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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 16:54

LEMONDE | 14.01.12 | 14h31   •  Mis à jour le 14.01.12 | 14h42

 
 

 

Pendant près de vingt ans, Jean-Claude Mas a déjoué tous les contrôles en s'assurant de la complicité de ses salariés.

Pendant près de vingt ans, Jean-Claude Mas a déjoué tous les contrôles en s'assurant de la complicité de ses salariés.AFP/ERIC ESTRADE



Il faut au moins lui reconnaître cela, à Jean-Claude Mas, l'ex-patron de Poly implant prothèse (PIP), prince déchu des prothèses mammaires. Un talent de persuasion, un art de la supercherie à rendre jaloux les rois du boniment. Pendant plus de vingt ans, cet ancien visiteur médical passé par le négoce en vin et l'assurance avant de se reconvertir dans les seins en silicone a réussi à embobiner ses salariés en leur faisant croire que son gel maison, non agréé, était "le meilleur" pour doper les poitrines de ces dames, et surtout de "bien meilleure qualité" que le Nusil, le gel médical des Américains. Avec le même aplomb, il a juré durant des années aux inspecteurs venus le contrôler qu'il n'utilisait que du silicone homologué.

L'histoire pourrait faire rire si cette tromperie à grande échelle n'avait débouché sur un vaste scandale sanitaire. On compte pas moins de 400 000 victimes dans le monde. Pas un jour ne passe sans qu'au Venezuela, en Argentine, en Grande-Bretagne, en Chine ou en France, des femmes se palpent la poitrine pour s'assurer que leur prothèse n'a pas rompu. Toutes traquent le moindre ganglion, signe d'irritation ou de dispersion du produit dans le corps.

Il a fallu qu'un trio de chirurgiens marseillais s'interroge, que les inspecteurs de l'Agence française de sécurité sanitaire (Afssaps) s'arrêtent sur une photo envoyée par un ancien de PIP pour que la supercherie soit mise au jour, en mars 2010. Les gendarmes de Marseille ont pris le relais dans le cadre d'une enquête préliminaire, ouverte par le parquet.

Depuis le 14 octobre 2011, celle-ci est close et ses conclusions, sans équivoque. Jean-Claude Mas, qui a reconnu "avoir sciemment fabriqué des prothèses mammaires en gel PIP (...) pour son rapport qualité-prix" et "avoir volontairement dissimulé à l'organisme certificateur - TÜV - l'existence de ce gel PIP", ainsi que quatre anciens cadres dirigeants de PIP devraient être cités à comparaître pour tromperie devant le tribunal correctionnel avant la fin de l'année.

 UNE SEULE SOLUTION : TRICHER

Jean-Claude Mas découvre le marché de la prothèse mammaire en rencontrant sa compagne, Mme Lucciardi, dans les années 1980. L'époque est aux gros seins, les poitrines généreuses triomphent et la chirurgie esthétique se démocratise. La société MAP, gérée par Mme Lucciardi, propose des prothèses remplies de sérum physiologique et un modèle en silicone, mis au point par le Dr Arion, "chirurgien plastique, chimiste". Embauché comme commercial, M. Mas apprend tout des secrets de fabrication avant de créer sa société, au début des années 1990. Le siège de PIP - il choisit intentionnellement un acronyme grivois - est installé à La Seyne-sur-Mer, dans le Var. L'objectif : produire à grande échelle, inonder le marché mondial.

A l'époque, l'Europe n'a pas encore unifié sa réglementation sur les dispositifs médicaux. Lorsqu'elle le fait, en 1993, M. Mas décide de ne pas en tenir compte. Son gel maison, en fait celui du Dr Arion, n'est pas homologué, mais il est commercialisé depuis des années et personne n'y trouve rien à redire. "Bien meilleur" que celui des concurrents, jure-t-il, il est surtout dix fois moins cher et lui permet d'économiser un million d'euros. Pourquoi y renoncerait-il ?

Comme il n'a pas les moyens de s'offrir une validation en bonne et due forme, le patron de PIP ne voit qu'une solution : tricher. C'est ainsi que, pendant des années, il va faire croire à TÜV Rheinland, l'organisme allemand qui lui délivre le label "CE" - sésame indispensable pour écouler ses stocks -, qu'il utilise bien du Nusil. Et pendant des années, les inspecteurs n'y verront que du feu.

L'UTILISATION DU GEL MAISON EST UN SECRET DE POLICHINELLE

Chez PIP, l'utilisation du gel maison est un secret de Polichinelle. "Je savais que le marquage CE mentionnait que les prothèses devaient être remplies de Nusil, mais comme le gel PIP était fabriqué depuis des années, je pensais que ça n'avait pas d'incidence", explique l'un des salariés aux gendarmes. La préparation, un peu particulière, de la visite annuelle du TÜV aurait pu leur mettre la puce à l'oreille. Mais le patron est obtus et caractériel, les salaires sont bons et aucun retour n'est à signaler. Pourquoi s'inquiéter ?

TÜV, qui "ne part pas avec l'hypothèse que le client (lui) cache quelque chose", annonce toujours ses visites. Dix jours avant, c'est le branle-bas de combat à La Seyne-sur-Mer. Les salariés de PIP doivent faire disparaître toute trace de matières premières non homologuées. Ainsi le responsable du service informatique efface-t-il du système les bordereaux de commande des fournisseurs maison, et les remplace par ceux de Nusil.

Dans la cour de l'entreprise, les magasiniers chargent les fûts sur des palettes et les stockent à l'extérieur de l'établissement. D'autres bidons sont cachés dans un transformateur EDF. Le surplus est chargé dans le camion de l'usine, lequel prendra le large le jour J.

Pendant ce temps, à la production, on relance la fabrication de "vraies prothèses". Rien n'est laissé au hasard. "On se sentait mal, il suffisait qu'on laisse un fût traîner et on risquait de tout perdre. On avait la pression de la direction : si on perdait le marquage CE, on perdait tout", raconte l'ancien responsable de la production.

Mais TÜV est venu plus de dix fois, et à plus de dix reprises, la certification CE a été reconduite. "Lors du dernier audit (...), j'étais à deux doigts de pleurer quand ils ont dit que la boîte était sérieuse", confie Nadine C., aux achats. TÜV parti, un pot est organisé dans chaque service puis tout "repart comme avant". Cette "véritable organisation au sein de l'entreprise avant les audits a permis de garder le secret pendant dix ans", résument les gendarmes.

 DES PROTHÈSES ROMPENT PAR DIZAINES

L'imposture aurait encore pu durer si les prothèses n'avaient commencé à rompre par dizaines. En 2007, PIP reçoit des appels d'Angleterre, des fax de Colombie. L'année suivante, trois chirurgiens marseillais s'inquiètent à leur tour d'une recrudescence d'incidents et se retournent vers le fabricant.

Celui-ci se contente d'envoyer une nouvelle paire de seins à la patiente, deux autres au chirurgien, ainsi que 1 000 euros "en dédommagement des frais d'explantation et d'implantation". Mais la débandade continue. Les chirurgiens somment les commerciales PIP d'assister aux "explantations", pour qu'elles constatent que le gel se transforme... en huile.

"Le problème, c'est qu'avec le temps les composants se désolidarisaient et l'huile remontait à la surface, expliquera plus tard l'un des ingénieurs aux gendarmes. Les cuves restaient dans le couloir la nuit et parfois plusieurs jours (...). Quand la production reprenait, on testait juste la pénétrabilité du gel et (...) on reprenait une production sans même remélanger."

La multiplication des ruptures est indéniable, mais Mas nie l'évidence. "La France, on s'en fout, vous ne représentez que 10 % du chiffre d'affaires et les chirurgiens ne comprennent rien", rétorque-t-il aux commerciales. Il a les yeux rivés vers les 25 % de marché de la Colombie et du Venezuela. A bout, Fabienne B. finit par démissionner. "C'était devenu impossible à vendre déontologiquement."

En novembre 2009, le système Mas se fissure de toutes parts. Lors d'une réunion houleuse, les salariés exigent le retour au tout-Nusil. "Impossible", répondent Jean-Claude Mas et Claude Couty, son directeur. Les comptes sont au plus mal. Un seul mot d'ordre, produire, produire, et à moindre coût. Secrètement, Mas espère que sa nouvelle recette, le PIP 2, concoctée de manière aussi artisanale que la première, portera ses fruits.

C'était sans compter les chirurgiens marseillais qui ont décidé d'alerter l'Afssaps par courrier en octobre 2009 et février 2010. L'inspection de l'agence aura lieu un mois plus tard. Devant les gendarmes, Jean-Claude Mas, finalement trahi par ses poubelles, avoue tout. La fraude, la tromperie, le mensonge. Mais ses "prothèses ne présentent aucun risque pour la santé", jure-t-il. A-t-il un mot pour les victimes ? questionnent les gendarmes. Pas un. "Elles ne déposent plainte que pour recevoir de l'argent."

Emeline Cazi et Laetita Clavreul


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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 16:48

LEMONDE | 14.01.12 | 14h42   •  Mis à jour le 14.01.12 | 17h24

 
 

 

Le juge antiterroriste Marc Trévidic au Palais de justice de Paris, en janvier 2011.

Le juge antiterroriste Marc Trévidic au Palais de justice de Paris, en janvier 2011.AFP/FRED DUFOUR


Le juge d'instruction Marc Trévidic a bien failli demander sa mutation en septembre 2011. Sa hiérarchie lui livre "une guerre larvée" et multiplie les "brimades vexatoires", comme le relate, samedi 14 janvier, l'hebdomadaire Marianne. Au point que le magistrat antiterroriste, de guerre lasse, a saisi en décembre 2011 l'Union syndicale des magistrats (USM, majoritaire) pour pouvoir travailler en paix.

Marc Trévidic est vice-président chargé de l'instruction au pôle antiterroriste à Paris, instruit des dossiers sensibles (l'attentat de Karachi, le Rwanda, les moines de Tibéhirine), et n'a pas sa langue dans sa poche. Président de l'Association française des magistrats instructeurs (AFMI), il avait déclaré, le 7 février 2011 à France Info, après les accusations du chef de l'Etat lors de l'affaire de Pornic - le débat sur la récidive relancé après le meurtre d'une jeune femme, Laetitia Perrais -, qui ont provoqué une tempête chez les magistrats, que Nicolas Sarkozy était "un multirécidiviste" et qu'il était "largement temps de lui appliquer la peine plancher".

Le premier président de la cour d'appel, Jacques Degrandi, avait assez peu apprécié. Lors de son installation, le 18 mai 2010, il avait insisté sur la nécessité de résister "aux dérives qui consistent à instrumentaliser le procès au service d'une cause ou d'une idéologie". Le premier président est lui-même bien en cour et partage heureusement les choix du gouvernement : avant que le texte ne soit enterré, il s'était prononcé pour la suppression du juge d'instruction, "à cinq conditions", dont les quatre premières étaient justement satisfaites par le projet gouvernemental.

Marc Trévidic s'inquiétait de ne plus recevoir de nouveaux dossiers depuis deux ans, mais c'est l'affaire du Niger qui lui a clairement fait comprendre qu'il n'était pas en odeur de sainteté. Le juge avait été invité à Niamey, avec Guillaume Portenseigne, un magistrat du parquet, pour former des juges antiterroristes locaux, du 20 au 23 juin 2010. La présidente du tribunal avait donné son feu vert, les magistrats et leurs gardes du corps avaient fait leurs vaccins, pris leurs billets, et M. Trévidic en avait avisé le premier président par courrier du 25 mai. Il a appris, à quatre jours du départ, qu'il ne partait plus : on lui a d'abord expliqué que c'était en raison de sa "surcharge de travail", puis qu'on ne pouvait envoyer au Niger qu'un premier vice-président, c'est-à-dire Yves Jannier, le magistrat avec qui il instruit l'affaire Karachi, mais qui n'était pas volontaire. Guillaume Portenseigne est parti seul.

Nouvel épisode le 22 septembre 2011. Marc Trévidic avait été contacté par un petit magazine, L'Essentiel des relations internationales, pour parler du terrorisme. Le juge avait indiqué qu'il n'était pas possible de prendre des photos galerie Saint-Eloi, le couloir des magistrats antiterroristes, mais la photographe avait quand même sorti son appareil avant d'entrer dans le bureau. Alertés par les caméras de vidéosurveillance, le commandement militaire, le secrétaire général du tribunal et la première vice-présidente chargée du pénal ont aussitôt débarqué dans le bureau du juge.

Il a été rapidement vérifié qu'aucune photo n'avait été prise galerie Saint-Eloi, la photographe s'est excusée, Marc Trévidic a fait un petit rapport et pensé que l'affaire était classée. Mais un mois plus tard, le 22 novembre, il a été convoqué par Chantal Arens, la présidente du tribunal, qui lui a signifié qu'il avait mis en danger la sécurité du tribunal et qu'elle envisageait de faire une procédure de "mise en garde", versée à son dossier. Le juge a exigé que dans ces conditions, sa réponse le soit aussi, la présidente a fini par laisser tomber.

Mais Marc Trévidic a senti cette fois qu'il y avait péril et saisi les syndicats. Christophe Régnard, le président de l'USM, et Corinne Goetzmann, pour l'AFMI, se sont inquiétés de "cette procédure quasi disciplinaire", manifestement irrégulière, qui n'est "prévue par aucun texte". Chantal Arens les a reçus le 29 novembre, s'est longuement expliquée sur le peu de nouveaux dossiers attribués à Trévidic, mais pour le Niger, a dit qu'elle n'y était pour rien. Le premier président les a reçus à son tour le 16 décembre, et a indiqué qu'il lui semblait inacceptable que des journalistes entrent galerie Saint-Eloi. Quant au Niger, il assure qu'il n'a jamais reçu le courrier du juge...

"On a voulu faire comprendre à la hiérarchie judiciaire que cela suffisait, a expliqué Christophe Régnard, ce genre de tracasseries n'est pas acceptable. J'ai la fâcheuse impression de revivre ce qui s'est passé avec la juge Isabelle Prévost-Desprez à Nanterre." Jacques Degrandi, dans un communiqué à l'AFP, a récusé "toute intention d'empêcher" le juge Trévidic d'instruire "en toute indépendance", et se dit soucieux de préserver les juges "de toutes pressions". Il rappelle que chacun "doit exercer la plénitude de ses attributions dans le respect des règles éthiques et déontologiques", et considère que l'article de Marianne présente "des amalgames de faits, des contractions de propos épars" qui "nourrissent une présentation manichéenne et tendancieuse de la réalité".

Ce n'est évidemment pas le sentiment des collègues de M. Trévidic. "Le premier président a dit que tous les juges d'instruction étaient des caractériels, dit Gilbert Thiel, le seul magistrat qui accepte d'être cité. C'est que les autres doivent être dépourvus de caractère et peut-être d'autres attributs."

Franck Johannès


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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 16:43

LEMONDE.FR avec AFP | 14.01.12 | 12h31

 
 

Une capture d'écran de vidéo, réalisée par un étudiant, montre un moine tibétain en train de s'immoler le 21 novembre 2011 dans la province du Sichuan.

Une capture d'écran de vidéo, réalisée par un étudiant, montre un moine tibétain en train de s'immoler le 21 novembre 2011 dans la province du Sichuan.AFP/Students for a Free Tibet


Un Tibétain a tenté de s'immoler par le feu, samedi 14 janvier en Chine, près du monastère de Kirti dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest du pays, ont annoncé les associations International Campaign for Tibet (ICT) et Free Tibet, sans être en mesure de préciser son état de santé ni son sexe.

Une femme a par ailleurs été atteinte par un tir des forces de l'ordre lorsque celles-ci ont ouvert le feu sur une foule qui tentait de se porter au secours du Tibétain, selon Free Tibet. Le sort de la femme n'était pas connu.

Un témoin a décrit une scène "terrifiante" et affirmé qu'un "gaz fort" avait été utilisé contre la foule. Plusieurs personnes ont été battues et arrêtées, a assuré ce témoin à Free Tibet.

Joint par téléphone, un responsable de la propagande du Parti communiste local a déclaré à l'AFP tout ignorer de la tentative d'immolation et de heurts entre habitants et forces de l'ordre. "La situation est normale en ville", a-t-il dit.

 

NEUF DÉCÈS PAR IMMOLATION EN MOINS D'UN AN

Au moins 15 Tibétains, en majorité moines ou nonnes bouddhistes, se sont immolés ou ont tenté de le faire en moins d'un an en Chine, la plupart dans le Sichuan, proche de la Région autonome du Tibet. Au moins neuf d'entre eux sont décédés.

Les immolations des moines – désapprouvées par leur chef spirituel, le dalaï lama – illustrent, selon les ONG, le désespoir face à la répression religieuse et culturelle menée par Pékin dans les régions tibétaines.

La Chine affirme avoir "libéré pacifiquement" le Tibet en 1951 et amélioré le sort des Tibétains en fournissant des fonds pour le développement économique de cette région pauvre et isolée. Mais de nombreux Tibétains ne supportent plus ce qu'ils considèrent comme une domination grandissante des Hans, ethnie fortement majoritaire en Chine, et la répression de leur religion et de leur culture.

 

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14 janvier 2012 6 14 /01 /janvier /2012 16:39

LEMONDE.FR | 13.01.12 | 20h30   •  Mis à jour le 13.01.12 | 20h33

 
 

 

Logo de l'industriel français.

Logo de l'industriel français.AFP/JOHN MACDOUGALL


Un désastre financier et un dossier aux multiples zones d'ombres. Les conditions de rachat de la start-up canadienne Uramin par Areva sont au cœur de la bataille entre l'ancienne présidente du directoire, Anne Lauvergeon – qui a quitté ses fonctions en juin – et le numéro 1 du nucléaire français.

 

  • L'acquisition d'Uramin

En 2006-2007, le cours de l'uranium s'envole sur les marchés mondiaux, dépassant alors les 100 dollars la livre. Face à cette montée, le groupe nucléaire français Areva souhaite sécuriser son approvisionnement. Le 15 juin 2007, il annonce une offre publique d'achat d'une junior entreprise canadienne, Uramin, qui dispose de permis miniers dans plusieurs pays d'Afrique, en Namibie (Trekkopje), en Centrafrique (Bakouma) et en Afrique du Sud (Ryst Kuil).

Pourtant, Uramin n'était pas la cible prioritaire d'Anne Lauvergeon. A l'époque, l'Etat a mis son veto à l'acquisition du géant australien Olympic Dam et par manque de réactivité, Areva n'a pu acquérir la société australienne Summit Resources.

L'offre est finalisée en juillet de la même année pour un montant de 2,5 milliards de dollars américains (soit 1,82 milliard d'euros), ce qui en fait l'une des plus importantes acquisitions de l'histoire du groupe, détenu à 87 % par l'Etat. Un "beau succès", estimait alors l'Agence des participations d'Etat, un service rattaché au ministère de l'économie, des finances et de l'industrie.

  • Déroute du projet

Mais les ressources des mines d'uranium de la start-up canadiennes se sont révélées moins riches qu'escompté. Le 12 décembre, Luc Oursel, actuel président du directoire d'Areva, annonce une dépréciation de 1,46 milliard d'euros de sa filiale minière, soit une perte de 80 % de la valeur de rachat d'Uramin. Motifs invoqués : des réserves apparemment surévaluées, une chute des prix de l'uranium – en 2007, Goldman Sachs, notamment, prédisait que la livre d'uranium atteindrait 200 dollars, elle s'échange aujourd'hui à près de 50 dollars – ou encore de capacités de production finalement pas mises en place. Ce fiasco financier alimente aussi les soupçons de tromperie, déjà présents depuis plusieurs mois.

Car d'autres éléments viennent renforcer le climat de suspicion autour de ce dossier. Le cours du titre Uramin a été multiplié par six pendant les six mois précédant l'acquisition de la société minière par Areva, passant de 300 millions d'euros lors de son entrée en Bourse en décembre 2006 à 1,8 milliard en 2007. Un rapport de Goldman Sachs pour EDF, daté du mois d'avril 2007 et révélé fin décembre 2011 par L'Express, soulignait les risques concernant le rachat de la société d'exploration Uramin.

  • Deux enquêtes internes

En interne, l'opération de rachat des gisements soulève aussi de nombreuses questions. Le 25 décembre, Le Journal du dimanche dévoile que deux enquêtes avaient été commanditées début 2010 pour clarifier ses conditions d'acquisition. A l'époque, Anne Lauvergeon est candidate à sa propre succession pour un troisième mandat à la tête d'Areva.

Ainsi, en mars 2010, une première recherche a été confiée par la direction du patrimoine du groupe à la société d'intelligence économique Apic. Dans un entretien au Parisien, daté du vendredi 13 janvier (en accès payant), Marc Eichinger, l'auteur du document confidentiel, affirme que le groupe nucléaire a été victime d'une "escroquerie". "Areva n'avait rien à faire avec Uramin, société qui n'avait aucune production ni aucune ressource prouvée", explique-t-il. L'expert financier avance "un soupçon de délit d'initié avec des opérateurs ayant connaissance très tôt" de la future OPA en 2007. Une hypothèse renforcée par le fait que le groupe s'est basé sur des documents d'une unique société américaine, SRK, "rémunérée par le vendeur". Aucune équipe n'a été dépêchée sur place et aucune expertise indépendante n'a été sollicitée par le groupe, souligne aussi l'expert.

>> Lire : "Soupçons d'escroquerie lors du rachat d'Uramin par Areva"

Les investigations de la société basée à Sciez (Haute-Savoie) se sont également portées sur Daniel Wouters, directeur de la division des mines chez Areva, sur qui planent des soupçons de conflit d'intérêts. Ce banquier franco-belge a été recruté en 2006 pour trouver une mine d'uranium au moment où le groupe cherchait à sécuriser ses sources d'approvisionnement. Lors de sa nomination, il était également responsable de Swala Ressources, une société d'exploitation minière en Afrique. Un double statut qui ne correspond pas "aux bonnes mœurs des affaires", estime M. Eichinger. Daniel Wouters "connaissait le mari d'un cadre dirigeant", ce qui a facilité et accéléré son intégration dans le groupe. "Je n'ai pas pu prouver d'enrichissement indu", précise toutefois l'expert.

Chez Areva, on suspecte aujourd'hui le mari de Mme Lauvergeon, Olivier Fric, d'être à l'origine de ce recrutement, rapporte Le Parisien. Une information démentie par l'avocat d'"Atomic Anne". Le couple a par ailleurs assuré que M. Wouters n'était "pas à l'origine de l'intérêt d'Areva pour Uramin" et que M. Fric ne le connaissait pas avant son embauche par Areva.

Pour le député socialiste Daniel Goua, rapporteur de la mission sur EDF et Areva, l'arrivée de l'ancien banquier s'est faite par un chasseur de tête : "Il fallait quelqu'un qui avait à la fois un profil de banquier et une bonne connaissance du secteur minier". Joint par Le Monde.fr, le rapporteur souligne que les éléments révélés par l'Apic ne permettent pas d'incriminer clairement M. Wouters.

  • Les rôles de Mme Lauvergeon et de son époux

La seconde enquête mandatée par le groupe nucléaire a été révélée le 21 décembre par Le Canard enchaîné. Le journal dévoilait l'existence d'un rapport d'enquête datant du 26 septembre réalisé par une officine privée suisse, Alpes Services, et ciblant notamment le conjoint d'Anne Lauvergeon.

Une partie de l'enquête détaille, selon Me Versini-Campinchi, l'avocat de Mme Lauvergeon et de son époux, l'agenda, les comptes en banque et les données téléphoniques d'Olivier Fric, ainsi que son casier judiciaire et son parcours universitaire. Figurent ainsi "une centaine de numéros joints par le mari d'Anne Lauvergeon de février à juin 2011", indique l'hebdomadaire satirique, qui cite également un extrait du rapport d'enquête selon lequel "les recherches préliminaires menées sur M. Fric n'ont pas permis d'obtenir des informations laissant penser qu'il aurait pu bénéficier de manière illégitime du rachat d'Uramin par Areva".

L'enquête a conduit l'ex-patronne du groupe et son époux à porter plainte contre X, fin décembre, pour "complicité et recel de violation de secret professionnel", "complicité et recel de divulgation de données portant atteinte à la vie privée" et "complicité et recel d'abus de confiance". Le conseil estime que l'affaire Uramin a servi de prétexte pour l'éviction de sa cliente de la tête du groupe nucléaire, en juin. Mme Lauvergeon a par ailleurs assuré fin décembre que l'acquisition d'Uramin s'est faite "dans des conditions de gouvernance irréprochables", et que le montant de l'opération était justifié par le cours très élevé de l'uranium à l'époque.

>> Lire : "Des officines privées ont espionné des proches de l'ex-présidente d'Areva" (édition Abonnés)

Jeudi 12 janvier, Areva a annoncé avoir suspendu le versement des indemnités de départ à Mme Lauvergeon aux conclusions d'une étude sur l'acquisition des gisements d'uranium de l'entreprise canadienne – un comité de trois experts indépendants a été désigné, fin décembre, par le conseil de surveillance d'Areva pour examiner à nouveau ce dossier. La veille, l'avocat de Mme Lauvergeon avait révélé qu'il venait d'assigner en référé Areva pour qu'il verse à sa cliente 1 million d'euros d'indemnités de départ et 500 000 euros au titre d'une clause de non-concurrence, en vertu d'un accord "irrévocable" négocié lors de son éviction.

>> Lire : "Areva suspend les indemnités de Lauvergeon à un audit sur le fiasco Uramin"

  • L'intervention de M. Ricol

En avril 2010, l'Etat, actionnaire majoritaire du groupe nucléaire, a demandé à René Ricol de vérifier les comptes d'Areva. L'ancien expert comptable a ainsi été nommé nouvel administrateur du groupe nucléaire et, surtout, coprésident de son comité d'audit. Sa feuille de route était d'établir la vérité sur des comptes jugés opaques et de regarder de près cette fameuse acquisition. "J'étais venu pour faire la clarté sur les comptes d'Areva, dira-t-il lors de l'assemblée générale du groupe, le 27 avril 2011. La clarté existait avant mon arrivée. J'ai perdu mon temps avec bonheur."

  • Le rapport de la Commission des finances

Pourtant, le 21 juin 2011, l'Etat relance le dossier Areva. Le bureau de la commission des finances a chargé le député socialiste de Maine-et-Loire Marc Goua de conduire un audit financier sur le groupe, notamment sur les modalités de l'acquisition de la start-up canadienne immatriculée dans les îles Vierges (un paradis fiscal situé dans les Caraïbes). Les premiers résultats obtenus ont été présentés en octobre 2011, devant l'Assemblée nationale. Le rapport souligne notamment l'opacité des informations disponibles au moment de l'acquisition et la précipitation dans laquelle s'est effectuée l'OPA.

Les dates des notes consultées dans les services de l'APE remontent aux 7 et 25 mai 2007, soit à une période d'installation ou de transition politique entre le second tour de l'élection présidentielle et le premier tour des élections législatives. Le rapporteur s'étonnait également du caractère "d'urgence" du rachat. Uramin avait semble-t-il fixé au 31 mai 2007 la date limite d'une opération d'achat de ses titres. "Personne ne s'étonne que le calendrier puisse être fixé par le vendeur. Dans ces circonstances, tout devrait inciter à la retenue", indiquait M. Goua.

Joint vendredi par Le Monde.fr, ce dernier appelle à la prudence. "Il y a tellement de rebondissements dans ce dossier... Je me garderais bien de conclure. Aujourd'hui, toutes les hypothèses sont possibles." Et de décliner les possibilités d'une escroquerie du vendeur, d'une escroquerie en interne, d'une décision "prise à la légère" mais pas frauduleuse, voire d'un possible investissement qui se révélerait rentable à long terme... Le rapporteur de la mission sur EDF et Areva devait rendre les conclusions de son audit fin janvier. Une échéance qui sera repoussée à la mi-février, confie-t-il.

 

Aude Lasjaunias

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:23

 

Journée internationale des Indignés

 

 

Bonjour à toutes et à tous.


Action prévue le samedi 14 janvier à 14h

Place de la Maison Carrée


pour la journée internationale des Indignés (pique nique à 13h).


Le thème : Carnaval Électoral.

l-eacutezard-comique-thumb15808351.jpg 

Confection de panneaux humoristiques :
Exemple : Votez....... Personnages imaginaires ou Ubuesques .


Vos idées , vos instruments de musique seront les biens venus.


Merci de transmettre cette invitation à toutes vos listes.

 


Venez nombreux.


El Pueblo Unido Jamas Sera Vincido
Le Peuple Uni Jamais Sera Vaincu

 

                                                                                Le-pilote-du-dessin-anime-de-Captain-Vegeto.jpg            

 

Le Capitalisme est à terre Écrasons le



Les Indignés de Nîmes

 

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:14
MARSEILLE
le samedi 14 janvier 2012
Assemblées populaires à 13 h 30
Ne laissons pas les affaires du monde au monde des affaires !
Journée mondiale des Assemblées populaires

 

Les Indignés Marseille

Le samedi 14 janvier, lors de la journée mondiale des assemblées populaires, les Indignés vont expérimenter la démocratie directe dans les quartiers de Marseille. Dans plus de cinq quartiers des personnes vont s’exprimer, s’écouter et construire.

 

Assemblée populaire de la Belle-de-Mais (Place Caffo)
Assemblée populaire du Cours d’Estinne d’Orves
Assemblée populaire de Noailles (Place des Halles Delacroix)
Assemblée populaire du Panier (Place de Lenche)
Assemblée populaire du Cours Julien

 

Ensuite, à partir de 19 heures les Indignés invitent tout le monde au Cours Julien pour une soupe festive.

Prenez vous aussi l’initiative d’organiser une assemblée populaire dans votre quartier ou dans votre ville, où que vous soyez.
Voir ici :
http://marseille.indigne-e-s.net/

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:11

[CLIQUEZ ICI POUR TÉLÉCHARGER LE TRACT]


Qui sème la précarité…

récolte des indigné(e)s !

Citoyen, Citoyenne,

 

Ce Samedi 14 janvier 2012 sera pour toil’occasion de pouvoir manifester ton indignation à travers l’appel que nous te lançons à venir soutenir pour une journée de mobilisation et de propositionsur le thème de la lutte contre la précarité et pour l’emploi, dans le cadre de la journée mondiale des assemblées populaires !

 

Alors rendez-vous PLACE KLEBER

Le 14 janvier à partir de 12h !
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12h-14h : PIQUE-NIQUE CITOYEN !

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sur le thème de la précarité :

Viens t’exprimer, c’est gratuit !
15h-17h : Travail en atelier

sur les thèmes de la lutte contre le chômage, le logement et le pouvoir d’achat. Si tu as des solutions, emmène-les avec toi !
17h-18h : Travaux de synthèse en AG !

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:07

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 17:00
| Par La rédaction de Mediapart

 

L'Initiative sur la menace nucléaire (NIT) a publié une étude comparative sur la sûreté nucléaire dans le monde, évaluant la sécurité des installations nucléaires dans 32 pays possédant du combustible nucléaire. La Corée du Nord, le Pakistan et l'Iran sont considérés comme les pays les moins fiables – des critères comme la stabilité politique, les procédures de contrôle ou la corruption entrant dans la mesure –, tandis que l'Australie, la Hongrie et la République tchèque tiennent le haut du classement. La France se classe, elle, 19e, la NIT insistant sur la nécessité d'améliorer la réglementation sur le transport de combustible, de ratifier les engagements internationaux ou de consolider les installations militaires.

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13 janvier 2012 5 13 /01 /janvier /2012 16:57

Alors que le gouvernement s'apprête à autoriser la construction du réacteur Iter, Michèle Rivasi, députée européenne EELV, Jean-Pierre Petit, physicien et ancien directeur de recherche au CNRS, Christian Desplats, conseiller régional Paca, dénoncent «un fiasco scientifique et financier programmé».

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Mardi 17 janvier 2012, un exercice national simulera un séisme impactant le site du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) à Cadarache (Bouches-du-Rhône) et dans nombre de communes environnantes. Au cours des siècles, des événements sismiques majeurs ont en effet laissé des traces dans cette zone!

Après l’avis favorable rendu en septembre 2011 par la commission d’enquête qui, aux dires mêmes de son président, n’a pas eu assez de temps, dans le cadre réglementaire imposé par l’Etat, pour se prononcer convenablement, le gouvernement français s’apprête à délivrer, au terme d’une procédure précipitée, l’autorisation de création du réacteur thermonucléaire expérimental Iter (International thermonuclear experimental reactor) à Cadarache.

Sourd aux appels de trois prix Nobel de physique, de scientifiques reconnus dans le domaine de la physique nucléaire, de personnalités morales incontestées et de milliers de citoyens, le gouvernement s’entête à ignorer les aléas, les risques et les dangers de ce programme international mené à marche forcée, au mépris du principe constitutionnel de précaution, entraînant ainsi notre pays vers un fiasco scientifique et financier inéluctable.

Un fiasco scientifique?

Le réacteur Iter, chambre de confinement d'un gaz ionisé porté à 100 millions de degrés, est la version d'une très grande taille de réacteurs appelés tokamak, fonctionnant actuellement dans de nombreux pays. La grande taille du réacteur est définie pour espérer atteindre le seuil permettant de dégager suffisamment d'énergie d'origine nucléaire par fusion d'atomes légers pour produire de l’électricité. Il s'agit du principe de fonctionnement de la bombe H.

Dans le cas du projet  Iter, le dossier de plusieurs milliers de pages, soumis cet été à enquête publique dans douze villages autour de Cadarache, comprend nombre d’incohérences, de lacunes et de questions non résolues. Il est tout à fait clair que les scientifiques et les ingénieurs promoteurs de ce projet ont délibérément ignoré un grand nombre de «verrous» scientifiques et technologiques qui conduisent de nombreux  spécialistes de cette discipline à être particulièrement sceptiques sur le succès éventuel de ce projet Iter.

Parmi ces interrogations fondamentales, il convient de mentionner entre autres:

- la fragilité des bobines supraconductrices servant à confiner le plasma dans le réacteur Iter: ce seront les plus grands bobinages supraconducteurs jamais réalisés. Mais leur tenue au flux de neutrons est très incertaine; n’ayant résisté que pendant quelques secondes dans les réacteurs expérimentaux, il n'est pas du tout certain qu'ils resteront fonctionnels durant un laps de temps de plusieurs années permettant réellement de mener à terme le programme de recherche prévu. «Croire que ces bobines pourront résister toute la durée de vie du réacteur est complètement fou», disait Pierre-Gilles de Gennes, prix Nobel de physique. Qu’en sera-t-il pour une phase d’expérimentation prévue sur 25 ans?

- le risque de disruption majeure, qui est la perte brutale du contrôle du confinement du plasma en régime thermonucléaire: ce risque n’est jusqu’à présent pas du tout maîtrisé. Des études récentes précisent que ces disruptions, qui génèrent en quelques millisecondes une perte totale du confinement d'un plasma où circulent quinze millions d'ampères, peuvent provoquer des dégâts catastrophiques sur les structures du réacteur. Ces disruptions, véritables foudroiements cent fois plus intenses que la foudre atmosphérique, frappent l'enceinte interne du réacteur. Elles sont inhérentes à la technologie des réacteurs de type tokamak et ne peuvent être totalement évitées. Elles induiront une destruction partielle de la machine et des aimants supraconducteurs. Il faut donc rechercher une méthode d’amortissement de leurs conséquences et un programme intensif de recherche est en cours sur ce sujet. Cependant, les dernières recherches tendent à indiquer que ce risque a été largement sous-estimé lors de la conception technique d'Iter. En effet, la taille considérable du réacteur Iter rend caduques les solutions qui semblaient efficaces dans des réacteurs de taille modeste. Ainsi, un chercheur anglais écrit récemment que «les effets des disruptions sur les futurs tokamaks, comme Iter, auront des conséquences sévères. Dans des machines dimensionnées comme des générateurs d’électricité, une disruption serait catastrophique». De même, une thèse récente menée sous l’égide de l’Ecole polytechnique et du CEA confirme que les disruptions des plasmas des tokamaks sont des phénomènes menant à la perte totale du confinement du plasma en quelques millisecondes et peuvent provoquer des dégâts considérables sur les structures des machines. Or, ce point particulièrement inquiétant a été totalement occulté dans l’étude de risque du projet Iter soumis à l’enquête publique!

- la tenue de la première paroi du réacteur, qui contiendra un plasma à plus de 100 millions de degrés, construite avec du béryllium,  matériau léger, fragile et toxique, résistant à 1287 degrés seulement: sa résistance face à un flux intense de neutrons, aux chocs thermiques et à l’abrasion est pour le moins incertaine. Le programme international de recherche IFMIF (International Fusion Materials Irradiation Facility) associé à Iter et piloté par le Japon a été conçu pour apporter la solution technique à ce problème avant la fin de la construction du réacteur Iter, mais il est jusqu’à présent resté dans les limbes et le restera sans doute encore longtemps, car il ne semble toujours pas financé (3 à 5 milliards d’euros). Qu’en sera-t-il en 2023, quand le réacteur Iter sera exploité en phase tritium?

- la conception des modules tritigènes, situés juste derrière la première paroi en béryllium, destinés à reconstituer le tritium, matière rare, particulièrement dangereuse et qui n’existe pas dans la nature, est basée sur une circulation d’un mélange lithium-plomb à l’état liquide, refroidi par eau contenue dans une céramique refroidie à l’hélium. Ces éléments sont d’une effrayante complexité et n’ont pas encore été totalement testés. Que se passera-t-il en cas de rupture de la céramique, le mélange de l’eau et du lithium étant extrêmement dangereux?

- le risque sismique enfin est sous-évalué: l’impact d’un tremblement de terre sur le site de Cadarache, notoirement sismique, aura des conséquences sur la stabilité du plasma à l’intérieur du réacteur Iter, même sans destruction du réacteur. En effet, une secousse provoquant un déplacement des structures de seulement quelques millimètres entraînera irrémédiablement une disruption majeure aux conséquences fatales. La dalle anti-sismique sur laquelle sera installée le réacteur, en cours de construction sans même attendre les conclusions des stress-tests post-Fukushima, même si elle garantit une sauvegarde globale des infrastructures, ne permettra pas de garantir l'intégrité du réacteur dans son ensemble après un séisme, ce qui rendra très aléatoire, voire impossible, une remise en service de l'installation.

Tous ces éléments inquiétants sont reconnus par le directeur général d’Iter, qui s’empresse d’en conclure que le programme Iter est justement conçu pour apporter des réponses à ces questions au cours de l'exploitation! Force est de constater que le projet a été présenté ces dernières années de façon tronquée et sans souci d’objectivité, à l’opposé de la déontologie élémentaire de toute démarche scientifique et technique qui doit comprendre une validation collégiale et transparente.

Qu’une seule de ces questions reste sans réponse avant le démarrage du projet, et c’est tout le programme Iter qui s’effondre, dans un gâchis scientifique et financier incommensurable!

Notre pays et l'Union européenne, qui financent ce projet à hauteur de 45%, ont-ils vraiment les moyens de prendre un tel risque…?

Un fiasco financier?

 Engagé en 1985 suite à un accord Reagan-Gorbatchev, le programme Iter était évalué à 8 milliards d'euros environ en 1998, ce qui fut jugé tout à fait excessif par les instances internationales, eu égard aux avancées scientifiques attendues. Un projet moins ambitieux fut alors établi et lancé en 2001 sur la base d’une évaluation financière à 5 milliards d’euros. Aujourd'hui, le programme Iter est estimé à plus de 15 milliards d’euros! Et ce n’est sans doute pas fini…

En effet:
- le retard annoncé par le Japon, contributeur à hauteur de 9%, d’un an minimum pour la livraison du matériel qui doit être fabriqué à proximité de Fukushima, va sans nul doute avoir un impact sur les coûts.
- les déboires de construction des EPR de Flamanville et de Finlande, qui accusent des retards de livraison de plusieurs années, avec les surcoûts considérables qui en résultent, démontrent bien que les inévitables aléas de construction ont un impact inévitable sur les coûts des chantiers d’une telle importance.
- la révision probable des normes de sécurité, notamment sismiques, après les audits de sûreté demandés par le gouvernement sur les installations nucléaires à la suite de la catastrophe de Fukushima, risque d’entraîner elle aussi une réévaluation du coût du projet Iter.
- les difficultés rencontrées aujourd’hui par l’Europe pour financer sa part de 1,3 milliard d’euros manquants sur l’augmentation de l’estimation initiale montre bien la fragilité financière du  projet.

Tous ces éléments laissent à penser que le coût du projet Iter va encore exploser; avancer aujourd’hui un coût final de 30 milliards d’euros n’est malheureusement plus une aberration!

De plus, le projet Iter n’étant pas assurable, et donc pas assuré, toutes les conséquences dommageables qui pourraient en résulter seront, avec le démantèlement, à la charge des contribuables français…

Après des habillages juridiques contestables, les travaux ont commencé, avant même la délivrance de l’autorisation de construction du réacteur Iter; mais il n’est pas trop tard…

Avec Georges Charpak, prix Nobel de physique, nous déclarons que «plutôt que de masquer une programmation initiale insatisfaisante à la fois sur le plan scientifique et technologique par une escalade budgétaire plus mauvaise encore, mieux vaudrait admettre enfin que le gigantisme du projet Iter est disproportionné par rapport aux espérances, que sa gestion apparait déficiente, que nos budgets ne nous permettent pas de le poursuivre, et de transférer cet argent vers la recherche utile».

Alors, aujourd'hui, pourquoi ne pas reconvertir le projet Iter en technopole de recherche sur les énergies renouvelables qui pourrait bénéficier des investissements déjà réalisés (accès, plateforme, bureaux, lycée international…) et y transférer les crédits de recherche déjà mobilisés? Nous avons des chercheurs et des personnels d’une grande qualité et une mine de nouveaux emplois locaux durables en perspective!

Il ne nous manque pour en décider que le courage politique de résister au lobby nucléaire.

 

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