René Dosière a un combat : le député apparenté socialiste de l’Aisne s’est spécialisé dans la surveillance du train de vie de l’État. Depuis plusieurs années, il pose sans relâche des questions à la présidence de la République et au gouvernement, exigeant exemplarité et transparence du sommet de l’État.
Dans le livre L’argent de l’État, qu’il vient de publier au Seuil, le député épingle notamment le sommet de lancement de l'Union pour la Méditerranée, qui s’est tenu à Paris le 13 juillet 2008, pour un coût exorbitant.
Pour cet événement que Nicolas Sarkozy souhaitait mémorable, le Grand Palais, proche de l’Élysée, a été choisi. Un bâtiment qui nécessite de multiples aménagements pour pouvoir accueillir les chefs d'État et de gouvernement.
Un an plus tard, un rapport de la Cour des comptes tire un bilan sans concession de ce sommet, dont elle souligne "l’impact très négatif sur les finances publiques".
"Cette conférence internationale d'une durée de trois heures restera dans l'histoire comme la plus chère : 58 000 € la minute", note le député.
En cause, notamment, les délais très courts d'organisation, qui ont empêché de lancer des appels d’offres en bonne et due forme. Les modalités de la conférence ont en effet été fixées quelques jours seulement avant l'échéance. L'entreprise choisie pour aménager le Grand Palais a dû mobiliser 500 personnes jour et nuit pendant plusieurs jours.
Objectif : aménager dans cet immense bâtiment vide une salle pour la déclaration finale, d'autres pour les entretiens bilatéraux, un centre de presse pour les 1 900 journalistes accrédités, 32 cabines pour les interprètes, un bureau pour Nicolas Sarkozy équipé d'une douche ultramoderne, mais aussi poser un faux plancher pour cacher les conduites et installer la climatisation.
La climatisation a coûté à elle toute seule plus de 650 000 €. Quant à la douche, elle n'a pas servi, et a été démontée après le sommet comme tous les autres équipements.
Le soir, un dîner est organisé au Petit Palais (situé en face du Grand Palais) où sont conviées 200 personnes. Le site est loué pour l'occasion à la ville de Paris.
René Dosière souligne que le coût du dîner au sens strict s’élève à 310 € par personne mais qu'il monte à 5 362 € si l'on prend en compte l'aménagement du palais, notamment l'ajout d'un jardin, et même à plus de 7 000 € si l'on incorpore le prix de location du site (340 000 €).
Il raconte que la responsabilité de signer la facture est revenue au comptable du ministère des Affaires étrangères. Celui-ci, horrifié par les montants, refusait de signer, de peur d'en être tenu pour responsable. Le ministre du Budget, Éric Woerth, a donc dû recourir à une réquisition pour régler l'entreprise, des mois après la fin de ce sommet éclair.
L'argent de l'État, de René Dosière, Seuil, 287 pages.