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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 16:23

 

 Le Grande entretien 06/10/2012 à 11h20

Pascal Riché | Redchef Rue89

 

Birgitta Jonsdottir était de toutes les manifs qui ont fait chuter le pouvoir précédent. Elue, elle promeut la mobilisation « online » pour « exploiter les failles du système ».

 


Birgitta Jónsdóttir en 2011, devant le parlement islandais (Halldor Kolbeins/AFP/Getty Images)

 

(De Reykjavik) Chômage en baisse rapide, croissance qui accélère... L’Islande se remet plutôt bien de la crise financière qui l’a mise à terre en 2008 : ses trois banques s’étaient effondrées, la couronne avait plongé, le PIB avait chuté de plus de 10% pendant deux ans.

Les Islandais ont vite repris leur destin en main, forçant la chute du gouvernement (dominé par la droite), élisant un gouvernement de centre-gauche et mettant sur les rails un nouveau texte constitutionnel, selon un processus original. Le 20 octobre, ils sont invités à voter sur certains points clés de cette réforme constitutionnelle.

Derrière plusieurs des récentes initiatives démocratiques islandaises, on retrouve une femme hors du commun : Birgitta Jonsdottir, 45 ans, se définit comme une « anarchiste pratique », « poéticienne plus que politicienne ».

Elle était de toutes les manifestations pour faire tomber le gouvernement conservateur, considéré comme responsable de la crise. Elle s’est ensuite fait élire au parlement, sous l’étiquette du Mouvement, un nouveau parti qui se vante de n’avoir aucun « membre », juste une liste d’e-mails. Une fois élue, Birgitta Jonsdottir a poussé le processus constitutionnel et fait adopter une loi poussant très loin la liberté d’information, l’Initiative islandaise pour la modernisation des médias, qui l’a rendue célèbre dans le monde entier.

Elle a également défendu la cause de WikiLeaks, dont elle a été la porte-parole. La justice américaine a ordonné à Twitter de livrer aux autorités le contenu de ses échanges, dans le cadre de l’enquête ouverte sur la fuite des télégrammes diplomatiques américains. Aujourd’hui, Birgitta Jonsdottir tente de lancer en Islande un Parti des pirates.

Nous l’avons rencontrée dans son bureau du parlement (« Althing »), aux murs couverts d’articles et d’affiches liés à ses aventures militantes. L’interview s’est poursuivie dans le café Paris, en face du parlement, de l’autre côté de la place où s’étaient déroulées les manifestations fatidiques de janvier 2009.

 

Rue89 : Je sors d’une conversation avec un marin, qui a tout perdu avec la crise : son appartement, son boulot, sa femme. Il est en colère, y compris contre l’actuel gouvernement...

Birgitta Jonsdottir : C’est le destin des gouvernements de gauche de nettoyer le bordel laissé par les gouvernements de droite, puis d’être l’objet de toutes les critiques. Je dis cela alors que je ne participe pas à ce gouvernement et que je ne suis même pas « de gauche » – je ne vois pas la politique en termes de gauche et de droite.

Le problème du gouvernement, c’est qu’il n’est pas simple de reconstruire sur un terrain pourri. Il ne faut pas chercher à ressusciter l’ancien système, il faut en construire un nouveau. Prenez ce qui se passe en Europe : ils essayent de faire fonctionner un système qui est complètement « dysfonctionnel ». Cela ne peut qu’empirer, parce qu’ils ne veulent pas le reconnaître.

En Islande, nous avons un avantage : la bureaucratie est très légère, et nous avons la possibilité de changer les lois rapidement. L’Islande peut être le laboratoire de la démocratie. Nous sommes en tout cas perçus comme tel par beaucoup de gens, qui suivent avec espoir ce que nous entreprenons.

 

Mais il faudrait dissiper chez eux certaines illusions. Par exemple, si vos banques n’ont pas été sauvées, ce n’était pas vraiment un choix assumé...



Birgitta Jonsdottir lors d’une manifestation non violente, le 2 octobre 2012 (Pascal Riché/Rue89)

 

Les bonnes formules sont parfois imposées par les circonstances. Pour ce qui est des banques, le fait de les laisser tomber n’était pas volontaire. C’est arrivé uniquement parce que le gouvernement n’a pas trouvé d’argent pour les sauver : aucun autre pays n’a alors voulu lui en prêter. Cela a mis en colère beaucoup de gens, mais en réalité, ce fut la meilleure chose qui puisse nous arriver. Aujourd’hui, des gens mettent la liquidation des banques au crédit du gouvernement d’alors, mais c’est un mythe.

 

Quelles sont les idées experimentées dans le « laboratoire » islandais qui pourraient être utiles dans de plus grands pays, comme la Grèce, l’Espagne ou la France ?

Chaque pays doit trouver ses propres formules pour agir. Mais vous pouvez vous inspirer des méthodes d’action que nous utilisons. Une de ces méthodes, par exemple, c’est de chercher à exploiter les failles du système. C’est ainsi que nous avons stoppé Icesave [les Islandais ont refusé, par réferendum de rembourser les gouvernements britanniques et néerlandais pour les pertes des épargnants ayant confié leurs économies à la banque en ligne islandaise Icesave, une filiale de Landsbanki, ndlr]. Le président d’Islande a déclaré qu’il ne pouvait pas signer une loi s’il y avait un fossé trop important entre le parlement et le peuple. Il nous suffisait alors de réunir une pétition démontrant l’existence de ce fossé. C’est ainsi qu’il a dû soumettre l’accord Icesave au référendum, à deux reprises. Et que le peuple l’a rejeté deux fois. C’est ce genre d’outil légal qui peut être exploité : dans chaque pays, il faut les chercher.

Autre exemple : en dépit de toutes les promesses des partis, il n’y avait pas eu de changement de Constitution. Aujourd’hui, le processus est en marche. Certains partis nient le fait que l’initiative soit venue du peuple, mais je peux vous dire que c’est bien le cas : j’ai participé à toutes les manifestations, depuis la toute première, où nous étions une dizaine, juste après le krach : il y avait plus de journalistes étrangers que de manifestants. J’ai suivi tout le processus, et je connais l’esprit de cette réforme : il s’agit de créer une vraie séparation des pouvoirs, d’empêcher les élus d’agir dans leur propre intérêt, de protéger les ressources naturelles...

 

Cela fait longtemps que l’on parle ici de changer une Constitution léguée par le roi du Danemark...

On en parlait entre universitaires et politiciens, mais c’est la crise qui a permis d’agir. Les gens, avant, s’en fichaient un peu. Ils ne connaissaient même pas la Constitution : personne n’en possédait le texte à la maison. Mais ils ont compris qu’on avait vraiment besoin d’une telle réforme. Et la façon dont nous avons mené le processus constitutionnel est formidable. J’en suis si fière ! La Première ministre, il faut lui faire ce crédit, s’y est énormément investie.

 

Est-ce que les propositions sont vraiment venues des Islandais, comme on l’a dit ? Une réforme constitutionnelle « participative » et « online » ?

Beaucoup de gens ont proposé des amendements via Facebook ou par e-mail. Le processus était entièrement ouvert. Il y a eu d’abord un forum, avec près de 1 000 participants. Et quand 1 000 personnes participent, vous arrivez à saisir l’esprit d’une nation. Le parlement, lui, avait été incapable de conduire cette révision, car trop de politique entrait en jeu.

Cette réforme représente un petit pas vers la démocratie directe. Mais il y a encore de gros trolls sur le chemin. L’un de ces plus gros trolls est le Parti de l’indépendance [conservateur, ndlr] qui souhaite faire dérailler le processus. A l’écouter, laisser le peuple décider de sa Constitution serait inconstitutionnel !

Le mariage gay en Islande
L’Islande est le neuvième pays à avoir accepté le mariage homosexuel. Une loi a été votée en ce sens le 11 juin 2010, à l’unanimité des parlementaires. La Première ministre Johanna Sigurdardóttir a alors transformé en mariage le contrat d’union civil qui la liait à sa partenaire.

Si l’Islande peut jouer le rôle de laboratoire, c’est parce que nous sommes un microcosme : nous avons toutes les institutions d’un pays, mais nous sommes petits et nous pouvons atteindre plus rapidement, en mobilisant les citoyens, la masse critique nécessaire pour forcer des changements. Prenez par exemple l’histoire du long combat des homosexuels en Islande. J’ai des amis qui ont choisi d’émigrer parce qu’il leur était difficile de vivre ici. Aujourd’hui, c’est tellement bien accepté que la Première ministre est ouvertement gay, sans que cela ne soit plus commenté par personne. Tout le monde s’en fiche. Ce fut un long combat, avec des petits pas, mais tout à coup, clac, c’était un problème réglé. Les changements peuvent survenir très vite, car le nombre de gens à convaincre est réduit en Islande.

 

Les réformes sont-elles donc impossibles dans des pays très peuplés ?

Non, je ne les pense pas impossibles. Vous pouvez dans ces pays vous appuyer sur des communautés moins larges que la nation, par exemple.

L’une des raisons des grandes manifestations que vous connaissez en France, par exemple contre le nouveau traité européen, c’est que les gens comprennent que le système ne nous sert plus : il se sert lui-même. Et cette conviction se propage sur Internet, d’une personne à l’autre, grâce aux réseaux sociaux. Le système est devenu trop gros et il ne peut plus bouger. Regardez l’administration de la Commission européenne : 40 000 personnes, impossibles à licencier, payant des impôts très réduits. Notre démocratie a été détournée par des bureaucrates. Où sont dans cette machine les gens ordinaires ? Qui porte la voix des agriculteurs ? Des infirmières ? Des personnes âgées ?

Si l’on prend conscience de ces dérives, la transformation est possible. Nous en donnons l’exemple en Islande. Mais la taille des pays n’est pas un problème : vous pouvez aussi atteindre la masse critique dans vos pays. Et dans ce monde global, où l’information circule, vous pouvez donner l’exemple. Chacun s’observe et échange les expériences : regardez ce qu’ils ont fait en France. Ou en Egypte. Ou aux Etats-Unis...

Car personne ne veut vivre comme un esclave salarié, personne ne veut que l’avenir de ses enfants soit impossible. Personne ne peut accepter que de grands groupes comme Monsanto aient des brevets sur ce qui est dans notre panier de courses... C’est pourquoi des gens se bougent, sous diverses formes : le mouvement « Occupy », les Pirates, les Anonymous...

 

Le bon échelon, pour transformer la société, ce sont les villes ?

Oui, dans les villes, dans les quartiers, on peut faire beaucoup de choses. Ici, nous avons ainsi fait l’expérience du « meilleur Reykjavik » [une plateforme participative en ligne permettant aux citoyens de suggérer des réformes à la municipalité, ndlr]. Les cinq meilleures idées ou demandes sont examinées chaque mois, et débouchent parfois sur ces décisions. C’est une expérience brillante, même si le nombre de personnes qui utilisent la plateforme reste encore trop réduit (je suis la deuxième contributrice !) J’ai proposé qu’un pour cent du budget soit réservé par la ville aux propositions issues de cette plateforme.

Je viens d’un petit village d’environ 800 personnes, Thorlákshöfn. Tout le monde y avait un rôle, chacun participait à la communauté. Une fois arrivé en ville, vous êtes déconnecté : vous n’avez plus de rôle, vous pouvez ne jamais connaître vos voisins, vous pouvez ne jamais participer à la communauté. Il faut changer cela aujourd’hui, c’est important compte tenu des menaces qui pèsent sur l’environnement, sur la sécurité alimentaire, etc. Il faut regagner le contrôle de nos vies. On peut agir en développant les initiatives collectives. Exemple tout bête : pourquoi aurait-on besoin d’une tondeuse à gazon dans chaque maison ? Grâce à Internet, agir ensemble n’est plus une utopie.

 

Internet et les nouveaux outils technologiques suffisent-ils pour recréer de telles communautés ?



Birgitta Jonsdottir manifeste à Reykjavik contre la répression au Tibet, avril 2012 (Halldor Sigurdsson)

 

Ces outils permettent à des gens deconnectés les uns des autres de se retrouver, de découvrir des idées, de les partager. Des communautés se forment en ligne. La question, c’est comment passer des communautés « online » aux communautés « offline ». Mais cela commence à se produire. Regardez les manifestations qui ont eu lieu en Islande [et qui ont conduit à la chute du gouvernement en janvier 2009, ndlr]. Un groupe de gens a commencé à prendre des casseroles pour faire du bruit, cela s’est répandu sur Facebook, le mouvement a grossi.

Le temps que je ne passe pas sur mon travail parlementaire, je le consacre à mes communautés, à ma vraie résidence qui est sur Internet. Mais quand les gens comprendront qu’on peut bâtir ces communautés non seulement online mais aussi dans le monde réel, un vrai changement sera possible.

 

Pourquoi dites-vous que votre « vraie résidence » est sur Internet ?

Beaucoup n’ont pas conscience que leur vraie résidence est sur Internet. J’ai ainsi la même adresse e-mail depuis 1995 – je n’ai jamais eu une adresse aussi longtemps dans le monde réel. Toutes mes informations personnelles, secrètes, sont sur Internet. Toutes les traces que j’ai laissées, tous mes voyages, mes communications avec d’autres gens... Il faut prendre conscience de cela, de l’importance qu’occupe notre vie en ligne, de l’importance prise par cet espace qui permet des échanges libres et la diffusion d’idées. Il faut prendre garde à ce que les entreprises et les gouvernements n’en abusent pas, à ce que nos principes continuent à s’appliquer.

Prenez le principe du partage par exemple. Autrefois, je partageais des livres, des chansons avec mes amis. Je pouvais enregistrer des musiques. Je faisais ce que je voulais de mon livre : je pouvais le laisser sur cette banquette, pour qu’il soit lu par quelqu’un d’autre, par exemple. Mais aujourd’hui, s’ils le veulent, ils peuvent autoritairement retirer tous vos e-books de l’étagère !

 

On ne peut même pas léguer à ses enfants le contenu de sa liseuse ou de son MP3.

Exactement. Nous dormons, nous avons renoncé à tant de droits...

Et si l’on assiste à une telle explosion militante pour une meilleure gouvernance, c’est parce que les gens sont connectés. Une communauté globale se dresse face aux marchés sans frontières, aux grandes entreprises sans frontières, aux tentatives sans fontières d’empêcher les médias de raconter ce qui se passe réellement... Rendez vous compte : ils ont [l’armée US, en septembre 2012, ndlr] qualifié WikiLeaks, une plate-forme visant à informer, « d’ennemi d’Etat », quand ce n’est pas de « terroristes » [Joe Biden, en décembre 2010, ndlr]. C’est hallucinant.

Aujourd’hui, dans les journaux, il y a plus de gens travaillant dans les services juridiques que de journalistes d’investigation. Ce n’est pas normal. Nous avons, en Islande, adopté l’Initiative islandaise pour la Modernisation des médias [Birgitta Jonsdottir en est à l’initiative, ndlr]. Le but premier n’était pas, comme on l’a dit, de bâtir un « havre » pour les médias internationaux, mais de permettre aux médias locaux de mieux informer et de protéger les lanceurs d’alerte. En Grande-Bretagne, il y a aujourd’hui tellement de règlements de conflits hors tribunaux assortis de « gag order » « [injonction interdisant à la presse d’évoquer l’affaire, ndlr] que de nombreuses informations sont cachées au public... Et ces informations interdites concernent souvent des grandes entreprises...

 

Quelles sont les avancées contenues dans la réforme de la Constitution ?

Le processus constitutionnel

6 novembre 2010  : Forum constitutionnel : pendant une journée, 950 citoyens tirés au sort dressent, par tables de 10, les valeurs fondamentales de l’Islande.

30 novembre 2010 : 25 citoyens sont élus, sur 522 candidats, pour former l’assemblée constituante (l’élection sera invalidée par la Cour suprême pour des raisons techniques, mais continuera son travail à titre consultatif). Les citoyens sont consultés par Internet.

20 octobre 2012 : consultation par référendum des citoyens sur le projet de Constitution.

Le parlement devra voter une première fois le texte, puis le revoter, sans changement, après les prochaines élections, en 2013.

J’ai évoqué la séparation des pouvoirs et le fait que les ressources naturelles, qui sont au cœur de l’économie islandaise, appartiennent au peuple. Autre avancée : la possibilité de provoquer un référendum à l’initiative d’une partie de la population, j’espère pas plus de 10%. Enfin, la liberté de l’information sera aussi intégrée dans la Constitution, et tout refus de donner des informations, de la part de l’administration, devra être motivé...

 

Le 20 octobre, les Islandais seront invités à voter sur certains points de cette réforme. Vous attendez-vous à une forte participation ?

Oui, et il faut que le taux de participation soit le plus élevé possible, car la réforme doit ensuite passer l’épreuve du parlement, où des gens sont en embuscade. Le Parti de l’indépendance ou le Parti du progrès [les deux partis de droite, ndlr] peuvent encore faire dérailler le processus si la participation est faible.

 

Ce n’est pas gagné, si on considère le très faible taux de participation lors de l’élection des membres de l’assemblée constitutionnelle, de l’ordre de 30%...

C’est différent : il s’agissait de désigner 25 personnes sur une liste de 522 candidats. On n’avait pas prévu que tant de gens seraient candidats. Les électeurs se sont découragés à l’idée de lire 522 CV. Les médias ont répété que c’était compliqué, sans préciser que les électeurs n’étaient pas obligés de désigner 25 candidats : ils pouvaient aussi voter pour une seule personne. Je m’attends donc à bien plus de votants cette fois. J’espère qu’on dépassera 70%. Si c’est moins, je serai très déçue par ma nation. Et si c’est moins de 50%, je songerai sérieusement à quitter le pays.

 

Mais, pendant une crise, quand vous avez des problèmes financiers, des problèmes d’emploi, la réforme des institutions n’est pas vraiment une priorité...

Je connais l’argument. J’ai vécu dans ma vie, la plupart du temps, sous le seuil de pauvreté. J’ai fait ce choix parce que je suis une mère indépendante, et que j’ai préféré travailler de chez moi et m’occuper sérieusement de mes enfants. Il m’est arrivé de faire la queue à la soupe populaire. Mais même dans ces périodes, j’ai toujours essayé de m’impliquer dans la société. Je savais que si je ne faisais rien pour essayer d’agir sur la réalité, je ne connaîtrais jamais la société dans laquelle je souhaite vivre. Personne ne le fera pour moi.

Les femmes qui se sont battues pour leurs droits, avaient-elles l’assiette toujours pleine ? Ceux qui se sont battus pour les droits syndicaux, cherchaient-ils une augmentation de salaire ? Non, ils cherchaient à changer la société ! Ce qui me rend malade, c’est que quand nous avons commencé à manifester [fin 2008 ndlr], il y avait plus de gens dans le centre commercial que sur cette place ! Ils vont profiter aujourd’hui de ce que nous avons fait. Ne lèveraient-ils pas le petit doigt pour aller voter ? Les gens doivent comprendre que c’est l’avenir de leurs enfants qui est en jeu.

Le problème est en réalité mondial et il ne reste plus beaucoup de temps. Mais je suis optimiste : des millions de gens ont compris que c’était le moment d’agir. Et il y en a de plus en plus. On peut encore changer les choses à temps. J’y crois, car sinon, je rentrerais chez moi, je mettrais la télé sur “on” et moi sur “off”. Parfois, ce n’est pas l’envie qui me manque. Mais c’est bien plus excitant d’être dans l’action.

 

MERCI RIVERAINS ! Pierrestrato
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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 16:21

 

 

romandie.com - 1 oct 2012

 

 

Doit-on s’inspirer du modèle allemand ? Oui – bien-sûr ! – si l’on en croit les statistiques du chômage qui dépassent 10% en France, 25% en Espagne et même 8% aux Etats-Unis, comparées au taux de sans emplois de 6.5% en Allemagne. Chiffre qui reste la meilleure performance de ce pays depuis sa réunification, voilà vingt ans. Quel est donc le secret de cette recette allemande, qui permet à ce pays de maintenir un taux de chômage compris entre 7 et 8% quand son P.I.B. fait une chute libre sur la même période ? Souvenons-nous en effet des années 2008 et 2009 où il avait connu une croissance de respectivement + 1% et – 4.7%, mais où le chômage n’était monté que de  7.1 à 8% et, ce, en dépit d’un écart défavorable de près de 6 points de P.I.B. !  Qu’attend donc le reste de l’Union européenne pour marcher dans les pas d’une Allemagne qui n’a de cesse à s’ériger en modèle absolu en termes de compétitivité de ses entreprises et de flexibilité de son monde du travail ?

En réalité, la forte décrue du chômage en Allemagne – de 11.5 % au printemps 2005 à 5.5 % à fin 2011 – est entièrement redevable à une dérégulation intensive ayant favorisé la création d’emplois temporaires, ou à salaires très réduits. La flexibilité allemande n’a donc pu se réaliser qu’au prix de ces “mini-jobs” qui ont ainsi augmenté de 14 % entre 2005 et 2011 et qui concernent quelque 4.5 millions de salariés, dont les revenus se situent entre la moitié et les deux-tiers du salarié moyen. Le développement de ce travail au salaire à la précarité sans précédent devait néanmoins représenter une aubaine pour des entreprises qui, dès lors, furent promptes à accélérer leur embauche. Tant et si bien que l’essor de cette catégorie d’emplois fut trois fois plus important que celui qui concernait les emplois « traditionnels », durant cette période considérée. De fait, les toutes récentes statistiques émanant de l’OCDE indiquent que les emplois à bas (voire à très bas) salaires représentent 20% de la masse salariale allemande, par rapport à 13% en Grèce et à 8% en Italie…Il va de soi que, dans un contexte de salaires qui atteignent un maximum de 400 euros par mois, les employeurs n’ont plus aucune motivation à embaucher sur la base de contrats de travail à durée indéterminée. Ce qui explique qu’un salarié allemand sur cinq perçoit aujourd’hui 400 euros par mois, et que les contrats à durée indéterminée sont progressivement scindés en un ou en plusieurs « mini-jobs ». Le tout, dans un cadre allemand où le salaire minimum est banni des dictionnaires comme des lois.

Pour autant, ne nous y trompons pas car la création de toutes pièces de cette nouvelle classe – voire de cette sous classe – de travailleurs ne fut certainement pas le fruit du hasard, mais bel et bien le résultat d’une entreprise mûrement réfléchie et planifiée dès le début des années 2000 par le Chancelier de l’époque, Gerhard Schröder. Si la fédération patronale allemande se positionne contre l’instauration du salaire minimum accusé de créer le chômage en augmentant le coût du travail. C’est qu’elle est totalement soutenue par un cadre légal et par l’écrasante majorité des partis politiques peu enclins à s’apitoyer sur ces salariés et sur ces travailleurs sous payés, qui n’ont nullement bénéficié du redressement spectaculaire de leur pays suite à sa réunification. Qui ont, bien au contraire, subi une décapitation de leurs revenus ces dix dernières années. Le miracle allemand n’est en effet que mirage – voire cauchemar – pour une partie importante des travailleurs allemands, en l’occurrence pour près de cinq millions d’entre eux ! N’oublions pas les déclarations tonitruantes de Schröder à la tribune du World Economic Forum en 2005, qui annonçait fièrement avoir « créé un des meilleurs secteurs d’Europe en termes de bas salaires »…

Par delà cette problématique de précarité qui touche de plus en plus d’allemands, cette masse de « mini-jobs » exerce en outre des effets pernicieux sur l’ensemble des pays d’Europe périphérique. Ces misérables salaires octroyés – qui font des travailleurs allemands les alter ego de leurs collègues du Sud-est asiatique – dopent bien-sûr les exportations de leur pays tout en restreignant considérablement sa capacité à consommer, et donc à importer. Cette incontestable compétitivité allemande – qui se réalise au détriment d’une immense masse salariale – est donc aussi une authentique plaie pour les nations en pleine crise. De manière bien compréhensible, celles-ci se montrent incapables d’exporter vers l’Allemagne et vers les allemands qui n’ont pas les moyens de se payer des produits espagnols, italiens ou portugais. Ainsi, cette politique allemande représente une des failles structurelles majeures de l’Union européenne car elle y impose et y instaure une déflation généralisée. La seule et unique formule permettant aux entreprises européennes périphériques de gagner en compétitivité consiste logiquement en des réductions généralisées des salaires de leurs travailleurs. Ce, dans le double objectif de tenter de concurrencer les marchandises allemandes à l’exportation et de vendre aux consommateurs de ce pays. Comment les politiques et les chefs d’entreprise allemands ont-ils aujourd’hui le cran d’ironiser – voire de stigmatiser – les économies européennes périphériques quand la quasi intégralité de la croissance allemande fut et reste redevable à l’appétit de consommation et de l’endettement de ces nations ?

Il est donc urgent d’augmenter aujourd’hui les salaires de ces mini-jobs allemands afin de faciliter et de promouvoir un transfert équitable des richesses et des revenus à l’intérieur même de l’Union. Car les déséquilibres touchant un pays de l’importance de l’Allemagne, qui en représente 28% de l’activité économique, exercent à l’évidence un impact nuisible sur toute la zone. Sans même évoquer l’accentuation inquiétante des inégalités à l’intérieur de l’Allemagne du fait d’une redistribution insidieuse des richesses depuis le pauvre – obligé de dépenser tout son revenu pour vivre – vers le riche qui, lui, est capable d’épargner. N’est-il pas temps de commencer à avoir un regard (très) critique vers cette dynamique de compétitivité allemande, tant admirée, mais qui s’apparente plus à une machine à créer de l’injustice et des déséquilibres ?



Article rédigé par Michel Santi, économiste (http://www.gestionsuisse.com)
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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 16:13

 

Marianne - Jeudi 4 Octobre 2012 à 16:42

 

Philippe Bilger
Philippe Bilger a été juge d’Instruction et avocat général. Il est actuellement magistrat... En savoir plus sur cet auteur

 

Philippe Courroye et Renaud Van Ruymbeke viennent tout deux d'être entendus au sujet de différentes affaires. En raison de cette actualité judiciaire particulière notre blogueur associé Philippe Bilger s'interroge sur la justice française.

 

(Philippe Courroye, septembre 2012 - WITT/SIPA)
(Philippe Courroye, septembre 2012 - WITT/SIPA)
L'actualité judiciaire est extraordinaire. Elle a un sens aigu des contrastes, un art inouÏ de la composition. Elle met face à face la justice du pouvoir et le pouvoir de la justice. A un jour près, Philippe Courroye et Renaud Van Ruymbeke ont été confrontés, chacun, à une épreuve difficile.

Le premier a été entendu à Bordeaux par le juge Gentil durant plusieurs heures au sujet de l'affaire Bettencourt, pour déterminer si des pressions ont été exercées par l'Elysée, si des connivences douteuses ont pu exister entre le procureur de Nanterre et l'ancien président de la République.

Patrick Ouart, lui-même convoqué, avait, dans la transcription des écoutes clandestines Bettencourt, choqué en violant l'équité entre les parties dont l'une était scandaleusement favorisée, notamment par l'annonce anticipée d'une décision. Le rapport étroit entre Patrick Ouart et Philippe Courroye, entre Nicolas Sarkozy et le même était évidemment de nature à susciter les plus vives inquiétudes sur le fonctionnement de cette justice-là.

Patrick Courroye a été nommé avocat général à la cour d'appel de Paris. Christiane Taubira a vu sa démarche validée après avoir été contestée par l'intéressé.

«Il est vrai que Courroye téléphonait en direct à Nicolas Sarkozy. Mais il ne recevait pas d'ordre, il devançait ce qu'il pensait être la volonté du président, espérant toujours être nommé procureur général à Paris». C'est ce qu'affirme un ministre de l'ancien gouvernement (Le Figaro).

La justice du pouvoir. La justice telle qu'elle a été.

Renaud Van Ruymbeke a comparu à nouveau, le 3 octobre, devant le Conseil supérieur de la la magistrature composé d'une dizaine de membres dont seulement deux magistrats, le premier président de la Cour de cassation et le premier président de la cour d'appel de Lyon.

La Directrice des Services judiciaires qui représentait le ministère, la poursuite ayant été engagée initialement par Pascal Clément puis reprise par Michel Mercier, a en définitive abandonné l'accusation et par conséquent exonéré Renaud Van Ruymbeke d'une quelconque faute disciplinaire. La décision définitive sera rendue le 17 octobre mais, si je ne me trompe pas, le Conseil supérieur de la magistrature ne pourra que prendre acte de cet abandon des poursuites.

Si, comme il est probable, le garde des Sceaux Christiane Taubira a inspiré cette heureuse conclusion, on ne peut que lui rendre hommage pour avoir su traiter avec lucidité, et dans le sens qui convenait, le dossier de Renaud Van Ruymbeke du ressort de son ministère et, hier, la situation de Philippe Courroye.

Le pouvoir de la justice. La justice telle qu'elle est.

D'hier à aujourd'hui, une évolution, un progrès. La similitude chronologique entre ces deux moments forts de la vie judiciaire – Philippe Courroye à Bordeaux, Renaud Van Ruymbeke à Paris – pourrait occulter la considérable différence entre ces deux magistrats et la perception qu'on a d'eux.

Le premier, brillant, intelligent, sûr de soi, autarcique n'a été soutenu par personne, il a été désavoué par certains et, pour parler clairement, ses actions et ses abstentions à Nanterre n'ont pas fait honneur, pour certaines, à la magistrature.

Le second, au contraire, passe pour la plupart de ceux qui ont des lumières sur les compétences et l'intégrité des magistrats pour notre plus grand juge d'instruction. Sa force et son intelligence opératoire et efficace lui ont permis, surtout, de maîtriser un pouvoir qui offre une redoutable volupté quand on le laisse se dégrader en abus. Il ne s'est jamais laissé gouverner par la vanité des grandeurs et des mondanités de toutes sortes.

Détesté par notre ancien président qui savait flatter Philippe Courroye, il obtiendra justice, je l'espère, du Conseil supérieur de la magistrture le 17 octobre.

Mais comment sera la justice de demain ?

 

Vers quelle justice allons-nous ?
Retrouvez d'autres articles de Philippe Bilger sur son blog.
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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 16:10

 

Marianne - Mercredi 3 Octobre 2012 à 15:20

 

Greek Crisis
Historien et ethnologue, ancien correspondant en France pour la revue grecque Nemecis, Panagiotis... En savoir plus sur cet auteur

 

La Grèce s'enlise dans la crise. Tandis que le peuple souffre, les élites s'en sortent. Notre blogueur associé Panagiotis Grigoriou raconte comment une partie de la classe politique évite de participer à l'effort commun pour redresser le pays.

 

(Graffiti à Athènes - Photo du blog Greek Crisis)
(Graffiti à Athènes - Photo du blog Greek Crisis)
Dans ce pays, jour après jour, nous nous éloignons (aussi) du silence. Ce silence dont le poète Elytis n'a cessé d'affirmer la nécessité : «Ce n'est pas uniquement un phénomène acoustique, car par-dessus tout, le silence instaure de la distance». Elytis n'était (et n'est) pas le seul à stigmatiser, à combattre, ou à fuir, cette lente mais inexorable destitution du silence fondateur. Pas plus tard qu'hier à Athènes, un ami de la Grèce et de longue date, se plaignait du bruit dans les îles, «comme si, ses habitants, ses commerçants ou les vacanciers (restants) seraient devenus complètement impénétrables par l'harmonie des lieux, et ceci, en l'espace de seulement trente ans». Sans doute, une conséquence à la fois issue de l'acculturation véhiculée par la mondialisation (c'est-à-dire du marché, plus libre que jamais), et aussi, de ses «paraphrases culturelles» endogènes, autrement-dit, le lifestyle du royaume du déchet, dont le bruit, ce pylône, alors promu en pilonnage, caractéristique des tranchées de notre modernité. Inutile de rappeler que sous le régime de la Troïka, le bruit devient aussi une arme de destruction massive. Car son usage, savamment combiné à celui de la peur propagée par les bancocrates, ainsi qu'à la déperdition de nos repères liés au temps (et intrinsèquement connectés à nos repères revendicatifs), tout cela, peut (aussi) expliquer la passivité relative des Grecs, évidemment sans l'excuser.

Il fait chaud cet après midi, 35ºC vers 15h, ainsi, nos plages se remplissent de nouveau, de gens de tout âge, c'est aussi une conséquence du chômage. C'est sur une plage, d'ailleurs accessible en tramway, qu'une Chinoise ayant épousé un Grec, estima que la moitié de ses compatriotes installés en Grèce depuis plus de dix ans, ont déjà quitté notre pays, plutôt pour s'installer ailleurs en Europe, que pour revenir en Chine. Sauf que la future grande histoire du dernier bruit de la Grèce, retiendra ce lundi 1er octobre, comme étant celui du retour des Troïkans à Athènes : «Ces connards (sic) d'employés à la solde des usuriers internationaux (…) et à celle de la psychopathe de Berlin, agissant de la manière d'un nouveau Hitler (sic), ce que l'ancien chancelier Helmut Schmidt a tenté de le lui expliquer paraît-il récemment, certes avec plus de diplomatie», selon le commentaire-réquisitoire du journaliste Giorgos Trangas ce matin sur Real-FM. Le ton du moment me semble-t-il est déjà donné pathétique dès «l'inauguration» de ce 29ème mois sous le mémorandum... Oui, c'est mal parti, et nous avec.

Capitalistes et escrocs

Le pays se décompose en mille et une Babylonies des âmes dans un vacarme assourdissant. Plus personne ne contrôle grand-chose, hormis certains ministères par les Troïkans et le cas échéant, par les escrocs du grand capitalisme local, pour ne pas changer. Des mesures pour tous et des scandales encore pour eux et contre nous, comme cet escroc d'envergure, Karouzos, ami lié de parenté spirituelle au Président du Parlement (Vangelis Meimarakis), voilà condamné depuis onze mois à de la prison ferme mais «paradoxalement» resté libre. Le mandat d'arrêt vient d'être émis mardi dernier (28/09), sauf que Karouzos demeure introuvable. Meimarakis doit être assez «naïf» en tout cas, pour ne prêter aucune attention aux activités mafieuses de son ami, car (selon les reportages) cet ancien patron de boites de nuit, devenu par la suite multi-entrepreneur dans l'immobilier, et dont «l'ouverture» auprès des banques excède les 350 millions d'euros, s'est toujours présenté devant les guichets comme étant le compadre de Vangelis et l'ami des politiques (Real-FM, 01/10).

Du bruit, encore du bruit. L'implication de Meimarakis dans cette affaire n'est pas prouvée, néanmoins certains oiseaux du poulailler des journalistes, chantent tout bas que Voulgarakis, l'autre politicien présumé impliqué à ce scandale aurait davantage profité des parrains et des amis. Ce dernier, ancien ministre de l'Intérieur, déjà mêlé au scandale Siemens ainsi qu'à celui du Monastère Athonite de Vatopèdi, s'est retiré de la vie politique pour entamer une carrière d'universitaire cette année à Chypre, sauf que le Recteur de l'établissement chypriote, vient (dans l'urgence) de déprogrammer les conférences de l'ancien ministre. Tout le monde ne s'appelle pas Giorgos Papandréou pour se voir offrir un strapontin d'or à Harvard, (officiellement) acheté par la famille Angelopoulos. Et on apprendra concernant les Angelopoulos (et certains autres amis des Papandréou et de la Suisse) : «qu'à part Johnny Hallyday et l’armateur grec Peter Livanos, qui ont fait bloquer leurs données fiscales seulement à partir de 2010 (...), la quasi totalité des personnes soumises au forfait fiscal font systématiquement bloquer leurs données. Ainsi par exemple les ressortissants grecs suivants, alors que leur pays est au bord du gouffre : Monsieur Theodoros Angelopoulos et famille, armateur et magnat de l’acier, Madame Gianna Angelopoulos-Daskalaki, ancienne politicienne, Monsieur Spiros Latsis et famille, banques, raffineries de pétrole, marine et aviation, participations, immobilier. C’est un scandale ! Ce faisant, ils rendent impossible toute transparence au sujet de leur situation financière. De plus, ils cachent dans la boîte noire de l’impôt forfaitaire le secret de leur menue contribution à la Suisse, pays dont ils jouissent si volontiers de la bonne infrastructure. Leur comportement est tout simplement contraire à la démocratie et inacceptable. Ce faisant, ils escroquent non seulement leur pays d’origine, mais privent aussi la Suisse et, en ce qui concerne les personnes susmentionnées, également le canton de Berne et la commune de Saanen, d’une contribution fiscale équitable: nous parlons ici certainement de millions, probablement de milliards de francs. La commune de Saanen fait état pour 2011 de rentrées fiscales sur le revenu de CHF 18,6 millions et de 9,6 millions sur la fortune. Quels seraient ces chiffres si les personnes au bénéfice de l’impôt forfaitaire étaient taxées comme les contribuables suisses ?» (Rapport de Margret Kiener Nellen, conseillère nationale PS /BE ).

Nous espérons que nos amis Helvètes (c'est-à-dire le peuple) trouveront leur solution, et nous... notre problème. Hier dimanche, le grand journal de la propagande To Vima, faisait sa une sur le prétendu putsch qui n'aurait pas abouti en octobre 2011, sans aucune preuve tangible, mais dans un contexte où certes, «les militaires étaient en ébullition». Telle fut également la version des faits dont s'accordèrent apparemment, Giorgos Papandréou et par exemple, l'homme politique de nationalité allemande, principalement implanté politiquement et médiatiquement en France, à savoir Daniel Cohn-Bendit. Je crois (et je ne suis pas un «oiseau isolé... ni de mauvaise augure»), qu'une fois de plus, To Vima, veut nous effaroucher pour nous pousser à admettre combien notre «démocratie» serait en danger, alors qu'elle se trouve déjà abolie depuis longtemps, officiellement en tout cas depuis 2010. Yannis Pretenderis, «notre» plume distinguée chez les oiseaux du royaume médiatique Lambrakis (Ta Nea, To Vima, Mega-TV), n'a pas hésité un seul instant à nous prévenir : «Vaut mieux réduire la santé (sic), les salaires et les retraites, plutôt que la démocratie, non ?» (a déclaré récemment, lors d'une émission de télévision, cité par Giorgos Trangas sur Real-FM – 01/10).

On admettra par la même occasion qu'au nouveau pays des bijoux à vendre et du bois de chauffage à acheter qui est le nôtre, les électeurs du centre ne devraient pas trop se reporter sur SYRIZA, qui d'ailleurs se centraliserait à son tour avant l'heure, au point où on se demande déjà (y compris en son sein), (et) dans quelle mesure, il deviendra ou pas, un bon, ou sinon, un mauvais Pasok ! Aliki, militante (et même cadre) au sein d'un courant SYRIZA politiquement situé très à gauche est en colère : «Tsipras a présenté à Salonique un programme sensiblement différent de celui de juin dernier. On se droitise, puis on caresse les Euro-maîtres dans le sens du poil. "l'économie basée sur la solidarité des citoyens" ne veut absolument rien dire, [car] soit on brise le système d'en haut et d'en bas, soit on rentre chacun chez soi pour ainsi ruminer la crise... Et il n'y avait aucune urgence pour que Tsipras aille voir Martin Schulz, le président du Parlement européen».

Mais a contario, le journal Avgi (SYRIZA) daté du 30/09, estime que «le message d'Alexis Tsipras devient enfin audible en Europe (…) et que Martin Schulz, lui a réservé un accueil digne d'un rang de Premier ministre». Soyons donc rassurés et confiants, l'avenir viendra ! Et du côté de la presse, pendant que nous y sommes, nous avons distingué la photo du chef Pasokien Venizélos, choisie par le journal Le Monde dans sa version électronique la semaine dernière. Elle en dit plus et surtout autre chose que l'article du journal, au point à se demander dans quelle mesure, les concepteurs de la page ne ont pas opéré ce choix volontairement. Le hasard a aussi fait, que pratiquement au même moment, j'ai découvert une caricature de Venizélos visitant l'exposition Dessins issus de la crise, à l'École de dessin de Spyros Ornerakis. Ses étudiants et jeunes dessinateurs présentaient leurs travaux, invariablement d'actualité. Lors du vernissage, on pouvait simplement grignoter et grignoter par la même occasion l'avenir. Que faire, où produire et comment vivre dignement de son art, rester ou sinon quitter le pays à la fin du cycle. Cycle d'études bien entendu, pas de la crise.

 

(Des étudiants en art exposent leurs travaux sur le thème de la crise - Photo du blog Greek Crisis)
(Des étudiants en art exposent leurs travaux sur le thème de la crise - Photo du blog Greek Crisis)

«La Mafia c'est l'Etat»

Car nos jeunes partent. Leur mot d'ordre : fuir. D'abord un pays occupé et inexistant, mais aussi un pays dont la mafia c'est l'État (plus les autres institutions). Avec une certaine amertume, Aristidis Baltas dans son éditorial (Avgi 30/09), estime «qu'au-delà de l'horreur, [et] à part cette prise de conscience nous faisant admettre que notre monde est soumis à ces forces invisibles qui déterminent de fait nos destinées, le livre [Gomorra : dans l'empire de la Camorra, de Roberto Saviano] pose implicitement une question qui nous concerne aussi directement : pourquoi la Camorra ou la Mafia n'existent pas en Grèce ? Pourquoi on n'entend parler que "du milieux" ou "des parrains de la Nuit", anonymement et sans trop de précisions ? (...) La réponse serait plus claire si l'on considère un paramètre, mis en exergue par le livre de Saviano. En Italie voisine, à travers toutes les batailles que l'État mène contre la Camorra ou la Mafia, d'ailleurs non sans pertes, il s'oblige à une certaine auto-épuration. Et de toute façon, il fait la guerre contre la Mafia par certaines de ses institutions et services spécifiques, sans oublier les tirs à balles réelles, gagnant parfois ici ou là de batailles importantes. Plusieurs "parrains" se trouvent d'ailleurs déjà derrière les verrous des prisons italiennes. Risquant un certain excès, je dirais que cette lutte n'est pas menée en Grèce, non pas parce que nous ne connaissons pas de Camorra ou de système mafieux... comme si la Grèce était un endroit idyllique. Non, bien au contraire : l'équivalent de cette organisation anonyme a noyauté dans le silence, l'État et ses institutions. Exagération ? Peut-être. Mais peut-être que non. Pensons à ce que nous savons de l'histoire et essayons d'admettre, au moins en tant que hypothèse de travail, le lien entre le passé et ce qui se déroule sous les feux des projecteurs en ce moment. Nous savons que pendant la guerre civile et jusqu'à la dictature des Colonels, un certain "État profond" a presque ouvertement confisqué la gouvernance du pays. On sait aussi, que comme la dictature fut considérée comme relevant de "l'infraction instantanée", l'épuration n'a été en somme que trop partielle. À partir de là, on peut raisonnablement supposer que finalement, après la restauration de la démocratie, cet "État profond" n'a pas disparu pour autant comme par magie, mais qu'il a intégré la nouvelle situation. Donc, d'après ce que nous avons pu constater, nous pouvons raisonnablement déduire que tous les gouvernements d'après-dictature ont fini par réinventer un modus vivendi avec lui, car s'y opposer, affronter ces structures bien établies, comporterait un coût politique apparemment insupportable. En contrepartie, ces structures si bien établies garantissaient aux politiciens l'affiliation de leurs réseaux clientélistes, non sans en profiter évidemment. Ces éléments, nous conduisent à supposer que les divers scandales ou affaires seraient de fait en interconnexion. L'affaire Siemens, le scandale de Vatopedi, celui des écoutes téléphoniques, celui manuels universitaires, les obligations... Structurellement truquées et ces autres délits d'initiées à la Bourse d'Athènes, plus les journalistes qui n'ont toujours pas tout vu, les commandes d'armement, l'affaire des juges initiés, le "circuit des usuriers escrocs Thessalonique", la contrebande des carburants et la contrebande tout court, les «irrégularités» financières dans les municipalités et dans les préfectures, les "entremetteurs", "intermédiaires" et les autres maîtres-chanteurs dissimulés ou apparents, les condamnés à de lourdes peines qui s'échappent de prison comme de chez eux, les matchs de football truqués et ce dopage, inextricablement impliqué dans le sport tout comme l'argent mafieux, la corruption chez les prisonniers, chez les gardiens et chez les agents, au sein de la police et jusqu'aux juges, mêlant contrôleurs et contrôlés, journalistes et membres des partis, des députés et des ministres. Et tout cela alors que la Constitution quant à elle, assure la presque impunité, car l'immunité des parlementaires est levée au compte-gouttes et en réalité presque jamais, lorsqu'il s'agit de ce type d'affaires (...). Et il ne s'agit pas, comme on dit parfois d'un quelconque "dysfonctionnement". Car le capitalisme grec est un capitalisme largement nourri par l'État. On y rencontre notamment, tous ces entrepreneurs nationaux et sous-traitants de toute sorte, propriétaires de médias, banquiers, gérants de fonds de pension et d'entreprises appartenant à l'État, ou d'entreprises privées dont l'unique client c'est l'État. Il s'agit, d'une interminable collecte de fonds publics sans règles ni limites, distribuant ainsi des avantages dus de manière asymétrique (et) à travers des liens correspondants à des structures caractéristiques de l'État profond. Ce système relationnel qui pourrait bien ne pas être soumis à un centre qui le guiderait d'en haut, mais qui néanmoins, agit comme si il lui était soumis. L'harmonie même parfaite qui caractérise la production du discours public à travers les médias électroniques et traditionnels, semble toujours obéir à un ordre du jour, comme si il est délivré par un organisme compétent, d'un "grand" pouvoir exécutif. Alors, en quoi ce fonctionnement serait-il distinct de celui de la Camorra, ou de la Mafia ? Laissons donc cette question ouverte. Quoi qu'il en soit, tout laisse penser qu'un éventuel gouvernement de gauche aura devant lui une tâche très lourde à accomplir (...)».

«Un désastre dans le désatre»

Telle est une certaine vision de notre gauche. Elle n'a pas forcement valeur d'une vérité absolue, mais elle ne serait pas foncièrement mensongère non plus. J'y ajouterais «simplement», que la jonction entre le «système de rapacité interne» et cette «autre» rapacité de la bancocratie mondialisante, aurait engendré ce «cas d'école», à savoir «l'expérimentation grecque» sous le mémorandum.

Et c'est aussi ainsi que nos jeunes partent. Comme nos oiseaux d'ailleurs. Chassés une fois de plus et de trop de leurs dernières réserves naturelles qui sont ces îlots inhabités de la mer Égée, car mis en vente (et en exploitation potentielle), au profit des créanciers. Un désastre dans le désastre, et d'abord destructeur de silence, selon les travaux de la Ligue grecque pour la protection des oiseaux (LGPO), communiqués lors d'une conférence sur le sujet, organisée vendredi dernier (28/09). De cette conférence, tout comme des autres noms d'oiseaux il sera aussi question dans un prochain billet de ce blog. Besoin d'un peu de silence aussi....

 

Grèce : les politiques oublient de participer à l'effort collectif !
Retrouvez d'autres articles de Panagiotis Grigoriou sur son blog.
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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 16:05

 

 

Marianne - Samedi 6 Octobre 2012 à 12:00

 

 

«Anticapitalisme», «quasi-sadisme», «hold-up fiscal»... ces termes –tout en nuances– ont été employés par le petit monde des entrepreneurs d’Internet pour dénoncer les mesures fiscales du gouvernement perçues comme un matraquage fiscal. Mais derrière le groupe dit des «pigeons» se planquent d’autres personnages, moins avenants, frappés eux aussi par la réforme de l’impôt sur les plus-values mobilières : les gérants de fonds financiers et les spécialistes de LBO...

 

(Les #geonpis sont parvenus à mobiliser massivement via Internet et les réseaux sociaux - DR)
(Les #geonpis sont parvenus à mobiliser massivement via Internet et les réseaux sociaux - DR)
Le petit monde des entrepreneurs d’Internet, le même qui, d’habitude, donne des leçons à la Terre entière sur le bonheur de l’esprit positif, sur la « coolitude » de la créativité décomplexée, se met d’un coup à hurler « Ma cassette ! ma cassette ! » comme l’Harpagon de Molière.

Tout en nuances, Jean-Paul Chamboredon, porte-parole de la contestation, dénonce derrière cet « anticapitalisme » un « quasi-sadisme » qui lui donne « la nausée »... « Un hold-up fiscal », s’écrie un patron en vue. « J’ai la gueule de bois », gémit un autre. Un troisième parle déjà d’émigrer vers un paradis belge ou anglais. Comme ces gens savent utiliser à merveille les réseaux sociaux, et leurs relais dans la presse et l’audiovisuel, les critiques des mesures fiscales qui les concernent emplissent soudainement l’espace média- tique. Leur tapage n’empêche pas de réfléchir un peu sur le fond de l’affaire.
 
Que dénoncent ceux qui se baptisent eux-mêmes « les pigeons » ? Tout simplement la fin d’un privilège. Les revenus qu’ils tirent de leurs capitaux seront désormais imposés comme ceux du travail. Pour simplifier, le créateur d’une start-up qui revend rapidement son entre- prise avec profit verra sa plus-value taxée à 43 % plus 15 % de cotisations sociales, au lieu de 30 % jusqu’à présent.

Cela semble dur si l’on ne précise qu’un investisseur de long terme, accompagnant une société pendant dix ans, bénéficiera d’un abattement ramenant l’impôt au niveau... d’aujourd’hui. Derrière les quelques gueules sympathiques de baroudeurs du Net à qui personne ne souhaite un mauvais sort se planquent d’autres personnages, moins avenants, frappés eux aussi par la réforme de l’impôt sur les plus-values mobilières : les gérants de fonds financiers et les spécialistes de LBO (rachats spéculatifs d’entre- prises) qui ont pour habitude de se faire rémunérer en « carried interest », c’est-à-dire lors de cessions de gros paquets d’actions.

Eux sont les adeptes non pas de la créa- tion d’entreprise, mais de la création de valeur pour l’actionnaire, voire d’abord et avant tout pour eux-mêmes ! Ils ont l’habitude des allers-retours aussi rapides que fructueux. On comprend que ces rapaces laissent les pigeons occuper le devant de la scène médiatique au mieux de leurs intérêts.
 
Personne, surtout pas dans nos colonnes, ne trouve que les hausses d’impôts décidées par la nouvelle majorité sont indolores. Au contraire, nous savons que
les temps sont durs pour la plus grande partie de la population et d’autres catégories, souvent bien moins loties, rejoignent le sort commun des contribuables, comme les salariés effectuant des heures supplémentaires, ou les autoentrepreneurs. Faut-il pour autant renoncer à retrouver le principe fondateur de la Répu- blique : l’égalité des Français devant l’impôt ?
Il n’aura pas fallu deux jours pour que le gouvernement, traumatisé par la chute vertigineuse de l’investissement, fasse droit aux revendications de nos chers « pigeons » qui menacent de s’envoler vers les paradis fiscaux que seraient l’Angleterre ou la Belgique. On ne sait pas encore si les rapaces, bien plus discrets, bénéficieront eux aussi des concessions octroyées par Pierre Moscovici et Fleur Pellerin, ce qui constituerait un scan- dale, mais on peut lancer ce conseil à tous les contribuables mécontents : tweetez à Bercy, c’est rapide, pas cher, et ça peut rapporter gros !
  • Article paru dans le n°807 de Marianne daté du 6 octobre 2012.
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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 14:04

 

 

LE MONDE ECONOMIE | 24.09.2012 à 12h21 • Mis à jour le 03.10.2012 à 14h57

Par Anne Rodier

 
Avant de louer une voiture, ne pas hésiter à comparer les prestations.

Six centimes de réduction sur le prix du litre d'essence ne suffiront pas à régler le problème du pouvoir d'achat grevé par le budget automobile. Paradoxalement, les rues sont pleines de voitures qui, par centaines, ne quittent pas leur stationnement des jours durant.

Pourquoi ne pas faire avec l'existant et limiter ainsi le budget automobile au seul usage de la voiture, plutôt qu'à sa pleine propriété ? Plus de garage, plus d'assurance, juste la voiture que je veux, en changeant de modèle selon mes besoins du moment, avec le budget dont je dispose.

Les entreprises d'autopartage, autrement dit de location de voiture entre particuliers ou non, fleurissent en France comme au Royaume-Uni ou aux Etats-Unis avec un succès certain : le britannique Zipcar (ex-Streetcar) propose la voiture à partir de "5 livres de l'heure [6,20 euros], essence et assurance comprises" ; l'américain Getaround, créé en 2009 en Californie, invite à louer une voiture dans son voisinage à partir de 3 dollars (2,30 euros) de l'heure. Si vous voulez tester un Hummer pendant vos vacances à San Francisco, saisissez l'occasion.

LIVOP, KEYLIB, MOBIZEN, CITYZENCAR, VOITURELIB.COM, ETC.

La France n'est pas en reste avec Livop, KeyLib (ex-Caisse commune), Mobizen, CityzenCar, Voiturelib.com, etc., jusqu'au dernier-né, Autolib', qui met à disposition de ses abonnés (144 euros par an) une voiture électrique pour quelque 10 euros de l'heure.

Les services ne sont pas vraiment les mêmes. KeyLib, Mobizen comme Autolib' détiennent leur propre parc de voitures et leurs emplacements réservés, ce qui est très précieux en zone urbaine : plus besoin de tourner vingt minutes avant de se garer.

Mais KeyLib et Mobizen obligent à ramener la voiture au point de départ. Autolib', comme Velib', permet de prendre une voiture dans une station fixe et de la déposer dans une autre. Pour aller à Paris de Rueil-Malmaison (92) ou de Créteil (94), cela règle le problème de stationnement à l'arrivée, mais pas encore les embouteillages.

Et il n'y a pas de station Autolib' dans toutes les villes de banlieue ! Quant à l'aller-retour express Paris-Lyon, oubliez Autolib', qui n'a que 150 km d'autonomie sur route. Préférez Livop, Voiturlib ou Cityzen Car, qui mettent en réseau propriétaires et locataires de toute la France, particulièrement dans les grandes métropoles.

Pour une heure, une après-midi ou deux semaines de vacances, plus besoin de se soucier des heures d'ouverture de l'agence de location, on est entre particuliers, toujours disponibles, même les jours fériés. Et un système d'ouverture et de fermeture du véhicule par téléphone permet de ramener la voiture à l'endroit convenu même en l'absence du propriétaire. La clé, reliée à un système électronique, est accessible dans la boîte à gants.

INSCRIPTION SUR INTERNET

Pour tous les sites d'autopartage, ça commence à peu près de la même façon, par l'inscription sur Internet, avec ou sans abonnement. On décline son état civil, les informations de son permis de conduire et on paye la réservation, essence comprise, par carte bleue ou par PayPal, en évaluant à l'avance les kilomètres à parcourir : pas toujours évident pour un séjour de quinze jours. Le site fournit le contrat de location et l'assurance pour la durée d'utilisation de la voiture.

Pour 69 euros versés à Cityzencar.com, le portail des voitures mis en location par mon voisinage m'est ouvert pour un an. Comme d'habitude, la carte de la capitale est noire de voitures, non pas en circulation, mais mises à disposition.

La Fiat 500 de Paul, toujours disponible du jour au lendemain, même le dimanche dès 8 heures, la mini rutilante de Marc que j'ai louée en succombant à l'effet de mode de cette voiture, la Golf de Jean-Sébastien adaptée aussi bien aux longs trajets sur autoroute qu'aux étroites départementales oubliées des pouvoirs publics et, enfin, la Volvo de David, qui n'a jamais été disponible quand j'ai eu besoin de sa voiture, formaient la tête de liste des 5 000 véhicules inscrits.

Attention : pendant les vacances scolaires, il y a moins de véhicules disponibles, même en baissant les exigences de proximité, de prix et de caractéristiques de la voiture.

Les plus de Cityzen Car, c'est l'accompagnement personnalisé du début à la fin de la location : hotline pendant l'inscription, intermédiaire pour faciliter le contact quand l'intéressé est un peu lent à répondre à la demande de location (tout le monde n'est pas geek !), mais surtout l'approche "réseau social", qui consiste à nouer des relations de confiance avant de louer.

UN ÉTAT DES LIEUX SÉRIEUX

Une fois le voisinage connu, toute difficulté est aplanie avant et pendant le contrat. Paul a finalisé lui-même mon inscription sur Cityzen, car ce jour-là mon imprimante n'avait plus d'encre. Ce qui n'empêche pas de faire un état des lieux sérieux en début et en fin de location, mais calme les inquiétudes du propriétaire, qui confie sa voiture et évite les tensions au locataire au retour quand il a dépassé de 500 km le forfait annoncé : on paye simplement un surcoût à raison de 10 centimes par kilomètre supplémentaire.

L'absence d'abonnement est un des atouts des deux autres. C'est ce qui a convaincu Paul de préférer Voiturelib à Cityzen Car. "D'autant que le rendement y est meilleur, m'a-t-il dit. En quatre mois, j'ai loué ma voiture 28 fois, contre 5 fois durant la même période sur Cityzen Car." Ces sites permettent de louer un véhicule à des tarifs bien souvent inférieurs de 30 % à 40 % à ceux pratiqués par les loueurs.

Les voitures sont rarement neuves, mais généralement bien entretenues, même quand les propriétaires sont incapables d'indiquer où se trouve le liquide de refroidissement, voire la roue de secours.

Les sites de location entre particuliers incarnent différentes philosophies : Cityzen Car, créé par trois ex-cadres de Mobizen et d'Autolib', prône l'autopartage et se revendique comme "un réseau social de voisinage conçu pour une meilleure utilisation de la voiture, affirme son président, Nicolas Le Douarec. Le propriétaire fixe son prix, il peut même la louer gratuitement", précise-t-il ; tandis que Voiturelib et Livop sont avant tout des sites de location, qui proposent aux particuliers de réduire leur budget voiture, mais se financent en prenant une commission sur les transactions.

Quelles que soient leurs divergences, ces offres de partage de voiture ouvrent de nouveaux horizons non pas tant comme source de revenus - à déclarer au fisc comme bénéfices industriels et commerciaux - que pour redéfinir la relation à l'automobile. Cityzen prépare, pour 2013, un projet d'autopartage des voitures d'entreprise, qui seraient mises à disposition de l'ensemble des salariés.

Anne Rodier

Pratique

 

Exemple : CityzenCar illustre le mode d'extension de ces réseaux.

Le parc

5 000 voitures inscrites, dont 446 à Paris.

La couverture territoriale

D'abord implanté en zone urbaine, CityzenCar compte au moins un inscrit dans près de 4 000 communes.

Le plus petit site est le village de Mens, dans l'Isère, qui avec ses 1 450 habitants compte 16 inscrits, 4 voitures et 40 partages de voitures en un an.

La fréquentation

1 000 partages de voitures par an pour toute la France.

Les exclusions

Le site exclut 3 % à 4 % des inscrits chaque année.

Le potentiel

Actuellement CityzenCar ne regroupe que 0,01 % des voitures immatriculées en France

 

 

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7 octobre 2012 7 07 /10 /octobre /2012 13:56

 

Le Monde.fr | 07.10.2012 à 15h41 • Mis à jour le 07.10.2012 à 15h42

 

SHOW MUST GO ON ! Ouverture du procès en appel des Pussy Riot | rushes infos | Scoop.it

 

Le président russe, Vladimir Poutine, a jugé dimanche 7 octobre que la décision d'un tribunal de condamner à deux ans de camp trois jeunes femmes du groupe punk Pussy Riot, après une "prière" à son encontre dans une cathédrale de Moscou, était "correcte".
 

"En fait, il est correct qu'elles aient été arrêtées et il est correct que le tribunal ait pris une telle décision. Car il ne faut pas saper les fondements de la morale, détruire le pays. Que nous reste-t-il sinon ?", a-t-il déclaré dans une émission de la chaîne NTV, qui a déjà été diffusée en extrême-orient russe et dont des extraits ont été rendus publics par les agences russes. L'émission devait être diffusée dimanche soir à Moscou.

Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 30 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été condamnées le 17 août à deux ans de camp chacune pour "hooliganisme" et "incitation à la haine religieuse", pour avoir chanté en février "Vierge Marie, délivre-nous de Poutine" devant l'autel de la cathédrale du Christ-Sauveur à Moscou.

Leur procès en appel, qui devait avoir lieu en début de semaine, a été repoussé au 10 octobre.
En septembre, le président russe avait déjà déclaré que l'Etat avait "l'obligation de protéger les sentiments des croyants", estimant que les jeunes filles s'étaient livrées à un "sabbat" dans l'église.

L'affaire des Pussy Riot a eu un retentissement international. Leur condamnation a été vivement critiquée à l'étranger où elle a été qualifiée de "disproportionnée".

 

Lire :  24 heures avec les (autres) Pussy Riot


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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 22:13

 

http://cadtm.org/Dette-publique-Peut-on-effacer-l

 

CATDM - 1er octobre par Olivier Bonfond, Nicolas Errante

 

Qui plus, qui moins, aucun pays de la zone euro et même au-delà, n’échappe au casse-tête de la dette publique. Les réponses qui sont proposées peuvent être classées dans deux camps.

1°) Celui des tenants de l’austérité : les Etats doivent réduire leur train de vie, réduire les dépenses sociales et faire baisser les salaires pour améliorer la compétitivité externe et ainsi retrouver des marges pour rembourser leurs dettes. C’est la politique prônée par l’Europe, Allemagne en tête.
Le problème de cette politique, c’est qu’elle fait baisser l’activité économique et aggrave le chômage. Elle réduit les rentrées fiscales et n’améliore en rien la solvabilité des Etats tout en provoquant une grave crise sociale.

2°) Celui des tenants de la relance : selon eux (dont nous syndicats), l’austérité est sans issue. Il faut non pas asphyxier l’économie mais au contraire lui donner de l’oxygène, encourager l’activité économique pour relancer l’emploi, relancer la consommation intérieure en améliorant le pouvoir d’achat, retrouver des marges via une fiscalité plus équitable, investir dans les travaux publics et dans les énergies renouvelables, etc.

Et puis, il y a des outsiders qui, en plus de mesures fiscales, proposent de ne pas rembourser la dette publique, ou en tout cas pas toute la dette. Comment ? en faisant un audit complet de celle-ci afin de vérifier si elle est bien légale et légitime… Cette thèse défendue par certains économistes est développée dans un livre écrit par Olivier Bonfond, économiste et conseiller au CEPAG (Centre d’éducation populaire André Genot, proche de la FGTB wallonne).

Est-ce possible sans précipiter la chute des banques systémiques et de toute l’économie ; sans entraîner la faillite des États, la fin de l’euro, bref sans provoquer un cataclysme ? Nous avons posé la question à l’auteur.

 

Et si on arrêtait de banquer ? 

Dans l’introduction de votre livre, vous écrivez : « Nous sommes tous Grecs ». On ne peut pourtant pas comparer la Belgique à la Grèce : on n’est pas en banqueroute virtuelle, on emprunte à un bon taux et l’austérité n’a pas atteint le niveau dramatique de la Grèce…

Olivier Bonfond : c’est vrai que la Belgique est – à l’heure actuelle - dans une meilleure situation que la Grèce. Son système de prélèvement d’impôts et sa sécurité sociale sont plus efficaces ; l’épargne des Belges est beaucoup plus importante avec un patrimoine global de 2000 milliards d’euros et une épargne sur les livrets de plus de 200 milliards.
Mais la direction qui est prise est la même pour tous les gouvernements européens : au nom du remboursement de la dette, ils imposent à leur population des plans d’austérité très durs. La Belgique a déjà mis en place deux plans d’austérité mais elle s’apprête à en mettre en place de nouveaux qui vont faire très mal. Afin de satisfaire les appétits des créanciers, tous les peuples européens voient leurs conditions de vie se dégrader fortement, et, à moins d’un changement radical d’orientation, ce n’est qu’un début. C’est en ce sens que nous sommes tous Grecs.

Aujourd’hui, avec son Pacte budgétaire et sa fameuse règle d’or, l’Union européenne veut instaurer une austérité à vie, en interdisant, sous peine de sanctions financières immédiates, tout déficit budgétaire supérieur à 0,5% au lieu de 3%. Cette orientation est suicidaire. Aucun pays n’y arrivera.

De plus, notre pays pourrait très rapidement se retrouver dans une situation très délicate : son secteur financier est loin d’être assaini. De nouveaux sauvetages bancaires sont à prévoir. Dexia est toujours en danger et l’État a apporté sa garantie pour 54 milliards, soit 15% de notre Produit intérieur brut (PIB) ! Si Dexia tombe, L’État belge ne pourra pas sortir cette somme…

Enfin, n’oublions pas que les principaux créanciers de la dette publique belge ne sont pas, comme on le croit généralement, les petits épargnants mais bien les grandes banques, les fonds de pension, les compagnies d’assurances et les fonds spéculatifs. Ils n’hésiteront pas une seconde à spéculer sur la dette belge s’ils y voient leur intérêt. On n’est donc pas protégés.

Vous proposez, avec d’autres économistes, de ne pas rembourser la dette.
Est-ce que c’est possible :
1°) sans compromettre la capacité future de financement de l’Etat (on voit bien que la simple dégradation de la notation et la hausse des taux qui s’ensuit posent problème) ?
2°) sans provoquer une catastrophe financière en précipitant la chute des banques dites « systémiques » ou trop grosses pour les lâcher (« too big to fail) qu’il a fallu recapitaliser en 2008 ?

O.B. : Premièrement, il s’agit d’affirmer que le remboursement de la dette ne doit plus être une question tabou. Il n’est pas normal qu’on puisse attaquer tous les acquis sociaux pour économiser quelques centaines de millions d’euros, tandis que le remboursement de la dette ne peut en aucune façon être remis en cause. D’autant plus que ses créanciers sont les principaux responsables du désastre économico-financier en cours. Ensuite, l’idée n’est pas d’annuler la dette de manière arbitraire. Il s’agit de ne pas rembourser les dettes qui seront considérées comme illégales ou illégitimes.

Ce n’est donc que d’une partie qu’il s’agit ? Mais qui décide de l’illégalité ou de l’ « illégitimité » de cette partie de dette ?

O.B. : Pour cela, il faut faire un audit complet de la dette, c’est à dire analyser de manière rigoureuse et approfondie les origines et les causes de l’endettement public. S’il s’avère que la légalité n’a pas été respectée comme c’est par exemple le cas avec les produits toxiques vendus aux pouvoirs locaux, cette dette devra être considérée comme nulle.

De la même manière, une dette qui n’a pas été contractée dans l’intérêt général mais qui a systématiquement favorisé une classe privilégiée devrait être considérée comme illégitime et ne devrait donc pas être remboursée. Par exemple, les politiques fiscales de ces 20 dernières années ont systématiquement favorisé les grosses fortunes et les grandes entreprises privées, ce qui a provoqué une diminution importante des recettes publiques, et donc une obligation de s’endetter. On peut donc se demander si la dette qui provient de cette politique fiscale socialement injuste est légitime ou non. Ce sera à l’audit de le déterminer et au peuple d’en décider.

Mais ces politiques fiscales – disons « injustes », elles ont quand même été votées par des élus du peuple.

O.B. : Cela n’empêche pas qu’on puisse les remettre en question. Les dirigeants politiques n’ont pas reçu le mandat de faire tout et n’importe quoi. Ils sont censés représenter les intérêts des citoyens. Les élus n’ont pas été mis au pouvoir en annonçant qu’ils appliqueraient des politiques socialement et fiscalement injustes. Ils ont été élus sur la base d’un programme. Si il est avéré qu’ils n’ont pas respecté leurs engagements, alors la dette qui sera liée à ces politiques injustes pourra être considérée comme illégitime.

Et sans provoquer une catastrophe financière… ?

O.B. : Mais nous sommes déjà en pleine catastrophe financière. Une chose est sûre : la soumission aux marchés financiers, cela ne marche pas. Il y a effectivement un risque que les marchés refusent de prêter encore à la Belgique. Mais la Belgique a les capacités de se passer des marchés financiers, notamment via des mesures fiscales. Pour rappel, la FGTB a démontré qu’il était possible de trouver annuellement plus de 30 milliards d’euros de recettes publiques supplémentaires en prenant l’argent là où il est et sans s’attaquer aux droits sociaux.

Par ailleurs, de nombreux exemples ont prouvé que, loin de provoquer une catastrophe, la fermeté à l’égard des créanciers peut donner des résultats positifs. L’Islande est le seul pays européen à avoir décidé de ne pas rembourser toute sa dette. C’est également le cas pour l’Argentine en 2001 ou encore l’Équateur en 2008… sans faire de « copier-coller », ces expériences devraient constituer une source d’inspiration pour tous les gouvernements de l’Union européenne.

Si on veut réellement empêcher le système de s’écrouler, plutôt que de recapitaliser bêtement les banques en les laissant continuer à spéculer à leur guise, il faut réguler de manière très stricte le secteur financier et en reprendre largement le contrôle. Il faut que le secteur financier redevienne un instrument au service de l’économie et pas un parasite surpuissant qui pompe toute la richesse produite par les travailleurs.

« Et si on arrêtait de payer ? 10 questions/10 réponses sur la dette publique belge et les alternatives à l’austérité » par Olivier Bonfond, Ed. Aden/CADTM/CEPAG.
Cet ouvrage peut être commandé pour 12 € soit chez Aden : http://www.aden.be/index.php?aden=e..., soit au CADTM

Cette interview est parue dans le magazine « Syndicats » de la FGTB ( septembre 2012 / n°15)

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 21:59

 

http://www.youtube.com/watch?v=Pw5yzPx7m0w&feature=player_embedded

 

 

 

Publiée le  2 mars 2012 par OkeaNews

Mercredi dernier, le 28/02/2012, Anna Vagena a pris la parole au parlement grec. Une parole sensée et pleine de colère. Elle met en garde la classe politique contre la fureur grecque qui s'annonce. Un discours plein de bon sens qui fait mouche.

 

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6 octobre 2012 6 06 /10 /octobre /2012 21:53

 

Une enquête de Jean-François Poupelin (le Ravi) et Louise Fessard (Mediapart)

 

Un nouveau front s'ouvre quant aux affaires à répétition qui concernent la gestion du conseil général des Bouches-du-Rhône, géré par les socialistes. Cette fois, c'est le lucratif marché de la maintenance des 500 bâtiments du département qui est en cause. De forts soupçons de favoritisme, dénoncés en interne dès avril 2011, pèsent sur les quelques entreprises qui se partagent ce secteur.

C’est une coquille d’un sous-fifre du conseil général qui a révélé le pot aux roses. Chargé de rédiger l’estimation de prix d’un marché public de rénovation des collèges du département, un document confidentiel à l’aune duquel sont sélectionnées les entreprises candidates, un cabinet indépendant fait en 2010 une erreur de frappe. Voilà le prix du mètre carré de vitrage bradé à un euro, tout comme celui du mètre carré de teinte aluminium. Étonnamment, deux des entreprises de BTP candidates reprennent texto ces prix totalement irréalistes dans leur offre.

C'est un exemple parmi de nombreux autres, relevés début 2011 par des agents du conseil général, qui montre que certaines entreprises ont vraisemblablement eu accès aux estimations de prix du maître d’ouvrage, faussant ainsi les marchés. Au vu de ce tableau explosif dressé en avril 2011 par ses services, Jean-Noël Guérini, le président PS du conseil général, n'a pu qu’alerter le procureur de Marseille sur de graves soupçons de favoritisme. Mais la procédure, curieusement, n'est pas remontée jusqu’aux oreilles des élus.

La justice et le conseil général semblent avoir décidé qu'il était urgent d’attendre. Saisi il y a un an et demi, le procureur de la République de Marseille indique qu’une « enquête préliminaire est toujours en cours et a été confiée à la police judiciaire ». Du côté du conseil général, si quelques marchés manifestement entachés de favoritisme ont été annulés, des entreprises soupçonnées ont remporté d’autres appels d’offres similaires et continuent à travailler pour la collectivité.

Dans son offre de 2009, une entreprise propose ainsi des prix dont l’écart avec les estimations du maître d’ouvrage (qu’elle n’est pas censée connaître) est systématiquement le même, pile dans la fourchette demandée par le conseil général. Constaté sur plusieurs centaines de prix, cet exploit n’a cependant provoqué aucune réaction du conseil général qui a gardé sans broncher ce fournisseur très bien informé.

Ces soupçons portent tous sur des marchés à bon de commandes (MBC), une technique d’achat public pratique en cas de travaux urgents mais également très coûteuse, dont le conseil général use et abuse pour la maintenance de ses 500 bâtiments. Contrairement aux marchés globaux à prix forfaitaire, il est impossible de connaître le coût du marchés à bons de commandes lors de leur attribution. C’est au fil des besoins de la collectivité que les bons de commandes sont exécutés.

Ces marchés sont normalement réservés aux cas où les pouvoirs publics ne peuvent pas anticiper la survenance du besoin et les quantités nécessaires. Par exemple dans le domaine du bâtiment, pour des urgences : dépannage d’une chaufferie, réparation d’une fuite d’eau, etc. Ils sont surtout très appréciés des élus et directeurs d’établissement du fait de leur réactivité.

Mais selon un audit réalisé en janvier 2012 par un cabinet parisien, le Conseil général fait un usage très excessif de ces marchés en les utilisant pour des « opérations programmées » ainsi que « des travaux (…) qui relèvent davantage de la réparation lourde, voire de la réhabilitation ou de la construction, soit de dépenses d’investissement plus que de fonctionnement ».

Le remplacement des systèmes incendies des collèges, dont l’obsolescence est pourtant prévisible, passe ainsi systématiquement par des marchés à bons de commandes. Et systématiquement depuis dix ans, c’est également la même entreprise (Sphinx), par ailleurs soupçonnée d’avoir bénéficié de favoritisme, qui les remporte. Et se goinfre : 6 millions d’euros entre 2003 et 2011 selon l’audit.

 

Des entreprises très influentes

Il y a en effet des affaires à faire sur la maintenance des bâtiments du conseil général : l’ardoise annuelle s’élève à près de 40 millions d’euros ! Mais, selon un document interne à la collectivité, « la pratique démontre que les urgences représentent pour une année (…) moins de 5 % de son budget ».

Mieux, selon le même document, le choix d’une mise en concurrence par des marchés à procédure adaptée (Mapa), ou marchés forfaitaires, « étendue à l’ensemble des travaux programmables, permettrait de manière évidente de générer une économie de 5 millions à 10 millions d’euros ». Les exemples d’économies possibles ne manquent pas. La facture de la piste d’athlétisme d’un collège a ainsi fondu de 60 000 euros à 17 000 euros en passant d’un marché à bons de commandes à un Mapa.

Une différence (en partie) justifiée par une des spécificités des MBC : l’incertitude des quantités commandées. Pour s’y retrouver, les entreprises proposent des prix moins intéressants que sur les marchés forfaitaires. Exemple : en toute légalité, une toiture et un faux plafond de 450 m2 ont été facturés 250 000 euros au CG13. « Avec (cette somme), on construit une belle villa de 250 m2 ! » s’étrangle un technicien.

Pour éviter ce genre de mauvaise surprise, le conseil général de la Côte-d’Or a de son côté fait le choix de limiter ses marchés à bons de commandes. « Dans la mesure du possible nous ne pratiquons pas de MBC pour les travaux, (…) car c'est un très mauvais outil d’achat, explique ainsi la directrice de la commande publique du département Côte-d'Or. Les MBC octroient un privilège monopolistique à l’entreprise attributaire pendant une période très longue. On ne sait pas si au bout de quatre ans, on retrouvera ses concurrents ! »

Le conseil général du Var a, lui, adopté une autre stratégie : l’embauche de surveillants de travaux. « Ils contrôlent que ce qui est écrit dans le devis est mis en œuvre par l’entreprise, indique le directeur de l'architecture et des bâtiments du Var. Les surveillants sont pratiquement tout le temps sur le terrain, ils mesurent et contrôlent tout au cours du chantier, toutes les surfaces, etc. » Une expertise dont se passent les services des bâtiments du CG13. Résultat, le département du Var dispose du même nombre d’agents que celui des Bouches-du-Rhône pour gérer moitié moins de collèges.

L’absence de contrôle est cependant loin d’être la seule défaillance du CG13. Tout au long de ses 81 pages, l’audit de janvier 2012 pointe des dysfonctionnements plus ou moins curieux dans les services en charge de la maintenance des bâtiments départementaux : quelques entreprises historiques qui définissent les besoins de la collectivité, une « fidélité » très forte de cette dernière réduisant d’autant la concurrence, des soupçons d’entente et de favoritisme, le manque de compétences, l’inexistence de service dédié aux marchés publics, la sur-utilisation des avenants sur les marchés en cours, etc. Une manière très pudique de s’interroger sur la sincérité de la concurrence et une possible organisation de l’incompétence du service ?


Certains agents l’ont fait. À leurs dépens. Lorsqu’ils ont tenté de remettre de l’ordre et ont dénoncé des facturations plus que curieuses (une porte coupe-feu facturée trois fois les prix fournisseur ou la facturation de prestations non comprises dans le marché par exemple), les entreprises n’ont pas vraiment apprécié l’initiative. La fédération du bâtiment des Bouches-du-Rhône a protesté auprès du directeur de la construction, de l’environnement, de l’éducation et du patrimoine, Gérard Lafont. Ce dernier est depuis passé à la tête de 13 Habitat, bras armé du département en matière de logement social et cœur du système clientélisme mis au jour par l’instruction du juge Duchaîne.

Selon nos informations, Gérard Lafont a menacé en février 2011 de déplacer les agents qui avaient remis en cause l'usage des MBC et leur a imposé de continuer à travailler exclusivement en marchés à bon de commandes.

C’est certainement une coïncidence si le président de la fédération du BTP 13 n’est autre que le PDG de Climatech, une maison spécialisée dans les travaux d’installation thermique et de climatisation particulièrement appréciée du CG13. Entre 2003 et 2011, elle a été la principale bénéficiaire de ses MBC avec 17 marchés pour un montant total de 7,4 millions d’euros. Cette même année 2011, l’entreprise et son dirigeant ont reçu le second prix « valorisant les entreprises qui ont fait preuve de qualité exemplaire ». Prix créé par… le conseil général des Bouches-du-Rhône et la Fédération du BTP 13.

Aux dernières nouvelles, si une mission de conseil est en cours, à part quelques petits aménagements dans la passation des MBC initiés au début de l’audit et l’exfiltration de Gérard Lafont, rien n’a changé.

 

Contacté, le conseil général a répondu ne pas apporter « de commentaires sur les instructions judiciaires en cours ». Également contactés, Gérard Lafont et l'ancien conseiller du président de la fédération du BTP des Bouches-du-Rhône et fondateur de Climatech n'ont pas répondu à nos sollicitations.

Mediapart s'est associé pour réaliser cette enquête avec le journal satirique de la région Paca, le Ravi. Petits moyens, diffusion d'environ 5 000 exemplaires par mois et grosse ambition éditoriale, le Ravi fête son 100e numéro en octobre.

 

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