Le cortège s'était rassemblé en trois points de la capitale et devait converger vers le palais Al-Saïf, qui abrite les bureaux de l'émir, du prince héritier et du premier ministre. La police anti-émeute, armée jusqu'aux dents, avait prévenu qu'elle n'autoriserait aucun "sit-in, rassemblement, marche, regroupement ou campement" dans "aucun lieu autre que la place en face du Parlement". Les heurts ont rapidement éclaté lorsque les forces de police ont encerclé plusieurs groupes avant de tenter de les disperser par la force.
"La façon dont les manifestants ont été traités est sans précédent au Koweït", a déclaré le député Abdallah Al-Barghash, présent dans le cortège. La Société koweïtienne pour les droits de l'homme compte au moins une centaine de personnes hospitalisées. Le ministère de l'intérieur affirme que 11 policiers ont été blessés par des pierres lancées par des manifestants. Au moins 15 personnes, dont deux anciens députés et un journaliste, ont également été interpellées. Quatre activistes de l'opposition interpellés lundi après des heurts avec la police sont toujours incarcérés.
LA MESURE DE TROP
La manifestation monstre était une réponse organisée par l'opposition à la décision de l'émir, cheikh Sabah Al-Ahmad Al-Sabah, d'amender la loi électorale avant les élections législatives anticipées prévues pour le 1er décembre. Pour l'opposition, qui a décidé de boycotter le scrutin, c'était la mesure de trop.
Le Koweït n'a pas connu de manifestations de masse du type de celles des printemps arabes, mais les relations se sont tendues entre le Parlement et le gouvernement, qui est principalement constitué de membres de la famille de l'émir. L'an dernier, des Koweïtiens avaient marché sur le Parlement, exigeant la démission du premier ministre de l'époque. La dernière phase d'agitation avait commencé en juin avec l'annulation des élections de février par la plus haute instance judiciaire du pays. Ce scrutin avait donné une majorité aux islamistes. La précédente Assemblée plus favorable au gouvernement avait ainsi été rétablie dans ses fonctions, avant d'être dissoute le 7 octobre.
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Au moment où se déroulait la manifestation, l'émir a reçu un grand nombre de membres de la famille régnante des Al-Sabah, qui lui ont réaffirmé leur loyauté et leur soutien total, a rapporté l'agence de presse officielle KUNA. Il a rencontré dimanche des chefs de tribu qui, cités par l'agence KUNA, ont exprimé, dans des déclarations après l'audience, leur soutien à l'émir, alors que les zones tribales constituent un fief de l'opposition.