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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 14:12

 

Marianne - Lundi 2 Juillet 2012 à 05:00

 

Philippe Murer - Tribune

 

«Françaises, Français, faites des économies, pour que nous achetions de la dette italienne sur les marchés !» Philippe Murer, professeur à la Sorbonne et membre du Forum démocratique dénonce un abandon de l'économie réelle à une spirale négative de rigueur et de chômage.

 

( Euro - Fluger Rene Horazny Jose/AP/SIPA)
( Euro - Fluger Rene Horazny Jose/AP/SIPA)

Françaises, Français, faites des économies, pour que nous achetions de la dette italienne sur les marchés !

Le sommet européen a débouché sur un accord d’union bancaire et d’une surprise : les gouvernements européens ont signé un accord pour acheter de la dette de pays en difficultés (dette italienne et espagnole) si jamais ceux-ci se sont comportés en bon élève (si l’Espagne et l’Italie ont respecté la règle d’or, tout fait pour être dans les clous et que les marchés les punissent malgré tout avec des taux élevés).

François Hollande demande aux Français d’économiser milliard après milliard et de saborder ainsi l’économie française puisque :
- L’investissement des entreprises est en baisse
- La consommation est au point mort avec un pouvoir d’achat en baisse et des licenciements
- Les dépenses de l’Etat seront réduites après inflation de 2% par an
- Une demande extérieure en baisse avec nos principaux partenaires européens qui ont la même politique de Gribouille

Ce qui implique automatiquement une récession avec toutes les composantes de la croissance négatives.
 
Si jamais cette politique aboutit comme il se doit à une dépression généralisée en Europe à partir de septembre, et que les marchés continuent en réponse à faire monter les taux espagnols et italiens, l’Europe jettera ces milliards patiemment économisés dans les marchés financiers ou se traitent 2.800 milliards de dette italienne et de dette espagnole ! C’est le projet. On ne prêtera même pas à l’Italie et à l’Espagne cet argent, on rachètera de la dette sur les marchés financiers à des assureurs ou banquiers en difficulté.

Comme en septembre, on se retrouvera avec une économie réelle en récession avancée, un nouveau sommet de crise se tiendra pour pousser Mme Merkel à demander à la BCE un prêt (au MES) pour acheter de la dette italienne et espagnole. Et là, que fera Mme Merkel ? Le minimum comme d’habitude pour tenir le système quelques mois de plus ?

Mais pendant que nos dirigeants font tout pour calmer les marchés, l’économie réelle, celle que subissent tous les Français au jour le jour, est abandonnée à sa spirale négative. Et il est à peu près certain que nous allons rentrer en dépression en septembre ou en décembre. Cette politique économique est immorale vis-à-vis des Français à qui on demande des efforts et à qui l’on propose plus de rigueur, plus de chômage, moins d’espoir. 

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 14:04

 

Rue89 - Témoignage -Francis Dupuis-Déri- 
02/07/2012 à 11h44
Depuis février 2012, la grève étudiante en réaction à la hausse de 75% des droits de scolarité à l’Université ne s’essouffle pas. Une grève dont il était difficile de prévoir qu’elle se transformerait en vaste mouvement populaire.

En réaction à la Loi spéciale 78, qui limite le droit de manifester et d’association, le bruit des casseroles a commencé à se faire entendre dans des quartiers jusqu’alors apolitiques. Et voilà que sont lancés, depuis la fin mai, des appels à des assemblées populaires de quartier.

Au départ, quatre voisines et voisins qui boivent quelques bières le soir sur leur balcon, discutant de la grève étudiante et s’inquiétant de son possible essoufflement. La question : comment maintenir la mobilisation ou même provoquer sa relance ?

Sont alors évoquées des pique-niques politiques qu’organisent des militantes et militants dans un quartier voisin, et surtout les assemblées de quartier en Argentine, lors de la crise financière il y a plus de dix ans. Personne sur ce balcon n’y a participé, mais on en connaît l’histoire, à tout le moins sous forme de mythe.

L’idéal démocratique retrouvé sous forme participative

L’idée émerge alors d’appeler une assemblée de quartier, à Montréal. D’autres bières sont ouvertes, un ordinateur allumé et la rédaction collective de l’appel est bouclée rapidement. Le lendemain, des tracts sont distribués dans les boîtes aux lettres et des affiches apparaissent sur la rue.

Une première assemblée aura lieu dans le petit parc Hector Prud’homme, du quartier Rosemont/Petite-patrie, le samedi 26 mai. Environ 150 personnes ont répondu à l’appel, tiennent assemblée et décident de se revoir, le samedi 2 juin.

Il y a bien là une réappropriation de l’idéal démocratique qui se conjugue ici sous sa forme participative et directe. D’ailleurs, lors des premières discussions libres, on débat du sens du mot « démocratie ». A un résident qui appelle à la mobilisation « des jeunes » aux prochaines élections provinciales, un autre répond que « la démocratie, c’est ici ; ce n’est pas élire quelqu’un pour nous gouverner ».

Fait cocasse : quelques jours après cette première assemblée, des affiches apparaissent appelant à la tenue d’une assemblée de quartier le 10 juin… Il s’agit d’une initiative lancée par d’autres voisins, eux aussi réunis un soir sur un balcon pour boire des bières, et qui ont eu exactement la même idée ! Une preuve que ce désir de se réunir en assemblée était bien partagé.

Des agoras populaires dans la rue

Rapidement, le compte-rendu de la première assemblée du 26 mai circule par courriel, accompagné d’une invitation à reproduire l’expérience un peu partout. La fin-de-semaine suivante, le 2 juin, plusieurs assemblées se tiennent. Il y a eu depuis des Assemblées populaires autonomes de quartier (APAQ) dans au moins huit quartiers de Montréal, et ailleurs au Québec dans les municipalités de Gatineau et de Mont-St-Hilaire.

Il ne s’agit pas encore d’un vaste mouvement de masse, mais le phénomène est tout de même étonnant, et dénote une volonté de vivre la démocratie autrement, réellement. Alors qu’au début de la grève, le mouvement est passé de l’agora étudiante (les assemblées générales étudiantes) à la rue, c’est maintenant la rue (les manifestations de casseroles) qui se dote d’agoras populaires.

Chaque assemblée est différente. Certaines comptent une trentaine de participantes et participants, alors que d’autres en comptent une centaine. Après avoir rappelé qu’elle se tient sur un territoire dérobé au peuple Mohawk, l’animatrice de la première assemblée de Rosemont/Petite-patrie a expliqué qu’il s’agit d’un espace non partisan, où la parole doit circuler de manière égalitaire, c’est-à-dire non-raciste et non-sexiste. La parole sera d’ailleurs accordée en priorité aux personnes qui s’expriment pour la première fois et en alternance homme et femme.

Pas de préfabriqué pour constituer une démocratie directe

Après une période de discussion libre sur la situation politique et sociale, l’assemblée se divise par affinités en sous-groupes ou « comités », pour discuter de répression policière, de mobilisation locale, d’éducation populaire, d’activités festives, d’action politique.

Ces comités vont se développer sur une base permanente, étant à la fois liés à l’assemblée et pourtant autonomes. D’autres assemblées se sont dotées d’un groupe de réflexion politique. On parle parfois de s’approprier un espace qui serait autogéré. D’autres discutent de la rédaction d’un manifeste des assemblées.

Quelques débats plus tendus portent sur le rôle que devraient jouer, ou non, les assemblées lors de ces élections, ou encore des possibilités d’arrimage, ou non, avec le réseau Occupy. Des tensions surgissent aussi au sujet de la meilleure structure a adopter pour faire fonctionner l’assemblée et ses comités : il n’y a pas de modèle préfabriqué pour constituer une démocratie directe. Par définition, ce sont celles et ceux qui y participent qui doivent s’entendre pour la constituer selon leur volonté.

Et de l’agora, retour à la rue. La veille de la fête nationale du Québec, le 23 juin, des assemblées ont appelé à une mobilisation inter-quartiers des casseroles. Cette manifestation a marché jusqu’au centre ville de Montréal pour rejoindre la manifestation nocturne.

Mais avec l’été qui est définitivement arrivé et les vacances qui approchent, personne ne peut prédire si la mobilisation se maintiendra, que ce soit sous forme de manifestations ou d’assemblées.

Mais déjà, l’automne québécois s’annonce chaud.

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 13:52

 

 

Big compteur 02/07/2012 à 13h08
Elsa Fayner | Journaliste Rue89Imprimer
 

Une pomme de douche (Viditu/Flickr/CC)

 

Vous vous êtes douché en rentrant du boulot et vous prenez une autre douche vers 23 heures ? Vous avez sans doute fait l’amour.

Vous allumez le chauffage toute la journée aujourd’hui : vous êtes peut-être malade.

Vous consommez subitement une grande quantité d’eau chaude ? Si un meurtre sanglant a eu lieu dans votre village, vous pourriez être suspecté.

Alors que le gouvernement débat avec GDF Suez sur le prix du gaz, qui devrait augmenter de 5% ce lundi 2 juillet, une évolution est passée sous silence : les distributeurs de gaz encouragent de plus en plus leurs clients à s’équiper de « compteurs intelligents » ou « compteurs communicants ». Raison avancée : réaliser des économies d’énergie.

Qui peut avoir accès à ces données ?

Ces petits boîtiers permettent de savoir quand vous utilisez le gaz pour prendre une douche, pour faire la vaisselle, pour vous chauffer, cuisiner, etc.

Ils savent évidemment quelle quantité vous consommez, à quel moment. Bref, quelles sont vos activités, et quand vos habitudes changent. Le compteur intelligent envoie par ondes radio – c’est la formule retenue en France – les informations à un système national qui regroupe l’ensemble des informations remontées chaque jour.

Qui peut avoir accès à ces données ?

  • vous, ce qui vous permet de contrôler votre consommation. On pourrait même imaginer un relevé régulier en euros plutôt qu’en kW ;
  • le distributeur de gaz que vous avez choisi (le secteur est ouvert à la concurrence en France depuis 2007 pour les particuliers). Le système lui permet de mettre fin aux relevés physiques effectués par des opérateurs, mais également aux estimations de consommation, qui sont pour l’instant nécessaires pour des paiements mensuels, avec des rectifications chaque année.

Mais ce n’est pas tout.

Avis alarmiste du Contrôleur européen

Le précédent des compteurs électriques intelligents

L’association de consommateurs UFC-Que choisir ? a saisi le Conseil d’Etat suite à la généralisation du compteur électrique intelligent d’ERDF, au doux nom de Linky, pour trois raisons : il n’y a pas eu d’évaluation probante préalable ; les compteurs communicants ne permettent pas aux consommateurs de « mieux connaître leur consommation d’énergie en temps réel et ainsi de la maîtriser ». Pour maîtriser sa consommation d’électricité, explique l’association, il est indispensable de disposer, dans l’espace de vie, d’informations en temps réel sur sa consommation ainsi qu’un bilan de sa consommation ; le consommateur n’a pas accès à toutes les informations recueillies.

 

Le 8 juin 2012, le Contrôleur européen de la protection des données (CEPD) a adopté un avis sur la recommandation de la Commission européenne relative à la préparation de l’introduction des systèmes intelligents de mesure, pour toutes les énergies. Un avis plutôt alarmiste :

« Alors que le déploiement à l’échelle européenne des systèmes de compteurs intelligents peut apporter des avantages significatifs, il permettra également la collecte massive de données à caractère personnel pour suivre ce que les membres d’un ménage font dans l’intimité de leurs maisons, s’ils sont en vacances ou au travail, comment ils utilisent leur temps libre [...]

Ces modèles peuvent être utiles pour l’analyse de la consommation à des fins d’économies d’énergie, mais en corrélation avec des données provenant d’autres sources, le potentiel d’une large exploration de données est très important. Les modèles et profils peuvent être utilisés à de nombreuses autres fins, y compris le marketing, la publicité et la discrimination de prix par des tiers. »

Le Contrôleur européen invite la Commission européenne à évaluer si des mesures législatives supplémentaires sont nécessaires au niveau de l’UE pour assurer la protection adéquate des données personnelles. Le CEPD recommande notamment que les Etats établissent des orientations sur :

  • la fréquence des relevés de compteurs,
  • la durée de conservation des données,
  • la remise aux consommateurs de la logique de tous les algorithmes utilisés pour l’exploration de données.
Voir le document

(Fichier PDF)

Dans un document de 72 pages dédié aux compteurs communicants, GRDF, la branche distribution de GDF, mentionne le « traitement de la confidentialité des données ». Le distributeur y consacre une demi-page, pour rappeler ses discussions avec la Commission nationale de l’informatique et des libertés (Cnil) et sa volonté d’« anticiper au maximum la prise en compte des différents objectifs de confidentialité et de sécurité dans la définition de la solution de comptage évolué, et ce malgré le surcoût occasionné par certains dispositifs ». Sans plus de précisions.

Bientôt généralisés en France ?

En France, la « télérelève » est mise en place depuis 2006 pour les 4 000 gros clients industriels de GRDF. Elle a été décidée en 2009 pour les 100 000 entreprises clientes, explique GRDF sur l’un de ses sites. Restent les 11 millions de clients particuliers.

Suite à une demande de la commission de Régulation de l’énergie (CRE), des expérimentations ont été menées dans quatre villes pilotes, jusqu’à juin 2011. Jugeant leurs résultats convaincants pour maîtriser la demande d’énergie, la CRE a proposé de généraliser le compteur gaz communicant dans une délibération publiée fin juillet 2011.

De nouvelles décisions devraient être prises mi-2013 pour envisager un déploiement généralisé, entre 2014 et 2020.

Une ZenBox qui photographie les intrus

D’ores et déjà, GFD Suez Dolce Vita propose sur son site internet une ZenBox à ses clients, qui permet une télérelève de gaz naturel et d’électricité, avec, en bonus, une sonde de température intérieure. Le tout pour 8,50 euros par mois.

Etrangement, en option, est proposé sur la même page un autre kit. Un kit télésurveillance, qui fait des miracles :

« Votre boîtier DolceVita ZenBox est relié en permanence au centre de surveillance EPS, prêt à vous alerter par téléphone en cas d’intrusion et à prendre les dispositions d’urgence. »

Le boîtier détecte les mouvements chez vous (il faut ensuite vérifier que ce n’est pas vous). Il prend même des photos des intrus. Curieuse alliance de services.

Il y aurait aujourd’hui 8,5 millions de compteurs intelligents de gaz dans le monde, estime Pike Researche, cabinet de recherche et de conseil en technologies vertes. Et 36 millions sont à prévoir en 2016.

 

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2 juillet 2012 1 02 /07 /juillet /2012 13:46
Rue89 - Yetiblog.org - Publié le 01/07/2012 à 15h25

 

« Quand t’es dans le désert depuis trop longtemps », comme disait la chanson, t’es prêt à gober n’importe quel mirage, pourvu que celui-ci te donne l’illusion de pouvoir te sortir du guêpier immensément désolé où tu t’es fourré. Le dernier mirage à la mode, dans le champ de ruines européen, c’est la marche inéluctable vers le fédéralisme.

Une tour de contrôle hors de contrôle

Encore faudrait-il savoir de quel fédéralisme on cause ! S’agit-il d’un fédéralisme tournant autour de ce traité de Lisbonne vicelard à souhait pour éviter tout contrôle démocratique de la nébuleuse systémique néolibérale ?

Pour l’heure, ce que l’on constate, c’est la dérive perverse de vouloir mettre sous le contrôle technocratique de Bruxelles, toutes les politiques budgétaires, tous les régimes fiscaux, toutes les organisations financières, toutes les réformes institutionnelles des Etats membres d’une Union européenne exsangue.

Dirigée par qui, cette tour de contrôle obscurantiste ? Par quatre mousquetaires, sans mandats du peuple, d’instances européennes vouées aux vents mauvais des lobbies : MM Barroso (Commission européenne), Draghi (BCE), Juncker (Eurogroupe), Van Rompuy (Conseil européen).

Quelques expériences de direction technocratique viennent d’être menées sous la baguette cinglante de notre austère quatuor. En Grèce et en Italie, avec ce Mario Monti dont le dernier exploit est une réforme du code du travail – en bref, la suppression des dernières protections sociales transalpines – offerte en sacrifice expiatoire aux « marchés » juste avant le sommet européen.

L’angélisme du fédéralisme démocratique

Ah pourtant, elle est tentante cette idée d’une union fédérale de tous les peuples du Vieux continent, enfin unis main dans la main face à l’adversité et aux sournoiseries des blocs d’en face ! Démocratique en diable, bien évidemment.

Nos quatre grigous à costume d’enterrement ne se privent pas d’agiter leurs mielleux appeaux, bouches en cul de poule. Au point d’y engluer encore les plus réfractaires d’entre nous. Comme notre Mélenchon national ou le Tsipras grec. L’Europe, nous ne la quitterons jamais ! Qui ne se laisse jamais prendre à ces fumées avec un délice un brin coupable ? Qui ne VOUDRAIT pas y croire ?

Mômes que nous sommes ! Aussi naïfs et angéliques qu’un valeureux groupuscule de gauchistes en attente d’un Grand soir improbable ! Non, nous n’allons pas quitter l’Europe, c’est l’Europe qui va nous quitter. Cette Union européenne en train de se désintégrer.

Il n’y aura pas dans un proche avenir de fédéralisme démocratique européen. On ne concrétise pas une noble idée lors d’un mouvement de fuite et de panique. Comme toujours dans l’Histoire, chacun va devoir retourner mettre un peu d’ordre dans sa maison ravagée. En espérant que ce ne soit pas avec la Le Pen comme femme de ménage.

« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, soit elle recourt à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit à la délégation de ses pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle au nom de la technique exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement une politique au sens le plus large du mot, nationale et internationale. » (Pierre Mendès France, janvier 1957, à propos du futur « marché commun ».)

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 16:37

 

Certains commençaient à en douter, d’autres le voyaient remis  à plus tard ou aux  calendes grecques, d’autres encore en attendaient une mouture petit-bras. Eh bien non ! Le Conseil de l’Europe a tenu bon et a convaincu ses partenaires.

Qu’on se le dise : Le Forum Mondial de la Démocratie aura bien lieu à Strasbourg du 5 au 11 octobre 2012.

A l’horizon se profile, pour l’événement, une récurrence, une notoriété et une aura comparables à Davos ou Porto Alegre. Avec des objectifs  et un fonctionnement  bien différents évidemment. Et il y aura du beau monde et même, au moins un roi (Abdullah II de Jordanie), comme dans « la marche des rois » de l’Arlésienne de Bizet. « De bon matin, j’ai rencontré le train de trois grands rois qui…. », des présidents aussi, y compris François Hollande bien sûr, le secrétaire général de l’ONU, des ministres, des savants ou experts de toutes disciplines, des artistes…

Rien de totalement définitif pour ce qui concerne le programme  et les intervenants dont la liste est longue et comporte des noms très prestigieux. Cela ne peut que s’enrichir, nous dit-on.

 

 

Doit-on le nommer ainsi désormais ? WFD ? Why not, pourquoi pas ? On a bien dit « mondial ». La version en français existe bien sûr mais le forum déborde forcément de l’hexagone et loin, loin. Et puis il y aura les traductions (les deux langues officielles du Conseil étant le français et l’anglais).

 

Les puissances invitantes

Elles sont représentées par :

Thorbjoern Jagland, Secrétaire Général du Conseil de l’Europe

Laurent Dominati, représentant permanent de la France auprès du Conseil de l’Europe 

Roland Ries, Sénateur-Maire de Strasbourg

Philippe Richert, président du Conseil Général d’Alsace

Guy-Dominique Kennel, président du Conseil Général du Bas-Rhin.

Ce sont là les chefs des institutions qui participent au financement de cette grande fête studieuse, sans clivage, fort « démocratiquement » pour la circonstance. D’ailleurs, vraisemblablement cet aspect financier a-t-il obéré quelque temps la mise en route déterminée et efficace du projet.

Période électorale ! En Alsace pourtant les oppositions sont loin d’être féroces.

En effet, la période électorale qu’on vient de vivre, et dans laquelle l’Alsace ne montre pas une grande homogénéité politique, explique grandement les atermoiements, les réserves, les hésitations prudentes. En cause, surtout, le fameux contrat triennal avec l’Etat dont bénéficient, sous forme de dotations substantielles, les collectivités territoriales et surtout la Ville pour leur rôle européen. Pour 2012-2015, il était en suspens, bien que promis fermement « dans l’alternance » possible. M. Laurent Dominati a dû « tamponner » habilement entre le Conseil et les autres partenaires ! L’Etat français respecterait son engagement certes mais quand ? combien ? selon l’élu puis les élus ?

Laissons cela pour une analyse prochaine.

 Le fond est plus important que le fonds pour l’existence même de ce forum. La cause est belle et recueille le consensus.

 Sa réussite peut en outre changer la donne la prochaine fois, car cette ambition est affirmée, en mobilisant peut-être des contributions privées de grandes firmes mondiales, en mécénat. Elles aussi sont confrontées aux problèmes des réalités politiques dans les pays où elles sont installées.

La démocratie à l’épreuve. Entre modèles anciens et réalités nouvelles

 Sous ce titre bien trouvé car il ne s’agit pas de faire une apologie béate de la démocratie idéale, sont regroupés les thèmes les plus divers qui s’articulent autour des « valeurs universelles, les défis globaux et les réalités régionales » dont voici un aperçu :

-       Les marchés ont-ils besoin de la démocratie et réciproquement ? En session plénière.

-       Quelle démocratie après les printemps arabes ?

-       Démocratie : valeur universelle ?

-       Valeurs virtuelles et nouveaux réseaux sociaux

-       Un modèle pour tous ? Démocratie et mondialisation

 

Après chaque table ronde où siègent près d’une dizaine d’intervenants, a lieu un débat avec les participants. On en tire ensuite les conclusions, compte rendu final en quelque sorte.

Des ateliers parallèles se tiennent sur les principaux axes du forum. Par exemple, sur le thème de « démocratie : valeur universelle » s’articuleront deux grandes questions : sphère publique/sphère privée et donc, le religieux dans l’espace public démocratique.

Ou encore la question « du vivre ensemble » en présence d’identités multiples.

Si on y ajoute qu’en soirée, dans divers lieux de la ville de Strasbourg et des environs, des personnalités participant au Forum animeront des débats publics, « Strasbourg sera une fête », en plagiant Hemingway.

En préambule, dès le vendredi 5 aura lieu, au Palais, l’Assemblée des Jeunes : 150 jeunes débattront des nouvelles formes de participation. Cela promet.

On pourra peut-être regretter que la société civile, à travers les associations, ne soit pas plus impliquée et mise à contribution. Ne peut on imaginer que, pour la circonstance, les boulangers  cuisent un pain spécial-forum, que les restaurateurs proposent un menu spécial-forum, que des orchestres donnent un concert spécial-forum et bien d’autres «  spécial-forum » ? Les associations sont bien vivantes et productives en Alsace et chez les voisins allemands mais le temps est compté. Mais là ce n’est pas du ressort du Conseil.

 Trois mois grignotés par les vacances, c’est peu.

Antoine Spohr

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:51
| Par Joseph Confavreux

 

Si la gauche revenue au pouvoir ne paraît pas prendre la mesure des transformations qu’elle doit mener, et des attentes qu’elle doit combler, est-ce parce que nous manquons de critique sociale ? Le sociologue Philippe Corcuff s’interroge, dans son dernier livre Où est passée la critique sociale ? Penser le global au croisement des savoirs, paru aux éditions La Découverte, sur l’éparpillement et les difficultés des pensées critiques. Un ouvrage qui est à la fois un discours de la méthode et un manuel de savoir s’engager.

Philippe Corcuff est maître de conférences à l'Institut d'Études Politiques de Lyon, chercheur au Centre de recherche sur les liens sociaux (Université Paris Descartes/CNRS), membre du comité scientifique de l'association Attac, et également bloggeur sur Mediapart.

Ce n’est encore qu’un premier sentiment, mais on a l’impression que la gauche revenue au pouvoir se contente déjà de mesures timorées, sans prendre en compte une critique sociale réelle. Cela s’explique-t-il d’abord par le comportement de cette gauche menée par un PS qui n’aurait pas profité de sa cure d’opposition pour renouveler son logiciel idéologique, ou plutôt par la faiblesse de la critique sociale aujourd’hui ?

Cela se joue dans l’écart qui s’est constitué entre les trois piliers que sont le champ politique institutionnel, les mouvements sociaux et les milieux intellectuels. Le champ politique institutionnel a des liens de plus en plus en faibles avec les mouvements sociaux critiques, parce qu’il se situe dans un esprit plutôt gestionnaire. La gauche institutionnelle s’est aussi éloignée des secteurs intellectuels critiques et est dominée par une pensée technocratique de l’expertise. Elle cherche comment réparer des bouts de tuyaux des machineries qui nous dominent sans s’interroger sur les machineries elles-mêmes.

Dans le même temps, les milieux intellectuels critiques ont été marqués par un mouvement de spécialisation des savoirs et d’enfermement universitaire qui éloigne de la cité. La pensée critique existe donc, mais elle apparaît moins connectée à la politique institutionnelle comme aux mouvements sociaux. Paradoxalement, la gauche arrive au pouvoir à un moment où elle est affaiblie sur le plan intellectuel, au sens où elle tend à circuler automatiquement sur des rails non réfléchis de manière globale.

Quels sont les contours de cette « critique sociale » dont vous vous demandez où elle est passée ? Est-ce qu’elle correspond à autre chose qu’à un moment de rencontre, autour de 1995, entre un mouvement social puissant et l’engagement de toute une partie des sciences humaines, autour notamment de la figure de Pierre Bourdieu ?

Ce mouvement exceptionnel de 1995 a souvent été vu comme un renouveau, après les années 1980. Mais il s’agissait aussi de la dernière réactivation d’une tradition de critique sociale émancipatrice qui s’est épanouie dans les Lumières du XVIIIe siècle, a été constitutive des différents courants du socialisme au XIXe siècle et était encore présente dans le marxisme au XXe siècle. Dans tous ces cas, il existait des liens entre la politique institutionnelle, les mouvements sociaux et les positions intellectuelles critiques.

Toutefois, aujourd’hui, on ne peut plus exactement envisager le rapport entre mouvements sociaux et pensée critique comme à l’époque des Lumières ou du marxisme. Ces traditions doivent être passées au tamis critique et les problèmes être reformulés en fonction des enjeux du moment.
 
Comment peut-on alors, aujourd’hui, articuler une critique de la domination, telle que l’a menée le sociologue Pierre Bourdieu, et une perspective d’émancipation, telle que la demande le philosophe Jacques Rancière ?

La tension Bourdieu/Rancière constitue, avec aussi la tension Foucault/Bourdieu, un des nœuds importants de la reformulation actuelle des pensées critiques et émancipatrices. Rancière n’a pas tort dans certaines de ses critiques de Bourdieu ou de Debord qui, en se centrant sur l’efficacité des dominations et leurs ruses symboliques, risquent de les redoubler par des analyses d’un pessimisme accablant.

Quand on met l’accent sur l’inégalité, les processus de domination ou l’aliénation, l’incapacité des opprimés tend à prendre toute la place, et il en manque pour l’émancipation, entendue comme possibilité des opprimés de construire une autonomie individuelle et collective à partir de leurs propres capacités. Il existe un risque d’enfermement dans la domination, qui repousse sans arrêt en pratique l’émancipation, même si cette émancipation est proclamée dans les discours.

Rancière est alors conduit à choisir une philosophie de l’émancipation contre une critique de la domination. Mais je ne peux pas le suivre sur ce terrain, parce que, inversement, les philosophes de l’émancipation ont tendance à sous-estimer, au nom même de la possibilité de l’émancipation, pour ne pas « désespérer Billancourt », pourrait-on dire après Sartre, les contraintes oppressives qui travaillent de manière insidieuse le réel, jusque dans les silences du corps finement observés par Bourdieu.

Mon point de vue ne vise donc pas à articuler ces deux éléments, comme tentaient de le faire les Lumières ou le marxisme. Il est plutôt de les mettre en tension, en se servant d’un outillage intellectuel emprunté au libertaire Proudhon dans sa critique de Hegel : penser par antinomie plutôt que par « dépassement » des contradictions, « synthèse », « harmonisation » ou « articulation ». Proudhon parlait judicieusement d’un espace d’« équilibration des contraires ».

Quelles seraient alors concrètement les composantes de la « critique sociale émancipatrice » que vous cherchez à déployer ?

Il existe au moins deux niveaux de réponse. Quels contenus peut-on commencer à donner à cette critique sociale ? Pour moi, cela réside d’abord dans l’élargissement de la critique du capitalisme par rapport aux formes standards de marxisme.

Karl Marx, 1875Karl Marx, 1875

Au lieu de considérer qu’il n’y aurait principalement que la contradiction entre capital et travail, il faut aussi creuser la contradiction entre capital et nature, qui soulève les questions écologiques, celle entre capital et individualité, où se logent les blessures de l’intimité contemporaine et, enfin, la contradiction entre capital et démocratie, qui intéressent les altermondialistes. Le capitalisme, comme l’a montré Marx, ne constitue pas un système homogène, mais un ensemble contradictoire, fait de contraintes structurelles qui pèsent tendanciellement sur tous mais également de potentialités émancipatrices.

C’est à la politisation au sens large (mouvements sociaux, syndicats, associations, expériences alternatives, activités culturelles et artistiques, partis, etc.) de se saisir de ces contradictions, en inventant notamment de nouveaux langages politiques (les langues de bois politiciennes auraient, par exemple, intérêt à regarder du côté du rap ou du polar), en élargissant les possibilités émancipatrices.

Il faudrait aussi penser au moins deux autres logiques d’oppression distinctes du capitalisme : la domination masculine et l’oppression post-coloniale, qui affecte les populations issues de l’immigration. Elles peuvent être en interaction avec le capitalisme, par exemple sur le marché du travail, mais n’y sont pas réductibles, puisqu’elles pourraient perdurer dans un tout autre type de société.

Le second niveau est de nature méthodologique. C’est le plan souvent délaissé de la tuyauterie conceptuelle, celui des « logiciels » de la critique sociale et de l’émancipation, touchant à la façon même dont on formule les questions et dont on définit les problèmes. La gauche de gouvernement est prise dans des rails technocratiques. Et la gauche de gauche me semble souvent fonctionner sur des schémas appauvris.

Il existe une doxa, que j’appellerai de manière polémique « la pensée Monde diplo' », mettant en scène le combat des « méchants » (le marché et l’individualisme) contre « les bons » (l’État, la nation et le collectif). Le tout serait orchestré par les « méchants » médias, qui mettraient dans la tête des « gens » – sauf « moi », celui qui diabolise les médias ! – des « mauvaises » idées. L’ensemble est saupoudré d’un ton de déploration généralisée, peu propice aux résistances créatrices.

Portrait de Michel FoucaultPortrait de Michel Foucault

Il existe donc un gros travail à faire, dans la gauche intellectuelle et les mouvements sociaux, par exemple, sur la tension entre émancipation et domination, comme on vient de le voir, ou entre connaissance de soi défendue par Bourdieu et création de soi promue à la fin de sa vie par Foucault.

Et puis il y a un autre chantier méthodologique immense : comment stabiliser un espace intellectuel qui échapperait à la tentation de saisir « le tout » – la vieille notion philosophique de « totalité » – sans se laisser aller à l’émiettement du sens qu’on regroupe souvent sous le terme de « post-modernisme » ? Il y va d’une autre façon de penser le global, ouverte à la pluralité et à l’incertitude.

Jean JaurèsJean Jaurès

Je livre quelques pistes dans le livre : chez Michel Foucault, encore, mais aussi chez Jean Jaurès dans son célèbre Discours à la jeunesse de juillet 1903, dans la philosophie littéraire de Claudio Magris ou dans l’insomnie éthique du personnage joué par Al Pacino dans Insomnia de Christopher Nolan (2002).

Quelles sont les raisons de cette disparition, ou de cet éparpillement, de la critique sociale ? Sont-elles d’abord liées à des effets propres à la discipline sociologique et au fonctionnement de l’Université, ou bien est-ce qu’il faut chercher ailleurs ?

La routinisation des logiciels, du côté de la gauche de gouvernement comme de la gauche de gauche, constitue un des facteurs. Il faut aussi tenir compte de l’émiettement de la pensée après l’ambiance intellectuelle dominée par le marxisme dans les années 1960-1970, dans lequel s’est engouffré le mouvement de spécialisation des savoirs, avec des critères propres aux disciplines qui permettent de développer des formes de rigueur, mais font perdre un sens du global pourtant attaché à ce qu’on appelle pensée critique. A également joué l’apparition de la figure de l’intellectuel médiatique, peu reconnu dans les milieux universitaires, mais qui a occupé tout un espace à destination du grand public.

Il existe pourtant des ressources critiques. Razmig Keucheyan en a dressé un inventaire à l’échelle internationale dans son ouvrage Hémisphère gauche (Zones, 2010). En France aussi, on a des laboratoires de recherche intéressants et des revues critiques et vivaces. Mais ces productions intellectuelles sont de plus en plus déconnectées de pratiques militantes, associatives, comme des débats globaux de la cité. Et la pensée critique globalisante recule alors même que des ressources existent.

Résister et réinventer, individuellement et collectivement, d’autres manières de vivre, comme on le voit aujourd’hui avec des organisations humaines qui ne ressemblent pas aux mouvements sociaux traditionnels, n’est-ce pas une forme de critique sociale plus radicale qu’élaborer des concepts – même si des concepts renouvelés peuvent aider ?

La critique sociale peut bien sûr se développer de manière pratique, à partir de milieux contestataires. Je fais partie de différents groupes : le syndicat Sud éducation, l’association Attac ou le Nouveau Parti Anticapitaliste. À Nîmes, je participe aussi aux discussions des indignés qui se tiennent à l’écart des organisations. Et puis il y a les échos des attentes des personnes qui participent aux activités de l’Université populaire de Lyon et de l’Université critique et citoyenne de Nîmes.

Or, dans les groupes et parmi les individus les plus à distance des organisations, je perçois une demande, non d’une théorie totalisatrice à la manière d’antan, mais de repères globaux mobiles qui se nourriraient des expériences concrètes tout en aidant à s’orienter en situation, grâce à des clarifications conceptuelles, en échangeant avec les milieux intellectuels sans pour autant passer sous les fourches caudines de l’arrogance universitaire. Avec l’idée que cela pourrait faciliter les pratiques.

Il n’est pas rare de rencontrer des individus dont les pratiques sont très en avance sur leur théorie affichée. Cela peut freiner leur inventivité pratique, mais surtout rendre difficile la mutualisation des expériences localisées, car elles sont trop vite traduites dans le langage de la théorie, inadapté quand il s’agit d’en rendre compte à l’extérieur.

À Nîmes, par exemple, l’association A.R.B.R.E.S, pour protéger tout à la fois l’environnement arboricole en centre ville et stimuler l’intervention citoyenne contre les projets autoritaires de la municipalité UMP, a associé des actions directes visant à empêcher la destruction des arbres, hors de la légalité, et des recours juridiques devant le tribunal administratif. Se pose en pratique une mise en tension entre illégalisme et légalisme, que ni les théoriciens des illégalismes, ni les théoriciens légalistes ne permettent de bien saisir. Un travail d’éclaircissement conceptuel peut dont être utile, sans que cela soit le principal dans l’action.

Ce type d’action sur plusieurs registres n’est pas très neuf : on l’avait déjà vu à l’œuvre dans la lutte contre le Sida ou les OGM. Quels pourraient être alors les lieux de cette critique sociale renouvelée ?  

Ludwig Wittgenstein en 1920Ludwig Wittgenstein en 1920
La clarification des concepts n’est pas l’essentiel des luttes sociales et des expérimentations alternatives, mais peut aider à des ajustements. Le philosophe Ludwig Wittgenstein a noté à un moment que « les concepts peuvent alléger ou empêcher le mal, le favoriser ou l’empêcher ». Mais il précisait une autre fois, dans le sens d’une primauté de la praxis, que « la solution du problème que tu vois dans la vie, c’est une manière de vivre qui fasse disparaître le problème ». Donc, oui à l’activité théorique, mais comme appui secondaire à l’action.

Or, il existe peu d’espaces de débats ou de mise en tension des théories et des pratiques. Certes, dans la renaissance des mouvements sociaux dans les années 1990, avec par exemple Act Up ou Attac, la contre-expertise a pris un rôle important. Mais il faut faire attention à ce que celle-ci ne devienne pas le simple envers de la technocratie, et ne participe à l’émiettement des savoirs, y compris militants, en se focalisant uniquement sur des bouts de tuyaux sans questionner les machineries.

Il faut garder à l’esprit que la pensée critique doit articuler une dimension globale tout en renonçant aux grands récits totalisateurs. J’ai mis en exergue une phrase de l’écrivain américain de roman noir James Sallis – l’auteur de Drive ! – « Le genre humain s’est toujours acharné à trouver un concept unique capable de tout expliquer : religion, visites d’extraterrestres, marxisme, théorie des cordes, psychologie… »

Les repères globaux qu’il y a à redéfinir exigent alors des espaces communs. Les Universités populaires restent souvent marquées principalement par d’utiles dispositifs d’appropriation de savoirs universitaires. Mais les espaces d’élaboration et de clarification interactive de concepts partagés y sont encore rares. On peut imaginer des sociétés de pensée, des revues, des clubs, qui ne seraient pas, comme aujourd’hui, trop intellectualo-centrés.

Ce qui manque, pour raviver la pensée critique, serait-ce aussi des personnes qui articulent, comme vous tentez de le faire, parcours universitaire et engagement militant ? Vous vous revendiquez comme « intellectuel-militant transfrontalier », avec un « itinéraire personnel, hybride, d’universitaire et de militant anticapitaliste, libertaire et altermondialiste ». On pourrait ajouter social-démocrate radical, écologiste, féministe… Le risque n’est-il pas alors aussi celui de la dispersion ?

Ces nouveaux espaces hybrides à créer m’apparaissent nécessaires, mais ils ne sont pas sans écueils, d’ailleurs déjà touchés du doigt dans le passé. Par exemple, que les intellectuels professionnels y prennent symboliquement le dessus sur les praticiens et les militants. Ou qu’ils s’en désintéressent très rapidement parce que la reconnaissance à l’Université est de plus en plus standardisée et que l’engagement risque de décrédibiliser leur travail de recherche. Il peut aussi y avoir une instrumentalisation de ressources intellectuelles, ou simplement de noms d’intellectuels, pour justifier la politique d’une organisation ou la carrière d’un politicien.

L’équilibre est donc forcément instable. Je fais attention, dans mon travail, à publier régulièrement dans les revues scientifiques, selon des critères universitaires, pour demeurer en dialogue avec mon milieu professionnel et pour me nourrir des rigueurs de la recherche en sciences sociales et en philosophie.

Mais, dans le même temps, mes insertions militantes me permettent de mieux me distancier des logiques bureaucratiques et mandarinales à l’œuvre à l’Université, comme des travers de l’hyperspécialisation. Je ne souhaite pas devenir un intellectuel d’organisation, à la différence de mon regretté ami Daniel Bensaïd qui en fut une des dernières belles figures dans la lignée des Rosa Luxemburg, Jaurès, etc. Mes conceptions sont d’ailleurs plutôt marginales dans les organisations dans lesquelles je milite, et ce n’est pas plus mal de ce point de vue.

Vous évoquez la figure de Bensaïd, en faisant référence à son « pari mélancolique », comme une voie possible d’existence de la critique sociale émancipatrice. En quel sens ?

La mélancolie m’apparaît inscrite dans notre expérience historique de longue durée : cela fait deux siècles qu’il existe des anti-capitalistes et qu’ils échouent à construire une société non-capitaliste démocratique et pluraliste, en débouchant même sur des formes autoritaires, voire totalitaires. On ne peut pas faire l’impasse sur ce passif, sur ce terreau mélancolique de notre action et de notre pensée aujourd’hui.

Par ailleurs, une deuxième source mélancolique renvoie à l’abandon souhaitable des idées de certitude, de théorie totalisatrice et de maîtrise toute-puissante, qui ont beaucoup accompagné la pensée critique. Car se confronter pleinement à la pluralité, à la part d’incertitude historique, aux antinomies irréductibles, aux fragilités humaines et aux limites écologiques, donc aux torsions des identités, aux tensions des logiques et aux échecs indépassables, cela risque aussi d’engendrer de la mélancolie. 

Mais « le pari mélancolique » promu par Bensaïd peut se faire joyeux, dans les plaisirs de l’expérimentation continue et dans les bonheurs de créations nécessairement inachevées. Et là on s’émancipe des effluves de rancœur propre à la déploration généralisée qui plane trop aujourd’hui sur la gauche de la gauche. Remplaçons les acidités du ressentiment par l’éthique de la curiosité chère à Foucault ! La mélancolie est alors à la fois un état du climat politico-intellectuel contemporain et un outillage pour rebondir dans ce contexte socio-affectif.

 

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:38
Marianne - Samedi 30 Juin 2012 à 16:00

 

Greek Crisis
Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis... En savoir plus sur cet auteur

 

Au lendemain des élections législatives anticipées, le quotidien de crise des Grecs demeure. Notre blogueur associé Panagiotis Grigoriou relate ces atmosphères athéniennes, pétries de petites résignations et de grands désarrois.

 

(L'Acropole d'Athènes - Dimitri Messinis/AP/SIPA)
(L'Acropole d'Athènes - Dimitri Messinis/AP/SIPA)
Aux pieds de l'Acropole mercredi, des rencontres étonnantes et étonnées ont inauguré le tempo de la nouvelle ère sous le mémorandum II bis, dite aussi l'ère samaritaine (de Samaras). Il y avait un car de police en stationnement permanent, les vacanciers de passage, les badauds habituels très nombreux, les musiciens de rue et enfin, les premiers protestataires du centre-ville et de saison, depuis l'ouverture de la nouvelle session parlementaire. A deux pas du sanctuaire du dieu Pan et sans la moindre panique, des employés dans l'hôtellerie et la restauration en grève se sont mêlés aux autres groupes primaires humains aux regards croisés et découvreurs, comme si c'était la première fois, comme dans un first contact culturel, stupéfaction encore assurée, au spectacle de notre condition «néo-primitive». On suggéra peut-être à Bob Connolly et à Robin Anderson la réalisation d'une nouvelle trilogie, et nos trois nouveaux frères Leahy seraient sans doute... les Troïkans !

Non, ils n'étaient pas très nombreux à battre le pavé ces grévistes de l'hôtellerie et de la restauration en pleine saison et en plein âge de la terreur, mais ils se sont montrés déterminés et courageux. Selon Nikos Papageorgiou, représentant du syndicat unitaire, «il devient urgent de défendre nos conventions collectives car le patronat, la Troïka et le gouvernement ne les conduiront plus au-delà de juillet. Déjà sur le terrain, nous travaillons mais nos salaires ne nous permettent même plus la survie. Les salaires pratiqués lors des nouvelles embauches se situent entre 350 et 570 euros par mois pour un temps plein et tout le monde sait que nous travaillons bien davantage et dans de terribles conditions. Nous ne pouvons pas accepter ces salaires, ni les diminutions exigées par le patronat».

Ici ou là et entre participants, on se disait que «cette déshumanisation dépasse la honte, et qu'elle est inacceptable : le statut de l'employé est aboli au profit de celui de l'esclave». On s'apprêtait, les visages sombres, à former un cortège pour se rendre au ministère du travail rue du Stade, après un passage symbolique par la place Syntagma, la dignité et le courage sous les bras. Mais comment échapper finalement à ce destin d'esclave, lorsque selon les dernières statistiques rendues publiques par Eurostat hier, plus de 400 000 nouveaux chômeurs se sont ajoutés sur la travel checklist du memorandum, rien qu'au premier trimestre 2012. Donc le memorandum a parfaitement rempli son cahier de charge, sa formule all inclusive rencontre un grand succès commercial transnational, depuis la Grèce et jusqu'au Portugal et somme toute, relativement peu de contraintes techniques avérées.

Visites touristiques

Les cars remplis de touristes sur l'avenue de la reine Amalia s'arrêtèrent un moment pour une prise de vue, arrachée au réel athénien parfois sous les applaudissements. D'autres ont filmé, séquences courtes et exceptionnelles à conserver soigneusement sur les SSD et autres mémoires flash, avant de les visionner fièrement, de retour au pays, à la fin du séjour ou de la croisière au pays de l'hôtellerie, de la restauration et d'Amalia d'Oldenbourg. Eh oui, cette fille de Paul Frédéric Auguste, grand-duc d'Oldenbourg et de la princesse Adélaïde von Anhalt-Bernburg-Schaumburg-Hoym qui épousa le roi de Grèce Othon (de Wittelsbach, deuxième fils de Louis Ier de Bavière et premier souverain de la Grèce moderne), Amalia (ou Amélie) devint donc «notre» reine. C'était du temps de Josef Ludwig von Armansperg, homme politique et diplomate bavarois qui assura la régence du Royaume de Grèce pendant la minorité du roi Othon, après avoir exercé les fonctions de ministre de l'Intérieur et ministre des Finances du gouvernement bavarois. Josef Ludwig von Armansperg présidât au Conseil de Régence avec deux autres régents, Carl Wilhelm von Heideck et Georg Ludwig von Maurer, formant notre première Troïka.

Depuis, le quartier historique et l'avenue de la première reine ont connu bien d'autres événements. En suivant le cortège des manifestants, j'ai encore observé cet immeuble portant les cicatrices de l'histoire, marqué des éclats de balles, stigmates de la bataille d'Athènes (décembre 1944 - janvier 1945), opposant l'armée britannique et les troupes de la droite royaliste, aux forces communistes. Mais à présent, personne n'y prête attention. Sans doute parce que le temps présent est si épais. Une architecture sous une certaine influence Art déco, au 42 avenue Amalias, datant des années 1930, une œuvre de l'architecte Emmanuel Lazaridès (1894-1961), ancien élève de l'école des Beaux-Arts à Paris.

Deux députés participaient au cortège, Christos Katsiotis, élu communiste de la capitale et ancien employé de la branche, et Mikhalis Kritsiotakis, universitaire, élu Syriza de l'île de Crète. Et en Crète comme ailleurs, tout le monde réalise enfin que le tourisme est à la fois un problème et une solution. Les élus des autres partis n'ont pas jugé nécessaire d'effectuer le déplacement. Pourtant, il y a eu bien pire dans le comportement politique chez certains. Déjà, ce qu'a relaté Nikos Papageorgiou (le représentant du syndicat unitaire) du quotidien habituel et exceptionnel de ses collègues ne correspond en rien aux affirmations «rassurantes» que la classe politique «de gouvernement» a faites lors de la réception des grévistes par le ministre du Travail, Yannis Vroutsis (élu Nouvelle Démocratie aux Cyclades), après la manifestation d'hier. Selon Nikos Papageorgiou, «des députés et des dignitaires Pasok ont fêté la participation de leur parti socialiste au gouvernement du 18 juin, dans un hôtel ami. Tard dans la nuit, il a été "demandé" à un employé d'y rester pour les besoins de la fête, au-delà de son service, jusqu'à 5 heures du matin, mais il refusa. Aussitôt, les fêtards pasokiens ont convoqué le patron de l'établissement pour exiger le renvoi du salarié. Ce dernier a été licencié sur le champ».

«Nouvelle exposition coloniale»

On se demande parfois dans ce pays si le pasokisme n'est pas pire que le troïkanisme, sans blague. La semaine prochaine, nous attendons d'ailleurs la Troïka à Athènes, car rien que la perspective d'une probable victoire de Syriza l'avait éloigné durant plus d'un mois. Mais le peuple souverain en a décidé autrement.

Elections ou pas, la crise, omniprésente s'incruste partout, ne laissant que peu de répit à notre regard. La voir, l'entendre et la subir déréalise progressivement toute projection vers un autre futur pour beaucoup d'entre nous, pour une petite moitié des habitants de cet ex-Etat. Car the Failing State of Greece s'offre comme jamais auparavant à ses visiteurs attentifs de cette «nouvelle exposition coloniale» aux attractions sans cesse renouvelées. En plus, il y a la plage, le soleil et l'hôtellerie-restauration.

28 magasins fermés

Covoiturage aidant, j'ai pris l'autoroute hier à destination de la Thessalie. Rocades désertées, pratiquement vides par endroits, si je compare au temps de mes souvenirs de 2010. La nationale ensuite, ainsi que les départementales sont beaucoup moins fréquentées, tout comme les cafés. En arrivant, j'ai fait régler le câble d'embrayage et remplacer le câble de la bobine d'allumage auprès du garagiste du coin pour vingt trois euros TTC. J'ai aussi fait l'ajout d'un litre d'huile car la vieille mécanique Daihatsu (21 ans !) consomme un peu de lubrifiant à la longue. Voilà pour la révision 2012, après tout, l'ère de l'automobile est déjà passée derrière le rétroviseur, c'est clair. Antonis, le garagiste était content de me voir : «Je comprends, tu prends d'habitude le train depuis Athènes, c'est normal. Pavlos n'est plus là, je n'arrivais plus à verser son salaire, comme tu vois je me trouve plus qu'avec un seul employé, Serjan, le Serbe. Avant la crise j'employais quatre personnes, le marché automobile est mort. Dans cette ville [Trikala], neuf concessionnaires ont fait faillite en dix mois. Les clients nous arrivent lorsque leurs voitures sont complétement en panne, et encore. Même les grands du secteur comme Toyota ont du mal à s'en sortir. Pour reprendre une concession Toyota par exemple, le cahier de charges impose au moins dix salariés, un certain stock de véhicules et de pièces de rechange, j'estime le capital de départ nécessaire à 300 000, hors-coût des locaux, au moins. Cela n'intéresse plus personne ici. Comme tu sais, les petits locaux ici m'appartiennent, je ne verse déjà pas de loyer. Va faire un tour en ville et tu verras, avenue Kondylis par exemple, entre les écoles et la banque nationale (sur 1 km) j'ai compté 28 magasins fermés, la catastrophe. C'est bien connu, ici ce n'est pas comme à Athènes, les gens, les vieux commerçants de père en fils, ont honte de faire faillite. Ils vendent encore les bijoux de la famille, certains biens immobiliers ou leurs dernières économies pour tenir tête, coûte que coûte. Mais c'est du précaire. Je crains le pire ensuite, les suicides par exemple.»

Je sais qu'en Italie les suicides chez les petits commerçants et entrepreneurs à la faillite ont pris le caractère d'épidémie. Chez nous, ils sont sociologiquement plus variés et davantage liés au chômage. Jeudi matin, un homme, employé de banque, s'est suicidé en se jetant de l'Acropole. Nous ignorons les motifs mais tout le monde pense à la crise bien évidemment.

Progression de l'Aube dorée

Les amis du blog habitant l'île de Syros m'ont fait part d'un appel émanant de l'Espace social d'autogestion d'Ermoupolis, car jeudi et vendredi, ainsi que le mardi 3 juillet, on va collecter des denrées alimentaires à destination de l'établissement public de santé mentale de l'île de Leros. J'avais déjà évoqué ce drame dans un article du blog, hélas, l'appel précise que les médecins s'adressent dans l'urgence (et sans succès pour l'instant) au ministère de la Santé, car depuis le 5 juin, les malades ne sont plus nourris. Mon ami S.P. l'instituteur n'était pas au courant, mais il assure qu'en Thessalie aussi la situation s'est considérablement dégradée depuis Noël. Il ne s'est pourtant pas déplacé aux urnes le 17 juin : «Je ne voulais pas voter Tsipras, ils sont dangereux ces gens de Syriza, ils arriveraient au pouvoir pour devenir riches comme les autres... mais je préfère les autres, il nous garderons dans l'euro et mon salaire déjà amputé de moitié certes, sera versé au moins. A l'école, les enseignants ont pourtant voté Syriza ou l'Aube dorée, le directeur d'une école voisine a même hésité entre les deux, il a apprécié le programme économique de Syriza, mais comme il ne voulait plus voir les immigrés dans son quartier, il a finalement opté pour l'Aube dorée, étrange non ?» «Etrange», sans commentaire !

Les résultats locaux confirment les tendances nationales. Tel un ex-employé et ex-paysan au chômage élevant ses poules, cultivant ses tomates et ses illusions perdues, à 55 ans, il a voté Aube dorée pour la première fois en juin : «C'est pour qu'ils fassent leur entrée au parlement mais durablement... et ainsi casser la gueule à tous ces voleurs», a-t-il expliqué. Petite bourgade paisible : 1361 inscrits et 808 votants le 6 mai. Résultats : Nouvelle démocratie 203 (26%), Syriza 105 (13,44%), Gauche démocratique 132 (17%), KKE 129 (16,52%), Pasok 60 (7,68%), Grecs indépendants 38 (4,87%), Laos 25 (3,2%) et Aube dorée 24 (3,07%).
Et en juin, 789 votants et les résultats suivants : Nouvelle démocratie 291 (37,2%), Syriza 182 (23,3%), Gauche démocratique 57 (7,3%), KKE 90 (11,52%), Pasok 52 (6,6%), Grecs indépendants 32 (4,1%), Laos 12 (1,54%) et Aube dorée 41 (5,25%). Disons un village très tendance, comme le reste du pays. Ailleurs par contre, Syriza est arrivé en tête, comme dans la plupart des Cyclades et en Crète par exemple.

Dans les cafés de Karditsa, au département voisin, la doxa du «pays réel» approuve largement la baffe de Kasidiaris : «Je crois que cet épisode a largement contribué au renforcement de l'Aube dorée et non pas à son contraire, malheureusement», a expliqué une habitante de cette ville. Puis, après un bref silence, une hésitation passagère, elle rajouta : «Tu sais, il y eu dispute avec mon frère, il est policier. Il prétend que Syriza sème le désordre dans les manifestations, tandis que les types de l'Aube dorée aident la Police dans sa mission». Aristide, frère de Mina, policier, gagne mille euros par mois et vient de faire installer le GPL à sa voiture.

En Thessalie aussi les seules nouvelles boutiques font dans l'achat d'or, le dépôt-vente et le GPL. Même les pastèques sur le marché n'ont plus tellement la cote. Seul le football retient désormais les hommes au café. Jeudi soir, l'Italie l'emportant 2-1 contre l'Allemagne grâce à un doublé de Mario Balotelli et tous les Grecs ont crié «victoire». Mais pour les Allemands, pas d'eurobonds sans union fiscale. Epoque Art déco ?

 

Grèce : «Le statut de l'employé est aboli au profit de celui de l'esclave»
Retrouvez Panagiotis Grigoriou sur son blog.
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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:31

Rue89 -Le Yéti - yetiblog.org

Publié le 30/06/2012 à 08h53

 

Impayable, « l’accord-surprise » annoncée par les Etats membres de l’UE le vendredi 29 juin, comme toujours « au bout de la nuit ». Vous savez ce qu’il me rappelle, leur miraculeux accord du bout de la nuit ? Les pochettes-surprises qui nous faisaient tant baver d’envie autrefois, chez l’épicier ou le boulanger du quartier...

Peu importe que les « surprises » en question s’avèrent toujours minables. C’était pas grave. On les oubliait aussitôt. Et on se remettait à saliver comme des malades sur la prochaine pochette. Ce qui nous importait, nous, ce n’était pas le cadeau, mais la pochette. Et le rêve qu’elle véhiculait.

Où il est question de cornichons

En vrai, on était aussi cornichons que les marchés d’aujourd’hui, qui flambent comme des nouilles sur du papier autour et rien dedans. Parce qu’il n’y a rien dans leur accord-surprise, vous entendez ? Rien. J’explique.

Leur grande trouvaille, c’est qu’ils vont (peut-être) confier le sauvetage des banques directement au FESF (Fonds européen de stabilité financière) et à son successeur désigné, le MES (Mécanisme européen de stabilité). Epargnant ainsi aux Etats membres le tracas d’être livrés aux tracasseries des vils spéculateurs.

Problème : qui alimentent les caisses de ces deux respectables organismes, le FESF et le MES ? Des emprunts garantis par les Etats membres ! Donc les Etats eux-mêmes déjà surendettés à mort. Comme la France lors de ce premier trimestre pré-Hollande. Faut-il vous faire un dessin ? Ou préférez-vous continuer à saliver sur leur pochette à la con ?

Conditionnel de rigolade

Vous avez sans nulle doute remarqué que j’avais prudemment précisé « (peut-être) » quant à leurs intentions. Eh bien, figurez-vous que c’était intentionnel puisque eux-mêmes abusent incontinents du conditionnel de précaution pour présenter leur « surprise ». Citation texto de leur formidable déclaration commune :

« Le MES pourrait, à la suite d’une décision ordinaire, avoir la possibilité de recapitaliser directement les banques. Cette possibilité serait soumise à une conditionnalité [sic] appropriée, y compris quant au respect des règles relatives aux aides d’Etat, qui devrait être spécifique à chaque établissement, à chaque secteur ou concerner l’ensemble de l’économie, et qui serait formalisée dans un mémorandum d’accord. »

Ça va, les gars (et les filles), vous n’êtes pas encore mort(e)s de rire ? Vous savez à quoi ça ressemble, leur FESF/MES, dans leur misérable pochette ? A une de ces toutes petites bagnoles en plastoc pièces détachées minable, façon cadeau Bonux, dont on renonce bien vite à emboiter les éléments épars.

Mais les marchés, ces grands benêts d’enfants, eux, sont contents. Du moins momentanément. Parce que ce n’est pas demain la veille que vous risquez de les voir rouler peinards dans leurs toutes petites bagnoles en plastoc pièces détachées. Et qu’ils vont vite s’en rendre compte. Ah, les cornichons !

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:23
Ecrans 30/06/2012 à 19h29
Pierre Haski | Cofondateur Rue89


Il est rare que l’annonce d’une nouvelle taxe provoque autre chose qu’une levée de boucliers. Aurélie Filippetti, la ministre de la Culture, l’a constaté à ses dépens samedi, après avoir envisagé, dans une interview sur RTL, d’élargir le champ de la redevance à ceux qui n’ont pas la télévision mais pourraient regarder la télé sur leur ordinateur.
Aurélie Fillipetti sur RTL : la redevance ordinateurs

 

Il ne s’agit certes que d’environ 3% de la population française qui n’a pas de téléviseur à domicile, et ne paye donc pas la fameuse redevance (125 euros par foyer en 2012). Mais l’idée passe mal, à droite comme à gauche.

La ministre a pris des précautions pour bien préciser que si ce qui n’est encore qu’un projet à l’étude est retenu, on ne payera pas deux fois, et mais une seule fois par foyer, soit pour la télé, soit pour un ordinateur.

Pour la ministre, confrontée à un vrai problème de financement de l’audiovisuel public en 2013 :

« Aujourd’hui la télévision va beaucoup passer par les ordinateurs. Est-ce qu’il faut étendre la redevance à ces écrans pour les personnes qui n’ont pas de télévision ? C’est une question qui se pose. »

« Vous n’allez pas me faire payer pour ces conneries »

Sous quelles modalités cette nouvelle taxe « écrans » pourrait-elle s’appliquer ?

« L’idée est de garder une redevance par habitation. Il n’y aura pas de taxe supplémentaire pour ceux qui possèdent les deux appareils. La mesure concernerait les gens qui n’ont pas de télé mais ont un écran d’ordinateur. En Allemagne, cela se fait déjà. »

Mais ceux qui n’ont pas de télé par choix le vivent très mal. Sur les réseaux sociaux, ou sur les commentaires des sites d’info, c’est un festival.

A l’image de ce partisan du Front de Gauche (Henri-Georges Naton), qui souligne que ne pas avoir la télé est pour lui une « un acte politique et de salubrité... Alors n’allez pas me faire payer pour ces conneries... ».

Certains commentateurs font le rapprochement avec la prise de position des chaînes privées, M6 et TF1, qui sont farouchement opposées au retour de la publicité sur France 2 après 20 heures, une piste possible pour résoudre le problème de financement auquel va être confronté l’audiovisuel public.

D’autres sur Twitter se demandent aussi si on va aussi faire payer ceux qui ont de mauvaises connexions et ne peuvent donc pas regarder la télé. Et de petits malins suggèrent qu’on taxe ... les déclarations de Nadine Morano à la télévision pour financer l’audiovisuel public.

« Et ceux qui ont une connexion de merde qui ne leur permet pas de regarder du streaming, on taxe aussi ? Mais quelle idée à la con. » (@Jules_Praxis)

« J’ai une super idée pour financer les émissions politiques à la télé : une redevance sur les conneries de Nadine Morano. » (@monsieurkaplan)

« Bravo d’avoir brisé un tabou »

Plus sérieusement, l’un des rares accueils favorables est venu de Simone Hariri, productrice bien connue, qui a écrit sur son compte Twitter :

« Bravo à Aurélie Filipetti d’avoir brisé un tabou : possible faire évoluer redevance ! Financement le plus approprié de l’audiovisuel public ».

Les modalités de cette extension de la redevance risquent toutefois de se heurter à un problème délicat : comment distinguer la personne qui n’a pas la télé parce qu’elle la regarde désormais sur ordinateur, de celle qui ne veut pas regarder du tout la télévision ? Et pourquoi cette dernière financerait-elle un service dont elle ne veut pas ?

Le débat est ouvert, et on n’a pas fini d’en entendre parler.

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1 juillet 2012 7 01 /07 /juillet /2012 13:15

 

Le Monde.fr avec AFP | 01.07.2012 à 14h40 • Mis à jour le 01.07.2012 à 14h40

 


 
Heurts entre manifestants et policiers devant la centrale d'Ohi, le 1er juillet 2012.

La compagnie d'électricité japonaise Kansai Electric Power a réactivé dimanche soir le réacteur numéro 3 de sa centrale d'Ohi. En dépit d'une opinion publique très divisée et de manifestations récurrentes, Kansai Electric Power a remis en marche ce réacteur vers 21 heures locale (14 heures à Paris), selon plusieurs médias japonais. La réaction en chaîne devrait être confirmée lundi matin et la production d'électricité débuter mercredi 4.

La compagnie avait reçu le 16 juin l'autorisation des autorités locales et du premier ministre pour remettre en service les réacteurs 3 et 4 d'Ohi (ou Oi). Elle avait immédiatement commencé les préparatifs.

La municipalité d'Ohi, la préfecture de Fukui et le gouvernement ont jugé que ces réacteurs pouvaient être remis en exploitation en toute sécurité sur la foi de tests de résistance validés par les instances de contrôle, même si des sismologues ont lancé des mises en garde et que les travaux de renforcement contre les séismes et tsunamis ne seront achevés que dans trois ans.

Il s'agit du premier cas de relance réelle d'un réacteur au Japon depuis l'accident de Fukushima provoqué par le violent tremblement de terre et le raz-de-marée qui ont ravagé le littoral du nord-est le 11 mars 2011. L'ensemble des 50 réacteurs nucléaires de l'archipel ont été maintenus à l'arrêt à cause des séismes ou pour des sessions de maintenance régulière, et seules les unités 3 et 4 d'Ohi ont pour le moment été autorisées à redémarrer après avoir franchi les examens techniques et obstacles politiques.

La remise en exploitation du réacteur 3 d'Ohi, en attendant le 4 dans quelques jours, met fin à près de deux mois d'absence totale d'énergie nucléaire au Japon, une situation que nombre de citoyens auraient voulu prolonger indéfiniment.

Une pétition qui a recueilli pour l'heure plus de 7,5 millions de signatures, ces deux derniers vendredis, des dizaines de milliers de Japonais ont manifesté leur opposition aux centrales nucléaires en se rassemblant devant la résidence du Premier ministre à Tokyo. Depuis trois jours, des centaines d'opposants farouches font aussi le siège devant la centrale d'Ohi en bloquant l'accès au site, soutenus par d'autres manifestations ailleurs dans le pays.

 

 

 

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