Source : www.reporterre.net
Emmanuel Daniel
mercredi 5 novembre 2014
Plutôt que par des défilés et des bris de vitrines, une cinquantaine de personnes ont choisi d’exprimer pacifiquement leur colère en installant un campement au centre de Rouen. Ils y ont passé la nuit, et créent la première Zad urbaine du pays.
Rouen, témoignage
A Rouen, les manifestations en hommage à Rémi Fraisse, mort sur la ZAD du Testet, ont pris mardi soir 4 novembre un tournant original. Le rassemblement a commencé de manière assez classique. Bougies à la main, près de trois cents personnes ont marché de l’Hôtel de ville jusqu’au Palais de justice.
Mais peu avant l’arrivée, les organisateurs officiels se font dépasser par les événements. Une vingtaine de personnes s’extraient du cortège, sortent des palettes d’un camion et commencent à édifier une cabane sur la place où devaient se tenir les interventions. Malgré les appels au micro répétés depuis le camion de tête, la plupart des manifestants délaissent les organisateurs et se regroupent près de cette surprenante construction. En quelques minutes, la morose place du Palais de Justice se transforme en mini village alternatif. Pendant que l’assemblage des murs et la pose du toit avance, des textes sont lus au mégaphone. Au bout d’une quinzaine de minutes, une cantine populaire à prix libre, servant d’abord de la soupe chaude, puis des tartes, des gâteaux, du thé et du café s’organise.
Assis en cercle les manifestants discutent de la suite à donner à leur action. Rapidement, l’idée d’une occupation de place émerge. A la question : « Qui est prêt à passer la nuit ici ? », une trentaine de mains se lèvent. Au final, ce seront plus de cinquante personnes qui dormiront sur place.
Rythmant cette veillée militante et festive, des véhicules déposent du matériel de construction et de camping, un réchaud à bois, de la nourriture et de quoi la faire chauffer. La pluie qui tombera quasiment toute la nuit ne refroidit pas les ardeurs.
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