Source : www.reporterre.net
Camille Martin (Reporterre)
lundi 20 janvier 2014
L’association Oxfam publie ce lundi un rapport sur les inégalités dans le monde. Un des traits les plus frappants en est que, depuis la crise du système financier qui a éclaté en 2008, les riches de tous les pays du monde… se sont enrichis.
Dans un rapport publié ce lundi sous le titre Working for the few, l’organisation d’aide internationale Oxfam pointe un phénomène majeur de la situation économique actuelle : malgré la crise du système financier ouverte en 2008, la fraction la plus riche des sociétés - qui est largement responsable de cette crise par la spéculation qu’elle a stimulée - a continué à s’enrichir. Pour elle, il n’y a en fait pas de crise.
Ainsi, aux États-Unis, les 1 % les plus riches ont confisqué 95 % de la croissance post-crise financière entre 2009 et 2012, tandis que les 90 % inférieurs se sont appauvris. La grande récession n’a pas infléchi la tendance à la concentration des revenus : la part du produit national des États-Unis allant au décile supérieur (le dixième de la population la plus riche) atteint 50,4 %, son niveau le plus haut depuis la Première Guerre mondiale.
Si le phénomène est le plus marqué aux Etats-Unis, il s’observe dans tous les pays analysés, y compris en France et en Espagne, et même en Suède ou au Danemark, pourtant réputés pour leur égalitarisme.
Le sommet de la pyramide se porte mieux que jamais : la fortune combinée des dix personnes les plus riches d’Europe dépasse le coût total des mesures de relance mises en oeuvre dans l’Union européenne (UE) entre 2008 et 2010 (217 milliards d’euros contre 200 milliards d’euros), selon le calcul mené par Oxfam.
Ces mesures ont en fait "sonné le début du démantèlement des mécanismes destinés à réduire les inégalités", qu’il s’agisse des dépenses de sécurité sociale, des allocations chômage ou du code du travail.
La démocratie foulée aux pieds par les riches
Cela est possible parce que les plus riches ont massivement investi le système de représentation associé à la démocratie parlementaire. Surfant sur l’abstention et injectant de l’argent pour soutenir leurs candidats, ils sont surreprésentés. Oxfam cite une récente étude "qui présente des preuves statistiques irréfutables de la surreprésentation massive des intérêts des riches Américains dans leur gouvernement, par rapport à ceux des classes moyennes".
Le système de pouvoir est aussi biaisé par l’influence des lobbies, comme le montre l’exemple de la réforme bancaire Dodd-Frank tentée par le président Obama : "En 2012, les cinq plus grands groupes de protection des consommateurs ont employé vingt lobbyistes pour défendre le projet Dodd-Frank, tandis que les cinq plus grands groupes de l’industrie financière en employaient quatre cent six pour le combattre.
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