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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 12:17
*Rappel à Nîmes les Indignés se mobilisent depuis ce matin  et jusqu'à 16h30. Pour commencer, au pôle emploi qui se trouve en face du parc des expositions.

| Par La rédaction de Mediapart

A la veille du «sommet social» voulu par Nicolas Sarkozy, plusieurs associations de chômeurs ou de précaires (AC!, la CGT-Chômeurs, Génération précaire, Recours-Radiation, etc.), syndicats (FO Intérim, CNT, CGT-Pôle Emploi, SUD, SNU, etc.) et partis politiques (Front de gauche, NPA...) appellent à occuper les agences de Pôle Emploi.

 

La liste des lieux de rendez-vous.

 

 

 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 12:14
| Par Ludovic Lamant
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Les Islandais pourraient faire d'une pierre deux coups, le 30 juin prochain: voter, comme il est prévu de longue date, pour un chef d'Etat, et se prononcer, au même moment, sur le projet d'une nouvelle constitution, censée tourner la page de la crise financière sur l'île. L'avocate Katrin Oddsdottir, l'une des membres de cette Assemblée constituante, veut y croire. Elle était l'invitée, aux côtés d'autres activistes et «indignés» à travers le monde, d'une journée organisée à Paris le 15 janvier, par Attac-France, autour des questions de dette et démocratie.

Son témoignage a posé une question revigorante à la salle: le scénario à l'islandaise pourrait-il se propager à l'Europe toute entière, alors que l'Union semble plus que jamais menacée d'implosion? En octobre 2008, l'Islande fait faillite. Les 320 000 insulaires découvrent, abasourdis, l'essor extravagant des banques islandaises au cours des années 2000, et la corruption de leur classe politique, à l'origine du krach. Des citoyens en colère s'emparent de la rue.

Ils seront près de 50.000, au plus fort de la mobilisation, à se rassembler, devant le Parlement islandais, en fin d'année. Le gouvernement conservateur démissionne. De nouvelles élections sont organisées début 2009, qui donnent la victoire à un gouvernement de centre gauche. Surtout, un scrutin un peu particulier désigne, l'année suivante, 25 citoyens, chargés d'écrire une nouvelle Constitution. Leur idée: pour sortir de la crise, l'Islande doit aussi en finir avec sa Constitution sclérosée, un simple copié collé d'une vieille constitution danoise.

 

Le Parlement islandais, à Reykjavik. Février 2011. 
Le Parlement islandais, à Reykjavik. Février 2011.


Les débats durent plusieurs mois, retransmis sur un site internet, alimentés par des contributions d'internautes. A l'été 2011, le texte est finalisé, et traduit en anglais. Depuis, les députés, soucieux de conserveur leurs positions, freinent des quatre fers pour organiser un référendum en bonne et due forme. Mais l'élection présidentielle pourrait offrir l'occasion rêvée de proposer ce texte aux citoyens (Mediapart a déjà raconté l'aventure islandaise à travers une série de reportages à Reykjavik, et un article plus récent).

Pourrait-on lancer une «constituante» en Europe, pour réconcilier les citoyens avec l'Union, sur le modèle islandais? Le projet séduit en tout cas Yves Sintomer, sociologue à l'université Paris-8, lui aussi présent autour de la table, dimanche lors du débat organisé par Attac. Ce chercheur, spécialiste des techniques de la démocratie et des «votations citoyennes», a même dessiné, à grands traits, un scénario possible: un tirage au sort, à grande échelle, de citoyens aux quatre coins du continent, qui seraient appelés à écrire une nouvelle constitution européenne. Un texte qui pourrait, pourquoi pas, être soumis au vote lors des européennes de 2014.

Re-politiser une «Europe usée»?

 

 

Avantage de cette technique, selon Sintomer: elle ignore les partis politiques, qui tendent à nationaliser les débats sur l'Europe. Et pourrait aboutir à la formation d'un véritable espace public européen, comme l'Union en a connu à de trop rares occasions (les manifestations contre la guerre en Irak, en 2003, par exemple). Dans un long entretien accordé à Mediapart en décembre, le sociologue expliquait déjà: «Au vu de la profondeur du décrochage des classes populaires par rapport à la politique, je trouverais utile de réactiver l’idée de recourir au tirage au sort. Cela augmenterait la diversité sociale des représentants qui se prononcent sur les affaires publiques du pays».

Egalement présente à la table dimanche, Cécile Stratonovitch, une «indignée» française, a précisé, de son côté, que l'écriture d'une loi fondamentale, pour l'Europe, serait mise en débat, au sein de son collectif, en février.

Bien sûr, cette proposition, alternative énergique au laborieux «pacte budgétaire» voulu par Nicolas Sarkozy et Angela Merkel, en cours de rédaction à Bruxelles, peut faire sourire certains. Totalement irréaliste, jugeront-ils, et ils n'auront pas tout à faire tort. D'autant que l'Islande et ses 320.000 habitants, ne pèsent pas lourd face aux 400 millions d'Européens. Cette idée s'inscrit pourtant dans un débat décisif, si l'on veut sortir l'Europe du marasme actuel.

S'il n'aboutit pas aux mêmes propositions, Maxime Lefebvre, directeur des relations internationales à l'ENA, dresse à peu près le même diagnostic, dans un article publié par la revue Politique étrangère, qui consacre son dernier numéro à la «déconstruction» de l'Europe. Le projet européen, écrit-il, est englué dans une triple crise: celle de sa gouvernance (rongée par le «déficit démocratique»), de son identité (une Europe de plus en plus fragmentée, malmenée par les élargissements à répétition) et de son moral («l'Europe apparaît comme usée»).

Dans ce contexte, l'un des remèdes, pour avancer et «réenchanter le rêve européen», consisterait, selon Maxime Lefebvre, à «re-politiser» l'Union. Par exemple en constituant «des listes transnationales aux élections européennes», et en organisant «des primaires transnationales pour désigner le candidat à la présidence de la Commission». Alors que la zone euro s'approche toujours plus près du ravin, une bonne nouvelle prend forme, dans l'urgence: les langues se délient, et le chantier institutionnel se rouvre.

 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 12:08
| Par Edwy Plenel

Avec Finissons-en!, qui sort cette semaine aux éditions Don Quichotte, Mediapart achève l'inventaire du bilan de la présidence Sarkozy commencé avec un premier tome, N'oubliez pas !, paru il y a deux ans. Manuels civiques, avec une chronologie détaillée et des index, par noms et par thèmes, ces deux ouvrages donnent la mesure de la dégradation française depuis 2007, aussi bien sociale que démocratique, morale qu'internationale. En avant-première, voici son introduction en guise de présentation de ce livre collectif, coordonné par Sophie Dufau.


 

Les journalistes devraient être interdits d’avenir. Empêchés de prédictions, de pronostics ou de scénarios futuristes. Il suffit déjà qu’ils s’occupent avec soin du présent, lui-même encombré de passé. Qu’ils le décryptent dans ses moindres recoins, qu’ils arpentent tous ces territoires, qu’ils fouillent dans ses placards à mémoires, qu’ils révèlent ses réalités occultées, qu’ils dévoilent ses potentialités cachées. C’est à cette condition-là, à cette condition seule, qu’ils rempliront la fonction démocratique qui, socialement, les légitime : satisfaire le droit de savoir des citoyens, leur offrir toutes les informations d’intérêt public sans lesquelles ils ne pourraient contrôler ce qui est fait en leur nom, leur donner ainsi les moyens d’être libres et autonomes dans leurs choix et leurs décisions, leur permettre en somme d’assumer véritablement cette souveraineté qui, en démocratie, est théoriquement la leur.

 

Prendre en charge le présent, sans oublier le passé, c’est ce que n’a cessé de faire l’équipe de Mediapart face à l’hyperprésidence de Nicolas Sarkozy dont le moteur est l’oubli. Ce pouvoir a inventé la politique essuie-glaces, ce va-et-vient des agendas et des discours avec l’obsession de la survie plutôt que de la cohérence : d’une annonce à l’autre, d’une manœuvre à une mise en scène, d’un mensonge à un revirement, il s’est toujours appliqué à effacer ses propres traces, des promesses envolées d’hier au bilan désastreux d’aujourd’hui. C’est à la fois sa ruse et son talent. Ruse d’une politique sans principes qui s’attache à piéger ses adversaires en leur imposant d’incessants virements de bord, changements d’angles ou variations de thèmes. Talent d’une politique de coups qui, cherchant obsessionnellement son rebond dans l’actualité, érige la maîtrise de l’agenda médiatique en règle d’or.

 

Depuis sa création en mars 2008, précédée de son annonce le 2 décembre 2007, Mediapart s’est efforcé de relever ce défi lancé au journalisme par un pouvoir qui ne supporte ni son indépendance ni son impertinence. Agendas contre agendas. Informations contre communications. Révélations contre fictions. En somme, ne pas laisser le pouvoir dicter au peuple son ordre du jour. Ne pas être dupe, ne pas céder aux artifices, ne jamais cesser d’être curieux et ne jamais perdre la mémoire. De cet entêtement témoigne cet ouvrage, Finissons-en !, achèvement d’un travail commencé en janvier 2010 avec N’oubliez pas ! : le décryptage au jour le jour des faits et gestes de la présidence Sarkozy.

 

 

Dans l’entrelacement d’une chronologie méticuleuse et détaillée, d’articles fouillés rebondissant sur l’une ou l’autre des dates clés, de synthèses transversales développant une thématique et de contributions de nos abonnés, issues du Club participatif de notre journal en ligne et présentées sous l’intitulé « Discussion », ce deuxième tome propose, tout comme le premier qu’il prolonge et complète, un manuel citoyen indispensable à la veille de l’élection présidentielle de 2012. En se souvenant, pas à pas, de ce qui fut fait et défait, dit et contredit, on comprend mieux avec quoi il convient d’en finir : non pas seulement avec ce président-là, qu’il suffirait de remplacer par un autre, mais avec le système qui l’a produit et qu’il a servi, lequel système entend bien tout faire pour survivre aux échéances électorales, fussent-elles marquées par une alternance partisane.

 

« Un journaliste en possession de faits est un réformateur plus efficace qu’un éditorialiste qui se contente de tonitruer en chaire, aussi éloquent soit-il. » Cette affirmation de Robert E. Park, fondateur de l’école de sociologie de Chicago et, surtout, ancien journaliste lui-même, pourrait résumer la ligne éditoriale de Mediapart telle que l’illustre Finissons-en ! Nous nous efforçons de mettre sur la table du débat démocratique des informations qui ne soient ni redondantes ni confortables : des faits qui réveillent, dérangent, bousculent, éclairent autrement, interpellent différemment. Convaincus, pour citer encore Park, que « ce sont les informations plutôt que les commentaires qui font l’opinion », notre curiosité journalistique nous entraîne vers l’inconnu et ses surprises plutôt que vers le connu et ses confirmations.

 

Cette quête collective de l’inédit, dont nos révélations inaugurales dans tous les grands scandales du quinquennat – les affaires Tapie, Karachi, Bettencourt, Wildenstein, Takieddine… – ne sont qu’une des facettes, ne relève pas d’un goût particulier pour le spectaculaire, comme le laissent parfois entendre les détracteurs de ce journalisme d’enquête qui ne se satisfait pas des apparences. Elle témoigne plutôt d’une conviction démocratique, illustrée par une pratique professionnelle : il ne saurait y avoir de délibération démocratique véritable, loyale et sincère, pluraliste et inventive, si le peuple n’est pas informé largement des affaires publiques, autrement dit sans transparence sur tout ce qui est d’intérêt public. « La publicité de la vie politique est la sauvegarde du peuple » : l’énoncé inaugural de ce principe en août 1789 par le président du tiers état, Jean-Sylvain Bailly, a inspiré notre manifeste en défense d’une presse libre (Combat pour une presse libre, Galaade, 2009).

 

Mais, dans notre modernité médiatique, d’abondance et d’instantanéité, de trop-plein et de temps réel, d’uniformisation marchande d’un bien démocratique qui, du coup, perd en valeur, en crédit et en rareté, l’information peut aussi bien tuer l’information : l’effacer, l’étouffer, la zapper, l’enfouir et l’égarer, voire la corrompre. D’où l’urgente nécessité d’en revenir à la jeunesse de notre métier : la nouvelle qui étonne, l’information qui fait événement, la vérité de fait qui dérange. Autrement dit de créer des ruptures dans ce flux d’informations qui nous emporte sans laisser le temps de réfléchir ou de discuter, nous transformant en foule anonyme et passive plutôt qu’en public renseigné et actif. L’information qui surprend est aussi celle qui provoque un arrêt stupéfait ou une pause intriguée, qui nourrit la conversation publique et qui appelle un débat contradictoire.

 

Le danger du monstre doux

Cet étonnement de la nouvelle inédite renvoie donc à une pratique sensible de la démocratie, d’une démocratie réellement partagée parce que faisant vivre la promesse initiale de l’égalité des droits. D’une démocratie dont la délibération, sans cesse renouvelée et créatrice, respecte le droit d’alerte, accepte l’interpellation dérangeante des nouvelles indociles et tire profit des alarmes venues de la société elle-même. Tout le contraire d’une démocratie confisquée par une minorité qui, prétendant savoir ce qui est bon pour le peuple à sa place, confond le bien public avec son intérêt personnel. En aggravant tous les travers du présidentialisme français, cette réduction de la volonté populaire au pouvoir d’un seul, le quinquennat de Nicolas Sarkozy en aura été l’illustration accomplie, que n’a cessé de documenter Mediapart.

 

Au croisement de la politique et de l’argent, d’une politique devenue profession et d’un argent devenu son maître, cette présidence s’est affirmée, depuis le premier jour, comme un pouvoir privatisé au service d’une petite cohorte de privilégiés, bénéficiant de ses cadeaux et profitant de ses injustices. Ce ne fut pas le président des riches, mais celui des très riches, dans une accentuation aussi accélérée qu’impudente des inégalités.  Non pas une présidence efficace, mais une présidence intéressée – où les intérêts particuliers l’emportent sur les idéaux collectifs. Mais cette description, où se mêlent violence symbolique, irresponsabilité morale et impuissance effective, est encore trop rassurante. A trop personnaliser le bilan, on risque en effet de louper l’essentiel : le signal d’alarme que nous lance cette réalité politique, mélange de déclin démocratique et de décadence nationale.

 

L’excès individuel cache ici le danger systémique. Dans son outrance particulière, cette hystérisation égocentrique du pouvoir, Nicolas Sarkozy n’est que l’instrument de la dangereuse dérive d’un système en faillite. Combinant une crise historique du capitalisme, une troisième révolution industrielle et un décentrement géopolitique mondial, l’époque de transition incertaine que traversent nos sociétés confronte un vieux monde qui ne veut pas mourir à une jeune alternative qui peine à naître. De cette tension, l’avenir n’est pas écrit, entre course à l’abîme et éveil de l’espérance. Le sarkozysme siège à ce carrefour, indiquant une voie inédite dont il est l’un des laboratoires, celle de ce « monstre doux » récemment décrit par l’Italien Raffaele Simone où l’ascension du divertissement accélère l’endormissement des consciences, dans la confusion entre fiction et réalité (cf. Raffaele Simone, Le Monstre doux, Gallimard, coll. « Le Débat », 2010).

 

Sous-titré L’Occident vire-t-il à droite ?, l’essai de Simone eut le grand mérite d’exhumer une vieille prophétie d’Alexis de Tocqueville dans De la démocratie en Amérique (1840), cette réflexion fondatrice sur la nouveauté démocratique par le détour de son laboratoire nord-américain. « Si le despotisme venait à s’établir chez les nations démocratiques de nos jours, écrit ainsi Tocqueville, il serait plus étendu et plus doux, et il dégraderait les hommes sans les tourmenter. » Dès lors, il imagine cette « chose nouvelle » que serait ce despotisme inconnu, né d’une société dont chacun des membres serait « comme étranger à la destinée de tous les autres », n’existant « qu’en lui-même et pour lui seul », perdu dans « une foule innombrable d’hommes semblables et égaux qui tournent sans repos sur eux-mêmes pour se procurer de petits et vulgaires plaisirs, dont ils remplissent leur âme ».


Cette dépossession démocratique à l’abri d’un vernis démocratique verrait l’ascension, au-dessus de ceux qu’il gouverne, d’« un pouvoir immense et tutélaire qui se charge seul d’assurer leur jouissance et de veiller sur leur sort ». Ce pouvoir-là « ne brise pas les volontés, mais il les amollit, les plie et les dirige ; il force rarement d’agir, mais il s’oppose sans cesse à ce qu’on agisse ; il ne détruit point, il empêche de naître ; il ne tyrannise point, il gêne, il comprime, il énerve, il éteint, il hébète, et il réduit enfin chaque nation à n’être plus qu’un troupeau d’animaux timides et industrieux, dont le gouvernement est le berger ».


« J’ai toujours cru, conclut Tocqueville, que cette sorte de servitude, réglée, douce et paisible, dont je viens de faire le tableau, pourrait se combiner mieux qu’on ne l’imagine avec quelques-unes des formes extérieures de la liberté, et qu’il ne lui serait pas impossible de s’établir à l’ombre même de la souveraineté du peuple. » Et de laisser tomber cette sentence définitive qui rejoint nos inquiétudes contemporaines : « Dans ce système, les citoyens sortent un moment de la dépendance pour indiquer leur maître, et y rentrent. » Nul hasard sans doute si cette alarme, trop longtemps oubliée, fut prise au sérieux et souvent citée par Pierre Mendès France, le plus entêté des républicains français dans le refus de la personnalisation du pouvoir induite par la Cinquième République – « Choisir un homme, fût-il le meilleur, au lieu de choisir une politique, c’est abdiquer. »

Réfléchissant en 1976 à la question du pouvoir, Mendès France s’inquiétait du possible avènement d’une « situation de despotisme de fait » conduisant « insensiblement à cette “tyrannie douce” dont parlait Tocqueville » (cf. Pierre Mendès France, La vérité guidait leurs pas, Gallimard, coll. « Témoins », 1976). « Appelés au gouvernement, expliquait-il, certains peuvent être tentés de transformer une mission conditionnelle et révocable en une sorte de délégation permanente : se croyant et se disant investis d’une grande mission, persuadés qu’ils font mieux que l’adversaire, ils peuvent chercher à conserver le pouvoir en abusant d’une propagande unilatérale, en exploitant le charisme d’un chef, les mythes, les peurs et les craintes, le chauvinisme et le racisme, l’égoïsme de classe, les promesses de la démagogie. »


Ces mots d’hier résument l’enjeu de 2012, alors qu’en France, une même famille politique, fût-elle traversée de querelles fratricides, tient la présidence de la République depuis dix-sept ans, de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy.

 

Les oligarques contre la démocratie

Plus que jamais, il importe d’enrayer cette confiscation du pouvoir sous le vernis d’une démocratie dévitalisée et dénaturée. Avec le renfort de son exception bonapartiste, ce césarisme lové au cœur de ses institutions et résumé par l’article 16 de sa Constitution qui, tel une épée de Damoclès suspendue au-dessus du peuple, autorise un coup d’Etat légal de l’exécutif, la France de Nicolas Sarkozy est peut-être le laboratoire européen où s’invente cette inédite tyrannie douce. Aussi vaudrait-il mieux interrompre d’urgence l’expérience.

 

Ce n’est pas gagné, tant nos temps de crise jouent en sa faveur, à moins d’un sursaut populaire. De la guerre libyenne à la crise financière, l’année 2011 a mis en scène cette dépossession démocratique où les peuples deviennent spectateurs de leur propre histoire, condamnés à subir sans savoir ni pouvoir. Le secret et la peur sont les armes de ce coup d’Etat rampant qui met en pratique la « stratégie du choc » si précisément décrite par Naomi Klein, cette « montée d’un capitalisme du désastre » (Naomi Klein, La Stratégie du choc, Leméac/Actes Sud, 2008). Le peuple français n’a pratiquement rien su de la guerre en Libye, qu’il s’agisse de ses moyens, largement travestis, ou de ses buts, clairement transgressés. Quant à l’accélération de la crise, résultat de l’imprévoyance et des renoncements du pouvoir quand elle débuta, en 2008, l’opacité y règne en maître, à l’image de cette dette abyssale, lourdement aggravée depuis 2007, qui échappe à un audit public permettant d’entrevoir ses responsables et de désigner ses profiteurs.

 

Ayez peur, et je m’occupe du reste ! Tel est le viatique habituel des politiques de la peur : enfermer le peuple dans des frayeurs qui lui ôtent discernement et curiosité, afin de pouvoir agir sans contrôle en son nom. De ce point de vue, l’épisode libyen fut un cas d’école, tant ce zèle guerrier pour, prétendument, secourir un peuple de culture musulmane s’est accompagné, en France même, d’une diabolisation accentuée de l’islam par le pouvoir. Face au réveil démocratique des peuples arabes, le sarkozysme s’est engouffré dans la brèche libyenne pour, à la fois, effacer les traces de ses compromissions avec les dictatures renversées ou ébranlées et imposer une pédagogie de la violence qui restaure une image de puissance et une logique de domination, alors même que des révoltes pacifiques les mettaient à mal.

 

Quant à la purge européenne imposée fin 2011 à la Grèce et à l’Italie par un directoire franco-allemand soumis aux volontés des marchés, elle fut une spectaculaire leçon de servitude, avec une démocratie congédiée et des peuples ignorés. Si nous n’y prenons garde, la crise sera le marchepied de cette nouvelle tyrannie où des fondés de pouvoir de l’oligarchie régnante, technocrates et experts, gouvernent à l’abri du peuple, loin de ses regards et de ses scrutins. Comme le rappelait en 2005 le philosophe Jacques Rancière, dans La Haine de la démocratie (La Fabrique, 2005), l’idéal démocratique affrontera toujours des périls oligarchiques, tant il les défie par sa promesse scandaleuse. Sans privilège de naissance, de fortune ou de savoir, j’ai le droit de m’en mêler, de m’exprimer, de voter, de gouverner : tel est son énoncé principiel où la démocratie s’affirme comme le régime de « n’importe qui », un espace vide qu’il nous revient tous de remplir et d’animer.

 

A l’inverse, les oligarques s’en veulent propriétaires, habillant les intérêts sociaux minoritaires qui les animent de la compétence que leur donnerait l’expérience, l’éducation ou la naissance. Dix ans avant la mise en garde de Rancière sur cette nouvelle haine de la démocratie, celle de ceux pour qui « il n’y a qu’une seule bonne démocratie, celle qui réprime la catastrophe de la civilisation démocratique », l’un des porte-parole immuable de l’oligarchie française annonçait sans fard le programme. En janvier 1995, Alain Minc publiait L’Ivresse démocratique (Gallimard, 1995), essai dont les juges trop indépendants et les journalistes trop curieux étaient les cibles privilégiées. En vue d’un rendez-vous présidentiel qui, d’Edouard Balladur à Nicolas Sarkozy, devra encore patienter douze ans, il s’y adressait à un futur Président de la République pour l’inviter à un coup d’Etat à froid – résumé par cet euphémisme : « un nouveau 1958 silencieux » – afin de « dominer l’ivresse démocratique qui nous guette et qui, insidieusement, commence à s’emparer de nos esprits ».

 

« Aidez-nous à nous défendre de nous-mêmes », concluait benoîtement Alain Minc à destination de ses futurs César et Bonaparte réunis, dans une parfaite illustration de cette nouvelle servitude volontaire qu’appelle une monde universellement marchand, sans autre valeur que le profit et l’accumulation, doublement destructeur par l’exploitation sans freins de l’homme et de la nature. Depuis, sous nos yeux et sur notre continent, la « dictature des marchés » est devenue une réalité tangible, donnant brutalement raison à des dénonciations hier jugées caricaturales. La catastrophe, mélange de régression sociale et de dépossession démocratique, n’est donc plus seulement une hypothèse théorique, mais bien une possibilité concrète.

 

Une nécessaire révolution démocratique

A cette tyrannie douce dont il redoutait l’avènement, Pierre Mendès France opposait la force d’un imaginaire démocratique porté par la société elle-même, et non plus seulement par ceux qui, provisoirement, la représentent. « La démocratie, écrivait-il, c’est beaucoup plus que la pratique des élections et le gouvernement de la majorité : c’est un type de mœurs, de vertu, de scrupule, de sens civique, de respect de l’adversaire ; c’est un code moral. » Mediapart se situe résolument du côté de cette promesse, aussi précieuse que fragile. Moteur d’une révolution technologique dont nos usages sociaux détermineront le futur, l’univers numérique où notre journal a vu le jour permet d’entrevoir les immenses potentialités démocratiques qui, si nous le voulons, peuvent faire barrage aux immenses régressions actuellement à l’ouvrage.

 

La révolution numérique, écrit Dominique Cardon dans La Démocratie Internet (Seuil, coll. « La République des idées », 2010), « bouleverse notre conception et notre pratique de la démocratie car Internet aiguillonne toutes les expériences visant à dépasser la coupure entre représentants et représentés : délibération élargie, auto-organisation, mise en place de collectifs transnationaux, socialisation du savoir, essor de compétences critiques, etc. ». Ouvrant une scène sur laquelle la société se donne en représentation, le web permet d’entrevoir une démocratie étendue et approfondie, sortie de cet âge primitif où elle se réduit au vote et à l’élection. Dès lors, poursuit Cardon, « la société démocratique sort de l’orbite de la politique représentative », s’émancipant du paternalisme de l’espace public traditionnel qui « s’est toujours méfié du public et a inlassablement cherché à le “protéger” contre les autres et surtout contre lui-même ».

 

Laboratoire d’une nouvelle presse, indépendante et participative, Mediapart participe, sur le front de l’information, à cette quête d’une démocratie refondée et réinventée, rendue à tous ces « n’importe qui » dont l’expression tisse la volonté populaire. C’est une bataille de tous les jours, tant nous ne pouvons plus nous rassurer en laissant le temps au temps. Le présent nous requiert, dans le respect de ses fragilités et le souci de ses impatiences, l’écoute de ses souffrances et la recherche de ses espérances.

 

« Dis-moi comment tu traites le présent, et je te dirai de quelle philosophie tu es », lançait le dreyfusard Charles Péguy, cet inventeur d’un « journal vrai » qui serait un « cahier de renseignements ». Lequel Péguy nous avait aussi prévenu, entrevoyant les catastrophes à répétition d’une société de marché, ayant épousé cette utopie dévastatrice d’un monde réduit à ses marchandises, à ses échanges monétaires et à ses spéculations financières : « Pour la première fois dans l’histoire du monde, l’argent est seul en face de l’esprit. »


Juif allemand exilé en France, Walter Benjamin fut un grand lecteur de Péguy, dont il partageait l’instinctive méfiance envers un progrès sacralisé, imposant sa volonté à l’humanité et à la nature. Dans le testament qu’il nous a laissé au seuil de la catastrophe européenne du XXe siècle, ses thèses Sur le concept d’histoire écrites peu avant son suicide, le 26 septembre 1940, à Port-Bou, au passage de la frontière franco-espagnole, il nous invitait déjà à prendre particulièrement soin du présent (cf. Michael Löwy, Walter Benjamin : avertissement d’incendie, PUF, 2001). Tout simplement parce que de ce traitement dépend l’avènement des possibles, ces bifurcations improbables et ces discordances inattendues par lesquelles nous pourrons échapper aux fatalités économiques et politiques qui nous accablent en nous faisant croire qu’il n’y a pas d’autre alternative que de s’y soumettre.

 

Walter Benjamin rappelait qu’il s’agit d’une antique sagesse, celle du premier des monothéismes dont l’Ancien Testament interdit aux Juifs de prédire l’avenir. Dans la version croyante, c’est évidemment que l’homme ne saurait prendre la place de Dieu, seul maître de cet événement à venir, aussi imprévisible qu’impensable : la venue du Messie. Notre variante laïcisée, c’est qu’à ne pas s’attacher au présent à force de jouer les prédicateurs du futur, on ferme l’histoire au lieu de l’ouvrir, rendant plus difficile le surgissement des événements inattendus où se réinvente la liberté des peuples. Telle fut bien la leçon des révolutions pacifiques tunisienne et égyptienne de 2011 qui ont fait mentir toutes les histoires écrites par avance pour des peuples qu’elles congédiaient du même coup, les jugeant indignes d’en être les premiers acteurs.

 

L’histoire ne fait rien, et tout dépend de nous, de notre liberté et de notre volonté à l’assumer. De même que nous affrontons le risque de tyrannies inédites, nous vivons également au défi de ce possible : cet événement qui, de l’indignation à la révolte, donne soudain corps à une nouvelle espérance. En somme, des révolutions elles aussi inédites qui, loin d’écrire à marche forcée un récit imaginé par des avant-gardes autoproclamées, inventeraient avec précaution et patience un nouvel âge de la démocratie. Des révolutions comme les imaginait Walter Benjamin, dans ses notes de 1940 alors qu’il était minuit dans le siècle : « Marx, écrivait-il, dit que les révolutions sont la locomotive de l’histoire. Mais peut-être en va-t-il tout autrement. Peut-être que les révolutions sont le geste de l’espèce humaine voyageant dans ce train pour saisir le signal d’alarme. »


Oui, il est temps de tirer le signal de l’alarme. Et d’en finir avec ce système qui nous entraîne dans sa perdition.

 

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17 janvier 2012 2 17 /01 /janvier /2012 11:52
| Par Michel Deléan

 


 

Une procédure sensible doit être déposée mardi 17 janvier au matin sur le bureau du procureur de la République de Nanterre, Philippe Courroye. Vingt-trois « indignés de la Défense », défendus par l’avocat parisien Christophe Ayela, déposent plainte contre X pour « entrave à la liberté d’expression, atteintes volontaires à l’intégrité physique de la personne, non-assistance à personne en danger, destructions de biens, discrimination du fait du refus de recevoir les plaintes, et propos injurieux ».

« Face aux violences policières contre un rassemblement pacifique, face aux intimidations et aux menaces, nous avons choisi de riposter sur le plan juridique », expliquent plusieurs des « indignés », rencontrés lundi 16 janvier avec leur défenseur. Pour Me Ayela, « ce rassemblement était tout à fait légal, et on ne pouvait pas le disperser, encore moins en recourant à la violence ».

 

Une indignée 
Une indignée

La plainte rédigée par l’avocat (bénévole) des « indignés », que Mediapart a consultée, recense minutieusement les coups donnés sans raison par les forces de l’ordre, cela en contradiction avec le Code pénal, le code de déontologie policière, et les arrêts de la Cour européenne des droits de l’homme. Début novembre 2011, ils étaient plusieurs à vouloir occuper le parvis de La Défense. Leur installation au pied de l'arche le 4 novembre n'avait duré que quelques heures pour cause d'évacuation musclée (lire ici notre reportage).

 Certains plaignants ont reçu des coups de matraque, d’autres se sont fait marcher dessus, d’autres ont subi des étouffements. Leur nourriture a été piétinée. Les cartons et les tentes arrachés et emmenés on ne sait où. Des sacs, du matériel de secours, des couvertures de survie et des sacs de couchage ont disparu.

 

Plusieurs refus d'enregistrer les plaintes

« Il faut changer les mentalités, la police doit respecter la loi, et ne bénéficie d’aucune immunité, la tradition de violence policière doit s’arrêter », explique Me Ayela. « Il s’agit de rassemblements pacifiques qui participent au débat démocratique, et ne représentent aucune menace. »

« Aves des palettes, des tentes et de la nourriture, on serait encore à la Défense, sourit une indignée. Au lieu de cela, les charges policières ont donné une image globale de peur et de violence à la télé. » Même le chien d’un des plaignants a reçu des coups de pied d'un policier…

 

Le campement citoyen 
Le campement citoyen

Plusieurs des indignés assurent, par ailleurs, qu’on a refusé de prendre leur plainte au commissariat de la Défense, les policiers faisant état d’instructions reçues en ce sens. Certains des plaignants se sont obstinés, et ont saisi l’inspection générale des services (IGS).

Si le parquet décide d'enquêter sérieusement, les éléments de preuves ne devraient pas manquer : à l’appui de sa plainte, Christophe Ayela joint notamment une vidéo très explicite, tournée le 4 novembre 2011, et que l’on peut voir ici.

 

 

Née à la suite du mouvement des indignés espagnols, et grâce à une mobilisation spontanée sur les réseaux sociaux, l’occupation pacifique du parvis de la Défense aura duré du 4 novembre au 4 décembre dernier, mais sans qu’un véritable campement citoyen ait pu s’établir, les forces de l’ordre expulsant et dispersant régulièrement les occupants.

Une vingtaine d'entre eux ont même été arrêtés, placés en garde à vue et convoqués devant le procureur aux fins de rappel à la loi. Un comble, si l’on considère – comme leur avocat – qu’ils n’enfreignaient aucune loi.

Outre sa valeur emblématique, la plainte des « indignés » peut également permettre au procureur de Nanterre, Philippe Courroye, de démontrer à quel point il veille scrupuleusement – et en toute indépendance – à ce que la loi s’applique à tous de manière égale.

 

 

Lire aussi

 

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 15:37

 

http://les-indignes.blogvie.com/2012/01/16/a-la-defense-la-police-enleve-les-tentes-les-indignes-restent/ 

16 01 2012

 

Quelques centaines d’Indignés ont tenté une opération «Occupons la Défense» vendredi soir dans le quartier d’affaires.


813921_indignes-france-la-defense.jpg
En début de soirée, sous la Grande arche.

 

Ils auront tenu, au moins quelques heures. Les Indignés français ont tenté, ce vendredi un «Occupons la Défense»,

sur le modèle de leurs cousins espagnols, portugais ou américains, sur le parvis du quartier d’affaires des Hauts-de-Seine, symbole de la finance qu’ils dénoncent. Arrivés à 17 heures, sac au dos et tentes sous le bras, ils ont commencé à être évacués sur le coup de 21h30 par les forces de l’ordre. A 23h30, pourtant, quelques tentes

tenaient encore bon sous la Grande arche.
18 heures. Une heure après le rendez-vous donné, les Indignés sont plusieurs centaines sur le parvis. Venus

avec sacs à dos, packs d’eau, tapis de sol, sacs de couchage, trousses de secours, guitares, peinture, ballons…

Et des pancartes, beaucoup de pancartes : «On est juste indignés, on n’est pas ici pour tout casser», «Ils nous empêchent de rêver, empêchons les de dormir!», «Reprenons le pouvoir sur notre monnaie. La richesse c’est

nous». Et le slogan «officiel» des Indignés de France et d’ailleurs: «Nous sommes les 99 %, nous refusons

que le 1 % décide de notre avenir et de l’avenir du monde à notre place».
Un peu plus loin, à l’écart sous les tours illuminées de la Défense, policiers et gendarmes mobiles veillent,

bras croisés devant une douzaine de fourgons.
«S’il y a autant de moyens mis en place contre nous, c’est parce qu’on fait peur au pouvoir. Parce qu’on essaie

de rétablir la vérité sur le chômage, la précarité», lance Emilie, 26 ans. Laurent, 40 ans, est peintre en bâtiment.

Venu exprès d’Auxerre, ce «militant écologiste» dénonce «un système qui met le profit avant l’homme, qui favorise

une minorité avant nous, les 99% de précaires. Il est temps que l’on remette l’humain au centre des choses !»

Sur

une ardoise, il écrit, à la craie: «Nos rêves ne tiennent pas dans vos urnes.»

Leur objectif est de rester ici toute la nuit au moins, puis le plus longtemps possible. La troupe a eu l’autorisation préfectorale de se rassembler jusqu’à 21 heures. «Mais pas de camper.» Ce qui ne les empêche évidemment

pas

de déployer leurs tentes. Ça ne loupe pas : aussitôt les gendarmes se précipitent, et repartent, Quechuas

«2 seconds» sous le bras. «Honte à vous, police partout, justice nulle part», hurlent les activistes. Et de redéployer,

aussi sec, huit tentes.

20 heures. Une trentaine de tentes sont maintenant montées, les organisateurs comptent 450 présents (mais

«pas

loin de 800» deux heures plus tôt), une source policère 400. «C’est déjà pas mal, au moins maintenant on ne

pourra plus nous ignorer», sourit Nicos, 29 ans, webmaster du site Occuponsladefense. «On avait peur de ne

pas être assez nombreux, mais apparemment notre appel a été entendu.» «De toute façon, là c’est la première

phase, le déclencheur», raisonne Jonhatan, 24 ans. «Après, il faudra construire fédérer».
L’organisation, «qui est horizontale, n’obéit à aucune hiérarchie, à aucun leader», insistent tous les Indignés,

s’est

faite principalement sur Internet : Facebook (page ici), Twitter (@OccupyDefense entre autres, et sous le hashtag #occuponsladefense), listes de diffusion…
« Ce week-end, on sera rejoints par les anti-G20 revenus de Cannes », espère Marine, 28 ans, accroupie sous sa

tente kaki. La jeune femme attend, fébrile, l’intervention policière à venir. « On est ici parce qu’on veut une véritable démocratie, que l’on n’aie plus à choisir tous les cinq ans entre la peste et le choléra. » Satisfaite par le nombre d’Indignés présents, elle ajoute : « Si les flics nous délogent, nous reviendrons demain.»
21 heures. Regain de tension. «C’est la fin de l’arrêté préfectoral », clame un Indigné dans son mégaphone.

«Je vous appelle à vous regrouper autour des tentes et à former une chaîne !» «S’ils balancent des lacrymos,

ne vous frottez pas les yeux, c’est pire», enchaîne une autre, préposée à la pharmacie. En un éclair, pizzas et

bières

sont remballées. Le cercle se resserre autour des tentes, attachées les unes aux autres pour compliquer la tâche

des gendarmes mobiles, qui eux se positionnent de part et d’autre. Une petite centaine, casques sur la tête,

boucliers en main. La bataille rangée semble proche.
21h30. Le cordon policier dévale les marches, se déploie en carré autour du campement. Première charge,

hurlements. Des tentes volent, éventrées, au dessus de la mêlée, leurs occupants sont traînés au sol manu

militari. Rien n’échappe aux objectifs des portables et aux micro-caméras qui filment tout méthodiquement

(vidéo là) et diffusent en streaming (ici). « Non à la violence », scandent les Indignés. Des agents en civil

embarquent une poignée d’entre eux. Les sacs à dos sont entassés, «récupérables au commissariat».

Au final, un blessé, évacué sur un brancard, sous les huées.
23h30. Une poignée de tentes tient bon. Les forces de l’ordre restent positionnées, les Indignés aussi.

Qui hurlent : «Indignés ! Indignés ! Police partout, justice nulle part ! » Et : « J’y suis, j’y reste, je ne partirai

pas ! » Certains pourtant quittent les lieux. « On reviendra demain ! » Rendez-vous est donné pour samedi

à 14 heures. D’autres restent, avec la ferme intention de ne pas bouger de la nuit, tente ou pas.
2 heures. Selon les Indignés encore sur place, «dernière charge des forces de l´ordre contre  50 irréductibles :

on leur arrache leurs couvertures de survie, confisquent leur nourriture, mais ce sont des Indignés vraiment pas

résignés et ils décident de rester».

347482-les-indignes.jpg

Source : Libération, Par CORDÉLIA BONAL, FABIEN SOYEZ


http://www.liberation.fr/societe/01012369780-les-indignes-interdits-de-camper-a-la-defense

 

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 15:31

 

http://actionsocialeherault.wordpress.com/2012/01/16/les-indignes-cest-une-grande-famille/

Just another WordPress.com site

Le mouvement des indignés est apparu en mai 2011 en Espagne. Créé sur les réseaux sociaux, ce mouvement

réunit aujourd’hui des milliers de personnes lors de manifestations pacifistes. Ces rassemblements ont été

inspirés par le livre « Indignez-vous ! », écrit par l’ancien diplomate et résistant Stéphane Hessel. Depuis mai,

les manifestations se sont étendues dans tous les pays et notamment à Montpellier, ou les indignés se sont

installés sur la place de la Comédie. Rencontre avec Robin, un de ces indignés montpelliérain.


Depuis quand campez-vous sur la place de la comédie ?

Pour ma part je suis là depuis mi-décembre. Nous occupons une partie de la place nuit et jour et nous nous

donnons rendez-vous par les réseaux sociaux, notamment Facebook. Nous essayons d’être entre cinq et dix

personnes tous les jours afin de montrer que nous luttons pour obtenir une vraie démocratie. Je suis au chômage

et je veux montrer à quel point notre situation peut-être précaire en ces temps de crises. Nous avons installé un camp assez confortable, où nous pouvons dormir et manger.

Pourquoi faites-vous partie des indignés ?

C’est un mouvement juste qui se bat pour des causes nobles tel que la lutte contre l’austérité et la corruption ou

pour la réforme des systèmes politique. De plus les notions de rassemblement et d’entraide sont des valeurs importantes dans les indignés. C’est une grande famille. Ce sont des gens avec qui nous partageons un avis politique mais aussi économique. Nous voulons faire changer les choses pour arriver enfin vers une démocratie plus juste.

C’est pour ces raisons que j’ai choisi de rejoindre ce mouvement.

Pensez-vous que les indignés feront changer les choses ?

Je pense que nous pouvons avoir un impact, au moins politique. 2012 est une année charnière puisqu’il y a les élections présidentielles et c’est cette année que nous nous développons de plus en plus. Nous commençons à occuper une
place importante en France, tout le monde sait ce que sont les indignés. A Montpellier nous organisons souvent des réunions et des assemblés générales pour sensibiliser les gens a nos actions. On espère que ça fera changer les choses !

Charlène Bovon

L’histoire des indignés

  •  Début des manifestations le 15 mai 2011 dans 58 villes espagnoles
  • Journée mondiale des indignés le 15 octobre
  • Le mouvement arrive en France le 19 mai
  • Plus grosse mobilistation internationale le 19 juin 2011: plus de 275 000 manifestants (selon les organisateurs).
  • Le mouvement touche aujourd’hui la France, la Belgique, la Grèce, l’Espagne et le Portugal.
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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 15:28

 

ragazou.qc.ca

Jean-Patrick Grumberg.


Des français, des espagnols et quelques italiens, une cinquantaine en tout – totalement spontanément comme tous les autres mouvements d’indignés – ont décidé d’occuper la Place St Pierre à Rome, pour contester le « pouvoir » du Pape et la richesse du Vatican.

Ils criaient des slogans comme « église corrompue », « pape criminel », ou encore « Vatican, paie les impôts comme tout le monde ». L’un des indignés était habillé en Pape, et il portait un panneau « cœur indigné ».

Lorsqu’ils ont décidé de grimper sur l’arbre de Noël qui trône au milieu de la place, la police italienne et la gendarmerie vaticane sont intervenues et les ont évacués manu militari.

Trois manifestants ont été arrêtés par la police italienne en charge de la sécurité de la place, et emmené au commissariat.

En quelques minutes, le groupe a été noyé par une centaine d’hommes des forces de l’ordre, et éjecté du territoire du Vatican.

Le père Federico Lombardi, un des portes parole du Vatican, a déclaré que « considérant les actions et le langage des ces indignés, il était évident qu’ils ne voulaient pas utiliser les lieux dans l’esprit de la place (St Pierre), et nous avons considéré qu’il était juste et opportun de les faire partir, avec l’aide de la police ».

Le bon sens du Vatican à déjouer les provocations de ces groupes subversifs servira t-il de modèle ? Au lieu de les laisser s’incruster pour de toutes façons les virer après quelques semaines de perturbations et de désinformation, le Vatican est allé droit au but. Bien vu.

© Jean-Patrick Grumberg pour www.Dreuz.info

http://www.guardian.co.uk/world/

 


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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 15:23

 

sudouest.fr

Saintes

 

Ils occupaient la place

Le collectif s'est réuni à nouveau, samedi, pour échanger devant le palais de justice.

 

Les Indignés poursuivent leur action pour inciter la population à se poser des questions sur le monde actuel.
Les Indignés poursuivent leur action pour inciter la population à se poser des questions sur le monde actuel
(photo e. c.)

 

Samedi, sur les marches du palais de justice, le collectif des Indignés tenait son assemblée populaire. Un ou deux modérateurs désignés, un secrétaire, les Indignés font les choses à l'ancienne, en dictant des règles bien précises pour éviter la cacophonie. « Quand on veut prendre la parole, on lève le doigt ; quand on est d'accord, on agite les mains », détaille Jean-François.

Les autres villes aussi

Nous sommes loin de l'ambiance de l'Assemblée nationale, et pour cause : les Indignés sont là pour échanger entre eux. Leur slogan, affiché entre les colonnes du palais de justice, donnait la couleur de leurs idées : « Tout se casse la gueule, rejoignez les embellisseurs ». Et ils n'étaient pas seuls dans la bataille, ce samedi après-midi à Saintes ; les collectifs d'Angoulême, Cognac et La Rochelle suivaient le mouvement. Une manière de montrer que, malgré des actions qui peuvent paraître discrètes, les Indignés « occupent la place ». « C'est vrai que nous avons fait des actions beaucoup plus visibles dans le passé mais, là, on arrive quand même à attirer une dizaine de personnes qui sont curieuses de ce que l'on fait », confie Julien.

Dans l'après-midi, les membres du collectif ont descendu l'avenue Aristide-Briand, armés de faux billets qu'ils ont distribués aux passants. Ils avaient ensuite l'ambition de crayonner les marches de la sous-préfecture.

Au-delà des actions menées, le collectif rappelle qu'il se rassemble tous les lundis soirs pour discuter à bâtons rompus. « Ce n'est pas qu'un endroit d'échanges, c'est aussi un lieu de rencontre qui nous permet d'évoluer, raconte Nicolas. J'y ai rencontré un spécialiste en agronomie qui me forme pour que je puisse monter ma ferme. »

Le collectif a ouvert depuis une semaine un compte sur le site communautaire Facebook.

 

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 15:18

 

http://les-indignes.blogvie.com/2012/01/16/usa-les-indignes-de-new-york/ 

16 01 2012

 

 

 

 

USA : les indignés de New York

 

Dénonçant le poids de la crise, le chômage et le pouvoir des banques, plus d'un millier de manifestants campent depuis plus de deux semaines près de ce lieu symbolique qu'est la Bourse de New York. Les participants au mouvement "Occupy Wall Street" se sont engagés à rester tout l'hiver alors que les mouvements de protestation se multiplient dans les villes américaines. Samedi 01 octobre, plusieurs milliers de manifestants ont envahi le pont de Brooklyn et la police a procédé à plus de 700 arrestations. Un reportage de Renaud Dumesnil à Wall Street pour comprendre le fonctionnement - et les tâtonnements - de ce mouvement.

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16 janvier 2012 1 16 /01 /janvier /2012 15:15
thepariser.fr
16 janvier 2012

 

Occupy Wall street-OWS- résiste à l’hiver new-yorkais. Toujours vivace,  le mouvement entrera pourtant bientôt dans la postérité. Le Museum of the City of New York confirme en effet qu’une exposition consacrée aux indignés d’OWS est en préparation. A la fin du mois, New-Yorkais et touristes pourront ainsi découvrir la collection du musée dans les allées du South Street Seaport Museum. Le Museum of the City of New York n’est pas le seul à posséder une documentation du jeune mouvement. Nombre d’institutions culturelles et historiques travaillent à conserver la mémoire d’OWS. Le Smithsonian’s Natural Museum of American History, la bibliothèque Tamiment de New York University (NYU), et la Société historique de New York, entre autres, ont entrepris d’archiver le matériel produit par le mouvement, et ce dès les premiers jours de la contestation.

Pas toujours d’accord

Pancartes, flyers, journaux, badges et autres stickers remplissent déjà les étagères des archives de ces établissements. Mais les documents les plus importants ne s’y trouvent pas. Ces précieux artefacts sont aux mains des indignés, lesquels n’entendent ni se faire confisquer leur matériel ni le vendre au plus offrant. En réalisant que leurs slogans et leurs journaux intéressaient les musées au plus haut point, les protestataires se sont en effet organisés. Jeremy Bold, 27 ans, un des meneurs du mouvement, s’est rapidement impliqué dans ce travail de conservation, qu’il a rebaptisé « les Anarchives » d’Occupy Wall Street: « Nous nous sommes demandés, et Jeremy Bold admet que la question continue de faire débat : comment constituer ces archives en s’appuyant sur les principes d’égalité et de répartition du pouvoir qui sont les nôtres, mais aussi en tenant compte de l’inefficacité et des incertitudes inhérentes à un mouvement comme OWS ?». De son coté, le professeur Howard Besser, directeur du Moving Image Archiving and Preservation program (MIAP) à NYU, souligne l’importance et l’urgence de cette conservation. « Les artefacts les plus importants disparaissent vite », tout en précisant que « les professionnels de l’archivage des mouvements sociaux savent qu’il faut collecter ce matériel presque tous les jours. Nous sommes nombreux à regretter que ce travail n’ait pas été fait en mai 1968 ! Evidemment, étant donné la jeunesse du mouvement, il est encore impossible de hiérarchiser l’importance de ces objets. Mais si nous attendons, il n’y aura plus rien à récolter ».

Les Anarchivistes

Au sein d’Occupy Wall Street, plusieurs groupes d’apprentis archivistes se sont constitués. Quelques indignés se sont portés volontaires pour prendre en charge la récupération et de la conservation du matériel physique (pancartes, pamphlets, badges, etc). Parallèlement, une sympathisante a entrepris de préserver la mémoire du mouvement en recueillant des témoignages audio. Enfin, restait l’archivage de l’immatériel : mouvement 2.0, Occupy Wall Street s’est construit et a grandi sur internet. Il existe aujourd’hui des milliers de vidéos en ligne, des centaines de milliers de tweets, de mails et de pages consacrés à cette contestation populaire. Autant de documents qui font partie intégrante de l’Histoire de cette révolte des temps modernes. Conserver cette mémoire représente un travail titanesque. A leur initiative, quelques étudiants du MIAP se sont organisés pour archiver l’immatériel. Mais malgré leur bonne volonté, il leur est impossible d’être exhaustif. Leur professeur Howard Besser admet que la méthode comporte des faiblesses: « constituer des archives est un travail pénible. Pour qu’elles puissent être correctement préservées, il faut beaucoup d’efforts. Plus d’efforts que ne peuvent fournir une douzaine de personnes. Il faudrait probablement un établissement spécialisé dans la sauvegarde de la culture ».

Les professionnels, qui critiquent durement le manque de savoir-faire des apprentis archivistes en matière de sauvegarde du matériel, ne disent pas autre chose. Les méthodes  des « anarchivistes » sont jugées inappropriées : à titre d’exemple, les pancartes et banderoles sont conservés dans des locaux inadaptés, exposés à la moisissure.

Archives et indépendance d’OWS ?

Or, l’enjeu autour de ce matériel n’est rien de moins que la conservation puis le récit du mouvement. « Sans l’aide de documents originaux, l’Histoire ne serait qu’un tissu de fables », confirme Jean Ashton, directrice de la bibliothèque de la société historique de New York. Certains archivistes d’Occupy Wall Street reconnaissent d’ailleurs se trouver face à un dilemme. Tout autant que ces professionnels, ils souhaitent préserver la mémoire de leur mouvement. Mais, plus encore, ils craignent de devoir renoncer à leur indépendance. Perdre le contrôle du processus d’archivage reviendrait selon eux à perdre le contrôle de leur Histoire. L’archivage n’est jamais un processus neutre, les indignés l’ont bien compris, eux qui redoutent une politisation de leurs archives.

Jean Ashton entend ces arguments : « Nous comprenons très bien qu’un mouvement de protestation comme Occupy Wall Street n’a pas envie que ses documents soient conservés dans des musées ou des institutions fréquentés voire subventionnés par les personnes contre lesquelles ils protestent (les « 1% » diraient les indignés, ndlr). Mais ce mouvement est public. Ce que nous, Société historique, préservons, c’est l’Histoire de ce mouvement tel qu’il apparaît publiquement. Nous ne souhaitons en aucune façon contrôler ce matériel, et donner notre point de vue (…). Notre mission est de préserver ce qui peut l’être pour le rendre disponible à tous, notamment aux chercheurs et aux historiens ».

Débat sur le devenir des” Anarchives”

Quelques indignés du groupe Archives admettent toutefois vouloir déléguer l’archivage à des professionnels – des discussions sont engagées avec les responsables de la bibliothèque Tamiment de New York University. Mais pour qu’un accord soit trouvé, ils sont tenus d’obtenir le feu vert de l’Assemblée Générale d’Occupy Wall Street. Or, l’AG s’est déjà montrée réticente à cette idée ; une majorité d’indignés refuse de professionnaliser la gestion des archives. Mi-novembre, ils ont ainsi refusé d’allouer 4 000 dollars au groupe de travail constitué autour des archives, une somme destinée à la location d’un local plus adapté à la conservation du matériel.

Pendant que le débat se poursuit, les artefacts continuent d’être récoltés, et les équipes d’archivages de s’organiser comme elles le peuvent. Beaucoup d’objets n’ont pas encore été catalogués, et les historiens craignent qu’il devienne difficile avec le temps d’établir leur provenance, la date à laquelle ils ont été ramassés, ou le nom de leurs créateurs.

Pendant ce temps là, à Zuccotti Park, les indignés d’Occupy Wall Street font de la résistance. Ce n’est plus la foule des grands jours, mais ils sont encore quelques dizaines à tenir leur Assemblée Générale quasi quotidiennement, malgré le froid glacial, tous bien déterminés à faire vivre leur mouvement. Et malgré les critiques, Occupy Wall Street reste aujourd’hui encore propriétaire de son histoire qui sera sans doute racontée pour encore longtemps dans les musées de New York

Par Charlotte Alix

 

 

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