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9 février 2015 1 09 /02 /février /2015 17:09

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

 

En 7 questions 09/02/2015 à 13h31
SwissLeaks : les coulisses de l’enquête
Andréa Fradin | Journaliste
David Perrotin | Journaliste Rue89
Thibaut Schepman | Journaliste Rue89

 

C’est à l’ICIJ que l’on doit les révélations sur le gigantesque système de fraude fiscale encouragé par la banque HSBC. Comment fonctionne ce réseau de journalistes ? Comment ont-ils gardé le secret ?


Capture d’écran de la page d’accueil du site de l’ICIJ (ICIJ.org)

 

Offshore Leaks, Luxleaks et maintenant Swissleaks... Derrière ces révélations sur des fuites massives, on retrouve un acronyme : ICIJ, pour Consortium international des journalistes d’investigation. Et c’est encore ce réseau donc, qui a révélé dimanche soir un vaste système d’évasion fiscale accepté et encouragé par l’établissement britannique HSBC.

1 Qu’est-ce que l’ICIJ ?

 

Pour parvenir à ces révélations massives, plus de 160 journalistes de 60 nationalités différentes se sont associés. Parmi les médias les plus connus, on trouve le Washington Post, la BBC, le Guardian, le Süddeutsche Zeitung. En France, les journalistes Fabrice Arfi et Karl Laske de Mediapart, Aurore Gorius (indépendante) et Serge Michel du Monde travaillent pour le consortium.

Fondé en 1997 à Washington, l’ICIJ était un projet du Center for Public Integrity, une entité indépendante crée par Charles Lewis, un ancien journaliste de CBS. Le point de départ de ce réseau de journalistes ? La nécessité d’unir les forces pour sortir des enquêtes ambitieuses alors que la presse est en crise. Sur son site, l’ICIJ résume :

« Nous perdons nos yeux et nos oreilles, précisément au moment où on en a le plus besoin. »

2 Qui finance ?

 

Pour financer ses chasseurs de scoops, l’ICIJ utilise la méthode anglo-saxonne : le financement privé. Les investigations sont soutenues grâce aux dons des citoyens, mais aussi et surtout grâce à l’argent de fondations telles que l’Oak Foundation, la Packard Foundation, l’Adessium Foundation…

Pour enquêter sur la criminalité, la corruption ou la responsabilité des différents gouvernements à travers le monde, le consortium ne dispose toutefois que de trois salariés permanents. A côté, il y a donc des équipes de journalistes, de spécialistes informatiques, d’experts et de juristes qui se forment pour chacune des enquêtes.

3 Qui dirige ?

 


Gerard Ryle (ICIJ.org)

Le journaliste d’investigation australien Gerard Ryle. Il était déjà membre de l’ICIJ en 2011 quand il a reçu un mystérieux colis dans sa boîte à lettres. Le paquet contenait un disque dur avec plus de 2,5 millions de fichiers. Il se rend alors à l’évidence, seul, il ne pourra pas grand chose :

« Ces données étaient quasiment impossibles à lire. Elles faisaient planter mon ordinateur à répétition. Il y avait beaucoup de noms de personnes de partout dans le monde mais qui ne me disaient rien. »

Il part donc s’installer à Washington, prend la tête de l’ICIJ et missionne de nombreux journalistes pour travailler sur ce que l’on appellera en 2013 le « Offshore Leaks ».

4 Comment y rentrer ?

 

N’importe qui ne peut pas intégrer le consortium . Les journalistes, tous reconnus dans leurs pays pour avoir révélé de nombreux scoops, sont généralement choisis sur recommandation. Aurore Gorius a livré des précisions à L’Express :

« J’ai été proposée à la cooptation par l’un de mes anciens professeurs, Mark Hunter. L’ICIJ est un réseau de journalistes à travers le monde, qui correspondent essentiellement par e-mails et qui proposent aux autres membres des sujets d’enquête auxquels on choisit de participer ou pas, évidemment à l’échelle internationale. »

5 Comment le secret des enquêtes est-il assuré ?

 

Pas facile d’organiser une enquête aussi ample. Il a d’abord fallu trouver un moyen pour préserver le secret de l’investigation, tout en assurant une circulation fluide des informations entre la soixantaine de rédactions associées. Sans oublier la traduction et la clarification des données remises par clé USB à Gérard Davet et Fabrice Lhomme, comme les deux journalistes le racontent dans Le Monde. Des centaines de milliers de fichiers Excel, sous forme de tableaux arides, à comprendre et à organiser.


Fabrice Lhomme (g.) et Gérard Davet (dr.), le 10 novembre 2014, dans les locaux de l’AFP à Paris (Lionel Bonaventure/AFP)

Les moyens de communication actuels ont considérablement aidé à concilier tous ces impératifs.

Au Monde, où cinq-six personnes étaient au courant de l’enquête il y a six mois, on a d’abord pris soin de sécuriser les échanges. Comme le détaille le datajournaliste Alexandre Léchenet, qui a rapidement été associé à l’enquête afin d’organiser les données brutes :

« Lorsqu’on discutait entre nous, entre journalistes du Monde, on sécurisait nos échanges avec PGP et Cryptocat. »

Comme nous l’expliquions dans notre guide pour rester anonyme sur Internet, le logiciel PGP permet de chiffrer les e-mails assez simplement (de nombreux tutoriels expliquent la marche à suivre sur Internet). Même principe pour Cryptocat, qui sécurise pour sa part les discussions instantanées, et qui a récemment été classé comme l’un des meilleurs outils de communication confidentiel par l’Electronic Frontier Foundation (EFF), qui défend les libertés sur Internet. Autre journaliste du Monde associé à l’enquête, Simon Piel précise que l’adoption de ces pratiques n’a pas forcément été évidente pour tous :

« Au départ, c’était un peu compliqué de digérer ces protocoles d’échanges. Mais une fois PGP installé, ça allait. »

Néanmoins, d’autres précautions ont été prises, ajoute-t-il, telle que l’utilisation d’un VPN pour les recherches effectuées sur Internet au sujet de telle ou telle personnalité apparaissant dans les SwissLeaks. Les VPN, pour Virtual Private Network (réseaux privés virtuels), sont des dispositifs qui chiffrent les communications. Comme l’explique Simon Piel :

« C’était pour éviter que les recherches sur Google soient tracées et traçables. A certains moments, on se demande si on est pas un peu parano, mais finalement ces mesures de prudence ne sont pas si difficiles à intégrer. »

Au journal, une pièce isolée a permis à la petite équipe de se réunir pour travailler à l’écart. Le jeu de données, lui, était stocké sur un ordinateur non connecté à Internet, pour prévenir toute fuite. Jusqu’à ce que l’ICIJ le transforme en une base de données lisible et consultable à distance.

 

6 Comment des journalistes du monde entier ont-ils pu mettre en commun leurs infos ?

 

Les journalistes pouvaient accéder à une base de données créée pour l’occasion. Comme l’explique Alexandre Léchenet :

« [Cette plate-forme] permettait d’accéder à toutes les données indexées. Grâce à un moteur de recherche interne, c’était plus simple de trouver le fichier qui nous intéressait spécifiquement, de le prévisualiser et de le télécharger. »

De même, un système de tags permettait d’éclairer chaque information.

Parallèlement à ce site, un autre, sur le modèle de Facebook, servait d’espace de discussion aux journalistes du monde entier. En juillet dernier, l’ICIJ avait obtenu 35 000 dollars de la Knight Foundation pour bâtir cette plate-forme, que décrit Simon Piel :

« C’était à la fois un forum où il était possible de discuter avec les journalistes et de partager les réflexions, mais aussi plein de forums thématiques, dédiés par exemple à la drogue, aux armes, aux personnalités politiques... »

Les deux sites sont sécurisés par l’ICIJ, que nous avons contacté afin d’obtenir plus de détails. Seuls les journalistes sélectionnés et inscrits auprès du consortium pouvaient y accéder, à l’aide d’un mot de passe. Les URL des pages, précisent les rédacteurs du Monde, n’avaient rien d’évident : il s’agissait d’une succession incompréhensible de lettres.

Pour remettre les données à l’ICIJ néanmoins, les journalistes du Monde ont privilégié une transmission de la main à la main : ils se sont rendus à Washington, ce qui a également permis de s’accorder sur les termes de la publication.

7 Pourquoi l’enquête a-t-elle été publiée un dimanche soir ?

 

Le choix de la date n’a pas été facile et aurait même changé à de nombreuses reprises. Il a fallu prendre en compte les différents formats (quotidiens, hebdomadaires, journaux, télévisions), ainsi que les nombreux fuseaux horaires impliqués par cette collaboration.

La discussion a été permanente mais Le Monde a gardé la main dans la mesure où il était, à l’origine de cette enquête.

L’émission « 60 Minutes », diffusée chaque dimanche soir sur CBS News et partenaire ce 8 février de l’opération, a également pesé dans la décision de publication.

 

 

 

Source : rue89.nouvelobs.com

 

 

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