«Le MES est le premier enfant du couple Merkozy. C’est une sorte de FMI européen. On connaît déjà les défauts du FMI pour ne pas le refaire au niveau européen. Et il n’est pas question de donner le moindre quitus à la politique européenne de Nicolas Sarkozy » ! À l’image du député François de Rugy, pour les parlementaires écologistes, c’est niet. Ils ont beau être peu nombreux, députés comme sénateurs, voteront tous contre le traité sur le Mécanisme européen de stabilité qui doit être débattu en fin d’après-midi à l’Assemblée et « ne prendront pas part au vote de l’amendement à l’article 136 du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne ». « Nous sommes favorables au principe de solidarité européenne et aux eurobonds, mais cet amendement n’était pas obligatoire. Il était souhaité par l’Allemagne », a ainsi expliqué le député de Loire-Atlantique, entouré ce matin de certains de ses camarades, notamment les députés Anny Poursinoff et Noël Mamère et le nouveau sénateur Jean-Vincent Placé.
Ce dernier a détaillé très clairement pourquoi, « sous l’impulsion de Cécile Duflot », les élus écologistes ont décidé de se prononcer contre le MES. D’une part, a-t-il précisé, le MES est « un fonds qui sera conditionné au futur TSCG », le traité Merkozy que François Hollande prétend renégocier s’il parvient au pouvoir. D’autre part, le sénateur a regretté que le MES exige des Etats, en contrepartie de son soutien financier, des « ajustements macroéconomiques ». C’est bien ce qui est précisé dans l’article 12-1 du Traité instituant le Mécanisme européen de stabilité : « Si cela est indispensable pour préserver la stabilité financière de la zone euro dans son ensemble et de ses États membres, le MES peut fournir à un membre du MES un soutien à la stabilité, subordonné à une stricte conditionnalité adaptée à l'instrument d'assistance financière choisi. Cette conditionnalité peut prendre la forme, notamment, d'un programme d'ajustement macroéconomique ou de l'obligation de continuer à respecter des conditions d'éligibilité préétablies. »
En votant contre le MES, les écologistes surprennent. Dans le bon sens. Leur europhilie parfois aveugle aurait pu les conduire à approuver ce texte. Daniel Cohn-Bendit, dans une interview à Libération les avait d’ailleurs exhortés à voter en sa faveur, critiquant l’« hypocrisie » de « la gauche française, Verts compris » et expliquant que « le Mécanisme européen de stabilité est l’une des rares choses positives qu’on a pu arracher au Conseil européen des chefs d’Etat et de gouvernement et surtout à l’Allemagne ». Pour Noël Mamère, la vision de Daniel Cohn-Bendit est « une vision vue du Parlement européen et d’Allemagne. Et les Verts allemands ne sont pas du tout dans la même situation. Eux, n’ont pas d’élection cette année ». Pour le député de Gironde, le vote contre est à la fois un moyen de « ne pas tomber dans le piège assez grossier de Sarkozy et Merkel » et de ne pas faire de l’Europe cet « outil qui est en train d’accabler les Grecs ». Enfin, les écologistes tranchent par leur décision avec la position de la plupart des parlementaires socialistes : l’abstention…