Un tribunal de Mourmansk (nord-ouest de la Russie) a ordonné jeudi la mise en détention pour deux mois d’un membre de l’équipage de l'ONG Greenpeace, un photographe accusé de «piraterie» avec 29 autres militants de l’organisation écologiste.
Selon l'agence de presse russe Interfax, Denis Siniakov a insisté lors de sa comparution sur le fait qu’il avait seulement pris en photo l’action de Greenpeace et de fait pas pris part aux événements. Mais le tribunal a justifié sa décision en expliquant que ce photographe, travaillant régulièrement pour Greenpeace, se rendait souvent à l’étranger et risquait de quitter la Russie.
Les 30 militants, issus de 18 pays dont les Etats-Unis, la France, la Suisse, la Finlande, la Grande-Bretagne, la Pologne et la Russie, avaient été emmenés à terre après avoir tenté la semaine dernière d’escalader une plateforme de Gazprom en Arctique pour mener une action de protestation contre ses projets d’exploitation pétrolière. Ils ont été placés dans des centres de détention provisoire de Mourmansk et de la région, après le remorquage de leur brise-glace, l’Arctic Sunrise, par les forces de sécurité russes.
L’affaire, qui implique de nombreux ressortissants étrangers, pourrait par ailleurs tourner à l’affrontement diplomatique. Invoquant le droit maritime, les Pays-Bas ont déjà demandé aux autorités russes de libérer l’équipage. Le gouvernement néerlandais envisage même d’engager une «procédure légale (contre l’arrestation de l’équipage) y compris devant le Tribunal international de l’ONU pour le droit de la Mer», a annoncé mercredi le chef de la diplomatie néerlandaise Frans Timmermans.
S’exprimant pour la première fois sur cette affaire, le président russe, Vladimir Poutine, a reconnu mercredi que les militants n’étaient pas des «pirates» mais il s’en est pris aux méthodes de Greenpeace. «Ces gens ont enfreint le droit international», a déclaré Poutine au cours d’un forum sur l’Arctique à Salekhard (Grand Nord). «Nos forces de l’ordre, nos garde-côtes ne savaient pas qui tentait de s’emparer de la plateforme sous couvert de l’organisation Greenpeace», a-t-il ajouté.
Kumi Naidoo, directeur de Greenpeace International, qui a qualifié les accusations de piraterie d'«absurdes», s’est dit très sceptique sur le fait que les garde-côtes n’aient pas su que l’opération était réalisée par Greenpeace. «Ils nous ont suivis pendant près de vingt-quatre heures avant le début de la protestation. Nous avons une longue histoire de militantisme pacifique en Russie et sommes bien connus des autorités», a-t-il souligné dans un communiqué.
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