Ses exemples sont frappants. Elle discute ici de la financiarisation de l’économie : « Au prix de l’économie réelle, une tonne de céréales vaut une certaine somme », résume-t-elle, en employant un graphique éloquent. « Une fois transigée à une quarantaine de reprises, y compris via les canaux spéculatifs, son prix n’a plus rien à voir avec la réalité. L’économie, aux diktats desquels nous nous plions par ignorance, habitude ou fatalisme, est également déconnectée des limites de l’écosystème planétaire, d’où l’actuelle dilapidation de richesses non renouvelables. Or, l’économie devrait être au service de l’humanité et non l’inverse. »
Nu, non-loin et naturel
Garde-t-elle espoir malgré tout? « Le printemps arabe et le mouvement des indignés, jumelés à d’autres facteurs, me permettent de croire que nous sommes à l’aube d’un changement de paradigme », répond-elle. Qu’y pouvons-nous, individuellement? « Beaucoup! Chaque petit geste est comme une « tache d’huile. » Plus il y en a, plus elles vont se rejoindre et favoriser le changement. Prenons exemple sur les oies qui, lorsqu’elles volent en formation migratoire, s’entraident en profitant de la puissance de chacune. De plus, elles prennent la tête de la formation à tour de rôle… Tout le monde peut faire sa part et toute part est importante. » Au début 2011, dans la récente réédition de L’envers de l’assiette et quelques idées pour la remettre à l’endroit, Laure détaille son concept des 3N-J : nu, pour moins d’emballage., non-loin, pour l’achat local (les aliments voyagent en moyenne plus de 2000 kilomètres avant d’atterrir dans nos assiettes) et naturel, pour l’éradication des pesticides de synthèse qui « empoisonnent » notre alimentation. Juste pour l’élimination du gaspillage, l’encouragement du commerce équitable et la souveraineté alimentaire. Entre autres éléments.