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Caroline Grimberghs
Mis en ligne le 23/06/2012
Ce sont les jeunes qui restent le moteur de cette mobilisation. Via les outils qu’ils maitrisent, ils maintiennent la flamme de la révolte intacte : Plus de 8000 personnes avaient confirmé leur présence à la manifestation du 22 juin via Facebook . Le réseau social est plus que jamais mis à profit par ces jeunes désireux de populariser leur combat. Que ce soit Martine ou les Schtroumpfs, les personnages de notre enfance se rallient à la cause des étudiants québécois). Sur Twitter, les hashtags se succèdent, mêlant humour, désespoir et organisation, entre #ManifEnCours et #ManifDating. "Les réseaux sociaux ont réussis à faire sortir les gens de leur maison" estime Vincent-Olivier Bastien, vice-président de la Fédération Étudiante Collégiale du Québec (FECQ).
Armés de leurs smartphones, ils filment et photographient les scènes surréalistes où des étudiants se font arrêter pour ‘avoir lu 1984’ dans le métro. "Vêtue d’une robe fleurie et d’un sac rempli d’objets dangereux tels une pomme et une bouteille d’eau, j’ai voulu pointer du doigt la haute présence policière et l’attitude frôlant le terrorisme des forces de police. Avec les autres passagers du wagon, nous avons été placés face contre mur. On nous a dit de ne pas revenir sous peine d’être arrêtés. J’ai commis un acte irréparable de désobéissance civile en redescendant dans la station et en retournant lire dans un wagon. Lorsque les policiers m’ont vu manger ma pomme, ils m’ont interceptée et les deux policiers se sont fait un chaleureux high five pour se féliciter de leur bon travail" explique Marilyne, étudiante à l’Université de Montréal. Les textes de ce type fleurissent sur le net, partagés et diffusés au maximum au sein d’une génération ultra-connectée qui a trouvé son combat. Au point pour certains de se le faire marquer au fer rouge sur la peau : un ‘Tatoo-o-thon’ (marathon du tatouage) propose d’inscrire sur les corps impatients le symbole de la révolte étudiante, le carré rouge.
Ce lundi, la FECQ, l’un des trois principaux syndicats d’étudiants à lancé un "ultime appel à la médiation" au gouvernement Charest pour que puissent reprendre les négociations laissées en jachère depuis le 31 mai dernier. "Nous avons lancé l'ultimatum maintenant car il devient pressant de trouver une porte de sortie pour le conflit, pour éviter que les sessions ne soient encore annulées, et pour assurer que le retour en classe se fasse dans le calme. Nous espérons toujours une reprise des négociations car nous croyons que la résolution du conflit doit passer par des discussions avant tout, et non par une loi. Mais, même si un accord est trouvé, nous ne pensons pas que la grogne sociale va s’arrêter là : une grande partie du Québec attend les élections pour voir un changement dans la Province" explique Vincent-Olivier Bastien.
Ce vendredi soir, pour la 59e soirée consécutive, les rues de Montréal étaient prises d’assaut par les manifestants. Jean Charest est ‘poursuivi’ : des manifestations ont été organisées par des étudiants québécois et brésiliens devant son hôtel de Copacabana, où il s’est rendu pour assister au sommet Rio +20. "Il n’a pas à parader à l’international alors qu’il saccage nos droits fondamentaux au Québec!" estime Rushdia Mehreen, déléguée de la CLASSE au Sommet des peuples. Qui lâchera le premier ? Pour le moment, chacun campe sur ses positions. "Le mouvement n'est clairement pas sur le point de s'essouffler" estime la FECQ. "Il change et se transforme en une grogne générale et permanente. Le mouvement perdurera durant l'été et nous verrons la population continuer de faire des manifestations jusqu'à des élections générales".
La manifestation du 22 juillet est, en tout cas, déjà sur les rails …