Une dizaine d’assignations
Des assignations de cette sorte, ils en ont connu au moins une dizaine déjà depuis l’automne, se contentant d’y répondre en changeant leur chapiteau et leurs cabanes de place. Pourtant, manifestement, le conseil général du Tarn – qui ne veut pas s’exprimer sur cette affaire – souhaite cette fois accélérer, peut-être avec l’intention de reprendre un chantier interrompu depuis des mois, après la mort de Rémi Fraisse, un jeune opposant touché par une grenade offensive lors d’échauffourées avec les gendarmes mobiles, le 26 octobre 2014.
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Ces procédures bousculent les échéances envisagées par Ségolène Royal. La ministre de l’écologie, qui se présente en conciliatrice dans ce dossier empoisonné, avait bien envisagé elle aussi la fin de la zone à défendre de Sivens, mais après la prochaine session du département début mars. Au cours de cette assemblée, les élus doivent officiellement opter pour l’un des deux ouvrages esquissés par des experts à la demande du gouvernement.
« Par rapport à l’occupation illégale du site, l’engagement que je peux prendre (…) en accord avec le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, c’est que dès lors que les élus locaux auront fait leur choix, alors il y aura une évacuation du site afin que l’Etat de droit reprenne ses droits », avait déclaré la ministre devant l’Assemblée nationale, le 28 janvier.
Tensions entre zadistes et agriculteurs
Dans un entretien publié dans le quotidien La Dépêche, samedi 31 janvier, le président du conseil général, Thierry Carcenac (PS), laissait présager cette riposte. « Il est inconcevable que les populations ne puissent circuler librement, avait-il déclaré. Nous espérons qu’une solution va être trouvée avant notre débat », avertissait-il.
Cependant, la « libre circulation » est fréquemment malmenée aux abords de la forêt de Sivens. Dimanche, à la veille de la journée mondiale des zones humides du 2 février, le collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, entre autres associations, avait prévu d’y organiser des animations de découverte de la nature et de visites commentées par des ornithologues notamment. Mais des pro-barrage – essentiellement des représentants de la filière agricole – se sont mobilisés pour bloquer les accès dès 8 heures du matin. Environ 150 gendarmes se sont interposés et personne n’a pu rejoindre le site de la journée. Dans un communiqué, les zadistes ont dénoncé « un blocage en force de la ZAD par des milices en tenue de chasseur » et accusé les forces de l’ordre de « complicité ».
Voilà des mois que les tensions s’exacerbent dans le Tarn. Les premiers zadistes se sont installés dans la forêt dès octobre 2013 pour protester contre un projet de retenue d’eau destinée à approvisionner des exploitations agricoles. Cet ouvrage devait avoir une emprise de 34 hectares et impliquait la destruction de 13 hectares de zones humides. Un projet largement surdimensionné, selon les experts, qui ont proposé le 16 janvier de réduire de moitié la capacité du réservoir ou bien d’utiliser plusieurs petites retenues collinaires. Le premier scénario a plus de chances d’être retenu, mais il appellera de nouvelles études et une autre répartition des financements. Avec ou sans zadistes, le barrage n’est pas pour demain.