Le Monde.fr avec AFP | 13.10.2013 à 05h58 • Mis à jour le 13.10.2013 à 12h13
La crise budgétaire américaine inquiète les pays émergents, et parmi eux la Chine, comme en témoigne un commentaire cinglant de l'agence d'information officielle Chine nouvelle. "Alors que les hommes politiques américains" échouent à "trouver un accord viable pour refaire fonctionner normalement les institutions politiques dont ils sont si fiers, c'est peut-être le bon moment pour une planète abasourdie de commencer à envisager la construction d'un monde désaméricanisé", écrit le média d'Etat.
"Les jours inquiétants où les destinées d'autres pays se trouvent dans les mains d'une nation hypocrite doivent prendre fin, et un nouvel ordre mondial doit être mis en place, où toutes les nations (...) verront leurs intérêts respectés et protégés sur un pied d'égalité", poursuit l'agence.
Faute d'un accord budgétaire au Congrès, les administrations centrales américaines tournent au ralenti depuis une dizaine de jours, et les Etats-Unis pourraient se déclarer en défaut de paiement le 17 octobre si les parlementaires ne réussissent pas à s'entendre sur un relèvement du plafond de la dette du pays.
Pékin a multiplié ces derniers jours les avertissements et les appels au compromis budgétaire, mettant en avant les relations "inséparables" qui lient les économies des deux pays. "Le blocage qui paralyse de façon cyclique à Washington tout accord bipartisan sur le budget fédéral et le relèvement du plafond de la dette menace de nouveau les importantes réserves en dollars de nombreux pays et angoisse fortement la communauté internationale", a insisté l'agence Chine nouvelle.
PRINCIPAL DÉTENTEUR DE LA DETTE AMÉRICAINE
La Chine est en fait la première concernée : la deuxième économie mondiale est la principale détentrice de dette américaine, avec 1 277 milliards de dollars en bons du Trésor, selon les derniers chiffres du gouvernement américain.
"Au lieu d'honorer avec responsabilité ses devoirs de leader mondial, Washington, avec en tête ses propres intérêts, a abusé de son statut de superpuissance et a accru le chaos dans le monde en transférant à l'étranger les risques [de son système] financier", mais également "en attisant les tensions dans des différends territoriaux et en menant des guerres injustifiées sous couvert de mensonges", a ajouté Chine nouvelle, en référence au conflit engagé par les Etats-Unis en Irak.
"Les économies émergentes doivent avoir davantage leur mot à dire dans les institutions financières internationales", a plaidé le média d'Etat, évoquant la création d'une "nouvelle devise de réserve" pour remplacer le dollar, et une évolution du Fonds monétaire international (FMI), où Pékin ne pèse guère plus que l'Italie. Une réforme de la gouvernance du FMI est préparée depuis trois ans, mais son entrée en vigueur est bloquée par le veto de fait des Etats-Unis, qui doivent la faire ratifier par le Congrès.