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30 avril 2016 6 30 /04 /avril /2016 11:45

 

la photo de profil de NuitDebout - Nîmes

 

CE SOIR : FORUM DE LA CONVERGENCE DES LUTTES


rdv au square de la Bouquerie à 21h pour parler de vos luttes

et organiser des actions communes !

 

D'ici là on a besoin de vos mains et de vos cerveaux

pour la préparation du forum de la Convergence des Luttes #‎nuitdebout‬


rdv 14h au square pour cette grande journée

 

 

Afficher l'image d'origine

 

NuitDebout Nîmes organise un forum de la convergence des luttes de la région nîmoise.

 

Que les collectifs en lutte soient informels ou structurés en association ou syndicats, que leurs

combats soient liés à la dégradation des conditions de vies où a la dégradation de la planète,

NuitDebout Nîmes leur offre un espace de libre expression pour présenter leurs combats, afin de

trouver des points de convergences ainsi que des modalités d'action communes.

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:49

 

Source : http://www.lejdd.fr

 

 

 

Le Maire pour un contrôle bancaire du RSA et la fin de la fonction publique territoriale

 

Le candidat à la primaire présentait mercredi ses propositions en matière d'organisation territoriale. Bruno Le Maire veut supprimer la fonction publique territoriale et permettre aux départements de mieux contrôler le RSA en leur donnant accès aux comptes bancaires des allocataires.

 

Bruno Le Maire à son QG de campagne, début avril.

Bruno Le Maire à son QG de campagne, début avril. (Sipa)

 

S’il ne souhaite pas de "big bang territorial", c’est un vrai bouleversement que Bruno Le Maire préconise pour les collectivités territoriales : le candidat à la primaire de 2016 défend notamment la suppression de la fonction publique territoriale ou le contrôle des comptes bancaires des allocataires du RSA.

En présence de 11 présidents de conseils départementaux qui le soutiennent, le député de l’Eure a présenté mercredi ses propositions en matière d’organisation territoriale. Il souhaite en particulier faire des départements "le guichet unique de la gestion des aides sociales en France", en charge du versement, des modalités, mais aussi du contrôle du RSA, de l’allocation adulte handicapée, ou de l’allocation dépendance. Si les montants de ces allocations resteraient fixés par l’Etat, les départements bénéficieraient d’une "liberté de gestion de toutes les allocations" et de "tous les moyens de contrôler que la prestation va réellement à ceux qui en ont besoin".

"Vous voulez toucher votre allocation du RSA, il faut que vous donniez votre relevé bancaire"

Bruno Le Maire a ainsi suggéré "que le département ait la possibilité d’avoir accès aux comptes bancaires des bénéficiaires du RSA pour s’assurer que chaque bénéficiaire du RSA touche bien le montant dont il a besoin et qu’il n’y a ni gabegie ni fraude". Un système qui reposerait selon lui sur le "volontariat" : "Vous voulez toucher votre allocation du RSA, il faut que vous donniez votre relevé bancaire. Si vous ne voulez pas donner votre relevé bancaire, libre à vous mais vous ne touchez pas le RSA", a-t-il résumé.

"Je veux donner la garantie absolue aux contribuables que les aides sociales sont justifiées" et "que l’argent va où on en a besoin", a plaidé Bruno Le Maire.

Le candidat veut aussi "supprimer progressivement le statut de la fonction publique territoriale", qui concerne aujourd’hui 1,8 million de fonctionnaires. Pour cela, chaque fonctionnaire partant à la retraite serait "remplacé par un emploi sous statut privé". Par ailleurs, chaque fonctionnaire territorial bénéficierait d’un "droit d’option" lui permettant de "passer sous statut privé" s’il le souhaite au cours de sa carrière.

"Fusionner les assemblées départementales et régionales"

"Donner l’emploi à vie et le statut de la fonction publique doit correspondre à un intérêt général", a estimé Bruno Le Maire. Contrairement à beaucoup de militaires, qui sont sous contrat, "des fonctionnaires qui s’occupent de la comptabilité d’une ville ou des espaces verts ou de la politique culturelle, eux, vont avoir l’emploi à vie. Au nom de quoi?".

S’il ne souhaite pas remettre en cause le découpage régional ou l’existence des départements, Bruno Le Maire a par ailleurs proposé de "fusionner les assemblées départementales et régionales pour avoir une assemblée unique élue au scrutin uninominal à deux tours". Ainsi, les conseillers départementaux éliraient ainsi les conseillers régionaux "en leur sein", ce qui permettrait selon lui de "supprimer 1800 postes d’élus" et "d’économiser 25 millions d‘euros par an au passage".

 

 

mercredi 27 avril 2016

 

 

Source : http://www.lejdd.fr

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:45

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

« L’attitude des forces de l’ordre est irresponsable »
Pierre Duquesne
Vendredi, 29 Avril, 2016
L'Humanité

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AFP
 

Des violences policières ont été constatées dans tous les cortèges, hier. Et cette stratégie de la tension, visible depuis le début du mouvement, ne cesse de s’intensifier.

 

Le ministre de l’Intérieur veut-il de nouveaux Malik Oussekine  et Rémi Fraysse ? On peut se le demander, au vu de l’ampleur des violences policières constatées, hier, dans tous les défilés contre la loi El Khomri. Et ce, dès les premières heures de la matinée. À Gennevilliers, un dispositif policier démesuré a accueilli 200 manifestants à proximité du port de cette ville des Hauts-de-Seine. Salariés, étudiants, chômeurs et syndicats de Saint-Denis avaient décidé, en AG interprofessionnelle, de bloquer son entrée pour soutenir les salariés du site et perturber les transports, avec barrage filtrant. Mais les militants, pacifiques, ont été chassés par des CRS très agressifs. Charges violentes, matraquage, gazage se poursuivront à Saint-Denis, lorsque les manifestants tenteront de rejoindre la bourse du travail. Une nasse policière est mise en place, et une centaine de militants sont interpellés. Un syndicaliste de SUD Rail, Nicolas Palmire, et le sociologue Nicolas Jounin, sont placés en garde à vue pour violence, alors même qu’ils ont été blessés à la tête.

 

À Marseille, le camion de l’Union syndicale Solidaires a été touché par des tirs tendus de grenades lacrymogènes et de flashballs. Un responsable local, touché à la gorge, a été hospitalisé. Des drones sont apparus dans le ciel parisien pour surveiller le défilé.

 

À Nantes, les CRS ont préféré charger un cortège de 20 000 personnes plutôt que d’isoler un petit groupe de casseurs (lire page 6). « Leur attitude est irresponsable, a réagi Fabrice David secrétaire général de la CGT 44. Ils ont cassé le cortège en deux, alors que tout se passait bien. Ils nous ont canardés. » Sous le choc, de nombreux militants exigent aujourd’hui des comptes. « J’ai vu une femme d’une cinquantaine d’années, manifestant comme moi à visage découvert et ne manifestant pas le moindre signe d’agressivité frappée de plein fouet, dans le dos par un projectile visiblement tiré à tir tendu », écrit Aymeric Seassau, adjoint au maire de Nantes et secrétaire départemental du PCF, dans une lettre envoyée hier au préfet, demandant que « les forces de police retrouvent le sens du discernement à Nantes ».

 

Cette politique répressive dure depuis le début du mouvement. À Rennes, neuf manifestants ont été poursuivis pour avoir participé à la manifestation du 31 mars et du 9 avril. Accusés de rébellion et d’outrage, sept d’entre eux ont été condamnés cette semaine à six mois de prison avec sursis assortis d’une obligation de 110 heures de travail d’intérêt général, un huitième à trois mois de sursis. Et deux mois de prison ferme pour un délégué CGT de PSA Rennes, Fabrice Rouillaux, qui a refusé les prélèvements ADN et les travaux d’intérêt général. La justice continue « à s’en prendre aux militants CGT et à la liberté de manifester dans le cadre de la mobilisation contre la loi travail », avait dénoncé Jean-Pierre Mercier, délégué syndical central de PSA. Qui prévient : « Si le gouvernement pense pouvoir faire baisser la tête et intimider les militants de la CGT par cette politique de répression, il fait fausse route. »

 

 

Source : http://www.humanite.fr

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:35

 

Source : http://videos.leparisien.fr

 

Evacuation musclée de Nuit Debout place de la République à Paris

Vendredi 29 Avril 2016

 

Les manifestants du mouvement Nuit Debout ont été évacués sans ménagements, lacrymogènes à l'appui, de la place de la République à Paris par les forces de police. Plusieurs manifestants avaient construit un château en bois au milieu de la place. Plus tard dans la nuit, plusieurs petits groupes ont incendié des voitures en libre service Autolib et des scooter.

 

 

 

 

 

Source : http://videos.leparisien.fr

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:31

 

Source : http://reporterre.net

 

 

« Je ne crois pas que le changement de société se fera sans violence »

29 avril 2016 / Entretien avec Xavier Mathieu
 


 

Xavier Mathieu, ouvrier engagé dans une dure lutte naguère à l’usine Continental, est très présent à Nuit debout. Il analyse le mouvement, la situation globale, et la question de la violence.

Xavier Mathieu était le délégué syndical de la CGT de l’usine Continental AG de Clairoix (Oise), où un dur conflit social s’est poursuivi en 2009 et 2010. Il est aujourd’hui comédien.


Reporterre — On t’a croisé plusieurs fois à Nuit debout. Quel regard portes-tu sur ce mouvement ?

Xavier Mathieu — Je viens regarder, écouter, voir comment cela se passe. Par moment, je trouve cela sympa, par moment, il y a beaucoup de bla-bla. Mais c’est la construction d’un mouvement, il faut du temps pour s’organiser. L’ensemble est surprenant, même les discussions des gamins. On a toujours tendance à penser que les jeunes se moquent de ce qui se passe, mais j’ai été surpris par certaines discussions. C’est bien d’être surpris dans ce sens là ! J’aime aussi le côté divers des gens qui y sont, même si ce n’est pas ouvert à tout le monde. Par exemple, quand Finkielkraut s’est fait virer, c’était normal. Il n’avait rien à y foutre ! C’est comme si Strauss-Kahn allait à un congrès de Ni putes ni soumises, il ne serait pas le bienvenu. Finkielkraut est un islamophobe notoire. Il n’a rien à foutre à Nuit debout .

Pour s’organiser, il faut de l’intellect et un peu de violence de temps en temps ! Les gens se joignent aux intermittents qui peuvent éventuellement se joindre aux taxis. On a vu, il y a trois jours, des taxis venir place de la République. Cette coordination des luttes est importante, parce que le but du pouvoir, le but du capitalisme, est justement de diviser les gens, de leur faire croire que leur ennemi est l’étranger, que le profiteur c’est le mec qui est au RSA. Aujourd’hui, la tendance est de chercher un bouc émissaire : un coup, c’est les migrants, un coup les roms, un coup les musulmans, les salauds de RSA, les intermittents, etc. Ce qui est bien dans ce mouvement, c’est qu’il met dans la tête des gens que notre ennemi commun, c’est le capitalisme, la finance.

Nuit debout cherche-t-elle nettement à lutter contre le capitalisme et le système financier ?

Le mot d’ordre que j’entends beaucoup depuis que j’y viens, c’est « non à la loi El Khomri et au monde qu’il y a autour ».

Pour tout le monde ? Il y a beaucoup de curieux. Les gens ne sont-ils pas attirés par l’idée qu’« on discute, on parle, on fait démocratie », en oubliant la radicalité de cette critique ?

Il faut les deux. Il y a des gens qui viennent pour discuter, d’autres qui viennent pour des actions. Justement, Nuit debout ne chasse pas ceux qui acceptent un peu plus la radicalité. C’est vachement important. Par exemple, nous, dans le conflit Continental, cela a été très fort. Les médias n’ont pas pu diviser les gens dans notre conflit quand il y a eu le saccage de la sous-préfecture, ils sont allés parmi les mille personnes qui étaient là afin d’essayer d’en trouver une ou deux pour critiquer cette action. Ils n’ont pas réussi à en trouver une seule. Nuit debout, ce n’est pas seulement des gens qui discutent au milieu d’une AG, c’est aussi des actions.

 

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« Pour que Nuit debout passe un cap, il faut changer d’endroit »

À Nuit debout, on entend souvent des positions « antipartis », « anti-institutions » : qu’en penses-tu ?

Ce n’est pas grave cela. Tout ce qui est drapeau ou sigle, tout ce qui divise les gens, je m’en fiche.


La convergence se fait difficilement entre les syndicats et Nuit debout. Pourquoi ?

En 1936 et en 1968, ce ne sont pas les syndicats qui ont lancé les mouvements. En 36, ils ont fini par suivre parce qu’ils voyaient que cela prenait de l’ampleur. Mais la CGT n’a pas de programme de société. Si demain il y a deux millions de personnes dans la rue, ils vont faire quoi ? Après, il y a la bureaucratie syndicale. Les directions syndicales renâclent. Ils n’étaient pas venus non plus défendre les Goodyear, les Conti. Ce sont des structures qui aiment qu’on leur donne le pouvoir ! En gros, elles disent : « On vient, mais c’est nous qui commandons. » Mais j’ai entendu dire qu’au congrès de la CGT, qui vient de se tenir à Marseille, il y a eu une forte pression des militants pour que la CGT appelle à la grève reconductible. Il y a très longtemps qu’on n’a pas vu cela.

Si la loi El Khomri était retirée ou substantiellement remise en cause, ne serait-ce pas la fin de la mobilisation et de Nuit debout ?

Je ne suis pas sûr. Mais pour que Nuit debout passe un cap, il faudrait changer d’endroit ! Il faudrait faire Nuit debout devant les dépôts d’essence, devant des endroits stratégiques, et bloquer l’économie ! Cela serait autre chose qu’une place publique. Pour l’instant, tu as beaucoup de gens qui viennent critiquer la société, ses dérives. Mais y a-t-il un projet de société ? Tant que les gens en face n’auront pas peur de tout perdre, ils ne lâcheront rien du tout.

Votre lutte à Continental a été une des plus marquantes, ces dernières années. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de luttes ?

Tu regardes les AG à Nuit debout, il y a 95 % de blancs. Almamy Kanouté a fait une super déclaration, il a tout dit : tant que les Nuits debout ne feront pas le lien avec les banlieues, il n’y a aucune chance que ceux du pouvoir et de la finance aient peur.

Pourquoi les banlieues ne viennent-elles pas ?

Nos jeunes n’ont pas eu d’instruction politique. Quand j’étais gamin, c’était la gauche, la vraie gauche, on parlait de cela tout le temps, mon père parlait de cela tout le temps. Il y avait une culture politique dans les foyers. Aujourd’hui, les jeunes n’ont pas été habitués à des discours politiques. Ils n’ont pas été éduqués là-dedans. L’éducation politique est hyper importante. Elle n’est pas là du tout dans les banlieues, et c’est pareil pour les ouvriers.

Pas de culture politique, il faut bosser, la télé… Rien ne peut plus bouger, alors ?

Je n’en sais rien. Un jour, un mec m’a raconté une histoire. Ils étaient trois ou quatre cents dans une boîte. Le patron leur avait demandé de baisser leur salaire, leurs primes, de travailler plus, de réduire les pauses. Les mecs avaient tout accepté sans rien dire. Accepté, accepté, accepté… Un jour, en fin d’année, le patron a annoncé qu’il n’y avait pas eu d’accident de travail pendant un an et, pour les remercier, il leur a offert un porte-clés ! Il y eu sept semaines de grève ! Les mecs se sont mis en colère. Une étincelle, des fois, tu ne comprends pas. Les mecs, ils en ont pris plein la gueule pendant des années, ils ne vont pas bouger. Et là, ils bougent pour une connerie !

Les Panama Papers auraient dû être un élément déclencheur. Les gens auraient dû sortir dans la rue, se révolter et dire : « Cela fait des années que vous nous dites que le problème, c’est que les gens touchent trop de RSA, trop de salaires ! » La vérité, elle est là : tu as vingt milliards de trous cumulés dans toutes les caisses sociales, et dans les paradis fiscaux, il y 80 milliards !

 

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« On s’est fait gazer alors qu’il n’y avait aucune bousculade, rien »

Nuit debout n’est donc pas le Grand Soir ?

Ah non ! C’est une éjaculation, le Grand Soir, un orgasme. On n’en est plus là. Si ça n’a pas explosé il y a trente ans, à l’époque où il y avait 30 % de communistes… Nous, on était bercé là-dedans, mais aujourd’hui, les jeunes n’y sont plus du tout.

On a perdu des batailles, il faut l’accepter et sortir du truc. C’est ce qui me fait chier dans les mouvements d’extrême-gauche : ils sont encore là-dedans. Il faut arriver à se mettre autour d’une table et lâcher certaines choses.

La question de la violence traverse le mouvement Nuit debout, quel regard portes-tu sur cette question ?

Le 9 avril, j’étais avec les jeunes à la manifestation où il y a eu plein d’arrestations. Il y avait bien des provocateurs, mais ils étaient en bleu, avec des matraques, des lacrymogènes… Je me suis pris des coups de matraques et des charges dans le dos, alors qu’on ne faisait strictement rien.

À Continental, quand on faisait une manif, on était mille dans le cortège et on n’a jamais croisé un CRS. Là, pour les manifs étudiantes, il y a des cordons entiers de CRS pour les encadrer. Comment veux-tu que les jeunes n’aient pas envie de leur balancer des cailloux à la gueule ? C’est de la provocation pure.

Comme à Odéon, il y a deux jours : en arrivant de la manif des intermittents, du côté du ministère du Travail, on était 600 ou 700, à pied, avec une banderole. Les CRS avaient des bombes et des lacrymo. Ils nous ont matraqués à bout portant, on n’avait rien d’autre qu’une banderole dans les mains. On s’est fait gazer alors qu’il n’y a eu aucune bousculade. Rien.

Sincèrement, la violence, depuis le début, elle est du côté des CRS. Nous, ce n’est qu’une réplique. Et pour moi, l’État fait une connerie. Parce que, petit à petit, les mecs viennent en effet avec des masques, avec des lunettes de protection, avec des cailloux dans les poches, avec des matraques… Normal, ils ne vont pas continuer à aller dans les manifs et se faire matraquer la gueule sans arrêt, sans réagir.

Et puis, aussi, j’ai vu des mecs broyer des vitrines et passer derrière, dans des ruelles, et remettre le brassard de police pour rentrer ensuite dans le cortège. Je l’ai vu...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : http://reporterre.net

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 21:13

 

Source : http://www.midilibre.fr

 

 

Manifestation contre la loi Travail à Nîmes : la pression est maintenue
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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:53

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Biotechnologies

De nouveaux OGM, sans évaluation ni étiquetage, bientôt dans les assiettes ?

par

 

 

Les consommateurs européens sont majoritairement opposés à la consommation d’OGM. Une réticence qui a contribué à limiter l’importation et la commercialisation de plantes et semences génétiquement modifiées. Mais l’apparition sur le marché de nouvelles techniques de modification du génome pourrait changer la donne. La Commission européenne doit prochainement rendre un avis pour savoir si les organismes issus de ces techniques doivent être ou non couverts par la réglementation OGM. S’ils y échappent, ils pourront être cultivés sans évaluation ni étiquetage. Des organisations paysannes et environnementales lancent l’alerte.

Pour la première fois depuis vingt ans, la culture de plantes transgéniques diminue légèrement dans le monde [1]. Pas de quoi inquiéter pour autant les pro-OGM. L’Isaaa, organisation qui compte parmi ses contributeurs les grandes firmes agrochimiques mondiales (Monsanto, Syngenta, DuPont, Novartis,...), se réjouit de l’arrivée sur le marché de nouvelles biotechnologies végétales, regroupées sous le terme d’« édition du génome » [2]. Sept de ces techniques de modifications génétiques sont actuellement à l’étude par la Commission européenne, qui doit déterminer si les produits qui en sont issus sont ou non des OGM. Et donc s’ils doivent être couverts par la réglementation OGM. Si ce n’est pas le cas, ils échapperont aux procédures d’évaluation des risques, d’autorisation, d’étiquetage ou de suivi [3].

Pas simple pour le grand public de s’emparer de ce débat. Même les acronymes choisis pour qualifier ces techniques sont complexes et opaques : « NPBT » ou « NBT », pour New Plant Breeding Techniques, « Nouvelles techniques de sélection des plantes ». « C’est l’appellation des industriels, relève Daniel Evain de la Fédération nationale de l’agriculture biologique. Mais il ne s’agit en aucun cas de sélection ». Car ces nouvelles techniques vont bien au-delà : elles modifient le génome de la plante.

Les techniques utilisées jusqu’à présent pour fabriquer des OGM consistent généralement à prendre le gène d’une plante pour le mettre dans une autre – c’est la transgénèse [4]. Mais ces nouvelles techniques à l’étude ne font pas intervenir un gène extérieur : il est désormais possible de modifier les gènes à l’intérieur même des cellules des embryons de plantes. Ces techniques peuvent permettre d’éteindre des gènes, de les activer, de les muter ou de les répliquer.

Des enjeux économiques défendus par la FNSEA

Ces nouvelles techniques génèrent-elles ou non des OGM ? Selon la réglementation européenne, qui date de 2001, les OGM sont les organismes « dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et/ou par recombinaison naturelle » [5]. « Nous avons avec ces nouvelles techniques, des procédés non naturels, ce sont donc des OGM », plaide Guy Kastler de la Confédération paysanne. Une analyse qui est loin d’être partagée par les défenseurs de ces techniques, qui mettent en avant l’absence de traces de manipulations dans le produit final issu des NPBT – ce qui n’est pas scientifiquement prouvé. Mais aussi le fait que ces produits sont obtenus par des techniques, comme la mutagénèse dirigée, d’ores et déjà exclues du champ d’application de la loi [6].

En France, plusieurs organisations dénoncent la « stigmatisation » dont ces nouvelles techniques font l’objet [7]. La FNSEA met ainsi l’accent sur « la précision » et « la rapidité » de ces techniques qui permettraient d’opérer des modifications « limitées » et « ciblées » du génome. Le syndicat insiste en particulier sur les enjeux économiques et agronomiques de ces biotechnologies qui rendent « plus rapide le processus de sélection de nouvelles variétés ». « Cela devrait à terme profiter tant aux agriculteurs qu’aux consommateurs et aux entreprises semencières françaises et européennes, aujourd’hui pénalisées par les exigences règlementaires qui, en Europe, pèsent sur les OGM », souligne la FNSEA. L’Isaaa confirme que sont d’ores et déjà développées des variétés de maïs résistants à la sécheresse, de colza tolérants aux herbicides, de blé et de riz résistants aux maladies, d’arachides sans allergènes... Autant de variétés qui pourraient échapper aux processus d’évaluation et d’étiquetage.

Risques de dissémination

« S’il y a une plus grande précision dans ces techniques, c’est uniquement à l’échelle de la pipette, réagit le chercheur Christian Vélot, docteur en biologie, membre du Comité de recherche et d’information indépendantes sur le génie génétique (Criigen) et de l’association Sciences Citoyennes. « Quelle que soit la nature de la modification et sa précision, on est incapables de prévoir les effets à court, moyen et long terme. Se restreindre à l’échelle de la manipulation elle-même, c’est un déni de connaissance et une vision simpliste du vivant. Il faut prendre en considération l’organisme dans sa complexité, dans ses interactions et dans son environnement. »

Les opposants à ces techniques redoutent leur dissémination dans la nature, d’autant plus que des brevets pourraient être déposés sur les variétés ou les « traits génétiques » issus de ces techniques. « Nous avons besoin d’un étiquetage pour que les consommateurs sachent ce qu’ils ont dans leurs assiettes, et pour être en mesure de retirer la marchandise du marché s’il y a un problème », appuie Guy Kastler.

Modifier l’ADN, une technique « à la portée de tous »

Parmi les différentes techniques de modification du génome, l’association Isaaa juge « prometteuse » la plus récente, dénommée « CRISPR-Cas9 ». Ce mécanisme d’assemblage d’une séquence d’ADN – qui permet de faire des sortes de copier/coller génétiques – est de plus en plus utilisé. Cette technique serait même tellement simple à mettre en œuvre et peu coûteuse qu’elle rendrait la modification de l’ADN « à la portée de tous » [8]. La manipulation du génome figure pourtant dans la liste des menaces jugées les plus importantes aux États-Unis, selon un rapport du renseignement américain [9]. En cause, « le risque de création d’agents ou de produits biologiques dangereux » qui découle de l’utilisation inconsidérée de ces techniques.

Le risque que cette technique soit utilisée sur des cellules reproductrices, et donc que ces modifications soient transmissibles et puissent orienter l’évolution d’une espèce, a conduit le Comité international de bioéthique de l’Unesco à appeler en octobre 2015 à un moratoire sur les modifications touchant à la part héréditaire du génome humain. Pour les organisations paysannes, ce moratoire devrait aussi s’étendre aux plantes et semences. « Les techniques proposées agissent directement sur les cellules reproductrices des semences », insiste Daniel Evain de la Fédération nationale de l’agriculture biologique.

Démissions en série au Haut conseil des biotechnologies

Qu’en dit la Commission européenne ? Elle annonce depuis de nombreux mois un avis juridique sur ces NPBT. Mais sa publication est sans cesse reportée. La Commission attend notamment les positions des gouvernements. En France, l’avis des ministères de l’Agriculture et de l’Ecologie se fonde sur les travaux du Haut conseil des biotechnologies (HCB), créé en 2009 [10]. Problème : ces dernières semaines, les démissions se sont multipliées au HCB. Les origines de la discorde remontent au 16 décembre 2015. Les membres du comité scientifique sont invités à commenter un rapport sur ces nouvelles techniques reçu cinq jours avant. Celui-ci résulte du travail entamé depuis deux ans par six experts, à la « neutralité relative » selon une enquête menée par le site Inf’Ogm, puisque certains experts sont en situation de conflit d’intérêts [11]. Lors de cette réunion, les membres du comité scientifique ne savent pas à quoi servira leur discussion. Ils apprennent par la suite que les résultats de cette discussion ont le statut d’avis officiel, transmis au gouvernement, relate au journal Le Monde le chercheur Yves Bertheau, membre du comité scientifique.

Yves Bertheau juge que les effets des modifications non intentionnelles du génome des plantes (dits « effets hors cible ») sont insuffisamment abordés dans le texte [12]. En outre, le texte considère que la plupart des variétés issues de ces techniques devraient être « exemptées d’évaluation des risques », car on ne peut les distinguer des variétés dites « conventionnelles ». Une analyse contestée par Yves Bertheau, qui demande la possibilité de publier un avis divergent, en annexe de ce qui est devenu un avis officiel du HCB. Cela lui est refusé, au motif que les divergences en question n’ont pas été discutées en séance. Il dénonce un « détournement de procédure » et donne sa démission mi-février.

Le gouvernement français ne veut pas soumettre ces techniques à la réglementation OGM

C’est pourtant sur ce texte que vont s’appuyer les ministres de l’Environnement et de l’Agriculture. Dans un courrier du 22 février consulté par Basta !, les ministres demandent au Haut conseil des biotechnologies de proposer un nouvel encadrement pour ces techniques. En clair, le gouvernement écarte ces techniques de la réglementation OGM [13]. Et suggère que des « pistes intermédiaires » soient proposées pour encadrer l’usage de ces techniques. « C’est un enfumage total qui va permettre au gouvernement de s’appuyer sur un vrai faux avis scientifique pour défendre cette position à Bruxelles », dénonce Patrick de Kochko, du réseau Semences paysannes.

Cette décision du HCB a pourtant toutes les apparences d’un vrai avis officiel : elle est alors publiée sur son site internet dans la rubrique « avis ». Curieusement, elle n’est plus disponible à cet emplacement et apparaît désormais dans la rubrique « publications ». « Il n’y a pas eu de saisine, et aucun des deux comités n’a été averti qu’il devait rendre un avis, dénonce Patrick de Kochko. « La façon de travailler au HCB est inacceptable ! ». Il décide de démissionner à son tour le 9 avril de la vice-présidence du Comité économique, éthique et social [14]. Il est suivi quatre jours plus tard par sept organisations paysannes et de la société civile [15]. « On a besoin que ce débat soit porté au HCB, car les problèmes posés par ces techniques en termes de risques économiques, environnementaux et sociaux doivent être évalués », souligne Bénédicte Bonzi des Amis de la Terre.

« Nouveaux OGM : non merci ! »

Après huit ans de controverses sur le statut de ces nouveaux OGM, la Commission européenne devrait donc prochainement décider de l’exclusion ou non de ces techniques de la réglementation OGM. Elle aura reçu par la France ce « vrai-faux avis » contesté. « On ne peut pas nous demander d’être consensuels sur ce sujet, ajoute Bénédicte Bonzi. Il y a un choix de société à faire qui aura des conséquences irréversibles. » « Des changements aussi brutaux de rythmes d’évolution doivent s’évaluer globalement et pas au cas par cas », appuie Frédéric Jacquemart, président du groupe international d’études transdisciplinaires. Les organisations démissionnaires du HCB viennent de lancer une pétition européenne intitulée « Nouveaux OGM : non merci ! ». Elles demandent que les ministères français de l’Environnement et de l’Agriculture ainsi que la Commission européenne « ne laissent planer aucun doute sur le fait que les nouveaux OGM issus de techniques d’édition de gènes ou d’autres techniques doivent être soumis à la réglementation européenne sur les OGM. » Pour Bénédicte Bonzi, « la mobilisation contre les OGM, ce n’est pas du tout fini, même si on essaie de les appeler autrement. Il faut se remettre en ordre de bataille. »

@Sophie_Chapelle

Photo de une : action le 6 avril 2016 devant le siège du Haut conseil aux biotechnologies / CC Sophie Chapelle - Basta !

Notes

[1Les surfaces OGM passent de 181,5 millions d’hectares en 2014 à 179,7 millions d’hectares en 2015. Source.

[2L’Isaaa (International service for the acquisition of agri-biotech applications) est une organisation non gouvernementale pro-OGM qui est à l’initiative d’un rapport annuel sur les surfaces cultivées en OGM. Malgré son manque de neutralité, ses statistiques sont les seules à donner une image de la place des OGM dans le monde. Son communiqué sur ces nouvelles biotechnologies végétales

[3Les 7 techniques sont les suivantes : technique des nucléases à doigt de zinc (ZFN-1, 2 et 3), Mutagénèse dirigée par oligonucléotides (ODM), Cisgenèse / Intragenèse, Méthylation de l’Adn dépendante de l’ARN, Greffe (sur un porte-greffe GM), Amélioration inverse, Agro-infiltration.

[4A noter que dans les plantes transgéniques « classiques », le gène « étranger » ne vient pas forcément d’une autre plante. Pour la très grande majorité des plantes agricoles transgéniques (plantes Bt et plantes tolérantes au Roundup), le transgène provient d’une bactérie du sol (bacillus de thuringiensis pour les plantes Bt et agrobacterium tumefaciens pour les plantes tolérantes au Roundup).

[6La réglementation européenne sur les OGM est très claire : elle exclut de son champ d’application les variétés obtenues par mutagénèse. Des plantes rendues tolérantes aux herbicides par cette technique, comme le colza et le tournesol, sont ainsi cultivées en France. Ces variétés sont présentées comme des plantes issues de sélection classique et échappent donc aux contraintes appliquées aux OGM. Voir notre reportage Les plantes mutées arrivent en force.

[7C’est le cas notamment de la FNSEA (syndicat professionnel majoritaire dans la profession agricole en France), du Groupement national interprofessionnel des semences (Gnis), de Coop de France, des Jeunes Agriculteurs, et de l’Union française des semenciers, qui ont rendu une position commune au Haut Commissariat au Biotechnologies sur les NPBT. Voir leur position ici (pages 24 à 44).

[8Lire cet article de La Recherche

[9Télécharger le rapport et voir cet article de BigBrowser sur le site du Monde.

[10Ce conseil est composé d’un comité scientifique avec une quarantaine d’experts qui rendent des avis pour éclairer le gouvernement, et d’un comité économique, éthique et social qui s’appuie sur cet avis pour émettre des recommandations. Le comité économique, éthique et social du HCB est composé d’élus, de représentants d’organisations professionnelles, de salariés, d’associations de protection de l’environnement, d’associations de défense des consommateurs et de personnalités qualifiées.

[11Inf’OGM décrypte les liens étroits entre les experts du groupe de travail que le HCB a mis en place et les intérêts financiers liés aux nouvelles techniques. Lire leur enquête : HCB : une neutralité très relative sur le dossier des nouvelles biotechnologies

[12Télécharger le texte du comité scientifique qui souligne notamment à la page 20 : « comme les techniques s’améliorent, en-deçà d’un seuil, le nombre des modifications hors-cible ne sera pas différent de celui des variations naturelles de séquence, il ne sera alors pas possible de faire une différence avec ces variations naturelles ».

[13Interrogée à l’Assemblée nationale sur les nouvelles techniques de modification génétique des plantes, la ministre de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie répond le 8 mars 2016 : « L’analyse du HCB montre ainsi que la réglementation relative aux OGM ne devrait pas s’appliquer à certaines nouvelles techniques ». Source

[14Télécharger la lettre de démission de Patrick de Kochko.

[15Voir le communiqué de presse relatif à cette démission, de la Fnab, les Amis de la terre, la Confédération paysanne, France Nature Environnement, Greenpeace, Réseau semences paysannes, Unaf

 

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:47

 

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Optimisation fiscale

Procès Luxleaks : journalistes et lanceurs d’alerte sur le banc des accusés à la place des multinationales

par

 

 

 

Qui devrait être assis sur le banc des accusés ? D’un côté de la barre, PricewaterhouseCoopers, un cabinet de conseil luxembourgeois dont la spécialité est de permettre d’éviter à ses clients de payer des milliards d’euros d’impôts. De l’autre, deux anciens salariés de ce cabinet et un journaliste, déterminés à dénoncer ces pratiques à la limite de la légalité et moralement condamnables. Et pourtant ce sont bien ces trois hommes qui risquent entre cinq et dix ans de prison lors du procès qui se déroule jusqu’au 4 mai au tribunal correctionnel du Grand-duché. Voyage en car avec les proches et soutiens d’Antoine Deltour, partis de Lorraine pour venir encourager le lanceur d’alerte.

Malgré la pluie et le réveil aux aurores, Pierre, 32 ans, s’est motivé comme il a pu pour partir de Nancy dans le car des soutiens à Antoine Deltour, le lanceur d’alerte lorrain à l’origine des révélations sur les montages fiscaux de son ancien cabinet d’audit et d’expertise comptable, PricewatershouseCoopers. Des montages fiscaux qui ont permis à 340 grandes entreprises – dont les françaises LVMH, AXA, BNP Paribas ou encore Crédit Agricole... – de réduire considérablement leur avis d’imposition, de manière légale du point de vue du droit européen. « La pluie et le lever à 5 heures du mat’ me causaient bien des hésitations au moment de réserver une place dans le car, explique le jeune homme. Pour me donner du courage, j’ai pensé à Antoine Deltour qui ne s’est pas dit, au moment d’envoyer ses documents au journaliste : "Ah merde, il pleut, j’ai pas envie d’aller à La Poste"... Il risque dix ans de sa vie, un million d’euros d’amende, une partie de sa carrière à cause de l’affaire LuxLeaks. Je pouvais bien me faire un peu violence une matinée. »

Auditeur financier entre 2008 et 2010 pour PricewatershouseCoopers (PwC), Antoine Deltour a, juste avant son départ, copié des centaines de tax rulings. Ces fameux rescrits fiscaux, passés entre l’administration fiscale du Luxembourg et les multinationales, permettent à ces dernières de réduire considérablement leurs taxes sur les bénéfices – parfois moins de 3 % au lieu de 28,88 % ! Édouard Perrin, journaliste pour l’émission Cash Investigation n’a pas dévoilé ces documents compromettants, mais les a mis en avant dans son reportage diffusé sur France 2 en mai 2012 « Paradis fiscaux : Les petits secrets des grandes entreprises », à la suite duquel PwC a porté plainte. Les deux hommes, ainsi qu’un autre ex-salarié de PwC, sont poursuivis pour avoir commis ou être complices de « vol domestique », d’« accès frauduleux dans un système informatique », de « divulgation de secrets d’affaires » et de « violation du secret professionnel ». C’est justement à la première des six demi-journées de procès prévues au tribunal correctionnel de Luxembourg que nous nous rendons. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Antoine Deltour a ses supporters.

 

Ils ont connu Antoine « tout petit »

« J’imagine que s’il était condamné, cela ne pourrait être qu’à une peine extrêmement légère, parce qu’il y aurait des levées de boucliers énormes. Il suffit de voir la facilité avec laquelle on a rempli un bus et mobilisé les gens. Il y a quand même plus de 110 000 signatures à la pétition... [qui a depuis dépassé les 170 000 signataires] », explique Jean-Luc Tonnerieux, membre actif du comité de soutien. Retraité, cet ancien « petit patron d’une scierie » brandit et vend dès 6 heures du matin les tee-shirts officiels « Je soutiens Antoine ». A ses yeux, les 59 places du car et la voiture-balai chargée de ramasser les personnes supplémentaires constituent un indice assez fiable pour mesurer la mobilisation.

 

« Hier, j’ai passé la journée à organiser le départ en car, à passer et recevoir des coups de fil, poursuit Jean-Luc Tonnerieux. C’est un boulot à temps complet ! Mais j’ai fait ça avec un gigantesque plaisir, car pour moi c’est de l’action militante. » L’homme a connu Antoine « tout petit », car il militait avec son père, Jean-Paul Deltour, dans les années 70-80 au sein du mouvement écologiste à Épinal. « Jean-Paul a été candidat aux élections législatives de 80. J’ai même fait campagne avec lui aux législatives de 1997 pour les Verts. » D’autres ont connu le père du lanceur d’alerte via l’association Vosges Écologie, devenue Vosges Nature Environnement. Alors, forcément, le plus gros des troupes – 37 personnes – vient d’Épinal.

« C’est scandaleux qu’on juge aujourd’hui la personne qui a révélé l’évasion fiscale »

Mon voisin de droite, lui, est venu de Lucey, « village viticole » situé près de Toul. Michel Goujot, agriculteur, producteur de fruits, travaillait, jusque pas plus tard qu’hier, pour sa petite exploitation de 10 hectares. Son premier jour officiel en retraite, il le passera donc à soutenir Antoine Deltour. Chose naturelle pour lui : « Quand j’étais conseiller agricole pour la chambre d’agriculture de Moselle en 1976, je prévenais les agriculteurs qu’en leur revendant des semences de maïs, on leur mettait également des engrais chimiques, du désherbant et un insecticide très dangereux. Un paysan avait failli en mourir en l’inhalant ! Mais mon chef m’a demandé de fermer ma gueule. Cela revenait pour moi à être obligé d’être complice d’empoisonnement. J’ai démissionné. » Évidemment, lorsqu’il entend Antoine Deltour lors d’une conférence à Nancy, l’histoire du jeune homme de trente ans fait écho à la sienne.

Sans cette réflexion injuste de son supérieur, la carrière de Michel Goujot n’aurait jamais pris cette tournure. « Puisque j’étais grillé pour retrouver un boulot du même genre, ça m’a rendu ma liberté. C’est comme ça que je me suis tourné vers l’agriculture biologique, sans désherbant ni pesticide. Un salarié ne peut pas dire ce qu’il pense ! Regardez Antoine Deltour... » Le jugement de l’affaire LuxLeaks semble tellement grossier qu’il a le mérite d’être rassembleur. « C’est scandaleux que ce soit la personne qui a révélé l’évasion fiscale qu’on juge aujourd’hui », résume un organisateur, pendant la pause, sur une aire d’autoroute. Pierre, qui participe aux opérations menées par les « faucheurs de chaises », souligne aussi le paradoxe : « Aujourd’hui, on en arrive à désobéir juste pour demander que la loi soit respectée et que les entreprises payent leurs impôts... »

La petite dame du grand cabinet d’experts comptables

A l’arrivée (en retard) au palais de justice de Luxembourg, la salle d’audience est pleine, tout comme la salle annexe de 60 places qui retransmet la vidéo en direct. À l’écran, une dame apparaît, tête rentrée dans les épaules, regard obstinément bas. Elle lit d’une voix monocorde et placide ses fiches à la barre. Sauf, bien entendu, lorsqu’il s’agit de répondre à une question d’un avocat de la défense. Exercice durant lequel elle démontre une capacité d’improvisation limitée – « Je ne peux pas répondre à cette information précise », botte-t-elle souvent en touche. Il s’agit d’Anita Bouvy, auditrice interne pour PricewaterhouseCoopers, chargée de retrouver la personne à l’origine des fuites de son entreprise au lendemain du reportage de Cash Investigation.

Pendant de longues minutes, on s’interroge sur « l’architecture », et même « l’arborescence » des recherches d’Antoine Deltour dans le logiciel interne de PwC. On se demande comment il a pu accéder à tel ou tel « folder » [dossier]. On titille – a-t-il ouvert un « gros fichier » d’un coup ou « ouvert répertoire après répertoire » ?. On essaie de donner du sens à son geste. Le tout pour répondre à la grande question, ici formulée par l’avocat d’Antoine Deltour : « Est-ce qu’il a recherché activement ou non ces données confidentielles ? » « Je ne peux pas l’affirmer, répond Anita Bouvy. Je pense que la question doit être posée à monsieur Deltour. »

Des documents « secrets » pas si inaccessibles

Elle le sera, mais pas avant ce jeudi, jour du passage à la barre des prévenus, pour confronter leur témoignage à la version d’Anita Bouvy. Mais pour les proches d’Antoine Deltour, la réponse est évidente : l’intention initiale de celui-ci n’était pas de fouiller le serveur de PwC dans le but de tomber à tout prix sur les tax rulings. « Antoine allait quitter PwC, commente son père à la sortie du tribunal. Il est tombé dessus alors qu’il cherchait des documents destinés à lui servir dans sa reconversion actuelle (analyste au sein de l’administration française, ndlr). » Le 13 octobre 2010, la veille de son départ donc, il tombe sur 45 000 documents contenant 400 des fameux tax rulings et les copier. « Il n’a jamais voulu stigmatiser son employeur ni le Luxembourg, il voulait dénoncer un système qui existe en Europe, poursuit Jean-Paul Deltour. Beaucoup de boites d’audit fabriquent des arrangements fiscaux entre les multinationales et les administrations fiscales. »

À la barre du tribunal, Philippe Penning, avocat d’Antoine Deltour, demande à l’auditrice de PwC : « Combien de personnes peuvent accéder en moyenne à un même ATA (tax ruling) ? »
Quelle est la pertinence de la question ?, demande, pour la énième fois, le président du tribunal. Comme si chaque point soulevé par la défense était hors de propos.
Tout dépend du client. En moyenne 10, mais ça peut être plus, ça peut être moins, répond approximativement Anita Bouvy.
Si vous ne pouvez pas répondre, vous ne pouvez pas répondre », l’encourage le président. Qui coupe souvent la défense dans son élan par un flegmatique « Question suivante ! » ou « Avançons s’il vous plaît ».

Si l’avocat d’Antoine Deltour insiste sur ces traces informatiques (les « logs »), c’est parce qu’il affirme que les fameux tax rulings ont été vus en moyenne 649 fois, en deux ans. Bien loin des 10 accès lancés à la louche par l’auditrice interne. Il n’était donc pas si difficile d’accéder à ces documents « secrets »...

Centmilledollarsausoleil@gmail.com

Autre prévenu dont il a été question : Raphaël Halet, ex-salarié de PwC, qui a lui aussi transmis des infos à Édouard Perrin, le journaliste de Cash Investigation. La discrétion de cet homme dont le nom n’a été révélé que très récemment, s’explique plus clairement désormais... « Si Raphaël Halet s’engage à collaborer avec nous, on s’engage à ne lui demander de verser qu’un euro de dommages et intérêts, symboliquement », reconnaît Anita Bovy, tout en se dispensant de préciser qu’un accord signé, devant huissier en décembre 2014, entre PwC et Raphaël Halet menaçait ce dernier de poursuites s’évaluant à... 10 millions d’euros !

Pour éviter que sa source ne soit identifiée, Édouard Perrin proposera, en octobre 2012, à Raphaël Halet d’utiliser un procédé judicieux : placer les rulings en pièce jointe d’un e-mail, sans toutefois l’envoyer, mais en le conservant dans les « brouillons ». Édouard Perrin n’a plus qu’à se connecter sur le compte et à récupérer les pièces jointes. Juridiquement parlant, Raphaël Halet n’a envoyé aucun e-mail. Malheureusement, fin 2014, un huissier découvre la combine alors qu’il est envoyé chez Raphaël Halet, par le tribunal de grande instance de Metz, pour vérifier le contenu de ses ordinateurs. Étrangement, le procès-verbal rédigé par l’huissier ne figure pas dans le dossier. Maître Penning le signale : « Si PwC a payé un huissier pour faire un constat, c’est que ce PV comporte des choses importantes... » Le président esquive la remarque : « Autre question ? » Mais l’avocat insiste : « Est-ce que quelqu’un sait si un PV a été dressé par un huissier de justice ? » Conclusion mémorable du président : « Je crois que tout le monde le sait, mais personne ne l’a. »

Aucune commission d’enquête lancée par le Parlement européen

En se concentrant sur l’intention d’Antoine Deltour de vouloir dénoncer des montages financiers de PwC ou sur la relation entre Édouard Perrin et Raphaël Halet, l’autre ex-salarié de PwC qui lui a fourni des tax rulings, la justice luxembourgeoise décale totalement le débat provoqué par les lanceurs d’alerte. Celui de ces pratiques fiscales qui permettent à des entreprises d’échapper en partie au fisc. Elle préfère se demander, durant ces six demi-journées d’audience, s’il y a eu ou non « violation du secret professionnel, violation de secrets d’affaires ». Alors que, comme le souligne Paul Moreira, fondateur de Premières lignes, la société productrice de l’émission Cash Investigation, « ces deux chefs d’inculpation, au Luxembourg, c’est quasiment une définition de notre travail » [1].

À côté de cet enjeu de façade, donc, aucune commission d’enquête n’a été lancée par le Parlement européen, regrette le père de Antoine Deltour. « Autant les enquêteurs ont fouillé la vie privée d’Antoine en épluchant ses mails, autant il n’y a pas eu d’enquête pour savoir si les tax rulings étaient légaux ou pas. Il y a bien eu une commission spéciale sur les rescrits fiscaux, appelée TAXE, mais pas de commission d’enquête. Il y a un blocage, une protection des multinationales. » Et le frère d’Antoine de préciser : « La commission TAXE n’a pas le même mandat et a moins de pouvoir d’investigation qu’une commission d’enquête, c’est une nuance juridique. »

Pour une jurisprudence pour les lanceurs d’alerte

Parmi les soutiens qui attendent Antoine Deltour à la sortie de l’audience, une autre petite troupe est venue de loin. Représentants d’organisations appartenant à la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires, ils sont une vingtaine à faire une allée d’honneur aux côtés des autres soutiens aux héros du jour, tandis que les équipes de tournage de plusieurs chaines télévisées s’agglutinent autour d’eux.

« Il faut rendre publics les rescrits fiscaux, exiger la publication des informations sur les impôts que paient les multinationales et les activités qu’elles mènent dans tous les pays où elles sont présentes... », lance Lucie Watrinet de l’ONG CCFD-Terre Solidaire, qui coordonne la Plateforme Paradis fiscaux et judiciaires. La jeune femme est venue en soutien, avec l’espoir que ce procès soit un premier pas vers une jurisprudence pour les lanceurs d’alerte. Elle attend beaucoup de la loi Transparence, lancée par Michel Sapin, qui sera examinée le 7 juin en séance à l’Assemblée nationale. « L’idée, défend Lucie Watrinet, est d’obtenir l’indemnisation des frais de justice ou encore un statut global des lanceurs d’alerte. Car l’alerte ne se résume pas à la dénonciation de choses illégales, mais peut aussi concerner des choses défavorables à l’intérêt public. »

Justement, au même moment, Michel Sapin exprime sa « solidarité » avec les lanceurs d’alerte à l’Assemblée nationale. Tandis que Marine Le Pen appelle François Hollande « à faire pression sur le Luxembourg » et à soutenir les trois prévenus. Nage-t-on en plein délire ? À l’unanimité, le PS et le FN ont voté « pour » l’adoption, le 14 avril, de la directive européenne sur le secret des affaires [2]. Directive qui aurait très certainement empêché l’affaire LuxLeaks d’éclater si elle s’était appliquée au moment des révélations d’Antoine Deltour : les tax rulings qu’il a copiés sont tout à fait légaux et font même partie des meubles au Luxembourg – ou plutôt du « patrimoine » pour reprendre l’expression employée, fin 2014, par le ministre des Finances lui-même.

« Le problème, c’est ce pays qui protège ces multinationales qui nous volent »

Non loin de cet attroupement, Denis Robert, auteur des révélations sur l’affaire Clearstream, se dispense d’ambages inutiles envers les « politiques », dont il n’attend plus rien hormis de rendre « la situation de plus en plus insurrectionnelle » : « Ces discussions à n’en plus finir sur l’informatique, c’est bidon. Le problème, c’est ce pays qui protège ces multinationales qui nous volent et nous font les poches. Le problème, c’est cette justice qui sert à étouffer les lanceurs d’alerte. Il faut absolument les soutenir pour qu’ils soient relaxés. A mon avis Antoine ne le sera pas, car cela ouvrirait une brèche. En face, il y a ces multinationales, ces pays, ces banques qui protègent ce business-là. »

Odile Delaye, la porte-parole du comité de soutien d’Antoine, rend un peu plus concrètes les conséquences que ces techniques d’optimisation fiscale sur le quotidien des citoyens européens : « On nous dit d’un côté que les dépenses publiques en matière de santé, transport, d’éducation, etc., doivent être diminuées à cause du déficit public. Mais de l’autre côté, il y a mille milliards d’euros qui échappent à l’impôt. Autant d’argent qui pourrait servir à combler le déficit de la sécurité sociale ou encore à améliorer la qualité du système éducatif sur l’ensemble du territoire européen... » La justice luxembourgeoise entendra-t-elle ces arguments ?

Franck Dépretz, à Luxembourg

Photos : Mélanie Poulain

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:33

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Mafia du CO2: soupçons sur la police
27 avril 2016 | Par Fabrice Arfi
 
 

Des policiers entretiennent d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2, acteurs de la plus grande escroquerie connue en France, dont les noms sont par ailleurs cités dans diverses affaires d’assassinats impunis. Les faits apparaissent en marge de plusieurs procédures. Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur, a été entendu comme témoin dans l'une d'elles. Révélations.

Mais que fait la police ? Des enquêteurs de la police judiciaire (PJ) entretiennent d’étonnants liens de proximité avec des figures de la mafia du CO2, acteurs de la plus grande escroquerie jamais constatée en France, dont les noms sont par ailleurs cités dans plusieurs affaires d’assassinats demeurant à ce jour impunis. Les faits, à l’origine de discussions feutrées dans certains couloirs de la PJ, sont abordés depuis des années avec précaution par la justice, bien qu’ils apparaissent clairement en marge de plusieurs procédures liées directement ou non aux dossiers du CO2.

Révélation d’informations confidentielles à des suspects, rencontres physiques en dehors de toute procédure, mails de la brigade criminelle qui se retrouvent entre les mains d’escrocs, pistes d’enquête connues en temps réel par des réseaux délinquants : la liste est longue des éléments qui permettent aujourd’hui de matérialiser cette porosité entre des milieux criminels et ceux qui, au sein de l’État, sont censés les appréhender.

Après plusieurs mois de recherches, fondées sur des dizaines documents judiciaires, des écoutes téléphoniques et des entretiens menés avec des policiers et des mis en cause, Mediapart a pu reconstituer une partie de ce sombre puzzle.

 

Arnaud Mimran. © DR Arnaud Mimran. © DR
 

Les interrogations sur des failles policières tournent, pour beaucoup, autour des affaires dArnaud Mimran. Présenté par les juges comme l’un des « organisateurs » de la fraude au CO2, dont le procès doit s’ouvrir ce 2 mai devant le tribunal correctionnel de Paris, son nom est également cité, sans mise en cause par la justice, dans plusieurs affaires de meurtre – de son associé dans le CO2 (Samy Souied), de son beau-père milliardaire (Claude Dray) et de l’homme de main d’un affairiste parisien (Albert Taïeb).

 

Arnaud Mimran, financier et ami devenu très gênant pour le premier ministre israélien Benjamin Netanyahou (voir notre précédente enquête), est par ailleurs sous le coup d’une quadruple mise en examen pour « enlèvement et séquestration », « extorsion en bande organisée », « association de malfaiteurs » et « blanchiment ».

Dans ce dernier dossier, qui porte sur une sordide affaire datée de janvier 2015, dont la victime est un financier genevois contraint par la force d’opérer des ordres d’achats boursiers vers un compte bancaire à Dubaï, il est apparu qu’Arnaud Mimran avait été prévenu en amont de son arrestation dans l’affaire du CO2. Celle-ci est souvent présentée comme le “casse du siècle”. Pour cause : il s’agit de la plus grande escroquerie que la France ait jamais connue ; une fraude sur le dos des droits à polluer des entreprises, qui a permis à plusieurs équipes d’escrocs de détourner en moins de huit mois 1,7 milliard d’euros de TVA en 2008 et 2009, le tout sous le regard aveugle de l’État.

C’est un ancien employé de Mimran qui, ayant décidé de se mettre à table devant les policiers, a vendu la mèche sur procès-verbal : « Le lundi 19 janvier 2015, Arnaud Mimran m’a balancé qu’on allait venir le chercher cette semaine et qu’on le retiendrait deux jours. Il parlait de la police. Il m’a dit qu’il ne fallait pas s’inquiéter, qu’il n’y avait rien de grave. Il m’a dit qu’on était sur écoutes téléphoniques. […] Il ne m’a pas dit le jour, mais il savait qu’on l’arrêterait cette semaine », a-t-il expliqué en juin dernier. De fait, Mimran a été interpellé le lendemain par la douane judiciaire dans l’affaire du CO2.

 

De gauche à droite : Arnaud Mimran, Samy Souied (assassiné) et Marco Mouly, les trois associés du CO2, selon les juges. © DR De gauche à droite : Arnaud Mimran, Samy Souied (assassiné) et Marco Mouly, les trois associés du CO2, selon les juges. © DR

 

Le plus fou est que cette arrestation, qui débouchera sur cinq mois de détention provisoire pour Mimran, est intervenue en plein durant la séquestration du financier suisse, kidnappé le 16 janvier et relâché miraculeusement indemne le 21. Entretemps, le chef des ravisseurs, un dénommé Sabir Titouh, dit “Titax”, manœuvré d’après le dossier d’instruction par Arnaud Mimran, avait été exécuté devant chez lui dans la soirée du 19 janvier – son assassinat demeure à ce jour lui aussi inexpliqué par la justice.

Relâché en mai de sa détention provisoire liée au CO2, Mimran retournera en prison un mois plus tard après une nouvelle arrestation réalisée dans le cadre, cette fois, du dossier de kidnapping – le temps que la justice établisse son implication présumée, grâce à des écoutes. Or, d’après une audition judiciaire consultée par Mediapart, Mimran a aussi été informé du contenu de cette enquête policière dix jours avant son interpellation.

– Question du juge : « Il résulte que vous avez eu des informations sur l’enquête en cours. »
– Mimran, imperturbable : « Pour avoir discuté avec un policier, il m’a précisé qu’il y avait une investigation en cours à l’OCLCO [Office central de lutte contre la criminalité organisée, un service spécialisé de la police judiciaire — ndlr]. »
– Le juge : « Quel policier ? »
– Mimran : « Je ne veux pas répondre. Les gens de l’OCLCO savent qui c’est. »

Mimran dit avoir rencontré son informateur dix jours avant son arrestation dans un bar du XVIIe arrondissement de Paris et prend même le soin de préciser au magistrat instructeur qu’il a bu, ce jour-là, un Coca Zéro.

Le détail n’en est peut-être pas un : l’interpellation de Mimran dans cette affaire d’enlèvement avait dû être retardée de plusieurs jours. Bravant son contrôle judiciaire pourtant imposé dans le dossier du CO2, l’intéressé était parvenu à quitter la France pour se rendre en Italie, où il avait rencontré sa dernière compagne, Tamara Pisnoli – le père de celle-ci, Massimo, avait été abattu en 2008 dans un règlement de comptes mafieux, selon la presse de l’époque.

 

Arnaud Mimran, en manteau de fourrure blanc, et Farid Khider, en partance pour Milan. © Compte Instagram de Farid Khider Arnaud Mimran, en manteau de fourrure blanc, et Farid Khider, en partance pour Milan. © Compte Instagram de Farid Khider
 

Mais il y a mieux, ou pire. L’ex-employé de Mimran, qui avait donné de premières informations embarrassantes sur la police, en a livré d’encore plus gênantes, le 17 juin 2015, selon la retranscription de ses auditions. L’intéressé a ainsi expliqué avoir été approché au mois d’avril 2015, pendant que son patron était en prison, par un certain Farid Khider, ancien champion du monde de boxe et ami de Mimran. « Il représente Arnaud en dehors de la prison », a-t-il confié au sujet de Khider, également connu pour avoir participé à l’émission de télé-réalité « La ferme célébrités », sur TF1.  

 

Khider était accompagné de deux hommes, dont les policiers ont aujourd’hui un début de description : type européen, la cinquantaine, cheveux grisonnants, costard-cravate et bedonnant pour l’un, sportswear et de corpulence moyenne pour l’autre. Selon le témoin, les mystérieux bonshommes ont demandé que des fonds leur soient versés depuis le compte de Dubaï sur lequel avait atterri le produit financier de la séquestration et que la justice soupçonne d’appartenir en sous-main à Mimran. « Ils avaient l’air très informés sur l’état d’avancement de l’enquête… À la vue de tout cela, je ne sais pas à qui j’avais affaire, alors je suis au stade de me poser la question… Il s’agit peut-être de policiers », confie prudemment le témoin.

 

La peau de banane de Squarcini dans le bureau du juge

Il se montrera encore plus précis concernant l’un des deux hommes. Celui-ci se fait appeler “Seb”, dit-il ; il l’avait déjà vu en compagnie de Mimran par le passé. « Ce Seb avait l’air bien informé de l’enquête en cours. Il m’a dit qu’il ne fallait pas s’en faire », confie le témoin. Il a ajouté avoir revu Seb une dizaine de jours plus tard, à la demande de ce dernier, dans un café de la porte Dauphine, toujours en présence de Khider, qui avouera quant à lui ne plus se souvenir de quoi que ce soit, sans pour autant démentir. Cela lui serait difficile : des écoutes sur son téléphone ont depuis prouvé la réalité de ces rencontres.

« Au café, Seb et Farid Khider m’ont parlé d’Arnaud, m’ont dit qu’il n’y avait pas de soucis à se faire. […] Ils m’ont parlé de l’affaire des douanes [le dossier du CO2 – ndlr] et qu’il n’y avait rien dans le dossier », a précisé l’ex-employé de Mimran. Il pense à un policier, sans certitude, toujours très prudent dans ses déclarations devant les enquêteurs.

Arnaud Mimran prendra moins de pincettes. Après 48 heures de garde à vue, lors de sa sixième et dernière audition, la question lui est enfin posée par les policiers – ce sera l’ultime : « Connaissez-vous un prénommé Seb, la cinquantaine, les cheveux blancs et que vous auriez rencontré plusieurs fois ? » Réponse de Mimran : « C’est un policier qui travaille à la DCRI [Direction centrale du renseignement intérieur, devenue DGSI – ndlr]. Je le rencontre à titre amical. » Tellement amical, donc, que celui-ci pense pouvoir récupérer le fruit d’une extorsion de fonds. Bizarrement, les policiers ne poseront plus d’autres questions à Mimran sur le sujet, en tout cas, rien qui soit consigné dans les procès-verbaux de ses interrogatoires.

 

Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur. © Reuters Bernard Squarcini, ancien patron du renseignement intérieur. © Reuters

 

Cet épisode sera l’une des raisons de l’audition par le juge en charge du dossier, le 16 mars dernier, de l’ancien directeur de la DCRI, le préfet Bernard Squarcini. « À ma connaissance, Arnaud Mimran n’a jamais intéressé la DCRI », a assuré l’ancien ponte du renseignement français, proche de Sarkozy. Concernant le mystérieux “Seb”, Squarcini dit ne pas le connaître. « Je note toutefois que d’après les déclarations que vous venez de me lire, a-t-il ajouté à l’attention du juge, il s’agirait de contacts purement personnels et individuels, pas de contacts professionnels au sens où on l’entend à la DCRI. » Pour appuyer son propos, Squarcini n’a pu s’empêcher de vanter le « cadre déontologique » dans lequel est censé évoluer son ancien service, pourtant éclaboussé, comme lui-même, par plusieurs scandales ces dernières années (surveillance de journalistes, financements libyens de Sarkozy, affaire du “parrain des parrains” Michel Tomi…).

En revanche, Bernard Squarcini, surnommé “le Squale”, ne se privera pas pendant son audition de jeter une jolie peau de banane sous les pieds de la police judiciaire : « Il se dit, par ailleurs, que l’intéressé [Mimran] entretient de très bons contacts avec des fonctionnaires des services de la police judiciaire, mais je ne sais pas avec qui, à quel titre, ni même si cette rumeur est fondée. »

Une anecdote, qui alimente depuis deux ans une certaine stupeur dans le Landerneau judiciaire parisien, permet aujourd’hui de penser que ce ne serait pas qu'une rumeur. Il s’agit d’une scène surréaliste dont Mediapart a pu se faire confirmer la réalité auprès de plusieurs témoins directs. Elle s'est déroulée le 10 janvier 2014, jour de l’interpellation à Roissy-Charles-de-Gaulle de Cyril Astruc, un homme d’affaires alors recherché par plusieurs juges français pour son implication présumée dans des affaires financières, dont celle du CO2.

Sur le parvis de l’aéroport, alors que des douaniers (en charge de l’enquête sur le CO2 depuis 2009) et policiers de l’OCLCO (chargés, tels des marshalls français, d’exécuter des mandats d’arrêt) attendent de savoir lequel des deux services partira avec le trophée du jour, un homme se fait déposer en moto-taxi devant tout le monde. C’est Arnaud Mimran. Il salue Astruc, qu’il connaît, embrasse un policier de l’OCLCO et serre la main à un autre policier présent. L’incrédulité est totale pour certains douaniers présents sur place. Astruc partira finalement avec l’OCLCO, au grand dam des agents de la douane qui le pistent depuis des années. Mimran, en moto, suivra le convoi policier. Un haut gradé de la police m’a confié depuis que Mimran serait un discret informateur de l’OCLCO.

Quelques mois plus tard, dans le cabinet d’un juge parisien qui enquête sur l’assassinat par balles de Samy Souied (l’associé de Mimran), Cyril Astruc fera de surprenantes confidences : « J’ai rencontré Arnaud en 2013 (en Israël) et il se targuait d’avoir de solides protections policières en France, ce qui expliquait qu’il n’ait pas fait de garde à vue, que ce soit pour le CO2 ou pour l’homicide de Samy [ce qui est rigoureusement exact à l’époque – ndlr]. Ce sont des choses qu’il évoquait librement devant moi pour faire état de ses protections. »

Franck Douchy, patron de l’OCLCO à l’époque des faits et aujourd’hui directeur de la police judiciaire de Versailles, dément la moindre proximité coupable avec Arnaud Mimran. Il en veut pour preuve un fait incontestable : c’est bien l’OCLCO qui a arrêté Mimran dans l’affaire de l’enlèvement et de la séquestration du financier suisse. Vrai, mais à une nuance près – et de taille : toute l’enquête qui a permis de remonter la piste Mimran avait été initialement menée, non par l’OCLCO, mais par l’antenne des Hauts-de-Seine de la police judiciaire.

Il y a parfois de saisissants hasards de calendrier. Pendant le procès du CO2, une autre audience devrait agiter en mai la chronique médiatique au même moment à Paris : l’ancienne star de l’anti-gang français, le commissaire Michel Neyret, sera en effet jugée dans une salle voisine pour corruption en raison des faveurs consenties par deux escrocs lyonnais, Gilles Bénichou et Stéphane Alzraa, en échange de renseignements confidentiels. L’histoire est connue et a déjà fait grand bruit. Mais il est un pan peu exploré du dossier qui touche, lui, directement aux affaires du CO2 et à ses meurtres.

 

Michel Neyret, ancienne star de l'anti-gang français et ex-n° 2 de la PJ de Lyon. © Reuters Michel Neyret, ancienne star de l'anti-gang français et ex-n° 2 de la PJ de Lyon. © Reuters

 

Les nombreuses écoutes menées en mars 2011 sur les corrupteurs présumés de l’ancien numéro 2 de la PJ de Lyon, que Mediapart a pu consulter en intégralité, montrent ainsi combien il est parfois aisé pour des milieux peu réputés pour leur amour du code pénal de connaître en temps réel les avancées policières sur tel ou tel dossier – ça peut toujours servir. Le plus bavard des “amis” de Neyret est incontestablement Gilles Bénichou, pendu pendant des heures au téléphone avec Stéphane Alzraa, dont le nom a été associé dans certains volets de la fraude au CO2.

Six mois après l’assassinat de Souied, Bénichou se lâche sur son portable grâce aux informations obtenues par Neyret sur la disparition de l’associé de Mimran :

  • « On n’est pas simplement dans une affaire de règlement de comptes, là. C’est une très, très grosse affaire. […] D’après ce qu’on me dit, ce serait la plus grosse affaire de ces dix dernières années. […] Il y a énormément d’argent, ça débouche sur du trafic à l’international, sur du blanchiment, sur de l’association de malfaiteurs, ça débouche sur une tonne de merde. […] Elle va être étroitement liée au CO2. […] J’ai cru comprendre qu’il y aurait même des relations avec des gens du grand banditisme. » (écoute du 3 mars 2011)
     
  • « Là, je suis en train de prendre les infos pour savoir exactement où en est l’affaire de Samy [Souied]. Ils sont sur une affaire d’Arnaud [Mimran]. Ils veulent vraiment tout pour sauter tout le monde. Ils sont sur Arnaud Mimran pour un montant relativement important. » (écoute du 7 mars 2011)
     
  • « Alors, d’une affaire de meurtre, ça va découler sur l’affaire du CO2. […] Ça va vraiment gicler très haut. Je te dis, il y a des familles entières qui vont être décimées. Et puis c’est des peines [de prison] à deux chiffres qui arrivent. » (écoute du 9 mars)

Qui informe Neyret, qui n’a jamais été saisi de ces affaires, avant que lui-même ne rencarde Bénichou & Co ? Sur cette question précise, accessoire au regard du fond du dossier Neyret mais fondamentale pour les sujets touchant à la mafia du CO2, l’enquête de l’Inspection générale des services (IGS) et du juge d’instruction Patrick Gachon a été d’une grande pudeur.

En janvier et mars 2012, devant le magistrat instructeur, le commissaire Neyret a affirmé : « Mon seul interlocuteur sur Paris, pour cette affaire, c’était Franck Douchy [patron de l’OCLCO à l’époque – ndlr]. » « J’ai appelé Douchy car il a une connaissance étendue du banditisme parisien. Je l’ai appelé naturellement parce qu’en plus, c’est quelqu’un avec qui je corresponds régulièrement », a-t-il ajouté. Ce qui est vrai : une expertise technique a établi que les deux policiers avaient été en relation une trentaine de fois par mail sur la période, entre janvier et juillet 2011.

Entendu à son tour en décembre 2011 par la “police des polices”, le commissaire Douchy a seulement assuré que Neyret l’avait contacté pour savoir « s’il était intéressé par les affaires du milieu juif parisien (escroquerie sur les droits à polluer et règlements de comptes) ». Neyret lui aurait proposé de l’introduire auprès du frère du Samy Souied, ce que Douchy a « évidemment » accepté. Mais il dément aujourd’hui catégoriquement avoir pour autant donné la moindre information à Neyret sur le contenu des enquêtes en cours, les pistes privilégiées et les éventuels suspects dans le viseur des policiers. Dans l’entourage de Douchy, on se demande même si Neyret n’a pas protégé un autre informateur un peu trop bavard place Beauvau. Aucune enquête n’a permis à ce jour de tirer au clair cette question.

Un épais mystère entoure également la manière dont Neyret a pu se procurer un mail reçu par la brigade criminelle de Paris (en charge de l'affaire du meurtre de Souied), que Bénichou a pu lire avec gourmandise au téléphone en mars 2011 à un célèbre financier du trafic de cocaïne en cavale, Yannick Dacheville. Il est question dans ce message, une fois encore, d’Arnaud Mimran, qui aurait blanchi de l’argent de Samy Souied en Israël sur fond de business immobilier. Au téléphone, Bénichou dit « avoir tout reçu de Neyret, il m’a tout amené ce matin ». Mais Neyret n’est pas le destinataire initial du mail. Une autre adresse électronique apparaît sur le courriel. Qui se cache derrière ? Mystère. Au palais de justice et au 36, quai des Orfèvres, on se demande encore comment un tel document a pu tomber entre les mains de « voyous » avant d’être lu tranquillement au téléphone à l’une des plus grandes figures du trafic de drogue, toujours en fuite.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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29 avril 2016 5 29 /04 /avril /2016 01:11

 

Source : http://reporterre.net

 

 

Cantine, infirmerie, bibliothèque… Nuit debout partage les communs

28 avril 2016 / Isaline Bernard (Reporterre)
 


 

En un mois d’occupation de la place de la République, Nuit debout a spontanément mis au point une organisation. Tous les jours, les bénévoles font vivre les biens communs pour que vive le mouvement.

- À Paris, reportage

Depuis le jeudi 31 mars, Nuit debout se tient place de la République. Chaque jour, des centaines de personnes s’y retrouvent pour discuter des possibilités de remplacer le système social et économique actuel. L’organisation est devenue un outil majeur du bon déroulement du mouvement. Au fur et à mesure, différents pôles se sont installés : infirmerie, cantine, accueil… Pour chacun d’eux, matériel et savoirs sont mis en commun par les occupants de la place. Des ressources autant nécessaires qu’éphémères car chaque jour, la police démonte des stands remontés le soir-même.

 

La cantine : « C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir »

 

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Les bénévoles de la cantine préparent les sandwiches sur la place.

Vendredi 22 avril, à 14 h, quatre bénévoles se retrouvent au marché de Belleville, dans le quartier de Ménilmontant. Delphine, Paolo, Cécile et Nicolas occupent la place de la République depuis déjà plusieurs semaines. Certains en reconversion professionnelle, d’autres étudiants, ils ont décidé de donner de leur temps pour défendre les valeurs du mouvement Nuit debout, qui vont « bien au-delà du mécontentement du projet de loi travail El Khomri », dit Delphine, jeune restauratrice.

Équipés de plusieurs grands sacs, ils déambulent entre les étalages presque vides de fin de marché. Tout en distribuant des tracts pour informer les passants sur la Nuit debout, les quatre volontaires demandent aux commerçants de leur donner les invendus du jour. La plupart acceptent, comme Saïd, 43 ans, qui ne connaît pas vraiment le mouvement, mais « donne pour faire plaisir ». Une demi-heure plus tard, six sacs ont été remplis de melons, pommes, poires, poivrons, courgettes, etc. Deux autres bénévoles, Noémie et Stéphane, rejoignent le groupe pour donner un coup de main.

 

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Une bénévole en quête des invendus au marché de Belleville.

La prochaine étape se déroule dans l’appartement de Delphine. C’est l’heure de faire les comptes et de penser aux menus du soir. Ça sera riz aux légumes et salade de fruits. Tout le monde s’attelle à la fastidieuse tâche d’éplucher et de couper les fruits et les légumes. Pendant ce temps, une autre équipe va chercher des réserves de nourriture dans un squat du quartier, où les surplus sont stockés pour être cuisinés les jours suivants.

« Au début, on n’était pas très bien organisés, on a installé la cantine un peu dans l’urgence, explique Delphine, bénévole à la cantine Nuit debout presque chaque jour. Maintenant, on fait plus attention à l’aspect écologique de la cantine. On a installé depuis peu le système d’auto-wash  ; chacun fait sa vaisselle après avoir utilisé les couverts communs, cela évite le plastique. »

 

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Des volontaires de la cantine occupés à préparer légumes et fruits.

En fin d’après-midi, une nouvelle équipe de volontaires vient acheminer les préparations jusqu’à la place de la République à l’aide d’un véhicule. Ce n’est qu’une fois sur la place que les volontaires confectionnent sandwichs, salades, etc. « Dans un avenir proche, on souhaite ne plus faire de sandwichs mais des plats un peu plus élaborés », espère Delphine. Le restaurant Freegan Pony, qui cuisine les invendus de Rungis pour un prix libre, partage de temps à autre son hangar pour aider la Nuit debout. Cela permet à la cantine de disposer de plus de matériel pour les plats chauds.

À 18 h, sur la place de la République, la cantine s’installe tranquillement. Un barnum et quelques tables sont posés. Les bénévoles distribuent à manger à tous ceux qui le souhaitent pour un prix libre : « Il y a des gens qui viennent ici parce qu’ils n’ont pas à manger, et puis il y a surtout beaucoup de gens du mouvement qui passent et qui donnent ce qu’ils veulent. C’est bien d’avoir quelque chose dans le ventre pour réfléchir », affirme Roxanne, une volontaire habituée du pôle cantine. « On est une vingtaine de bénévoles à peu près, et des gens viennent nous donner un coup de main, il y a un roulement qui se fait. » Les aliments proviennent des invendus mais aussi de dons. Mickael, cuisinier pour la Nuit debout comme dans la vie professionnelle, explique : « On avertit les gens en fonction de nos besoins et les gens nous donnent. »

 

 

Ici, chacun paye ce qu’il veut après s’être servi. Bouba, un chômeur de 43 ans, vient se restaurer après avoir suivi plusieurs commissions en fin d’après-midi : « La caisse commune est une très bonne idée, si la société fonctionnait comme ça, elle serait plus juste. Cela permet à tout le monde de manger. » En bout de table, une boîte est mise à disposition pour récupérer la monnaie. Toutes les trois heures, un responsable récupère son contenu pour mettre l’argent à l’abri. « On nous pose beaucoup de questions sur le devenir de l’argent. Mais nous voulons être totalement transparents. On récupère environ 300 à 400 euros par jour et on les réinvestit pour les jours suivants, dans de la vaisselle ou de la nourriture », affirme Mickael.

Située au cœur du mouvement, la cantine est l’une des cibles préférées des forces de l’ordre, qui tentent de désorganiser le rassemblement. Le lundi 11 avril, plusieurs agents ont ainsi jeté la soupe dans le caniveau, sous l’œil de sans-abri. Depuis, des barrières humaines viennent de temps en temps entourer l’espace cantine afin de protéger les stocks. Mickael explique : « Les policiers savent très bien que, s’ils nous coupent nous, la cantine, ils affaiblissent le mouvement. » Tous les jours délogée, la cantine se réinstalle, encore et encore.

L’accueil : « Tous les jours, on nous déloge, tous les jours, on revient quand même, c’est pas grave »...

 

Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : http://reporterre.net

 

 

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