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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:17

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

Aggravation «inédite» de la pauvreté en France
28 juin 2016 | Par Laurent Mauduit
 
 
 

Dans sa dernière étude sur « Les revenus et le patrimoine des ménages », l'Insee relève que le niveau de vie médian des Français a baissé de 1,1 % de 2008 à 2013, ce qui est sans précédent connu. Le recul a même été de 3,5 % pour les 10 % des ménages les plus modestes. L'Institut évoque aussi une « aggravation de la pauvreté inédite en France ».

Ce sont les plus modestes qui ont payé le plus lourd tribut à la crise ! Voilà le principal constat qui ressort de l’édition 2016 de l’enquête de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) sur « Les revenus et le patrimoine des ménages », publiée ce mardi 28 juin. Pour n’être pas surprenants, les chiffres révélés par cette étude n’en sont pas moins alarmants : sur les cinq années étudiées, de 2008 à 2013, qui couvrent les années au cours desquelles la crise a le plus fortement fait sentir ses effets, le niveau de vie médian des Français a baissé de 0,2 % en moyenne par an, soit de 1,1 % au total, ce qui est « inédit » depuis que cette étude existe, c'est-à-dire 1996. Pour les 10 % des ménages les plus modestes, la baisse a même atteint 3,5 %. Autrement dit, la crise a très fortement creusé les inégalités. L'Institut détaille aussi les évolutions de la pauvreté en France, en évoquant une « aggravation inédite en France ».

Traditionnellement, l’enquête annuelle de l’Insee suscite, certes, un regret, car les chiffres qui y sont présentés sont vieux de trois ans. Pour y voir clair sur les évolutions des revenus et des patrimoines des Français, l’Institut doit en effet collecter les données fiscales, qui constituent la source la plus fiable. Et du même coup, l’enquête annuelle ne colle jamais avec les évolutions les plus récentes. L’édition 2016, qui présente les données disponibles jusqu’à la fin de 2013, a toutefois un intérêt encore plus grand qu’à l’accoutumée car elle permet de cerner l’évolution de ces inégalités pendant les années où la crise a été le plus forte, de 2008 à 2013.

Voici ci-dessous l’enquête de l’Insee :

 

Enquête de l'Insee sur les revenus et patrimoines en 2013 by Laurent MAUDUIT

 

 

Les premiers chiffres qui retiennent l’attention sont ceux qui sont les plus récents. On découvre ainsi qu’en 2013, en France métropolitaine, le niveau de vie médian des Français était de 20 000 euros par an, soit 1 667 euros par mois. En clair, 50 % des Français ont eu, cette année-là, un niveau de vie inférieur à ce seuil. Cette seule statistique est déjà très impressionnante car elle vient confirmer que le niveau médian des Français est très bas. À titre d’indication, le montant mensuel brut sur la base de 35 heures du Smic 2016 est de 1 466,62 euros, contre 1 457,52 en 2015. À l’aune de ce chiffre, on comprend donc la sidération des Français quand ils apprennent que les rémunérations annuelles de certains grands patrons, tel celui de Renault-Nissan, Carlos Ghosn, peuvent dépasser les… 15 millions d’euros par an.

Mais dès que l’on prend un peu de recul, on s’aperçoit que les évolutions de ces dernières années ont été tout aussi défavorables. Cela n’a rien de très surprenant, puisque l’ajustement à la crise, c'est d’abord aux ménages que Nicolas Sarkozy puis François Hollande l’ont fait supporter. Les statistiques n’en révèlent pas moins l’ampleur des fractures sociales qui ont été à l’œuvre tout au long de ces années de crise. Sur cinq ans, entre 2008 et 2013, le niveau de vie médian des Français a ainsi perdu 1,1 %, soit 0,2 % par an. « Cette lente diminution sur cinq ans du niveau de vie médian est inédite sur la période d’observation des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux, de 1996 à 2013 », relève l’Insee.

 

Revenus (en euros)Les niveaux de vie annuels, de 1996 à 201317 17018 91020 26020 33020 11020 10020 02020 0009 13010 61011 23011 10010 92010 82010 62010 73032 07035 02037 93038 21037 71038 50037 89037 200Niveau de vie médianPremier décile de niveau de vieNeuvième décile de niveau de vie1996200420082009201020112012201301000020000300004000050000© DH/Mediapart. Source : Insee.
© Mediapart

 

Concrètement, le niveau de vie médian des Français est ainsi tombé de 20 260 euros annuels en 2008 à 20 000 euros en 2013. Mais l’évolution est d’autant plus grave qu’elle recouvre de fortes disparités selon le niveau de vie des Français. Si l’on observe l’évolution de ce que l’Insee dénomme dans le tableau ci-dessus le « premier décile de niveau de vie des Français », c’est-à-dire le niveau de vie des 10 % les plus modestes, on s’aperçoit que le recul est considérablement plus accentué : il chute de 11 230 euros par an en 2008 à 10 730 en 2013. Autrement dit, le niveau de vie de ces 10 % les plus modestes a reculé de 935 euros par mois en 2008 à 894 euros en 2013.

Un réquisitoire accablant de la politique économique et sociale

Les plus modestes ne sont pas les seuls dont le niveau de vie a été affecté par la crise. Les ultrariches, détenant des valeurs mobilières, en ont aussi (passagèrement ?) fait les frais, mais dans des proportions moindres. Voici donc le tableau d’ensemble que dresse l’Insee : « En définitive, au cours de ces cinq années de baisse légère du revenu médian en France, les niveaux de vie de l’ensemble de la distribution ont diminué, le 8e décile faisant exception. Le niveau de vie diminue d’autant plus qu’il se situe dans le bas de la distribution (de -3,5 % pour le 1er décile à -0,2 % pour le 7e décile). Il progresse au niveau du 8e décile (+1,1 %) et diminue nettement vers le 9e décile (-1,3 %, -1,6 % pour le dernier vingtile). »

Pour qui veut en prendre une mesure visuelle, ce tableau ci-dessous de l’Insee en donne une présentation immédiate : on peut y trouver la confirmation que les 10 % les plus pauvres (le décile D1) sont bel et bien ceux qui ont enregistré l’évolution la plus préoccupante de leur niveau de vie.

 

les-diffe-rents-niveaux-de-vie

 

En résumé, ces années de crise ont été des années de fortes souffrances sociales mais aussi de creusement des inégalités, au détriment d’abord des plus modestes.

Malheureusement sans grande surprise, les seuils de pauvreté restent donc à des niveaux exceptionnellement élevés. Traditionnellement, l’Insee calcule deux indicateurs différents de seuils de pauvreté : un premier seuil au terme duquel est considérée comme pauvre une personne dont le niveau de vie est inférieur à 50 % du revenu médian des Français ; et un second seuil, pour les niveaux de vie inférieurs à 60 % du revenu médian. C’est ce second indicateur qui est le plus souvent utilisé dans le débat public.

Voici donc, dans le tableau ci-dessous, les principales évolutions relevées par l’Insee :

 

evolution-de-la-pauvrete

 

En 2013, constate l’Insee, « le seuil de pauvreté, qui correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, s’établit à 1 000 euros mensuels. La pauvreté concerne 8,6 millions de personnes, soit 14 % de la population. Cette proportion diminue légèrement en 2012 et 2013 (-0,4 puis -0,3 point), mais, sur cinq ans, la pauvreté a augmenté de +0,7 point, en rupture avec sa tendance précédente à la baisse ».

Au vu de ces chiffres, on pourrait donc penser que la crise a eu pour effet de majorer le nombre de pauvres, mais que cette évolution est sans doute passagère. On aurait pourtant tort de minimiser la gravité de ces chiffres. Car, cette fois encore, l’Insee use d’un qualificatif qui retient l’attention : elle parle d’une évolution « inédite ». Lisons : « Le taux de pauvreté monétaire s’élève en 2013 à 14 % de la population, soit un niveau en légère baisse par rapport à celui de 2012 (14,3 %), prolongeant la diminution observée entre 2011 et 2012 (-0,4 point de pourcentage). Le taux de pauvreté a nettement augmenté entre 2008 et 2011 (de +1,4 point), avant de reculer de 0,7 point entre 2011 et 2013, dans un contexte où le niveau de vie médian a baissé de 1 % sur deux ans. Dans le même temps depuis 2008, l’intensité de la pauvreté (http://www.insee.fr/fr/methodes/default.asp?page=definitions/intensite-pauvrete.htm) a progressé de 0,5 point de pourcentage, traduisant la détérioration de la situation des plus pauvres par rapport au reste de la population. »

Et c’est dans la poursuite de son analyse que l’Insee fait ce constat ravageur : « Cette aggravation de la pauvreté est inédite en France. En effet, la pauvreté a diminué de façon quasiment continue entre 1996 et 2004 (-1,9 point). Depuis, elle n’avait reculé que de façon ponctuelle, en 2008 (du fait notamment du report de l’actualisation des ressources prises en compte dans le calcul des prestations familiales), se stabilisant autour de 13 %. »

En creux, ce diagnostic indiscutable constitue donc un réquisitoire accablant de la politique économique et sociale conduite par Nicolas Sarkozy, de 2008 à 2012, c’est-à-dire pendant une partie de la période sous revue dans cette étude. Mais c’est tout aussi accablant pour François Hollande, pour une double raison. D’abord, une partie de la période étudiée est celle du début de son quinquennat. Et puis surtout, il a poursuivi et aggravé la politique inégalitaire mise en œuvre par son prédécesseur, multipliant les cadeaux aux plus grandes fortunes et aux entreprises, refusant tout geste en faveur des plus modestes, et multipliant les réformes pour accentuer la flexibilité du travail. En bref, il n'a pas cherché à corriger ces évolutions ; il les a aggravées.

Or, ce que révèle aussi cette étude de l’Insee, c’est précisément l’onde de choc de cette paupérisation et surtout de cette précarisation de la société, qui sont le prolongement des réformes de flexibilité engagées depuis plus de vingt ans. Un dernier chiffre en témoigne : en 2013, « 1,9 million de personnes ayant un emploi vivent en dessous du seuil de pauvreté, soit 7,6 % des actifs occupés », relève l’Insee, qui assortit ce chiffre de ce constat de bon sens : « Occuper un emploi ne met pas toujours à l’abri de la pauvreté » ! En clair, sous ce capitalisme d’actionnaires, une nouvelle catégorie de salariés est apparue et se développe, celle des « working poors » – les travailleurs pauvres.

Or, si cette remarque vaut à l’évidence pour l’année 2013, qu’étudie l’Insee, elle reste naturellement plus que jamais pertinente en 2016. Il suffit d’étudier les dernières statistiques des demandeurs d’emploi : le nombre des demandeurs de la catégorie A, la plus restreinte, peut être sur une pente de léger reflux au second semestre de cette année, selon les prévisionnistes, celui des demandeurs des catégories A à E pourrait continuer de progresser à des niveaux historiques, touchant plus de 6,5 millions de personnes (lire Chômage : s’il vous plaît, pas de communiqué de victoire !).

C’est d’ailleurs en cela que cette étude de l’Insee constitue une alerte de première importance. Car elle montre que les dernières évolutions, marquées par un creusement des inégalités, sont inquiétantes. Dans une deuxième étude, couvrant une période encore plus longue, l’Insee fait un constat qui confirme le caractère très inégalitaire du capitalisme dans lequel la France a été aspirée dans le courant des années 1980-1990 : « L’étude des indicateurs d’inégalité de niveau de vie sur longue période montre des variations notables : après une baisse importante durant les années 1970 et 1980, puis une période de stabilité dans les années 1990, les inégalités se sont accrues au cours des années 2000. » Mais le travail de l'Insee a aussi valeur de mise en garde pour l’avenir : avec la déréglementation massive du travail que la France a connue, la reprise peut tout à fait s’accompagner du développement massif de la précarité et donc de la pauvreté. CQFD : dans un capitalisme marqué par un fort égoïsme social, une reprise peut aller de pair avec un nouveau creusement des inégalités…

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

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29 juin 2016 3 29 /06 /juin /2016 15:00

 

Source : http://www.bastamag.net

 

 

Mondialisation sociale

Bernard Thibault : « La réforme du code du travail aura une portée bien au-delà de nos frontières »

 

par , Nolwenn Weiler

 

 

 

L’adoption de la loi travail en France affaiblira celles et ceux qui se battent partout dans le monde pour faire progresser les droits sociaux, avertit Bernard Thibault. Ancien dirigeant de la CGT, il siège désormais à l’Organisation internationale du travail et vient de publier un ouvrage intitulé La troisième guerre mondiale est sociale. Il y décrit les conséquences de la quête de rentabilité immédiate : mondialisation du travail précaire informel et du chômage endémique, accidents mortels du travail en masse, persistance du travail forcé... Dans ce monde de brutes, la France et son modèle social font encore rêver, et servent de point d’appui pour faire avancer les régulations sociales. Plus pour longtemps...

Basta ! : Que vous inspire le traitement réservé à la CGT depuis quelques semaines par plusieurs médias et personnalités politiques ? Avez-vous connu une telle stigmatisation lorsque vous étiez à la tête de la fédération des cheminots puis secrétaire général de la CGT de 1999 à 2013 ?

Bernard Thibault  [1] : Je n’ai pas souvenir d’une séquence médiatique aussi violente, voire hargneuse, envers le mouvement social. Même pendant les grèves de 1995, alors qu’aucun train ne roulait. Nous avions alors souffert de la pression médiatique pendant huit jours « seulement ». Nous étions les preneurs d’otages de tout le pays ! Quand un sondage a été publié montrant que 70% des Français soutenaient les cheminots en grève, la tonalité des commentaires médiatiques a changé... Ce qui est exceptionnel aujourd’hui, c’est la longueur avec laquelle les médias tapent sur le mouvement social et le degré de personnalisation des critiques : voyez le nombre d’articles mettant en cause Philippe Martinez. La presse, dans sa majorité, accompagne la stratégie du Premier ministre.

La CGT a déjà été mise en cause, mais jamais avec une telle intensité. Ce mouvement est unitaire, mais on se focalise sur un seul syndicat, à dessein bien évidemment ! Certains ont pris leurs désirs pour des réalités : la CGT serait quasi moribonde. Cela révèle une forte méconnaissance de la réalité syndicale. Une période de flottement au sein de la direction confédérale ne signifie pas que la CGT, composée de multiples organisations et fédérations, est asphyxiée [2]. La force des mobilisations locales depuis trois mois le prouve.

« La troisième guerre mondiale est sociale », dites-vous. Assiste-t-on avec la loi Travail et sa contestation à une bataille cruciale de cette guerre sociale ?

Oui. L’écho international de ce qui se passe en France est considérable. Les mobilisations sociales y ont une résonance particulière. La France fait partie de ces pays repères : c’est l’un des pays où les droits sociaux sont les plus élaborés. Et un marqueur du type de régulation sociale qui sera mise en œuvre demain. Pensons notamment à la sécurité sociale, qui nous semble normale, mais dont est privée 73% de la population mondiale ! La moitié de la population mondiale vit également dans des pays qui n’ont pas ratifié les conventions internationales sur la liberté syndicale ou le droit de faire grève. Si la France, avec sa réputation internationale, s’affiche comme l’un des lieux où les droits des travailleurs reculent et participe au mouvement de dumping social, cela envoie un signal négatif et affaiblit tous ceux qui souhaitent faire avancer leurs législations sociales. De nombreux pays verront disparaître leurs points d’appui. C’est pourquoi la réforme du code du travail français aura une portée qui ira bien au-delà de nos frontières.

Êtes-vous surpris qu’une réforme si violente du droit du travail soit menée sous un gouvernement socialiste, après dix ans de gouvernement de droite ?

La plupart des manifestants d’aujourd’hui sont des électeurs de François Hollande en 2012. Il est d’ailleurs paradoxal de voir comment la CGT est critiquée par le gouvernement, alors qu’il nous était reproché par d’autres d’avoir trop pris position en faveur de la non réélection de Nicolas Sarkozy. Nous ne souhaitions pas l’échec de ce gouvernement. Il y a parmi les manifestants un sentiment de trahison alors que l’aspiration à un mieux être social était très forte parmi celles et ceux qui ont élu François Hollande. Et le sentiment que le gouvernement n’écoute pas ceux qui ont contribué à la victoire de 2012 ; alors que le patronat est, lui, plus écouté que jamais.

Selon les promoteurs de la loi, améliorer la compétitivité des entreprises et la flexibilité du marché du travail serait une manière de mieux placer la France dans la « guerre mondiale sociale » dont vous parlez dans votre ouvrage, et de réduire le chômage. Que leur répondez-vous ?

Mon livre vise à mieux faire comprendre la situation des droits sociaux dans le monde. Cela nous éclaire sur cette quête sans limite de compétitivité par le coût du travail, ce moins disant social auquel contribue la loi El-Khomri. Cette mise en compétition aboutit à ce que la moitié de la population mondiale n’a pas de contrat de travail ! Le travail non déclaré prend des proportions colossales. Cela signifie qu’aucun salaire n’est fixé, qu’aucun horaire de travail n’est précisé, que le contenu du travail n’est pas défini. Dans ces situations ultimes, tout débat sur les droits du travail est impossible !

La photographie sociale de la planète, c’est une précarisation croissante. Seulement 28% des femmes peuvent, par exemple, bénéficier d’un congé maternité. 168 millions d’enfants travaillent, dont la moitié dans des travaux dangereux. Le travail forcé persiste, notamment dans les émirats du Golfe. Deux millions de travailleurs meurent chaque année dans le monde du fait d’un accident ou d’une maladie liée au travail [3]. Pour illustrer le caractère massif et tragique des atteintes à la santé des travailleurs, des syndicalistes chinois m’ont rapporté que, chaque jour, ils dénombraient 114 doigts coupés dans les usines de la seule province chinoise de Guandong [4]. En 2015, le chômage touchait 197 millions de personnes, soit près d’un million de plus que l’année précédente. Seulement 12% des chômeurs sont indemnisés dans le monde, contre 40% dans ce pays encore repère qu’est la France.

S’il s’agit d’une guerre, quels en sont les belligérants ? Et le « dialogue social » est-il encore possible dans ce contexte ?

Il existe une nouvelle hiérarchie des pouvoirs. Les multinationales impriment davantage les règles que les États nationaux. Regardez l’Afrique et la gestion des matières premières : les multinationales accèdent à peu de frais à ces ressources et les extraient dans des conditions de travail déplorables ! Autre exemple, l’industrie textile a imposé les conditions sociales de sa délocalisation vers l’Asie, avec comme conséquence la tragédie du Rana Plaza. Aujourd’hui 500 000 multinationales emploient 200 millions de travailleurs. Avec la sous-traitance, un travailleur sur cinq dans le monde est concerné par leur activité. Leur critère principal de gestion est soumis à la pression de la rentabilité financière la plus immédiate possible.

Face à ce pouvoir, la mission de l’Organisation internationale du travail (OIT) est de promouvoir la justice sociale. Mais les États ont confié à d’autres institutions la définition et l’encadrement des règles du commerce international. Il y a une vraie hypocrisie : le Fond monétaire international (FMI), l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le G20 ne conditionnent pas le commerce au respect des droits sociaux. L’OMC sera bientôt plus soucieuse du droit des animaux que des droits sociaux au travail ! Le respect des normes sociales internationales reposent sur le bon vouloir des États nationaux. Certains sont volontaristes, d’autres n’en ont rien à faire, d’autres encore sont dans l’incapacité politique ou administrative de faire respecter ces règles. La solution est que l’OIT, où siègent États, représentants des travailleurs et représentants des employeurs, puisse elle aussi contrôler les circuits économiques et les multinationales. Il faut qu’une multinationale en infraction sur les droits sociaux puisse, par exemple, se voir privée d’accès aux marchés publics.

Le FN « fait mine de reprendre certaines revendications syndicales dans son programme électoral », écrivez-vous. Comment le FN arrive-t-il à profiter de cette « guerre sociale » ?

Face à l’incapacité politique de penser la mondialisation économique sur d’autres bases que la rentabilité financière, il ne faut pas s’étonner que les partis nationalistes et les replis identitaires progressent. Ces partis, dont le FN, ont comme seule réponse d’opposer les individus entre eux. C’est un leurre ! Aucun pays, replié sur lui-même, ne peut prétendre à l’autosuffisance sur l’ensemble des biens produits. On ne peut confiner les droits sociaux à la seule échelle nationale : on ne pourra pas garder notre système de protection sociale, nos congés payés, si le reste de la planète n’en dispose pas ! Ces replis identitaires ne changent rien. Ils permettent juste de ne surtout pas discuter du système économique qui prévaut. L’approche économique du FN est d’ailleurs plutôt néolibérale. Il n’y a qu’à constater son énorme flottement sur la loi El-Khomri. Il la critique aujourd’hui parce que les sondages continuent d’indiquer que 60% des Français y sont opposés.

Le défi écologique interroge fondamentalement la manière de produire et l’avenir des industries les plus polluantes, donc de celles et ceux qui y travaillent. Le syndicalisme devra-t-il demain intégrer la protection de l’environnement et de la santé dans ses revendications ?

Pendant des années, les syndicats et les associations environnementales ont vécu chacun de leur côté. Le mouvement syndical a progressé en réfléchissant aux liens entre les conditions de travail et la nature de ce qui est produit. Le mouvement environnemental a aussi appris à intégrer la dimension sociale. Nous avons besoin de croiser davantage les expertises de chacun. Les travailleurs sont souvent les mieux à même pour savoir comment produire d’une autre manière. Encore faut-il que les salariés ne soient plus soumis à la menace de la précarité et du chômage.

Je me souviens avoir visité un jour une usine de plasturgie dans l’Ouest de la France où les conditions de travail étaient épouvantables. Les gens n’avaient aucune protection, l’usine n’était pas équipée de filtres ni de systèmes d’aspiration. Les ouvriers respiraient des poussières de plastique très néfastes pour leur santé. S’ajoutait à cela une absence totale de traitement des déchets. Les bidons de produits chimiques s’entassaient derrière l’usine et commençaient à suinter. A proximité d’une école ! C’était stupéfiant. J’en ai parlé à des membres du comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail (CHSCT). Mais certains salariés m’ont répondu : « Attention, il ne faudrait pas qu’ils ferment la boîte parce que nous sommes trop exigeants ! » Il y a un réel dilemme chez ces ouvriers. La précarité rend les salariés dépendants des processus de production actuels. Quand ils en sont libérés, ils sont les premiers à se mobiliser.

Propos recueillis par Ivan du Roy et Nolwenn Weiler

Photo : Manifestation du 14 juin à Paris / Eros Sana

- La troisième guerre mondiale est sociale, Ed. de L’Atelier, avril 2016, 15 euros.

Notes

[1Cheminot dès l’âge de 17 ans puis syndicaliste, Bernard Thibault a dirigé la CGT de 1999 à 2013. Il est aujourd’hui membre du conseil d’administration de l’Organisation internationale du travail (OIT). Son ouvrage La troisième guerre mondiale est sociale, a été rédigé avec le concours de Pierre Coutaz, et publié par les éditions de l’Atelier.

[2Le 22 Mars 2013, Thierry Lepaon a été élu à la tête de la CGT en remplacement de Bernard Thibault. Début 2015 il est contraint à la démission suite à des révélation sur le montant élevé – 130 000 euros – des travaux de rénovation réalisé dans son domicile de fonction. C’est Philippe Martinez qui lui succède.

[3Selon l’OIT, 2,3 millions de travailleurs décèdent chaque année du fait d’un accident ou d’une maladie liée au travail, soit plus de victimes que dans tous les conflits et guerres réunies au cours d’une année.

[4La province chinoise de Guandong accueille de nombreuses multinationales du textile et du jouet.

 

 

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Source : http://www.bastamag.net

 

 

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 21:03

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

A la ZAD de Notre-Dame-des-Landes: «On va rester»
27 juin 2016 | Par christophe Gueugneau
 
 
 

À la ZAD de Notre-Dame-des-Landes comme autour, la consultation départementale, qui a donné à plus de 55 % le « oui » au déplacement de l'aéroport, n'a que peu d'effet. Habitants des communes voisines et habitants de la zone à défendre restent déterminés. Ce week-end, une nouvelle structure est d'ailleurs sortie de terre, seul « refaire un dôme » ayant remporté tous les suffrages.

Notre-Dame-des-Landes, de notre envoyé spécial.-  À 20 h 30, dimanche 26 juin, le lieu appelé La Vache rit, à la ZAD (zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes, se remplit peu à peu des habitants des villages environnants, à l’appel des zadistes et de l’Acipa, l’une des principales associations opposées à l’aéroport. On discute de la famille, du boulot, et évidemment de la consultation qui a eu lieu toute la journée dans le département de la Loire-Atlantique. Un écran situé au fond du hangar qui sert de salle des fêtes diffuse une télévision locale où des panneaux de résultats apparaissent régulièrement.

 

À La Vache rit, dans l'attente des résultats dimanche soir © Yann Levy À La Vache rit, dans l'attente des résultats dimanche soir © Yann Levy

 

Les premières remontées des dépouillements donnent une victoire du « oui » au transfert de l’aéroport actuel de Nantes Atlantique vers la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Mais les résultats arrivent au compte-gouttes, si bien que la communication à destination des journalistes est reportée.

 

Lorsqu’une commune s’affiche sur l’écran et que la majorité va au « non », elle est applaudie à tout rompre. En particulier lorsqu’il s’agit d’une commune voisine (lire ici l'analyse du scrutin par Jade Lindgaard). L’apparition sur l’écran de Bruno Retailleau, le chef de file des Républicains au Sénat et président du conseil régional des Pays de la Loire, fait bondir même les anciens de leur siège. Hué copieusement. Tout comme Jean-Marc Ayrault, ancien maire de Nantes et soutien actif du nouvel aéroport, ou Manuel Valls, actuel premier ministre et surtout ministre de l’intérieur au moment de l’opération César, fin 2012, qui avait tenté, sans succès, d’évacuer la ZAD.

Combattives mais pas résignées, déçues mais pas étonnées. Les personnes présentes à La Vache rit font preuve de détermination quand on les interroge. Une dame juge « trop facile, ce référendum sur mesure ». Un monsieur explique qu’ils sont « fortiches », les politiques, « qui veulent refaire voter quand le résultat ne leur plaît pas, comme en 2005 ou maintenant avec le Brexit, mais qui par contre s’accrochent à un résultat qui va dans leur sens alors que là, pour le coup, ça ne représente pas grand-chose ».

 

Camille, habitante de la ZAD, et Dominique Fresneau de l'Acipa tiennent une conférence de presse © Yann Levy Camille, habitante de la ZAD, et Dominique Fresneau de l'Acipa tiennent une conférence de presse © Yann Levy

 

Les mêmes arguments reviennent : le choix du périmètre de la consultation, le département, considéré comme plus favorable au oui, la question elle-même, les conditions de la campagne d’information. Vers 21 h 20, Dominique Fresneau, de l’Acipa, et Camille, une des habitantes de la ZAD, prennent la parole pour une courte allocution lue à deux voix. Ils y dénoncent « le cadre, le processus et le contenu de cette consultation », qui « étaient fondamentalement biaisés » car « basés sur une série de mensonges d’État et radicalement inéquitables ». Mais, rappellent-ils, « il ne s’agissait pour nous que d’une étape dans la longue lutte pour un avenir sans aéroport », et « cette lutte se poursuit dès ce soir ».

La salle entame un long « On va gagner, on va gagner ! » qui donne décidément à cette soirée électorale de défaite un goût de victoire. « Nous appelons tous les soutiens et comités partout en France à redoubler de vigilance dans les semaines et mois à venir », enchaînent les deux représentants. « Résistance, résistance ! » répond la foule de plus en plus enthousiaste. « Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes », concluent Dominique Fresneau et Camille. « On lâche rien, on lâche rien ! » chantent les habitants.

 

Les personnes présentes à La Vache rit entonnent un « Résistance, résistance ! » pendant la conférence de presse © Yann Levy Les personnes présentes à La Vache rit entonnent un « Résistance, résistance ! » pendant la conférence de presse © Yann Levy

 

Fin du discours, les journalistes sont invités à faire leurs interviews à l’extérieur, le bar est sorti, les gobelets sérigraphiés « non à l'aéroport » sont distribués. 

Pour Julien Maillard, originaire des environs, « le résultat de ce soir ne va strictement rien changer ». Ce trentenaire est tout de même « agréablement surpris par les résultats dans les communes alentour ». Mais pour lui, le « foutage de gueule démocratique va continuer ». Un autre Camille, habitant de la ZAD, explique un peu plus tard : « Le premier ministre a dit que, quel que soit le résultat du référendum, ils veulent démonter la ZAD. Nous, on va continuer ce qui se construit ici. »

Cette première partie de soirée électorale touche à sa fin, mais une seconde a déjà commencé ailleurs sur la ZAD : au Gourbi. Plus qu’une soirée électorale, c’est plutôt une crémaillère, même si le chantier n’est pas totalement terminé. En pied de nez au référendum qui devait sceller dans un sens ou un autre l’avenir de la ZAD, ses habitants avaient en effet appelé tout le week-end à « refaire un dôme ».

Dès samedi après-midi, le dôme proprement dit, une structure métallique d’environ 10 mètres de diamètre, avec des murs progressivement recouverts de paille et d’argile durant le week-end, était le principal chantier en cours. Il est construit là où se trouvait la maison d’un certain monsieur Gourbil, d’où le nom. La maison avait été rasée. À la place, une vaste cabane a été érigée à la fin 2015, avant d’être à son tour incendiée quelques jours plus tard. « C’est là pour durer, c’est là pour montrer qu’on va rester », dit un des « travailleurs » sur le chantier, sous un joli soleil d’été. Un autre : « Qu’est-ce qu’ils veulent ? Une guerre civile ? Moi, je ne suis pas pour mais il y a un moment où bon… »

 

Sur le chantier du dôme au Gourbi samedi après-midi © Yann Levy Sur le chantier du dôme au Gourbi samedi après-midi © Yann Levy

 

Pour ce week-end de travail, la cantine annonce avoir servi 350 repas samedi midi. Le même nombre environ le soir, alors que les ouvriers du Gourbi entament les trois-huit pour terminer le dôme avant dimanche soir. Tout le monde met la main à la pâte, certains une demi-heure, d’autres plusieurs heures. D'autres chantiers sont en cours sur la ZAD. Un champ de courges doit être paillé, une serre doit être réparée, un mur d'escalade doit être terminé… les volontaires peuvent se présenter au lieu-dit La Wardine, où les différents postes sont répartis.

 

«On a décidé de vivre ici, on veut que ça dure»

Au petit matin, dimanche, le chantier du Gourbi est délaissé une demi-heure tout au plus, « le temps de regarder le lever de soleil ». Pour cette journée aux urnes, la quasi-totalité des habitants de la ZAD reste disponible, n’ayant tout simplement pas le droit – ni l'envie pour la plupart – de voter.

Plus tard dans la matinée, à Notre-Dame-des-Landes, le maire Jean-Paul Naud se tient devant la mairie, à deviser avec quelques-uns de ses administrés. Costume, moustache, et sourire au lèvres, même s’il ne se fait pas trop d’illusions sur le résultat. Ce qui est sûr, c’est que ça vote beaucoup dans sa commune. « Depuis 8 heures ce matin, il y a vraiment beaucoup de monde, plus de participation que d’habitude. » Dans le bureau de vote situé juste à côté de la mairie, dans une école, l’ambiance est bonne. Un couple de personnes âgées arrive. L’homme demande à une jeune femme qui sort s’il y a beaucoup de monde à l’intérieur. « Oh oui », répond-elle avant de filer déjeuner avec ses deux enfants sous le bras. 

 

Le maire de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud, au centre, dimanche, jour de vote © Yann Levy Le maire de Notre-Dame-des-Landes, Jean-Paul Naud, au centre, dimanche, jour de vote © Yann Levy
 

La commune a toujours été majoritairement contre l’aéroport, maire compris. Le non ici a fait son plus gros score : 73,57 % avec une participation à 75 %.

Direction Saint-Aignan-Grandlieu, à une trentaine de kilomètres. La commune est elle aussi directement concernée par la consultation, puisque c’est ici que se trouve l’actuel aéroport de Nantes Atlantique. Là encore, la participation en début d’après-midi est bonne. André, technicien chez Airbus, sort d’un des bureaux de vote en discutant. D’abord un peu réticent – « je n’ai pas trop le temps de vous parler » –, il finit par expliquer pourquoi il a voté oui au transfert, « car c’est mieux, même au niveau écologique, pas seulement au niveau économique ». « Il faut bien que cette commune, ici, puisse se développer aussi. »

 

À Saint-Aignan, dimanche, commune proche de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique © Yann Levy
À Saint-Aignan, dimanche, commune proche de l'actuel aéroport de Nantes Atlantique © Yann Levy

 

En approchant d’un autre bureau, un avion surgit avec vacarme de derrière le bâtiment, très bas, il va se poser quelques kilomètres plus loin. Ici, les assesseurs soulignent le nombre important de procurations : « C’est même plus que pour la présidentielle. » Une dame pressée sort du bureau. Elle, elle en a « marre des nuisances sonores ». Un homme, la cinquantaine, estime quant à lui que cette consultation montre « que le gouvernement ne prend pas ses responsabilités. C’est bien que le citoyen donne son avis mais la justice a déjà tranché, et le gouvernement n’en a rien fait ». Un couple à présent sort. Pour la dame, c’est « important pour le développement économique de la région que le nouvel aéroport se fasse ». Son mari, qui « a bossé la question », estime que « même si Nantes Atlantique s’agrandit, ça ne tiendra pas longtemps au vu de l’augmentation prévue du trafic ». Résultat, dans la commune, un « oui au transfert » massif – 71,7 %.

Retour au Gourbi, où les habitants de la ZAD ont convié les journalistes sur le lieu du « refaire un dôme ». La plupart des travailleurs présents vaquent normalement à leurs occupations, d’autres, plus méfiants à l’égard des médias, arborent des cagoules cousues main et sur place pour une précédente occasion. 

 

Sur le chantier du dôme dimanche après-midi © Yann Levy Sur le chantier du dôme dimanche après-midi © Yann Levy

 

Camille, la vingtaine, est arrivée depuis une semaine sur la ZAD et a participé à la préparation du chantier dôme. Elle a pour projet de monter un atelier de poterie ici. En attendant, elle faisait partie de l’équipe qui a passé toute la nuit sur place – « c’était trop bien, les gens étaient tous très motivés ». La ZAD ? Elle « y trouve quelque chose de nouveau, une autre organisation relationnelle, une autre organisation du rapport au travail », elle y voit « une communauté en lutte contre un projet gouvernemental pas accepté par la population locale »

La consultation en cours la laisse de marbre. « L’ambiguïté de la question, l’ambiguïté du périmètre, l’ambiguïté de vouloir régler en un dimanche un problème vieux de quarante ans, tout est ambigu, dit-elle. De toute façon, les gens vont rester, on a décidé de vivre ici, on veut que ça dure. »

Dimanche soir, dans la nuit, un concert de hip-hop se tient sur la scène qui a été construite à côté du dôme pour soutenir les travailleurs. Des gens dansent pendant que d’autres continuent inlassablement de poser le meilleur terre-paille sur la structure métallique. Réagissant aux résultats, le premier ministre Manuel Valls a déclaré que les occupants illégaux du terrain devraient « partir » d’ici au début des travaux à l’automne. La maire PS de Nantes, Johanna Rolland, a appuyé ce choix : « Il doit y avoir évacuation de la ZAD. »

« Mais nous, on s’en fout, on n'est pas des occupants, on est des habitants », lui répond une zadiste interrogée lundi matin. L’évacuation, si elle a lieu, devrait intervenir d’ici à l’automne. Au vu du fiasco de l’opération César de 2012, les moyens à mobiliser devraient être très importants. Au vu des personnes interrogées ce week-end, habitants de la ZAD comme soutiens, la résistance devrait l’être tout autant. Des forces qui pourront se compter les 9 et 10 juillet pour le rassemblement estival des anti-aéroport, baptisé « Semailles de démocratie ».

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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27 juin 2016 1 27 /06 /juin /2016 20:03

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

Brexit: la peur de la contagion s'étend en Europe
27 juin 2016 | Par martine orange
 
 
 

Les incertitudes nées du Brexit ont de nouveau créé de fortes turbulences sur des marchés financiers, lundi 27 juin. La livre chute, les places financières dévissent. Plus inquiétant : la contagion gagne maintenant l’Europe. Les banques italiennes sont sous le feu de la spéculation. La crise de la zone euro pourrait se raviver.  

Trois jours seulement auront suffi pour effacer leurs divergences fondamentales. À quelques heures d’intervalle, le ministre britannique des finances George Osborne, partisan du Remain, et l’ancien maire de Londres devenu un des chefs de file du Leave, Boris Johnson, se retrouvent exactement sur la même ligne. Pour l’un comme pour l’autre, il est urgent de ne pas se presser pour engager des négociations avec l’Europe sur la sortie du Royaume-Uni. En attendant, les marchés financiers ne doivent pas s’affoler.

Dans une tribune publiée par The Telegraph, Boris Johnson a assuré que les remous créés par le vote britannique le 24 juin seraient vite oubliés. « Chez nous et à l’étranger, les conséquences négatives ont été largement surestimées, alors que les bénéfices ont été ignorés », dit-il, avant de promettre une stabilisation rapide des marchés financiers et de la livre. 

 

 © Reuters © Reuters

 

Peu de temps avant l’ouverture des marchés, lundi 27 juin, George Osborne a tenu les mêmes propos rassurants. Alors qu’il avait prédit pendant la campagne un effondrement de l’économie britannique en cas de victoire du Leave, le ministre des finances assure maintenant que la situation britannique est maîtrisée. Pour lui, rien de comparable à la crise de 2008 : l’économie est solide, les finances publiques sont assainies, et les banques en bien meilleure santé qu’au moment de la crise financière. Avant d’ajouter : « Le trésor, la banque d’Angleterre et l’autorité des marchés financiers ont passé des mois à mettre en place des plans solides d’urgence », afin d’éviter tout contrecoup préjudiciable à l’économie.

L’effet anesthésiant de ce message destiné en priorité aux investisseurs et aux financiers a duré… à peine dix minutes. La chute de la livre, qui s’était momentanément calmée, a repris de plus belle : après avoir perdu plus de 8 % face au dollar vendredi, elle s’est dépréciée à nouveau de 4 % par rapport à la monnaie américaine, tombant à 1,31 dollar.  

 

Évolution de la livre face au dollar Évolution de la livre face au dollar

 

Les répliques du séisme provoqué par le Brexit ont été encore plus fortes sur le marché boursier. Après avoir ouvert en baisse de 14 %, les actions de la Barclay’s et de la Royal Bank of Scotland ont dû être momentanément suspendues, en raison d’ordres vendeurs trop importants. À la clôture, après avoir été dégradée par les agences de notation dans la journée, Barclay’s avait perdu 17 %, et la Royal Bank of Scotland 26 % retrouvait son plus bas niveau depuis l’effondrement de 2009.

Dans la journée, la compagnie aérienne Easyjet a vu sa capitalisation boursière fondre de près d’un cinquième, après avoir averti que ses résultats risquaient de tomber de près de 5 % au second semestre, en raison des incertitudes créées par le Brexit. Des groupes de BTP, d’immobilier, ou de distribution ont enregistré des chutes de 10 à 15 % au cours de la séance.

Déjà, des économistes font des calculs. Alors que l’économie britannique donnait quelques signes d’essouflement, avant même le référendum, ils estiment désormais qu’un ralentissement est inévitable. Une majorité table sur une croissance autour de 1 %. Goldman Sachs est encore plus pessimiste, et annonce une croissance de 0,2 % au lieu de 2 % avant le vote. « Nous ne sommes pas très à l’aise pour faire une prédiction sur l’impact du Brexit sur le PIB […] Selon toute vraisemblance, la croissance du PIB va baisser, en raison des incertitudes », écrit le cabinet Axiom, dans une note publiée lundi sur les conséquences du Brexit.

Faute de savoir comment va s’écrire l’avenir avec l’Europe, toutes les décisions vont être suspendues, préviennent les économistes. Ils prévoient une diminution des investissements, des embauches, une chute sur le marché de l’emploi. Mais les incertitudes pourraient aussi dissuader les Britanniques d’acheter, de consommer, de partir en vacances.

Dans la plupart de leurs études, une mention spéciale est consacrée à la City. Toutes les banques installées à Londres, qui jusqu’alors était la principale place pour les transactions en euros, se demandent si elles vont pouvoir continuer leurs activités. D’autant que des responsables de la Banque centrale européenne ont commencé à les avertir qu’elles n’auraient peut-être plus les mêmes licences et autorisations à l’avenir. Par prudence, des banques américaines, comme Citi ou Morgan Stanley, ont déjà annoncé leur intention de déplacer certains départements dans d’autres filiales allemandes ou françaises. D’autres se demandent si elles pourront rester, et quelle proportion d’emplois elles pourront garder. « 100 000 emplois sont en jeu », s’inquiète ainsi le Financial Times.

Jusqu’à présent, le gouvernement britannique, démissionnaire, ne semble pas pressé de dissiper le brouillard. Bénéficiant du soutien explicite d’Angela Merkel qui souhaite temporiser, il s’en tient à son calendrier : rien ne se passera avant la nomination d’un nouveau premier ministre à l’automne. Une position partagée par Boris Johnson. Lors de sa conférence de presse, le ministre des finances George Osborne a été encore plus explicite : « Le Royaume-Uni ne devrait engager l’article 50 [du traité de Lisbonne qui autorise un pays à quitter l’Union européenne – ndlr] que lorsque les termes du départ seront éclaircis. »

L'Italie en danger

Tout cela paraît irréaliste et ne va pas pouvoir s’éterniser, selon nombre d'observateurs, qui estiment que les réalités financières vont vite rappeler le gouvernement britannique à la raison. « Plus les incertitudes dureront, plus les conséquences seront lourdes », avertit une note de Morgan Stanley. « Il y a beaucoup de questions qui ont besoin de réponse rapidement. Plus cela s'éternisera, plus les pressions vont augmenter sur la livre », expliquait dimanche un stratégiste d’UniCrédit sur Bloomberg. « La réaction que nous avons vue vendredi sur les marchés était largement le résultat d’une activité spéculative. Ce que nous n’avons pas encore vu, c’est le flux [des capitaux – ndlr], le renversement du  flux sortant du Royaume-Uni. Quand ce mouvement va commencer, je suis persuadé qu’il y aura une énorme pression sur la livre », prévient-il.

De plus en plus de voix – venant de Paris et de Rome, de responsables européens, du FMI, des banques centrales, des fédérations patronales comme la Confédération britannique de l’industrie (CBI) – pressent le gouvernement britannique de lever au plus vite les incertitudes créées par le Brexit. Tous le poussent à engager au plus vite des négociations pour organiser les futures relations entre le Royaume-Uni et l’Europe. « À ce stade, les responsables politiques au Royaume-Uni et en Europe tiennent ce niveau d’incertitude entre leurs mains. La façon dont ils agiront dans les prochains jours va donner la direction vers laquelle le risque va », a insisté la directrice générale du FMI Christine Lagarde.

Les pressions sur le gouvernement britannique pour le pousser à ouvrir les négociations avec l’Europe risquent de s’accentuer dans les jours qui viennent. Car tous redoutent que la tourmente anglaise ne s’étende et ne gagne la zone euro. Dans les faits, la contagion a déjà commencé à toucher le continent européen. « Nous pensons que les incertitudes grandissantes en Europe vont amener à des primes de risque plus élevées. Nos stratégistes européens n’excluent pas un retour à des niveaux connus lors de la crise de la zone euro », annonce une note de HSBC.

Toutes les places boursières européennes sont en chute depuis le résultat du référendum britannique. Vendredi, la bourse de Milan a clôturé à -12,48 %, celle de Madrid à -12,47 %. À Paris, le CAC a perdu 8,4 %. Lundi, la baisse est repartie de plus belle. Paris a baissé de 2,92 %, Francfort de 3,01 %, Milan de 3,94 %.

Mais ce sont moins les dégringolades des indices généraux qui affolent les investisseurs que la tempête dans laquelle se retrouve pris à nouveau le système bancaire européen. L’indice bancaire Euro Stoxx, qui avait déjà essuyé les plus fortes pertes vendredi, a baissé de nouveau de 5,2 % lundi. BNP Paribas a perdu 6,32 %, la Deutsche Bank est à son plus bas niveau, après une nouvelle baisse de 6,31 %. « Les actions bancaires continuent à souffrir. Il y a des préoccupations de plus en plus fortes sur la stabilité du secteur bancaire européen », dit un analyste de CMC Markets.

 

Indice bancaire Euro Stoxx © FT Indice bancaire Euro Stoxx © FT

 

Les marchés ont déjà désigné le maillon faible : l’Italie. Avant même la crise déclenchée par le Brexit, le secteur bancaire italien était considéré comme le plus fragile et le plus sous-capitalisé. Touchées par une récession qui n’en finit pas, les banques italiennes détiendraient plus de 350 milliards d’euros de créances douteuses ou impayées dans leur bilan.

Au début de l’année, le gouvernement transalpin a tenté de les aider en imaginant la création d’une bad bank, qui aurait recueilli nombre de leurs actifs douteux. Ce dispositif a été rejeté par la Commission européenne, celle-ci estimant qu’il relevait d’une aide d’État, interdite par principe. Après ce refus, le gouvernement italien a dû se contenter d’une structure financée en partie par le privé. Mais celle-ci n’a recueilli que 5 milliards d’euros. Loin, très loin des besoins des banques italiennes.

La crise britannique a ravivé la spéculation sur les banques italiennes. Lundi, le cours de Monte dei Paschi, en quasi-faillite, a rechuté de 13,34 %, celui d’UniCredit de 12,38 %, celui de Popolare de 10,25 %. En urgence, le gouvernement italien a fait fuiter un plan de recapitalisation de ses banques. Il prévoit d’apporter 40 milliards d’euros au système bancaire. Ce renflouement devrait être autorisé par la Commission, au vu de la situation d’urgence.

Dans le même temps, la spéculation a repris sur les obligations d’État des pays de l’Europe du Sud (Espagne, Portugal, Italie). Celle-ci n’a rien de comparable à celle à l’œuvre aux pires moments de la crise de la zone euro. Mais elle donne une autre indication : malgré les engagements de la BCE, les financiers sont en train de tester de nouveau la capacité de résistance de l’Europe. Alors que le gouvernement britannique joue l’immobilisme, les marchés financiers pourraient, comme depuis le début de la crise de 2008, être les arbitres des dissensions européennes et forcer les décisions.

 

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 13:40

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

Dauphins abattus aux îles Féroé : chaque été, c'est pareil. Cessons ce massacre archaïque

 

 
 

LE PLUS. Chaque année, les habitants des îles Féroé se livrent à une pratique cruelle qui consiste à rabattre et à tuer des globicéphales. Autorisés toute l’année, les massacres sont plus fréquents de juin à octobre, période pendant laquelle ces cétacés migrent le long des côtes de l’archipel. Pour Audrey Verdière, militante au sein de l'association C'est assez !, il est temps d'arrêter ce massacre.

Édité et parrainé par Louise Auvitu

Tous les étés, plusieurs centaines de globicéphales sont massacrés aux Îles Féroé. (D.R.)

 

Les îles Féroé se situent à mi-chemin entre l'Écosse et l'Islande. C’est une province autonome du Royaume du Danemark. Ces îles balayées par les vents offrent une nature brute et des paysages spectaculaires, avec de hautes falaises qui tombent à pic dans l'océan. Le vert des prairies offre un magnifique contraste avec le bleu de la mer, omniprésente dans la vie des insulaires.

 

Malheureusement, plusieurs fois par an, le bleu des baies laisse place au rouge du sang versé par les Féringiens qui pratiquent une chasse aussi cruelle qu'archaïque, appelée "Grindadrap".

 

Chaque année, des centaines de globicéphales meurent dans l'archipel, au nom de la "tradition".

 

Le grindadrap, le plus grand massacre de cétacés d'Europe

 

Depuis le XVIe siècle, les habitants des îles Féroé pratiquent la chasse aux globicéphales (aussi appelés baleines-pilotes). Ce qui était autrefois une chasse de subsistance n'est aujourd'hui qu'une barbarie inutile : les Féringiens ont un niveau de vie parmi les plus élevés d'Europe. 

 

Bateaux très rapides équipés de sonars, moyens de communication... dans le monde actuel les Féringiens utilisent des méthodes bien lointaines de celles de leurs ancêtres vikings.

 

Le grindadrap ne laisse aucune chance aux cétacés qui migrent dans ces eaux. Ils sont rabattus dans des baies ; des familles entières s'y font massacrer tous les ans.

 

Les Féringiens ne font aucune distinction et n'hésitent pas à tuer des femelles gestantes et des juvéniles et ce en toute impunité. Le grindadrap est actuellement le plus grand massacre de cétacés d'Europe.

 

Une femelle gestante morte à cause du Grindarap. (DR)

 

Les globicéphales, des mammifères marins pacifiques

 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les baleines-pilotes appartiennent en réalité à la famille des dauphins. Comme tous les cétacés, elles sont dotées d’une intelligence et d’un langage complexes et ont conscience d’elles-mêmes.

 

Chez les globicéphales, le groupe prime sur les individus. Leur empathie serait telle que lorsqu’ils sont rabattus dans les baies, ils ne cherchent pas à fuir mais restent auprès de leur famille. Il en va de même lors des échouages, les globicéphales ne quittant jamais leur groupe malgré le danger. Cela expliquerait aussi pourquoi ces chasses au rabattage sont si meurtrières.

 

Le 6 juin 2015, plus de 150 globicéphales ont été tués en une seule matinée. Une mise à mort qui a duré près de quatre heures, durant lesquelles les dauphins ont assisté au massacre des leurs, pleinement conscients qu’ils n’échapperaient pas à la tuerie.

 

En juillet 2015, ils étaient 250 à périr dans les mêmes circonstances en l’espace d’une journée.

 

Une législation bafouée

 

Le globicéphale noir est pourtant une espèce protégée par la Convention de Berne, mais les îles Féroé ne sont pas signataires. Le statut particulier de ces îles, rattachées au Danemark, mais disposant d'une certaine autonomie, leur permet d'échapper à toute législation et de perpétuer cette barbarie sans craindre la moindre sanction.

 

L’année dernière, les îles Féroé ont adapté leurs lois afin que toute personne s’opposant au grind puisse être arrêtée et faire l’objet de poursuites judiciaires. Pire, toute personne voyant un groupe de globicéphales doit obligatoirement le signaler aux autorités féringiennes pour que le grind s’organise.

 

Ces mesures n’ont qu’un seul but : permettre aux Féringiens de perpétuer ces massacres en toute tranquillité, sans que personne ne puisse intervenir.

 

Si les Féroé ne sont pas membres de l’Union européenne, le Danemark en revanche en fait partie. À ce titre, il se doit de respecter les conventions signées. Mais en envoyant sa marine dans les Féroé pour protéger ces chasses, le Danemark viole les conventions internationales de Bonn (23 juin 1979 sur la protection des espèces migratrices) et de Berne (23 juin 1979 sur la conservation de la faune sauvage). Pourtant, le Danemark n’a pour le moment subi aucune remontrance de la part des instances européennes ou internationales.

 

Une viande toxique


En outre, la viande de globicéphale contient des polluants et des métaux lourds comme le mercure et a été jugée impropre à la consommation en 2008, en particulier pour les femmes enceintes et les enfants. Mais cela n'empêche pas certains Féringiens de continuer à consommer cette viande "gratuite".

 

Par ailleurs, d’immenses charniers sous-marins ont été découverts il y a quelques années près des côtes de l’archipel. De toute évidence, les globicéphales dont on a retrouvé les squelettes n’ont pas été tués pour leur viande, mais lestés avec des pierres.

 

Pour quelle raison ? S’agirait-il davantage d’un "loisir" que d’une façon de se nourrir ?

 

Massacrer des globicéphale fait partie d'un rite initiatique


Bien que ces massacres soient complètement archaïques, ils constituent aux îles Féroé une sorte de rite initiatique pour les plus jeunes. Ainsi, il n'est pas rare de voir de très jeunes enfants participer à cette barbarie, encouragés par leurs aînés.

 

Aujourd'hui, si cette pratique se perpétue, il s'agit surtout pour les Féringiens d'affirmer leur identité culturelle. Cela justifie-t-il de tuer des centaines d'innocentes créatures? Ne peuvent-ils pas affirmer leur identité autrement ?

 

Il est plus que temps que ces massacres cessent, et que les baleines-pilotes puissent enfin migrer sans être traquées et assassinées.  

 

À lire en + : 

 

>> "Des 'baleines' s'échouent à Calais : les globicéphales restent unies. Même dans la mort", par Olivier Van Canneyt 

>> "Dauphins massacrés aux îles Féroé : j'y étais, les militants ont fait leur possible", par Christophe Marie

 

 

Source : http://leplus.nouvelobs.com

 

 

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 13:27

 

Source : http://www.radio-monaco.com

 

 

Un activiste américain sauve 1000 chiens du festival de Yulin

 

 

Un activiste américain sauve 1000 chiens du festival de Yulin

 
Camille Chappuis
Par Camille Chappuis
vendredi 24 juin 2016

C’est la belle histoire du jour. Mardi a commencé le très controversé et dénoncé festival de Yulin, dans le sud de la Chine. Une fête qui dure dix jours et durant laquelle, chaque année, des dizaines de milliers de chiens et de chats sont tués pour être mangés. Les défenseurs des animaux ne cessent de s’insurger pour réclamer la fin de ce festival. Cette année l’un d’eux a réussi à sauver mille chiens destinés à finir dans les assiettes des Chinois.

Les mots ne suffisent pas à couper l’appétit des Chinois. C’est le constat qu’a fait Marc Ching, activiste américain qui a mené cette opération de sauvetage en Chine. Marc Ching, c’est un nom qui ne vous dit peut-être rien, mais il est déjà bien connu des autorités chinoises. Il a même déjà été tabassé et emprisonné pour avoir dénoncé le festival de Yulin. Il en a fallu plus pour l’arrêter puisque cette année ses efforts ont payé.

Pour la septième fois, l’Américain s’est rendu en Asie et mardi, il a réussi à libérer mille chiens emprisonnés dans six abattoirs. Marc Ching marchande pendant un long moment avant d’acheter les animaux aux trafiquants de viande canine. Il envoie ensuite les toutous aux États-Unis pour qu’ils commencent leur vraie vie de chien. 

Marc Ching a également réussi à faire fermer de nombreux abattoirs en Asie notamment au Cambodge. De belles victoires pour cet Américain ami des bêtes, mais il reste du travail. Chaque année, entre dix et vingt millions de chiens sont abattus pour être mangés en Chine. La plupart sont des animaux de compagnie volés.

 

 

Source : http://www.radio-monaco.com

 

 

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Source : http://actualites.nouvelobs.com

 

 

CHINE. A Yulin, on achève bien les chiens

 

Publié le 23 août 2015 à 06h55

 

 

CHINE. A Yulin, on achève bien les chiens

Des chiens sur un étalage, le 22 juin 2015 à Yulin. ((JOHANNES EISELE / AFP))

 

A Yulin, une ville du sud de la Chine, on abat des milliers d’animaux de compagnie pour consommer leur viande au cours d'un festival... Une pratique de plus en plus critiquée.

 

Clope au bec pour couvrir la puanteur, trois bouchers achèvent l’abattage du matin : une cinquantaine de bêtes, prélevées une à une dans les cages, soulevées avec des pinces métalliques enserrant leur cou, tuées à coups de barre de fer, vidées, jetées dans une centrifugeuse pour les dépoiler, et, pour finir, "dorées" au chalumeau. Le tout à un mètre de leurs congénères terrorisés, entassés dans deux grandes cages. Dans la première, une grappe tremblante de chats hagards et dépenaillés ; dans la seconde, une trentaine de chiens sales aux yeux fous massés contre le mur.

Pendant que les bouchers balaient l’épaisse couche de tripes et de sang qui recouvre le sol, un étranger s’approche des cages et parle avec douceur aux bêtes épouvantées. Peter Li, professeur à l’université de Houston, est un militant fervent de la cause animale, membre de l’ONG américaine Humane Society International (HSI). Il remarque le collier au cou de nombreuses bêtes, signe qu’il s’agit d’animaux de compagnie volés :

J’ai vu des labradors, des golden retrievers, des huskys, des samoyèdes, des caniches, etc. La présence de bêtes de prix comme les dalmatiens et les mastiffs du Tibet prouve qu’il s’agit d’un trafic criminel."
Des litchis aux chiens

Il raconte leur état pitoyable, les signes de déshydratation, les maladies de peau, les fractures ouvertes, les blessures infectées et l’espèce de sidération engendrée par une succession effroyable de souffrances… Quelques grands chiens osent s’approcher de l’inconnu à la voix douce. Ils le dévisagent un instant avant de se détourner. Non, ce n’est pas leur maître subitement apparu pour les libérer. Personne ne viendra les sauver.

Seule note claire dans cet océan de désespoir, un frétillant petit cabot s’accroche à l’étranger, flairant ses doigts avec insistance, cherchant à saisir son regard. Peter Li raconte :

Tant d’espoir et de foi malgré l’horreur… Je n’ai pas pu résister. J’ai demandé au boucher de me le vendre. Et je l’ai emporté très vite, de peur que le type ne change d’avis."

Le petit rescapé a beaucoup de chance. Grâce à cette rencontre inespérée, il vient d’échapper à l’hécatombe qui marque chaque année le fameux et controversé Festival de la viande canine et des litchis de Yulin (province du Guangxi).

 

Des carcasses de chiens sur le marché de Yulin, juin 2015. (Johannes Eisele / AFP)

 

Les délicieux litchis, mûris au soleil subtropical d’une région parsemée de belles collines rocheuses, étaient le titre de gloire de Yulin. Croyant renforcer son image touristique, la ville décide en 2008 de créer sur deux jours un festival annuel associant aux litchis… la viande canine. Avec ses dix mille à quinze mille chiens et chats abattus chaque année, elle décrochera en réalité un titre d’indignité planétaire. Pour la terre entière, Yulin est devenu synonyme de barbarie.

 

Des dizaines de militants

Andrea Gung, fondatrice d’une petite ONG, passe chaque année quelques semaines éprouvantes à Yulin. Elle explique :

Il n’y a pas en Chine de loi spécifique contre la barbarie à l’égard des animaux. Mais la législation existante – sécurité alimentaire, transport du bétail – suffirait, si elle était appliquée, à arrêter ce scandale."

Cette année, elle est venue avec un réalisateur français chargé de tourner un documentaire. "Nous voulons contribuer au mouvement d’opinion international dans l’espoir de faire bouger les autorités", explique-t-elle. Avec un million de tweets sur le hashtag #StopYulin2015 et cinq millions de signatures recueillies par deux pétitions, la campagne a déjà porté ses fruits.

De là à contraindre les pouvoirs publics à sévir, la route est longue : les dirigeants chinois, chacun le sait, résistent à toute pression extérieure. Mais ils doivent désormais affronter la colère, bien plus redoutable, de leur propre opinion publique : celle des citadins jeunes, éduqués, élevés dans l’amour des animaux de compagnie, qui ne supportent pas la cruauté des trafiquants et grondent contre le laxisme du pouvoir.

Ces militants-là sont parmi les plus déterminés, les plus audacieux et les plus organisés de tout l’éventail associatif chinois. Yulin est leur cible. Chaque année, ils y convergent par dizaines. Direction : le grand marché, où l’on vend des animaux vivants – en général aux restaurateurs qui se chargeront de l’abattage –, et le marché Dongkou, où trois rangées de vendeurs débitent des carcasses.

 

Des chats vivants sur le marché. (AP / Humane Society International)

 

L'abattage public interdit

Cette année, l’atmosphère y est tendue, et l’accueil d’emblée hostile : "Foutez le camp, bande de voyous ! Il n’y a rien d’illégal ici !" jette une matrone assise devant une cage où quatre chiens sont entassés. Quand elle aperçoit la journaliste de "L'Obs" parmi les visiteurs, elle se met à hurler :

Vous êtes des vendus, payés par les ennemis de la Chine pour venir nous intimider. On est chez nous, on fait ce qu’on veut !"

Attirés par les cris, des individus menaçants nous bousculent et tentent d’arracher les appareils et téléphones portables qui filmaient la scène. Face à l’escalade, les militants battent en retraite. Visitant le même marché un peu plus tard, un autre groupe est reçu à coups de bâton, le cameraman de CNN qui les accompagne est pris à partie, et sa caméra endommagée.

Afin de calmer les esprits, la municipalité a interdit cette année l’abattage public des chiens. On ne voit donc plus les cuistots égorger à même le trottoir les toutous destinés à leurs marmites. Mais, dans les restaurants qui bordent la rivière, des tablées entières festoient sans états d’âme. "Vous voulez goûter ? lance un convive hilare. Ils sont cuits à l’étouffée avec du gingembre, un zeste d’orange et du fenouil, c’est fameux ! Et puis manger du chien protège contre les fantômes méchants." 

Son voisin, égrillard :

Et contre toutes sortes de maladies, y compris l’impuissance… Vous mangez bien des vaches, cochons, poules, non ? Pourquoi pas des chiens ? L’élevage n’en est pas interdit, qu’on sache…"

Les militants réfutent avec indignation : "Non, il n’existe pas d’élevage de chiens destinés à l’abattage. Le kilo reviendrait à 200 yuans [30 euros], or vous l’achetez à 36 yuans [5 euros]. Vous savez bien que ces bêtes ont été volées !" tente d’argumenter une jeune Cantonaise exaspérée.

Des animaux volés aux familles urbaines

C’est en effet un trafic de grande ampleur qui alimente la filière de viande canine et féline. Après avoir écumé les campagnes pour y dérober les chiens de garde, ces réseaux se sont récemment tournés vers les villes, où les animaux de compagnie se multiplient. Ils capturent leurs proies au lasso ou grâce à des flèches empoisonnées.

Puis ils les transportent sur des milliers de kilomètres dans des conditions effarantes : souvent entassées à plusieurs dans des cages à poules hautes de 40 centimètres superposées à l’arrière de camions ouverts, sans protection contre le soleil de plomb, sans nourriture ni eau.

C’est donc aux familles urbaines qu’ont été arrachés les dix millions de chiens et quatre millions de chats que la Chine dévore annuellement. Xing Hai, un militant, est venu de Dalian, à 3.000 kilomètres. Il explique :

Le festival de Yulin n’en représente qu’une infime fraction. Mais Yulin a voulu honorer des pratiques immorales et illégales. Or nous sommes au moins cinquante millions d’amis des chiens en Chine : on se battra jusqu’à ce que cette fête honteuse disparaisse."

Dans un éditorial publié en juin, "Le Quotidien du Peuple", organe officiel du Parti, appelle bizarrement à "la compréhension mutuelle entre les amoureux des chiens et les amoureux de la viande de chien". De quoi susciter l’ire des défenseurs des animaux : "Ils accréditent le stéréotype selon lequel les Chinois seraient indifférents à la souffrance animale, s’énerve un militant. Or toutes nos grandes traditions, taoïsme, bouddhisme, confucianisme, exigent au contraire de les respecter."

 

Un militant prend en photo des chiens en cage. (AP / Humane Society International)

 

Droits des chiens et droits de l'homme

La plupart des jeunes engagés sont d’ailleurs des bouddhistes fervents et ont un lama tibétain comme guide spirituel. Aux yeux des adeptes de la compassion bouddhique, la cruauté actuelle est un reliquat de l’époque maoïste et de sa haine pour tout ce qui était étiqueté "bourgeois", y compris l’amour des chiens. Une militante insiste :

Nous nous battons pour que la Chine évolue moralement, qu’elle devienne moins inhumaine. Il n’y a pas de différence entre les droits des chiens et les droits de l’homme."

A Yulin, deux Chine s’affrontent. L’ancienne, marquée par la pauvreté et les violences de l’histoire ; la nouvelle, riche, moderne, empathique voire sentimentale. Or la paysannerie, base de l’ancien système, a baissé en trente ans : de 80% de la population, elle est passée à moins de la moitié, et elle continuera de s’effacer.

Bonne nouvelle pour les meilleurs amis de l’homme, promis à l’affection de plus en plus de Chinois. Mauvaise nouvelle pour la filière de viande canine – et plus encore pour le régime : avec leur nouvelle sensibilité humaniste, les couches urbaines ont de moins en moins d’affinités avec la brutalité foncière du système dictatorial.

 

Ursula Gauthier, envoyée spéciale

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Attention certaines images peuvent choquer. Jour funeste pour les chiens que ce 21 juin à Yulin, dans le sud de la Chine, qui organise chaque année son festival annuel de la viande canine lors du solstice d'été. Malgré le tollé suscité par cette hécatombe, on estime que près de 10.000 canidés sont tués pendant le festival chinois. Ici, un vendeur attend le chaland. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Une pétition lancée par l'ONG américaine Humane Society International (HSI) et signée par 11 millions de personnes a été remise au président Xi Jinping. Mais les protestations internationales auraient un effet contraire à celui désiré en poussant les habitants à défendre leurs traditions culinaires. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Les militants des ONG dénoncent les traitements infligés aux chiens qui sont souvent battus, voire bouillis vivants.

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Un défenseur des animaux (casquette bleue) est pris à partie par des vendeurs de chiens et la population locale. En mai, des militants chinois avaient intercepté une camionnette roulant en direction du Guangxi (la province où est située la ville de Yulin), chargée de 400 chiens et chats entassés. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

"La plupart de ces animaux sont des animaux de compagnie volés, et la plupart des camions qui acheminent jusqu'ici la viande de chien le font en violation des lois très explicites de la Chine sur les animaux destinés à la consommation humaine", déclarait un membre de l'ONG HSI (Humane Society International) en 2015. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Une défenseuse des chiens vient d'en acheter un pour le sauver de l'abattage. L'an dernier, une Chinoise de 65 ans avait fait de même en achetant une centaine de chiens. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

La consommation de la viande de canidés pratiquée toute l'année dans certains endroits du sud du pays et réputée stimuler la virilité, est une pratique qui reste marginale à l'échelle nationale. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Un autre chien sauvé par un militant de la cause animale. D'après des militants, le nombre des vendeurs de viande canine à Yulin est inférieur à celui des années passées. 

 

PHOTOS. Chine : les images chocs des chiens sacrifiés de Yulin

Des chiens rôtis sont présentés sur l'étal d'un vendeur. Cette tradition culinaire du sud pourrait progressivement perdre de son attrait alors que les foyers chinois sont de plus en plus nombreux à posséder un animal de compagnie, et que 30 millions d'entre eux posséderaient un chien. LIRE AUSSI NOTRE REPORTAGE : A Yulin, on achève bien les chiens 

 

Ursula Gauthier

Journaliste

 

Voir son profil

 

 

Source : http://actualites.nouvelobs.com

 

 

 

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Source : http://www.consoglobe.com

 

Yulin : quand arrêtera-t-on ce festival dédié à la viande canine ?
 

Tandis qu’en France la saison des festivals de musique va bientôt commencer, en Chine c’est un tout autre type de festival qui se tient à partir du 22 : le Festival de Yulin, une fête dédiée à la viande canine. La mobilisation est plus forte que jamais, avec une pétition signée par des millions de Chinois et de personnalités étrangères, et une manifestation en France devant l’ambassade de Chine le 14 juin.

Yulin : quand arrêtera-t-on ce festival dédié à la viande canine ?
Rédigé par Elodie

 

Le principe du festival de Yulin, ville du sud-est de la région autonome du Guangxi en Chine : maltraiter, tuer et vendre des chiens et chats à la vue de tous. Nous vous en parlions l’an passé.

Le festival de Yulin, un massacre qui révolte le Web

Un festival récent qui fait beaucoup parler de lui

 

Officiellement présenté comme étant une coutume de l’ethnie Zhuang, peuple de la région autonome de Guangxi, qui voudrait que la viande mangée au solstice d’été apporte chance et santé pour le reste de l’année, ce festival serait surtout une manne financière pour les vendeurs de viande canine.

 

En effet, créé à la fin des années 90, ce festival est récent mais n’a de cesse de révolter toujours plus de personnes, à l’étranger comme en Chine.

 

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Des milliers de chiens et chats massacrés

Chaque année, selon les autorités chinoises, depuis la création du festival, plus de 10.000 chiens et 4.000 chats, parfois volés, sont transportés jusqu’à la ville de Yulin qui compte 7 millions d’habitants afin d’y être battus à mort à coups de bâton, puis ébouillantés dans les marchés de rue et les abattoirs clandestins devant les spectateurs venus pour assister au « spectacle ». Mais, selon les associations, le chiffre d’animaux tués est dix fois plus élevé que celui annoncé(1).

Certains animaux décéderont durant leur transport de traumatismes, de déshydratation ou bien étouffés dans leurs cages dans lesquelles ils sont entassés.

Un festival officiellement non-autorisé

Face à ce massacre, la mobilisation contre ce festival se fait de plus en plus forte chaque année. Déjà en 2013, 2014 et 2015 des défenseurs de la cause animale étaient venus perturber le festival. Certains militants n’hésitent pas à acheter certaines bêtes afin de les élever et de leur éviter une mort certaine. Les défenseurs de la cause animal sont chaque année de plus en plus nombreux et ont pu cette année compter sur l’aide du web et des réseaux sociaux.

Le hashtag #StopYulin2016 a été relayé plus d’1,2 million de fois en un mois, un hashtag popularisé par des célébrités comme le comédien britannique Ricky Gervais qui a conclu un partenariat avec la Humane Society International pour faire campagne contre le festival devenant ainsi un porte-parole de la cause animale.

 

Quant aux autorités locales, elles affirment que le festival n’a rien d’officiel et se sont engagées à interdire à leurs fonctionnaires d’y aller ainsi que de conseiller aux restaurateurs de masquer la mention « viande de chien » sur leurs menus… aggravant d’autant le risque sanitaire déjà encouru lors de ce festival.

Risques sanitaires dénoncés pour arrêter la tuerie ?

Car, non content d’autoriser la pratique, aucune norme n’est mise en place par les autorités et le suivi vétérinaire des animaux n’est pas connu. Le regroupement de plusieurs animaux dans une même cage ne fait qu’augmenter la propagation de maladies entre eux et la plupart sont ensuite tués dans des abattoirs clandestins. Plusieurs lettres ont été envoyées en vain aux autorités pour pointer les risques encourus pour les consommateurs de telles viandes, connues au départ pour leurs « vertus médicinales » dans certaines régions de Chine.

 

Agissez contre le festival de Yulin

Plusieurs pétitions ont été mises en place contre le Festival de Yulin dont celle de la Fondation Brigitte Bardot et une pétition internationale sur la plateforme Change.org.

Vous pouvez suivre l’actualité du sujet sur Twitter avec le hashtag #StopYulin2016 et le compte @2016Yulin.

 

 

Source : http://www.consoglobe.com

 

 

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 12:58

 

Source : https://reporterre.net

 

Les incroyables précautions pour cacher le traité Tafta aux élus du peuple

25 juin 2016 / Tiffany Blandin (Reporterre)
 

 

Le traité de libre-échange entre l’Union européenne et les États-Unis se discute dans une grande opacité. A force d’insistance, il a été obtenu que les députés puissent consulter les comptes-rendus de négociation. Dans une salle sécurisée, en présence d’un surveillant et avec interdiction de recopier des passages. Reporterre a suivi la procédure avec le député Noël Mamère. Récit en video... édifiant.

 

- Paris, reportage

Depuis quelques temps, on nous répète que les négociations du Tafta sont transparentes. Que ce traité de libre échange entre la France et les États-Unis, qu’on appelle Tafta ou TTIP ou PTIC, se décide au vu et au su des 826 millions d’Européens et Étasuniens. « Je considère qu’il faut faire de l’open data », a affirmé Matthias Fekl, le secrétaire d’État au commerce extérieur, auditionné par les sénateurs sur ce sujet le 8 mars dernier. Tandis que la Commission européenne affirme sur son site internet « négocier le Ttip aussi ouvertement que possible ».

Les signes de bonne volonté se succèdent. Depuis le 2 décembre, les eurodéputés ont accès à l’ensemble des documents de négociations dans des salles de lectures sécurisées. Courant janvier, les parlementaires des États membres, dont la France, ont aussi obtenu ce privilège. Les citoyens, eux, ont droit à des « fiches d’information » et à des « textes de négociation de l’UE » en accès libre sur le site de la Commission européenne.

« Bonjour, c’est Noël Mamère... » 

A Reporterre, on s’est dit qu’on était d’accord avec Matthias Fekl, et avec la Commission européenne. Et même qu’on allait les aider à être plus transparents encore. Alors on a accompagné Noël Mamère, qui est allé consulter les textes provisoires en tant que député de Gironde, avec un objectif : tout vous raconter. Récit.

1er juin. Noël Mamère demande à la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale quelle est la procédure à suivre pour aller consulter le Tafta. Réponse : il faut adresser une demande au Secrétariat général aux affaires européennes (Sgae). C’est là que se trouve la salle de lecture française.

Le député de la Gironde dépose sa demande. Réponse le lendemain. On confirme au député « la réservation de la salle de consultation des documents Ttip ». En théorie, il peut y rester quatre heures. Mais, le matin, les horaires d’ouverture de la salle de consultation ne permettent pas de rester plus de trois heures.

Rendez-vous est pris pour le 14 juin à 9 h 30. Ironie du sort, c’est trois ans jour pour jour après que le Conseil européen a approuvé le lancement des négociations.

Puis la secrétaire du Sgae demande à Noël Mamère d’indiquer les documents qu’il souhaite consulter parmi cette liste :

PDF - 109.3 ko
Liste de documents consultables en salle de lecture.

On y trouve deux types de documents :

  • des comptes-rendus « tactiques » détaillés des différents « rounds » de négociations. Il y a déjà eu 13 rounds, mais seuls les 4 derniers comptes-rendus sont disponibles.
  • 19 documents « consolidés », c’est-à-dire reprenant l’avancée des négociations par thématiques (agriculture, technologies de l’information et de la communication, concurrence...). Ces textes ne font que rapprocher les positions des deux parties sur les thèmes abordés par l’accord. C’est quand même intéressant, parce que cela permet de connaître les thèmes du traité, et ceux sur lesquels l’Union européenne ne va pas se battre.

14 juin, 9 h 20. Nous retrouvons Noël Mamère devant ses bureaux du 3 rue Aristide Briand. Pour pouvoir l’accompagner, notre journaliste est temporairement assistante, chargée du blog du député.

9 h 35. Noël Mamère arrive devant le Sgae, situé 68 rue de Bellechasse, à Paris. L’hôtel particulier est protégé par de lourdes portes de plusieurs mètres de haut, et d’un digicode. « Bonjour, c’est Noël Mamère... » Les portes s’ouvrent.

 

 

Il faut d’abord traverser une petite cour pour entrer dans le bâtiment. A l’intérieur, un comité d’accueil attend le député. En plus des deux réceptionnistes, il y a deux fonctionnaires : Jonathan Gindt, le chef du secteur Relex (politique commerciale, politique de développement Amérique, Asie, Afrique), et Nathalie Lhayani, chef du secteur parlementaire.

Nos hôtes nous dirigent vers la « salle de convivialité », qui abrite la machine à café, pour faire connaissance.

9 h 40. Noël Mamère est guidé dans une petite pièce, où est installée une armoire murale. On lui explique qu’il n’a pas le droit d’apporter ses affaires dans la salle. Ni ordinateur portable, ni téléphone, ni même un cahier. Par contre, il y aura des feuilles de brouillon à l’intérieur.

« J’ai eu le sentiment d’entrer dans une prison, commentera Noël Mamère à la sortie. Vous vous sentez comme un intrus quand vous arrivez là bas. Vous êtes toléré, à condition d’obéir aux règles. Mais vous n’êtes pas accepté. »

 

Un badge pour déverrouiller la porte 

Devant l’incompréhension du député, Nathalie Lhaynai lui demande : « Vous n’avez pas lu les modalités de consultation ? »

Ce document n’avait pas été envoyé directement à Noël Mamère. Après recherche, nous l’avons retrouvé dans un courriel d’information envoyé à la totalité des députés, perdu parmi les centaines de messages que reçoit le parlementaire chaque jour.

Voici le document :

PDF - 152.3 ko
Modalités de consultation des documents du Ttip.

Morceau choisi : « Afin de protéger les informations contenues dans les documents RUE- TTIP et d’éviter leur divulgation, les notes prises par les visiteurs ne devront pas être de strictes copies des documents consultés. » Le député a donc le droit de prendre des notes — sur les feuilles de brouillon — mais sans recopier...

9 h 45. C’est parti. Une fonctionnaire emmène Noël Mamère dans la salle 66-104, au rez-de-chaussée du bâtiment. Il faut un badge pour déverrouiller la porte.

A l’intérieur, aucune fenêtre et presque aucun meuble. Juste une pendule, deux coffres plastifiés — qui renferment les documents — et trois tables.

Nous n’avons pas été autorisés à rester dans la salle. En effet, les parlementaires ne peuvent pas venir accompagnés de leurs collaborateurs. Seuls les administrateurs des commissions de l’Assemblée nationale ou du Sénat peuvent les escorter.

Mais à sa sortie, en insistant, on peut avoir une image de la salle : voyez la video :

 

« La mise à disposition de ces documents est une avancée » 

A sa sortie, Noël Mamère raconte : « J’ai signé un formulaire avec mon nom, la date de la visite, l’heure d’arrivée, les documents consultés. Les documents que j’avais demandés à voir étaient étalés sur l’une des tables. Ils étaient tous marqués “Restreint UE/EU Restricted”. Et puis, une surveillante est restée avec moi pendant toute la consultation. »

10 h 45. Noël Mamère indique son heure de départ sur le formulaire, et signe. Les deux fonctionnaires proposent de répondre à nos questions, puis nous raccompagnent à la sortie. Bilan ? « J’ai consulté les textes “consolidés” concernant l’agriculture, raconte Noël Mamère. Sur le fond, je n’ai pas appris grand chose. Je me suis surtout aperçu que, round après round, les discussions concernant les sujets les plus sensibles, comme les pesticides ou les produits chimiques, sont repoussées. »

 

 

Bilan. « La mise à disposition de ces documents est une avancée, analyse Amélie Canonne, présidente de l’Association internationale de techniciens, experts et chercheurs (Aitec) et membre du collectif Stop-Tafta. Mais ce sont des textes très techniques, rédigés en anglais. Et jusqu’à il y a peu, les députés n’avaient pas la possibilité d’être accompagnés, même par un administrateur. » Du coup, peu de parlementaires ont pris la peine de se rendre dans la salle de lecture. Depuis janvier, ils sont une quinzaine à avoir fait le déplacement, indique Nathalie Lhayani, du Sgae.

 

 

« J’encourage les députés à aller voir ces documents, dit Noël Mamère. Il faut aller signer le registre pour montrer que les élus sont avides de transparence, de connaissance et d’information. C’est, pour l’instant, le seul moyen de faire pression. »


DEUX VERSIONS DES COMPTES-RENDUS TACTIQUES

Lors de la consultation des documents, Noël Mamère a constaté que les comptes-rendus détaillés devenaient de plus en plus légers au fil des rounds de négociation. Le compte-rendu du dixième round fait 39 pages, celui du onzième 20 pages, du douzième 17 pages, et du treizième, 16 pages.

Pourquoi ? D’après Jonathan Gindt, du Sgae, jusqu’au dixième round, « il n’y avait pas de comptes-rendus publics sur le site de la Commission. L’ensemble des informations étaient donc compilées dans les comptes-rendus dit “tactiques”. Mais, depuis le onzième, on ne trouve dans ces derniers comptes-rendus que les positions américaines »...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

Source : https://reporterre.net

 

 

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 12:35

 

Source : https://reporterre.net

 

 

Notre-Dame-des-Landes est un site écologique unique. Regardez cette vidéo

25 juin 2016 / Estelle Pereira (Reporterre)
 


 

 

Ce court documentaire présente les spécificités de la biodiversité exceptionnelle de la zone humide de Notre-Dame-des-Landes à travers les témoignages de plusieurs opposants. De splendides images accompagnent cet argumentaire environnemental en faveur de la préservation du site.

Pourquoi est-il est important de défendre la zone humide de Notre-Dame-des-Landes ? Pourquoi depuis des années, des militants luttent pour sa préservation ? Ce court documentaire met en lumière les spécificités de la biodiversité exceptionnelle du site. Les arguments écologiques brandis par les partisans de l’aéroport sont spécieux. Il suffit de s’intéresser à la biodiversité du site et à la vie qui y grouille pour se rendre compte du désastre écologique que représenterait la destruction de la zone humide, qui, contrairement à une infrastructure, est irréversible.

 

 

Le documentaire a été réalisé par Léo Leibovici et produit par Lizzie Brocheré en partenariat avec l’Association Yemanja (regroupement de créateurs, producteurs et diffuseurs de projets visant à promouvoir la sauvegarde de l’environnement)

Léo Leibovici, réalisateur de documentaires animaliers et environnementaux, a débuté ce film courant mars 2016. Comme pour beaucoup de ses tournages, patience et persévérance sont de mise. Au total, des mois de travail sur la zone à défendre (ZAD). Pourtant, il n’a filmé qu’une infime partie des espèces présentes. « J’aimerais continuer à y travailler, il y a largement de quoi tourner un documentaire animalier de 90 minutes. J’ai vraiment du mal à comprendre pourquoi on s’obstine à vouloir installer cet aéroport, compte tenu de la perte environnementale que cela occasionnerait »...

 

*Suite de l'article sur reporterre

 

 

 

Source : https://reporterre.net

 

 

                                                          

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26 juin 2016 7 26 /06 /juin /2016 12:19

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

L’avertissement prophétique de Pierre Mendès France
24 juin 2016 | Par Edwy Plenel
 
 
 

En 1957, lors du débat sur le Traité de Rome, Pierre Mendès France mettait en garde contre un projet inspiré par « un libéralisme du XIXe siècle ». Cette mise en garde oubliée résonne dans notre présent où éclate la crise d’une Europe qui a perdu la confiance des peuples.

 

Pierre Mendès France Pierre Mendès France

 

Le 18 janvier 1957, Pierre Mendès France (1907-1982) intervient à l’Assemblée nationale dans le débat sur le projet du Traité de Rome qui, signé deux mois plus tard, le 25 mars, instituera la première communauté économique européenne, composée de l’Allemagne, de la France, de l’Italie et des trois pays du Benelux, Belgique, Luxembourg et Pays-Bas. Alors figure du Parti radical, il avait quitté la présidence du Conseil deux ans auparavant, après sept mois et dix-huit jours de gouvernement dont la brièveté n’empêchera pas le souvenir durable, celui d’un homme d’État vertueux, averti en matière économique, soucieux des comptes publics, respectueux du débat démocratique et, de plus, en quête d’une issue à la crise coloniale.

À bientôt soixante ans de distance, ce discours oublié semble une mise en garde prophétique, tant Mendès France y met en évidence les vices originels d’un marché économique commun qui, politiquement, ne pouvait que produire un éloignement progressif des peuples de l’idéal européen. Mendès France, qui sera parmi les 207 voix contre la poursuite des négociations sur l’élaboration du Traité (322 pour, 30 abstentions), n’hésite pas en effet à affirmer que ce projet « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle » et à y voir, si la politique économique de la France devait lui être soumise, « l’abdication d’une démocratie ».

Autrement dit, pour Mendès France qui, pourtant, prenait l’économie au sérieux, celle-ci ne pouvait être l’absolu d’une politique. Ou, plutôt, la politique, comme bien commun, délibération permanente et confiance partagée, ne pouvait s’y dissoudre, sauf à perdre en route la démocratie elle-même, son idéal et sa vitalité. Écoutons donc ce Cassandre, fort lucide et toujours jeune, qui, déjà, plaide au nom d’une forte exigence sociale et, surtout, prédit l’engrenage fatal d’une pédagogie anti-démocratique de la future Union européenne.

« L’harmonisation doit se faire dans le sens du progrès social, affirme le député Mendès France, dans le sens du relèvement parallèle des avantages sociaux et non pas, comme les gouvernements français le redoutent depuis si longtemps, au profit des pays les plus conservateurs et au détriment des pays socialement les plus avancés. »

« Mes chers collègues, poursuit Mendès France, il m’est arrivé souvent de recommander plus de rigueur dans notre gestion économique. Mais je ne suis pas résigné, je vous l’avoue, à en faire juge un aréopage européen dans lequel règne un esprit qui est loin d’être le nôtre. Sur ce point, je mets le gouvernement en garde : nous ne pouvons pas nous laisser dépouiller de notre liberté de décision dans des matières qui touchent d’aussi près notre conception même du progrès et de la justice sociale ; les suites peuvent en être trop graves du point de vue social comme du point de vue politique.

« Prenons-y bien garde aussi : le mécanisme une fois mis en marche, nous ne pourrons plus l’arrêter. (…) Nous ne pourrons plus nous dégager. Nous serons entièrement assujettis aux décisions de l’autorité supranationale devant laquelle, si notre situation est trop mauvaise, nous serons condamnés à venir quémander des dérogations et des exemptions, qu’elle ne nous accordera pas, soyez-en assurés, sans contreparties et sans conditions. »

À la lecture de ces anciennes paroles, Mendès France prend soudain stature de devin tragique, anticipant ce que ses contemporains ne voient pas, parce qu’ils sont aveugles ou parce qu’ils s’aveuglent. Car c’est peu dire que la suite, notamment celle vécue ces trente dernières années par des gouvernements de gauche, élus sur des promesses sociales alternatives, aura donné raison à cette prophétie.

À la fin de son discours, Mendès France souligne le cœur du désaccord : ce projet de marché commun, résume-t-il, « est basé sur le libéralisme classique du XIXe siècle, selon lequel la concurrence pure et simple règle tous les problèmes ». Autrement dit, un libéralisme économique qui ruine tout libéralisme politique, imposant la loi d’airain de la concurrence à la vie sociale, au détriment des solidarités collectives et des libertés individuelles.

« L’abdication d’une démocratie peut prendre deux formes, conclut Mendès France, soit le recours à une dictature interne par la remise de tous les pouvoirs à un homme providentiel, soit la délégation de ces pouvoirs à une autorité extérieure, laquelle, au nom de la technique, exercera en réalité la puissance politique, car au nom d’une saine économie on en vient aisément à dicter une politique monétaire, budgétaire, sociale, finalement “une politique”, au sens le plus large du mot, nationale et internationale. »

« Dire cela, ajoutait Pierre Mendès France, ce n’est pas être hostile à l’édification de l’Europe, mais c’est ne pas vouloir que l’entreprise se traduise, demain, par une déception terrible pour notre pays, après un grand et bel espoir, par le sentiment qu’il en serait la victime et, tout d’abord, ses éléments déjà les plus défavorisés. »

Faute de l’avoir écouté, nous vivons aujourd’hui ces temps de « déception terrible » prédits par Mendès France.

> Le texte intégral du discours de Pierre Mendès France dans Le JO du 19 janvier 1957 (pdf, 6.5 MB), pages 159 à 166.

 

 

 

Source : https://www.mediapart.fr

 

 

 

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24 juin 2016 5 24 /06 /juin /2016 16:24

 

Source : http://rue89.nouvelobs.com
 

 

Arrêt sur images
Brexit : s’il faut trouver une seule certitude...

 

 

Les Britanniques ont voté : la Grande-Bretagne quittera l’Union européenne. Bien malin qui peut prédire de quoi les prochains mois seront faits. Les premières nouvelles du matin dessinent un paysage de désintégration en chaîne. Un paysage trompeur, bien entendu.

 
 
Initialement publié sur Arretsurimages.net
 

Ce soulagement des dernières heures, quand on y repense. Comme un seul homme, les sondages et les marchés prédisaient une remontée finale du « Remain » (on reste), dans le référendum britannique sur le Brexit. On s’était fait peur, on s’était donné le grand frisson, d’accord, mais les choses allaient finalement rentrer dans l’ordre au dernier moment. Elles rentrent toujours dans l’ordre.

Rebondissement épouvantable mais providentiel, l’assassinat de la députée anti-Brexit Jo Cox allait faire réfléchir les brexiteurs les plus modérés. Jusqu’au début de la nuit, ils y croyaient. Et puis, il fallut bien refaire les Unes.

 

Unes du Daily Mirror

Unes du Daily Mirror
 

Bien malin qui peut prédire de quoi les prochains mois seront faits. Effondrement de la livre sterling et du Nikkei, demandes de référendum de l’Ecosse et du Sinn Fein, sans compter celles de Le Pen en France, et de Geert Wilders aux Pays-Bas  : les premières nouvelles du matin dessinent un paysage de désintégration en chaîne. Un paysage trompeur, bien entendu.

 

Décrochage

De la capitulation des brexiteurs après deux ans de désordre, qu’imagine Arnaud Leparmentier, l’éditorialiste ultra-libéral du Monde, à l’efffondrement de l’UE et de l’euro, tout est possible. La victoire du Brexit ouvre une période dans laquelle toutes les prévisions sont, d’avance, caduques.

 

Un Britannique et son chapeau à l'effigie du drapeau du Royaume-Uni, le 19 juin 2016

Un Britannique et son chapeau à l’effigie du drapeau du Royaume-Uni, le 19 juin 2016 - BEN STANSALL/AFP
 

La seule certitude, s’il faut en trouver une, est qu’il faudra, encore davantage que d’habitude, se méfier des médias traditionnels. Les premières réactions d’effondrement politique, voire parfois mental ou moral, de leurs journalistes-twittos (à l’exception notable de Jean Quatremer, qui avait ouvertement souhaité le Brexit dans l’intérêt de l’UE), montrent bien leur décrochage par rapport à l’opinion populaire. Comme lors de leur adhésion à Balladur en 1995, au « Oui » au référendum français de 2005, et en quelques autres occasions, ils sont ailleurs.

Olivier Biffaud, ex-Le Monde, aujourd’hui France Télévisions et Slate  :

 

Le Sinn Fein veut un référendum sur une unifiée via @afpfr
La grande réussite de se confirme !

 
 

Léna Lutaud, Le Figaro  :

 

Oh My god! Selon la , le l'empirte et La GB quitte l'Union Européenne. Quelle catastrophe

 

 

Marie-Estelle Pech, Le Figaro  :

Piotr Smolar, Le Monde  :

 

piotr smolar @piosmo

D.Tusk, alors PM polonais, disait que son ambition=assurer eau chaude ds le robinet. Dépolitisation de la polit. La gestion, choix fatal.

 
 

Marion Van Renterghem, Le Monde  :

 

Il va falloir songer à émigrer mais où? Allemagne? Irlande? Ecosse? Australie?

 
 

Et pour la route, en attendant de plus longs développements, ce petit tableau de la répartition des [intentions de] votes par tranche d’âge, à méditer parmi d’autres sujets  :

 

 
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Source : http://rue89.nouvelobs.com
 
 
 
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