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Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes

Retrait d'une «appli» anti-pauvres en Catalogne suite à la pression populaire

 

 

 

Depuis le 27 août, les délateurs dans les transports catalans ont les ailes coupées. Les Chemins de Fer de Catalogne (FGC) viennent de faire marche arrière en retirant d'urgence de leur application mobile un petit ''bouton'' d'inspiration très orwellienne, raconte le quotidien El Pais.

Tout démarre fin juillet, quand l'entreprise publique de transport de cette région catalane* lance un service pour iPhone et Android permettant de dénoncer mendiants, musiciens et autres vendeurs ambulants qui sillonnent les trains de la Catalogne, région autonome d'Espagne. Le nouveau bouton, intégré à l'appli existante de la FGC (consultation d'horaires, destinations, prix...) permet de signaler un délit - à choisir parmi une liste de douze-, et d'indiquer le train concerné ainsi que le numéro du wagon. Également dans le collimateur de la FGC : les ''sans billets'', les sans-gêne qui mettent les pieds sur les sièges ou occupent les places réservées, taggers, fumeurs... soit tous les aspirants aux incivilités.

 

Photo ci-dessous de l'éventail des possibilités :

Capture d'écran du service 
Capture d'écran du service© Miquel Rubio

 

 A la clé, un boulot de dénonciation à plein temps pour l'usager qui s'ennuie lors d'un trajet!


D'un anonymat garanti (mais sans pourcentage sur le montant de la contredanse !), le message d'alerte atterrit dans un service centralisé qui décide ensuite de la procédure à suivre (transmission au chef de train, envoi d'une patrouille...).

Lors de la première semaine de mise en service, 110 signalements ont été reçus. En tête des « balancés » : les resquilleurs, suivis des salisseurs de sièges et enfin des voyageurs qui décollent les tympans du voisin à coup de MP3 poussé à fond. Rien de très nouveau sur la nature humaine (d'un coté comme de l'autre, d'ailleurs).

L'été a beau être une saison idéale pour glisser quelques petites nouveautés réglementaires en douce, il suffit d'un gêneur ne prenant pas ses vacances comme les autres pour sonner l'alerte. Un étudiant de 28 ans en sociologie de l’Éducation à Valencia**, Miquel Rubio, a lancé la polémique en moins de deux semaines depuis une plate forme revendicative : 53833 personnes y ont pétitionné à ce jour, tempestant contre le ''bouton'' de la honte, véritable appel à traquer le pauvre.

Une société de "chivatos''?

Son site est très probablement à l'origine du retrait du service mais la FGC dément avoir agi sous la pression citoyenne. Mauvaise foi? Quoiqu'il en soit, à Barcelone, tout le débat sur la ''dénonciation'' s'en trouve relancé, entre promoteurs et pourfendeurs d'une société de ''chivatos'' (mouchards en castillan). Un leader local du Partido Popular (droite), Alberto Fernandez Diaz, réagissant à cette affaire sur une radio régionale, n'a dit que du bien du mariage des nouvelles technologies et de la participation citoyenne. Il verrait bien un dispositif de ce type s'appliquer aux transports urbains de Barcelone, les TMB.

 Au plus fort de la polémique, Miquel Rubio a interpellé la société publique des chemins de fer. « Qui seront les prochains : les sans-papiers ? Les gays ? Les Noirs ? Les gros ? » Il a aussi précisé au quotidien espagnol avoir fait suivre tous les témoignages postés sur son site au ''Syndic de Greuges'', sorte de défenseur des droits version catalane, qui reçoit les griefs sur le fonctionnement défaillant d'une administration. La réponse de l'institution l'a un peu étonné et il en fait état dans un billet publié le 28 août (en catalan et en castillan).

Le Syndic de Greuges écrit :

Les infractions répertoriées dans l'application sont des délits sanctionnés officiellement par la loi et qu'il importe que les droits de la personne dénoncée soient respectés, quel que soit le moyen par lequel s'effectue la dénonciation.

Et conclut à la fin :

Si vous constatez un quelconque incident conséquemment à l'usage de cette application, vous pouvez porter plainte devant notre institution.

Récemment, une circulaire de la délégation à l’Éducation de Catalogne a autorisé les parents à dénoncer les familles qui auraient inscrit leur enfant frauduleusement dans un établissement afin de contourner la carte scolaire. Avec risque d'exclusion à la clé pour les contrevenants.

El Gran Hermano te está vigilando!
(Faut-il traduire? Big brother is watching you!)

* La Catalogne a un statut de Communauté autonome depuis 2006 et comprend elle-même quatre provinces différentes
** Capitale de la communauté située juste au Sud de la Catalogne

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