Source : www.reporterre.net
Grégoire Souchay (Reporterre)
vendredi 14 février 2014
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Au Testet, dans le Tarn, la lutte contre un projet destructeur de ravage a pris de l’ampleur depuis l’automne. L’occupation du site par les opposants est maintenant permanente, alors que les promoteurs menacent de venir détruire cette zone humide.
Lisle-sur-Tarn (Tarn), reportage
Trois mois ont passé depuis notre première visite et le moins qu’on puisse dire c’est que les choses ont sacrément changé dans la vallée du Tescou, à quelques lieux de Lisle-sur-Tarn. Dès l’entrée, on découvre un campement tout neuf surgi de nulle part. Plus loin, la ferme de la Métairie Neuve, ancien centre névralgique de la lutte, est désormais complètement inhabitée.
Et pour cause, le 23 janvier, des individus ont mis à sac les lieux comme en a témoigné sur l’émission Les Petits Papiers de la radio toulousaine Canal Sud. Camille, une occupante : « Une vingtaine de personnes cagoulées sont arrivées en fin d’après midi et se sont mises à tout casser à coup de masse, ont balancé dans toutes les pièces de la maison des bouteilles pleines de répulsifs rendant inhabitable les lieux et nous ont menacés avant de fuir une fois les autres occupants revenus ».
Si le Conseil Général a bien déposé plainte contre X, cet assaut violent fait suite à d’autres attaques : « incendie d’une maison en construction, incendie d’une cabane en paille et de l’arbre attenant, tronçonnage d’arbres accueillants les plateformes perchées, tags intimidants … » détaille un communiqué rédigé à la suite de l’agression. La belle ferme occupée de notre première visite est désormais vide, de maigres planches barrant les accès. Les lieux ont été désertés au profit d’un nouveau campement.
Une ZAD à part entière
Comme il arrive souvent, la répression a amplifié la puissance du mouvement. Laurent, occupant régulier, raconte : « Jusqu’ici on voyait plutôt des riverains proches ou des tarnais arriver sur place. Désormais, des toulousains et des militants plus éloignés se joignent aux premiers occupants ». De trois habitants permanents, ils sont désormais une dizaine.
Trois jours après l’attaque, un appel large était lancé pour venir construire de nouvelles cabanes, cette fois sur les lieux-mêmes du barrage, dans une parcelle appartenant au Conseil Général. Plusieurs centaines de personnes répondent présent malgré le temps maussade. « En un jour, on a vu surgir la maison ! » s’enthousiasme Camille.
S’y ajoutent bientôt un chapiteau et une tour de garde : bienvenue au camp de la Bouillonnante, hommage aux bouilles, ces terres humides sans valeur (financière) qui seront englouties par le barrage si celui-ci est construit. La Bouillonnante, QG de la lutte de terrain pour sauver la zone humide, un véritable lieu d’occupation organisé, avec ses règles, son quotidien et ses espaces d’expérimentation. À l’instar de sa grande sœur de Notre Dame des Landes, Le Testet est devenu une ZAD à part entière.
Ce dimanche 9 février, nous nous rendons à l’assemblée générale hebdomadaire, qui se tient sous le grand chapiteau disposé de manière presque classique : à l’entrée, les fiches précisant les besoins du moment, à droite tout un tas de panneaux explicatifs de la lutte et du projet et puis plus loin la cuisine et la vaisselle autogérées où l’on prépare un thym chaud qui sera distribué à la trentaine de personnes réunies en cercle sur diverses planches et bottes de paille. Malgré nos demandes, nous n’aurons pas le droit de prendre de photos des personnes présentes. La communication avec nous est réduite et souvent empreinte de méfiance.
Un compte à rebours pour sauver la zone humide
Il faut dire que la situation est particulièrement tendue en ce début de mois de février. Un premier recours suspensif a été rejeté le 5 décembre dernier sans justification. Or, les autres actions juridiques en cours ne peuvent pas empêcher les travaux de commencer.
Depuis le 1er février, la préfète du département peut à tout moment ordonner d’enclencher les travaux de déboisement, qui doivent intervenir entre le 1er et le 28 février. Seul hic : il faut en préalable procéder au déplacement des espèces protégées, en hibernation jusqu’au 1er mars.
Du côté du Conseil Général du Tarn, Stéphane Mathieu, directeur de l’eau, explique : « Nous avons sollicité les services de l’Etat pour moduler les échéances et faire en sorte que les deux opérations puissent être menées correctement. Nous attendons une réponse de la DREAL. »
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