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14 décembre 2011 3 14 /12 /décembre /2011 13:11

Sortir des sentiers battus et rebattus des chiffres de la délinquance : tel est l'objectif de l'observatoire régional de la délinquance et des contextes sociaux (ORDCS), créé à Aix-en-Provence.

Créé au printemps 2011 à la maison méditerranéenne des sciences de l'homme et subventionné par la région Provence Alpes Côte d'Azur (à hauteur de 60.000 euros), ce programme de recherche se veut indépendant de tout pouvoir politique ou économique, au moment où selon son fondateur, le sociologue Laurent Mucchielli, les questions de sécurité n'ont jamais été tant idéologisées.

«Je ne suis même pas franc-maçon», a-t-il plaisanté mardi 13 décembre, alors qu'il présentait, en compagnie de plusieurs jeunes chercheurs et doctorants, les premiers chantiers de l'observatoire.

Doté de deux statisticiennes (Emilie Raquet et Claire Saladino), l'observatoire se positionne sur le terrain de la recherche fondamentale, mais entend également proposer aux collectivités territoriales une aide de diagnostic, en concurrence directe avec «les audits que réalisent en série certains cabinets de sécurité», selon Laurent Mucchielli.

En cause le manque de lisibilité et de continuité dans les données nationales de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), ainsi que la détérioration des données au niveau local.

«Depuis 2010, la présentation du rapport annuel de l'ONDRP ayant changé, on ne peut plus comparer avec les années précédentes, déplore Laurent Mucchielli, chercheur au CNRS. On a aussi vu apparaître de nouveau regroupements d'une précision diabolique tels que «phénomènes de types urbains». Quant à Cartocrime (qui permet de localiser différents indicateurs de délinquance), l'échelle la plus fine est celle du département !»

L'historienne Céline Régnard, maître de conférence à l'université de Provence, a justement rappelé que les historiens français ont pendant longtemps prétendu mesurer l'évolution de la criminalité à partir des données judiciaires et policières, «effectuant en réalité une histoire des pratiques répressives et non de la délinquance».

Pour le chercheur du CNRS, les agrégats administratifs sous lesquels les chiffres de la délinquance sont traditionnellement présentés (atteintes aux biens, atteintes aux personnes, etc.) sont de vastes fourre-tout sans grande utilité pour les décideurs locaux.

Après consultation d'un procureur et de responsables de la gendarmerie et de la police, l'observatoire a donc tout bonnement créé ses propres catégories à partir de l'état 4001 (qui recense l'ensemble des procès-verbaux dressés par la gendarmerie et la police nationales à partir de plaintes ou d'infractions constatées). `

A savoir la petite et moyenne délinquance économique (qui regroupe l'ensemble des vols et cambriolages), les violences interpersonnelles, la délinquance organisée (braquages, proxénétisme, trafics de stupéfiants, etc.), la délinquance liée aux conflits sociaux (infractions concernant majoritairement les habitants des quartiers populaires) et délinquance en col blanc (faux en écriture publique, abus de biens sociaux, travail dissimulé, etc.).

Ces deux dernières catégories visent donc ouvertement non un type de délinquance, mais le niveau social des délinquants, élite d'un côté, pauvres de l'autre. Que faut-il entendre au juste par «délinquance  liée aux conflits sociaux» ?

«Les procédures qui résultent pour une bonne partie d'une pression discriminante des forces de l'ordre et de la justice, explique Laurent Mucchielli. Les enquêtes en population générale montrent qu'un grand nombre de jeunes consomment du haschich dans toutes les catégories sociales, mais l'immense majorité des poursuites pour usage de stupéfiants concerne les jeunes des milieux populaires.»

En ramenant les chiffres du nombre d'infractions constatées à ceux du nombre d'habitants, l'équipe s'amuse également à montrer comment Marseille, capitale de la délinquance en chiffres absolus, se fait soudain surclasser par la circonscription de sécurité publique de Cannes. «Les quartiers Nord de Marseille étant très peuplés, on s'aperçoit, quand on prend en compte un taux par habitants, que les quartiers populaires d'autres villes de la région Paca peuvent être bien plus touchés par la délinquance», souligne Laurent Mucchielli.

Et d'avancer d'autres pistes, en superposant cartes de la délinquance et de différents indicateurs sociaux : «Les hypothèses les plus solides relient les indicateurs de petite et moyenne délinquance économique et les indicateurs de délinquance liée aux conflits sociaux aux territoires où les écarts de revenu entre habitants sont les plus importants».

Des homicides conjugaux en région Paca aux infractions au droit à l'urbanisme (la Cour d'appel d'Aix-en-Provence concentre un quart des plaintes françaises en la matière), en passant par la vague de crimes racistes à Marseille dans les années 1970, sept jeunes universitaires ont également présenté hier l'état de leurs recherches.

Pour beaucoup encore à l'état d'études exploratoires, mais sur lesquelles nous tenterons, promis, de revenir au fil de leur avancement.

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