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Un nouveau séisme va secouer la police lyonnaise. Treize personnes ont été interpellées, mardi 11 septembre, au cours d'une opération lancée à l'aube, selon des informations révélées par Le Progrès et Le Monde. Parmi elles, sept fonctionnaires de police rattachés à la sécurité publique du Rhône et deux délégués du procureur. La plupart des policiers, de grades différents, sont en poste au sein du commissariat de Vénissieux, à l'est de l'agglomération lyonnaise. Ils sont suspectés d'avoir entretenu des relations douteuses avec plusieurs délinquants, membres d'une même famille, lesquels figurent dans la vague d'interpellations.
OPÉRATION "GANTS PROPRES"
Selon nos informations, ces policiers sont soupçonnés d'avoir rendu des services en échange d'avantages matériels. Il est question de consultations de fichiers, d'obstructions dans des procédures, ou encore de conseils prodigués pour favoriser des activités illicites. En contrepartie, les policiers auraient bénéficié de prêts de voitures, d'invitations au restaurant, de téléphones portables, etc. "Ce n'est pas des enveloppes contre des informations, le schéma relève plutôt d'une ambiance générale, d'une porosité qui devenait préoccupante", résume une source proche de l'enquête. "On a l'impression qu'ils étaient chez eux, les barrières étaient franchies, les voyous abordaient les policiers à l'amitié et les policiers ne se méfiaient plus", estime plus brutalement un autre enquêteur.
Cette opération "gants propres" dans les rangs policiers est le fruit d'une enquête préliminaire déclenchée en août 2011 par le parquet de Lyon. En octobre, une information judiciaire est ouverte notamment pour "corruption", "trafic d'influence", "détournement de finalité de fichiers informatique". Elle est confiée au juge Philippe Duval-Molinos, un magistrat souvent en charge des dossiers sensibles, qui va bientôt rejoindre la juridiction interrégionale spécialisée (JIRS) de Lyon. Les investigations ont été entamées par les services de la sûreté départementale du Rhône, renforcés en co-saisine par la délégation interrégionale de Lyon de l'inspection générale de la police nationale (IGPN).
"CE DOSSIER N'A RIEN À VOIR AVEC L'AFFAIRE NEYRET"
Cette nouvelle affaire, près d'un an après la chute du commissaire Michel Neyret, ex-numéro 2 de la direction interrégionale de police judiciaire (DIPJ), révoqué le 7 septembre par le ministre de l'intérieur pour avoir accepté cadeaux et "faveurs" de truands en échange de renseignements, risque de provoquer un nouveau traumatisme dans la police lyonnaise. "Ce dossier est complètement distinct, il n'a rien à voir avec l'affaire Neyret, il résulte d'une volonté des autorités de mettre à jour des comportements individualisés qui ont été progressivement identifiés", tient toutefois à préciser le procureur de la République à Lyon, Marc Cimamonti.
Pas de lien direct avec l'affaire Neyret, puisque cette affaire concerne la sécurité publique et non plus la police judiciaire, mais la répétition des dérapages présumés est fâcheuse. En juin, deux policiers du commissariat du 7e arrondissement de Lyon avaient été mis en examen pour viol et placés en détention préventive durant plusieurs semaines. Ils sont soupçonnés d'avoir utilisé leur fonction pour obtenir des faveurs sexuelles d'une prostituée occasionnelle, ce qu'ils contestent catégoriquement.
En septembre, un brigadier-chef en poste à Villeurbanne était révoqué, suspecté de voyeurisme en prenant des photos de victimes. Face à ces dérives individuelles, des syndicats ont dénoncé les tensions d'une profession confrontée à la fois à de fortes pressions hiérarchiques et des violences au quotidien.
Les chefs de la direction départementale de sécurité publique, dont dépendent hiérarchiquement les commissariats, font savoir que 79 policiers ont fait l'objet de sanctions disciplinaires dans le département du Rhône en 2011, ce qui représente moins de 3 % d'un effectif de 3000 fonctionnaires. "C'est une toute petite minorité, tous les manquements avérés à la déontologie sont l'objet d'un suivi rigoureux", avait déclaré Albert Doutre, directeur départemental de la sécurité publique, à l'occasion de ces précédents.