Source : marianne.net
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Voici peu, Herman Van Rompuy, président du Conseil européen, a tenu à célébrer le 24e anniversaire de la chute du mur de Berlin dans la capitale allemande. Bonne idée, assurément. A cette occasion, il a fait un discours à la gloire de la liberté, de la fraternité, de l'égalité, j'en passe et des meilleures. Parmi ces fortes paroles, on a entendu ceci : «Le populisme et le nationalisme ne sont pas une réponse aux défis de notre temps.» Bravo, même si la notion de «populisme» fait partie de ces mots-valises où l'on met tout et n'importe quoi, à commencer par le mépris vis-à-vis du peuple. Passons.
A la suite de ces envolées lyriques, le bon monsieur Van Rompuy a expliqué qu'il fallait se méfier des critiques formulées à l'égard de l'immigration dérégulée, fustigeant ceux qui y voient la marque du «dumping social». A ses yeux, cela relève du faux procès.
Pour le digne représentant de l'élite bruxelloise, en effet, la «libre circulation» des personnes est «un signe de civilisation» incontestable. Soyons clairs. Nul n'aurait l'idée saugrenue de s'offusquer de saluer la possibilité pour les touristes d'aller de Paris à Berlin comme on va d'un village à un autre. Mais Herman Van Rompuy avalise ici la mise en concurrence des salariés d'un pays à l'autre, qui constitue un vrai recul de civilisation.
Dans ce cas, en effet, il s'agit d'une forme de guerre des pauvres contre les pauvres, d'une guerre où les puissants sont à la quête du moins-disant social grâce à une Europe où l'harmonisation relève du fantasme. Grâce au miracle de la concurrence non libre et complètement faussée, on fait du salaire une variable d'ajustement, on encourage le détricotage du droit du travail et on pousse au démantèlement des modèles sociaux les plus développés, à commencer par celui de la France, hérité de l'esprit du Conseil national de la Résistance.
Dénoncer le populisme et le nationalisme qui minent le rêve européen sans mettre en cause cette réalité, c'est le comble de l'hypocrisie. Comme disait Bossuet : «Dieu se rit des créatures qui déplorent les effets dont elles chérissent les causes.»