Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
« Je ne vole pas, je me rembourse. Je ne cambriole pas, je récupère. Je ne trafique pas, je commerce. Je ne me prostitue pas, je m'invite. Je ne mens pas. Je suis déjà ce que je serai. Je suis juste en avance sur la vérité : la mienne ! »
Bienvenue à Tanger, pas la ville mythifiée par Paul Bowles. Non, l'envers de ce décor romantique : la zone franche et ses ouvrières en batterie, tête de pont de la mondialisation, sas de toutes les migrations, internes et externes, cul-de-sac de beaucoup de rêves.
« Sur la planche », le premier film de fiction de la réalisatrice marocaine Leïla Kilani, présenté l'an dernier à Cannes dans le cadre de la Quinzaine des réalisateurs, vous emmène à un rythme éperdu dans les pas de quatre jeunes filles qui refusent la voie qui leur a été tracée.
Comment échapper à l'univers chaplinesque (celui des « Temps modernes ») de la zone franche, avec ses barbelés et ses vigiles, ses usines géantes et l'univers répétitif des cadences infernales ?
Les héroïnes de « Sur la planche » volent un peu, trafiquent un peu, séduisent un peu, organisent un monde fait de petites combines et de grands risques. Elles ont l'énergie désespérée de celles qui refusent leur condition et leur déterminisme de femmes, de provinciales, d'ouvrières.
Ce film, sur le mode du thriller social, décoiffe, dérange, fascine. Et, même s'il n'en parle absolument pas, il accompagne incontestablement la vague de fond des révolutions arabes. On y retrouve le mal-être d'une génération, l'insertion dans la mondialisation par son pire aspect, avec cette monstrueuse zone franche, l'absence de tabous et la détention de tous les codes de la communication moderne...
Badia et ses amies ne sont pas des révolutionnaires au sens politique du terme. Mais la frontière entre leur refus de se contenter de ce que la société leur offre et le passage à l'acte de la révolution est mince. Dans le film, elles ne la franchissent pas, se contentant de la subversion de leur comportement. A voir, assurément, pour comprendre ce qui se joue aujourd'hui de l'autre côté de la Méditerranée.