a envahi le siège de l’Agence du logement de Catalogne pour dénoncer la spéculation immobilière. En réponse, l’agence publique s’est engagée à consacrer 3 000 logements vides à la location publique, à des prix accessibles. Preuve pour Antonio que la municipalité préfère réserver ses immeubles vides au marché privé plutôt qu’aux familles désœuvrées.

Des centaines de maisons murées par la municipalité

Une critique dure à avaler pour Gerard Capó, directeur technique au Consortium du logement de Barcelone. Depuis 2009, le programme pour lequel il travaille a permis de reloger 337 familles modestes, avec un loyer à 20% de leurs revenus. « La situation actuelle à Barcelone nous dépasse tous, on ne peut financer des logements que selon nos capacités », reconnaît Gerard. Le programme se charge de trouver des logements, mais aussi de financer 80% du loyer.

Beaucoup de militants du droit au logement négligent de souligner les efforts de l’administration publique, regrette Gerard. Des efforts réels, souligne-t-il, dans la même veine que le programme « location accessible » lancé le 10 novembre par la Fondation sociale de la Caixa. La fondation de cette banque va permettre l’accès à 3 000 logements pour des familles précaires, à des loyers accessibles. « Ils nettoient leur image. C’est un bon début, mais il faudrait qu’il n’y ait plus aucun logement vide à Barcelone », considère Antonio, de 500x20. « Dans le quartier de Bon Pastor, il y a des centaines de maisons murées, aux toits détruits par la propre municipalité de Barcelone !, témoigne Manuel Delgado. Pourquoi ne les utilise-t-on pas ? ». En attendant, les indignés continuent de « libérer » des logements vides. Suivant l’exemple de l’« edificio 15 O », cinq nouveaux bâtiments ont été occupés en novembre.

Emmanuel Haddad

Notes

[1] Dans Désobéissance civile et démocratie, l’historien états-unien Howard Zinn définit la désobéissance civile comme une « violation délibérée de la loi dans un objectif social ». L’auteur américain évoque des actions, comme celle de « voisins qui empêcheraient l’expulsion d’une famille incapable de payer son loyer » :« Même s’ils ne concernent qu’un individu ou une famille, [ces actes] adressent un message plus général sur les défaillances de la société. »

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3 janvier 2012 2 03 /01 /janvier /2012 15:01

 

© Nathanaël Charbonnier

En cette belle journée de printemps, les parages du Palais présidentiel, d'habitude si tranquilles, étaient en proie à une agitation. Des C.R.S. casqués allaient et venaient dans les voies principales comme dans les rues adjacentes. La partie basse des Champs-Elysées grouillait de treillis bleu-marine. Ce n'était pas à proprement parler une manifestation: il s'agissait plutôt d'une gigantesque patrouille. Accoudés aux fenêtres et aux balcons, les riverains et les employés du quartier contemplaient la marée étincelante que produisait la conjonction du soleil sur les visières des casques et la déambulation serrée de ceux qui les portaient. Car ils étaient venus en grand nombre, sans armes ni ordres, chacun n'ayant qu'une chose à dire: l'épouse d'un C.R.S. est intouchable.

Lakshmi Payet était passée tout près d'une comparution immédiate et d'une peine de prison ferme. L'activisme des femmes de flics-ou-esclaves.com lui avait rendu sa liberté. Grâce aux épouses des C.R.S., ses semblables, ses sœurs, qui avaient contraint leurs maris à flâner en une masse menaçante autour du Sanctuaire présidentiel pendant leurs jours de repos, elle avait retrouvé Kevin. Elle et lui, enfin ensemble, ils étaient allés récupérer les enfants chez la veuve du cousin éloigné. Après avoir couché leurs petits, Lakshmi et son homme s'étaient mutuellement demandé pardon.

Avant de pouvoir se réconcilier avec son homme, l'épouse du Brigadier Payet avait subi deux nuits et deux jours de garde à vue. Pendant cette interminable captivité, les policiers étaient venus régulièrement chercher Luisa pour l'interroger. 

A chaque fois, la Franco-Espagnole était rentrée exténuée de ces interrogatoires. Ils duraient parfois trois heures. Elle semblait sincèrement dépassée par les évènements et ne cessait de dire: «Ils mé démandent qui est Chatgritch, qui est Doupleitch. Ils continuent à m'appéler Napitch jé-né-sé-quoi... Et quand jé réponds qué jé mé prénomme Luisa, ils récommencent... Mais pourquoi?».

Lakshmi était sensible à cette complainte. Inlassablement, elle tentait de convaincre la jeune femme désemparée de prévenir sa mère au plus vite. «Dans la foulée, un avocat viendra t'aider» soulignait-elle.

D'un geste, Luisa chassait systématiquement cette suggestion pourtant raisonnable. Elle disait être la victime d'une méprise, le cauchemar finirait par se dissiper, ce ne pouvait être qu'une question de minutes. Et puis, elle savait sa mère d'une nature inquiète et craignait de lui infliger un choc, sans compter que.... Et là, elle s'arrêtait. Elle n'allait jamais jusqu'au bout de sa phrase. Cela avait pour effet d'attiser la curiosité de la Réunionnaise que les histoires de famille, tout bonnement, fascinaient. Après le troisième ou quatrième «sans compter que...», Lakshmi finit par reprendre dans sa voix cette énigmatique procession de mots qui finissaient en cul de sac; à plusieurs reprises, elle posa cette question: «...sans compter que quoi, Luisa?...». Elle insistait. Et la réponse ne venait pas.

Les enquêteurs n'obtinrent pas davantage de succès. Ils ne s'en formalisèrent d'ailleurs pas. Bientôt leur parviendrait d'Espagne un joli catalogue d'informations précises. Elles leur avaient été promises. Ils connaitraient alors tout -ou presque tout- sur cette Luisa Bajos de Villaluenga, incendiaire patentée du web, perturbatrice des nuits françaises. Ils sauraient tout sur cette innocente Luisa, alias napix310, qui avait su venir à bout des Compagnies Républicaines de Sécurité et des unités de gendarmerie mobile en leur ôtant, pendant les mois d'hiver, le droit de dormir et de se reposer.

La coopération entre la police française et son homologue de la région autonome d'Andalousie souffrait toutefois d'un contretemps. Les «déambulations» massives des C.R.S. en colère  étaient devenues régulières (ayant l'interdiction de manifester, ils «déambulaient»). Leurs collègues avaient suivi le mouvement, tant en France que de l'autre côté des Pyrénées où la situation économique se traduisait par une réduction drastique des effectifs policiers et -c'en était la conséquence- par une hausse inverse des actes de délinquance. Bref, là-bas comme ici, la machine policière était salement grippée. Ce ralentissement des actes administratifs ne plaidait pas pour une libération imminente de Luisa. Les faits dont on la suspectait (et qu'elle n'avouait pas) autorisaient ses «tortionnaires», comme elle les appelait, à prolonger sa garde à vue tant que cela leur semblait nécessaire. Les jours passaient, l'enquête n'avançait pas.

D'elle, on ne disposait donc que des maigres éléments que la Garde civile espagnole avait transmis à Paris le soir de l'arrivée de Luisa à Orly.

La lecture de la note envoyée de Madrid révélait que la suspecte était la fille du PDG du groupe Villaluenga. Etudiante en histoire de l'art à Séville, elle avait très tôt pris ses distances avec ce papa plein aux as. L'héritière de Villaluenga S.A. avait cherché économiquement à exister par elle-même.

Non, nul n'aurait pu accuser cette fille d'être vénale. Elle s'était mise à travailler le soir jusqu'à onze heures dans un bar à tapas et tous les week-ends dans une cave à flamenco dont elle tenait le vestiaire. Sa volonté d'indépendance lui avait d'abord fait refuser toute espèce de fil à la patte, tout ce qui aurait pu l'entraver dans sa quête d'autonomie. Ni téléphone, ni ordinateur. Son père, qui se plaignait continuellement de manquer de nouvelles d'elle, avait fini par lui faire accepter un GSM de son entreprise. Elle s'était résignée à cette concession car elle aimait son paternel et ne souhaitait pas rompre le lien affectif qui les unissait.

Or, ce portable était bien celui que napix310 avait utilisé pour faire parvenir à chatgrix le message-étincelle qui avait peu à peu mis le feu à la toile. De là était parti le signal, ce SMS qui disait: «La nuit est à nous». Ces cinq petits mots avaient tout déclenché. Ils avaient conduit les protestataires internautes, grappe après grappe, à occuper silencieusement les rues des communes de France autour des douze coups de minuit.

***

 

Depuis son installation du côté de Pernéty au cours de l'été précédent, Constance Tranh avait rapidement pris ses quartiers au zinc de «L'Angelo». Le petit chafouin aux narines dilatées et le gros à l'accent parigot lui étaient devenus familiers. Ils allaient jusqu'à l'interpeller en guettant ses réactions dès qu'ils balançaient leurs blagues  de comptoir; même Angelo, toujours bourru derrière son bar, ne manquait jamais de la saluer d'un «Salut ma copine!» en lui servant illico presto l'arabica qu'elle n'avait pas encore commandé. Tous ignoraient la profession de «la demoiselle», comme ils disaient quand ils la prenaient à témoin à la troisième personne («la demoiselle, elle pense comme moi», «demande donc à la demoiselle», «attention, il y a une demoiselle ici!»). Elle appréciait cette atmosphère joviale et n'hésitait jamais à rire ou à sourire, même quand le cœur n'y était pas.

Ce jour-là, justement, le cœur n'y était pas.

Elle venait de comprendre dans la douleur les limites de son métier. Depuis ses débuts professionnels, on avait répété au Lieutenant Tranh qu'un policier n'est jamais propriétaire de son enquête. Elle croyait avoir intégré ce paramètre, mais l'épilogue de cette première affaire la laissait sur sa faim. C'était un peu comme si une main inconnue avait pris son assiette à son insu avant la fin du repas et l'avait offerte à un tiers à l'instant même où Constance s'apprêtait à en saucer le fond, la mie de pain  encore entre les doigts.

«C'était une femme!», se dit-elle. Ce plaisantin de Keller avait vu juste. L'art divinatoire devait être l'apanage des grands innocents. Le chef de cabinet du Préfet de police avait senti, elle pouvait en témoigner, que napix310 était une femme et non un homme. Et à présent, cette Luisa Bajos de Villaluenga était en garde à vue, ici, à Paris. Trahie par une puce gabonaise. Pendant que le chafouin et le Parigot tentaient d'attirer son attention en faisant assaut de vannes à deux balles, Constance Tranh ne parvenait pas à oublier l'affaire et son actrice principale. Cette fille appartenait-elle à une organisation politique? Quelle cause défendait-elle?... Pourquoi avait-elle commis l'imprudence de venir en France au risque de s'y faire arrêter? Lâcherait-elle ou avait-elle lâché les noms de ses complices?... Et puis, au fait... A quoi ressemblait donc Luisa?

-    Ho, ma copine!

-    Mmmhhh?

Le visage d'Angelo était à moins de quinze centimètres de celui de sa cliente. Il tapotait le zinc qu'il percutait de ses phalanges et il interrogeait Constance du regard avec l'air de lui avoir posé une question.

-    Vous m'avez demandé quelque chose?

-    Oui, mademoiselle. Je vous dis que le perco est en rade et qu'on ne servira pas de café avant une heure. J'attends le réparateur. Alors? Qu'est-ce que je vous sers?

En effet, Angelo n'avait pas posé cette fois devant elle la tasse d'arabica fumant qu'elle ne prenait plus la peine de lui commander. Percolateur en panne.

-    Eh bien, donnez-moi...

A un mètre d'elle, la nouvelle copine du chafouin (il en changeait comme de chemises) parcourait avec voracité la  rubrique «faits-divers» du journal «Le Quotidien des Parisiens»; les abonnés préféraient dire «Q.P.», deux initiales qu'inversaient volontiers et très injustement les détracteurs de ce grand titre de presse. Le visage roussi de la petite boulotte aux mollets de lanceuse de poids bulgare disparaissait entièrement derrière son journal. Elle le tenait bien haut devant elle, comme pour bien en faire profiter la cantonade. Accoudée au zinc tout près d'elle, Constance pouvait en détailler la première page sans se contorsionner. Elle comprit ainsi et instantanément que l'interpellation de Luisa Bajos de Villaluenga n'était pas passée inaperçue. Le «Q.P.» titrait: «Voici la prêtresse des Visiteurs du Soir». Sous ces grosses lettres, le visage étonné d'une jeune femme blonde occupait toute la photo de Une. Apparemment, le photographe du journal l'avait shootée au moment précis où elle s'était retournée vers les policiers venus l'interpeller dans l'aérogare. Dans le coin inférieur gauche du cliché, on apercevait la main de Luisa qui tenait son G.S.M.

-    Eh ! Ho ! Mademoiselle !... Qu'est-ce que je vous sers?

Constance Tranh tourna brusquement la tête vers Angelo qui commençait à s'impatienter sérieusement. Il  s'adoucit quand il lut sur le visage de sa cliente une expression aussi effrayée qu'insolite, quelque chose comme la tête d'un quidam qui viendrait de croiser un Martien.

Elle lui répondit enfin.

-    Un guignolet-gin, Angelo, s'il vous plaît.

Puis elle ajouta: «Un double. J'en ai besoin».

 ***

 

Sur le perron, côté jardins, le Président tentait de distraire sa colère dans la contemplation des bourgeons. Maurizio Caillard avait lu cette méthode dans une revue féminine qui avait publié la fiche de lecture d'un essai intitulé: «Comment trouver le calme en toutes circonstances». Il cessa de mirer les bourgeons quand il se surprit à penser qu'ils ne poussaient pas assez vite à son goût. Il regrettait de n'avoir pas le pouvoir de les faire éclore sur leurs branches juste en prononçant le mot «fleur». Tout semblait être fait pour l'irriter. Le chef de l'Etat était impatient et furieux. Et cela se voyait bien.

Imogène et lui partaient ce matin-là vers le lac Balaton. Un riche homme d'affaires de leurs amis les avait invités pour quelques jours à venir décompresser dans son château hongrois. En cette demi-saison, les eaux du lac étaient encore très fraîches. Caillard  avait pensé à prendre sa combinaison de jet-ski et ses gants préférés à picots antidérapants. Il avait hâte de prouver à son hôte que si le scooter nautique avait été élevé au rang des disciplines olympiques, lui, Maurizio, en aurait été le premier des champions.

En attendant de dompter la surface ondoyante du Balaton, l'empereur méconnu du jet-ski faisait les cent pas sur le perron du Palais présidentiel. Cette aberrante histoire de C.R.S. en colère qui employaient leurs jours de repos à «déambuler» en treillis autour de chez lui l'excédait au plus haut point. La force publique et tout ce qui l'incarnait, c'était l'affaire de la vice-Présidente. De fait, il l'avait convoquée et elle n'arrivait pas. 

Marie-Michèle Laborde finit par se pointer en nage, bouffie de chaleur, rouge écarlate d'avoir couru. Elle devinait ce qui l'attendait. Incontestablement, il lui fallait un courage certain pour se présenter à son chef dans des dispositions aussi peu favorables.

Quand elle le vit, elle marqua un léger temps d'arrêt, simple réflexe de survie. Mais elle en avait vu d'autres et n'avait pas pour habitude de flancher quand se présentait à elle un danger. La main tendue pour le saluer, elle s'avança d'un pas volontaire vers son chef. Il bouillait, la tête penchée sur le côté droit, les mains jointes derrière le dos, le corps entier oscillant d'arrière en avant. Et ce mouvement s'achevait sur la pointe des pieds en un ridicule effet de ressort qui parachevait en lui tout ce qui pouvait ressembler à un signe d'agacement. Ça sentait la curée.

Elle consulta sa montre. A la vue de l'heure, elle afficha une expression qu'on lit plus souvent sur les traits de celui qui attend que sur le visage de celle qui est attendue. Sur ce, elle prit les devants et entreprit de déposer ses excuses aux pieds du Président.

-    Pardonnez-moi ces douze minutes de retard, Monsieur le Président. J'aurais été à l'heure... euhyyyeuuhh...  si les C.R.S... euhyyy...

-    ...Oui, Madame la vice-Présidente?... Que disiez-vous? Les C.R.S.?... Que faisaient-ils, les C.R.S.?

-    Euhyyyyyyy... Eh bien... Ils déambulaient, Monsieur le Président, lorsque...

La colère de Caillard explosa.

Sur le ton sarcastique de l'instituteur sadique qui tance et terrorise un écolier réfractaire au B.A.BA, il assomma de questions Marie-Michèle Laborde.

-    Madame Laborde, dites-moi... A qui ai-je donc confié la vice-Présidence quand on m'a réélu?

-    Yyyyeuuuh... A moi, Monsieur le Président?

-    Bien. Maintenant, Madame Laborde, pourriez-vous me rappeler en quoi consiste votre tâche?

-    J'ai la responsabilité de la sécurité de la France, dans ses frontières et ...hyyyeuuu... et hors de ses frontières.

-    BBBiiieeen!... «Dans ses frontières» précisez-vous, Madame Laborde. Qu'entendez-vous par là?

Son interlocutrice perçut un piège. Elle regarda le bout de ses mocassins, prit son temps pour répondre, fixa un point dans le ciel pour tenter une diversion: rien n'y fit. La voix du Président se fit soudain plus forte, moins onctueuse. Comminatoire.

-    Qu'en-ten-dez-vous-par-là, Madame Laborde?

-    Monsieur le Président euhyyyeeeuhhhhhh... Je veux dire qu'à cette fin j'ai autorité sur toutes les forces de police présentes sur notre territoire.

Elle faillit ajouter mais se retint à temps: «J'ai juste? Est-ce la bonne réponse?». Plus raide que jamais dans son tailleur-pantalon, elle attendit la suite.

-    Alors, Madame Laborde... (Reprenant le contrôle de ses nerfs, il prit une large inspiration et se mit à parler plus lentement en articulant bien comme s'il énonçait les données d'un problème d'arithmétique)... Reprenez-moi si je me trompe: les Compagnies Républicaines de Sécurité formant une composante essentielle des forces de police présentes sur notre territoire, est-il bien normal, est-il acceptable que ces mêmes Compagnies Républicaines de Sécurité passent les journées de récupération que vous leur avez généreusement octroyées à «déambuler» en nombre autour du Palais présidentiel au point de bloquer votre véhicule officiel et de vous faire accuser ici un retard de douze minutes alors que l'avion privé de mon ami Arnaud Pillorègues n'attend que moi pour partir?

Il reprit son souffle et la regarda droit dans les yeux.

-    Madame Laborde, je suis tout ouïe. J'écoute votre réponse. Et pas de salamalecs, s'il vous plaît. J'ai déjà perdu beaucoup de temps.

Elle rassembla ses forces, puis, adoptant une posture toute militaire elle résuma sa mission.

-    Monsieur le Président, vous pouvez partir tranquille. Demain, les hommes des C.R.S. seront rentrés dans leurs casernements. Les congés de récupération seront suspendus jusqu'à nouvel ordre au nom des nécessités du service. Quant aux meneurs de ces derniers jours, ils seront fermement sanctionnés.

Incrédule, il la toisa pendant que se consumaient les secondes. Tout cela lui paraissait trop beau.

-    Et l'incident de la rue Poulet?

-    Cet incident restera comme une exception, Monsieur le Président. Le couvre-feu sera respecté. En cas de nouveau désordre, j'activerai le plan B.

Maurizio Caillard n'écoutait déjà plus sa vice-Présidente. Il se focalisait sur un détail, un seul, un minuscule détail qui retenait toute son attention: depuis quelques secondes, Marie-Michèle Laborde n'avait pas glissé le moindre petit «Yyyeuuhh» dans la conversation.

 ***

 

Constance n'appréciait guère les alcools forts. En d'autres temps, le double guignolet-gin d'Angelo l'aurait envoyée au tapis. Mais là, elle ne vacillait pas. Elle tenait droit, tout à la surprise d'avoir vu ce qu'elle avait vu.

Après avoir vidé son verre d'un trait, elle posa un billet sur le comptoir et n'attendit pas la monnaie. Elle s'engouffra dans les sous-sols du métro, station Pernéty; ligne 13, changement à Champs-Elysées Clémenceau pour éviter les longs couloirs de Montparnasse et la sempiternelle panne des tapis roulants; ligne 1 direction Châtelet; bords de Seine à pied, traversée du Pont Notre-Dame, place Lépine... Et enfin, l'immeuble de la P.P..

Ces trente minutes de trajet, le Lieutenant Tranh les avait vécues dans un flot d'interrogations en boucle. En arrivant à destination, tout à ses pensées, elle n'eu­t pas un regard pour les anémones, les narcisses, les muscaris qui ensoleillaient les parterres du marché aux fleurs. Plus la jeune femme tentait d'assembler et de rassembler ses souvenirs pour comprendre, plus elle avait l'impression d'être le jouet de quelque chose qui la dépassait.

Les épreuves que ses deux parents avaient surmontées auraient pu la faire verser, enfant, dans un monde dominé par le Divin et l'immatériel. Elle n'avait jamais cédé à l'appel d'une dévotion béate ni à l'acceptation fataliste de ce qui viendrait d'en haut. A la justice immanente, elle avait toujours préféré  celle des juges de chair et d'os. Si la loi s'écrivait avec un «L» majuscule, c'était bien celle des hommes. Tout devait être démontrable. Rationnellement. Constance Tranh n'avait pas choisi d'intégrer la police par l'opération du Saint-Esprit.

Quand elle parvint à l'étage où se trouvait son bureau et celui de Jacques-Julien Keller, elle vit qu'il y régnait une vibrante agitation. Les gens pressés y croisaient des îlots de conciliabules, on se transmettait de bouche à oreille un secret à faire peur, il se passait indéniablement quelque chose.

Constance frappa à la porte du chef de cabinet au moment précis où il allait sortir de la pièce. Keller tenait sur son thorax une chemise cartonnée de teinte grège; le Préfet de police l'attendait.

«Ah, vous voilà...  remarqua-t-il simplement à voix haute. Elle voulut lui parler. Elle avait une révélation à lui faire, c'était très important. Il sembla ne pas l'entendre. Il  ajouta: «...C'est bien que vous soyez là. Je peux avoir besoin de vous. Attendez-moi ici, je reviens dans cinq à sept minutes». Puis il s'éloigna hâtivement.

Constance entra dans le vaste bureau. Le patron ne l'avait pas invitée à s'asseoir, elle l'attendit debout. Le temps lui parut long jusqu'au retour de Keller. Pourtant, quand il revint, il ne s'était pas écoulé plus de sept minutes depuis son départ. Il ferma la porte derrière lui et marqua une pause en considérant avec bienveillance sa collaboratrice préférée. Il avait laissé chez le Préfet la chemise grège, celle qu'il tenait tout à l'heure contre son corps comme s'il se fut agit d'un bien des plus précieux.

-    Vous n'imaginez pas à quel point je suis ravi de vous voir, lui dit-il.

Elle marcha vers lui en parlant confusément. Enfin elle trouvait à qui parler. Il lui fallait se libérer de ce poison, de cette parole qu'elle gardait pour elle seule depuis l'instant du choc ressenti chez Angelo.

Celui à qui elle destinait ses confidences l'interrompit.

-    Un moment, chère Mademoiselle! Croyez-le bien, je vais vous écouter. Mais auparavant, soyez attentive à ce que je vais vous dire. Il arrive ici quelque chose d'inouï, de totalement imprévisible. C'est une histoire de fou.

Elle resta bouche bée, coupée dans son élan par le devoir de préséance. Elle adressa donc un signe de tête un peu mou à son supérieur hiérarchique. Keller entreprit à la seconde de tout lui raconter.

-    Les échanges de fichiers entre l'Espagne et la France ont repris. Nous en savons plus -beaucoup plus!- sur la personnalité et surtout sur les proches de Luisa Bajos de Villaluenga. En recoupant les informations données par nos partenaires espagnols, nous avons découvert l'impensable. Tenez-vous bien, Constance...

Elle ne le laissa pas continuer.

-    C'est inutile, Monsieur le chef de cabinet. Je sais ce que vous allez me dire. Je suis prête à le parier.

Lui que rien ne surprenait, il fut interloqué. Elle le vit pâlir.

-    Que voulez-vous dire, Constance ?

-    Quand j'ai connu Luisa Bajos de Villaluenga, elle se faisait appeler Maria-Luisa Bajos. C'était à Madrid, il y a  cinq ans. Je suivais là-bas une partie de mes études dans le cadre d'un programme européen. Elle et moi, nous nous sommes rencontrées au cours d'une petite fête organisée par mon colocataire.

-    Votre colocataire?

Constance Tranh baissa les yeux et reprit le fil de son récit.

-    Maria... -car tout le monde l'appelait Maria- n'était pas dans son assiette ce soir-là. Elle était déprimée. Elle avait un peu forcé sur la sangria et avait tiré sur quelques joints. Une fois l'appartement vidé de ses occupants, nous sommes restées là, toutes les deux, au milieu des gobelets et des assiettes de plastique sales. Elle était malade. Je ne voulais pas la laisser rentrer dans cet état. Entre deux ou trois visites à la cuvette des toilettes, nous avons discuté, elle et moi...

-    Et votre colocataire, Constance, il était là, lui-aussi?

Keller faisait une fixette et ce n'était pas le moment de finasser. Pour ne pas se laisser distraire une fois de plus, elle lui servit avec aplomb une fausse réponse qui le fit taire pour de bon.

-    Non. Lui, il avait abrégé la soirée. En fait, il était allé finir la nuit chez l'un de ses invités, un type qui lui plaisait... si vous voyez ce que je veux dire.

Le chef de cabinet s'en tint là. Constance put  reprendre le cours de son histoire sans être interrompue.

-    ... Donc, Maria, Maria-Luisa... -Luisa si vous préférez- allait plutôt mal, et pas seulement parce qu'elle avait bu. Sans vouloir lui tirer les vers du nez, j'ai obtenu qu'elle vide son sac. J'étais sûre que ça lui ferait du bien. Ah ça ! Pour le coup, elle l'a vidé, son sac ! Et ce qu'il y avait dedans, si j'ai bien compris, c'est ce que vous venez d'apprendre...

Sans dire un mot, une moue sur les lèvres, le front plissé, Jacques-Julien Keller lui répondit lentement oui de la tête. Alors, avant de lui céder enfin la parole, elle conclut...

-       ...Si tout le monde connaît le papa de Luisa, peu de gens ont une idée de qui peut être sa maman. Oui, Monsieur le chef de cabinet, je sais ce qui vous met en émoi ce matin. Je crois qu'en faisant procéder à l'interpellation de cette fille, quelqu'un a fait une grosse boulette.

 

Fin du neuvième épisode, la suite demain

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