Le Monde.fr | 18.05.2012 à 11h15 • Mis à jour le 18.05.2012 à 14h59
Les opposants syriens ont appelé à manifester, vendredi 18 mai, en hommage aux étudiants d'Alep qui avaient défilé la veille par milliers malgré la répression et en présence d'observateurs de l'ONU. D'après l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), des "dizaines de milliers" de personnes ont participé à ces rassemblements, les plus importants depuis l'annonce d'un cessez-le-feu le 12 avril, systématiquement violé depuis. "Nous voulons la liberté que tu le veuilles ou pas, Bachar, ennemi de l'humanité", ont scandé des manifestants à Deir Ezzor, dans l'Est. Dans le même temps, l'armée du régime poursuivait ses bombardements sur les bastions rebelles de la province de Homs, parmi lesquels Rastane.
Centre nerveux de la mobilisation dans une ville longtemps restée à l'écart de la révolte populaire lancée il y a plus de quatorze mois, l'université d'Alep a été le théâtre jeudi de violents affrontements. Une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux montre notamment des jeunes en train de filmer les heurts à l'arrière d'une voiture conduite par un observateur de l'ONU. "Partons, partons, ils vont nous arrêter, nous sommes sous ta protection", crie soudainement une jeune fille à l'adresse de l'observateur à l'approche d'un homme en civil.
Le 3 mai, quatre étudiants avaient été tués par les tirs des forces armées qui avaient fait irruption manu militari et semé la terreur dans la cité universitaire. Toujours à Alep, un officier a été tué vendredi et cinq soldats blessés dans l'explosion d'une bombe dans le quartier Al-Chaar, selon l'OSDH.
Dans la journée, plusieurs quartiers de Homs (centre) étaient la cible d'obus de mortier de l'armée, accompagnés de tirs nourris, a précisé l'ONG. La ville rebelle de Rastane était également violemment bombardée, selon la même source. L'ONG avait dénoncé une tentative de "détruire progressivement" la cité que le régime tente depuis des mois de reprendre aux insurgés. L'OSDH critique "le silence des observateurs internationaux qui n'ont rien fait pour arrêter le bombardement continu" sur Rastane.
Lire : "Le régime s'acharne sur la ville de Rastane"
UN MILITANT TORTURÉ ET CONDAMNÉ À MORT
Une autre ONG syrienne, la Ligue syrienne de défense des droits de l'homme, a fait état vendredi de la condamnation à mort pour "haute trahison" d'un militant syrien "sauvagement torturé" depuis son arrestation en avril.
Dans un communiqué, elle affirme que l'ingénieur et militant Mohammed Abdelmaoula Al-Hariri, arrêté le 16 avril, a été transféré à la prison militaire de Seidnaya en vue de son exécution. L'organisation a jugé le verdict de "haute trahison et contacts avec des parties étrangères" "nul et non avenu", dénonçant "des aveux extorqués sous la torture sauvage et dans des conditions inhumaines".
L'ONG appelle les autorités syriennes à ne pas appliquer la sentence et réitère son appel à la communauté internationale pour qu'elle "intervienne d'urgence pour faire cesser les actes de violence, les meurtres, la torture et les enlèvements commis par les services de sécurité et les milices armées du régime". Plusieurs organisations locales et internationales de défense des droits de l'homme ont dénoncé la "torture systématique" dans les prisons syriennes, où selon l'OSDH plus de 25 000 personnes sont actuellement détenues dans le cadre de la répression.