LEMONDE.FR avec AFP | 08.11.11 | 09h30 • Mis à jour le 08.11.11 | 11h23
Le groupe d'appareils photo nippon Olympus a reconnu, mardi 8 novembre, avoir maquillé ses comptes pendant des années pour dissimuler des pertes colossales subies à la suite d'investissements financiers, provoquant un énorme scandale au Japon. "Le vice-président Mori m'a rapporté hier [lundi] que des pertes sur des investissements n'avaient pas été déclarées à partir des années 1990", a déclaré le PDG d'Olympus, Shuichi Takayama, lors d'une conférence de presse.
M. Takayama a désigné Hisashi Mori, qu'il a renvoyé, ainsi qu'un ancien PDG et un commissaire aux comptes d'Olympus, comme les principaux responsables de cette affaire, qui représente l'un des pires cas de dissimulation de pertes dans l'histoire économique du Japon d'après-guerre.
Le scandale a éclaté au moment du limogeage du PDG britannique Michael Woodford, officiellement pour méthode de travail "inappropriée", le 14 octobre. M. Woodford a alors révélé à la presse que son renvoi s'expliquait en réalité par ses demandes d'explications concernant des paiements indus lors du rachat de quatre sociétés.
Le président honoraire du groupe, Tsuyoshi Kikukawa, avait justifié ce renvoi brutal par l'incapacité du Britannique "à surpasser la barrière culturelle" et par sa gestion solitaire du pouvoir. Mais selon M. Woodford, les raisons sont différentes. Dans une interview le 17 octobre au Wall Street Journal, il a affirmé avoir été renvoyé pour avoir demandé des éclaircissements à M. Kikukawa et à un autre dirigeant du groupe au sujet de prix de certaines acquisitions réalisées par Olympus entre 2006 et 2008. Sont concernées trois sociétés japonaises (une firme de cosmétique, une entreprise de recyclage de matériel médical et un producteur d'emballages d'aliments à réchauffer au four à micro-ondes) ainsi qu'un fabricant britannique de matériel médical. "Je n'ai jamais reçu de réponses claires à ces questions", a déclaré Michael Woodford au WSJ.
CONCLUSIONS ACCABLANTES
Un comité d'experts indépendants désigné peu après a rendu mardi des premières conclusions accablantes à propos des honoraires mirobolants – 687 millions de dollars (498,51 millions d'euros) – versés en marge de l'acquisition d'un groupe d'instruments chirurgicaux britannique en 2007 et de la somme apparemment excessive – 936 millions de dollars (674,19 millions d'euros) – payés pour l'achat de trois petites entreprises japonaises entre 2006 et 2008. Selon ce comité, une partie au moins de ces fonds a servi à la direction d'Olympus pour combler des pertes subies sur des investissements financiers dans les années 1990.
L'indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a achevé la séance de mardi sur une chute de 1,27 %, à cause d'inquiétudes portant sur les finances de l'Italie et du fait de la déroute du titre Olympus. La valeur de l'action du groupe d'appareils photo, également connu pour ses équipements médicaux, s'est effondrée après ces révélations. La valeur du titre a fondu de 70 % depuis le début de l'affaire, revenant à son niveau de 1995, perdant 29 % mardi.
Le scandale inquiète en haut lieu : le premier ministre, Yoshihiko Noda, a demandé à Olympus de faire toute la lumière, craignant des nuisances pour la réputation du capitalisme à la japonaise. Des enquêtes ont déjà été ouvertes au Royaume-Uni et aux Etats-Unis sur des ramifications du scandale