Le Monde.fr avec AFP | 21.11.2012 à 12h32 • Mis à jour le 21.11.2012 à 14h49
Plus de 300 femmes, souhaitant "libérer la parole" des victimes de viol, déclarent avoir elles-mêmes été violées, dans un manifeste lancé par la figure de la gauche radicale Clémentine Autain, présenté comme "un acte politique" et publié dans Le Nouvel Observateur à paraître jeudi.
Pour "briser le silence sur ces millions de femmes" touchées, "il est temps de libérer la parole, condition sine qua non pour en finir avec le viol. Nous voulons briser le silence sur ces millions de femmes violées. Je déclare que je suis l'une d'elles. Je déclare avoir été violée. Le dire publiquement, ensemble, est un acte politique", écrivent les signataires du manifeste lancé à l'initiative de Clémentine Autain, ancienne élue de Paris.
Parmi les 313 noms figurent ceux de l'écrivain Frédérique Hébrard, de l'ex-championne de tennis Isabelle Demongeot et de Marie-Laure de Villepin, ancienne épouse de l'ex-premier ministre.
"UNE FEMME EST VIOLÉE TOUTES LES HUIT MINUTES EN FRANCE"
Ce texte, publié à quelques jours de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le 25 novembre, rappelle qu'"en France, une femme est violée toutes les huit minutes" et que "trop de stéréotypes entourent le viol". "Le viol est un crime dans lequel la victime se sent coupable, honteuse. [...] Ne pas pouvoir dire ce que l'on a vécu rajoute à la violence subie et contribue à l'impunité des violeurs. Seul un viol sur huit environ fait l'objet d'une plainte", poursuivent les femmes signataires.
Issues de tous les milieux socio-professionnels, ces femmes concluent : "Ce manifeste est une interpellation des pouvoirs publics et de la société toute entière pour favoriser l'émergence de notre parole, ici et maintenant." Selon les associations, 75 000 à 100 000 personnes sont violées chaque année.
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Rue89 - Publié le : 21/11/2012 à 12h36
En 1971, 343 femmes avaient reconnu dans le Nouvel Observateur avoir avorté. Ce sont aujourd’hui 313 femmes qui déclarent avoir été violées. Dans le même hebdomadaire, à l’appel de Clémentine Autain, toutes signent ces mots.
« Nous voulons briser le silence sur ces millions de femmes violées. Je déclare que je suis l’une d’elles. Je déclare avoir été violée. Le dire publiquement, ensemble, est un acte politique. Ce manifeste est une interpellation des pouvoirs publics et de la société tout entière pour favoriser l’émergence de notre parole, ici et maintenant. »
Elles rappellent qu’en France, une femme est violée toutes les huit minutes et que :
« Trop de stéréotypes entourent le viol. Dans l’imaginaire collectif, il se déroule dans une ruelle sombre et est perpétré par un inconnu physiquement menaçant. Dans la vraie vie, les violeurs sont le plus souvent connus de la victime et leur arme ressemble plus au chantage affectif qu’à un couteau, à la menace professionnelle ou financière qu’à un pistolet. Là se niche toute la complexité de ce crime qui s’inscrit dans un rapport de domination historique, celui du masculin sur le féminin.
Ne pas pouvoir dire ce que l’on a vécu rajoute à la violence subie et contribue à l’impunité des violeurs. Seul un viol sur huit environ fait l’objet d’une plainte. Il est temps de libérer la parole, condition sine qua non pour en finir avec le viol. »