LEMONDE.FR | 02.11.11 | 18h03 • Mis à jour le 03.11.11 | 10h37
Sur Internet, la fronde couve. Des internautes se réclamant de la gauche plus ou moins radicale ou de la droite souverainiste fustigent la "peur du peuple" que révèle, à leurs yeux, les commentaires ayant accompagné la décision prise lundi 31 octobre par le premier ministre grec, Georges Papandréou, d'organiser un référendum sur le plan d'aide à son pays.
La décision de M. Papandréou a été qualifée d'"irresponsable" par certains. Une position notamment défendue par plusieurs responsables de l'UMP ou Dominique Reynié, directeur général de la Fondation pour l'innovation politique, proche du parti présidentiel. La colère de ces internautes a été renforcée par un traitement médiatique jugé moralisateur, mettant l'accent sur le "coup de folie" du premier ministre et "la menace" que celui-ci ferait peser sur la zone euro. Certains d'entre eux font un parallèle entre ce qu'ils nomment la "campagne de pressions" actuelle et celle de 2005 en faveur du "oui", lors du traité constitutionnel européen (TCE).
Tous insistent sur la légitimité démocratique de la consultation annoncée qui est, selon eux, plus importante que la chute des bourses mardi et les craintes d'une faillite de la Grèce et d'un éclatement de la zone euro. Conséquence : Georges Papandréou n'est pas loin, aujourd'hui, de devenir un héros.
"Pour une fois qu'un dirigeant politique consulte son peuple par un référendum, après tant et tant de mesures impopulaires, on ne peut que saluer son courage politique", juge par exemple Melclalex, blogueur pro-Arnaud Montebourg, dans un billet sur son blog, intitulé "Grèce : enfin la parole au peuple !".
La réaction de l'Elysée, qui a jugé l'initiative d'Athènes "irrationnelle" et "dangereuse" a fait grincer des dents... La présidence de la République "est consternée quand le peuple est consulté. Pourquoi, vous avez peur du peuple quand il gronde ?", demande notamment Nicolas Lambert, militant du Front de gauche, sur Twitter.
"SACRIFIER LA DÉMOCRATIE POUR LA STABILITÉ DES MARCHÉS ?"
Ceux qui critiquent la décision du premier ministre grec sur le réseau social, regrettant par exemple l'incertitude dans laquelle cette décision place la zone euro, se font souvent interpeller vivement par ces web-militants, très actifs sur la toile. Sur Twitter, les internautes favorables au référendum grec semblent très majoritaires. On peut notamment retrouver leurs commentaires sur le "hashtag" #referendumgrec, qui regroupe les messages sur ce même sujet.
Un point de vue partagé par les souverainistes de droite. "Faudrait-il sacrifier la démocratie pour permettre la stabilité des marchés ?" s'interroge par exemple le blogueur Laurent Pinsolle, partisan de Nicolas Dupont-Aignan, le président de Debout la République, dans un billet publié mercredi sur son blog et intitulé "Vive la Grèce libre !".
"La majorité des réactions médiatiques sont proprement hallucinantes. Le geste gaullien de Georges Papandréou est présenté comme une erreur", alors qu'il est, selon le blogueur, "plus que légitime, normal même" qu'il "sollicite l'avis de la population grecque". "La démocratie, c'est justement le fait de donner le choix aux peuples, et donc leur donner le choix d'aller contre les décisions" que leurs dirigeants "ont prises".
"LA POLICE DE LA PENSÉE UNIQUE"
Dans la ligne de mire de ces internautes, qui dénoncent "un déni de démocratie" de la part de ceux qui jugent périlleux de donner la parole au peuple grec : les médias, le pouvoir politique, les marchés financiers... Tous sont accusés d'avoir adopté un ton catastrophiste après l'annonce d'Athènes.
"Le référendum grec affole les dirigeants européens et les marchés financiers... Vous avez peur du peuple et de la démocratie ?", écrit par exemple sur Twitter Nicolas Lambert.