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24 mai 2012 4 24 /05 /mai /2012 16:30

 

Jeudi 24 Mai 2012 à 18:00

Jules Fournier - Marianne

 

Trois mois après le début du mouvement étudiant contre la hausse des frais de scolarité au Québec, la mobilisation ne faiblit pas. Les jeunes manifestants, qui dénoncent une « loi matraque » votée le 14 mai , veulent croire au printemps érable.

 

(Manifestation à Montréal, le 22 mai - Ryan Remiorz/AP/SIPA)
(Manifestation à Montréal, le 22 mai - Ryan Remiorz/AP/SIPA)
Cent jours. Depuis plus de trois mois, les étudiants québécois sont entrés en résistance contre le gouvernement de Jean Charest au pouvoir depuis près de dix ans. En cause, l’augmentation des droits de scolarité à l’université : alors qu’ils sont gelés depuis vingt ans, le gouvernement libéral avait prévu de les augmenter de 75% dans les cinq prochaines années, les portant à 3793 dollars canadiens (2910 euros) par an.

Il n’en a pas fallu plus pour faire descendre les étudiants dans la rue. Le 22 mars, ils étaient près de 250 000 à manifester à Montréal, un petit carré rouge épinglé sur la veste en signe de protestation. Le 3 mai, après douze semaines de grève, les étudiants défilaient « en bobettes » (en sous-vêtements) afin d'incarner physiquement leur combat pour une plus grande transparence du gouvernement québécois.

Loi liberticide

En fait, le mouvement a évolué depuis la contestation initiale de la hausse des droits de scolarité, à tel point que l’objet premier de la grande marche organisée pour marquer le centième jour du conflit n’était plus tant cette question-là que celle, plus globale, du droit à manifester en tant que tel.

Après la démission de la ministre de l’Education, Line Beauchamp, le 14 mai dernier, le gouvernement libéral a décidé de serrer la vis en faisant voter une loi aux allures de déclaration de guerre, la loi permettant aux étudiants de recevoir l’enseignement dispensé par les établissements de niveau postsecondaire qu’ils fréquentent – dite loi 78. Dans les cégeps (établissements pré-universitaires) et les universités en grève, la nouvelle loi prévoit la suspension du semestre de printemps jusqu’à la mi-août, date à laquelle les cours devront reprendre – toujours au titre du semestre de printemps – pour que ce dernier soit complété d’ici au début du mois d’octobre, où commencera le semestre d’automne.

Aussi, pour dissiper le mouvement, cette loi prévoit que toute manifestation rassemblant plus de cinquante personnes soit déclarée au minimum huit heures auparavant aux services de police. Restreignant le droit de manifester et prévoyant de lourdes amendes pour les contrevenants, elle a vite cristallisé les ressentiments d’une jeunesse québécoise qui ne se reconnaît plus dans un personnel politique sclérosé et englué dans plusieurs scandales. Pauline Marois, chef du Parti québécois (souverainiste), évoque « l’un des jours les plus sombres pour la démocratie québécoise » et dénonce une « loi-matraque pour faire taire les Québécois ». Depuis, un mouvement spontané de désobéissance civile s’est créé, au-delà des seuls étudiants initialement concernés, pour dénoncer cette loi liberticide. Chaque jour, des dizaines d’habitants envoient des notifications à la police pour prévenir qu’ils organiseront une grosse fête d’anniversaire avec une cinquantaine de personnes – une façon amusante de montrer l’absurdité d’une loi qu’ils ne comprennent pas.

Depuis, les manifestations se poursuivent avec, inévitablement, leur lot d’arrestations ; lors de la trentième manifestation nocturne, dans la nuit du 23 au 24 mai, ce sont près de quatre cents étudiants qui ont été arrêtés, la manifestation ayant été déclarée illégale avant même qu’elle ne commence, étant donné que les participants n’avaient pas dévoilé leur itinéraire au préalable… et qu’ils portaient des masques, contrevenant au « Règlement antimasque » adopté par la Ville de Montréal dans la foulée de l’adoption de la Loi 78 au Parlement québécois. Embarqués les uns après les autres au poste de police dans des autobus affrétés pour l’occasion, ils attendaient leur tour d’arrestation tranquillement, encerclés par les policiers, jouant au football pour faire passer le temps.

La société québécoise semble aujourd’hui plus divisée que jamais. Si la population n’a pas toujours appuyé fermement les revendications étudiantes à leurs débuts, le gouvernement libéral a réussi le tour de force de se mettre une grande partie des citoyens à dos en se montrant incapable de gérer la crise et en faisant adopter cette Loi 78 qui fait l’unanimité – contre elle.

Répercussions sur le Canada

Dans un Québec habituellement paisible, où la révolution culturelle des années 1960 a duré dix ans et été qualifiée de Révolution tranquille, la violence du rapport de forces actuel interpelle. Certes, à l’aube des années 1970, quelques crises – sociales, politiques et institutionnelles – avaient secoué la Belle Province, mais la situation d’aujourd’hui semble inédite par son ampleur, par sa durée – par sa force.

Au-delà du Québec, quelles sont les répercussions sur le Canada ? Au printemps dernier, déjà, les élections générales avaient montré une fracture nette entre l’unique province francophone du pays, qui avait voté largement pour le Nouveau parti démocratique, progressiste, et le « ROC » (Rest of Canada), beaucoup plus conservateur. Déjà marginalisée au sein d’une fédération dont elle est la seule province à n’avoir pas ratifié la Constitution (les neuf provinces anglophones ayant trahi l’unique province francophone lors de la Nuit des longs couteaux en 1981), comment vont réagir les Canadiens, pétris d’une culture anglo-saxonne bien peu portée sur les conflits sociaux, face à cette explosion de la rue québécoise ?

A cet égard, les élections québécoises, qui devront avoir lieu d’ici à la fin de l’année, seront primordiales. Si les partis souverainistes (Parti québécois et Québec solidaire), qui sont aux côtés des manifestants aujourd’hui, parviennent à réunir une majorité à l’Assemblée nationale – pour la première fois depuis 2003 – le printemps érable pourrait bien avoir posé, rétrospectivement, les premières pierres de l’indépendance du Québec. Alors, le peuple québécois pourra exhumer avec fierté sa devise : « Je me souviens. »
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