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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 18:32
Porte-monnaie 22/05/2012 à 09h53
Emilie Brouze | Journaliste Rue89
  • En banlieue parisienne, Liliane vit avec une retraite de misère, comme de plus en plus de femmes âgées. Rue89 a passé son porte-monnaie au rayon X.

Liliane dans un café de Pontoise, en mai 2012 (Emilie Brouze/Rue89)

« Je préfère pas qu’on se voie chez moi, j’ai trop honte », lâche Liliane au téléphone, quelques jours avant notre rendez-vous. Une semaine plus tard, dans un café de Pontoise (Val-d’Oise), elle explique : « J’ai un appart’ de pauvre, ça se voit. »

La dernière fois, raconte-t-elle, un petit garçon de l’immeuble est passé devant sa porte entrebâillée et a dit : « C’est moche, il y a rien. » C’était un enfant mais ça l’a « blessée ». Liliane ne reçoit jamais personne chez elle, sauf Jennifer, qu’elle a rencontrée au Secours catholique – « Elle ne me juge pas. »

La vieille dame partage ce 40 m2 – un logement social niché dans un HLM du Nord de Pontoise – avec son frère qui, sans ça, serait à la rue. Une table de nuit sépare leurs deux lits. Il y a aussi « Ange », son petit chat, et ses deux chiens.

« C’est grâce à mes animaux que je tiens le coup. Peut-être que des gens vont pas comprendre, je m’en fous. C’est mon soutien. »

« Je n’étais plus qu’une merde »

La vie cabossée de Liliane a débuté à la prison pour femmes de Fresnes (Val-de-Marne), il y a 62 ans. Bébé, sa mère l’abandonne à l’assistance publique qui la place dans une famille d’accueil, puis une autre. Après son BEP cuisine-couture, elle se marie sur un coup de tête à la majorité avec un « alcoolique violent et coureur de jupes ». Cinq enfants plus tard, ils se séparent. Elle est alors veilleuse de nuit dans un hôpital et dort dans sa Peugeot 304, en attendant. Il lui fait la vie dure : elle finit par « fuir ».

La voilà sur les rails et les routes. Docker au havre, cueilleuse en saison, concierge et souvent sur les fichiers des agences d’intérim... Mais surtout à la rue.

« Le jour où je me suis assise sur le trottoir, je n’étais plus qu’une merde. »

Liliane parle sans s’arrêter, égraine avec détails différents moments de sa vie. A plusieurs reprises, ses yeux sont pleins de larmes. Parfois, elle s’arrête de parler. Ou sourit, et ça la rend plus vivante.

Son morceau de vie passé à Chambéry est le plus heureux. Un poste de femme de ménage dans un centre de tri la fait sortir de la rue, le 4 mars 1987. « Un samedi », précise-t-elle (Liliane cite toujours les dates au jour près). Elle reste six ans près des montagnes, jusqu’à son départ pour Paris, à la recherche de sa « vraie famille », et y retrouve l’un de ses frères.

« J’ai baissé les bras »
Femmes âgées

Dans son rapport de 2012 [PDF], l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (ONPES) s’inquiétait de la précarité grandissante des femmes âgées. Le taux de pauvreté des plus de 75 ans s’établit à près de 15%.

 

Deux facteurs principaux sont avancés : la perte d’un conjoint et le bas niveau de pension, en raison d’une carrière incomplète.

Installée à Pontoise, Liliane boucle en deux ans une formation de poissonnerie. Son truc :

« J’aime le contact avec les gens. J’en ai rencontré de merveilleux, riches ou pauvres. Ça me manque. »

Mais une allergie l’oblige à laisser tomber son CDI. « Je l’ai pleuré. »

A Pontoise, elle tombe aussi amoureuse d’un grutier, Christian. Un cancer le ronge, elle le soigne. Il mourra quelques jours après leur mariage, le 31 août 1998. Elle porte toujours son alliance.

« Depuis, j’ai baissé les bras. Je n’ai jamais retrouvé du boulot. »

Aujourd’hui, Liliane vivote, usée par une santé fragile. Elle passe une grande partie de ses journées sur Internet où elle discute politique sur sa page Facebook et sur des forums du Front de Gauche (elle a voté « JLM » au premier tour de la présidentielle). Devant l’ordinateur, Liliane a aussi ses jeux préférés, comme « Cityville », dans lequel il faut vendre des bonbons pour construire des maisons.

Liliane milite dans plusieurs associations, dont ATD Quart Monde depuis 2003 (elle ne paye pas de cotisation). Elle se rend aux réunions et a sympathisé avec d’autres membres :

« On parle du combat de la misère, comment enrayer le fléau de la pauvreté. Ça m’apporte de la joie. Quand on a le savoir de la pauvreté, on peut en parler. Tout ça, j’en suis fière. »

Revenus : 634 euros par mois

  • Pension de retraite : 448 euros par mois

Liliane reçoit chaque mois une minuscule retraite : elle n’a pas cotisé en étant mère au foyer (comme beaucoup de retraitées), puis sans-domicile et chômeuse. Il lui manque soixante trimestres. « Encore trois ans comme ça avant de toucher ma retraite à taux plein. »

Seuil de pauvreté

Calculé par l’Insee, ce seuil correspond à 50% ou 60% du niveau de vie médian en France, suivant la définition adoptée. Soit de 795 euros (50%) ou 954 euros (60%) en 2009.

 

Avec l’augmentation des revenus, ce seuil n’a cessé d’augmenter ces quarantes dernières années. 4,5 millions de personnes étaient « pauvres » (seuil à 50%) en 2009 – dont 3,7% chez les plus de 60 ans.

Avec un revenu de 448 euros par mois, Liliane est largement en-dessous du seuil de pauvreté dressé par l’Insee (lire ci-contre).

Jusqu’au mois de septembre 2011, Liliane bénéficiait de l’allocation aux adultes handicapés : elle touchait environ 771 euros par mois.

Mais sa demande n’a pas été renouvelée malgré sa maladie orpheline, son arthrose et une dégénérescence musculaire dans le haut des cuisses. Elle se déplace d’ailleurs péniblement, appuyée sur une canne :

« Ils m’ont dit que je n’était plus assez handicapée. »

Liliane a appris il y a quelques semaines qu’elle pourrait demander l’allocation de solidarité aux personnes âgées (Aspa). « Il faut que je me renseigne. » Cette aide correspond à un versement maximum de 777,17 euros par mois, selon les revenus du bénéficiaire.

  • APL (aide personnalisée au logement) : 186 euros par mois

Dépenses fixes : 345 euros

  • Loyer : 272 euros par mois

Liliane loue un appartement au Logis social du Val-d’Oise. Elle paie 96 euros par mois et touche à côté 186 euros d’aide personnalisée au logement (APL).

La somme comprend le chauffage ; elle ne paie ni taxe foncière, ni taxe d’habitation.

Son frère participe financièrement ni au loyer, ni aux charges.

  • Gaz et électricité : environ 50 euros par mois
  • Eau : 11 euros par mois
  • Assurance habitation : 12 euros par mois
  • Internet : 0 euro

La retraitée a accès à Internet grâce la connexion de son frère. Ce dernier lui a prêté un ordinateur, il en possède un autre.

  • Mutuelle : 0 euro

Depuis janvier 2011, Liliane a laissé tombé sa mutuelle : son prix avait grimpé de 68 à 138 euros.

Liliane ne se soigne pas. Elle devrait par exemple se faire arracher une dent malade. Impossible, dit-elle, d’avancer l’argent pour une consultation chez le médecin et de payer un éventuel dépassement d’honoraire. Ses lunettes, dont le verre gauche est fendillé, lui ont coûté 10 euros à Leclerc il y a quelques années : elles ne sont pas à sa vue.

Elle ne pouvait pas toucher la couverture maladie universelle (CMU) avant septembre car ses revenus dépassaient alors le plafond fixé (9 164 euros par an). Elle compte faire rapidement la demande :

« J’attends de toucher la CMU pour tout reprendre mes examens. »

  • Impôts : 0 euro

Dépenses variables : 275 euros environ

  • Transports : 0 euro

Liliane a une carte Rubis : gratuite pour toutes les personnes âgées de plus de 60 ans, elle lui permet de se déplacer en bus dans toute la région Ile-de-France. Mais pas sur les lignes exploitées par la RATP.

Liliane s’est rendue à Paris pour la dernière fois en 2004. L’aller-retour de Pontoise au centre de la capitale, 40 minutes environ, coûte 11 euros. « Trop cher », explique-t-elle.

  • Alimentation : 185 euros

- courses : environ 180 euros par mois

Tous les 10 du mois, quand elle reçoit sa retraite, Liliane va faire ses courses dans les supermarchés hard discount Ed. Elle y achète principalement des gros paquets de pâtes – « les moins chères » – du riz et des pommes de terre – « des sacs à 2 euros les 10 kilos » – qu’elle prépare sautées à la poêle. Le tout agrémenté d’un peu de viande fraîche en promo, qu’elle congèle :

« Le mois dernier, j’ai fait un extra : deux rôtis pour 10 euros. J’ai trouvé ça valable. »

Liliane ne prend qu’un repas par jour. « Je tire au maximum de ce que je peux tirer », se justifie t-elle.

Les fruits sont trop onéreux et il est rare qu’elle ajoute des légumes à son panier. Parfois « une salade ou un kilo de carottes ». Liliane refuse d’aller aux Restos du cœur :

« Au début, j’y allais, mais j’ai trop honte. C’est pour ma fierté, ma dignité. »

La vieille dame compte, dans la somme de 180 euros, les produits ménagers et la lessive.

- petit déjeuner : 4,90 euros par mois

Une fois par mois, avant d’aller faire ses courses, Liliane s’accorde un « petit plaisir » : prendre le petit déjeuner au bar du Leclerc. Un café, un croissant et un verre de jus d’orange pour 4,90 euros.

« Des fois, je voudrais me payer une glace ou, quand je broie du noir, un café. Je peux pas. »

  • Animaux : 30 euros par mois pour des croquettes et de la pâté

Elle sait que c’est cher mais se défend : « Ils sont mon soutien. »

  • Téléphone : autour de 12 euros par mois

Elle recharge son portable avec des cartes prépayées. Le plus souvent, ce sont ses copines de l’association qui, connaissant sa situation, l’appellent.

  • Livres, magazines : 8 euros par mois environ

Tous les trois ou quatre mois, Liliane achète quelques livres et des magazines. Elle lit Le Parisien, Le Bien Public ou L’Express gratuitement sur Internet.

  • Dette : 10 euros par mois

Liliane raconte avoir eu un compteur d’eau chaude défectueux l’année dernière : elle n’a alors pas payé son loyer pendant quatre mois, pour protester. « J’ai eu tort. » Le 20 janvier 2012, elle reçoit un avis d’expulsion. Le juge, au regard de sa situation, a demandé en avril à étaler le remboursement de sa dette (980 euros).

  • Tout le reste : environ 30 euros

Cela comprend les produits hygiéniques ou l’huile, le beurre et, de temps en temps, quelques yaourts ou une salade. Sans oublier les achats ponctuels.

Liliane porte les mêmes vêtements depuis des années – « Je suis très précautionneuse. » Le mois dernier, elle a quand même acheté trois paires de chaussures en soldes – elle n’en avait plus. L’une à 8 euros, l’autre à 9 euros, et une troisième, plus chère :

« J’ai tiqué pour prendre la troisième : une paire un peu habillée, pour mes réunions, à 12 euros. »

« Je n’ai pas de loisirs. » Liliane est « fan de pêche » mais, après un coup d’œil sur Internet, a réalisé que le permis était trop cher. Elle allait au cinéma mais ne peut plus se le permettre. Ses seules distractions sont Internet et les associations dans lesquelles elle milite.

Epargne : rien

Autour du 15-20 du mois, Liliane n’a plus rien. Elle ne se plaint pas, explique qu’elle n’aime pas montrer ses conditions de vie et insiste :

« La santé, c’est un trésor, quand ça fout le camp, ça revient pas. »

Quand elle évoque sa vie, Liliane tient des paroles dures :

« J’ai l’impression que je suis arrivée au bout du rouleau. »


Liliane devant ses comptes dans un café de Pontoise, en mai 2012 (Emilie Brouze/Rue89)

 

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 18:25

 

Rue89 - Elodie Cuzin Journaliste
Publié le 22/05/2012 à 11h53

Des machines à sous (Tedmurphy/Flickr/CC)

Pour lutter contre la crise, Madrid et Barcelone s’arrachent depuis des mois les faveurs du roi américain des casinos, rêvant de décrocher la construction d’un gigantesque temple du jeu, quitte à assouplir les lois... et retomber dans les pires excès qui ont justement précipité l’Espagne au cœur de la tourmente économique, dénoncent les opposants au projet.

Il ne reste que quelques jours : « La décision sera prise en mai » et annoncée d’ici l’été, ont affirmé les responsables de Las Vegas Sands, propriété du magnat américain Sheldon Adelson, quatorzième homme le plus riche du monde, selon Forbes.

Depuis des mois, la traque de ce roux dégarni et ventripotent occupe autant les paparazzis espagnols qu’une image de Penelope Cruz, Ronaldo et Messi dansant ensemble sur « Ai Se Eu Te Pego ».

Et les photos du milliardaire américain volées lors de ses visites discrètes auprès des gouvernements régionaux de Madrid et de Barcelone rythment un suspens haletant : qui des deux villes, éternelles rivales, remportera le juteux contrat d’Eurovegas ?

Sous ce petit nom donné en Espagne au projet, se cachent :

  • 6 casinos,
  • 12 hôtels avec 36 000 chambres,
  • 9 salles de spectacle,
  • 3 terrains de golf.

Soit un investissement global de 15 à 20 milliards d’euros, selon les médias. Et surtout jusqu’à 260 000 emplois directs et indirects. De quoi donner un travail à « plus de la moitié des Madrilènes au chômage », se réjouit la présidente de la région de Madrid, Esperanza Aguirre.

La récession frappe l’Espagne, où un actif sur quatre est au chômage, et plus d’un jeune actif sur deux n’a pas d’emploi. Cette manne hypothétique est donc « un grand projet », a renchéri le président de la Catalogne, Artur Mas.

Plutôt un « centre européen des congrès »...

Insistant sur l’activité plus « noble » que le jeu, celle des séminaires et congrès, qui, comme à Las Vegas, pourraient être organisés par centaines dans ce nouveau complexe hôtelier, le lobby œuvrant pour l’industrie espagnole du tourisme, Mesa del Turismo, bénit l’aubaine. Son président Abel Matute a déclaré L’Expansion :

« Dans des circonstances aussi dramatique que celles d’aujourd’hui, l’hypothèse que Madrid puisse compter sur des infrastructures de ce type et se convertir en centre européen des congrès doit être soutenue. »

La soutenir, quitte à assouplir les lois ? C’est ce que dénoncent les opposants au projet, qui se sont regroupés sous la banderole « Eurovegas No ». Lors de la présentation de la plate-forme à Madrid, l’un de ses membres, Carlos Ruiz, a dénoncé :

« Ça va être une zone franche où les lois seront fixées par cet investisseur. »

L’Américain exige de nombreuses faveurs

Sheldon Adelson aurait en effet réclamé, selon les médias, plusieurs faveurs au gouvernement espagnol et aux responsables locaux avant de se décider à construire ou non en terre ibérique. Notamment :

  • que la loi sur le blanchiment de capitaux soit modifiée sur cette « zone franche » ;
  • être exempté du paiement des cotisations sociales de ses employés pendant deux ans ;
  • bénéficier de l’obtention plus rapide de permis de travail pour les employés étrangers de Las Vegas Sands ;
  • bénéficier d’un moratoire de dix ans sur les impôts sur le jeu ;
  • que l’Etat espagnol se porte garant des emprunts contractés par Las Vegas Sands ;
  • suspendre l’interdiction de fumer dans le complexe, pourtant en vigueur en Espagne dans les bars, restaurants et autres lieux fermés depuis début 2011.

Rodrigo Fernández Miranda, l’un des porte-parole d’Eurovegas No dénonce « avant tout l’opacité qui couvre les négociations des autorités avec Las Vegas Sands ».

Plus de 200 000 emplois, vraiment ?

La plate-forme a bien demandé des informations plus précises sur les négociations en cours au gouvernement et aux autorités locales de Madrid (gouvernement régional et mairie), mais sans succès pour l’instant. « Silence administratif », regrette Rodrigo qui s’indigne :

« C’est ce qui nous rend suspicieux : que cherche-t-on à cacher ? A l’évidence, ces négociations ne se font pas pour le bien commun des citoyens espagnols. Et instrumentaliser la situation dramatique que traverse l’Espagne pour éviter l’opposition à ce projet est irresponsable. »

Surtout que la manne promise d’emplois (260 000), du moins dans les « fuites » publiées dans les journaux, est largement exagérée, selon Eurovegas No.

Ses militants estiment que le chiffre devrait être bien inférieur, en se basant sur le nombre d’employés des casinos déjà existants de Las Vegas Sands, à Singapour, Macao, et bien sûr Las Vegas (Le Venetian). Rodrigo Fernandez Miranda accuse :

« Il est fondamental de ne pas parler seulement de quantité d’emplois mais de qualité. Or ici, on parle d’un travail précaire. »

Alors, jackpot ou non ? Réponse, peut-être, le 7 juin, date fixée pour le conseil annuel des actionnaires où pourrait être révélé le nom du « gagnant ».

 

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 18:19

acrimed.org - par Henri Maler, le 22 mai 2012

 

Sous ce titre de notre choix, nous publions, avec l’autorisation de son auteure, une lettre de Vicky Skoumbi, rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια (Acrimed).

Chères amies, chers amis,

Le jeudi 16 mai, j’ai participé à l’émission d’Arte 28 minutes sur le thème : La Grèce, talon d’Achille de l’Europe ?

Je viens de visionner l’émission telle qu’elle a été diffusée et j’en crois pas mes yeux : le passage où je disais que l’aide accordée à la Grèce a été en réalité une aide aux créanciers du pays, et que les plans de sauvetage successifs ont été conçus pour protéger les créanciers d’un défaut éventuel de la Grèce, tout en plongeant le pays dans une récession de l’ordre de 20 % en le menant tout droit à la faillite, a tout simplement disparu ! Si vous regardez attentivement, vous constaterez les traces de coupure par des enchaînements assez abrupts et la non-fluidité de la parole après la première intervention de Benjamin Coriat.

De même est passé à la trappe, un passage vers la fin où j’avais évoqué une confrontation qui n’est pas de nature nationale entre Grecs et Allemands, mais bel et bien entre deux camps transnationaux, c’est-à-dire entre ceux qui, en marchant littéralement sur des cadavres, défendent les intérêts du secteur financier d’une part, et d’autre part ceux qui défendent les droits démocratiques et sociaux et en fin de compte le droit à une vie digne de ce nom. Je prends à témoin Benjamin Coriat qui participait à l’émission et qui pourrait certifier que j’ai bien tenu ces propos dont la trace disparaît sous les ciseaux du censeur.

Car, cela relève tout simplement de la CENSURE. Une question s’impose : Qui donc contrôle Arte et qui filtre les infos ainsi ?

Je l’avoue, je n’en reviens pas. L’émission a été enregistrée "dans les conditions du direct" deux heures et demie avant sa diffusion et que je sache cette formule veut dire qu’on ne coupe pas, à la limite on refait une prise si on a un souci, ce qui a été le cas pour les présentations. Et même si la pratique établie est de couper un peu les longueurs, comment se fait-il que les deux coupes principales portent, comme par hasard, sur des propos concernant les vrais bénéficiaires de l’aide à la Grèce, c’est à dire les banques, ainsi que sur le caractère fallacieux de la supposée confrontation gréco-allemande ?

Comme vous pouvez d’ailleurs sans doute le constater vous-même, mon temps de parole correspond à un tiers - peut-être même moins - de celui de monsieur Prévelakis. Celui-ci, avec sa proposition d’un médiateur, sous la tutelle duquel devrait se mettre la Grèce, proposait rien de moins que de suspendre les procédures démocratiques en Grèce et de donner à Sarkozy (!) la position d’un tuteur du peuple grec qui ne saurait être représenté par ses élus, surtout si ceux-là appartiennent par malheur au Syriza. J’ai bondi mais on ne m’a pas laissé le temps de réagir en coupant là l’émission.

Conclure l’émission sur ce propos est absolument scandaleux. Cela n’honore pas, loin de là, Arte qui se revendique d’une sensibilité démocratique. D’ailleurs, si vous regardez un peu attentivement le déroulement juste avant la fin, vous verrez que la dernière question s’adresse à moi, madame Quin se tourne bien vers moi et non pas vers M. Prévélakis. Et ma réponse concernant les deux Europe qui s’affrontent et qui précédait la conclusion de Georges Prévélakis, est passée complètement à la trappe.

Bref, les coupures, la répartition inégale du temps de parole, la conclusion sur un appel à suspendre la démocratie en Grèce, tout cela, si n’est pas de la manipulation de l’information, c’est quoi au juste ?

Voilà bien des questions sur le traitement de l’information par une chaîne européenne qui se veut indépendante.

Merci de diffuser ce message le plus largement possible et de l’afficher sur les réseaux, si vous voulez bien.

Vicky Skoumbi,
rédactrice en chef de la revue grecque αληthεια

 

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 18:13

 

owni.fr - Le 22 mai 2012 Anaïs Richardin

 

Le Québec tranquille c'est fini. La Belle Province se rebelle avec force, dans la rue et sur les réseaux, contre des articles de loi dignes d'un État policier. Avec Twitter comme point de convergence. Défiant la police, les québécois crient leur colère depuis la loi liberticide de vendredi dernier. Le texte était supposé mettre fin aux manifestations étudiantes contre l'augmentation des frais de scolarité.


 

Cent. C’est le nombre de jours qui se sont écoulés depuis qu’a débuté le “printemps érable”, ce mouvement des étudiants québécois contre l’augmentation programmée de leurs frais de scolarité. D’ici 2017, ils pourraient ainsi passer de 2 168 dollars à 3 793 dollars par an, soit une augmentation de 75%.

Mais depuis vendredi, la contestation s’est étendue à toute la population, suite à la promulgation d’une loi spéciale.  Votée après vingt-et-une heures de débat, la loi 78 vise à limiter les manifestations et à éradiquer les piquets de grève devant les établissements universitaires, jusqu’en juillet 2013. Les organisateurs de manifestations sont désormais tenus de prévenir huit heures à l’avance les autorités pour tout événement rassemblant plus de cinquante personnes. Ils doivent en communiquer le parcours ainsi que la durée. Rien que nous ne connaissions déjà en France.

Mais pour les Québécois, très syndiqués, cette mesure, qui vise en premier lieu à museler les étudiants, prive surtout la population dans sa globalité de sa liberté d’expression et de sa liberté d’association. En cas de non-respect de la loi, les sanctions sont drastiques : de 1 000 à 7 000 dollars d’amende pour un individu et jusqu’à 125 000 dollars pour une association. Pour Moïse Marcoux-Chabot, documentariste québécois, cette loi censée ramenée l’ordre a eu l’effet inverse :

Supposée ramener l’ordre, cette loi est aujourd’hui en passe de devenir l’objet et la motivation principale de la manifestation.

Au lendemain de la promulgation de la loi, la 27ème manifestation nocturne (et consécutive) des étudiants était déclarée illégale par le service de police de la ville de Montréal, dix minutes après avoir commencé. La situation a rapidement tourné au grabuge : trois cents arrestations, une dizaine de blessés dont un blessé grave dénombrés le lendemain.

De nombreux journalistes ont été arrêtés avant d’être finalement relâchés une fois leur identité vérifiée. Un soulèvement et une répression sans précédent au Québec, réputée pour être du coté tranquille de la force. Et c’est par le biais d’un tweet que les manifestants ont vite été prévenus de l’illégalité de leur mouvement :

Aujourd’hui, manifestants et forces de police s’affrontent dans les rues comme sur les réseaux. La police de Montréal, déjà très présente sur Twitter, live-tweete les actions de ses brigades et le parcours des manifestants. À chaque manifestation nocturne, les messages de 140 signes s’enchainent, rassurent, dédramatisent, informent ou désinforment les 29 000 twittos qui suivent le compte @spvm. Les questions abondent et les accusations de brutalité policières pleuvent. Des accusations qui ne nous étonneraient pas en France où la défiance à l’égard des forces policières est fort, mais au Québec, où la confiance est maitresse, ces messages courts et incisifs semblent montrer un basculement progressif de l’opinion vis-à-vis des forces de police.

En cause, les dispositifs de sousveillance ou copwatching (consistant à surveiller les surveillants) gérés par de nombreux manifestants qui publient des vidéos, parfois sans contexte, montrant le comportement agressif de certains policiers. Sur Facebook, une vidéothèque a même été montée, alimentée par les 410 membres pour inciter les grands médias à parler de ces dérapages. Si les sources et le contexte sont insuffisants, les vidéos sont explicites : coups de matraques, voiture de police vs manifestants, et usage abusif de bombes lacrymogènes sur des manifestants certes un peu provocateurs mais pas agressifs. Cette page Facebook illustre bien la désobéissance qui peut naitre sur internet, selon le concept d’”electronic civil disobedience” (ECD), qui a émergé dans les années 90.

Sur Twitter, les mêmes hashtags #manifencours #GGI (Grève Générale Illimitée) sont utilisés à la fois par les manifestants et par les forces de police. Pourtant, le risque d’une utilisation des tweets par la police pour tracer et sanctionner les manifestants n’est pas à écarter. Une méthode laissée cependant à l’appréciation du procureur comme l’indique la nouvelle ministre de l’Éducation, Michelle Courchesne, qui a remplacé au pied levé Line Beauchamp après sa démission :

 

 

Face à la probable instrumentalisation judiciaire de Twitter, @leclown, un twittos français a décidé de contourner la législation et d’offrir aux Québécois un espace de parole bien chaud, protégé et anonyme. Le compte @manifencoursQbc propose ainsi depuis lundi de retwitter anonymement les messages privés qui lui sont envoyés. Pour le moment, seuls 372 utilisateurs se servent de ce robot. Si les utilisateurs de Twitter ne semblent pas inquiets, l’épluchage du réseau par la police est tout à fait envisageable pour @leClown :

Un grand nombre de personnes dévoilent leur véritable identité sur Twitter et je suppose que cela peut faciliter le travail d’une police déterminée à identifier les personnes diffusant des messages allant a l’encontre de l’ordre établi. Les réseaux sociaux peuvent être légalement passés au peigne fin. C’est cela qui m’a incité a créer le robot manifencoursqbc

Facebook et Blackberry tout contre les émeutiers

Déterminé à punir tous les casseurs du Royaume-Uni, le gouvernement britannique pourrait profiter de l'aubaine pour ...

Ses craintes sont étayées par des précédents récents puisque des réseaux sociaux ont déjà été utilisés pour condamner des manifestants. Lors des émeutes de l’été dernier au Royaume-uni, la Metropolitan Police a épluché les conversations Blackberry des émeutiers. Une dérive très Big brother qui, au Québec, n’écorne pas la détermination des manifestations à utiliser Internet.

Amir Khadir, député de Québec solidaire, le seul parti considéré comme de gauche, a dénoncé la loi spéciale, surnommée Loi Matraque et a appelé la population à “réfléchir à la possibilité de désobéir à cette loi de manière pacifique”. Le site arretezmoiquelqu’un.com agrège ainsi les photos des “désobéissants”. Lancée hier soir, 2 728 personnes ont déjà participé à cette opération, et le site ne cesse d’enregistrer de nouvelles contributions.

Des Anonymous ont apporté leur soutien en publiant deux vidéos–communiqués intitulées “OpQuébec” et diffusées sur YouTube depuis ce week-end.  Au vu de l’usage de termes français et non québécois, elles ne semblent pas avoir été créées par une frange québécoise du collectif informel, comme l’analyse Florent Daudens sur Radiocanada.

 

 

Devant l’entrave à la liberté d’association et d’expression que constitue la loi 78, des Anonymous ont appliqué leurs sanctions habituelles. Ce lundi, le site Internet du ministère de la Sécurité publique du Québec, ainsi que celui de la Déontologie policière ont été “défaçés”. Ainsi, en lieu et place du site d’origine, on pouvait lire la devise Anonymous sur fond blanc :

Attaque DDos d'Anonymous

Cette grève étudiante est la plus importante que le pays ait connu avec un pic de  200 000 à 300 000 manifestants (pour sept millions d’habitants) qui ont défilé dans les rues de Montréal le 22 mars 2012, attirant l’attention des médias internationaux. Une attention qui est bien vite retombée avant de récemment trouver un second souffle dans la fronde grandissante des rues québécoises depuis samedi. En soutien, de nombreux rassemblements sont organisés aujourd’hui à New York ou à Paris, comme l’indique Occupy Paris sur son compte Twitter.

 

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 18:06
Mise à jour il y a 40 minutes
  Radio-Canada avec La Presse Canadienne
 
 
Philippe Schnobb s'entretient avec la porte-parole de Québec solidaire, Françoise David

Dans un communiqué rendu public mardi, Québec solidaire affirme qu'il soutient « la résistance pacifique et légale » à la loi 78 et ne condamne pas « la désobéissance civile pacifique ».

Québec solidaire, qui considère cette loi « injuste et liberticide », a lancé un appel à la population du Québec « à agir » pour dénoncer les gestes d'un gouvernement qui « préfère la répression à l'exercice des libertés fondamentales ».

« Il existe plusieurs solutions pour contourner et contester cette loi odieuse. Il est nécessaire de la contester juridiquement, de la soumettre à des organisations internationales compétentes, de recourir à des manifestations pacifiques et légales et d'aller voter massivement lors des partielles et des générales qui s'en viennent », est-il écrit dans le communiqué.

Par ailleurs, le parti dirigé par Amir Khadir et Françoise David appelle à « appuyer financièrement les associations étudiantes ».

Pas d'incitation à la désobéissance civile

Tout en indiquant qu'il ne peut pas encourager la désobéissance civile, le parti précise qu'il ne condamne pas « les personnes ou organismes ayant recours à des gestes de désobéissance civile pacifique à cette loi pour exercer librement leurs droits constitutionnels à la dissidence. »

Françoise David a indiqué que son parti poursuivait la réflexion sur « tous les moyens de combattre cette loi ».

Québec solidaire encourage la population à manifester pacifiquement et massivement ce 22 mai et lors d'autres rassemblements prévus afin de contester la loi 78.

Le député de Mercier, Amir Khadir, qui invite les corps de police à plus de retenue, estime que le nombre « astronomique d'arrestations » n'apparaît pas être une « réponse appropriée ».

Enfin, Québec solidaire appelle le gouvernement à retourner à la table des négociations pour ramener « la paix sociale »

.

Charest juge Khadir irresponsable

Interrogé sur la position de Québec solidaire, le premier ministre Jean Charest a déclaré : « Dans le cas de M. Khadir, nous avons affaire avec un cas particulier d'une personne qui, de toute évidence, agit de manière irresponsable ».

De son côté, le bâtonnier du Québec, Me Louis Masson, estime qu'il « serait absurde de défier la loi 78 ». Selon lui, la désobéissance civile, « c'est la négation même de la règle de droit, une pratique totalement inadmissible dans une société démocratique ».

Me Masson a indiqué que le Barreau du Québec ne peut « cautionner quelque proposition que ce soit visant à encourager le non-respect de la loi 78. »

Avant l'adoption de la loi spéciale 78, le bâtonnier avait exprimé de sérieuses inquiétudes devant l'ampleur à venir des limitations apportées au droit d'association et au droit de manifester, de même qu'à la liberté d'expression.

 

                                                               ********************************************************
Québec: le conflit étudiant entre dans sa centième journée, la société divisée

MONTREAL — Le conflit étudiant au Québec se préparait mardi à marquer son centième jour par une manifestation géante dans les rues de Montréal, qui consacre une nouvelle revendication: la défense du droit de manifester.

Le gouvernement du Premier ministre Jean Charest a adopté vendredi dernier une loi spéciale, qui prévoit une suspension des cours jusqu'au mois d'août dans les universités et collèges touchés par la grève étudiante, une façon de casser un mouvement qui dure depuis plus de trois mois.

Si la suspension des cours a été plutôt bien accueillie au sein de la population, le reste de cette loi d'exception, notamment la restriction du droit de manifester --pour quelque raison que ce soit-- a suscité une levée de boucliers.

Car, en plus d'imposer de fortes restrictions aux libertés fondamentales, la loi prévoit des amendes de 1.000 à 5.000 dollars par jour pour les contrevenants et de 25.000 à 125.000 dollars pour les organisations, puis le double en cas de récidive.

Dès son adoption, la loi a été défiée ce week-end à Montréal et dans d'autres villes de la province, donnant une tournure plus politique et violente aux manifestations, qui ont été ponctuées de centaines d'arrestations.

Quelque 36 manifestants, pour la plupart des étudiants, sont ainsi devenus les premières personnes arrêtées en vertu de la loi, dans la nuit de lundi à mardi à Sherbrooke (sud du Québec), a annoncé la police.

A Montréal, une manifestation de plusieurs milliers de personnes s'est déroulée plutôt pacifiquement lundi soir, la police ne procédant qu'à quelques interpellations.

Des quartiers de Montréal ont aussi commencé ce week-end à vibrer au son de tintamarres de casseroles de citoyens se faisant entendre contre la loi 78 depuis le balcon de leur logement.

"Se lancer de manière précipitée dans le contrôle du droit de manifester, c'était la très mauvaise idée d'un groupe de ministres au sentiment d'assiégés", écrivait lundi un commentateur du quotidien La Presse favorable à la hausse des droits de scolarité, sujet à l'origine du conflit.

"On ne manifeste en effet plus tellement contre la hausse des droits de scolarité. On manifeste pour la liberté d'expression. On manifeste pour le droit de manifester", poursuivait le journaliste Yves Boisvert.

Un sondage publié mardi par le quotidien Le Journal de Montréal montre que si 51% de la population est d'accord avec la hausse des droits de scolarité, 53% d'entre elle estime en revanche que la loi d'exception "est beaucoup trop sévère" et 73% qu'elle ne contribuera pas au rétablissement de la paix sociale. La majorité appelle à une reprise du dialogue entre le gouvernement et les étudiants.

Des syndicats et des organisations ont annoncé leur intention de contester devant les tribunaux la loi, qui doit rester en vigueur jusqu'au 1er juillet 2013, mais cette procédure pourrait prendre plusieurs années avant d'aboutir.

La Classe, la plus radicale des organisations étudiantes en grève, a été plus directe: elle a non seulement appelé à désobéir à la loi mais a également invité les objecteurs à se porter volontaires pour des interpellations sur le site "arretezmoiquelquun.com". Plus de 3.000 personnes, photos à l'appui, avaient donné leur nom mardi matin, moins de 24 heures après le lancement de cette initiative.

Les organisateurs du rassemblement de mardi à Montréal, autorisé par la police, n'ont pas publié de prévisions d'affluence mais à en juger par deux autres manifestations précédentes, la foule pourrait dépasser les 100.000 personnes.

Des manifestations en soutien aux étudiants québécois étaient aussi prévues à New York et à Paris. Ces derniers ont également reçu le soutien de plusieurs personnalités, dont le réalisateur américain Michael Moore.

Copyright © 2012 AFP. Tous droits réservés

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 17:26

Médiapart - | Par Stéphane Alliès


Après son succès aux dernières législatives, où la coalition Syriza a obtenu 16 % des voix, et alors que la Grèce dans l'incapacité de constituer un gouvernement de coalition va revoter le 17 juin, le héraut de l’autre gauche hellène que les sondages placent en tête, Alexis Tsipras, est en quête de reconnaissance européenne. Après avoir en vain tenté de former un gouvernement après le scrutin du 6 mai, où les partis anti-austérité (gauche et extrême droite) ont été majoritaires, Tsipras espère devenir premier ministre, et prépare d’ores et déjà la suite.

Avant de se rendre mardi en Allemagne, où il rencontrera les dirigeants de Die Linke, cet urbaniste de 37 ans a passé son lundi à Paris, où il a rencontré Jean-Luc Mélenchon et Pierre Laurent, ainsi que les autres responsables du Front de gauche, avant de participer en fin de journée à un rassemblement devant l’Assemblée nationale, appelant à « changer l’Europe ». Face à plus de 200 personnes réunies sous une pluie battante, Tsipras a harangué l’assistance, en grec et avec traducteur, en promettant de « tenir bon ».

 

Alexis Tsipras 
Alexis Tsipras© Reuters

Devant de nombreux journalistes, auparavant, il a précisé son propos : « Nous voulons forcer les dirigeants européens à regarder la réalité en face, car la crise grecque concerne tout le monde. Nous voulons faire prendre conscience qu’on ne peut conduire aucun peuple en Europe à un suicide volontaire. » Pour Tsipras, la Grèce n’est pas confrontée à « un simple programme d’austérité », mais à « une expérimentation de solutions néolibérales de choc, qui a conduit mon pays à une crise humanitaire sans précédent ». Et si « l’expérimentation continue, elle sera exportée dans les autres pays européens ».

Quant à l’attitude à adopter face à l’Allemagne, Tsipras affirme : « Merkel doit comprendre qu’elle est une partenaire parmi les autres. Personne n’est propriétaire ni locataire de l’eurozone. » Et ne lui parlez pas de référendum pour sortir de la zone euro, solution à laquelle réfléchirait le gouvernement allemand, il réplique aussitôt : « La Grèce a fait don à l’humanité de la démocratie. Aujourd’hui, le peuple grec rétablit le sens et la portée de ce mot. La Grèce est un Etat souverain, ce n’est pas à Merkel de décider s’il faut un référendum ou non. Le référendum, ce seront les prochaines élections, le 17 juin. » Et selon lui, le choix ne sera alors pas « l’euro ou le drachme », mais « l’espoir ou le drame ».

La dynamique rencontrée en Grèce par la coalition de gauche Syriza semble conforter Alexis Tsipras dans sa volonté de remettre en cause en profondeur les solutions de la troïka : « Il n’y a rien à négocier dans le mémorandum, car on ne négocie pas l’enfer, et ce mémorandum conduit à l’enfer. »

« Le PS est le parti de l’alliance avec le PASOK »

Pour les alter ego français de Tsipras, l’enjeu est bien de transposer le scénario électoral grec au niveau européen, et d’abord français : « Nous lançons aujourd’hui un appel à une réorientation sérieuse de la construction européenne, explique ainsi le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent, refusant les politiques d’austérité, s’émancipant de la tutelle des marchés et respectant les votes des peuples. »

Pour Jean-Luc Mélenchon, la percée de Syriza, comme son propre résultat à la dernière présidentielle, sont autant de signes que « la chaîne de la résignation est en train de se rompre en Europe ». Pour le co-président du Parti de gauche, affichant un large sourire aux côtés de Tsipras tout au long de la conférence de presse, « en le regardant, nous nous regardons nous-mêmes ». Et même « si nous ne sommes pas identiques, estime-t-il, nous sommes comparables, notre ambition est commune ».

 

Pierre Laurent, Alexis Tsipras et Martine Billard, devant l'assemblée nationale, le 21 mai 2012 
Pierre Laurent, Alexis Tsipras et Martine Billard, devant l'assemblée nationale, le 21 mai 2012© S.A

Devant la foule de parapluies massés devant l’Assemblée nationale, il a aussi lancé : « En 2009, Syriza faisait 4,5 %. Mais ils ont tenu bon, sans faire la moindre concession face à la ligne capitularde du PASOK (le parti socialiste grec - ndlr) » La venue en France de Tsipras permet aussi à Mélenchon de critiquer le PS, coupable à ses yeux d’« ostracisation ». « Ce n’est pas convenable. Il vient ici chercher une écoute et la solidarité de la gauche, la camaraderie, l’internationalisme, devraient au minimum se mettre en branle, lâche-t-il. Mais il n’est même pas reçu à Solférino. Le fait qu’il n’y ait pas de curiosité à son égard montre combien le PS est le parti de l’alliance avec le PASOK, le parti du mémorandum. »

La critique vaut aussi pour les dirigeants européens. « Ils devraient faire preuve de réalisme, accepter l’idée d’une victoire de Syriza, et se préparer à la comprendre, au lieu de menacer le peuple grec », assène Mélenchon. « Il nous faut construire un front européen contre le merkelisme, ajoute-t-il. Mais pour saisir cette opportunité, il ne faut pas que François Hollande commence à céder. » Alexis Tsipras, lui, se fait plus diplomate avec le nouveau président français. « Nous comprenons qu’il n’accepte de rencontrer que des chefs d’Etat, explique-t-il. Mais il faudra que ce qu’il disait avant d’être élu soit toujours valable après. Car si les Français ont envoyé Sarkozy en vacances au Maroc, c’est pour faire une autre politique. Sinon, il sera effectivement Hollandréou. »

Et le leader de Syriza de paraphraser le François Hollande du Bourget : « Notre adversaire n’a pas de visage, pas de programme, pas de parti, mais c’est lui qui nous gouverne. Il s’agit du capital. » Comme pour souligner que les deux gauches peuvent parfois tenir le même discours.

 

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 17:17

 

Le Monde - blog - 22 mai 2012

 

Manifestation contre la réforme du travail en Espagne. Madrid, le 19 février 2012.  

De la maternelle à l'université, l'enseignement en grève en Espagne Post de blog

“Notre éducation est l'avenir de nos enfants”, “l’éducation est un droit, pas un business”, “Non à la brutale augmentation des droits universitaires”. “Pour une éducation publique, laïque et de qualité”... Dans 14 régions espagnoles, des manifestations ont été organisées, mardi 22 mai, contre les coupes budgétaires qui affectent l’enseignement cette année.

Pour la première fois, tous les niveaux scolaires sont concernés par l’appel à la grève. De la maternelle à l’université en passant par les collèges et lycées, ce sont plus de six millions d’élèves et leurs parents et 600 000 professeurs qui sont appelés à manifester leur colère contre "une attaque contre l’État-providence", contre "l'avenir des prochaines générations" et la "justice sociale que garantit l'éducation laïque et gratuite".

A Barcelone, les manifestations ont rassemblé cet après-midi sous l’œil vigilant d'un fort dispositif policier près de 150 000 personnes selon les syndicats, 25 000 selon les autorités. A Madrid, la manifestation devait débuté à 18h30.

En moyenne, les syndicats estiment que le suivi de la grève est de 80% (contre 19% selon le gouvernement) et expliquent ce succès en rappelant qu’il s’agit d’une “grève sociale, non pas professionnelle, bien qu’il y ait aussi des raisons pour cela.” Une allusion à la baisse de salaires des enseignants, qui ne fait pas partie des motifs d'organisation de la grève pour ne pas en faire une manifestation corporative.

Ce que critiquent les enseignants, les parents d’élèves et les étudiants est la dégradation des conditions d’éducation. L’augmentation des heures de cours impartis par les professeurs, l’augmentation du nombre d’élèves par classe, la hausse des droits universitaires de 50% mais aussi l’ambiance qui règne dans les collèges. Tout le monde se souvient de ces images de jeunes élèves qui assistaient aux classes munis de couverture en février dernier, parce que certains établissements n’avaient pas de quoi payer le chauffage.

Depuis, le gouvernement a certes réglé le problème du chauffage en avançant des fonds aux régions pour qu’elles paient les prestataires de services. Mais il a aussi lancé un plan qui prévoit trois milliards d’euros d’économies cette année avec, en théorie, des mesures que peuvent ou non appliquer les régions autonomes, qui détiennent la compétence en la matière. Dans la pratique, la majorité d'entre elles étant gouvernées par les conservateurs du Parti populaire, comme le gouvernement central, elles n'ont pas tardé à les faire leurs. Les autres régions n'ont guère d'autre choix que de suivre le mouvement afin de réduire leur déficit public au niveau exigé par Madrid et éviter que l’État prenne la main sur leur finances publiques.

“La réforme de l’éducation porte atteinte à la logique de la compétitivité, c’est un désinvestissement dans l'avenir et cela porte atteinte à l’accès universel à l’éducation et à la justice sociale”, critique le recteur de la faculté d’économie de Valence, Vicent Soler.

Le Parti socialiste estime que les dernières mesures d’économies dans l’enseignement supprimeront 40 000 emplois, principalement de professeurs intérimaires mais aussi des professionnels chargés d’activités extra-scolaires, réduites à peau de chagrin, tandis que les syndicats estiment que 100 000 emplois seront détruits. Au Congrès des députés, plusieurs élus, dont ceux de la Gauche unie (écolos-communistes) portaient mardi les tee-shirts verts symboles de la défense de l'éducation.

Entre 2010 et 2015, selon le quotidien El Pais, le poids de l’investissement public  dans l’enseignement aura été réduit de 4,9% à 3,9% du produit intérieur brut (PIB), alors que l’Espagne est déjà en dessous de la moyenne européenne dans ce domaine. Son taux d'échec scolaire, lui, est le double de la moyenne européenne : 26%.

Sandrine Morel


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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 17:11

 

Le Monde.fr avec AFP | 22.05.2012 à 18h29 • Mis à jour le 22.05.2012 à 18h29

Environ 25 000 personnes ont défilé à Barcelone, selon la police, plus de 150 000 selon les organisateurs.

Plusieurs dizaines de milliers de professeurs, parents, étudiants et écoliers ont défilé mardi 22 mai à Barcelone, comme dans d'autres villes d'Espagne, dans le cadre d'une journée nationale de grève contre les coupes dans l'éducation.

La grève a été suivie dans le pays à 80 % selon les syndicats d'enseignants et les associations de défense de l'éducation publique qui organisaient la journée d'action, à 19,41 % selon le ministère de l'éducation. Avant une manifestation prévue à Madrid dans la soirée, environ 25 000 personnes ont défilé à Barcelone, selon la police, plus de 150 000 selon les organisateurs.

En tête de cortège, des enfants de six ans brandissaient une pancarte colorée tandis que d'autres agitaient des panneaux où était écrit : "contre les coupes dans l'éducation", "couper c'est voler". "Education publique de qualité !", "Non à la privatisation", scandaient les manifestants dont certains étaient venus en famille tandis que des enseignants arboraient des chemises jaunes sur lesquelles était écrit "SOS éducation publique".

 

"CELA NOUS TOUCHE TOUS"

"Il se s'agit pas seulement des professeurs et des élèves. Cela nous touche tous. J'ai travaillé jusqu'ici comme concierge, ce qui m'a permis d'envoyer ma fille à l'université. Mais est-ce que ses enfants vont pouvoir étudier ?", s'interrogeait Rogelia Fortuna, une retraitée de 65 ans.
 

"Nous sommes tous obligés de descendre dans la rue et de crier pour réclamer une éducation et une santé de qualité, comme on a eu jusqu'à maintenant", témoigne de son côté Joanna Marti Virgili, étudiante en philosophie de 29 ans.

Avec les mêmes slogans et la même détermination, ils étaient également plusieurs milliers à défiler dans plusieurs autres villes du pays dont Séville, Saragosse, Valence ou encore Santander. Au total, 7,5 millions d'élèves et d'étudiants, ainsi que 1,5 million d'enseignants étaient appelés à la grève dans tout le pays, selon les organisateurs.

L'Espagne s'est engagée à ramener à 5,3 % du PIB son déficit public en 2012, après avoir revu à la hausse celui de 2011 à 8,9 %. Dans le cadre de sa politique de rigueur vivement critiquée par l'opposition de gauche et les syndicats, le gouvernement conservateur cherche à économiser trois milliards d'euros par an dans le secteur de l'éducation et sept milliards dans celui de la santé.

 

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22 mai 2012 2 22 /05 /mai /2012 17:03

End of the Wave

In #globalrevolution, Athens, March to Athens, Sol on 20 May 2012 at 22:33


Athens, May 20

Dear people,

Our tribe is settling down. We are starting to adapt to the comforts and complications of sedentary life. A new cycle has begun, an old one has been concluded.

We have running water, we have electricity, we have four stories and a roof terrace in the middle of the anarchist quarter of Exarchia. We are not in a hurry to move.

Most of us are waiting for the trial of our comrades who got arrested for occupying Syntagma. After that, there are no limits, no borders.

North, East, South, West. Some of us want to go cycling to France through the Balcans, or hitch hiking through Iran to China, or sailing to Alexandria, or flying back to Spain to occupy Plaça Catalunya, or the Puerta del Sol. The sense of freedom is overwhelming.

It’s too much. I have to sit down for a moment. I want a sofa, a pile of straw, a hammock, or why not? – a real bed! Before I do anything, I need time to reflect. This is already the beginning of another story. The first year is over. We were a wave, and now we are backwash on the beach.

On Syntagma

Washing day at the squat

So I ask myself, what on earth happened this past year? The last thing I remember is that I had embarked on a quiet life as a goat shepherd in Andalusia, which I combined with a translation assignment from a Dutch editor. I was living the rhythm of the season on the land, I was learning to make cheese.

Then it started. We all called it a revolution.

When I came out of the metro station and on to the Puerta del Sol on May 21 at dawn, it was reflection day before the local elections. There were hundreds of people camping out on the public square, demanding direct democracy and a whole lot more.

This wasn’t just going on in Madrid, but all over the country. It was spreading over other nations, over other continents.

There was no central organisation, it had come as a complete surprise to everyone, and I found myself right in the middle of it. I had to stay, I had to be part of this. I felt the pulse of history.

When I sat down in the tent of the Communications commission under the backside of the equestrian statue in Puerta del Sol, I was pretty sure that it could take some time before I would go back to being a shepherd.

Now I’m here in the squat in Exarchia with my revolutionary brothers and sisters. I occupy the sofa, I’m not planning to move, and for the moment I only recall isolated images of last year.

The siege of parliament and the bowl of salad floating over the crowd. The drums of the Basque column arriving in Segovia. The advance to Paris and the surprise assembly on Place de la Bourse. The dice wars in Revolutionary Headquarters Brussels. The occupied Christmas tree on St. Peter’s square in Rome. The snow in Naples. The phantom village in the Apennine mountains. The shores of Greece. The alleys of Agrinio.

And most of all, the people.

I have started to forget their names by the dozens, but I recall the faces. Hundreds, thousands probably. All over the world we were millions. This was the year of the people. This was the year of Sol, the rising sun.

Assembly of Greeks on time banking at Thisio

Comrades Mami and Valentina

On Exarchia square.

I have followed the events daily from as close by as I possibly could without losing focus. I rode the wave of this movement from the magic start in Puerta del Sol, all through Europe on foot to Brussels and Athens. And I’m happy that I did. The amount of things I witnessed and experienced was more than enough to fill a lifetime.

I leave this account. It’s jotted down the way it came. It wasn’t written from the perspective of a journalist or a historian. I didn’t try to be objective, I couldn’t. I’m a revolutionary, and I’m a narrator. I wrote this story to capture the spirit of the moment, day after day. And it turned out to be more than just one kind of story.

It’s the chronicle of a utopian village in the center of Madrid. It’s a revolutionary manifesto. It’s an adventure tale, complete with sequel. It’s a sociological study into human interaction and self organisation. It’s an anthropological study into the functioning of an urban nomadic tribe. It’s a practical guide to assemblary politics and manipulation. It’s a travel account through time and space. Occasionally, it carries hints of mystery and fairytale.

We sit on the sofa in Exarchia. It’s over. But we can just keep on going if we want to. No destination on earth is too far to get there on foot.

We could also go home, back to reality.

“Reality?”

“Yes, as in working fixed hours to pay for a rent or a mortgage.”

“Do you want to go back to that after all that has happened?”

It’s the big question that has been bothering every one of us. And most of us know that it’s impossible. We cannot go back to reality. Not until we give shape to reality ourselves.

***

Lady Anarchy. Photo by comrade Lorenzo

Post scriptum.

This ends my account of the march and the first year of revolution. I hope to put it up soon in a chronological and more accessible format. In the meantime I will take a break to rest and reflect. I will keep reporting on the movement, and on my adventures for as far as they are of public or revolutionary interest. Thank you all for reading. It has been a pleasure to write.

Yours truly,
Oscar

 

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21 mai 2012 1 21 /05 /mai /2012 21:50

 

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=NtY6S6TpyDw

 

 

Publiée le 20 mai 2012 par 99pourcentQC

Toutes et tous à la Place des Festivals, à Montréal, mardi le 22 mai à 14h00.

 

"Un grand tonnerre"
Un texte de Christian Nadeau, professeur de philosophie à l'Université de Montréal

Interprété par Christian Bégin et Dominique Leduc

Prise de son: Jean Gaudreau

Montage audio/video: Eric Robertson et Bérénice Steevenson

 

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