Un message pas tout à fait reçu « cinq sur cinq » par les Russes. Dès le milieu de la matinée, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov a réfuté être engagé dans des discussions sur des changements politiques en Syrie qui impliqueraient le départ de Bachar Al-Assad : « De telles discussions n'ont pas eu lieu et ne peuvent avoir lieu. Cela est en totale contradiction avec notre position. Nous ne sommes pas impliqués dans des changements de régime à travers le Conseil de sécurité de l'ONU ou des complots politiques » a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse, répondant ainsi indirectement à Laurent Fabius.
Le groupe Thales au coeur de la polémique
Si la livraison d’armes aux rebelles syriens n’est pas envisagée, dans chacun des camps est née une polémique sur la vente d’armes au pouvoir syrien.
Premiers mis en cause : les Russes, accusés par la secrétaire d’Etat Hillary Clinton de fournir des hélicoptères de combat à la Syrie. Une information rapidement démentie par le ministre russe des affaires étrangères qui a simplement fait état « de réparations d’hélicoptères livrés il y a quelques années au régime ».
Mais la France, quatrième exportateur d’armes au monde, n’a pas échappé à la polémique en plein salon international de l’armement Eurosatory.
L'organisation Human Rights Watch a critiqué, mardi 12 juin, la signature par le groupe français Thales, d'un contrat avec le russe Rosoboronexport pour équiper les chars russes de caméras thermiques, s'inquiétant de leur possible exportation vers la Syrie, ce que Thales dément. « Il est choquant que Thales, dont l'Etat français est actionnaire, continue à faire des affaires avec l'entreprise russe d'armement Rosoboronexport comme si de rien n'était », a déclaré Jean-Marie Fardeau, directeur France de l'ONG de défense des droits de l'homme.
Qui livre les armes ?
Réagissant à cette hypothèse d’armes françaises vendues à la Russie qui seraient utilisées par le régime syrien, Laurent Fabius a reconnu que ce serait « un immense problème si ces armes étaient utilisées dans le conflit syrien. Mais tel n’est pas le cas et s’il y avait des informations en ce sens, immédiatement, nous réagirions ».
Qui livre des armes à quel camp ? C’est parole contre parole.
La Russie prétend ne livrer que des armes de défense anti-aérienne à la Syrie. De son côté, l'ONG Avaaz affirme que les envois d'armes de Rosoboronexport à la Syrie continuent, « avec un bateau arrivé il y a seulement deux semaines ». En 2011, la Russie en aurait expédié pour plus de 960 millions de dollars en Syrie. «Tant qu'il n'y a pas de sanctions ni d'instruction ou d'ordre du gouvernement, nous sommes tenus de remplir nos engagements contractuels et c'est ce que nous faisons en ce moment», reconnaissait encore à la fin de l'année 2011 le patron de Rosoboronexport, Anatoli Issaïkïne.
Dans le camp adverse, le Qatar, l'Arabie saoudite et le Koweït se sont dits favorables à des livraisons d'armes à l'opposition syrienne. Selon Reuters, elles seraient déjà acheminées en contrebande depuis plusieurs mois par la frontière avec l'Irak, le Liban et la Turquie. Et leur afflux se serait accéléré ces dernières semaines.