LEMONDE.FR | 09.01.12 | 15h56 • Mis à jour le 09.01.12 | 15h58
En prononçant la liquidation définitive avec cessation d'activité de SeaFrance, le tribunal de commerce de Paris a assombri encore un peu plus l'avenir de la compagnie maritime. Le tribunal a en effet estimé, lundi 9 janvier, que l'offre de reprise par la coopérative ouvrière n'était pas "valable". Mais les autres solutions de reprise présentent toutes d'importants risques pour les salariés.
Deux solutions émergent pour relancer l'activité de la compagnie : la création d'une coopérative financée par les indemnités des salariés, ou la reprise par un partenaire extérieur. A défaut d'un accord, les 880 emplois de SeaFrance seront définitivement supprimés. Nicolas Sarkozy a déjà annoncé l'organisation, mardi, d'une réunion gouvernementale pour évoquer l'avenir de SeaFrance.
- La SCOP, économiquement risquée
Les anciens salariés de l'entreprise – désormais officiellement licenciés – peuvent encore choisir de fonder une société coopérative ouvrière (SCOP) pour reprendre l'activité de SeaFrance. Ils pourraient alors investir leurs indemnités de licenciement dans la reprise, une solution préconisée par Nicolas Sarkozy.
Le gouvernement a en effet incité la SNCF à "gonfler" les indemnités versées aux salariés – des primes de 50 000 à 60 000 euros – pour que ces derniers puissent les réinvestir dans une nouvelle coopérative ouvrière. S'ils retiennent cette option, les employés pourront s'associer au groupe Eurotunnel, qui a proposé de racheter les ferries et de les louer ensuite à la SCOP.
Mais cette reprise constitue un gros risque pour les salariés. Si l'exploitation se solde par un échec, ils ne pourront pas récupérer leur investissement. Aujourd'hui, seule une minorité des employés soutiennent le projet de SCOP. Interrogée par Europe 1, Laurence Le Gonidec, membre du collectif des salariés non-syndiqués, justifiait ainsi son choix : "Il a été entendu que ce n'est pas viable économiquement donc je ne vais pas prendre le risque éventuel d'y mettre des indemnités de licenciement."
- Reprise par un groupe étranger
La ministre des transports et de l'écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, n'a pas caché dimanche, lors d'une réunion interministérielle sur l'avenir de SeaFrance, qu'il existait également la possibilité de "renouer le dialogue avec un repreneur privé ". En l'occurrence, il s'agirait de relancer la proposition de reprise de Louis Dreyfus Armateurs (LDA), associé au danois DFDS.
Mais les anciens salariés de SeaFrance redoutent cette hypothèse. "C'est assez écœurant de la part de l'Etat de préférer liquider une boîte pour peut-être la refiler à un groupe étranger. C'est vraiment dommage que l'Etat privilégie un concurrent étranger plutôt que de tout faire pour garder un pavillon français", s'est ainsi insurgé le trésorier de la CFDT maritime Nord, David Baré. Le syndicat a toujours été hostile à cette candidature, présentée pour la première fois il y a trois ans.
Si cette solution est retenue, les anciens ferries de la compagnie SeaFrance pourraient reprendre la mer, mais les anciens salariés n'auraient pas la garantie d'être employés par la nouvelle compagnie. "Nous pourrions reprendre environ 300 personnes, 240 marins et 60 personnes à terre", a assuré le ministre des transports, Thierry Mariani, au Journal du dimanche. Les autres salariés seraient alors reclassés au sein de la SNCF. Mais la compagnie LDA, connue pour ses tarifs à bas coûts, risque de proposer aux anciens salariés des salaires inférieurs à ce qu'ils touchaient jusqu'à présent.
- Disparition de SeaFrance
Enfin, la compagnie peut également disparaître définitivement. Dans ce cas, les 880 anciens salariés devraient trouver un autre emploi, en conservant leurs indemnités de licenciement. Les navires de la compagnie seraient alors vendus pour rembourser une partie des dettes de l'entreprise.
Charlotte Chabas