
Les OGM par Olivier Ranson
Maintenant qu'on a des images de rats complètement déformés et malades qui prouvent à quel point les OGM ne sont pas bons pour la santé, on fait comment ? C'est quoi les enjeux ? C'est difficile de s'en passer ? Je vous propose quelques éléments de réponse.
Bové avait raison
"C'est une hécatombe. Et c'est à pleurer" affirme le professeur Séralini dans son ouvrage Tous Cobayes (Flammarion, en librairie le 26 septembre) qui raconte les détails de l'expérience qu'il a menée avec son équipe pendant deux ans sur les effets de l'ingestion de maïs OGM parfumé au pesticide Roundup.
Pour celles ou ceux qui auraient loupé l'info : une "bombe à fragmentation scientifique, sanitaire, politique et industrielle" a été révélée en exclusivité par un article de Guillaume Malaurie dans le Nouvel Obs le 20 septembre 2012. On y apprend les détails de l'étude menée en secret par l'équipe du Criigen (Comité de Recherche et d’Information indépendantes sur le Génie génétique). Le Nouvel Obs revient sur les 15 ans de guerre sans merci entre pro et anti-OGM et explique le débat français en 5 vidéos.

Photos des rats testés par le Criigen
Ce qu'il faut retenir de ces travaux ? Que les OGM ont des effets sur la santé. Que les pesticides ont des effets sur la santé. Qu'il vaut mieux s'en passer si on veut pas crever ou déclarer un cancer prématurément.
Je retiens aussi que l'étude a été financée par la fondation Charles Léopold Mayer ainsi que des patrons de la grande distribution (Carrefour et Auchan notamment) qui veulent se prémunir de scandales alimentaires. Et je me joins à la surprise de plusieurs amis qui sur la toile approuvent cette étude et s'interrogent : Baptiste Rabourdin, sur le blog des EcoSapiens, estime à juste titre qu'"on est obligé de se demander à quoi rime cette science qui doit se faire dans le secret." Même si les résultats ont été publiés initialement dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology, c'est dingue d'avoir à le faire en secret !
Christophe Magdelaine, sur Notre Planète Info, a des doutes sur le rôle de l'INRA, du CNRS et des agences sanitaires censées contrôler et protéger les citoyens. "La réponse se trouve sans doute encore dans la recherche de business... M. Allègre l'a très bien exprimé dans un éditorial récent : "on ne provoquera pas la croissance si on est hostile au progrès scientifique, au nucléaire, aux OGM, aux nanotechnologies, aux cellules souches... et aux gaz et huile de schiste !". Advienne que pourra" affirme-t-il.
Bref, en attendant de voir Tous Cobayes, le film de Jean-Paul Jaud qui a suivi les travaux menés par le professeur Séralini (bande-annonce ci-dessous), sachez qu'il n'est pas trop compliqué de se passer d'OGM dans son alimentation.
Pas d'OGM ni de pesticides dans mon assiette

Label Agriculture Chimique - EcoSapiens
Cela fait plusieurs années que je mange bio et local, et je vous assure qu'il ne s'agit pas là d'un luxe de bobo: juste pas envie de passer trois fois en caisse - avec les subventions agricoles, avec mon caddy, avec ma santé pour payer des produits issus d'une agriculture chimique. Et puis je préfère investir dans la bouffe que dans un écran plat, aussi.
Je suis déjà revenue à plusieurs reprises sur ce blog sur les raisons qui poussent à manger local et sur la façon dont on peut apprendre à manger bien et pas cher quand on est étudiant.
Si on peut douter de ceux qui affirment qu'il est impossible d'ingérer des OGM, comprenez bien qu'il ne s'agit pas seulement des OGM dont il faut se méfier. Les produits modifiés génétiquement le sont pour être aspergés de pesticides, et donc on peut facilement avaler clairement de la m... au carré.
Sur Terra Eco, Thibaut Schepman fait le point sur les produits qui contiennent ou non des OGM tout en soulignant à quel point l'étiquetage "sans OGM" est alambiqué. Ben oui, pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer ?
Pour ma part, je consomme essentiellement des produits certifiés par l'agriculture biologique, je consulte le guide anti-OGM de Greenpeace en cas de doute et j'ai mes habitudes sur les marchés de producteurs bio et locaux, dont je connais bien les produits.
Forcément, faire attention à son alimentation demande d'adopter de nouveaux réflexes, ce n'est pas toujours facile. On nous apprend plus à vivre pour consommer qu'à consommer pour vivre, donc le tout est de changer progressivement, de trouver de nouveaux repères et de s'informer sur les initiatives existantes auprès de sa mairie, des associations locales, ou de sites internet comme MonPanierBio.com.
Les grands groupes comme Auchan ou Carrefour agissent aussi de plus en plus pour garantir la provenance de leurs produits. S'ils ont participé au financement de l'étude du Criigen, sachez que Carrefour est conseillé depuis longtemps par Greenpeace afin de supprimer les OGM de ses produits. Les choses progressent donc peu à peu, et on ne peut qu'espérer que le gouvernement prenne une décision ferme à ce sujet maintenant.
Et vous, ça vous inquiète les OGM ? Essayez-vous de les éviter ?