Source : leplus.nouvelobs.com
C'est une bonne nouvelle pour les chasseurs, moins pour les défenseurs des animaux. Si la fermeture de la chasse aux oies est toujours fixée au 31 janvier, la ministre de l'Écologie Ségolène Royal a demandé à ce que les chasseurs ne soient pas verbalisés avant le 9 février. Réaction de Pierre Athanaze, ex-président de l’Association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS).
Édité par Sébastien Billard Auteur parrainé par Muriel Fusi
Alors que la chasse aux oies ferme le 31 janvier, conformément au droit français et européen, la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a écrit le 28 janvier aux préfets et au directeur général de l’Office national de la chasse (ONCFS) pour ordonner à l’un et informer les autres qu’aucune verbalisation ne devaient avoir lieu jusqu’au 9 février concernant les chasseurs qui braconneraient les oies !
Il s’agit là d’un cas très grave de complicité entre la ministre de l’Écologie (à moins que l’ordre ne vienne de plus haut ?...) avec le lobby des chasseurs qui, comme toutes les années, a fait le siège de l’Assemblée nationale, du Sénat, des ministères de l’Écologie et de l’Agriculture, de Matignon et de l’Élysée, pour passer outre les lois et règlements.
Ne pas verbaliser les braconniers ? C'est une première
Les années précédentes, les ministres, de droite et de gauche, prenaient un arrêté illégal pour satisfaire à la demande des chasseurs.
Chaque année, le Conseil d’État invalidait le dit arrêté à la demande des associations de protection de la nature. Ségolène Royal est allé encore plus loin cette année, en ne prenant pas d’arrêté, mais en ordonnant aux 1.500 fonctionnaires de l’ONCFS de ne pas verbaliser les braconniers. Une première !
Pourquoi les ministres ne demanderaient-ils pas à la police et à la gendarmerie de ne pas verbaliser les automobilistes qui ne respecteraient pas les limitations de vitesse ? Au fisc de ne pas poursuivre les fraudeurs fiscaux ? Ou même au dealer ?
Les chasseurs font-ils tellement peur au gouvernement pour que Ségolène Royal qui cette semaine même, donnait pourtant sa parole aux associations de protection de la nature qu’elle ne supporterait pas le braconnage des lois. Ou même François Hollande qui très régulièrement déclare que "la France doit se montrer exemplaire en matière de biodiversité".
Le gouvernement pratique le double langage
À quelques jours de la journée mondiale des zones humides, le gouvernement français montre là le double langage qu’il utilise très régulièrement. Le 2 février, ces zones humides qui seront célébrées en grandes pompes par la ministre de l’Écologie, seront des zones de non-droits, cela afin de satisfaire la chasse qui n’est, rappelons-le, qu’une activité de loisir.
Mais cette activité rapporte beaucoup pour un certains nombre de chasseurs. En effet, la chasse du gibier d’eau, dont les oies, se pratique sur le littoral, dans des installations (huttes, gabion…) qui se louent fort cher (de 500 à 10.000 euros la nuit !) et de la main à la main.
Grace à la complicité de la ministre de l’Écologie, ces propriétaires ou gestionnaires d’installations de chasse pourront louer leurs huttes 9 jours de plus. Sans que Bercy n’en voient plus la couleur… On peut comprendre pourquoi les chasseurs tiennent tant à prolonger la durée de la période de chasse. Mais rien n’explique la complicité des pouvoirs publics.
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