LE MONDE | 07.05.2012 à 11h01 • Mis à jour le 07.05.2012 à 15h00
Par Alain Salles (Athènes, correspondant)
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La surprise est venue d'extrême gauche. Dotée de 4,6 % des voix en 2009, la coalition de la gauche radicale (Syriza) est devenue le parti numéro deux du paysage politique grec, avec 16,75 % des voix, trois points derrière Nouvelle Démocratie (ND, droite) et surtout devant le Pasok, qui domine le paysage de la gauche depuis 1981.
Si Antonis Samaras, chef de ND, arrivée en tête, ne parvient pas à former un gouvernement, le président de la République devra donc demander à Alexis Tsipras, dirigeant du Syriza, de faire la même tentative.
"Notre programme est un gouvernement de gauche qui annule le mémorandum. Nous ferons tout pour que le pays ait un gouvernement qui dénonce l'accord de prêt", a expliqué M. Tsipras, qui s'est félicité de ce "message de révolution pacifique".
Très hostile aux mémorandums signés avec la "troïka", qui imposent de sévères mesures d'austérité, M. Tsipras est favorable au maintien de la Grèce dans la zone euro.
UNE STRATÉGIE PROCHE DE CELLE DU FRONT DE GAUCHE
Le Syriza a construit son succès en s'adressant aux jeunes. "Il a mené une campagne cohérente et claire qui a séduit d'anciens électeurs déçus du Pasok et les jeunes. Il arrive en tête dans de nombreuses zones urbaines", explique l'analyste politique Georges Sefertzis.
Le parti doit son succès au style de son leader, un ingénieur de 37 ans qui tranche dans une classe politique en mal de renouvellement. Si son allure rappelle, en France, celle de l'ancien porte-parole du NPA Olivier Besancenot, sa stratégie est plus proche du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon.
Le Syriza regroupe différents petits partis de gauche et d'anciens communistes, comme M. Tsipras lui-même. Il a également fait plusieurs tentatives pour rassembler les partis de gauche hostiles au mémorandum, mais s'est heurté aux refus du Parti communiste grec (KKE) et de la Gauche démocratique, un parti dissident du Syriza. Le KKE (8,4%) n'améliore que d'un point son score de 2009, tandis que la Gauche démocratique (6 %) est loin du score que lui prédisaient les sondages.
Alexis Tsipras a su s'entourer d'intellectuels et de grandes figures comme Manolis Glezos, le héros grec qui décrocha le drapeau nazi de l'Acropole en 1941. Triste ironie du sort, l'infatigable militant de 89 ans reviendra au Parlement comme député du Syriza, au moment où un parti néonazi, Aube dorée, y fait son entrée, avec près de 7 % des suffrages.
Alain Salles (Athènes, correspondant)