Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
*Avant de rédiger une "Charte", présentation rapide et explication plus en détail du "comment" procéder, voici un préambule pour poser les bases de ce qui me paraît nous mouvoir, le pourquoi en quelque sorte du projet "Terre", devenu en cours de route, vous comprendrez peut-être comment, un non-projet (et ce qu'est un non- projet).
C'est un peu rapide, imparfait. J'espère formuler les pensées de tous...et je synthétise, comme d'hab, des pensées mieux et plus formulées ailleurs (en ces jours, importante contribution de Takis Fotopoulos, "Vers une démocratie générale, Seuil 2002", merci Willy...).
Ce n'est pas destiné à nous présenter, "officiellement" tout du moins...ce serait plus un constat d'impasse, le refus du dictat, la fin des négociations, une déclaration de guerre...
Mais ce ne sera pas un "Sentier Lumineux", nos mains sont nos seules armes!
Biz,
Tina
Apparté (PS est proscrit): Le moto pompe, tout Bernard qu'il était, s'est révélé rétif malgré tous nos efforts mais la pompe à main du Mazet de la Font du Sorbier fonctionne désormais, remplis en 10 mn un bidon de 200 l d'eau. Du coup 12 m de haricots "Kokopelli" ont été semés, les tomates prospèrent...Mais la terre grille et cuit au soleil, vient la canicule, plus question de parler "plantation"...un très grand merci à celui qui a planté le mûrier et le figuier devant le Mazet!
Venez donc sous l'arbre à palabres écouter le bruit de l'eau fraîche qui jaillit. Avec un peu de chance, un fruit vous tomberas dans le bec...plotch!
Bye.
Terre, non-projet associatif, préambule présentatif, à ne pas mettre entre toutes les mains, non destinés aux « décideurs », à l’attention de tous les « dépossédés » :
Urbanisation, automatisation, réglementation, mondialisation. Que devient le territoire, celui qui nous entoure au présent sous l’effet de ces puissants mouvements ?
Il se privatise, se spécialise, se marchandise, rétrécit, échappe à tous.
Il n’est plus qu’un cadre anonyme, au mieux une vitrine, une Google map, succession de coordonnées géographiques imprécises et mal renseignées, sur une uniforme toile mondiale gérée ailleurs, dans « le nuage ».
Nous devons habiter, créer (produire), échanger…sans territoire rien ne peut se faire.
Est-il obligatoire que ces fonctions se traduisent sur le concret géographique et dans nos vies quotidiennes qu’il conditionne (tout « dématérialisés » que nous croyons devenir) par lotissements pavillonnaires « garage piscine », ZUP et bidonvilles, bureaux climatisés ou hangars surchauffés selon la classe, bitume et parking à peine agrémenté de Disneylands en plastique où on nous vends, en sachet et en poudre, fabriquée en Syldavie par une firme du Kwandong, la bonne soupe paysanne bien de chez nous? Il en est des nourritures « célestes » comme des nourritures terrestres et on nous vend donc aussi indifféremment Rome, Las Vegas…et même la Démocratie.
Terre, quelle place te reste t-il, quelle place nous reste t-il ? Comment contrecarrer artificialisation et dépossession pour trouver toute notre place, rien que notre place d’insignifiants et merveilleux humains dans l’infinie multitude du vivant ?
Terre, c’est ici et maintenant là où tout se passe, mais c’est aussi dans nos fantasmes qu’il faut que le ménage se fasse. Terre, nous n’aurons donc aucun projet pour toi ni pour nous même d’ailleurs, pas de « plan de carrière » ou de « projet personnalisé », pas plus qu’il n’y a de « dessin intelligent » d’aucun « Grand Architecte ». Nous n’allons pas planifier, nous allons vivre et créer, notre chemin se fera en marchant et il commencera là où nous nous sommes arrêté.
Car à l’heure de l’e-commerce, quand sous nos yeux et en urgence TGV, autoroutes, aéroports arrachent les derniers bocages au nom de la vitesse et de la « modernité », pour relier « nulle part » à « nulle part », puisque l’espace est indifférencié, quand il devient moins cher de voler jusqu’à Vladivostok que de traverser, en tram-bus, la moindre Métropole, nous nous sommes de fait arrêtés.
Nous avons cessés de croire au futur parce que celui qu’on nous désigne ressemble à un mur qui nous enferme dans des cases inégales, nous barre tout horizon et sur lequel nous irons tous nous fracasser (et plus grande sera la case, plus grand sera le choc…).
Nous avons aussi cessé de croire qu’autour de nous il y a de l’amour et de l’eau fraîche en suffisance pour en bien vivre, nous avons cessé de croire que le fort doit protéger le faible, que chacun est libre, égal et fraternel…
Quand brûlent les dernières forêts vierges et qu’il n’y a plus place ni pour les vrais loups ni pour les vrai renards et que les poules, même « bio », vivent dans 20 cm2, nous nous sommes inventé une « Loi de la Jungle » selon laquelle il faut, pour toujours croître et ne jamais mourir, que l’homme soit un loup pour l’homme, le renard le plus libre possible dans le poulailler le plus réglementé possible, défense de s’unir pour s’en défendre.
Quand entre les peuples et les continents il ne reste plus que des océans de plastique dans lesquels s’engluent les réfugiés des guerres économiques et se perdent les avions supersoniques, en vérité l’humanité s’est arrêtée et nous devons la remettre en marche.
De la « voie royale du Progrès », nous ne voyons plus qu’un chemin miné, bordé des panneaux de la propagande pour un « Meilleur des Mondes », pubs glacées et fictives qui nous voilent ce que nous sommes devenus, détritus surnuméraires, déchets aussi encombrants et inutiles que les objets qu’on ne nous fait plus fabriquer mais qu’il nous faut, pour Sainte Croissance, à tout prix vendre et acheter.
Nous prendrons donc les chemins de traverse, sans balisage. Nous croirons donc au présent et en nous mêmes, la suite est aussi simple que mettre un pied devant l’autre, il faut juste le faire et commencer.
Puisqu’on nous veut atomes individualistes, nous serons alliage collectif. Puisqu’on nous pense « Equivalent Temps-Travail » ou « Unité de Consommation » nous serons « improductifs » et nous pratiquerons le don gratuit et réciproque. Puisqu’on prétend nous diriger, « Nation » par « Nation », dans un simulacre universel de démocratie représentative à laquelle ne participent que les Rois d’un Marché mondialisé et leurs acolytes « communicants », nous créerons « Démos » par « Démos », la fédération autogérée des peuples pour discuter et décider, dans des usines sans patrons, des bureaux sans cadres, des écoles sans maîtres, des familles sans Pater, que produire, pourquoi le produire, comment le produire par qui et pour qui le produire.
Nous reprendrons le territoire et les biens communs, nous repeuplerons et unirons villes et campagnes, construirons un espace ou tout être vivant aura sa place pour vivre sous un même soleil sur notre unique Terre et pourra croître selon sa propre nature.
Concrètement et dans le but de s’extirper de la fange qui nous englue et nous aspire vers l’abîme nous devons, là ou nous sommes, nous constituer, comme l’ont fait les « Indignés », en Assemblée locales, discussives et exécutives, pour des actions « contre » leur système et des réalisations « pour » un autre système, notre système. Notre propagande, ce sera non plus uniquement des slogans, aussi éducatif, jouissif et festif soit-il de les lancer à la face des puissants, mais aussi des réalisations concrètes, ici, dans le pays et parmi la population qui nous entoure, notre démos.
Portés par la dernière vague des révolutions et des mouvements « Occupy quelque chose », nous, « Indignés », avions commencé des projets dont beaucoup ont avortés. Certains, parmi ceux que nous avons échoués à construire sont et seront, ici ou ailleurs, immanquablement repris et réussis par d’autres. Que nous importe que ce soit nous qui réussissions, c’est la construction de ces projets qui compte, pour l’exemple, pour dire à tous que ce nouveau monde est non seulement possible mais désirable. Marinaleda, c’est loin, Alternatiba c’est à Bayonne…mais ici, autour de nous se sont crées des dizaines de « Marinaleda », moins célèbres mais tout aussi réels. Ces gens ne nous ont pas attendu, ils ont fait.
Nous aussi avons cependant impulsé deux réalisations concrètes, qui ne sont pas des « terrains de loisir » mais des lieux pour produire (créer) que ce soit des légumes ou du lien, nous les feront vivre chacun à sa manière et un bel avenir leur est promis. C’est ici, entre la ville et sa périphérie, ce sont nos bases, nos laboratoires d’où nous irons « contaminer » le monde alentour. Ce sont là nos non-projets associatifs, qu’ils vivent !
Une autre vague va se lever, elle gronde et déferle déjà à l’horizon, si c’est son impact qui détruit le mur (transatlantique… tout en commémorant la chute du dernier, « on » nous en bâtit un autre…) qui nous emprisonne ce ne sera pas elle qui l’aura pulvérisé, mais l’impact de toutes celles qui l’auront ébranlé auparavant. Nous, « gouttes d’eau » ou « autres colibris », si le choc nous disperse encore et que, comme à cette heure, nous flottons au hasard portés par les remous désordonnés de la mer qui se reforme, nous devons, enthousiastes particules, avec toutes autres « gouttes d’eau » ou « colibris » qui nous entourent, nous soulever encore à nouveau.
Il va tomber !
TINA