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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 18:14

 

 

Le Monde.fr | 25.10.2012 à 12h02 • Mis à jour le 25.10.2012 à 13h51

Par Audrey Garric

 
 
L'exploitation minière, les fonderies de plomb, décharges industrielles et autres sites toxiques affectent la santé de quelque 125 millions de personnes dans 49 pays à faible et moyen revenus.

L'exploitation minière, les fonderies de plomb, décharges industrielles et autres sites toxiques affectent la santé de quelque 125 millions de personnes dans 49 pays à faible et moyen revenus. Une pollution industrielle dont l'ampleur et les conséquences sur la santé humaine sont encore méconnus, mais comparables avec celles du paludisme ou de la tuberculose, estime le rapport World's worst pollution problems, publié mercredi 24 octobre par l'ONG Blacksmith Institute en partenariat avec la Croix verte internationale.

L'enquête a passé au crible, pendant quatre ans, l'impact sur la santé publique des polluants industriels les plus répandus – plomb, mercure, chrome, amiante –, rejetés dans l'air, l'eau et le sol de 2 600 sites répartis dans la plupart des régions du monde.

Tous sont connus pour causer de graves dommages à l'homme. Selon le rapport, qui reprend des études de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le plomb compromet ainsi, entre autres effets néfastes, le développement neurologique des enfants et provoque des maladies cardio-vasculaires chez les adultes. Le chrome, classé cancérigène, peut causer des cancers du poumon s'il est inhalé. Le mercure endommage quant à lui les reins et affecte le développement neurologique chez les enfants. Enfin, l'amiante est responsable de mésothéliomes, de cancers du poumon et d'autres problèmes pulmonaires.

 

17 MILLIONS D'ANNÉES DE VIE PERDUES

Pour quantifier les effets de ces polluants sur les populations, le rapport a utilisé l'indicateur AVCI (Années de vie corrigées de l'incapacité, "Disability-Adjusted Life Years", en anglais), qui mesure les années de vie en parfaite santé qui ont été perdues, en effectuant la somme des années de vie potentielles perdues en raison d'une mortalité prématurée et des années productives perdues en raison d'incapacités. Les AVCI, utilisées notamment par l'OMS, permettent de comparer entre eux les différents types de risques pour la santé publique, en tenant compte à la fois de la gravité et de la durée d'une maladie donnée.

Résultat : 17 millions d'AVCI ont été attribuées aux polluants industriels. Un impact comparable, selon le rapport, avec celui des maladies les plus dangereuses au monde, à savoir le paludisme (14 millions d'AVCI), la tuberculose (25 millions) et le sida (29 millions).

"Nos chiffres sont toutefois probablement sous-estimés, dans la mesure où la plupart des effets sur la santé connus ou présumés sont impossibles à quantifier, faute de données démographiques et de capacités d'échantillonnage suffisantes dans de nombreux pays ou encore d'accès aux sites pollués", prévient le rapport.
 

Le recyclage des batteries au plomb constitue la première source de pollution industrielle dans le monde.

"Même si elle touche au moins 125 millions de personnes, la pollution demeure l'un des problèmes mondiaux les moins bien connus, déplore le Dr Stephan Robinson, spécialiste des pollutions à la Croix verte internationale, lors d'une conférence de presse. A juste titre, du temps et de larges ressources sont consacrés à s'attaquer au fardeau des maladies telles que la tuberculose et le paludisme. Mais ces actions des autorités locales et internationales éclipsent l'attention accordée aux sites toxiques, qui contribuent grandement à la mauvaise santé de la population mondiale."

Un impact confirmé par l'OMS, qui estime que les pollutions environnementales contribuent à 19 % de l'incidence du cancer dans le monde et sont responsables de 1,3 million de décès chaque année.

 

 LE RECYCLAGE DES BATTERIES, PIRE POLLUTION

Dans le détail, le rapport de Blacksmith a classé les dix industries les plus toxiques en fonction du nombre d'années de vie perdues :

1) Le recyclage des batteries au plomb (4,8 millions d'AVCI perdues).
2) La fusion du plomb (2,6 millions).
3) Les mines et le traitement des minerais (2,5 millions).
4) Les opérations de tannerie (1,93 million).
5) Les décharges de déchets industriels et ménagers (1,23 million).
6) Les zones industrielles (1,06 million).
7) L'exploitation minière artisanale de l'or (1,021 million).
8) La fabrication de produits industriels (électroniques, batteries ou encore revêtements métalliques) (786 000).
9) La fabrication de produits chimiques (765 000).
10) L'industrie textile (430 000).

Portées par la demande toujours plus importante de produits technologiques, essentiellement dans les pays développés, ces industries sont en croissance. La production mondiale de plomb a ainsi augmenté de 10 % l'an dernier, à 4,5 millions de tonnes, essentiellement en Chine, en Inde et au Mexique.

"Des quantités croissantes de plomb sont recyclées. Mais souvent, le recyclage est réalisé dans des installations non contrôlées ou mal maîtrisées, de manière informelle, parfois même chez les habitants, ce qui fait du retraitement du plomb un problème majeur dans de nombreux pays", explique Stephan Robinson.

L'exploitation minière artisanale de l'or entraîne de graves pollutions dans les pays les plus pauvres, comme ici en Sierra Leone.

"L'exploitation minière, qui augmente sous l'effet de la hausse de la demande mondiale, a aussi beaucoup d'impact, poursuit l'expert. L'extraction des métaux des minerais nécessite des processus chimiques polluants, qui rejettent d'importants volumes de boues toxiques et de métaux lourds. Or, souvent, les populations extraient les métaux sans aucune protection, pieds et mains nus." Et de préciser : "Aujourd'hui, il existe des équipements techniques modernes pour se protéger de ces pollutions, mais ils sont chers. Ils ne sont donc utilisés que dans les pays développés."


PAYS EN DÉVELOPPEMENT
 

Ce sont au final les pays en développement qui payent le plus lourd tribut de cette pollution industrielle. "Dans ces pays, il y a moins de normes et de contrôles pour limiter la pollution, notamment des entreprises les plus petites, qui produisent pour des marchés locaux, assure John Keith, directeur des opérations de Blacksmith. Ces gens ont besoin de gagner de l'argent. S'ils sont pauvres, ils feront ce qu'il faut pour gagner de l'argent et ce, au détriment de leur santé."

"En dépit du poids sur la société de la pollution industrielle, très peu de ressources sont allouées à la prévention et à l'assainissement des sites pollués. Les pays en développement ont besoin du soutien de la communauté internationale pour concevoir et mettre en œuvre des actions de nettoyage, améliorer les technologies de contrôle de la pollution, et éduquer les travailleurs de ces industries et les populations concernées", conclut le rapport.


Audrey Garric

 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 18:10

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 25.10.2012 à 15h23 • Mis à jour le 25.10.2012 à 15h38 

 


Un technicien à Flamanville, dans la Manche, le 8 avril 2011.

Une fuite radioactive a été constatée, mercredi 24 octobre au soir, à l'intérieur du bâtiment d'un réacteur en maintenance, dans la centrale nucléaire de Flamanville (Manche). "La fuite a été confinée dans le bâtiment réacteur tout au long de l'événement", indique l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN). "Elle a été arrêtée à 5 heures" jeudi, précise l'ASN, soit six heures après avoir été identifiée par EDF. Jeudi, cet incident était classé provisoirement au niveau 1 sur l'échelle INES (International Nuclear Event Scale). Cette échelle internationale, qui mesure la gravité des accidents nucléaires, va de 0 à 7.

 

PAS DE PERSONNEL CONTAMINÉ

La fuite est survenue  sur une ligne auxiliaire du circuit primaire du réacteur n° 1.
Le circuit primaire est le réseau de tuyaux qui se situe entre le système producteur de chaleur – le cœur de réacteur – et le circuit secondaire, qui achemine la chaleur vers des sous-systèmes de distribution.

"Le réacteur était à l'arrêt pour maintenance et rechargement de combustible depuis fin juillet. Il était en phase finale de redémarrage : le circuit primaire fonctionnait à une pression supérieure à 150 bars et une température proche de 300 °C", précise l'ASN.

La fuite a eu lieu lors de la remise en pression de la ligne auxiliaire dans le cadre d'une opération de maintenance. Son débit "a conduit l'exploitant à appliquer les consignes de mise à l'arrêt à froid du réacteur, permettant une baisse rapide en pression et température de l'eau", selon l'ASN qui précise que ni le personnel EDF ni l'environnement n'ont été contaminés. En outre, l'ASN a procédé jeudi à une inspection du réacteur.

 

A lire aussi : En Normandie, avec les survoltés de la ligne à très haute tension


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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 18:05

 

 

Le Monde - 25.10.2012 à 18h00 • Mis à jour le 25.10.2012 à 18h02


Dans une déclaration à la presse lut par sa fille, l'opposante incarcérée Ioulia Timochenko a appelé jeudi 25 octobre les Ukrainiens à "chasser la mafia" du président Viktor Ianoukovitch lors des législatives de dimanche, alors que l'Union européenne et les Etats-Unis ont exprimé leur inquiétude sur le déroulement de la campagne.
 

"Chasser la mafia du pouvoir n'est pas seulement la tâche de l'opposition (...). C'est une guerre contre la dictature et contre l'injustice qui nécessite la mobilisation de chacun d'entre vous. (...) Si grâce à vos voix Ianoukovitch survit à ces élections en tant qu'homme politique, il va finir d'instaurer sa dictature et ne rendra plus le pouvoir de façon pacifique."

 Ancienne égérie de la "révolution orange" pro-occidentale en 2004, Ioulia Timochenko a été condamnée il y a un an à sept ans de prison pour abus de pouvoir. Elle est également jugée pour fraude fiscale et figure en qualité de témoin dans une affaire de meurtre. Mme Timochenko a été transférée en mai de sa prison dans un hôpital en raison d'hernies discales. (AFP)

 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 17:41

 

 

Par Okeanos
25 octobre 2012 - 19:38
(dernière modification le 25/10/2012 - 19:50)

 

Ces dernières 24h ont montré ce qui se fait de pire à la télévision grecque. Deux évènements ont eut lieu coup sur coup sur la chaîne de télévision  Skaï, une des chaînes les plus regardées en Grèce : le patron du parti néonazi qui renverse les rôles et prend le contrôle de l’émission face à un journaliste débordé et une « blague » de très mauvais goût ce matin qui remet en scène l’agression dont L. Kanelli a été victime en direct à la télévision en juin dernier.

Hier d’abord, N. Michaloliakos, le leader du parti néonazi de l’Aube Dorée était invité sur Skaï pour une émission d’une heure environ (sans compter les pauses publicitaires), en deuxième partie de soirée. D’après KTG, ce moment n’a jamais été vu depuis les 20 dernières années et l’arrivée des chaînes privées en Grèce.

 

Le journaliste face au leader du parti néonazi

Le journaliste face au leader du parti néonazi

 

Les rôles se sont inversés dès le début de l’émission, alors que le journaliste tentait de poser des questions sur l’approche du parti de l’aube dorée concernant le nazisme, Hitler etc. Le leader de l’aube dorée a renvoyé le jeune journaliste dans ses cordes en posant des questions troublantes sur les journalistes de haut vol et le patron de la chaîne. Le journaliste s’est ensuite reposé sur son oreillette qui lui diffusait les réponses que le directeur de l’émission soufflait avec un retard de plusieurs minutes.

Michaloliakos à également rappelé au journaliste qu’il avait été entendu de ne pas diffuser de vidéos concernant le parti. Chose étrange puisque la diffusion de ces vidéos pourrait aider dans la compréhension des faits qui montrent bien l’idéologie et les actions violentes du « parti ».

Sur twitter, les commentaires ont -bien entendus- été nombreux :

« Vous ne pouvez pas défendre les intérêts de Skaï quand d’autres défendent le fascisme »

« Avec des entretiens de ce type, les journalistes vont faire arriver l’Aube Dore en 2ème position »

« Cette interview devrait être montrée dans les écoles de journalisme comme l’exemple à ne pas suivre »

« J’espère que beaucoup dorment déjà, car cela se passe sur Skaï et ce n’est pas une blague »

« Les bons journalistes sont sans emploi de nos jours ».

« #FasciSkai »

On peut déjà se poser la question du choix du journaliste. Pourquoi Skaï laisse un jeune journaliste (de mode) en entretien avec un néonazi réputé pour son agressivité (au moins verbale) ? Pourquoi ne pas avoir proposé un ténor de la chaîne ? Le journaliste ayant demandé au leader de l’aube dorée, en fin d’entretien, quelque chose du style « Les questions vous allaient », on pourrait presque en arriver à se poser des questions…

Ce matin, c’est encore sur Skaï que le scandale est arrivé. Cette fois, l’invité était L. Kanelli, du KKE, qui, rappelez-vous, avait été frappée par E. Kasidiaris, le néonazi de l’aube dorée (encore…) toujours en liberté, en direct à la TV entre les deux élections au mois de juin.

Pendant la coupure pub, L. Kanelli quitte le plateau et au moment d’ouvrir la porte pour sortir, elle se retrouve nez à nez avec deux gants de boxes. Le clown de service qui est sensé faire une blague est habillé d’un drapeau grec.  Un cameraman film la « farce » qui est sensée représenter le « moment comique de la victime de l’aube dorée ».

Le clown était supposé remettre en scène l’évènement qui a fait le tour des télévisions dans le monde entier. Sauf que L. Kanelli, en état de choc, a refusé de revenir sur le plateau, ce qui a rallongé la coupure pub (12 minutes). Le présentateur de l’émission, après la coupure, a présenté ses excuses.

De retour sur le plateau, L. Kanelli est tombée en larmes et a condamné tout acte de violence, même prenant la forme d’une farce. Le présentateur a crut bon de rajouter :

- »Regardez le d’une manière différente : ils sont des hommes, chérie ».

La stupidité ne semble parfois pas avoir de limite : un soir, une chaîne propose un entretien qui laisse le champ libre au leader d’un parti néonazi (de manière volontaire ou non), et le lendemain matin, la même chaîne fait une « blague » sur un acte de violence d’un néonazi qui n’a toujours pas été condamné, en utilisant la même victime, qui, de toute évidence, n’est pas encore remise du choc subi en direct il y a quelques mois.

A l’heure où, en Grèce, en un an, on observe une hausse spectaculaire des agressions xénophobes et aucune arrestation, certaines chaînes de télévision semblent poursuivre la course à l’Audimat sans trop se préoccuper des dérives éventuelles que cette course pourrait provoquer. Sans aller jusqu’à dire que la chaîne fait le jeu du groupuscule néonazi, on peut quand même se poser certaines questions.

Et ensuite, d’aucun s’étonnera que l’Aube Dorée montera encore dans les prochains sondages ?


Concernant l’Aube Dorée, la lecture de cet article d’Amélie Poinssot pour Mediapart est indispensable (accès payant) : Grèce: pourquoi les néonazis ont pu progresser

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 17:28

 

Le Monde.fr | 25.10.2012 à 11h15 • Mis à jour le 25.10.2012 à 14h28

Par Brice Pedroletti

 

Le monastère de Labrang, en septembre 2012.

 

 La recrudescence de cas d'immolations par le feu dans les régions tibétaines de la province chinoise du Gansu, fait l'objet d'une large couverture dans les médias tibétains en exil qui ont publié des clichés du corps en flammes de Dorje Rinchen. L'organisation International Campaign for Tibet (ICT), liée au gouvernement en exil, a mis en ligne de nouvelles photos (qui peuvent choquer).

L'homme, âgé de 58 ans, s'est immolé par le feu, mardi 23 octobre, dans la rue principale de Labrang (Xiahe, en chinois), en plein après-midi, non loin d'une caserne de la police armée ("wujing"), alors qu'une immolation avait déjà eu lieu la veille, à l'intérieur même du monastère de Labrang (celle de Dhondup, 61 ans, qui selon les mêmes sources, avait l'habitude de vendre du pain au monastère). Une troisième personne, un jeune père de famille de 27 ans, Lhamo Kyab, s'est immolé samedi 17 octobre dans un autre monastère du Gansu, celui de Bora. Aucun des trois n'a survécu à ses brûlures.

 

 TOUJOURS LE MÊME SCÉNARIO

Après chaque cas d'immolation par le feu – celle de Dorje Rinchen est le 58e acte de protestation de ce type depuis 2009 – les événements s'enchaînent selon les scénarios suivants : les moines ou les Tibétains présents sur place, cherchent d'abord à protéger le corps, soit après l'avoir emmené à l'hôpital, soit sur le lieu de l'immolation si la personne a déjà succombé à ses blessures.

Quand ils parviennent à intervenir à temps, les pompiers et la police se chargent du brûlé. Selon des témoins tibétains, cités par les médias tibétains en exil ou les ONG, ils ont parfois usé de violence et de brutalité.

Si la personne est hospitalisée, sa famille fait souvent l'objet de pressions de la part des autorités, et la personne qui s'est immolée s'expose à des poursuites. Si elle meurt, le corps est rarement restitué à la famille, ou alors, dans une urne, après l'incinération. Dans tous les cas, tout est fait pour que le minimum d'informations filtrent sur l'état du brûlé.

Quand les circonstances le permettent, les témoins de l'immolation ou les moines, transportent le corps soit dans le monastère le plus proche, soit dans la famille du défunt. Des pèlerins et des moines s'y rendent alors pour lui rendre hommage, et offrent par solidarité de l'argent à la famille, qui a souvent perdu, avec la personne qui s'est immolée, le principal gagne-pain du foyer.

 

 DES CONNEXIONS CONTRÔLÉES

A Labrang, après l'immolation de Dorje Rinchen, le corps a été transporté par un groupe de Tibétains dans son village de Sayi, à deux kilomètres de la ville, mais les moines de Labrang qui ont cherché à se rendre sur place ont été interceptés. Selon un témoin cité par Phayul, l'agence de presse du gouvernement tibétain en exil, le corps de Dhondup, qui s'est immolé non loin d'un lieu de circonvolution, dans le périmètre du monastère de Labrang, a été protégé par d'autres pèlerins. "Ensuite, le comité d'administration du monastère l'a transporté à l'hôpital, où il a été déclaré mort".

Quand elles existent, les images des immolations sont envoyées en secret à des contacts en exil. L'opération est extrêmement risquée : les connexions sont contrôlées (souvent coupées après les immolations) et les caméras de surveillance sont nombreuses dans les zones d'habitation à proximité des monastères et même à l'intérieur de ceux-ci. Plusieurs Tibétains ont été lourdement condamnés pour avoir transmis des clichés d'immolations.

L'organisation Reporters sans frontières (RSF) détaille ainsi le cas de l'arrestation de quatre jeunes Tibétains qui ont photographié une immolation dans le Gansu le 6 octobre, celle de Sangay Gyatso. Un autre cas de condamnation cette fois est rapportée par l'ONG : il s'agit de quatre autres jeunes Tibétains avec des peines de prison allant de 5 à 12 ans. Les forces armées chinoises en charge de la sécurité dans les régions tibétaines - la police armée - interviennent rarement une fois que des cérémonies funéraires sont en cours : les risques qu'une émeute générale se déclenche sont trop élevés.

 

"LA CLIQUE DU DALAÏ-LAMA"

En Chine, rien n'a filtré des dernières immolations – ni souvent de celles qui les précèdent. Si l'agence Xinhua (Chine nouvelle) publie régulièrement des entrefilets très factuels, la très grande majorité des Chinois ne sont pas informés. Lors du point de presse de mercredi 24 octobre, le porte-parole du ministère des affaires étrangères chinois, Hong Lei, à répété devant la presse étrangère la position officielle de Pékin, qui n'a pas varié d'un iota ces trois dernières années : "A notre connaissance, la plupart des immolations dans les régions tibétaines se font à l'instigation de la clique du dalaï-lama [l'expression consacrée pour désigner en Chine le chef spirituel tibétain et ses partisans]".

M. Hong a ajouté que "dans le but de mener à bien ses visées séparatistes, la clique du dalaï-lama a incité certaines personnes à s'immoler. Ceci est méprisable et doit être condamné". Pour justifier ses accusations, la Chine fait valoir la couverture qu'elle juge "sensationnelle" des immolations par les médias tibétains en exil, et prétend que les cérémonies et les hommages rendus à Dharamsala pour les immolés incitent au martyr.

L'administration tibétaine en exil en Inde a plusieurs fois demandé par la voix du premier ministre Logsang Sangay, que les Tibétains de Chine cessent d'attenter à leur vie. Ce qui ne l'empêche pas d'organiser des sessions de prières et d'hommages pour ceux qui se sont immolés, comme celle qui a eu lieu, mercredi 24 octobre, à Dharamsala, en Inde (l'agence Phayul en donne le compte rendu).

"Nous avons découragé les actions extrêmes, et notamment les immolations par le feu, mais malheureusement les Tibétains [de Chine] semblent nous dire que c'est la seule forme de protestation qui leur reste, car les conséquences sont identiques – [en cas de protestation], vous êtes arrêté, torturé, et le plus souvent vous perdez la vie", a déclaré à cette occasion le premier ministre tibétain en exil devant les journalistes locaux. 

Brice Pedroletti

 

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 17:20

 

Le Monde.fr avec AFP | 25.10.2012 à 18h13

 

 

Un opposant fait face aux gendarmes sur le site du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 24 octobre.

 

Onze organisations nationales, dont Greenpeace, Les Amis de la Terre, Réseau action climat, la Confédération paysanne et Attac ont interpellé le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, jeudi 25 octobre, au sujet du projet d'un nouvel aéroport à Nantes et ont dénoncé la "brutalité" des expulsions en cours.
 

"Nous appelons le premier ministre à remettre en cause ce projet d'aéroport qui aura une incidence significative sur le budget de l'Etat, un impact irréversible sur plus de 2 000 hectares de zones humides et terres agricoles et sur nos émissions de gaz à effet de serre", ont déclaré les onze organisations lors d'une conférence de presse à Paris.

Elles apportent "un soutien plein et entier" aux opposants au projet de nouvel aéroport, qui doit voir le jour en 2017 et remplacer l'actuel aéroport, et veulent en faire "un enjeu national".

 

 "CESSER LES EXPULSIONS DES OPPOSANTS"

"Nous appelons avec la plus grande fermeté le gouvernement à cesser les expulsions des opposants au projet d'aéroport de Notre-Dame-Des-Landes", ont-elles poursuivi, ajoutant que "le déploiement de force auquel nous assistons actuellement à Notre-Dame-des-Landes ne fait que renforcer notre détermination à contester ce projet d'infrastructure".

Depuis une semaine, les forces de l'ordre procèdent sur le terrain destiné au futur aéroport à des expulsions de maisons illégalement occupées et à des destructions de ces habitations.

 

Lire : A Notre-Dame-des-Landes, la bataille continue


Une lettre ouverte a été adressée jeudi à Jean-Marc Ayrault par les onze organisations (Agir pour l'environnement, Attac, Réseau action climat, Générations futures, Les Amis de la Terre, Confédération paysanne, Greenpeace, Solidaires, Fnaut, Paysages de France, Droit au logement).

M. Ayrault, ex-maire de Nantes, a soutenu ce projet de nouvel aéroport, qui est poussé par les dirigeants locaux socialistes et UMP. Aux niveaux local et national, EELV, le Parti de gauche et le Modem y sont opposés.

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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 17:12

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 25.10.2012 à 17h40 • Mis à jour le 25.10.2012 à 18h28

 

Le prix du paquet de cigarettes augmentera de 30 centimes environ le 1er juillet 2013.

L'Assemblée nationale a adopté jeudi 25 octobre une hausse des prix du tabac au 1er juillet 2013, et une réforme de la structure de la fiscalité sur les produits du tabac dès le 1er janvier, dans le cadre du budget de la sécurité sociale.

L'augmentation des taxes le 1er juillet devrait se traduire par un relèvement de 30 centimes (+ 4,5 %) du prix du paquet de cigarettes et de plus de 60 centimes (environ 10 %) de celui des paquets de tabac à rouler, selon des sources proches du dossier.

Cet article du PLFSS (projet de loi de financement de la Sécurité sociale) réforme, au 1er janvier, la structure complexe des taxes sur le tabac en étendant à tous les produits (cigares, cigarillos, tabac à rouler) les mécanismes actuellement appliqués aux cigarettes. Le but est d'éviter un détournement de consommation vers d'autres produits, en particulier le tabac à rouler, en cas de hausse des prix des cigarettes.

 

"UNE HAUSSE AU 1ER JANVIER SERAIT PRÉMATURÉE"

En revanche, à la demande du ministre délégué au budget, Jérôme Cahuzac, les députés PS Gérard Bapt et UMP Jean-Pierre Door ont accepté de retirer des amendements qu'ils avaient déposés et qui auraient abouti à une première hausse dès le 1er janvier.

"Une hausse [à ce moment-là] serait prématurée, après celle déjà intervenue au 1er octobre", en particulier pour les buralistes, a fait valoir M. Cahuzac. Le prix du paquet de cigarettes avait connu une augmentation de 6 % (soit environ 40 centimes par paquet en moyenne) le 1er octobre.

Pour Pascal Montredon, le président de la Confédération des buralistes, ces mesures "risquent à terme de faire disparaître les 27 000 buralistes" de France et "100 000 à 120 000 emplois".

 

Lire : Tabac : une hausse pour rien ?


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25 octobre 2012 4 25 /10 /octobre /2012 17:04

 

 

Le Monde.fr avec AFP | 25.10.2012 à 14h55 • Mis à jour le 25.10.2012 à 14h56

 

L'Assemblée nationale, le 16 octobre.

Les députés ont adopté jeudi le dispositif instaurant une contribution additionnelle de solidarité sur les pensions de retraite et d'invalidité, dans le cadre du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2013. Des amendements de la commission des affaires sociales prévoient cependant un allègement du dispositif, pour que 2,5 millions de retraités modestes en soient exempts. 

Le texte initial prévoyait un prélèvement de 0,15 % pour 2013 et de 0,3 % à partir de 2014 sur les revenus de 10 millions de retraités. Cette nouvelle taxe doit être affectée au Fonds de solidarité de vieillesse (FSV) et à la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA). L'opposition a vivement critiqué ce dispositif soutenu par Marisol Touraine, la ministre des affaires sociales et de la santé, estimant qu'il "retire du pouvoir d'achat" aux retraités.

Les amendements prévoient que les seuls retraités assujettis à la CSG au taux de 6,6 % seront assujetis à cette taxe, à l'exclusion de ceux qui bénéficient du taux réduit de 3,8 %. Au total, 2,5 millions de retraités ne seront donc pas soumis à cette taxe. La contribution sera mise en œuvre le 1er avril 2013, mais son taux sera directement porté à 0,3 %.

L'Assemblée nationale a également adopté l'article du projet de loi qui soumet aux cotisations sociales les indemnités de rupture conventionnelle. Jusqu'ici, elles y échappaient si elles étaient inférieures à 72 744 euros.

 

Lire aussi : Sécurité sociale : nouveau prélèvement de 0,15 % pour les retraités


 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 21:53

 


Le Nouvel Observateur
- Créé le 23-10-2012 à 22h31 - Mis à jour le 24-10-2012 à 16h56
Philippe Boulet-Gercourt
Par Philippe Boulet-Gercourt - correspondant à New-York

                                                                                                                                                                                                                        Greg Smith, qui a travaillé 12 ans pour la banque américaine, raconte dans un livre comment ses dirigeants abusent certains clients au nom du profit. Interview exclusive.

 

 

Greg Smith, auteur de "Pourquoi j’ai quitté Goldman Sachs" (c) Sipa

Greg Smith, auteur de "Pourquoi j’ai quitté Goldman Sachs" (c) Sipa

Le 14 mars dernier, la tribune libre de ce banquier dans le "New York Times", sobrement intitulée "Pourquoi je quitte Goldman Sachs", avait fait l'effet d'un coup de tonnerre dans le monde discret de la finance.

Et puis Greg Smith s'était tu, laissant parler son texte. Sept mois plus tard, son livre ("Pourquoi j'ai quitté Goldman Sachs", JC Lattès) sort ce mercredi 24 octobre sous un tir de barrage nourri. De Goldman Sachs, bien sûr, qui cherche à discréditer l'ensemble des anecdotes rapportées par ce Sud-Africain, boursier de l'université de Stanford.

Il décrit une culture d'entreprise incroyablement forte, au point de la comparer à celle d'une secte, qui pendant les années 2000 a complètement dérivé vers l'obsession du profit, à l'exclusion de tout autre considération.Des clients de toujours se retrouvent soudain négligés, parce que telle ou telle transaction boursière ne rapporte pas assez, tandis que la banque se concentre sur les "éléphants", ces ordres qui rapportent plus de 1 million de dollars de recette nette... Greg Smith raconte cette dérive sans hostilité de principe contre Wall Street, comme un golden boy qui a quitté volontairement une carrière lucrative pour poser des question gênantes auxquelles il faudra bien, un jour, apporter une réponse. INTERVIEW. (Lire l'intégralité de cette interview sur le blog "Made in USA" de Philippe Boulet Gercourt)

Qu'avez-vous pensé en appuyant sur le bouton "send" de votre messagerie, quand vous avez envoyé au "New York Times" votre tribune libre "Pourquoi je quitte Goldman Sachs" ?

- Ca ne s'est pas passé comme dans le film "Jerry Maguire", je ne me suis pas réveillé soudain au beau milieu de la nuit avec ce texte en tête. J'ai mis quatre mois à l'écrire, d'abord pour m'aider à mettre au clair mes sentiments. J'avais été tellement fier de travailler pour Goldman Sachs. Quand je me suis rendu compte que je n'arrivais plus à conseiller à des jeunes de venir y travailler, j'ai été très déstabilisé. C'est là que j'ai commencé à écrire.

Le "Times" se méfait, ils ont envoyé un journaliste vérifier que vous travailliez bien chez Goldman Sachs...

- C'était comme dans un roman d'espionnage. Je leur avais donné les éléments qui prouvaient que j'y travaillais, mais ils voulaient littéralement me voir descendre dans le hall de l'immeuble de Goldman, à Londres, et scanner mon badge. Une fois dans la rue, avec le journaliste, nous avons marché dix minutes en évitant les deux premiers Starbucks - trop risqué.

Votre tribune libre paraît le 14 mars dans le "New York Times", elle connaît un retentissement mondial. A New York, l'action Goldman Sachs chute de 3,4%, soit une perte de capitalisation de plus de 2 milliards de dollars. Vous attendiez-vous à ce que Goldman rejette en bloc toutes vos accusations ?

- J'ai été incroyablement déçu. Ils se sont mis à fouiller dans des milliers de courriels pour trouver ceux où l'on traitait les clients de muppets ("idiots"), comme je le raconte. La question n'est pas de savoir combien de courriels contiennent le mot muppet, mais pourquoi l'on traite les clients comme des imbéciles ou des pigeons parce qu'on les manipule ou qu'on les plume. Plutôt que de nier, pourquoi ne s'attaquent-ils pas au vrai problème, qui est que les clients de Goldman ne lui font plus confiance ? La banque est devenue une machine à extraire les bonus pour les partners ("associés") : regardez le cours de l'action, il est très similaire à ce qu'il était à l'introduction en Bourse, il y a douze ans. Mais, entre-temps, ils se sont probablement versé plus de 100 milliards de dollars de bonus.

A en croire Goldman, vous êtes parti parce que vous n'aviez pas obtenu le bonus que vous demandiez, et parce que vous vous étiez vu refuser une promotion...

- On m'a dit, quand j'y étais, que ma performance était supérieure de 10% à celle de mes pairs, et deux partners m'ont indiqué que ma promotion surviendrait dans les deux ans. J'avais 33 ans, l'âge moyen pour être promu managing director ("directeur") est 36 ou 37 ans. Non, je ne suis absolument pas parti à cause de problèmes d'argent ou de promotion refusée, mais simplement parce que j'étais dégoûté.

Pourquoi Goldman Sachs est-elle aussi maladivement secrète ?

- Pour une raison très simple, qui vaut pour tout Wall Street : ils ne veulent pas que le monde comprenne comment ils gagnent tant d'argent - avec les produits dérivés et le trading pour leur propre compte - et ne souhaitent pas non plus qu'on découvre grâce à qui ils gagnent de l'argent. Les gens ont cette vision de Wall Street comme d'un endroit où les riches jouent l'argent des riches, mais ce n'est pas la réalité. Ces riches représentent 5% du marché américain, tout le reste ce sont des fonds de pension, comptes d'épargne retraite individuels, fonds souverains, organisations philanthropiques, etc.

Vous décrivez le soin minutieux avec lequel Goldman choisit ses leaders. Des jeunes cadres très intelligents sont virés dès la première année, tandis que d'autres, moins brillants, sont promus grâce à leur meilleur sens du jugement.

- C'est la raison pour laquelle Goldman existe depuis cent quarante ans et est devenue une telle icône de la finance. Elle a un institut de leadership, Pine Street, où elle enseigne ses valeurs : vous devez avoir une vision à long terme, être un mentor pour les jeunes, servir d'exemple.

Quand survient la crise de 2008, pourtant, tous ces directeurs généraux sont aux abonnés absents. L'un semble uniquement préoccupé par sa diète de jus de légumes...

- Oui, la culture a changé, et c'est ce que j'essaie de décrire dans le livre. Au début des années 2000, avec la dérégulation de Wall Street, tous ces principes ont été balancés par-dessus bord et remplacés par le "Eat what you kill" ("Mange ta proie"). Vous pouvez être le type le plus infect, le plus toxique, si vous rapportez 500 millions à la banque, vous vous retrouvez soudain avec 25 personnes sous vos ordres. Cela a pris quatre ou cinq ans, mais maintenant ce sont ces gens-là qui gèrent le business. On m'a d'ailleurs confié que c'était le plus gros souci de Gary Cohn [le numéro deux de la banque] : avoir promu des gens qui, pour gagner le plus d'argent possible, ont détruit nos relations avec nos clients.

Vous parlez d'information asymétrique. De quoi s'agit-il ?

- Wall Street est un casino dont les propriétaires peuvent voir les cartes de tout le monde. Je veux dire par là que si vous êtes une banque et que vous facilitez le business de hedge funds, fonds de pension, fonds souverains, etc., vous pouvez voir ce qu'ils font. Est-il normal que la banque puisse parier pour son compte propre ? C'est comme si le casino jouait contre vous en connaissant vos cartes. C'est ce qui se passe à Wall Street. Il y a des trimestres où les banques enregistrent tous les jours, sans exception, des profits avec l'argent qu'elles parient. En 2001, les banques réalisaient la moitié de leurs profits avec les activités bancaires qui ont fait Wall Street ; six ans plus tard, en 2007, les banques font 80% de leurs profits avec le trading pour leur propre compte.

Vous êtes très critique envers Goldman Sachs, mais vous n'aimez pas non plus les critiques de gauche qui traitent Goldman de "pieuvre vampire"...

Je suis pro-Wall Street, je veux simplement qu'ils agissent de façon plus responsable. Les gens parlent de Wall Street comme s'il s'agissait d'une conspiration, de cinq types se réunissant dans une pièce pour comploter. C'est bien moins excitant que cela. Ce sont des gens qui ont trouvé le moyen de pousser les choses jusqu'à l'extrême limite de la légalité et qui évoluent à la lisière, en exploitant les confits d'intérêts, sans tomber dans l'illégalité. 

Au cours des quatre dernières années, écrivez-vous, "rien n'a été fait" pour mettre fin à cette logique du "prends l'argent et tire-toi". N'êtes-vous pas trop sévère envers l'administration Obama ?

- Si vous regardez les débats présidentiels, vous entendez qu'une loi de réforme majeure a été votée, la loi Dodd-Frank. Mais, deux ans après Dodd-Frank, moins d'un tiers de la loi est entré en vigueur, près des trois quarts des dates limites pour prendre les décrets ont été loupés par les régulateurs, et Wall Street a dépensé 300 millions de dollars de lobbying contre deux choses très simples : interdire aux banques de jouer avec leur propre argent et réglementer les produits dérivés. Les instances de régulation de Wall Street ont été convaincues par les banques d'accepter un million d'échappatoires.

Les relations incestueuses entre Goldman Sachs et l'administration - le fait que des dirigeants de la banque se retrouvent à des positions clés à Washington et que des hauts fonctionnaires soient recrutés par Goldman - ne sont-elles pas un problème majeur ?

- C'est le problème le plus grave, à mon avis. L'ancien chef de la SEC (le gendarme de la Bourse) ne devrait pas pouvoir être conseiller de Goldman Sachs ! Après le krach de 1929, il y avait vraiment une volonté politique de réparer le système. Les politiques et l'administration sont allés au fond des choses et ont procuré quatre décennies de calme aux marchés. Le problème, aujourd'hui, est que les banques financent les campagnes des politiciens. Ces derniers ont perdu la capacité d'être objectifs.

 

 

 

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24 octobre 2012 3 24 /10 /octobre /2012 21:41

 

CATDM - 23 octobre par Esther Vivas

 

Nous n’aurons pas un automne placide et mélancolique comme les autres. L’ambiance est si tendue qu’on pourrait presque la couper au couteau. Plus de pauvreté, plus de chômage, plus de faim, plus d’austérité, plus d’expulsions de logement... telles sont les conséquences, pour des millions de personnes, de la “sortie” de crise concoctée par le gouvernement de Mariano Rajoy. Plus d’indignation, plus de dégoût et plus de désobeissance, telles sont les réponses dans la rue.

La situation sociale est cependant contradictoire. Le potentiel de lutte est plus fort que jamais et le bouillonnement incessant peut à tout moment se solidifier en une nouvelle vague de mobilisations, un nouveau choc social. Mais en même temps, les tendances à la fragmentation et à la dispersion pèsent de tout leur poids. Campagnes et mouvements sociaux souffrent d’une faible capacité d’initiative.

Face à une crise économique, sociale, politique et écologique sans précédent, les élites économiques et politiques, quant à elles, ont fait le choix d’appuyer sur l’accélérateur. Les mesures d’austérité s’intensifient au même rythme de progression que la “prime de risque” tandis que pour des milliers de familles, et tout spécialement dans la périphérie sud de l’Union européenne, joindre les deux bouts devient tout bonnement une “mission impossible”. La crise clarifie les choses. Les rideaux de fumée se dispersent. Le capitalisme a perdu son masque.

Des slogans du mouvement du 15-M tels que “ceci n’est pas une crise, c’est ne escroquerie” ; “nous ne sommes pas des marchandises aux mains des politiciens et des banquiers” ; “nous ne devons rien, nous ne payons rien”, ce sont popularisés avec l’approfondissement de la crise, l’impunité de ceux qui n’ont entraîné jusqu’ici et la complicité politique dont ils bénéficient.

Encore fragile, une conscience anticapitaliste diffuse s’étend sans cesse plus. Nous avons pu entendre crier sur les places et dans les manifestations : “La révolution commence aujourd’hui”, ou encore “Ce n’est pas la crise, c’est le capitalisme”. Le défi consiste à élaborer collectivement pour donner un contenu programmatique et stratégique à ce malaise social et indigné. Etre capables de tracer peu à peu l’ébauche d’un projet alternatif de société et la manière d’y parvenir, afin d’approfondir ainsi la portée et la consistence du rejet croissant envers le monde actuel.

Du légal et du légitime

L’intensification de la crise, combinée à la difficulté d’obtenir des victoires concrètes, entraîne une radicalisation croissante. Depuis la naissance du 15-M, l’occupation (des places, des logements vides, des banques et même des supermarchés), est devenue une pratique courante. Et le plus important : ces actions ont un soutien social significatif. La désobéissance civile a commencé à récupérer l’espace public. Face à des lois et des pratiques injustes, il n’y a en effet pas d’autre choix que de désobéir.

Occuper un logement est considéré comme illégal. Mais dans un pays où l’on expulse chaque jour 517 familles de leur logement alors qu’on estime qu’il y a entre 3 et 6 millions de logements vides, occuper est sans doute un acte illégal mais c’est d’une légitimité absolue.

Entrer dans un supermarché comme Mercadona et repartir sans payer avec neufs chariots d’alimentation de base pour les donner à ceux qui en ont besoin, comme le firent les militants du Syndicat Andalou des Travailleurs (SAT), est peut être illégal. Mais le véritable “crime”, c’est que plus d’un million de personnes ont faim dans l’Etat espagnol tandis que les supermarchés jettent quotidiennement des tonnes de nourriture et que des patrons comme Juan Roig, propiétaire de Mercadona, amasse l’une des plus grandes fortunes du pays en payant les paysans à des prix de misère et en exploitant les salariés de ses magasins.

Par contre, les pratiques des banques, elles, sont “légales” (escroquerie des “préférentiels” |1|, spéculation sur le logement, jeter des familles à la rue, hypothèques à vie, etc.) mais sont profondément illégitimes. Ce sont au contraire ces banquiers et les politiciens qui les soutiennent qui devraient s’expliquer devant les tribunaux pour leurs pratiques. Dans le monde à l’envers dans lequel nous vivons, c’est la prison pour les pauvres et la liberté pour les riches. Heureusement, de plus en plus de gens commencent à en prendre conscience.

Ciseaux et matraques

Face cette montée de la riposte sociale dans la rue, la peur a partiellement commencé à changer de camp. Cela explique l’escalade répressive contre ceux qui luttent afin d’étouffer la protestation et séparer le noyau dur des activistes de l’opinion publique en général. Mais, du fait de la profondeur de la crise, de la perte de légitimité du gouvernement et du soutien important envers la mobilisation sociale, cette stratégie n’est pas aussi facile qu’ils le pensaient,.

Des amendes pour un total de 6.000 euros pour les étudiants du “Printemps valencien” ; plus de cent personnes arrêtées en Catalogne après la grève générale du 29 mars ; l’ouverture d’une page web du gouvernement catalan pour appeler à dénoncer des manifestants ; des sanctions de plus de 300 euros pour avoir protesté contre les “préférentiels” ; deux jeunes qui ont perdu un oeil après avoir été touchés par des balles en caoutchouc lors de la journée de grève générale à Barcelone. Et la liste s’allonge.

Telle est l’autre face de l’austérité, l’autre visage des “ciseaux” (avec lesquels on “coupe” dans les budgets sociaux, NdT) : le visage de la répression et de la violence d’Etat. La recette est connue : moins d’Etat social, plus d’Etat pénal. La “latino américanisation” de la périphérie sud de l’Europe ne concerne pas que les aspects économiques, c’est aussi le cas sur le terrain répressif. Mais il faut en prendre bonne note : la répression est, par elle même, un symbole de faiblesse de ceux qui nous gouvernent, car elle signifie qu’ils ne peuvent plus appliquer leurs politiques par simple consensus. La machine de l’austérité écrase tout sur son passage, mais c’est un géant aux pieds d’argile. Une affiche dans un centre social disait : “quand ceux d’en bas bougent, ceux d’en haut tremblent”. Telle est la vérité.

Bye bye Matrix

Nous nous réveillons de Matrix. Ils ont tenté de nous rendre complices, pour ne pas dire coupables, de cette situation de crise. Ils nous ont répété jusqu’à la nausée que nous avons “vécus au dessus de nos moyens”. Mensonge. Ce disours n’a pas fonctionné. Car celui qui a vécu au dessus de ses moyens depuis des années, c’est bien le capital financier et spéculatif qui a joué en bourse avec nos terres et l’immobilier (aéroports sans avions, infrastructures pharaoniques vides, millions d’appartements inoccupés...), qui a offert du crédit facile à des milliers de familles. Ce sont eux les responsables qui doivent payer aujourd’hui la crise qu’ils ont provoqué.

Des antiennes inlassablement répétées comme “il faut payer sa dette” commencent à perdre toute efficacité. A qui profite cette dette ? Qui l’a contractée ? Pour quoi faire ? Qui doit payer ? Autant de questions que le mouvement indigné à mis en évidence. Le paiement de la dette implique un transert de richesses systématique du public au privé, et c’est en son nom que l’on privatise, qu’on ajuste et qu’on coupe dans les budgets publics. C’est par elle, en définitive, qu’on transfère le coût de la crise sur le dos de la majorité de la population. La dette publique augmente, dans une bonne mesure, parce qu’on fait le choix de sauver les banques (Catalunya Caixa, Banco de Valencia, NovaCaixaGalicia...) au lieu de sauver les personnes. On a socialisé les pertes avec notre argent.

Tels sont les premiers pas pour changer les choses. Ouvrir les yeux face à ce Matrix quotidien qui ne nous laisse pas voir la réalité et nous réveiller de la prison virtuelle qu’est l’idéologie du capital.


Artucle publié dans le journal “Diagonal”, n°182, 2012.
Traduction française pour Avanti4.be : Ataulfo Riera.

 

Notes

|1| Des milliers de petits épargnants ont été ruinés après avoir acheté des “préférentiels”, sorte d’actions bancaires qui sont parties en fumée avec la crise (NdT).

 

Esther Vivas est coauteure de “Planeta indignado” (éd. Sequitur) avec JM Antentas. Plus d’infos : http://esthervivas.com/francais

 

 

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