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14 octobre 2011 5 14 /10 /octobre /2011 11:50

Le Monde - 14 octobre 2011

Un homme, un journal, 20.000 lecteurs

- Vous connaissez le Criquet...

C'est dit, comme ça, sans point d'interrogation à la fin. Comme si la réponse ne pouvait être qu'affirmative.  Il a fallu avouer que non, on ne connaissait pas. Enfin, pas encore. Parce qu'on a vite compris qu'il nous manquait quelque chose. Que prétendre raconter la vie à Avallon et dans les environs sans connaître Le Criquet, c'était comme partir en randonnée sans sac et sans carte IGN.

D'autant que des Criquets, il y en a partout. A côté de la caisse du boucher et du boulanger, dans la salle d'attente de l'agence immobilière et sur le comptoir du libraire, sur la table de salon du notaire et le canapé de l'enseignant, dans la poche du chômeur, le panier de la ménagère ou le sac de l'étudiant, sur le fauteuil de la camionnette de l'artisan et du 4X4 du résident secondaire.

Le Criquet est un journal mensuel gratuit de 48 pages sur papier glacé bourré de publicité. Parmi ses annonceurs, il a les pratiquants réguliers, le coiffeur, le boucher, le restaurateur, la laverie automatique, la mercière, le cuisiniste ou l'agence immobilière. Les saisonniers, qui réservent leur place pour le salon de l'automobile, le mois des chrysanthèmes, de la fête des mères, ou les vœux de la nouvelle année. Les artisans du bâtiment qui attendent le retour du printemps et des Parisiens en week-end.

Au milieu, enchâssé dans les annonces publicitaires, du texte, beaucoup de texte.  Les auteurs sont les faiseurs, c'est plus simple. Le libraire parle des livres qu'il aime, le peintre en bâtiment explique la technique du badigeon à la chaux, le président vante son association, le vendeur d'articles de pêche se fait conteur au fil de l'eau, le médecin donne des conseils santé. Rien de ce qui se passe en pays avallonais ne lui est étranger. Le concours du plus gros potiron, les thés dansants, les vide-greniers et le cyclo cross, l'actualité du timbre et celle des jardins, le "coup de cœur" du fromager, la recette du perdreau à la mode bourguignonne, les nouveautés de l'assainissement collectif, sans oublier les horaires de la Caisse d'assurance maladie, l'horoscope et les "mots croisés bourguignons". Il y a aussi les petites annonces. On vend de tout dans Le Criquet à 1,50 € la ligne ou 15,25€ le forfait photo et texte.

Mais Le Criquet, c'est d'abord celui qui le fait. Jean-Louis Gueneau a 55 ans, dont 13 de Criquet.

Jean-Louis Gueneau. © Antonin Sabot / LeMonde.fr

Avant, cet ancien maire d'un petit village de l'Yonne, Sauvigny-le-Beuréal, vendait des contrats d'assurance à l'UAP. Licenciement, chômage. "Je ne voulais plus de patron". Au hasard de ses recherches, il tombe sur ce drôle de journal, né deux ans plus tôt en pays angevin. Son fondateur, Pierre Lechat, vend les franchises départementales. Jean-Louis Gueneau achète. Avec un compas posé sur une carte Michelin, il détermine sa zone de conquête. Le sud de l'Yonne, la pointe de la Côte d'Or, l'Est de la Nièvre. Installe chez lui un ordinateur, trouve une maquettiste et un imprimeur et part chercher des annonceurs. Treize ans plus tard, Le Criquet diffuse chaque mois 22.000 exemplaires, 23.500 l'été et réalise un chiffre d'affaires mensuel de 18 à 25.000 euros hors taxe, dont 5% sont versés en royalties au propriétaire de la marque.

Au volant de sa camionnette, Jean-Louis Gueneau livre lui-même son journal dans les sept cents commerces des onze cantons de sa zone. 600 kilomètres de petites routes."C'est de la folie, les gens m'attendent au cul du camion. Des fois, je suis même arrêté sur la route. Le Criquet, c'est l'incontournable!"

Les tarifs d'annonces s'échelonnent de 53 € à 500  € pour une pleine page.  "Au 10 du mois, c'est simple, je n'ai plus de place pour les publicités". Et on ne parle pas de la "une". Là, l'espace est réservé un an et demi à l'avance. Les commerciaux de L'Yonne Républicaine le savent qui s'entendent souvent répondre: "On est déjà dans le Criquet".

"C'est de la folie, les gens m'attendent au cul du camion." © Antonin Sabot / LeMonde.fr

La géopolitique commerciale est soigneusement respectée. "Dans la page d'Avallon, je vais toujours privilégier le commerçant d'Avallon. Je ne vais pas prendre le risque d'en perdre un parce que je lui ai mis un concurrent de Semur dans les pattes". Quant aux hypers, selon la même logique, ils sont interdits de Criquet. "Moi, je fais le lien entre le petit commerce, l'artisanat et les lecteurs".

Les demandes d'emploi y sont offertes, "c'est un principe" et les annonces de rencontres bannies "il y a d'autres gratuits pour ça". 

Le Criquet, c'est un rêve de patron de presse. Un journal qui s'offre le luxe de choisir - et de refuser - les annonceurs. Que l'on s'arrache dès qu'il arrive. Qui n'a pas un seul journaliste. Et dont tout le monde dit du bien (ceci expliquerait-il cela?).

PS: vérification faite, le patron du Monde, résident secondaire dans l'Yonne, lit "bien sûr" Le Criquet.

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