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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:20
| Par Louise Fessard

 

Denis Godard.  
Denis Godard.© DR

Un homme affirme avoir été violemment frappé, dans un commissariat parisien, par un policier agacé qu'il siffle «L'Internationale». Denis Godard, 47 ans, a déposé plainte le 6 janvier 2012 pour violences volontaires aggravées. Depuis son passage le même jour au commissariat du troisième arrondissement, il souffre d'une fracture du plancher de l'orbite (l'os sous l'œil) avec douze jours d'interruption temporaire du travail (ITT). La préfecture de police de Paris a indiqué lundi que l'inspection générale des services (IGS) avait été saisie.

Selon son témoignage recueilli dimanche par Mediapart, il a été interpellé en état d'ébriété rue Beaubourg à Paris, vendredi 6 janvier vers 5 heures du matin, par des policiers de la brigade anticriminalité, alors qu'il se trouvait avec deux de ses collègues, salariés de l'association Act-Up comme lui.

 

«Nous avions consommé de l'alcool, nous cherchions un taxi et Denis a accroché un scooter avec sa sacoche, on l'a relevé, mais les policiers n'ont rien voulu savoir et ont embarqué Denis», explique sa collègue Cécile Lhuillier, vice-présidente d'Acte Up. 

 

Amené au commissariat du troisième arrondissement, Denis Godard dit avoir été placé sur un banc dans un couloir bordé de cellules, en attendant l'examen médical de routine à l'Hôtel Dieu. «Je me suis mis à siffler l'Internationale, ce qui m'est passé par la tête, raconte-t-il. Un policier m'a dit qu'il fallait que j'arrête car "J'emmerdais tout le monde, ceux qui travaillaient et ceux qui dormaient".»


Denis Godard lui aurait demandé ce qu'il comptait faire pour l'arrêter et le policier lui aurait alors montré sa main.

 

«J'ai continué à siffler, poursuit-il. Le policier a fermé la porte donnant sur le hall du commissariat, ce qui fait que nous étions seuls, et il m'a frappé au visage, une seule fois et la main ouverte. Je lui ai dit qu'il n'avait qu'à continuer comme ça, car les choses se verraient. Il a répondu qu'il savait faire et avait l'habitude. Ensuite, ça s'est arrêté là, trois policiers sont arrivés pour m'emmener à l'Hôtel Dieu. Quand j'ai abordé le sujet, ils ont parlé d'autre chose. Et paradoxalement, j'étais persuadé que ça ne se voyait pas puisque le policier l'avait affirmé !» 

 

Après quelques heures en cellule de dégrisement, Denis Godard passe devant un officier de police judiciaire. «J'avais un coquard qui commençait à enfler, il a pris ma plainte, il semblait savoir de qu'il s'agissait, même si je ne connaissais pas le nom du policier», explique-t-il. Contacté dimanche soir, l'un des deux OPJ de service au commissariat du troisième n'était pas au courant des faits.

 

Denis Godard a été examiné samedi aux urgences médico-judiciaires de l'Hôtel Dieu.  «Les médecins étaient surpris par la violence du coup», explique-t-il. Il présente une fracture du plancher orbital et pourrait devoir subir une opération chirurgicale, car un nerf innervant la moitié du visage serait touché. «S'il est lésé, j'aurai un problème de sensibilité définitif pour la moitié du visage», précise-t-il.

 

Par ailleurs militant du NPA (mais ce militantisme, tout comme son emploi chez Act Up, qu'il n'avait pas mentionné aux policiers, n'ont, a priori, aucun lien avec les faits), Denis Godard se dit scandalisé qu'«un policier se sente suffisamment en situation d'impunité pour agir ainsi, dans un cas aussi anodin».

 

«Je suis un homme blanc, de nationalité française, âgé de 47 ans, que se passe-t-il quand ce sont de jeunes gens, arabes ou noirs, qui se font arrêter dans des situations plus chaudes ?», demande-t-il.

 

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:14

«On est donc en train de réfléchir sur comment faire en sorte que le logement social puisse mieux aider ceux qui travaillent», a déclaré le ministre de l'enseignement supérieur, Laurent Wauquiez. Cette proposition «met systématiquement en porte-à-faux les suggestions de L. Wauquiez avec la politique qu’il est censé soutenir depuis 2007», explique Didier Desponds, qui vient de publier  Pour en finir avec l’égalité des chances. Refonder la justice sociale.

 

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puceinvite.jpg

Laurent Wauquiez, maire UMP de la ville du Puy-en-Velay et ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche à ses heures perdues, est un homme pressé. Il n'arrête plus d'occuper le devant de la scène médiatique comme en témoigne son dernier livre publié chez O. Jacob « La lutte des classes moyennes », ayant fait l'objet d'une aimable promotion lors de l'émission de L. Ruquier du 17 décembre 2011, « On n'est pas couché ». La reprise du concept de lutte des classes appliqué aux classes moyennes peut surprendre. Un ministre en exercice de l'équipe Sarkozy revendiquerait un héritage marxiste... La pertinence même du concept serait surtout à interroger, si l'on excepte les catégories les plus aisées qui parviennent adroitement à défendre leurs propres intérêts en les faisant passer pour compatibles avec l'intérêt général (voir sur ce point les travaux des sociologues M. Pinçon et Mme Pinçon-Charlot), c'est bien davantage le délitement du sentiment d'appartenance à une classe et le morcellement de la société qui s'observent.  

 

La proposition la plus spectaculaire défendue par le ministre vise à réserver les logements sociaux à ceux qui travaillent. Elle part certes d'un constat qu'il est possible de partager (pour avoir un emploi, mieux vaut avoir un logement...) mais se heurte à un certain nombre de paradoxes, mettant systématiquement en porte-à-faux les suggestions de L. Wauquiez avec la politique qu'il est censé soutenir depuis 2007.

 

- Comment envisage-t-il de procéder pour réserver les logements sociaux à ceux qui travaillent alors que tous les experts en charge de la question pointent une pénurie de l'offre en regard de la demande effective, comme l'indiquent les rapports de la Fondation Abbé Pierre ?

 

- Si la loi SRU impose un pourcentage de logements sociaux par commune de plus de 1500 habitants en région Île-de-France et de 3500 hors de celle-ci, les réticences à construire proviennent le plus fréquemment de communes dirigées par des maires de la même couleur politique que L. Wauquiez. Il ne semble pas envisager d'accroître les sanctions contre celles qui ne respectent pas la loi.

 

- Si ceux qui ne travaillent pas ne peuvent accéder au logement social, quelles pistes alternatives s'offrent à eux ? Le parc locatif privé ne constitue sans doute pas la solution adéquate, les prix ayant connu dans ce domaine une forte appréciation, en particulier dans les grandes agglomérations. Il serait naturellement envisageable de  mettre en place des dispositifs visant à limiter cette flambée des prix comme ne l'envisage en aucun cas le gouvernement auquel appartient L. Wauquiez. Les contraintes se renforcent donc pour ceux qui n'ont pas la chance de disposer d'un emploi stable ni de revenus conséquents. L'accès au logement, que la loi du 31 mai 1990 présente comme un droit, se révèle ainsi de plus en plus hasardeux.

 

- Ces difficultés se trouvent accrues en raison des choix opérés pour résoudre les difficultés budgétaires. Le Premier ministre a ainsi annoncé une diminution des APL. Effective depuis 2010, ceci contribue à rendre moins solvables des ménages de jeunes adultes, en particulier ceux qui éprouvent des difficultés croissantes pour accéder au logement. L. Wauquiez ne s'est pas exprimé sur ce sujet qui affecte pourtant de nombreux étudiants.

 

- Face à ces multiples contraintes, financières et de localisation de l'offre résidentielle, de plus en plus de ménages optent pour des solutions alternatives de logement pouvant les conduire à résider de façon permanente sur des terrains de camping localisés aux marges des agglomérations. Or le gouvernement a récemment choisi de lutter de façon urgente contre ce type de résidence, limitant de nouveau les solutions adoptées par ceux qui n'ont guère de choix :. L. Wauquiez croit tenir la solution en souhaitant réserver les logements sociaux à ceux qui travaillent. Que pense-t-il de ceux qui choisissent des solutions résidentielles non conventionnelles en conséquence de leur solvabilité réduite et de la restriction de l'offre résidentielle accessible ? Ils nuisent probablement au caractère bucolique du paysage rural...

 

- Quant à ceux qui se trouvent dans la plus grande précarité, il est nécessaire de rappeler la réduction du nombre de places de logements d'urgence. Si la loi DALO (Droit Au Logement Opposable) du 5 mars 2007, a mis en place un dispositif complexe, destiné à permettre l'accès de tous au logement, elle nécessite de recourir à l'offre dans le parc social existant. Ceci concerne d'abord des ménages en grandes difficultés économiques. L. Wauquiez ne nous a pas indiqué s'il comptait revenir sur le dispositif, le modifier, le réserver à ceux qui ont un emploi même précaire quitte à laisser à la rue des familles avec enfants ?

 

Au final, cette proposition apparaît clairement pour ce qu'elle est : jeter un écran de fumée sur la faillite de la politique du logement mise en œuvre par son mentor, Nicolas Sarkozy, qui promettait de réduire la pauvreté en France et s'était engagé le 18 décembre 2006 à Charleville-Mézières dans un grand discours à la France qui souffre à ce que « d'ici à deux ans plus personne ne soit obligé de dormir sur un trottoir et d'y mourir de froid », celui qui lors de sa campagne de 2007 souhaitait « permettre à chaque ménage d'être propriétaire ». Le club de réflexion créé par L. Wauquiez, la Droite sociale (ce qui dans la Novlangue actuelle signifie la stigmatisation systématique des catégories les plus défavorisées) a donc comme ambition de faciliter l'accès au logement de ceux qui ont déjà un travail, elle pourrait en cas de mise en œuvre accroître les difficultés des personnes à la recherche d'un emploi, en soumettant à une pression nouvelle celles qui résident dans le parc locatif social, voire les conduisant plus facilement à la rue. « Louable proposition » émanant d'une droite se prévalant des valeurs catholiques, dans un contexte de tensions accrues sur le marché du logement. Que l'on se rassure, cette double-peine que L. Wauquiez veut leur appliquer au nom d'un prétendu principe de responsabilité s'inscrit dans l'air du temps consistant à culpabiliser les plus fragiles. La Grande-Bretagne de J. Cameron fait de même avec l'approbation tacite du New Labour de E. Milliband. L. Wauquiez au final ne prend guère de risques, les catégories qu'il stigmatise lâchement n'auront guère d'incidences sur le plan électoral. Elles votent peu...

Pour conclure, je souhaiterais poser trois questions simples à L. Wauquiez :

  • 1) La perte d'emploi est-elle le stigmate d'une indignité personnelle justifiant l'ajout de nouvelles épreuves ?

  • 2) Dans le cas de l'adoption d'un dispositif s'inspirant des préconisations de la Droite sociale, que se passerait-il pour l'actif ayant eu accès à un logement social et perdant son emploi, devra-t-il rendre son logement, même s'il paye les traites de son loyer ?

  • 3) Si les « classes moyennes » que L. Wauquiez prétend défendre ont été affaiblies, quelle part de responsabilité porte la gestion mise en œuvre par l'actuel Président de la République ?

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Dernier ouvrage paru : Desponds Didier (sous la direction de) : «  Pour en finir avec l'égalité des chances. Refonder la justice sociale ». Edition Atlande, 2011.

 

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:09

 

Bonnes feuilles 09/01/2012 à 10h53

 

 

« La Voix de son maître » d'Augustin Scalbert (Nova)

 

Journaliste à Rue89, Augustin Scalbert publie le 11 janvier chez Nova éditions « La Voix de son maître », une enquête sur les rapports entre France Inter et le pouvoir politique depuis 1963.

Il y décrit notamment les rapports compliqués entre Nicolas Sarkozy et la station et revient sur la nomination de Philippe Val et l'éviction de l'humoriste Stéphane Guillon.

Le président de la République avait France Inter dans sa mire dès le début de la campagne pour la présidentielle de 2007. Nous publions ci-dessous un passage du livre d'Augustin, qui donne un bon aperçu des relations compliquées entre Sarkozy et la station.

Le contexte : le 9 octobre 2006, fraîchement nommé animateur de la tranche du matin, Nicolas Demorand interviewe le candidat Sarkozy. C'est pour lui un baptême du feu, et l'interview s'avère très rude : Sarkozy descend Demorand, faisant bizarrement allusion à ses diplômes (il est normalien) et l'opposant à la journaliste russe Anna Politkovskaïa, assassinée l'avant-veille.

« Vous êtes le contraire de cette journaliste russe courageuse qui voyait tout, donc vous ne voyez rien. »

Environ un mois plus tard, le ministre de l'Intérieur invite quelques personnes de la radio publique à déjeuner place Beauvau. Ici commence l'extrait que nous avons choisi. (Les intertitres et liens hypertextes sont de la rédaction de Rue89)

 »Patrice Bertin vient voir Nicolas Demorand, et lui dit qu'il est invité. Demorand refuse : « Je ne veux pas entrer dans ces trucs-là : tu rencontres quelqu'un hors contexte, et il va te taper sur l'épaule, te dire : “Machin, comment tu vas ? ” » Absent au déjeuner, Demorand va être omniprésent dans la conversation.

Il pleut à seaux quand la petite équipe de France Inter franchit la grille du ministère de l'Intérieur, en cette fin de matinée de novembre. Il y a là le directeur de la radio Frédéric Schlesinger, le directeur de la rédaction Patrice Bertin, le chef des informations Philippe Bardonnaud, la chef du service politique Hélène Jouan et le journaliste politique Jean-François Achilli, chargé de suivre la droite.

« Sarkozy était ivre de rage »

Hélène Jouan est une des bêtes noires de Sarkozy sur cette antenne depuis qu'elle a fait allusion, en 2005, à ses problèmes conjugaux. [...] « Sarkozy était ivre de rage », rapporte un journaliste politique d'Inter à l'époque. « Franck [Louvrier] et Jean-François [Achilli] ont essayé d'arrondir les angles, mais pour Sarkozy, c'est une sorte de péché originel. De là est née sa rancœur contre Hélène Jouan. » (Interrogé sur ce point, Franck Louvrier dément).

Après le changement de mode de nomination du PDG de Radio France et l'arrivée de Philippe Val à la direction de France Inter, personne ne donne très cher de la peau de celle que Frédéric Schlesinger a nommée entre-temps directrice de la rédaction d'Inter.

Un journaliste affirme que juste après l'arrivée de Philippe Val, celui-ci voulait limoger la patronne de la rédaction et lui proposer l'animation du 18-20. Face à la dégradation du climat, Hees et Val auraient renoncé. Hélène Jouan a finalement quitté son poste pour prendre la direction des magazines de la radio, en mai 2011, à sa demande.

Elle a été remplacée par un rédacteur en chef de France Info, Matthieu Aron. Hélène Jouan ne prendra pas trop la parole, pendant ce déjeuner de novembre 2006 place Beauvau. Pas plus que Jean-François Achilli, d'ailleurs. La petite troupe de France Inter patiente un peu dans un salon, puis Nicolas Sarkozy arrive. Plutôt sympa :

« Bonjour, bonjour… Pardon de vous avoir fait attendre. Comment ça va ? »

Dans la salle à manger, Sarkozy s'assied en face de Schlesinger, avec Bertin à sa droite. Jouan, Achilli, Bardonnaud et un conseiller du ministre complètent le tour de table. Les mets sont succulents, mais la première demi-heure est « pestilentielle », selon l'un des convives. Sarkozy attaque bille en tête sur « Christophe Hondelatte ». Ses invités le regardent avec des yeux ronds, puisque Hondelatte n'officie plus à France Inter depuis 2000. « Ça continue comme ça pendant tout le début du repas », relate un autre convive. « On aurait dit qu'il le faisait exprès. »

« Paraît qu'il est normalien ? »

Au bout d'un moment, Hélène Jouan interroge le ministre :

« Vous êtes sûr que vous parlez de Christophe Hondelatte ? Mais il n'est pas à France Inter.
– Oui, enfin, celui qui est intelligent, celui qui a fait Normale sup, c'est bien ça ?
– Ah non, c'est Nicolas Demorand.
– Eh bien il n'est pas au niveau, pas du tout au niveau de France Inter. Quand on entend des gens comme Elkabbach, ça, c'est des journalistes. Elkabbach, à 70 ans, il est meilleur que votre Demorand à 35. Paraît qu'il est normalien, mais il est pas au niveau, hein. »

Tour à tour, Schlesinger et Bertin défendent leur animateur :

« C'est normal, il pose des questions à l'américaine. Il a peut-être une marge de progression, mais il est brillant.
– Et vous êtes difficile à interviewer. »

Sarkozy continue, sur le même ton, à fustiger Demorand. Impossible de l'arrêter : un ton extrêmement méprisant, un mépris ironique, un feu nourri de critiques. Le déjeuner commence sur un mode tellement déplaisant que le patron de France Inter et celui de la rédaction s'interrogent du regard, l'air de dire :

« On s'en va ? Qu'est-ce qu'on fait ? »

Puis Schlesinger intervient à nouveau :

« Monsieur le ministre, tous les jours vous jugez vos collaborateurs, nous jugeons les nôtres. Nicolas Demorand est bon. Pour nous, c'était de la bonne radio. »

« De la bonne radio, peut-être »

Au total, une vingtaine de minutes sur Demorand. Puis, tout à coup, Sarkozy se détend :

« Après tout, vous avez peut-être raison. Oui, de la bonne radio, peut-être. »

Un coup de fil interrompt alors le ministre, qui s'absente pendant dix minutes. Selon ce qu'a appris par la suite un des journalistes présents, il s'agissait du président Chirac. Quand il revient, Sarkozy est un homme totalement différent, changé. Il est jovial :

« Bon, passons à autre chose. Et alors, les sondages, ça marche pas mal, non ? »

Et là, Nicolas Sarkozy dresse un tableau complet de l'état de la radio en France, avec une expertise et une précision qui bluffent ses invités. Décidément détendu, il pose sa main sur le bras de Patrice Bertin, lui donne du « Patrice », le tutoie. La conversation devient courtoise.

« On l'emmène partout, Jean-François »

Le ministre de l'Intérieur complimente Jean-François Achilli, avec qui il apprécie d'aller sur le terrain :

« On aime bien partir avec Jean-François, il est bien Jean-François, il ne dit jamais rien. On l'emmène partout, Jean-François. »

Ensuite, Sarkozy parle politique. De sa probable adversaire, Ségolène Royal, la reine des sondages à gauche. Puis, en précisant que c'est « off the record », il se lance sur l'affaire Clearstream, affirme que « les officines gaullistes ne sont pas mortes ». Il balance quelques phrases assassines sur Dominique de Villepin, sur Michèle Alliot-Marie et sur Patrick Ollier, son compagnon. « Sur MAM, c'était limite », raconte un des participants. « Le degré zéro de la politique. »

Le maître d'hôtel apporte le dessert. Un dessert léger, mais Sarkozy n'en prend pas : il mange un fromage blanc maigre. Dans la foulée, il avale une bonne dizaine de chocolats.

Au bout d'une heure trente, le ministre s'excuse : « Il faut que j'y aille. » Il raccompagne ses hôtes dans l'escalier. Amical, il leur tape sur l'épaule, et leur dit : « Ne m'en veuillez pas pour le début, hein. Chuis comme ça. »

En sortant, les cinq salariés de France Inter sont un peu sonnés. Dans la cour de Beauvau, la pluie bat toujours le pavé. Interrogé sur ce déjeuner, Franck Louvrier dit n'en avoir « aucun souvenir ». »

 

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 14:03

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Colère

08/01/2012 à 18h26
Zineb Dryef | Journaliste Rue89 Audrey Cerdan | Photographe Rue89


 

Lassés par des politiques déconnectés de leur vie et par une pauvreté croissante, des citoyens révoltés se réunissent pour trouver le moyen de « vivre heureux ».

(De Corrèze) Ils sont vingt, assis en rond dans le salon de Corinne, une grande pièce éclairée par des guirlandes lumineuses et réchauffée par des dessins d'enfants. Sur les murs ont été punaisés, en prévision de la réunion, un « bout d'espérance » signé Hundertwasser, des slogans et un ordre du jour, encore vierge lorsqu'on arrive enfin.

Puy d'Arnac, à quelques 5 948 kilomètres de (Occupy) Wall Street et à un peu moins de 500 kilomètres de (Occupons) La Défense.

Pour arriver, on traverse en voiture de minuscules villages corréziens, on grimpe une pente impraticable l'hiver tant elle est raide, on se dit que cette campagne là est belle.

Il est 19h30. Tout le monde est déjà assis. Une grande table est dressée façon buffet au fond de la pièce. Chacun a apporté quelque chose. Certains se connaissent tous de longue date. Ils sont amis ou voisins. Ceux qui se connaissent peu se sont au moins aperçus une fois, au marché ou peut-être ailleurs.

« Vous voulez boire quelque chose ? »

On veut bien. La réunion doit commencer.


« La misère est plus cachée qu'en ville »

Corinne se lève. Elle sort son gros feutre et attend. « On doit faire l'ordre du jour. » Bavardages. Elle rit :

« Ce ne sont plus les “Indignés” mais les “Indisciplinés”. »

Elle noircit la feuille au fur et à mesure. « Consommer autrement », « Redéfinir notre identité », « Comment se faire entendre »... L'ordre du jour terminé, il faut maintenant déterminer dans quel sens le prendre : de haut en bas ou de bas en haut ?

Mais avant de débattre, certains veulent s'exprimer. Evelyne, calmement :

« A la campagne, il y a de la misère. Beaucoup de misère. On voit tous ces petits retraités... Les Restos du cœur de Beaulieu sont de plus en plus fréquentés, on le voit tous les jours. C'est plus caché qu'en ville mais ça existe. »

Les autres font oui de la tête.

« Les familles très pauvres ne savent pas qu'elles peuvent faire un potager, c'est hallucinant. Ils ont des terrains et ils ne savent pas. Ils n'ont plus le savoir. »

La pauvreté, Marie connaît. Avec quelques centaines d'euros par mois à plus de 50 ans, elle vit mal. « Survit ». Lorsqu'elle intervient, sa parole de colère et d'exaspération installe le silence parmi les autres :

« Il faut que les politiques sachent l'état de délabrement de nos vies. Le choix aujourd'hui, c'est de payer ses factures ou de manger. Il faut que les politiques parlent de ça, soient plus concrets. C'est une grande révolte. Les petits raccommodages ne suffisent pas. »

Djemel, futur crieur public des environs, timidement, suggère que les « Indignés », c'est justement de « faire sans les politiques ». Marie explose :

« Mais on ne veut pas faire avec, on veut aller contre ! Sur les plateaux télés, ils parlent de leur dette, mais on n'est pas économistes, on ne va pas hypothéquer la vie des gens ! On doit être intrusifs, aller à la télé, les faire parler de la vie des gens. »

« Les gens sont encore trop gentils »

De son sac, elle sort « L'Horreur économique », paru en 1996, de l'essayiste Viviane Forrester (la photo de quatrième est incongrue).

« Lisez-le, elle dit tout ! Ils nous écrasent. »

Le livre circule. Il est feuilleté longuement – de nombreux passages ont été soulignés avec vigueur.


Marie montre le livre de Viviane Forrester, « L'Horreur économique » (Audrey Cerdan/Rue89)

Louise, sa fille de 20 ans, se tient silencieuse à ses côtés. C'est la première fois qu'elle participe à une réunion politique.

« Ma mère m'a traînée là mais elle a raison, les gens sont encore trop gentils. »

Ces derniers jours, quelqu'un du conseil général de Corrèze lui a annoncé qu'elle n'aurait pas de bourse pour ses études d'arts appliqués à Bordeaux. Il n'y a plus d'argent. Ça la secoue, elle ne sait pas bien comment elle peut faire.

Ce qui la secoue plus encore, c'est ce suicide à Collonges-la-Rouge, il y a quelques jours. Quelqu'un que tout le monde dans ce salon connaissait. Peut-être s'est-il suicidé à cause de ses dettes, personne ne sait. Marie s'énerve :

« Ce n'est plus possible. »

« Peut-être que les “Indignés”, c'est cela, recréer des liens pour éviter ces drames », dit Corinne. Quelqu'un qui n'était pas au courant pleure.

Evelyne reprend la parole pour dire que les « Indignés » servent à éveiller. Parce que la majorité de la population n'est pas dans la prise de conscience mais dans la survie :

« Quand je parle du potager, c'est pour dire aux gens, leur montrer qu'ils peuvent être autonomes. Il faut montrer qu'il y a des alternatives de vie et qu'on est heureux. »

Une participante réplique :

« Mais si on est heureux, on n'a pas à se réunir. »

Anne, l'une des plus engagées, clot le débat :

« C'est vrai, en face de nous, on a des pouvoirs qui nous écrasent, on est sacrifiés mais on doit pouvoir vivre heureux. »

Corinne qui reçoit ce soir – les lieux de réunions sont tournants – lève la séance. On reprendra après avoir fumé et un peu mangé.

« C'était bien, les vœux écrits sur les étoiles »

Qui sont-ils ces « Indignés » corréziens ? Il y a là des agriculteurs, une maraîchère, un plombier-chauffagiste, des artistes, une femme au foyer revendiquée, un menuisier, des artisans...

Parmi eux, rares sont ceux qui ont un passé d'engagement politique mais ils sont tous plein de cette révolte nouvelle contre « eux ». Eux, ce sont les politiques, les médias, les grands groupes, leurs logos au-dessus des factures qui montent.

Par petits groupes, ils allument des cigarettes dans l'obscurité du dehors ou se resservent autour de la table. Ils parlent de tout et aussi de la dernière manifestation à Tulle, ils étaient cinquante, c'était pas mal.

« C'était bien aussi, à Meyssac, les vœux écrits sur les étoiles. Les gens s'arrêtaient pour les lire », dit quelqu'un lorsque la réunion reprend. Ils ont l'air comme ça d'être ce qu'on désigne par « doux rêveurs » mais non, ils sont décidés à tout changer, à « tout faire basculer », à se mettre hors du système.

C'est pour cela que sont nées ces réunions. Alors, depuis la fin du mois d'octobre, ils discutent et manifestent sous la bannière des « Indignés » en se demandant encore ce que ça peut bien vouloir dire.

Ils disent ne pas vouloir de chef, ils disent vouloir communiquer leur révolte, apporter des réponses, non, pas apporter des réponses plutôt des pistes. Ils disent aussi vouloir transmettre ce qu'ils vivent, être entendus mais pas par des syndicats et des partis perçus comme opportunistes.


« Il faudrait raper son savon devant un Lidl »

Kevin, 28 ans, propose d'organiser des rencontres entre associations du coin, petits producteurs et consommateurs. Circonspects, certains font observer que ça s'est déjà fait, qu'on retrouve toujours les mêmes personnes.

« Moi, j'aimerais qu'on aille à la rencontre des gens qui ne vont jamais à ces trucs là.

– On peut aller sur les marchés où on trouve M. et Mme Tout le Monde. Le but c'est de toucher des gens ordinaires.

– C'est vrai, parce que si c'est pour tomber sur les convaincus...

– Dans les marchés, ce sont des gens aisés.

– Moi pour faire ma lessive, j'utilise du savon de Marseille râpé. On pourrait, par exemple, au supermarché, se mettre à râper des savons de Marseille pour montrer aux gens que ça coûte moins cher que des packs de lessive et que ça lave aussi bien.

– Oui, mais ça existe déjà dans les bouquins.

– C'est bien de le montrer. Ca fera faire des économies à ceux qui en ont besoin.

– Il faudrait le faire devant un Lidl alors. »

La soirée avance, les idées surgissent. Pourquoi ne pas encourager ceux qui ont un jardin à produire ? Mais ceux qui n'ont pas de jardin ? Ils peuvent acheter des produits à ceux qui en ont, leurs produits en plus, ça se faisait autrefois. Se pose alors la question de la légalité. Une participante se fait pédagogue :

« Je ne paye pas mes factures. De toute façon, même si je voulais, je ne peux pas. Du coup, je ne paye que ce que je dois. Pour l'eau, par exemple : les taxes d'assainissement, le forfait de je ne sais pas quoi et l'aménagement de la station d'épuration, c'est non. Je paye uniquement ce que je consomme. Parce que je ne trouve pas ça juste. Je leur écris pour leur dire. »

L'assemblée est perplexe : mais il se passe quoi ?

« Je paye uniquement ce que je dois, et sinon j'écris à Hollande [président du conseil général de Corrèze, ndlr].

– Et tu fais ça depuis quand ?

– Depuis que je suis pauvre. Depuis trois ou quatre ans. »

Indignation en Corrèze, mode d'emploi

Cette vingtaine de Corréziens s'indigne et a l'intention de faire plus encore. Ensemble, ils veulent peser. Leur mode d'emploi :

  • une assemblée générale d'information sur la désobéissance civile pour échanger des « trucs » ;
  • des actions concertées pour ne pas « que quelqu'un se retrouve seul au tribunal » ;
  • des actions locales  ;
  • des manifestations, encore et encore, pour rassembler autour d'eux.

Le 15 janvier, ils seront à Brive. Ce sera la journée mondiale des Indignés.

Vous faites aussi partie d'un groupe qui s'indigne ? Racontez-nous dans les commentaires.

 


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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 13:59

LEMONDE | 09.01.12 | 11h36   •  Mis à jour le 09.01.12 | 12h36

 
 

 

La police judiciaire à Tarnac, le 11 novembre 2008

La police judiciaire, à Tarnac, le 11 novembre 2008AFP/THIERRY ZOCCOLAN


C'est une nouvelle petite victoire pour les mis en examen de Tarnac (Corrèze), soupçonnés depuis novembre 2008 d'avoir saboté des lignes de la SNCF. Une information judiciaire a été ouverte dans l'affaire des écoutes sauvages de l'épicerie gérée par le petit groupe, un dossier annexe au sabotage.

La juge d'instruction de Brive-la-Gaillarde a estimé, le 3 janvier, qu'il y avait lieu à instruire sur le chef d'"atteinte au secret des correspondances" et d'"atteinte à l'intimité de la vie privée" que le procureur de la République souhaitait écarter. Pour Me William Bourdon, l'avocat de la société du Magasin général de Tarnac, qui avait porté plainte avec constitution de partie civile en février 2011, la justice rentre ainsi dans la "phase sombre du dossier".

Le 11 novembre 2008, neuf personnes appartenant à la mouvance "anarcho-autonome" sont interpellées à Tarnac (Corrèze) et Paris. Elles sont accusées d'avoir posé des crochets métalliques sur des caténaires pour désorganiser les lignes de la SNCF en octobre et novembre 2008. A l'issue de leur garde à vue, quatre d'entre elles sont remises en liberté, cinq sont placés en détention provisoire.

 

Tous sont mis en examen pour "association de malfaiteurs en vue de la préparation d'un acte terroriste", sauf Julien Coupat, considéré comme le leader du groupe, qui est mis en cause pour "direction ou organisation d'un groupement formé en vue de la préparation d'un acte terroriste". Installé dans le petit village de Corrèze depuis le début des années 2000, le groupe s'occupe d'une épicerie-bar-restaurant et élève des animaux sur les 40 hectares de la ferme du Goutailloux.

 

La qualification terroriste des faits, le maintien en détention de M.Coupat jusqu'en mai 2009 sont largement médiatisés ainsi que le contrôle judiciaire strict imposé dans un premier temps aux remis en liberté. La fragilité des éléments à charge de ce que la ministre de l'intérieur de l'époque, Michèle Alliot-Marie, avait qualifié d'"opération réussie" dans le "milieu de l'ultragauche" est assez vite apparue. Notamment les accusations d'un témoin sous X, rapidement démasqué par la presse et qui aurait subi des pressions des policiers.

 

ZONES D'OMBRE

L'affaire des écoutes, quant à elle, est antérieure aux sabotages. Tout débute en mars2008, alors que le groupe vit tranquillement à Tarnac. Gaëtan Fussi, l'un des cogérants de l'épicerie, qui ne sera pas concerné par l'affaire des sabotages, remarque que les télédéclarations de carte bancaire, par l'une des deux lignes téléphoniques du magasin, ne sont plus effectuées. La petite équipe se tourne d'abord vers sa banque. Après une série de tests et un changement de machine, toujours rien. Le problème vient de la ligne téléphonique.

 

Un technicien de France Télécom se rend sur place, le 4 avril. Et là, dans le local technique, surprise : un boîtier d'origine inconnue est branché, en parallèle de la ligne. M. Fussi plaisante : et si c'était la police? Le technicien répond, très sérieusement: "Ça se pourrait bien, je vais appeler mon chef, on verra bien." Après le coup de fil du technicien à son responsable, M. Fussi comprend qu'il s'agit bien d'un dispositif d'espionnage et le boîtier est débranché.

 

Le petit groupe a donc été écouté. Ce n'est pas forcément une surprise. En 2008, la mouvance de l'ultragauche fait l'objet de toutes les attentions du renseignement français. Trois membres du groupe de Tarnac sont fichés aux renseignements généraux dès 2002, après une occupation sur le campus universitaire de Nanterre; en 2005, la fiche de Julien Coupat est modifiée pour "mise sous surveillance"; en janvier 2008, enfin, Julien Coupat et sa compagne Yldune Lévy ont été signalés par le FBI après s'être soustraits à un contrôle d'identité à la frontière canadienne.

 

Pour autant, "aucun fondement juridique ne pouvait justifier une quelconque écoute", souligne Me Bourdon. L'enquête préliminaire pour "association de malfaiteurs à visée terroriste" n'a été ouverte par le parquet de Paris que le 16 avril 2008. Elle fait suite à un signalement du groupe au procureur par la sous-direction antiterroriste de la police judiciaire.

Sur quelles bases le groupe a-t-il été signalé à la justice, et donc surveillé de manière officielle, puis mis en cause dans l'affaire des sabotages de lignes SNCF? Si des écoutes illégales étaient à l'origine de ces procédures en cascade, c'est tout le dossier qui pourrait être touché.

 

Car l'instruction de Brive vient s'ajouter à une autre information judiciaire ouverte en novembre2011 par le parquet de Nanterre pour "faux et usages de faux en écriture publique" concernant un procès-verbal policier. Le "PV104" est une pièce majeure du dossier. Il s'agit du compte rendu de la filature de Julien Coupat et Yldune Lévy la nuit des sabotages sur les lignes de la SNCF, les 7 et 8 novembre 2008. Pour la police, il prouve que le couple se trouvait à proximité d'une des lignes sabotées, en Seine-et-Marne. Selon la défense, il est truffé d'incohérences, peut-être destinées à masquer la pose illégale – là encore – d'une balise sous la voiture de Julien Coupat.

 

Autant de zones d'ombre qui pèsent sur l'instruction principale concernant les faits de sabotage que le juge d'instruction Thierry Fragnoli devrait boucler dans les prochains mois, après d'ultimes auditions.

 

Laurent Borredon


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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 13:53

 

Le Monde - 09 janvier 2012

 

Bien que le solde commercial de la France se soit redressé d'un milliard d'euros en novembre 2011 à  - 4,412 milliards, selon les Douanes, il n'y aura pas de miracle sur le front du commerce extérieur français. Le déficit cumulé des douze derniers mois (novembre 2010 à novembre 2011) a déjà atteint 70, 450 milliards d'euros.

Le gouvernement français a prévu un déficit record de 75 milliards  en 2011 (ce chiffre sera connu le 7 février), après les deux très mauvais crus de 2010 (- 51,45 milliards) et de 2008 (- 56 milliards). La France n'a pas connu d'excédent commercial annuel depuis 2002. C'est une des signes de la perte de compétitivité de son économie.

Comme souvent, le moindre mal de novembre est dû à une très forte poussée des livraisons de matériel de transport qui bondissent à plus de 8 milliards (dont plus de 2,2 milliards liés à un  niveau exceptionnel des livraisons d'Airbus). Pendant que le déficit commercial de la France s'établissait à 4,412 milliards, l'Allemagne a enregistré en novembre un excédent commercial de 15,1 milliards en données corrigées des variations saisonnières.

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 13:49

LEMONDE.FR avec AFP | 09.01.12 | 07h53

 
 

 

Manifestation antigouvernementale à Banias, en Syrie, le 29 avril.

Manifestation antigouvernementale à Banias, en Syrie, le 29 avril.AP/Anonymous


Le recours à la violence en 2011 pour réprimer la contestation dans les pays arabes risque de rester de mise en 2012, certains régimes étant déterminés à rester au pouvoir coûte que coûte, a prévenu Amnesty International dans un rapport publié lundi 9 janvier. "Les mouvements de protestation dans la région, menés dans de nombreux cas par des jeunes, les femmes y tenant un rôle central, ont montré une résistance étonnante face à une répression parfois stupéfiante", a indiqué Philip Luther, directeur par intérim d'Amnesty pour le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord.
 

"Mais la persistance de certains Etats à vouloir tenter d'offrir des changements cosmétiques […] ou de tout simplement brutaliser leur population pour la soumettre prouve que pour beaucoup de gouvernements la survie du régime reste leur objectif", a-t-il ajouté. Les révoltes qui ont éclaté en 2011 dans le monde arabe après le suicide d'un jeune vendeur de légumes tunisien ont conduit à la chute des présidents tunisien Ben Ali, égyptien Hosni Moubarak et libyen Mouammar Kadhafi.

 

VIOLATIONS DES DROITS DE L'HOMME

La vague de contestation a également touché la Syrie, en proie à une révolte contre le régime de Bachar Al-Assad depuis mars, et a conduit au départ prochain du président yéménite Ali Abdallah Saleh. Mais dans son rapport de 80 pages Amnesty dénonce aussi les violations des droits de l'homme commises en Egypte par le pouvoir militaire en place pour assurer l'intérim depuis le départ de M. Moubarak, estimant qu'elles sont pires par certains aspects que sous le régime de l'ex-président et mettant en garde contre des restrictions à la liberté d'expression. "L'armée et les forces de sécurité ont réprimé violemment des manifestations, faisant au moins 84 morts entre octobre et décembre 2011. La torture en détention s'est poursuivie, et le nombre de civils traduits devant la justice militaire a été plus élevé en un an qu'en trente ans de régime Moubarak", affirme Amnesty.

Le rapport critique également les autorités par intérim en Libye pour le manque de contrôle exercé sur les brigades armées qui ont participé à la chute de Kadhafi ou pour l'absence de procès de quelque 7 000 personnes détenues dans des centres de fortune tenus par des brigades.

 

"MEURTRES ET TORTURES"

L'organisation basée à Londres a par ailleurs souligné l'attitude d'autres gouvernements de la région, notamment en Syrie, qui restent "fermement déterminés" à s'accrocher au pouvoir, "parfois quel qu'en soit le prix en vies humaines et en dignité". Amnesty a accusé l'armée et les services de renseignement syriens de commettre "des meurtres et des tortures s'apparentant à des crimes contre l'humanité, dans une vaine tentative de terrifier les protestataires et opposants [pour les réduire] au silence et à la soumission". Selon l'organisation, à la fin 2011, il a été fait état de plus de 200 cas de personnes mortes en garde à vue, un chiffre quarante fois supérieur à la moyenne annuelle des dernières années dans ce pays.

Mais, pour Philip Luther, "ce qui a été frappant [dans le Proche-Orient] l'année dernière c'est que – hormis quelques exceptions – les changements ont eu lieu largement grâce aux efforts des habitants de ces pays qui sont descendus dans la rue". "Le refus de gens ordinaires d'être privés de leur lutte pour la dignité et la justice est le point qui donne de l'espoir pour 2012", a-t-il ajouté.

 

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 13:43

LEMONDE.FR avec AFP | 09.01.12 | 10h08

 
 

Un moine bouddhiste s'est suicidé en s'immolant par le feu dans la province chinoise du Qinghai, annonce, lundi 9 janvier, l'agence officielle Chine nouvelle. C'est le quinzième acte désespéré de la sorte en moins d'un an dans cette région à forte présence tibétaine.

Nyage Sonamdrugyu, 40 ans, est mort après s'être transformé en torche humaine dans cette province de l'ouest de la Chine voisine de la région autonome du Tibet et qui compte une importante population tibétaine. Le Qinghai n'avait pas connu d'immolation jusqu'à maintenant.

Chine nouvelle avait confirmé dimanche la mort d'un ancien moine tibétain qui s'était immolé par le feu vendredi près du monastère de Kirti (province du Sichuan). Un autre moine avait été blessé en tentant de s'immoler le même jour dans ce haut-lieu de la résistance tibétaine. Depuis le suicide par le feu en mars 2011 d'un jeune bonze du monastère de Kirti, quatorze Tibétains ont suivi son exemple, dont au moins neuf sont décédés.

Les suicides publics des moines illustrent, selon les ONG, le désespoir face à la répression religieuse et culturelle menée par Pékin dans les régions tibétaines.

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9 janvier 2012 1 09 /01 /janvier /2012 13:38

 

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters | 09.01.12 | 12h55   •  Mis à jour le 09.01.12 | 13h45

 
 

 

François Fillon présente ses vœux à la presse, le 9 janvier 2012, à Paris.

François Fillon présente ses vœux à la presse, le 9 janvier 2012, à Paris.AFP/JACQUES DEMARTHON


Le déficit public de la France pour 2011 sera inférieur à la prévision de 5,7 % du produit intérieur brut (PIB), a déclaré lundi 9 janvier le premier ministre François Fillon, qui n'a pas exclu des mesures supplémentaires si nécessaire.

"Grâce aux efforts engagés par le gouvernement, je peux vous annoncer que sur l'Etat, en 2011, notre déficit sera de l'ordre de 4 milliards inférieur à la dernière prévision", a déclaré M. Fillon, lors de la cérémonie des vœux de la presse à Matignon.

"Notre déficit public pour 2011 sera donc très probablement inférieur aux 5,7 % du PIB sur lesquels nous nous sommes engagés", a-t-il ajouté.

"NOUS DEVONS CONTINUER DE RÉDUIRE NOS DÉFICITS"

Le gouvernement, a expliqué François Fillon, n'exclut pas de nouvelles mesures pour réduire les déficits. "Nous devons continuer de réduire nos déficits et nous préparer à toutes mesures nouvelles éventuelles", a-t-il dit.

"Je veux dire qu'en la matière le gouvernement a fait de l'adaptation permanente sa règle de conduite. (...) C'est le gage de notre crédibilité vis-à-vis des Français comme vis-à-vis des marchés", a-t-il poursuivi.

C'est la première fois que le gouvernement parle d'un déficit public inférieur à 5,7 % cette année. Il est prévu à 4,5 % l'an prochain, 3 % en 2013 et devrait diminuer encore, selon les engagements du gouvernement, pour revenir à l'équilibre en 2016.

DÉJÀ DEUX PLANS DE RIGUEUR

Par ses déclarations, le premier ministre semble préparer les esprits à un troisième plan de rigueur. M. Fillon, qui joue de nouveau le rôle de celui qui annonce les mauvaises nouvelles au sein de l'exécutif, a déjà piloté deux plans de rigueur ces derniers mois.

Après un premier plan d'économies de 11 milliards d'euros annoncé en août 2011, le gouvernement a présenté un second plan de rigueur de 6 à 8 milliards en novembre, avec de nouvelles mesures d'austérité liées à la révision à la baisse de la prévision de croissance pour cette année.  


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8 janvier 2012 7 08 /01 /janvier /2012 16:13

2011 ! COUPS D’ETAT FINANCIERS  
 En une semaine fin 2011 trois gouvernements ont été remplacés  par l’action  conjuguée “des marchés” de la BCE et de l’Europe
Je reprends ici en le complétant mon billet publié le 1 décembre 2011 intitulé MARCHÉS FINANCIERS ET DEMOCRATIE

- En Grèce les invraisemblables ukases  du couple Merkel Sarkozy ont privé d’expression le peuple grec.
Sommé d’abandonner le pouvoir Papandreou est remplacé par Lucas Papademos ex vice président de la BCE et de Goldman Sachs, qui n’ignorait rien des magouilles des comptes grecs. Il devient chef d’un gouvernement qui va de l’extrême droite au parti socialiste
Le budget 2012 adopté en décembre comporte notamment de nouvelles hausses d'impôts, baisses des salaires des fonctionnaires et réductions du nombre de salariés dans le secteur public, qui déboucheront vraisemblablement sur un abaissement sensible du niveau de vie d'une grande partie de la population. Faut-il rappeler que ce pays d’un peu plus de 11 millions d’habitants comporte, avant la cure d’amaigrissement de Papademos, 3 millions de pauvres soit 27 %

- En Italie Mario Monti universitaire économiste de renom remplace Berlusconi. Ancien commissaire européen chargé du marché intérieur et de la concurrence, acteur de la dérégulation, ancien conseiller  international de Goldman Sachs, il forme un gouvernement de  “techniciens” et déclare «Je suis parvenu à la conclusion que l'absence de responsables politiques dans le gouvernement faciliterait la vie à l'exécutif, enlevant des motifs d'embarras»,
On n’hésite pas à parler d’un putsch Goldman Sachs. Le nouveau président de la BCE  Mario Draghi ancien gouverneur de la banque d’Italie fut lui aussi vice-président de Goldmann Sachs Europe inventrice des instruments financiers de manipulation des comptes grecs permettant à ce pays d’entrer dans la zone euro par effraction

- Sans vote d’un parlement ni élections. “les marchés” ont donc changé les gouvernements. Exit Papandréou, Berlusconi et Rodriguez Zapatero EXIT LA DEMOCRATIE même si en Espagne on veut croire que les formes démocratiques ont été respectées. Sous la pression, Zapatero avait dû anticiper les élections laissant au gouvernement de droite de Rajoy le soin de poursuivre sa politique de coupures

L'Europe est celle des banquiers et non des  citoyens. Les gouvernements sont aux ordres, les véritables dirigeants sont les banquiers et le marché.
En Belgique après 550 jours sans gouvernement il a suffi que  l’agence de notation Standard & Poor’s dégrade sa note de AA+ en AA pour que le pays se dote enfin d’un gouvernement.

Il semblait absolument nécessaire de renflouer la Grèce afin de “sauver la Grèce, sauver l'Europe et sauver l'euro“. Mais le plan de sauvetage financier prévoie que nous, les contribuables, renflouions les banques à hauteur de 90% de leurs placements hasardeux. Les Grecs ne reçoivent pas un centime, et nous donnons d'énormes montants aux riches banquiers, 30% de notre argent ira aux spéculateurs qui vont faire d'énormes profits en spéculant sur le sauvetage financier. Les gouvernements offrent sans cesse plus d’argent des contribuables aux banquiers.
L’Euro n’est pas sauvé. Doit-il l’être ?

Au Portugal des mairies ont laissé ouvertes les cantines scolaires pendant les vacances pour permettre aux enfants de prendre au moins un repas par jour, mais le premier ministre socialiste Socrates a baissé le taux de TVA sur les terrains de golf de 23 % à 6 %.  Il fut contraint à la démission. Après des élections anticipées Pedro Passos Coelho du Parti social démocrate devenu premier ministre concocte avec les instances internationales un plan d'austérité. Dès son adoption Moody's  baisse de 4 points sa note souveraine lui en interdisant de fait son application. Le quotidien Diário Económico demande que les agences de notation passent en jugement.
Répondant  “non” par près de 60 % au référendum de “rébellion contre la finance internationale et les banksters”, les Islandais ont refusé de payer l'ardoise de la faillite de la banque Icesave qui avait spolié près de 340000 épargnants Le premier ministre Geir Haarde, actuellement poursuivi par une cour spéciale pour sa gestion de la crise, a été contraint  à la démission.

    Une autre dictature est née alors que celles ayant marqué le 20e siècle ont     disparu .La plupart des derniers bastions  se sont écroulés dans les pays arabes où     le peuple s’est joint au mouvement de liberté. La démocratie et les droits humains  individuels, collectifs  et sociaux  seraient devenus la règle dans nos sociétés pensait-on. Mais les inégalités s’aggravent entre le nord et le sud, des millions de     gens meurent de faim, n’ont pas droit à l’eau potable, à une nourriture suffisante ni     à l’instruction pendant qu’au nord on n’envisage pas de vie sans blackberry. Et même dans ces     pays les inégalités croissent et la pauvreté s’étend aux couches jusque là     épargnées.

Dans notre société post industrielle, l’économie repose exclusivement sur la finance.  Les industriels du siècle passé produisaient en exploitant la force de travail qu’ils jugeaient nécessaires  Aujourd’hui dans une économie libérale globalisée on a de moins en moins recours à cette force de travail de proximité, on la trouve dans des pays où elle est abondante et disponible comme en Asie.
“Les marchés”, qui ont déjà spolié les pays riches en matières premières, contrôlent les prix du pétrole, du nickel du cuivre ... spéculent sur les prix des productions  comme blé soja riz café coton ...“Pour le marché” qui recouvre les spéculateurs anonymes ces produits ne sont que des monnaies virtuelles. Il fixe le taux des devises, des emprunts entre Etats banques et particuliers.
Le capital voit décupler ses profits et la main d’œuvre partiellement inutilisée des pays dominants  grossit  la masse des chômeurs. Faux nez des puissances financières, les agences de notation, organismes privés, enseignes abstraites sous lesquelles se cachent les puissances financières  contrôlent ou influencent de manière décisive les gouvernants et les médias. Ces insatiables opérateurs du capitalisme financier sauvage, exigent de plus en plus de “sacrifices” aux victimes que sont les peuples.

Certains, comme l’économiste Jacques Sapir (Le Monde du 1.12.2011) préconisent de “Réquisitionner les Banques “La réquisition existe dans notre droit“, écrit il “La hausse des taux d'intérêt est, ou sera sous peu, insoutenable pour de nombreux pays. Plus généralement, la défiance des marchés financiers ne connaît plus de limites : même l'Allemagne est touchée“ Il note les obstacles institutionnels et explique comment passer outre.
De son côté l’agence de presse alternative SERPAL (Serpal contra el silencio de los corderos “contre le silence des agneaux“) écrit dans un récent bulletin 
« Pour l'instant, la réalité est exactement le contraire de ce qui a été réclamé ces derniers mois dans toutes les rues des grandes villes européennes par des centaines de milliers de personnes: L'Europe pour les citoyens et non pour le marché: nous ne sommes pas des marchandises entre  les mains des politiciens et des banquiers.»

 Victime de coups d’état financiers, la démocratie est en péril. . Déjà les lois et circulaires sécuritaires de circonstances se sont accumulées sous l’ère Sarkozy Guéant et portent atteintes aux libertés citoyennes.
 
Incapables de prendre les mesures nécessaires les politiciens s’agitent à travers le monde, de dîners en réunions, petits déjeuners et mises en scènes dramatiques de conférences de presse. En réalité chacun défend “son bout de gras” dans une vision de court terme au nom d’une conception étriquée et dépassée de l’indépendance nationale. Le lamentable et inutile G20 de Cannes, le psychodrame médiatique des gouvernants européens à Bruxelles fut pitoyable révélant leur incapacité à mettre sur pied une politique économique sociale et monétaire commune en Europe

Démocratiquement élus les gouvernements ont l’obligation d’assurer le bien être des populations, développer l’économie défendre le pouvoir d’achat et le plein emploi, veiller à l’équilibre des finances publiques. Au lieu de cela nos gouvernants suivent docilement ce que leur dictent les marchés. Le nombre de chômeurs s’accroît. 24 millions en Europe, 17 millions soit 10,5 % dans la zone euro, dont 5 millions de moins de 25 ans soit plus de 20 % de cette tranche d’âge. Près de 5 millions en France soit 10 % de la population active, 4,5 millions en Espagne soit 21,60 % et 41,5 % des moins de 25 ans. En Grèce 18 % de chômeurs et 35 % des 15/29 ans. En novembre 2011 le taux de chômage en Suisse, longtemps épargnée, a été de 3,1 % et 5,6  % dans le canton de Genève. La dette extérieure de la France est de 4700 milliards d’euros représentant 235 % du PIB et la dette souveraine qui en 2002 était à 59,1 %  du PIB est passée à 90 % soit 1800 milliards sous l’ère Sarkozy  ce qui n’empêche pas le président français  de donner des leçons de bonne gestion aux autres gouvernements.

Acceptant une dépendance aveugle aux agences championnes des conflits d’intérêt, les gouvernants réduisent les dépenses et augmentent les recettes. De nombreux économistes ont montré la voie à suivre démontrant qu’il serait facile d’économiser de 50 à 100 milliards d’euros en peu de temps sans toucher au pouvoir d’achat. Inspirés par les maîtres de la finance, les gouvernants ont fait le choix de diminuer les prestations sociales, réduire les salaires et les pensions, augmenter la durée du travail en Espagne Grèce Italie Portugal France,  Ils multiplient les niches fiscales pour les riches et réduisent les déductions fiscales sur les aides à la personne et les énergies renouvelables. On ne taxe pas les plus importantes sociétés aux bénéfices scandaleux  on ne crée pas de nouvelles tranches d’imposition pour les hauts revenus. Le gouvernement Sarkozy fait très exactement le contraire de ce qu’il fallait, sa potion magique comme celle de Zapatero en Espagne, de Passos Coelho au Portugal  de Monti en Italie et Papandreou puis Papademos en Grèce c’est l’austérité sauf pour les couches favorisées. En réalité ces gens  ne décident rien  ils exécutent ce que disent les marchés financiers.
En Espagne où le taux de chômage s'élève à 21,60 % il n’y a pas de limite au cynisme. La population subit depuis deux ans  une  cure d'austérité « Nous sommes face à une situation extraordinaire et imprévue  » déclare  le nouveau gouvernement il faudra donc « prendre des mesures extraordinaires et imprévues »  l'enjeu est de rassurer les marchés. Aucun nouvel impôt sur la fortune n’est envisagé. Les salaires des fonctionnaires qui ont subi une baisse de 5 % en mai 2010, décidé par le gouvernement socialiste avant d’être  gelés en 2011 le seront à nouveau. Luis de Guindos, ancien ministre d’Aznar , membre du comité exécutif mondial de la banque d’investissement américaine Lehman Brothers et ancien président pour l'Espagne et le Portugal  de cette banque dont la faillite en 2008 est largement responsable du chaos financier mondial est nommé ministre de l’économie.

Pour certains  pourtant il y a des alternatives. Lire "Hay alternativas, propuestas para crear  empleo y bienestar en España" ( Propositions pour créer emploi et bien-être en Espagne) avec un prologue de Noam Chomsky  »
        
    « Les mobilisations du 15M sont une illustration inspiratrice qui montre ce qui peut et doit être fait pour ne pas poursuivre dans la voie qui nous mèneà un abîme, à un monde qui devrait terroriser toutes les personnes décentes qui serait encore plus oppressif que la réalité actuelle »
Noam Chomsky - Boston août 2011


    http://www.attac.es/2011/10/20/hay-alternativas-nuevo-libro-de-vicenc-    navarro-juan-torres-y-alberto-garzon/

Les similitudes de la situation actuelles avec « la longue dépression » du 19e siècle davantage qu’avec la crise de 1929  sont frappantes. La dépression économique était largement liée aux mouvements boursiers spéculatifs, l’effondrement en France du Crédit  Mobilier, le krach de la Banque de l'Union Générale, sa mise en faillite rappellent celle de Lehman Brothers de 2008. Les banques et les marchés boursiers ont causé cette crise faisant s’effondrer l'ensemble du système économique. « Vous ne pouvez pas utiliser le poison qui a créé la crise comme un remède pour la guérir ». anticipait Marx quand l’Angleterre créait un gouvernement de techniciens  pour sortir de la crise  » Et dans son roman « l’Argent » Emile Zola regardant la spéculation écrivait «Comprenez donc que la spéculation est  la vie même des grandes affaires. La Banque universelle, dit son héros, c’est simple, c’est grand, ça englobe tout, ça couvre le monde, Oui Oui excellent ! La Banque universelle !  »

La liberté d’opinion et d’expression n’est plus réprimée mais cette liberté est un mirage. De quelle liberté jouissent les jeunes qui ne trouvent pas  d’emploi ? De quelle liberté jouissent le père et la mère de famille qui ne peut pas se loger faute de pouvoir payer un loyer exorbitant ? Et les millions de personnes qui se nourrissent aux restaurants du cœur ?

D’une dictature l’autre, on peut craindre qu’il soit plus difficile de se débarrasser de la dictature des marchés financiers que de celles des militaires. Il est vain de compter sur les partis politiques ou sur les syndicats installés dans leur confort et leurs certitudes, incapables de faire leur propre révolution.

Le mouvement des “indignés” largement approuvé par les populations, montre peut-être une voie. Il n’a pas encore pu se donner les moyens qui déboucheraient sur les changements qu’il réclame Pour financer ses activités “occupy wall street”  aux Etats Unis  a réuni 500000 US$ déposés dans une banque mutualiste « qui ne spécule pas sur notre argent pour engraisser ses actionnaires». Cet engouement pour les banques coopératives a fait des émules, 650000 Américains auraient ouvert un compte dans une de ces banques au mois de novembre 2011.
Le caractère non-violent des manifestants leur confère une grande légitimité
http://www.mediapart.fr/journal/international/091211/reportage-et-webdoc...
En effet les seules violences aux Etats Unis comme en Europe ont été le fait de  la répression policière.

S’ils parviennent à entraîner des couches plus larges de population, refusant toute compromission, ces indignés pèseront durablement car ce mouvement mondial non organisé et non hiérarchisé représente un immense espoir. “Vous ne pouvez pas expulser une idée quand son temps est venu.” Les indignés et le mouvement "occupy" ont déclenché une extraordinaire bataille d'idées et l'élite corrompue qui représente 1% du monde risque de tout perdre.

Les médias “officiels“ comme les chaînes de télévision ou des journaux comme le Monde ou Libération sont étrangement muets sur un phénomène nouveau absolument unique qu’est la MARCHE VERS ATHÈNES commencée en octobre dernier. Des dizaines de personnes, en majorité des jeunes gens partis de Madrid, Barcelone, Bruxelles, ont participé au contre sommet  début novembre à Nice en marge du G20 de Cannes. Un certain nombre avec d’autres venus les rejoindre, poursuivent leur marche vers Athènes à travers l’Italie. Ils s’arrêtent dans villes et villages italiens, organisent des réunions et rencontrent les populations. D’autres s’intègrent à leur marche. Allemands , Anglais, Belges, Espagnols, Français, Grecs, Italiens, Néerlandais avancent inexorablement vers Athènes comme une « armée pacifique » internationale, solidaire, antiraciste, pour que la vie soit plus humaine, égalitaire et juste, contre la corruption et pour ne plus dépendre des financiers.
Ils sont arrivés à Rome dimanche 8 janvier  2012 vers midi pour se diriger à la piazza del Poppoloou une Agora aura lieu du 9 au 18 janvier .

Ce n’est pas une révolution mais pendant que les politiciens professionnels se livrent à de pitoyables et honteuses comédies tenant lieu de campagnes électorales, les “indignés“  quel que soit le nom qu’on leur donnera représentent peut-être aujourd'hui  le seul véritable avenir. Il faut être avec eux, les écouter.


http://www.scoop.it/t/international-agora-of-rome

International Agora of Rome

http://www.scoop.it/t/march-to-athens

Marche des indignés vers Athènes - Programme agora de Rome


Bernard  Riguet 

 

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