Le blog des Indignés de Nimes et de la Démocratie Réelle Maintenant à Nimes
Ce mercredi au Sénat, un homme dénonce. Pierre Condamin-Gerbier, un banquier de 42 ans, a répété devant la commission d’enquête sur l’affaire Cahuzac qu’il détenait les preuves qu’une quinzaine de personnalités politiques avaient fraudé le fisc. Ce jeudi, il est entendu à huis clos par le député Yann Galut, rapporteur du projet de loi de lutte contre la fraude fiscale.
D’où sort cet homme, qui intéresse également la justice pour les informations qu’il pourrait apporter dans les affaires Tapie et UBS ? Vedette des journaux radiophoniques du jour, il est loin d’être inconnu de tous ceux qui suivent les dossiers chauds de la République française.
Avec quelle légitimité parle-t-il ? Celle de celui qui a été, jusqu’en 2009, directeur de la délégation UMP en Suisse ? L’intéressé se défend de toute démarche partisane. Le 23 mai, il assurait au micro de France Inter :
« Il y a des Cahuzac à droite, il y a d’autres Cahuzac à gauche. Il y a des Cahuzac sur l’ensemble de l’échiquier politique. »
Pierre Condamin-Gerbier, avant d’être sympathisant UMP, a été de 2006 à 2010 associé-gérant de Reyl Private Office, une société de gestion de patrimoine qui fait de l’optimisation fiscale, installée sur la rive suisse du lac Léman. Et à ce chef, il a eu à gérer de nombreux dossiers de personnalités politiques.
A-t-il des velléités de vengeance ? En 2010, il est brusquement licencié par le fondateur de l’établissement, Dominique Veyl, qui n’est autre que le demi-frère d’Hervé Dreyfus, gestionnaire de fortune de Jérôme Cahuzac et conseiller patrimonial de Nicolas Sarkozy. Quand il évoque un conflit d’intérêts, les dirigeants disent qu’il a piqué dans la caisse pour rembourser des dettes.
Depuis lors, Pierre Condamin-Gerbier a pris en grippe l’hypocrisie des banquiers et des politiques. Les premiers prospèrent sur ces clients non-déclarés, et les seconds s’enrichissent frauduleusement en simulant devant le peuple. « Un double discours scandaleux », assène-t-il.
A la police judiciaire, aux douanes, au juge Van Ruymbeke, il dit vouloir contribuer à mettre fin à ce réseau, à une « pratique systémique impliquant beaucoup de politiques, et d’autres ... ». « L’affaire Cahuzac n’est pas celle d’un seul homme », affirme-t-il. Elle révèle selon lui des réseaux communs à beaucoup d’affaires, et tout ceci, promet-il, est explosif.
Véritable « gorge profonde », lanceur d’alerte ou chevalier blanc en mal de reconnaissance, toujours est-il que le quadragénaire semble inquiéter. Mercredi devant les sénateurs, il déclarait :
« Je n’ai pas fourni de noms de fraudeurs aux enquêteurs pour des raisons de sécurité. Mais mes documents et mes notes sont consignés auprès d’une partie tierce, et ils seront dévoilés quand mon environnement sera plus sûr. Il y a eu des menaces écrites et orales sur mon intégrité physique ainsi que sur celle de ma famille. »