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28 mars 2013 4 28 /03 /mars /2013 17:02

 

 

 

 

L’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) vient de publier un bilan des effets indésirables des contraceptifs oraux. Le docteur Antoine Pariente souligne à juste titre dans Le Monde que la multiplication des affaires révélant les risques des médicaments provoque un important mouvement de défiance (http://abonnes.lemonde.fr/sante/article/2013/01/31/il-y-a-une-veritable-mefiance-qui-nait-a-l-egard-des-medicaments_1825021_1651302.html). Il s’étonne aussi de l’utilisation excessive de certains médicaments en dépit de la connaissance de leur risque.

Cependant, lorsque l’on regarde la façon dont le circuit du médicament est organisé, cela n’est guère étonnant, je l’ai déjà écrit dans ce blog (http://securitesanitaire.blog.lemonde.fr/2013/02/03/30/). Ce circuit est en effet particulièrement complexe, rappelons-le : un médicament reçoit d’abord une autorisation de mise sur le marché délivrée par l’ANSM. Puis la Haute autorité de santé apprécie le service médical rendu par le produit. C’est ensuite sur cette base que le Comité économique des produits de santé négocie son prix. Le remboursement est alors décidé par le ministre chargé de la Santé et l’assurance-maladie procède au remboursement des médicaments prescrits par les médecins. Les effets secondaires éventuels du médicament sont alors surveillés par les médecins, les patients et les firmes pharmaceutiques qui doivent les notifier à l’ANSM.

Cette fragmentation des responsabilités rend impossible le pilotage global de l’outil médicamenteux. Quelles sont les conséquences de cette absence de pilotage ? Elles sont principalement au nombre de trois. D’abord, le système d’évaluation et de gestion des risques est réactif plutôt que proactif. Ce sont bien souvent les plaintes en justice qui le font réagir. Ensuite l’évaluation des bénéfices et des risques en situation réelle d’utilisation n’est pas suivie de façon systématique bien que l’assurance-maladie dispose des données de remboursement qui permettraient de le faire (mais personne n’est explicitement chargé de le faire). Enfin, le prescripteur est laissé face à lui-même et à son patient.

Il faut donc souligner que le médicament qui est un des outils de santé les plus puissants n’est pas rationnellement intégré dans la politique de santé publique. Certains patients pourraient bénéficier de médicaments, mais ne sont pas traités. Pour d’autres patients, le rapport bénéfice-risque est défavorable et ils ne devraient pas les recevoir. Qui est en charge de vérifier cette adéquation ? Il n’y a pas de réponse claire.

Face aux multiples dérapages de l’usage des médicaments, il est utile quoiqu’un peu court d’incriminer le marketing agressif de l’industrie pharmaceutique et les conflits d’intérêts. Mais la véritable question n’est-elle pas plutôt de mettre enfin en place une véritable tour de contrôle de l’outil médicamenteux ? Le coût des médicaments pour l’assurance-maladie est de l’ordre de 25 milliards d’euros par an. Un pour cent de cette somme serait largement suffisant pour organiser rationnellement leur utilisation. Pour retrouver la confiance, il est temps de mettre un pilote dans les pilules !

 

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