La Russie s'est dite "surprise", vendredi 8 mars, par la décision d'un de ses écrivains contemporains les plus célèbres, Mikhaïl Chichkine, de ne pas se rendre à une Foire aux livres aux Etats-Unis pour représenter le "régime criminel" de son pays.
L'Agence fédérale des médias et de l'impression (RosPetchat) avait invité M. Chichkine à faire partie de la délégation russe à BookExpo America, Foire aux livres qui aura lieu en mai à New York, pour promouvoir la littérature russe à l'étranger. Mais M. Chichkine a décliné l'offre, expliquant qu'il ne pouvait pas représenter un Etat avec la politique duquel il est en total désaccord, a indiqué l'agence Ria Novosti.
"Nous sommes très surpris, nous regrettons", a déclaré à Ria Novosti le directeur adjoint de RosPetchat, Vladimir Grigoriev, réagissant à la décision de l'écrivain russe résidant en Suisse depuis 1995. "C'est ce qui arrive quand un écrivain russe est loin de sa patrie depuis longtemps. Il y a eu beaucoup de cas comme celui-ci dans l'histoire", a estimé M. Grigoriev.
"RAMASSIS DE VOLEURS"
Dans une lettre adressée à RosPetchat et citée par le quotidien britannique The Guardian, M. Chichkine a estimé que la Russie était dirigée par un "régime criminel", un "ramassis de voleurs", et il a vivement critiqué des "lois qui marquent un retour au Moyen-Age". L'écrivain a ajouté dans sa lettre qu'il voulait représenter "une autre Russie, ma Russie", un pays avec "des médias libres, des élections libres, des gens libres".
Interrogé sur ces propos par la radio Echo de Moscou, le directeur adjoint de l'Agence fédérale des médias et de l'impression a balayé les critiques de l'écrivain visant le régime du président Vladimir Poutine. "J'ai très peur que Mikhaïl ait cédé à la tentation, sous la pression du service de communication d'un éditeur anglais, de créer une certaine image de lui avant la publication de son livre, a déclaré M. Grigoriev. Je ne peux que regretter que l'un des auteurs contemporains les plus talentueux commence à faire du remue-ménage politique."
Mikhaïl Chichkine a remporté de nombreux prix littéraires en Russie, notamment le Booker Prize russe en 2000 pour La Prise d'Izmaïl. Il écrit en russe, et plusieurs de ses ouvrages ont été traduits en allemand et en français.