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Nicolas Sarkozy, qui a décidé d'organiser à l'Elysée une réunion interministérielle mardi à 17 heures, devait également téléphoner à la mi-journée à la chancelière allemande, Angela Merkel, pour évoquer avec elle la décision grecque, a annoncé l'Elysée.
"TOTALEMENT IRRESPONSABLE"
Le chef de l'Etat est consterné par l'annonce de ce référendum, selon Arnaud Leparmentier, journaliste du Monde, qui suit l'Elysée. "Le geste des Grecs est irrationnel et de leur point de vue dangereux", selon un proche du président.
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Même son de cloche du côté du député-maire UMP de Nice Christian Estrosi, qui a qualifié mardi de "totalement irresponsable" la décision du premier ministre grec. "Cette décision me paraît incompréhensible. Quand on sait le mal que Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont eu à faire adopter ce plan courageux, je déplore cette décision qui me paraît totalement irresponsable de la part du premier ministre grec", a déclaré M. Estrosi sur France Info. "Lorsque l'on est en situation de crise et que d'autres veulent vous aider, il est insultant de tenter à sauver sa peau plutôt que prendre ses responsabilités", a-t-il ajouté, en souhaitant que le "Premier ministre grec revienne sur sa décision".
"NUL NE PEUT REPROCHER AU GOUVERNEMENT GREC D'EN APPELER À SON PEUPLE"
Dans les autres partis, on ne partage pas la réaction de l'UMP et on comprend la décision du premier ministre grec.
L'eurodéputé et vice-président du MoDem Robert Rochefort a dit "comprendre" la position du premier ministre grec, vue la "situation intenable" dans laquelle il se trouve, sans pour autant "l'approuver". "Il n'est pas complètement honnête de tomber à bras raccourcis sur Papandréou : il est épuisé par la situation, fragilisé par une courte majorité et la seule issue politique pour lui de toutes façons est l'union nationale", a estimé le responsable centriste.
"Nous ne pouvons pas interdire aux Grecs de choisir leur destin. L'Union européenne est une fédération d'Etats nations Un référendum est donc légitime", écrit à son tour le député-maire PS d'Evry (Essonne), Manuel Valls, sur Twitter.
"Nul ne peut reprocher au gouvernement grec d'en appeler à son peuple d'une décision aussi grave", estime à son tour le président du Parti radical de gauche, Jean-Michel Baylet, dans un communiqué. "C'est un échec cuisant pour la diplomatie franco-allemande, qui n'a pas su s'assurer du soutien d'Athènes au plan d'aide."
"Les politiques menées ne peuvent se faire contre les peuples", estime Eva Joly, candidate d'Europe Ecologie-Les Verts à la présidentielle. "Ce qui est irresponsable, c'est la saignée réalisée sur les Grecs, qui est injuste et se révélera en outre inefficace", écrit-elle dans un communiqué. "Le risque du 'non' du peuple grec aurait le mérite de remettre les contreparties du plan de sauvetage en question et d'ouvrir la porte à une nouvelle discussion", ajoute-t-elle.
"UN MINIMUM DE DÉMOCRATIE"
L'organisation d'un référendum en Grève est "un minimum de démocratie", estime aussi Jean-Luc Mélenchon, candidat du Front de gauche à la présidentielle. "Il y a eu treize grèves générales en Grèce et chacune a réclamé un référendum, Georges Papandréou savait qu'il ne pourrait pas tenir plus longtemps sans consulter le peuple grec", a déclaré le candidat sur France Info, mardi. Comme on lui demandait s'il pensait que les Grecs se prononceraient contre le plan d'aide, il a répondu qu'il y avait de "grandes probabilités" que le non l'emporte.
"La France doit s'engager à respecter le vote grec et à renégocier un nouvel accord si le résultat de ce vote est négatif", a renchéri dans un communiqué Pierre Laurent, numéro un du Parti communiste. "Avec le Front de gauche, le PCF appelle à une mobilisation des peuples européens pour dire haut et fort leur solidarité au peuple grec". "Il est incroyable que la simple idée de consulter le peuple grec affole les marchés financiers qui, avec la droite, s'agitent et crient au scandale. La vérité, c'est qu'ils n'aiment pas la démocratie et détestent l'expression de la souveraineté populaire", ajoute M. Laurent.
"C'est au peuple de décider son avenir et non pas à quelques technocrates", a estimé la présidente du Front national Marine Le Pen, mardi. "C'est la moindre des choses, je défends le référendum", a-t-elle ajouté sur i-Télé. Elle a jugé en outre que c'était "aussi un moyen de préparer la sortie de l'euro". "Chacun est conscient que l'euro n'est pas viable mais personne ne veut prendre la responsabilité de le dire". "Peut-être attendent-ils que la Grèce, sacrifiée sur l'autel du dogme de cette monnaie, le dise", a conclu la présidente du FN.