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15 mai 2014 4 15 /05 /mai /2014 20:46

 

 

Source : nadiafromtunis.blogspot.fr

 

 

Jeudi 15 mai 2014



 Ce matin, l’activiste Azyz Amami  et le photographe Sabri Ben Mlouka ont comparu devant le Tribunal de Première Instance à Tunis. Ils restent tous deux en détention jusqu’au 23 mai, date à laquelle ils comparaitront devant un juge. Ils sont officiellement accusés de « détention avec intention de consommer » de stupéfiants (cannabis), accusation pour laquelle la loi 52 prévoit une peine de prison allant de 1 à 5 ans, ainsi qu’une amende, sans possibilité de tenir compte des circonstances atténuantes.
L’arrestation de Azyz et Sabri n’est cependant pas une banale affaire de toxicomanes arrêtés par la police comme certains persistent à dire. Non seulement des doutes sérieux existent concernant cette accusation que beaucoup pensent être un piège tendu par les policiers, mais cette arrestation s'est faite dans la violence, et ne semble pas être un hasard. Contexte.
La révolution s’étant transformée en slogans creux dans la bouche d’élus adeptes de spectacles et de politiciens de tous bords se battant pour arracher des voix dans des élections hypothétiques, il ne restait plus que Azyz et une poignée d’irréductibles, rêveurs et idéalistes, hommes et femmes de principes, pour être de toutes les batailles.
Dans l’arrestation de Azyz et Sabri, plusieurs aberrations sautent aux yeux : les pratiques policières toujours aussi violentes et arbitraires, l’abus de pouvoir, les textes de lois qui empêchent un citoyen arrêté par la police de bénéficier immédiatement du support de son avocat sachant que le motif d’arrestation peut ne pas être communiqué, y compris à l’avocat en question, et cet outil de répression hérité du bénalisme et utilisé exagérément à l’encontre de la jeunesse tunisienne en général et à l’encontre de tous ceux dont la voix dérange en particulier, la loi 52. Azyz fait partie de ceux qui se battent contre chacune de ces aberrations : contre des policiers corrompus et violents qui ne respectent pas le citoyen et l’agressent au lieu de le protéger, contre des lois qui ne sont pas au service du citoyen et de la société et ne respectent pas les Droits de l’Homme, contre l’abus de pouvoir et les dépassements du système, contre la loi 52 et d’autres. Azyz se bat contre un système qui, au lieu de servir le citoyen, l’infantilise, le brutalise, lui manque de respect et tente de lui voler toute dignité, tout espoir de prendre sa vie en main. De tout cela nous avons parlé, et nous parlerons encore, et le chemin, comme il l’a toujours dit lui-même, est encore long devant nous.
Mais dans l’arrestation de Azyz, une question essentielle est au cœur du problème : Pourquoi lui ? Pourquoi a-t-il arrêté ? Pourquoi maintenant ? Pourquoi est-il important de soutenir sa cause ? En quoi le cas de Azyz est-il différent, remarquable ?
Azyz porte en lui plusieurs batailles, et les exemples cités plus haut ne représentent qu’une partie de ses combats. Azyz est une cible idéale pour une machine qui refuse de changer et s’agrippe à ses anciennes pratiques, à son égo démesuré et à son pouvoir abusif. Parce que Azyz parle, et il parle fort.
Azyz a parlé de l’injustice commise à l’encontre des martyrs et blessés de la révolution, lorsque leurs dossiers sont vides (rapports balistiques manquants, autopsies non pratiquées, preuves et témoignages traités à la légère, …) et lorsqu’ils sont confiés à une justice militaire, juge et partie, dont les compétences sont inadaptées à un contexte extrêmement particulier. Le résultat, des peines extrêmement clémentes dans le meilleur des cas, en est choquant. Nous avons entendu beaucoup de pleurnicheries d’élus outrés que l’on ait osé des jugements pareil, alors qu’eux-mêmes ont eu entre les mains le pouvoir de légiférer et d’agir pour préparer un contexte favorable pour rendre la justice.
Azyz a parlé des jeunes de la révolution arrêtés et jugés pour avoir "brûlé un commissariat", alors que les faits qui leur sont reprochés - quand ils leur sont reprochés à raison – sont ces mêmes faits qui ont constitué la révolte populaire contre le dictateur, menant à son éviction du pouvoir, et fêtée aujourd’hui par les mêmes slogans creux comme la « révolution du peuple qui a ébloui le monde ». Le monde aurait donc été ébloui par ces mêmes flammes allumées par des jeunes poursuivis en justice … parce qu’ils les ont allumées ! Comme le disait un ami il n’y a pas si longtemps, on a l’impression que la justice veut faire payer ceux qui ne sont pas morts pendant ce qu’on appelle la révolution. Peut être qu’ils auraient dû mourir eux aussi, et atterrir sur un pin’s sur la veste du président des Droits de l’Homme, plutôt que de rester en vie et de construire un avenir dans ce pays qu’ils ont tenté de récupérer à la dictature.
Azyz a parlé de ces affaires qu’on cherche à coller sur le dos des jeunes de la révolution et des vérités que certains tentent de détruire et de nier. Il a parlé de ces autres postes de police, brûlés avec leurs archives, non pas par des jeunes révoltés, mais par ceux qui cherchaient à cacher leurs méfaits et leurs abus, policiers et autres profiteurs de l’ancien régime. Beaucoup aujourd’hui relèvent cette étrange « coïncidence », qui a fait qu’il ait parlé de ce poste de police de la Goulette brûlé par ses propres agents à la télévision, et que quelques jours plus tard, il se retrouve arrêté à ce même poste.
Azyz a parlé de la loi 52 et la combattait tous les jours. Cette loi exagérément répressive détruit des vies et constitue une arme de choix pour des policiers corrompus et autres pour se débarrasser des voix qui les dérangent.  D'après le Directeur Général des Prisons, les détenus pour usage de cannabis représentent le tiers de la population carcérale tunisienne. Parmi eux, beaucoup de jeunes, beaucoup d'artistes, beaucoup d'activistes, sacrifiés.
Azyz a parlé de ses rêves, de ses idéaux, des hommes qu’il admire, de ses lectures, de sa vision politique, philosophique et humaine. Azyz est ce jeune homme intelligent aux principes et au dévouement sans limites qui lutte au plus près du peuple, et qui a aussi ses faiblesses, ses défauts, sa part d'humanité en somme. S'il a été arrêté, c'est pour le faire taire et pour faire taire tous ceux qui auraient eu envie de le suivre. Il a été arrêté pour tuer cette liberté d’expression qui reste la seule arme, hier comme aujourd’hui, contre un système encore en place.
Azyz a été arrêté de façon arbitraire et tabassé, on l’a peut être même piégé (il nie l'accusation). Lui et Sabri Ben Mlouka restent aujourd'hui en détention et risquent la prison ferme. Mais Azyz reste libre où qu’il soit. Il était, est et sera un symbole pour chacune de ses luttes. Son arrestation et son jugement pourraient faire de la bataille pour la liberté d'expression, de la lutte contre les violences policières et de la réforme de la loi 52 un enjeu considérable dans l'opinion publique. Quoique le système, avec ses aberrations, décide concernant le sort de Azyz, le plus important reste que sa parole continue à se faire entendre. Parce que quand Azyz ne parle pas, le silence est assourdissant.
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